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accords d'oslo

Yair Golan et la politique de l’apartheid antijuif en Judée-Samarie, Pierre Lurçat

January 9 2022, 09:21am

Posted by Pierre Lurçat

Manifestation de soutien aux habitants de Homesh

Manifestation de soutien aux habitants de Homesh

 

Comme je l’ai écrit dans un livre récent[1], en analysant les différents mythes du discours antisioniste et plus particulièrement le mythe du “génocide du peuple palestinien”, la nazification d’Israël constitue, comme l’a bien montré P. A. Taguieff, le “stade suprême de la diffamation d’un groupe humain”. C’est pourquoi les ennemis d’Israël ont, à toutes les époques, imputé aux Juifs leurs projets génocidaires, afin de justifier leurs propres crimes. Dans cette optique, l’assassin d’un Juif n’est plus coupable, s’il accuse préalablement le Juif d’être lui-même nazi… C’est bien ce mécanisme pervers que nous voyons à l’œuvre aujourd’hui en Occident, sur les campus, dans les médias  et ailleurs.

 

Or c’est un même mécanisme de projection sur les victimes réelles des intentions génocidaires de leurs assassins – analysé par de nombreux psychologues chez le meurtrier de droit commun et également présent dans la psychologie des foules et des collectivités – que l’on retrouve dans l’idéologie “progressiste” et post-sioniste, aujourd’hui représentée au sein même du gouvernement israélien. Ce gouvernement, qui a entrepris de détruire la yeshiva de Homesh, symbole de la résilience juive après les multiples attentats commis par les terroristes arabes palestiniens, doit préalablement délégitimer aux yeux de l’opinion publique intérieure et internationale la présence juive en Judée-Samarie.

 

Ce fut l’objet de la campagne de propagande mensongère sur la “violence des habitants juifs de Samarie”, lancée il y a quelques semaines par le gouvernement, avec l’aide de médias complaisants. Le même mécanisme totalitaire avait été utilisé à l’époque des accords d’Oslo par le gouvernement Rabin-¨Pérès, pour préparer l’opinion aux crimes que leurs alliés de l’OLP allaient immanquablement commettre contre les habitants juifs, s’ils s’obstinaient à demeurer dans leurs localités après que la souveraineté aurait été confiée aux assassins de l’OLP, consacrés en “partenaires de paix” selon la logique orwellienne de l’époque. Et c’est cette même logique mensongère et totalitaire que nous voyons à l’œuvre aujourd’hui.

 

L’opinion publique doit être travaillée méthodiquement, en répétant comme un mantra, après chaque attentat antijuif en Judée-Samarie, que les coupables sont les Juifs… Dans le cadre de cette logique perverse, les propos de Yair Golan ont servi de détonateur, en faisant exploser le mensonge des “nazis” Juifs de Judée Samarie, et en dévoilant au grand jour l’intention véritable des promoteurs d’un “Oslo Guimel”, actuellement en préparation. En qualifiant de “sous-hommes” les habitants de Homesh, et à travers eux, l’ensemble des habitants juifs de Judée Samarie, Golan a révélé l’intention criminelle de ceux qui prétendent sacrifier les “mitnahalim" sur l’autel d‘une “paix” tout aussi illusoire que celles des accords d’Oslo de 1993.

 

Mais Yair Golan n’est pas le seul à penser ainsi. De larges secteurs de la coalition actuellement au pouvoir partagent son avis, même s’ils ne l’expriment par avec la même brutalité et la même franchise. En effet, aux yeux d’une grande partie des élites israéliennes de gauche et des tenants de l’idéologie post-sioniste et “progressiste” actuellement au pouvoir, les pionniers juifs de Homesh, de Hébron ou d’Itamar sont effectivement des “sous-hommes”, ou en tout cas des citoyens de seconde catégorie, qu’il convient d’expulser par la force,  si possible brutalement, en “faisant monter des chars” contre leurs habitations, comme l’avait dit un jour Zeev Sternhell, lui aussi spécialiste du nazisme et de la nazification de ses adversaires politiques.

 

Les propos de Yair Golan projettent un éclairage sinistre sur les intentions d’une partie de l’establishment politique, judiciaire, militaire et culturel israélien envers les habitants juifs de Judée Samarie. Effectivement, les habitants juifs sont traités comme des “sous-hommes”, non, certes, en étant enfermés et – à Dieu ne plaise – exterminés, mais en étant privés de leurs droits élémentaires, comme celui de vivre normalement avec leurs familles dans le cœur historique de la patrie juive ancestrale, ou le droit de circuler sur les routes de Judée Samarie sans être caillassés et victimes d’attentats meurtriers, inspirés par l’idéologie islamiste des partenaires de la coalition de M. Golan..

 

[1] Les mythes fondateurs de l’antisionisme contemporain, éditions l’éléphant 2021.

 L’ennemi intérieur de la gauche israélienne : manifestation anti-Nétanyahou

L’ennemi intérieur de la gauche israélienne : manifestation anti-Nétanyahou

Les propos de Golan permettent aussi de comprendre pourquoi les tenants de la création d’un Etat palestinien n’ont jamais eu le moindre problème moral à rencontrer l’héritier du mufti Husseini allié d’Hitler, Yasser Arafat, et de l’embrasser, au sens propre et figuré. A leurs yeux et dans le prisme de leur vision politique pervertie, les Palestiniens sont les nouveaux Juifs et les “colons” de Judée Samarie sont les nouveaux nazis. Comme l’écrivait il y a déjà de nombreuses années Shmuel Trigano, la gauche israélienne a toujours besoin d’un ennemi intérieur. Hier ce furent les sionistes révisionnistes du Herout, puis les Juifs orientaux – envers lesquels de nombreux qualificatifs ont été employés du même registre que celui de Yair Golan. Aujourd’hui ce sont les Juifs de Judée Samarie.

 

Quand Golan croyait déceler, il y a quelques années, un “processus similaire en Israël” à celui qu’avait traversé l’Allemagne nazie dans les années 1930, il ne faisait que reprendre un poncif du discours politique israélien, déjà utilisé avant lui par toutes les icônes de la gauche intellectuelle, de Yeshayahou Leibovitz (qualifiant Tsahal d’armée “judéo-nazie”) à Amos Oz, Zeev Sternhell et aux autres chantres de "La Paix maintenant". Ce qui est nouveau chez Golan aujourd'hui, c’est qu’il tire les conséquences de ce discours nazifiant, en prônant une politique à l’aune de son idéologie. A cet égard, il a le mérite d’être conséquent.

 

Pendant des années, le discours de ces intellectuels a servi d’écran de fumée pour masquer leurs intentions politiques et il a trompé de nombreux observateurs sincères, y compris au sein de la droite israélienne. Aujourd’hui, après les propos révélateurs de Yair Golan, il n’est plus permis de se tromper. Si les “sous-hommes” sont les pionniers de Judée-Samarie, alors nous savons de quoi sont capables ceux qui considèrent ainsi tout un secteur de la population israélienne, et nous savons que rien ne les arrêtera dans leurs projets funestes. La politique que met en œuvre le gouvernement Lapid-Bennet-Gantz-Abbas envers les Juifs de Judée-Samarie porte un nom: celui d’apartheid. Cette vérité-là doit être gravée dans la pierre et ne pas être oubliée.

 

Pierre Lurçat

Yair Golan

Yair Golan

La récente Guerre des dix jours entre le Hamas et Israël a déclenché une nouvelle vague d’hostilité envers l’Etat juif, accusé de commettre des crimes de guerre, d’opprimer les Palestiniens ou d’être un Etat d’apartheid. A travers ces accusations multiples et diverses se fait jour un discours structuré, élaboré depuis plusieurs décennies, celui de l’antisionisme contemporain, qui se décline autour de quelques thèmes majeurs.

Le présent ouvrage analyse l’antisionisme comme une véritable idéologie, pour en comprendre les ressorts et les failles. Il apporte un regard informé sur ce sujet, rendu encore plus brûlant par la crise du Covid-19, qui a ravivé les flammes de la haine envers les Juifs et Israël. Après avoir analysé les différents mythes de l’antisionisme contemporain, il esquisse l’espoir de dépasser l’antisionisme, en instaurant une nouvelle relation entre Israël et ses voisins.

Le rapprochement spectaculaire entre Israël et plusieurs pays arabes du Golfe – qui s’est récemment traduit par la signature des Accords Abraham entre Israël, les Émirats arabes unis et Bahreïn – illustre la reconnaissance véritable de l’existence du peuple Juif dans sa réalité historique et géographique, par plusieurs pays musulmans, reconnaissance lourde de conséquences.

