Overblog
Follow this blog Administration + Create my blog
VudeJerusalem.over-blog.com

Parlez au cœur de Jérusalem (Isaïe 40;2), Rav Menachem Chouraqui

May 21 2020, 09:43am

Posted by Menachem Chouraqui

Tlemcen, Algérie, l’année 5657 (1897). La très ancienne communauté juive, dont les racines remontent à l’époque des Guéonim et réputée dans toute l’Afrique du Nord pour ses illustres rabbins, ne parvient pas à retrouver sa sérénité depuis que les provocations et les agressions des musulmans contre ses dirigeants et ses fidèles ne font que s’intensifier.

En effet, depuis plusieurs années, une secte musulmane extrémiste a pris le contrôle de la ville. Ses adeptes font régner la terreur sur les habitants des localités voisines et organisent de nombreuses rebellions armées contre les autorités. Tlemcen la ville pacifique et pastorale était devenue un centre mondial d’études de l’islam et un centre spirituel pour des musulmans intéressés à approfondir la mystique du Coran. Nombreux parmi eux venaient en pèlerinage sur la tombe du « saint de Tlemcen » Sha’ib Abou Medine Al Andaloussi. De même, La grande mosquée érigée à sa mémoire était devenue au fil du temps un pôle d’attraction pour les seigneurs et princes du monde arabe.

700 ans auparavant, Sha’ib Abou Medine avait mis sur pied une fondation à but religieux (הקדש) par le biais de laquelle il avait acquis des terres dans le village de Ein Kerem près de Jérusalem. Tous les revenus de cette fondation étaient consacrés à subvenir aux besoins des musulmans du Maghreb installés dans la partie située à l’Ouest du Mont du Temple, la Porte des Maghrébins, sous le règne du gouverneur Nour A Din Tahnat, et ce jusqu’à l’arrivée de leur Mehdi (messie). Les très importants revenus de la fondation lui permirent, entre autre, d’acheter un grand édifice à proximité d’Al Bouraq, considéré comme lieu éminemment sacré pour les musulmans.

le Rav Haïm Bliah

Plongés dans le désarroi et face aux dangers qui menacent la Communauté juive de Tlemcen, ses notables décident de se tourner vers leur dirigeant spirituel, le Rav Haïm Bliah, et le supplie de trouver un moyen de dialoguer avec les responsables musulmans, afin de calmer, ne serait-ce qu’un moment, la tension régnante entre les deux communautés. Restent encore vivants dans la mémoire des Juifs de Tlemcen le souvenir des nombreux pogroms subis 50 ans auparavant durant lesquels le grand-père du Rav Bliah avait été pourchassé et contraint de s’enfuir précipitamment pour échapper à la mort. Le Rav Bliah accepte de prendre sous sa responsabilité cette mission et de mettre un terme à ce conflit. Accompagné par son confrère du Tribunal rabbinique, le Rav David Hacohen Scali, il décide d’organiser une rencontre, a priori à caractère pacifique, avec les principaux dirigeants musulmans les plus extrémistes. La rencontre aura lieu un vendredi, au terme de la prière devant la grande mosquée au nom du “saint de Tlemcen”.

le Rav David Hacohen Scali

Rabbi Haïm Bliah âgé de 61 ans et Rabbi David Hacohen Scali de 36 ans sont deux grands érudits et éminents décisionnaires, des talmidei hakhamim dont la piété et la sagesse sont de notoriété parmi tous les plus grands sages d’Afrique du Nord.

Vêtus de leurs tuniques rabbiniques traditionnelles, enveloppés de talithot et accompagnés par des notables de la communauté et par de nombreux juifs, ils s’approchent de la foule musulmane qui devient de plus en plus menaçante.

La tension est à son comble. L’assistance retient son souffle dans l’attente d’entendre les paroles du  Rav Bliah.

Soudain, à la stupéfaction générale, le Rav Bliah s’avance devant les dirigeants musulmans et se met à les conspuer et bafouer leur religion ainsi que leur prophète. Lorsque le Rav Hacohen Scali se joint à son collègue et invective lui aussi l’assemblée musulmane, ensemble ils suscitent un tôlé général auprès des personnes présentes. Aussi bien les juifs que les musulmans sont frappés de stupeur. Personne ne s’attendait à une réaction aussi virulente et aussi provocante de la part de ces honorables rabbins.