La signification théologique de ces accords est en effet plus importante encore que leur portée politique et économique. A contre-courant de la théologie arabe de la substitution, ces accords permettront peut-être de détruire le fondement théologique de l’antisionisme musulman et d’inaugurer une nouvelle ère dans les relations judéo-arabes, porteuse d’espoir pour la région et pour le monde entier.


Table des matières


Introduction – L’antisionisme contemporain, une idéologie multiforme aux racines
anciennes
Chapitre 1 – Le mythe de la Nakba et la création de l’État d’Israël
Chapitre 2 – Le mythe du génocide du peuple palestinien
Chapitre 3 – Le mythe de l’État d’apartheid
Chapitre 4 – Le mythe du Shoah Business
Chapitre 6 – Le mythe du peuple palestinien souffrant
Conclusion : dépasser l’antisionisme?

Les mythes fondateurs de l’antisionisme contemporain. Pierre Lurçat. Éditions l’éléphant – Jérusalem 2021.

En vente dans les librairies françaises d’Israël et sur Amazon.

Les demandes de service de presse doivent être adressées à pierre.lurcat@gmail.com

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Comment la Cour suprême est devenue le premier pouvoir en Israël, Pierre Lurçat

December 20 2021, 10:34am

Posted by Pierre Lurçat

Je publie ici un extrait de ma contribution au colloque “Où va la démocratie?” organisé par Shmuel Trigano en décembre 2020. J'y analyse le processus par lequel la "Révolution constitutionnelle" menée par le juge Aharon Barak dans les années 1990 a abouti à faire de la Cour suprême le premier pouvoir en Israël. L’ensemble de l’article paraîtra dans le numéro 67 de la revue Pardès, janvier 2022.

 

Le langage du droit au service d’une oligarchie

 

La grande supercherie des tenants de la Révolution constitutionnelle consiste à parler sans cesse le langage du droit. Ils n’ont que ce mot à la bouche : l’État de droit (Shilton ha-Hok). Que veut dire au juste cette expression? Selon Naomi Levitsky, «aux yeux de Barak, les dirigeants n’ont pas de pouvoir en eux-mêmes, ils ne l’acquièrent que du peuple et de la loi. Les dirigeants sont au service du peuple dans les limites de la loi ». Mais comme toujours, il faut lire entre les lignes ce que Barak ne dit pas.

 

En réalité, le peuple n’a pas de légitimité dans la conception juridico-politique de Barak. Seule la loi est légitime. Mais encore faut-il qu’elle soit interprétée par le juge qui seul est capable de la comprendre et de la «dire » au peuple ignorant... Comme il l’explicite dans ses écrits sur le rôle du juge en démocratie, le juge ne doit pas seulement appliquer ou interpréter la loi. Il est créateur de droit... En vérité, dans la conception du droit de Barak, le juge a le dernier mot en matière d’interprétation, d’application de la loi et même en matière de législation, puisque la Cour suprême israélienne s’est arrogé le pouvoir exorbitant (qui ne lui a jamais été conféré légalement) d’annuler toute loi de la Knesset, y compris des Lois fondamentales (affaire en cours concernant la Loi sur l’État nation).

 

Aharon Barak

 

Dans une démocratie, la loi exprime la volonté populaire et la souveraineté du peuple. Dans la conception de Barak, au contraire, la loi reste l’apanage d’une minorité «éclairée », seule capable et méritoire de l’interpréter et de la comprendre. Il y a là une immense régression anti-démocratique, passée inaperçue en 1992 et dont nous voyons aujourd’hui les fruits. Ce n’est pas seulement que la loi soit devenue trop «technique», comme on l’entend souvent dire dans les pays occidentaux, c’est aussi que le peuple est par nature incapable de comprendre et de faire la loi !

 

On mesure ici combien la Loi juive, révélée par Moïse au peuple tout entier, est infiniment plus démocratique que le droit israélien réinterprété par Aharon Barak lors de la Révolution constitutionnelle : la loi révélée au Sinaï était accessible au plus élevé des Prophètes comme à la dernière des servantes, comme l’enseigne la Tradition juive. Chez Barak et ses partisans, au contraire, seul le «juge éclairé» est capable de comprendre la Loi...

 

Aharon Barak est, on le voit, le contraire d’un démocrate. Il revendique ouvertement une conception élitiste et oligarchique, et presque monarchique de la politique. À ses yeux, un « souverain éclairé » vaut mieux qu’une majorité aveugle (En cela, il a été un précurseur... Que nous disent en effet aujourd’hui les manifestants anti-Nétanyahou, avec leur slogan «Tout sauf Bibi », sinon que la majorité se trompe et qu’elle n’a pas le droit d’imposer ses vues à une minorité éclairée ?).

 

Comment en est-on arrivé là?

 

1 – Sous la houlette du juge Barak, la Cour suprême israélienne est devenue l’instrument de la poursuite de la domination des anciennes élites (celles d’avant le changement de pouvoir de 1977), comme l’explique le professeur Menahem Mautner dans un ouvrage éclairant. Alors que certains dirigeants du Likoud étaient favorables, avant 1977, à l’adoption d’une Constitution qui servirait de rempart contre l’hégémonie du pouvoir travailliste, dans les faits, la Cour suprême israélienne est ainsi devenue l’instrument de la poursuite de cette hégémonie.

 

Signature des accords d’Oslo

 

En réalité, la Cour suprême israélienne est devenue non seulement l’instrument des anciennes élites (incarnées par le Parti travailliste et le mouvement kibboutzique) mais aussi et surtout, celui des élites post-sionistes, qui étaient hostiles à la fois à la droite religieuse et aussi aux partisans de l’ancien consensus sioniste de gauche. Ce n’est pas un hasard si la Révolution constitutionnelle a largement coïncidé avec la «révolution culturelle» concomitante aux accords d’Oslo, au début des années 1990.

 

Ce que ces deux événements majeurs ont signifié, dans l’Israël de la fin du xxe siècle, en proie à la montée de l’individualisme et à la fin des idéologies et du sionisme socialiste, était avant tout la montée en puissance des idées post-sionistes et la tentative d’imposer par le pouvoir judiciaire et par des accords politiques arrachés à une majorité très courte leurs conceptions radicales.

 

2 – Qui représente la Cour suprême israélienne ? 

 

Du point de vue sociologique, les juges de la Cour suprême israélienne représentent une minorité radicale et coupée du peuple (la « cellule de Meretz qui siège à la Cour suprême israélienne » selon l’expression d’un commentateur israélien). Significativement, la tentative d’introduire un semblant de diversité dans les opinions représentées à la Cour suprême n’a pas remis en cause l’hégémonie des Juifs ashkénazes laïcs de gauche. Aharon Barak a ainsi créé l’expression de «Test Bouzaglou », dans laquelle Bouzaglou désigne l’homo qualunque israélien. Il s’est défendu dans un livre d’avoir ce faisant voulu stigmatiser les Juifs orientaux, mais il n’en demeure pas moins que le nom de Bouzaglou n’a pas été choisi au hasard. Dans la vision du monde d’A. Barak (comme dans celle d’Hannah Arendt au moment du procès Eichmann) il existe une hiérarchie bien définie dans la société juive israélienne. L’élite est toujours celle des Juifs allemands.

 

Hannah Arendt

 

3 – Un autre élément d’explication important est le processus par lequel la Cour suprême israélienne est devenue l’instrument des minorités actives et de gouvernements étrangers qui les soutiennent et les financent. Des gouvernements étrangers se sont ainsi immiscés dans le débat politique israélien en utilisant la Cour suprême israélienne comme un véritable cheval de Troie, par le biais de multiples ONG à financement étranger, comme en attestent les innombrables pétitions de « justiciables palestiniens » manipulés par Chalom Archav, Breaking the silence, etc.

 

Des valeurs étrangères au peuple d’Israël

 

Ruth Gabizon avait affirmé que : «La Cour suprême devrait élaborer et renforcer les valeurs qui sont partagées par la société qu’elle sert, valeurs reflétées par les lois de cette société – et non telles qu’envisagées  par les juges à titre personnel ou en tant que représentants de valeurs sectorielles »... La réflexion de Gabizon appelle deux remarques. Tout d’abord, peut-on encore affirmer aujourd’hui que la Cour suprême israélienne sert la société ou qu’elle est au service de la société ? En réalité, pour que la Cour suprême soit au service de la société israélienne et de ses valeurs, encore faudrait-il que les juges qui siègent à Jérusalem connaissent les valeurs de la société dans laquelle ils vivent et qu’ils les respectent un tant soit peu... Est-ce le cas aujourd’hui ?

 

À de nombreux égards, la Cour suprême israélienne représente et défend aujourd’hui des valeurs étrangères au peuple d’Israël : celles de l’assimilation, du post-sionisme et du postmodernisme, etc. Elle s’attaque régulièrement dans ses décisions non seulement aux droits des Juifs sur la Terre d’Israël, mais aussi au mode de vie juif traditionnel et aux valeurs de la famille juive. On peut affirmer, au vu des arrêts de la Cour suprême israélienne depuis 30 ans, qu’elle incarne le visage moderne des Juifs hellénisants de l’époque des Maccabim. Il y a évidemment des exceptions. Rappelons le cas du juge Edmond Lévy, qui rédigea l’opinion minoritaire lors de l’expulsion des habitants Juifs du Goush Katif.

Pierre Lurçat

© Pardès. 

L’ensemble de l’article paraîtra dans le numéro 67 de la revue Pardès, janvier 2022.

https://www.inpress.fr/livre/pardes-n67-ou-va-la-democratie-suivi-de-le-mythe-andalou-et-de-le-concept-deretz-israel/

 

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1995-2021 : 26 ans après, le mensonge de "l'incitation ayant conduit au meurtre" toujours vivace

November 10 2021, 07:48am

Posted by Pierre Lurçat

Le fameux poster fabriqué par un agent provocateur, Avishai Raviv

Le fameux poster fabriqué par un agent provocateur, Avishai Raviv

 

Le titre hébreu du film “Yamim Noraim” (“Les jours redoutables”, expression désignant traditionnellement la période entre Rosh Hachana et Kippour) ne correspond pas du tout à son titre anglais, sous lequel il a été présenté en avant-première au festival de Toronto : “Incitement”. Cela n’a rien d’exceptionnel dans le monde du cinéma, mais en l’occurrence, cette divergence est significative, car le titre anglais en dit bien plus long sur le contenu du film que celui en hébreu. Incitement est en effet un film politique, présentant sous couvert de thriller psychologique (dont on connaît la fin d’avance), une thèse politique dérangeante et mensongère. La thèse du film peut se résumer par son titre, "Incitation", et par les quelques lignes que le réalisateur a choisi de placer en dernière image du film : on peut y lire que “Yigal Amir a déclaré qu’il n’aurait pas commis son crime sans l’aval de rabbins qui lui ont donné leur autorisation. Malgré cela, aucun rabbin n’a été poursuivi pour l’assassinat de Rabin”. 

 

Cette thèse dérangeante s’articule autour de deux ou trois arguments essentiels, que le film assène à coups de massue, du début jusqu’à la fin. “Yigal Amir a été influencé par des rabbins”, “L’assassinat a été précédé d’une campagne d’incitation, à laquelle a notamment participé le chef de l’opposition de l’époque - et Premier ministre actuel - Benjamin Nétanyahou” (1). “Les motivations d’Yigal Amir étaient autant religieuses que politiques”. Ces trois messages n’ont rien de nouveau. Ils ont été répétés à profusion depuis le 5 novembre 1995, car dès le lendemain du crime, celui-ci a été exploité politiquement par le camp auquel appartenait Itzhak Rabin. La thèse de l’incitation au meurtre par des rabbins a pourtant été infirmée par le tribunal de district de Tel-Aviv dans son jugement, dans des termes non équivoques (2). Elle continue malgré cela d’être soutenue par de nombreux protagonistes, comme l’ancien chef des services secrets intérieurs (Shin-Beth) au moment de l’assassinat, Carmi Gillon, qui continue de clamer qu’Yigal Amir a été “incité par des rabbins”.


 

“Incitation” - Une thèse politique mensongère (image de fiction tirée du film)


 

Comme l’écrit le critique du journal Maariv, Yaron Zilberman mêle sans cesse les images d’archives aux scènes de fiction, créant une confusion artistique qui sert son message politique. La confusion volontairement entretenue entre fiction et documentaire, entre narration et argumentaire politique, est dans l'air du temps. A l'heure de la post- vérité, peu importe de savoir si des rabbins ont effectivement donné un blanc seing à Yigal Amir, comme le prétend le film, alors même que la justice israélienne a dit le contraire… Comme il importe peu de savoir quel a été le rôle véritable d’Avishaï Raviv, l’agent provocateur du Shin Beth - les services secrets intérieurs - qui a véritablement poussé au meurtre un Yigal Amir encore hésitant. (3) 

 

A l'ère où seul compte le narratif, qui se préoccupe encore de vérité historique, ou de vérité tout court?  Le plus grave, en l’occurrence, est sans doute ce qu'on enseigne aux enfants des écoles d'Israël. Croiront-ils eux aussi, comme l'affirme ce film, que le bras de l'assassin de Rabin a été armé par des rabbins qui n'ont jamais été inquiétés, au nom d'une Torah qui inciterait au crime? A cet égard, il y a beaucoup à dire sur la manière dont le film (et au-delà du film, tout un pan de la culture israélienne contemporaine) décrit la tradition juive, ses éléments et ses symboles. Ainsi, dans une scène marquante du film, la veille de l’assassinat, on voit Yigal Amir fasciné et presque envoûté par les lettres d’un rouleau de Torah sur lequel son père, scribe, est en train de travailler. 


 

Une vision caricaturale du judaïsme


 

D’autres scènes montrent des rabbins de manière caricaturale. On hésite pour savoir si l’auteur du film est simplement ignorant, ou s’il déteste vraiment (comme d’autres artistes israéliens) notre Tradition et ses représentants. Une question centrale posée par le film - de manière réductrice et très orientée - est celle de savoir si le “Din rodef” (l’obligation de tuer un Juif pour l’empêcher de perpétrer un meurtre qu’il s’apprête à commettre), soi-disant appliqué à Rabin par certains rabbins - “justifiait” son exécution au regard de la loi juive. Toute personne un tant soit peu versée dans l’histoire juive sait que les peines de mort mentionnées dans la Torah ne sont quasiment jamais appliquées. Le film repose largement sur cette ambiguïté, qu’il ne contribue pas à lever, préférant l’exploiter au service de sa thèse politique.

 

Et malgré tout cela, le film de Zilberman n’est pas dénué de qualités. Il tient en haleine, et la performance de certains des acteurs est remarquable. Notamment celle de l’acteur principal, Yehuda Nahari Halevi, d’origine yéménite comme Amir. Il réussit à incarner son personnage de manière forte et crédible, en dépit de la manière assez caricaturale dont sont dépeintes ses relations avec son entourage (son père, personnage assez falot, qui tente de le dissuader, tandis que sa mère ne cesse de vanter son intelligence, et les jeunes filles qu’il courtise). Yigal Amir n’est pas du tout décrit comme un monstre, mais bien comme un être humain et il est rendu presque sympathique (!), tellement le réalisateur est obnubilé par le désir de montrer qu'il a été incité et manipulé par des rabbins.


 

Yehuda Nahari Halevi : impressionnant de vérité
 

Le réalisateur Yaron Zilberman a de toute évidence été séduit par ce sujet fort et complexe. Il a visiblement été déchiré entre l’attrait du sujet, la possibilité de faire un thriller psychologique captivant, ce à quoi il n’est parvenu que partiellement, et la volonté de faire passer un message politique, éculé et largement mensonger, mais toujours efficace. Hélas, c’est cette deuxième possibilité qu’il a choisie. Le résultat est un film d’autant plus dangereux qu’il est séduisant, par le message simpliste qu’il véhicule et par sa capacité de nuisance politique.

Pierre Lurçat

Notes :

 

(1) Comme l’a montré le journaliste du quotidien Ha’aretz, Anshel Pfeffer, dans sa récente biographie de Nétanyahou, ce dernier n’a jamais “incité” à l’assassinat d’Itshak Rabin, directement ou indirectement. Ce sont, comme l’écrit Pfeiffer (peu suspect de sympathies pour la droite israélienne, et lui-même membre de la corporation journalistique) “les médias israéliens qui ont inventé le narratif de ‘l’incitation qui aurait conduit au meurtre de Rabin’. Et qui ont dépeint Nétanyahou comme ‘le principal responsable de cette incitation’. 