Puis le Rav Bliah sortit son choffar et sonna d’un son fort et long qui fit trembler toute l’assistance et s’exclama envers les arabes : « Si vous pensez que Jérusalem vous appartient grâce aux possessions que vous avez là-bas, détrompez-vous et sachez que précisément dans 70 ans, Jérusalem et le Mont du Temple seront restitués aux mains des Juifs par leur gouvernement souverain en terre d’Israël ».

Les paroles du Rav Bliah, engendrèrent un profond émoi et étonnement parmi toute l’assemblée.

Le courage et l’audace de ces deux rabbins qui s’étaient dressés sans peur face à une foule hostile suscitèrent chez les musulmans, paradoxalement, un profond sentiment de respect. Ainsi, de façon presque miraculeuse, après cet évènement, la ville de Tlemcen reviendra au calme et ce, pendant de nombreuses années.

Le 1er congrès sioniste à Bâle

Nous sommes le 26 du mois d’Iyar et trois mois avant le premier congrès sioniste à Bâle (Suisse).

Les paroles du Rav Bliah trouvèrent un vaste écho auprès de toutes les communautés juives d’Afrique du Nord durant plusieurs années et éveillèrent une profonde curiosité chez leurs dirigeants rabbiniques quant à leur véritable signification.

Trente ans plus tard, en 1926, dans un de ses ouvrages, le Rav David Hacohen Scali faisant référence à la Déclaration Balfour écrivit en ces termes : « Béni soit Celui qui a choisis nos maîtres ainsi que leurs enseignements car leurs paroles ont été prononcées avec le Rouah Hakoddesh, du fait que nous voyons par nos propres yeux à notre époque qu’Hakadosh Baroukh Hou nous sourit et se tourne vers son peuple Israël, Jacob son lot d’héritage, car Israël ont trouvé grâce devant Dieu et auprès des souverains lui rendant hommage en leur octroyant un gouvernement et ont consenti à leur rendre leur héritage, notre sainte Terre, et déjà certains s’y sont installés avec une administration pour Israël dans la Terre de sainteté, parmi eux des ministres et des personnalités et chaque jour la lumière rayonne sur eux dont l’éclat va croissant jusqu’au plein jour. Et donc nous ne devons pas prendre les devants et libérer l’éclat de la lumière jusqu’au moment où il sortira et brillera en vertu du décret »

Neuf ans après en 1935, le Rav David Hacohen Scali publiera dans l’un de ses livres un article intitulé « elle se hâte vers son terme ». Dans cet article, il précisera quand arrivera le temps où ‘l’éclat de la lumière sortira et brillera conformément au décret’. Se fondant sur la Tradition des Prophètes et des Sages d’Israël ainsi que sur les Sages de la tradition du Sod, il prédira avec précision la date de la libération de Jérusalem. Cet article aura un impact considérable sur les Sages d’Afrique du Nord et il sera cité par eux en temps de crise afin d’insuffler auprès de leurs fidèles de l’espoir dans la Guéoula, la Délivrance, prochaine.

En 5660 (1900) le Rav Scali quitte la ville de Tlemcen. Comme le veut la coutume des Sages d’Algérie quand ils se séparent l’un de l’autre, le Rav Bliah remettra à son confrère son choffar comme marque d’hommage et comme souvenir et témoignage de leur amitié. Le Rav Scali prendra avec lui ce choffar à la ville d’Oran, communément surnommée chez les juifs d’Algerie « Oran shel Hakhamim » (Lumière des Sages). Le Rav Scali sera nommé aux fonctions de grand rabbin et Président du Tribunal rabbinique jusqu’à son décès le 24 du mois de Iyar 5709 (1949).

Quand en 1932, son gendre et fidèle disciple, le Rav David Ibn Khalifa fut nommé grand rabbin et Président du

le Rav David Ibn Khalifa

Tribunal rabbinique dans sa ville natale, ce dernier se rendra à Oran pour solliciter la bénédiction de son Maître.  À cette occasion, le Rav Scali lui remettra le choffar du Rav Bliah. Le Rav David Khalifa, dernier grand décisionnaire d’Algérie, était sioniste de tout son être. Il participera de nombreuses fois au Congrès Sioniste à la tête d’une délégation de juifs d’Algérie pour le mouvement Hamizrahi.