 

(2) En réponse à l’affirmation d’Yigal Amir qui avait lui-même fait état de rabbins qu’il aurait consulté sur le sujet, le juge Edmond Lévy président du tribunal de Tel-Aviv a écrit dans le jugement : “Ma conclusion est que la démarche qu’il a pu effectuer auprès d’un quelconque rabbin, directement ou indirectement, pour s’assurer que la victime avait le statut de “Din rodef”, n’était destinée qu’à obtenir un aval a posteriori à l’action que l’accusé avait déjà décidé de réaliser. D’où la conclusion supplémentaire, que la tentative de donner à l’assassinat de Rabin une justification halachique est déplacée et constitue un abus cynique et grossier de la hala’ha [loi juive] à des fins étrangères au judaïsme”. Jugement du tribunal de Tel-Aviv, 498/95, Etat d’Israël contre Yigal Amir,

Jugement (en hébreu) : http://www.nevo.co.il/Psika_word/mechozi/M-PE-2-003-L.doc

 

(3) C’est Raviv, on ne le rappellera jamais assez, qui avait ainsi imprimé le fameux poster de Rabin en uniforme SS, utilisé jusqu’à aujourd’hui comme argument contre le public sioniste-religieux, auquel Amir avait été assimilé.

 

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Après le pogrome de Lod : Repenser le statut de la minorité arabe en Israël * Pierre Lurçat

May 18 2021, 06:51am

Posted by Pierre Lurçat

 

 

Les images terrifiantes des pogromes anti-juifs à Lod, Acco et ailleurs ont ramené Israël un siècle en arrière : au temps du Yishouv, la collectivité juive pré-étatique en Eretz-Israël. En 1921, puis en 1929 et en 1936, ce sont les mêmes scènes d’attaques anti-juives menées sous le regard passif de la police britannique qui ont durablement marqué les habitants du Yishouv, et que l’historiographie sioniste désigne par l’euphémisme d’”événements”. Ce retour en arrière, cette terrible régression politique pour le peuple Juif, interroge les fondements du projet imaginé par les pères fondateurs du sionisme moderne, à savoir un Etat juif, dans lequel pourraient coexister une majorité juive et des minorités non juives.

 

“KristallNacht in Lod” (titre du Jewish Journal)

 

Les pogromes perpétrés par des citoyens arabes israéliens contre des citoyens juifs à Lod et ailleurs n’ont en fait pas seulement fait voler en éclats, selon le raccourci journalistique, la “coexistence judéo-arabe” au sein de l’Etat d’Israël. Ce qui a été détruit dans le feu des incendies de synagogues et de maisons juives, rappelant aux Israéliens - toutes origines confondues - les souvenirs sinistres des pogromes d’Europe de l’est, d’Afrique du Nord et d’ailleurs, c’est aussi et surtout l’idée même que la plupart d’entre nous se faisaient, jusqu’à ce jour, de la possibilité de faire exister une minorité arabe dans un Etat à majorité juive. Est-ce que les pères fondateurs du sionisme politique se sont trompés, comme l'écrit Sammy Ghozlan (1)? En réalité, ce n'est pas le modèle de l’Etat juif des pères fondateurs qui s'est écroulé sous nos yeux, mais bien son antithèse, à savoir l’Etat post-sioniste “de tous ses citoyens”. 

 

Rappelons que la précédente vague de violences du secteur arabe israélien s’était produite au paroxysme de la vague post-sioniste, en octobre 2000, sous le mandat d’Ehoud Barak. Celui-ci est en effet le Premier ministre qui a été le plus loin dans l’application des idées post-sionistes consacrées par les accords d’Oslo. C’était alors, rappelle Emmanuel Shiloh dans les colonnes de Besheva (2), pour attirer les voix arabes et remporter ainsi les élections que Barak avait désigné la fameuse commission Or, dont le rapport a fait porter aux chefs de la police la responsabilité des événements sanglants déclenchés par des Arabes israéliens. C’est à ce moment que la police a été littéralement émasculée, avec les conséquences dramatiques auxquelles on assiste aujourd’hui.

 

Dès lors, ces événements dont la gravité dépasse peut-être celle des missiles tirés sur Tel-Aviv et Jérusalem, placent devant un choix fatidique tant la minorité arabe que la majorité juive d’Israël. Aux Arabes, il appartient de choisir s’ils veulent rester des citoyens d’un Etat à majorité juive, avec les droits dont ils bénéficient déjà et les obligations - dont certaines leur ont été jusqu’alors évitées, pour de multiples raisons. Aux Juifs, il revient de redéfinir le fondement de l’identité nationale israélienne - comme avait tenté de le faire la Loi sur “Israël Etat-nation du peuple Juif”, de manière prémonitoire, et de redéfinir surtout ce qu’ils attendent des minorités non-juives vivant dans l’Etat d’Israël.

 

Concernant les Arabes israéliens tout d’abord : ceux qui ont participé aux pogromes anti-juifs doivent payer les conséquences de leurs actes. Ils doivent être identifiés, jugés et lourdement condamnés. Si l’arsenal juridique existant ne le permet pas, il pourrait être opportun d’y ajouter une peine de déchéance de nationalité, pour les atteintes aux personnes et aux biens juifs à caractère antisémite avéré. Israël a été créé pour que le peuple Juif échappe à tous les pogromes et farhoud consubstantiels à l’existence exilique, et il ne peut abriter en son sein des pogromistes, fussent-ils détenteurs d’une carte d’identité. 

 

Mais au-delà de leur cas, c’est l’ensemble de la minorité arabe qui doit choisir son identité. Ses membres doivent choisir entre devenir des Israéliens de culture arabe, ou bien rester des “Palestiniens vivant en Israël”. Le choix de l’identité israélienne ne se résume pas à une question administrative. Ils doivent assumer jusqu’au bout les contradictions de leur double identité, et les résoudre de manière non équivoque. Rester Israéliens implique qu’ils renoncent à toute identification publique à la cause palestinienne, sous peine de devenir la “cinquième colonne” des ennemis d’Israël. Ce choix leur appartient en définitive, et c’est à eux qu’il incombe de tracer leur avenir.

 

Ahmad Tibi : représentant d’Arafat à la Knesset

 

Mais ce choix crucial concerne également la majorité juive en Israël. Celle-ci a en effet, surtout depuis les années 1990 et la vague montante du post-sionisme, oublié les droits et les obligations afférentes au statut de majorité. Sous les coups de boutoir de l’idéologie post-sioniste - véhiculée par la Cour suprême et par de larges fractions de l’université et des médias - Israël a oublié les fondements du sionisme politique et a permis à ses ennemis de venir se nicher au cœur même de sa représentation politique, à la Knesset. L’autorisation donnée à des partis arabes niant le caractère juif de l’Etat et soutenant ouvertement le Hamas, l’OLP et les autres ennemis d’Israël de siéger à la Knesset a sapé le fragile équilibre sur lequel reposait l’existence d’une minorité arabe en Israël. 

 

La faute en incombe non seulement aux électeurs arabes qui ont élu ces représentants, mais aussi aux institutions juives qui ont permis à ces partis arabes de prospérer - alors même que la Loi israélienne contenait les instruments pour interdire de tels partis (chaque mesure d’interdiction prononcée par la Commission électorale à leur encontre ayant été annulée par la Cour suprême). Le summum de l’absurde  a été atteint à au moins deux reprises : la première, quand le conseiller spécial d’Arafat, Ahmad Tibi, est devenu député à la Knesset. La seconde, quand  le fondateur du parti Balad, Azmi Bishara,  a été accusé d’espionnage en faveur du Hezbollah en pleine guerre du Liban, et a quitté Israël pour échapper à la justice, trouvant refuge à Doha.

 

Le cas Bishara est sans doute plus révélateur encore que celui de Tibi. Cet intellectuel formé à l’université berlinoise (où il a étudié aux frais du parti communiste israélien), est rapidement devenu la coqueluche de certains médias israéliens, qui voyaient en lui un intellectuel brillant, parlant le même langage qu’eux. Voici le portrait que dressait de lui le journaliste Nahum Barnéa, dans le quotidien Yediot Aharonot (3) : “Il était devenu le gourou des cercles intellectuels... comme l’institut Van Leer de Jérusalem. A leurs yeux, il était un philosophe combattant. Les femmes tombaient amoureuses de lui. Les hommes lui ouvraient les portes de l’académie….”. 

 

Azmi Bishara, la coqueluche des médias israéliens

 

Selon Barnéa, qui appartient à la gauche israélienne, Bishara s’est servi du cheval de Troie du “rapprochement judéo-arabe” et de “l’État de tous ses citoyens” pour pénétrer les cercles d’influence, alors qu’il n’a en fait jamais renoncé à son credo politique nationaliste arabe. Le jugement de Barnéa est d’autant plus instructif qu’il fait lui-même partie de ceux qui se sont laissé abuser par la rhétorique de Bishara. Si l’exemple de Bishara doit nous enseigner une chose, c’est que la ‘houtspa des députés arabes israéliens radicaux se nourrit de la naïveté et de la cécité politique de ceux qui ont apposé un tampon de “cacherout” politique sur leurs opinions anti-israéliennes extrémistes.

 

Rien ne sera plus comme avant dans les rapports entre Juifs et Arabes en Israël. Mais cela n’est pas forcément une mauvaise chose; car la fin d’un mensonge peut aussi inaugurer de nouvelles relations plus vraies. Aux Arabes, il faudra apprendre à vivre comme une minorité assumant pleinement ses obligations civiques (y compris celle d’accomplir un service national - militaire ou civil, à eux de choisir - et de respecter l’hymne national et les autres symboles de l'Etat juif). Aux Juifs, il appartiendra de savoir se comporter en majorité digne et de ne pas brader ses droits et son identité nationale. 

 

La question du caractère juif de l’Etat d’Israël n’était pas, comme nous avons pu le croire pendant trop longtemps, un luxe réservé aux débats intellectuels et médiatiques. Elle est lourde de conséquences pour notre existence même. Soit Israël restera un Etat juif, à condition de se défendre à l’extérieur et à l’intérieur de ses frontières, soit il deviendra “l’Etat de tous ses citoyens”, prélude à la guerre civile et à la fin du rêve sioniste.

Pierre Lurçat

1. https://www.cjfai.com/fwd-les-peres-fondateurs-de-letat-disrael-seseraient-ils-trompes/

2. E. Shilo, “Le natsea’h bé-Azza vegam bé-Lod”, Besheva 13.5.2021. https://www.inn.co.il/news/492487 

3. https://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-3399642,00.html

 

Article paru initialement sur le site Menora.info

 

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La gauche israélienne entre cynisme et naïveté - La réponse de Mahmoud Abbas à la petite-fille de Rabin, Pierre Lurçat

August 22 2019, 09:57am

Posted by Pierre Lurçat

 

J’ai vu la semaine dernière, comme des millions d’Israéliens, la photo de Noa Rothman, petite-fille d’Itshak Rabin, aux côtés de Mahmoud Abbas, dirigeant de l’OLP et de l’Autorité palestinienne”. Sur la photo, ils ont tous les deux le sourire aux lèvres. Mais ces deux sourires ne disent pas la même chose. Celui de Noa Rothman semble dire :”Je suis contente d’être venue ici, c’est un geste fort pour la Paix, cette paix tellement lointaine pour laquelle mon grand-père a donné sa vie”. Le sourire de Mahmoud Abbas, lui, semble dire “Cette Juive naïve me donne l’occasion de redorer mon blason…”

 

Noa Rothman et Mahmoud Abbas

 

Bien entendu, nul ne saura ce qu’ils ont vraiment pensé, au moment où ils ont été photographiés. Mais au fond, peu importe ; en politique, les gestes sont plus importants que les intentions, bonnes ou mauvaises. L’enfer est pavé de bonnes intentions, et nous sommes bien placés pour le savoir. Si une preuve supplémentaire était nécessaire, voici le discours que vient de prononcer Mahmoud Abbas au camp de “réfugiés” de Jalazoune, tel qu’il a été traduit et publié par l’institut MEMRI

 

Au Moyen-Orient, l’enfer a souvent été pavé des bonnes intentions de pacifistes juifs. Depuis que les partisans du Brith Shalom - Martin Buber, Sholem et les autres - ont élaboré leur théorie fumeuse de l’alliance judéo-arabe et jusqu’aux accords d’Oslo qui nous explosé au visage, dans le sang et le feu des attentats palestiniens, nous avons payé le prix fort pour les erreurs de nos pacifistes. Les Arabes ont eux aussi payé le prix fort. Comme l’a dit récemment un observateur avisé, Abbas n’a jamais voulu la paix, il n’a apporté aux Palestiniens que du sang et des larmes… (Ou peut-être parlait-il d’Arafat).

 

Dans les années 1930, la gauche européenne avait instauré la tradition du pèlerinage à Moscou. Les intellectuels communistes ou “compagnons de route” allaient rencontrer le “petit père des peuples”’ et ils revenaient enchantés, chantant les louanges du Grand Staline. Il a fallu qu’André Gide publie son Retour de l’URSS pour que le mythe de Staline entretenu par la gauche européenne commence à s’écorner.

 

Le “petit père des peuples” - La Une de l'Humanité, 6 Mars 1953

 

Le mythe Arafat, lui, est plus tenace. Alors que le monde arabe se désintéresse de plus en plus des Palestiniens et de leur jusqu’au boutisme, et alors que l’ONU, pour la première fois depuis 1974 (date de la réception triomphale d’Arafat à New York) a tenu un débat sur le racisme et l’antisémitisme des manuels scolaires officiels palestiniens, la gauche israélienne continue d’entretenir le mythe d’Arafat, dirigeant palestinien et homme de paix. Pourquoi?

 

Le discours d’Abbas publié ci-dessous devrait être imprimé et affiché dans tous les bureaux de vote d’Israël, pour en finir une fois pour toutes avec le mensonge du “processus de paix”, du “modéré Abbas” et les autres mensonges du même acabit que des centaines d’Israéliens, d’occidentaux et de juifs, naïfs ou corrompus, ont répandus depuis des décennies. 

 

Pierre Lurçat

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Mahmoud Abbas au camp de réfugiés de Jalazone : “Nous entrerons à Jérusalem avec des millions de combattants - Nos martyrs sont ce que nous avons de plus sacré”

Mahmoud Abbas : Nous resterons [ici], et personne ne pourra nous faire partir de notre patrie. S'ils le veulent, ils peuvent partir eux-mêmes. Ceux qui sont étrangers à cette terre n'y ont aucun droit. Alors nous leur disons : chaque pierre que vous avez [utilisée] pour construire sur notre terre, et chaque maison que vous avez construite sur notre terre, est vouée à la destruction, si Allah le veut. 

Peu importe le nombre de maisons et de villages qu'ils déclarent [planifier de construire] ici et là - ils seront tous détruits, si Allah le veut. Ils iront tous à la poubelle de l'histoire. Ils se souviendront que cette terre appartient à son peuple. Cette terre appartient à ceux qui y vivent… Jérusalem est nôtre, qu'ils le veuillent ou non.

 

“Jérusalem est à nous” - Abbas et Arafat

 

Audience : Nous marchons vers Jérusalem, des martyrs par millions ! Nous marchons vers Jérusalem, des martyrs par millions ! Nous marchons vers Jérusalem, des martyrs par millions !

Mahmoud Abbas : Nous entrerons à Jérusalem - des millions de combattants ! Nous y entrerons ! Nous tous, le peuple palestinien tout entier, la nation arabe tout entière, la nation islamique et la nation chrétienne... Ils entreront tous à Jérusalem. Nous n'accepterons pas qu'ils qualifient nos martyrs de terroristes. Nos martyrs sont les martyrs de la patrie. Nous ne leur permettrons pas de déduire un seul centime de leur argent. Tout l'argent leur reviendra, car les martyrs, les blessés et les prisonniers sont ce que nous avons de plus sacré.”

Vidéo  mise en ligne sur la page Facebook d'Abbas le 10 août 2019. 

(Publié par le site MEMRI.FR)

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Découvrez ma nouvelle émission culturelle, diffusée sur Studio Qualita.

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Tisha Be'Av : Jeûner, prier, se lamenter... Mais aussi agir en soutenant les Etudiants pour le Mont du Temple!

August 11 2019, 08:29am

Posted by Pierre Lurçat

En ce jour de Tisha Be'Av, alors que le peuple d'Israël est plongé dans le jeûne et l'affliction, le Mont du Temple est fermé aux visiteurs juifs sur ordre du gouvernement juif (!) et envahi par les fidèles d'une autre religion, qui profanent notre lieu le plus saint et se tournent dans leurs prières vers une autre ville lointaine...

Prier et jeûner ne suffira pas à changer cette situation. C'est ce qu'ont bien compris les membres de l'association "Etudiants pour le Mont du Temple", qui sont depuis plusieurs années au premier rang du combat pour préserver le Mont du Temple, y rétablir la souveraineté juive et mettre fin au Hilloul Hashem que constitue la situation actuelle. 