Lors de l’un de ses voyages en Israël, le Rav Khalifa rencontrera son ami le Rav Elyahou Pardès, alors Grand rabbin de Jérusalem. Ils se connaissaient de longue date. Le Rav Pardès avait coutume chaque année au mois de Nissan de se rendre dans les communautés juives d’Afrique du Nord. C’est au domicile du Rav Khalifa qu’il passait toute la fête de Pessah.

le Rav Elyahou Pardès

Lors de cette rencontre, était également présent le Rav Shlomo Goren alors aumônier général de Tsahal. Le Rav Khalifa qui lors de tous ses voyages à Jérusalem prenait avec lui le choffar qu’il avait reçu de son Maître, raconta au Rav Goren l’histoire liée à ce choffar.  Le Rav Goren en fut très impressionné. A la fin de cette rencontre, le Rav Khalifa pris la décision de remettre ce choffar comme présent au Rav Goren en lui disant “que seulement lui, en tant que Rav à la tête du Rabbinat militaire de l’Etat hébreu renouvelé était digne de le détenir“. Le Rav Goren fut très ému de recevoir ce présent singulier et dit au Rav Khalifa qu’il le remettra en dépôt chez son beau-père, le Nazir qui lui aussi s’appelait David Hacohen, et qui également avait fait sien des comportements de piété et d’extrême sainteté. Le Nazir a cette époque restait cloitré à son domicile depuis la chute de la Vieille Ville et s’était contraint à ne pas sortir en dehors de son domicile jusqu’à la Libération de Jérusalem.

Le Rav Shlomo Goren, aumonier général de Tsahal

Pendant la Guerre des Six Jours, le 28 du mois de Iyar 5727 (1967), la jeep du Rav Goren roulant depuis la Bande de Gaza vers Jérusalem fut prise dans sous des tirs d’obus et prit feu avec le choffar que le Rav avait avec lui pendant la guerre.  Persuadé d’une foi profonde que durant cette guerre, il annoncerait la Guéoula au peuple d’Israël en sonnant du choffar près du Kotel Hamaaravi, le Rav Goren ne se séparait jamais de son chofar. Or voilà que le Rav n’avait plus de choffar. Il se devait impérativement d’en trouver un autre. Il se souvint alors du choffar qui lui avait été donné par le Rav Khalifa quelques années auparavant et qu’il avait déposé chez son beau-père, le Nazir.

Alors que la guerre battait son plein, l’élève et aide de camp du Rav Goren, le Rav Menahem Hacohen a raconté l’histoire suivante :

le Rav David Hacohen, le Nazir, au milieu

« Par ordre du Rav Goren je roule chez son beau-père le Rav David Hacohen, le Nazir, un des principaux disciples du Rav Kook. Le Nazir, une figure particulièrement passionnante. On l’appelait le Nazir parce qu’il se comportait comme un nazir. Après avoir pris sur lui d’être nazir, il ne buvait pas de vin, avait laissé pousser ses cheveux et était végétarien. J’arrive au domicile du Nazir et il ne dit rien. Pourquoi ? Parce que durant cette période difficile, il avait pris sur lui de s’abstenir de parler. Je lui dis : je voudrais prendre le choffar. Il semble qu’il me fait signe que le choffar se trouve au-dessus de l’armoire.  Je monte sur une chaise et je prends le choffar que je remets ensuite au Rav Goren. Plus tard, quand nous avons grimpé sur le tank à l’entrée de la Porte des Lions, le Rav Goren tenait ce choffar et un Sefer Torah. Pendant des heures, il n’a pas cessé de sonner de ce choffar. Nous sommes montés sur le Mont du Temple et là, l’état d’exaltation était à son paroxysme. Petit à petit, des combattants de diverses unités venant d’autres endroits de Jérusalem sont arrivés. Le Mont du Temple s’est rempli. Tous se sont tenus là sur le Mont et spontanément, ils ont entonné Yeroushalayim shel zahav ».

70 ans précisément après sa proclamation dramatique, la prophétie du Rav Bliah s’est réalisée ! Le Rav Goren sonnera avec le choffar du Rav Bliah que la Providence lui avait fait parvenir. Dans le feu des combats, avec l’arme de son chauffeur, le Rav Goren fera sauter l’écriteau de porcelaine sur lequel était écrit « Al Bouraq ». Ainsi, furent définitivement effacées les traces de Sha’ib Abou Medin Al Andaloussi à Jérusalem. Le Rav Goren a eu le privilège d’être l’instrument par lequel a été annoncé au peuple d’Israël et au monde entier que la Shekhina, la Présence divine, est revenue à la Maison.