En soutenant leur combat et en répondant à leur appel, vous participerez vous aussi à restituer le Mont du Temple au peuple Juif, première étape vers la Reconstruction du Temple, "très vite et de nos jours", Amen!

Shalom,
Depuis cinq ans, nous, 'les étudiants pour le mont du temple', religieux et non religieux, luttons pour faire changer la situation actuelle sur le Mont du Temple et pour faire valoir nos droits et notre souveraineté à l’endroit le plus sacré du peuple juif.
Vous pouvez nous aider et nous soutenir en faisant un don ( même un petit don sera le bienvenu).
LIEN POUR EFFECTUER UN DON :

 

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Lire aussi sur le sujet : 

Yom Yeroushalayim sur le Mont du Temple : entre humiliation et espoir

Israël ne peut pas devenir « l’Etat de tous ses citoyens », un Etat comme les autres qui serait mû uniquement par les ressorts de l’économie et de la politique, et coupé de la source de Sainteté qui est le Mont du Temple (1). Jamais la situation n’a été aussi humiliante pour les Juifs qui montent sur le Har Habayit, le Mont du Temple, et jamais la nécessité de protéger le droit de culte des Juifs sur cet endroit, qui est le plus sacré du judaïsme, n’a été aussi évidente qu’aujourd’hui. Impressions ressenties le Yom Yeroushalayim, 5 juin 2016.

 

Le débat véritable et urgent qui devrait se tenir sur ce sujet crucial n’est pas tant celui de savoir si nous avons le droit – ou plutôt le devoir – de reconstruire le Temple, que celui de savoir ce que pourra devenir le Temple, une fois reconstruit. Redeviendra-t-il le lieu de sacrifices, comme autrefois, selon les mots de la prière (חדש ימנו כקדם), ou bien devrons-nous y instaurer un culte différent, peut-être même entièrement nouveau, qui ne ressemblera ni aux sacrifices d’antan ni aux prières actuelles dans les synagogues, instaurées après la destruction du Second Temple ?

 

1525035_10151756715916682_588206289_n.jpgA cette question immense, nous ne pouvons évidemment pas répondre aujourd’hui, Une chose pourtant est certaine, à mes yeux comme aux tiens : le Temple est le cœur de notre identité nationale et religieuse et la clé de notre possibilité de vivre sur cette terre que le monde entier nous dispute, comme l’avaient bien compris les Pères fondateurs du mouvement sioniste et de l’Etat d’Israël. Ceux qui se bercent de l’illusion qu’on pourrait renoncer au Temple et brader son emplacement, pour calmer les appétits de nos ennemis, sont oublieux des leçons de notre histoire ancienne et récente ; ils sont prêts à sacrifier ce que nous avons de plus sacré contre des promesses illusoires et des traités de paix qui ne valent pas l’encre avec laquelle ils sont écrits.

 

Je ne t’ai pas dit, hier, quand vous êtes redescendus, Tom et toi, du Har Habayit et que nous nous sommes rencontrés devant la synagogue de la Hourva reconstruite, au milieu de la foule en liesse du Yom Yeroushalayim, combien j’étais fier de votre courage et de votre ténacité ! Car il faut bien du courage pour se rendre là-haut, malgré les imprécations hostiles de nos ennemis et les gestes non moins hostiles des policiers (notre police !), qui traitent sans ménagement les Juifs venus faire acte de présence sur ce lieu sacré. Ceux-ci ne viennent pourtant ni par goût de la provocation, ni pour satisfaire un vague sentiment mystique ou religieux, mais comme shli’him, comme représentants de tout notre peuple (même si beaucoup d’entre nous sont encore totalement inconscients de ce que le Temple signifie pour Israël).

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De gauche à droite: Dan Beeri, Yehuda Etsion, Yoram Ginzburg et Neeman (Photo Makor Rishon)

Plus encore que la brutalité des policiers du Yassam, l’unité anti-émeutes, qui bousculent les fidèles juifs, même quand ils sont déjà sortis du périmètre de l’esplanade du Temple – c’est le sentiment d’être étranger sur sa propre terre qui est difficile à supporter. Si les dirigeants de notre Etat avaient une réelle conscience de ce que représente le Temple, alors ils auraient appelé, en ce jour de Yom Yeroushalayim, les Juifs à monter par milliers sur le Har Habayit, au lieu de les en dissuader par tous les moyens… L’amère vérité est que nos dirigeants se comportent eux-mêmes comme des étrangers dans notre capitale réunifiée il y a 49 ans, en laissant le Waqf musulman administrer  le lieu le plus sacré du judaïsme, comme l’avait fait avant eux Moshé Dayan, le vainqueur de la Guerre des Six jours, lorsqu’il avait confié les clés du Mont du Temple à nos ennemis, au lieu de proclamer avec force que nous étions revenus sur le Mont pour y rester et pour exercer notre souveraineté nationale.

 

Nos ennemis ne s’y sont pas trompés, car ils ne respectent pas la faiblesse de ceux qui ne sont pas sûrs de leur bon droit : nos hésitations et nos atermoiements les renforcent dans leur conviction que les Juifs ne sont pas chez eux à Jérusalem, ni dans le reste du pays. C’est d’ailleurs pour cette raison précisément que la Loi juive permet de fouler le sol sacré autour du Temple : pour y manifester notre présence en tant que conquérants et faire savoir à nos ennemis et au monde entier que le peuple Juif est revenu à Sion par la « force du droit » (selon les mots de M. Begin) et en vertu du droit politico-religieux conféré par notre histoire plurimillénaire.

En visite sur le Mont du Temple.JPG

Nous avons reconquis Jérusalem et y sommes retournés en tant qu’occupants légitimes, et non pas comme des usurpateurs. Car le כיבוש n’est pas une insulte, comme voudraient le faire croire les représentants d’une morale et de valeurs étrangères au sein de notre peuple (qui prétendent que « l’occupation corrompt »). Le כיבוש est la seule façon de reconquérir une terre dont nous avons été éloignés à notre corps défendant. Il y a 49 ans (le temps d’un Yovel, d’un jubilé) les soldats de Tsahal et les parachutistes de Motta Gur libéraient Jérusalem des mains de l’occupant jordanien, qui avait transformé en latrines les pierres du Kottel.

 

JERUSALEM DEGALIM.JPG

YOM YEROUSHALAYIM

Aujourd’hui, le Kottel est en partie libéré (même si une partie demeure ensevelie sous terre) et les Juifs du monde entier viennent s’y recueillir et y épancher leur cœur, pensant parfois à tort que c’est l’endroit le plus saint de Jérusalem, alors que la sainteté véritable se trouve au-dessus, sur le Har Habayit… Le plus dur reste encore à faire : libérer le Mont du Temple, pour que Jérusalem soit véritablement libre et devienne enfin la « Maison de prière pour tous les peuples » annoncée par nos prophètes, lorsque la liberté de culte s’y exercera pleinement pour les Juifs, comme elle s’y exerce déjà pour les fidèles des autres religions.

C’est vous, les Etudiants pour le Mont du Temple (סטודנטים למען הר הבית) qui avez, avec d’autres organisations, assumé la tâche noble et difficile d’entamer ce combat. Que Dieu vous bénisse et vous donne la force de réussir ! חזק ואמץ

Pierre Lurçat

(1) J'aborde ce sujet dans mon dernier livre, Israël le rêve inachevé, Editions de Paris 2018.

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L'assassinat de Rabin et le faux messianisme de la paix, Pierre Lurçat

November 4 2018, 09:21am

Posted by Pierre Lurçat

"la trahison des clercs d'israël",osloLe soir fatidique du samedi 4 novembre 1995, des millions d’Israéliens ont entendu la voix grave d’Eytan Haber, directeur du cabinet de Rabin, déclarant dramatiquement à la radio : « Memshelet Israël modia be-tadema…» (« Le gouvernement israélien annonce avec stupéfaction…»). Le pays traversait alors des semaines d’angoisse et de colère, marquées par des attentats presque quotidiens et par le sentiment, partagé par de nombreux Israéliens, que le gouvernement d’Itshak Rabin et de Shimon Pérès était insensible aux victimes juives, civils innocents qui étaient comme sacrifiés sur l’autel de la « paix », devenue une sorte de Moloch exigeant chaque semaine son tribut sanglant.

 

Cette période est déjà lointaine, et un narratif bien différent s’est imposé dans les médias français et internationaux et aussi, dans une certaine mesure, en Israël même, en vertu duquel on entend présenter les accords d’Oslo comme une occasion manquée pour la paix au Moyen-Orient, qui aurait été perdue lorsque les balles de l’assassin de Rabin ont « tué le processus de paix ». Ce narratif est mensonger parce que le processus d’Oslo n’est pas mort à Tel Aviv. Non seulement il s’est poursuivi après l’assassinat de Rabin, mais il a même perduré bien au-delà, aucun Premier ministre, y compris Benjamin Nétanyahou, n’ayant eu le courage de dire une fois pour toutes qu’Oslo était mort et que les accords cent fois violés par la partie palestinienne étaient nuls et abrogés.

 

Le souci de vérité et d’exactitude oblige toutefois à reconnaître que le « processus de paix » - avec son cortège de morts, de mensonges et la réécriture concomitante de l’histoire en adoptant le point de vue palestinien, pour mieux faire accepter l’intronisation d’Arafat, puis de Mahmoud Abbas en « chefs d’État » – n’est pas né à Oslo. Yossi Beilin a certes été l’architecte des accords d’Oslo, avec son mentor Shimon Pérès et quelques autres, qui ont manipulé l’opinion publique israélienne, en faisant fi de l’opposition interne au parti travailliste et de la volonté du Premier ministre Rabin lui-même, demeuré jusqu’à son dernier souffle hostile aux conceptions de son rival historique.

 

 

Mais le socle idéologique et psychologique sur lequel reposent les accords n’est pas apparu du jour au lendemain, comme la création ex nihilo d’une poignée d’universitaires et d’idéologues coupés des réalités du Moyen-Orient. En vérité, force est de reconnaître que le faux messianisme de la paix qui a triomphé à Oslo était déjà en germe dans la société israélienne et dans l’esprit de ses dirigeants depuis longtemps, et notamment depuis la guerre de Kippour. Les choix fatidiques de 1993 sont en grande partie la suite logique des événements dramatiques de l’automne 1973, et c’est le traumatisme de Kippour qui a mené à celui d’Oslo et à ses suites.

"la trahison des clercs d'israël",oslo

 

Le premier à avoir compris, dans le camp arabe, la transformation qu’avait subie l’État d’Israël au lendemain de la « guerre d’octobre » fut Anouar Al-Sadate. Un certain discours le présente aujourd’hui, à l’instar de Rabin, comme un « faucon devenu colombe ». Mais ce raccourci journalistique est faux et trompeur, pour l’un comme pour l’autre. Il faut relire le dernier discours de Rabin à la Knesset pour comprendre qu’il n’a jamais renié son passé ; et il faut relire le discours de Sadate à Jérusalem , pour comprendre qu’il est lui aussi resté fidèle à ses engagements et à sa vision, conforme à la doctrine politique de l’Égypte établie depuis la Révolution des officiers libres en 1952. Le plus farouche ennemi d’Israël, admirateur d’Hitler dans sa jeunesse , ne s’est pas transformé du jour au lendemain en ami des Juifs : il a tout simplement compris que la meilleure façon de vaincre Israël était de se servir de la paix comme d’un cheval de Troie pour affaiblir et diviser l’opinion israélienne, et pour obtenir par la négociation ce que les armées arabes n’avaient pu remporter sur les champs de bataille.

 

 (Extrait de mon livre La trahison des clercs d'Israël, La Maison d'Edition)

 

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Faurisson est bien mort, mais son élève Mahmoud Abbas est toujours vivant

October 24 2018, 07:27am

Faurisson est bien mort, mais son élève Mahmoud Abbas est toujours vivant

Un négationniste Premier ministre de la 'Palestine' ?

 

A la veille de la constitution du gouvernement palestinien dirigé par Mahmoud Abbas, en mars 2003, le docteur Rafael Medoff, spécialiste de l'histoire de la Shoah, publiait un article intitulé "Un négationniste Premier ministre de la 'Palestine' ?" Il y rappelait des faits bien connus (mais peu souvent mentionnés) concernant la formation universitaire de Mahmoud Abbas. Celui-ci a en effet achevé un doctorat à l'université Patrice Lumumba de Moscou, en 1982, portant sur le sujet "La connexion entre les nazis et les dirigeants sionistes, 1933-1945". Dans cette thèse, Abbas soutenait l'idée d'une collusion entre le sionisme et le nazisme et d'une responsabilité conjointe des sionistes et des nazis dans la Shoah.

Mais Abbas ne s'arrêtait pas là… Il contestait également le nombre de 6 millions de victimes juives de la Shoah, en citant notamment les travaux de "l'historien" Robert Faurisson ! Dans ces circonstances, on comprend pourquoi le docteur Medoff concluait son article de 2003 par ces mots : "Si Abbas est promu au poste de Premier ministre de l'Autorité palestinienne, la communauté internationale tout entière sera confrontée à la question de savoir si Abbas mérite d'être traité différemment de Tudjman, de Haider et de Le Pen". 

Or, la réponse à cette question est que la communauté internationale a non seulement traité Abbas différement d'un Haider ou d'un Le Pen – en l'absolvant de son négationnisme – mais que certains Juifs et certains Israéliens se sont aussi prêtés à cette triste mascarade, en donnant au négateur de la Shoah palestinien un certificat de "cacherout" et de respectabilité. Selon le député israélien Arieh Eldad, le ministère israélien des Affaires étrangères et le State Department ont meme demandé au Centre Simon Wiesenthal de cacher toute information concernant le passé négationniste d'Abbas, avant la signature des accords d'Oslo, pour ne pas ternir la belle photo sur la pelouse de la Maison blanche !

 

L'incitation à la haine et l'objectif véritable d'Abou Mazen

 

oslo.jpgOn objectera sans doute que tout cela relève du passé et que Mahmoud Abbas – Abou Mazen a très bien pu évoluer et devenir un sincère partisan des négociations et de la paix (comme le prétendirent à l'époque les supporters des accords d'Oslo conclus avec Arafat). Mais l'examen attentif des prises de position du dirigeant de l'Autorité palestinienne depuis 2003 montre qu'il n'en est rien. Abbas est resté le même, tout comme Arafat qui, jusqu'à son dernier jour, demeura fidèle à ses engagements politiques et à sa conception du djihad contre Israël, n'hésitant pas à envoyer ses hommes, déguisés en membres du Hamas, commettre des attentats terroristes contre Israël, alors même qu'il était en train de "négocier la paix" avec Ehoud Barak à Camp David, comme l'a révélé récemment dans son livre extraordinairel'espion israélien du Hamas, Mosab Hassan Yousef… *

 

Pour comprendre les intentions véritables de Mahmoud Abbas, il faut se référer à ses discours en arabe, et pas à ses déclarations politiquement correctes prononcées à l'intention des médias et des chancelleries en Occident. Abbas, comme Arafat autrefois – et même mieux que lui – a en effet su adopter le ton qui plaît aux occidentaux, celui d'un "pragmatique" et d'un "modéré" (le fameux "dirigeant courageux" vanté par des intellectuels juifs français atteints de myopie et de surdité…). Abbas sait dire ce qu'il faut pour continuer d'engranger la manne de l'aide occidentale, tout en refusant d'entamer les négociations avant d'avoir obtenu des concessions unilatérales d'Israël.

 

Mais dans le même temps, Abou Mazen promet à son peuple le djihad et glorifie les "martyrs", ces terroristes aux mains ensanglantées qui sont devenus sous son autorité les grands hommes de l'Etat palestinien en voie de constitution… Elie Wiesel peut bien louer le "modéré" Mahmoud Abbas, mais celui-ci tient exactement le même discours à son peuple que les "extrémistes" du Hamas, avec lesquels il n'a d'ailleurs pas de désaccord fondamental sur la stratégie et sur l'objectif final – une Palestine judenrein de la Méditerranée au Jourdain – mais uniquement sur les moyens pour y parvenir.

 

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Le double langage de Mahmoud Abbas, qui déclarait en 2003 "Il n'y a absolument aucune autre alternative que le dialogue", mais qui promet, en 2010, qu'il "n'autorisera aucun Israélien à vivre sur la terre palestinienne", n'est pas seulement la marque d'une duplicité fondamentale, ou d'un manque de sincérité. Il est aussi la preuve que le président Abbas est resté fidèle à la philosophie politique du Fata'h, celle de la "libération de la Palestine" par tous les moyens – à la fois par l'épée et par les négociations – selon la leçon apprise de son maître, Yasser Arafat de sinistre mémoire.