Le Rav Goren sonnant du choffar sur le Mont du Temple

En ces heures intenses, endormi depuis presque 2000 ans, le cœur de Jérusalem s’éveilla et se mit à battre de nouveau au son du choffar. Le rythme de ses battements s’accéléra et s’intensifia lors de la parade des parachutistes sur l’esplanade du Mont du Temple. Le cœur de Jérusalem insuffla du sang frais à tous les membres du corps de la Nation lorsqu’entouré par des officiers de Tsahal, le Rav Goren se tenant droit, avec son choffar dans la main, entrera sur le lieu du Kodesh Hakodashim, le Saint des saints. Pour un instant, lors de la levée du drapeau sur le dôme du rocher, le cœur de Jérusalem semblait avoir rajeuni, s’être renforcé…. Pour un instant seulement. Le peuple d’Israël ayant bu de la coupe de la consolation, décida de cesser de parler au cœur de Jérusalem.

Tous mes remerciements au Dr Yossef Charbit pour les références historiques.

Rav Menachem Chouraqui

Rabbin de la communauté Kyriat Hana David

Directeur du Beith-Midrash Mikhlal Yofi

Jérusalem

Source : 

http://jerusalem24.com/blog/2020/05/19/parlez-au-coeur-de-jerusalem-isaie-402/

See comments

Israël, “démocratie illibérale”? Réponse à une intellectuelle confinée

May 13 2020, 15:28pm

J’avais bien aimé le premier livre d’Eva Illouz, Pourquoi l’amour fait mal. C’était en 2012, quand elle vivait encore en Israël, avant qu’elle ne devienne directrice d’études à l’EHESS et, selon l’expression consacrée, une des “intellectuelles les plus importantes de sa génération” (1). A quel moment est-elle devenue la “grande sociologue” célèbrée par le Nouvel Observateur et d’autres médias, qui lui donnent régulièrement la parole pour commenter l’actualité? Est-ce au moment où elle a commencé à faire du dénigrement d’Israël un de ses thèmes de prédilection ? L’hypothèse demande à être vérifiée.

 

 

Quoi qu’il en soit, dans sa dernière intervention médiatique en date, intitulée “Depuis les ténèbres, qu’avons-nous appris”, Eva Illouz se montre en parfait exemple de ce qu’on pourrait appeler “l’intellectuel confiné”. Je veux parler de ces intellectuels qui ont tiré, pour leçon principale de la crise actuelle, la confirmation de l’exactitude de leurs propres idées. Ils n’ont pas  retiré une virgule à leurs propos d’avant le Coronavirus, dans lequel ils ont trouvé l’occasion inespérée de faire l’auto-promotion de leur discours (2). 

 

Le concept de “démocratie illibérale”, créé par le politiste américain Fareed Zakaria en 1997 et entré depuis dans le lexique politique contemporain, rappelle à certains égards l’ancienne distinction marxiste entre “libertés formelles” et “libertés réelles”, et le concept  actuellement très en vogue de “populisme” (ou de “peuplocratie”) (3). A l’origine, “l’illibéralisme” décrit des régimes comme celui de Viktor Orban en Hongrie, ou celui du parti Droit et Justice en Pologne. Parmi ceux qui ont décrit Israël comme une “démocratie illibérale”, citons Jean-Pierre Filiu et à sa suite, Dominique Moïsi et Alexis Lacroix.

 

Eva Illouz a de son côté employé l’expression de “démocratie illibérale” pour qualifier Israël en 2018, dans un article publié dans Ha’aretz et repris dans Le Monde (4). Elle y écrivait notamment: Ce qui est le plus surprenant, c’est que pour promouvoir ses politiques illibérales, Netanyahu est prêt à snober et à rejeter la plus grande partie du peuple juif, ses rabbins et intellectuels les plus reconnus...”. L’idée d’un divorce entre Israël (dirigé par la droite) et la diaspora juive américaine (largement acquise au parti démocrate) était alors maniée comme un épouvantail par les opposants de Nétanyahou. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et l’efficacité de la politique israélienne dans la crise du Covid-19 amène de nombreux Juifs, aux Etats-Unis et ailleurs, à envisager leur avenir en Israël.