 

Pierre I. Lurçat

 

* Voir "Le Prince vert, du Hamas aux services secrets israéliens", Denoël 2010

http://vudejerusalem.20minutes-blogs.fr/archive/2011/01/26/les-deux-visages-du-president-de-l-autorite-palestinienne-ma.html 

 

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Rencontre Abbas-Olmert à Paris : le sommet des has-been, Pierre Lurçat

September 23 2018, 07:22am

Posted by Pierre Lurçat

Rencontre Abbas-Olmert à Paris : le sommet des has-been, Pierre Lurçat

 

La photo publiée ce matin en “Une” du quotidien israélien Israël Hayom a quelque chose de ridicule, qui confine au pathétique. Ehoud Olmert et Mahmoud Abbas posant devant les photographes, lors d’une rencontre “officielle” à Paris, où Abbas est l’invité du président français Emmanuel Macron. Jamais sans doute la diplomatie française, qui nous a pourtant habitués au pire, n’était tombée aussi bas. Et jamais une rencontre n’avait été aussi factice et mensongère. Car tout est faux dans ce sommet des has been de la politique moyen-orientale…

 

D’un côté, un ancien Premier ministre israélien - un des plus mauvais qu’ait connu Israël en 70 ans d’existence nationale - qui a bénéficié d’une libération anticipée de prison, en obtenant une grâce présidentielle pour “raisons médicales”. De l’autre, un Président à vie palestinien, représentant non élu d’un “peuple” sans légitimité historique. Le point commun entre ces deux hommes, c’est qu’ils ne représentent rien, ni l’un ni l’autre. Olmert a été désavoué par les électeurs israéliens et envoyé en prison après ses malversations, tandis qu’Abbas aurait dû subir le même sort, s’il était le président d’un Etat démocratique, et non celui d’un régime autoritaire soutenu à bout de bras par la diplomatie française et européenne.

 

Plus qu’elle ne nous enseigne sur les motivations malveillantes du quai d’Orsay et de l’Elysée (unis pour l’occasion), cette rencontre en dit long sur l’état de décrépitude de la gauche israélienne, dont Olmert - autrefois “Prince du Likoud” issu d’une famille sioniste révisionniste - est devenu le triste symbole aujourd’hui, tout comme Tsipi Livni. Cette gauche qui a amené à Israël des catastrophes répétées depuis 25 ans - des accords d’Oslo au retrait du Sud-Liban et de Gaza - n’a jamais eu le courage et la lucidité de faire son mea culpa. Et plus elle persévère dans l’erreur, plus ses chances de revenir au pouvoir s’amoindrissent.

 

Le point commun entre ces deux hommes, c’est qu’ils ne représentent rien

 

Notre tradition nous enseigne que “Les portes du repentir sont ouvertes jusqu’à Hochana Rabba”, que nous fêterons la semaine prochaine. Mais quel repentir espérer de la part d’un homme politique comme Ehoud Olmert, qui n’est sorti de prison que pour publier des mémoires emplies de fiel et d’auto-satisfaction et qui vient maintenant se servir d’un des pires ennemis d’Israël comme d’un marchepied pour un éventuel come-back en politique?

 

Comme l’écrit ce matin Amnon Lord dans les colonnes d’Israel Hayom, la gauche israélienne et américaine tente de sauver les autocrates iranien et palestinien, rendus obsolètes par la nouvelle politique étrangère américaine du président Donald Trump. Mais cette tentative désespérée pour revenir en arrière échouera, tout comme les précédentes. La fin du grand mensonge palestinien est un fait avéré, et les manoeuvres politiques d’un Macron, d’un Olmert ou d’un Abbas ne parviendront pas à ressusciter les illusions mortelles d’Oslo et du “processus de paix” israélo-palestinien. Hag Saméah!

Pierre Lurçat


 

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13 septembre 1993 - 13 septembre 2018 : L’histoire secrète d’Oslo - ou comment Arafat a détruit la gauche israélienne, Pierre Lurçat

September 13 2018, 13:05pm

Posted by Pierre Lurçat

13 septembre 1993 - 13 septembre 2018 : L’histoire secrète d’Oslo - ou comment Arafat a détruit la gauche israélienne, Pierre Lurçat

13 septembre 1993 - 13 septembre 2018 :

L’histoire secrète d’Oslo - ou comment Arafat a détruit la gauche israélienne, Pierre Lurçat

 

Un des plus graves dommages politiques causés par le processus d’Oslo - pendant le bref et dramatique intermède du retour de la gauche au pouvoir, entre 1992 et 1996 - aura été de porter un coup fatal à la gauche sioniste d’antan, celle du Mapaï historique, en l’entraînant dans une surenchère menée par des idéologues coupés des réalités du Moyen-Orient, qui ont réussi à imposer leurs conceptions radicales aux dirigeants du parti travailliste. Comme le relate Yigal Carmon, président de MEMRI et ancien conseiller de plusieurs Premiers ministres israéliens, dans un article passionnant sur l’histoire cachée des accords d’Oslo (1), Arafat, Yossi Beilin et Shimon Pérès ont amené Rabin à “transgresser tous les tabous et franchir toutes les lignes rouges”, en négociant avec l’OLP et en acceptant la création d’une entité arabe souveraine à l’ouest du Jourdain.


 

Dans son compte-rendu détaillé du processus ayant conduit à la signature sur la pelouse de la Maison Blanche, le 13 septembre 1993, Yigal Carmon montre bien comment le Premier ministre Rabin a petit à petit été conduit à céder sur tous les principes bien ancrés de la diplomatie israélienne, établis depuis plusieurs décennies. Entré à contre-coeur dans le processus de négociation des accords - qui avaient été négociés secrètement et à son insu par Yossi Beilin, Yair Hirshfeld et Ron Pundak - Rabin a finalement accepté toutes les conditions posées par l’OLP et par Arafat, chef terroriste intronisé en “partenaire de paix” sans avoir renoncé à aucun élément de son idéologie radicale et guerrière.


 

Ainsi, la Charte de l’OLP appelant à la destruction de l’Etat d’Israël ne fut pas abrogée, ni même modifiée (2). De manière symbolique et révélatrice, Arafat insista pour participer en personne à la cérémonie de signature sur la pelouse de la Maison Blanche, en étant revêtu de son uniforme militaire (qualifié pour l’occasion par les négociateurs israéliens de “costume vert”, euphémisme caractéristique de la Novlangue utilisée durant tout le “processus de paix”). Arafat se refusa d’ailleurs à proclamer la “fin de l’Intifada” ou de la “lutte armée’, comme l’y exhortait la partie israélienne. Bien au contraire, dans un discours à la mosquée de Johannesburg prononcé le 10 mai 1994, quelques mois après la signature des accords d’Oslo, il expliqua en arabe à son auditoire que les accords de paix étaient en réalité une “trêve provisoire”, sur le modèle de la trêve signée par le Prophète aux débuts de l’islam, et que le djihad pour “libérer Jérusalem” se poursuivrait.



 


 

En imposant leurs vues au parti travailliste et à l’Etat d’Israël tout entier, les idéologues des accords d’Oslo n’ont pas seulement amené une catastrophe pour leur pays, dont le tribut sanglant versé sur l’autel de la “paix” n’est que l’aspect le plus visible. Ils ont aussi causé un préjudice quasiment irréversible au parti travailliste, phagocytée par son aile gauche, ce “camp de la paix” qui ressemble étonnamment aux “mouvements de la paix”, comme en connaissait l’ancien bloc soviétique. Une des nombreuses conséquences de ce bouleversement politique a été le désastreux épisode Kadima, qui s’est notamment traduit par la Deuxième Guerre du Liban.


 

L’élection d’Avi Gabaï - venu des rangs de la droite et apparemment soucieux de rapprocher son parti des couches populairs de l’électorat israélien - a pu faire croire un moment à un retour du parti travailliste vers les positions du Mapaï historique. A cet égard, Gabaï aurait pu confirmer le mouvement de recentrage de la vie politique israélienne auquel on assiste ces dernières années. Un tel recentrage impliquerait l’abandon définitif du discours convenu sur la “solution à deux Etats”, en ramenant au coeur du débat les questions cruciales - largement négligées depuis Oslo - qui touchent à la société et à l’économie israélienne.


 

Pierre Lurçat

 

(1) “Oslo, l’histoire derrière la poignée demain”, http://memri.fr/2017/10/02/oslo-lhistoire-derriere-la-poignee-de-main/

(2) voir à ce sujet l’article de Claude Tencer, “La charte palestinienne est toujours en vigueur”, https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/la-charte-palestinienne-est-7217

(3) Voir https://iris.org.il/quotes/joburg.htm

 

 

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