 

La Cour suprême la plus puissante au monde - Jérusalem

 

Cela n’empêche pas Eva Illouz de continuer de parler de ‘démocratie illibérale”, en écrivant que : “Les démocraties illibérales telles qu’Israël, la Pologne, la Turquie et la Hongrie se sont servies de la crise du coronavirus pour faire croire que le Reichstag était en feu et en ont profité pour suspendre les libertés civiles et révoquer le pouvoir du parlement et des tribunaux (Netanyahou a ainsi échappé au procès qui l’attendait le 17 mars)”. Ce morceau d’anthologie appelle quelques commentaires. Tout d’abord, Israël n’a pas “suspendu les libertés civiles”, mais plus simplement confiné sa population - exactement comme l’ont fait la France et les autres “démocraties libérales” - avec une efficacité dont atteste le faible nombre de victimes du Covid-19 (un “détail” qui semble échapper à Eva Illouz). 

 

Pourquoi Mme Illouz réserve-t-elle ses critiques aux seules “démocraties illibérales” et surtout à Israël, alors que les mesures adoptées en Israël sont similaires à celles adoptées (souvent avec moins de succès, en raison d’hésitations et de mauvaise gestion) dans les autres pays démocratiques? Quant à la “révocation du pouvoir du parlement et des tribunaux”, on se demande si l’auteur de ces propos est vraiment informée de ce qui se passe en Israël. Comparer Israël - où les mesures prises l’ont été sous le contrôle tatillon d’une Cour suprême, qui est sans doute la plus puissante au monde - à la Hongrie de Viktor Orban (5), qui a voté une loi d’urgence sans limite, relève dans le meilleur des cas de la malhonnêteté intellectuelle. 

 

 

Déconfinez-vous, Mme Illouz! 

(Photo ANTJE BERGHAEUSER. LAIF-REA)

 

Je ne sais pas d’où vient la détestation d’Israël qui anime Eva Illouz. Mais j’ai envie de lui dire : “déconfinez-vous!” Sortez de votre confinement intellectuel dans la tour d’ivoire de l’EHESS, pour aller à la rencontre du réel. Arrêtez d’abreuver vos lecteurs du Nouvel Obs de mensonges et d’inexactitudes concernant Israël, démocratie vivante dont bien des pays du monde, y compris celui dans lequel vous avez élu domicile, feraient bien de s’inspirer. Israël, une “démocratie illibérale”? Non : Israël, démocratie libérale, Etat juif et démocratique et lumière des nations.

Pierre Lurçat

 

(1) D’après le Journal du Dimanche. https://www.lejdd.fr/Culture/Livres/la-sociologue-eva-illouz-la-sexualite-est-une-marchandise-3948495

(2) Un autre exemple d’intellectuel confiné, est le philosophe italien Gorgio Agamben, sur lequel nous reviendrons.

(3)  Fareed Zakaria, « The Rise of Illiberal Democracy », Foreign Affairs, no 76,‎ novembre- décembre 1997. Voir aussi F. Zakaria, The Future of Freedom: Illiberal Democracy at Home and Abroad, New York, W.W. Norton, 2003 ; tr. fr. Daniel Roche : L’Avenir de la liberté, Paris, Odile Jacob, 2003. Cité par P.A. Taguieff, L’Islamisme et nous (Paris, CNRS Éditions, 2017), p. 234, note 143. Sur le concept de “peuplecratie”, voir le livre intéressant de Ilvo Diamanti et Marc Lazar, Peuplecratie, La métamorphose de nos démocraties, Gallimard 2019, qui observe que le “populisme est un des mots les plus confus du vocabulaire de la science politique”. Sur le "néo-populisme", lire l'ouvrage éclairant de Pierre-André Taguieff, Le nouveau national-populisme, Paris, CNRS éditions, .

A travers cette abondance de néologismes plus ou moins pertinents, on entrevoit souvent la volonté idéologique de disqualifier des adversaires politiques démocratiquement élus. 

(4) Une version en ligne est aimablement fournie par le site agencemediapalestine.fr, ici.

(5) Lequel revendique l’idée de “créer un Etat illibéral”, voir https://budapestbeacon.com/full-text-of-viktor-orbans-speech-at-baile-tusnad-tusnadfurdo-of-26-july-2014/

 

See comments