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jabotinsky

La “cancel-culture” est-elle une invention juive ? La gauche israélienne et la politique du ressentiment (I)

April 25 2024, 08:15am

Posted by Pierre Lurçat

Manifestation anti-Nétanyahou

Manifestation anti-Nétanyahou

 

Après l’attaque sans précédent de l’Iran contre le territoire israélien et alors que le front Nord se réchauffe, comment comprendre que la “gauche” israélienne (qui n’a évidemment peu à voir aujourd’hui avec les idéaux de la gauche authentique, ses chefs appartenant tous – d’Ehoud Barak à Yaïr Lapid – à ce qu’on appelait jadis en France la “gauche caviar”) ne trouve rien de mieux à faire que de mettre les rues du pays à feu et à sang pour réclamer, comme elle ne cesse de le faire depuis plusieurs années, le départ de “Bibi”? Comment expliquer que cette même gauche, aux moments les plus dramatiques de notre histoire – et jusque dans le ghetto de Varsovie – ait préféré ses intérêts partisans à l’intérêt supérieur de la nation juive ?

 

En réalité, comme l’avait déjà observé Shmuel Trigano il y a plus de vingt ans, l’identité profonde de la gauche israélienne et juive est une identité du ressentiment. En effet, expliquait-il, “Le camp de la paix a toujours un “mauvais Israël” contre lequel s’affirmer, une exclusion d’autrui à travers laquelle il s’identifie lui-même. Son identité est fondamentalement une identité du ressentiment”[1]. Ce ressentiment, nous l’avons vu à l’œuvre depuis plus d’un siècle dans l’histoire d’Israël. Quand les portes de l’émigration ont été fermées par l’Angleterre devant les Juifs fuyant le nazisme dans les années 1930, le Yishouv dirigé par la gauche sioniste a interdit aux membres du Betar de recevoir les précieux “certificats”, les condamnant ainsi à une mort certaine.

 

Avant cela, elle leur avait fermé le marché du travail, la Histadrout exigeant de chaque travailleur juif qu’il détienne le “carnet rouge” (pinkas adom) attestant de son appartenance au “camp des travailleurs”... A la même époque, David Ben Gourion maniait l’insulte envers son principal rival, Zeev Jabotinsky, qu’il qualifiait de “Vladimir Hitler”. Plus tard, Ben Gourion ne désignait jamais Menahem Begin par son nom, s’adressant à lui à la Knesset uniquement comme “le voisin du député Bader”... Ce dernier exemple est particulièrement significatif. Il montre en effet que la “cancel culture” actuelle n’a rien inventé.

 

Depuis l’assassinat d’Arlosoroff (le 16 juin 1933) et jusqu’à nos jours, la gauche sioniste s’est servie de la violence et des accusations de violence à des fins politiques – pour asseoir et maintenir son hégémonie (l’affaire Arlosoroff est survenue alors que le mouvement sioniste révisionniste était à son apogée) – et elle a constamment accusé ses adversaires, en recourant à la “reductio ad hitlerum[2], c'est-à-dire en accusant ses adversaires politiques d'être des “nazis”

 

La reductio a hitlerum, dont sont aujourd’hui victimes Israël et ses défenseurs sur la scène publique internationale, est ainsi dans une large mesure une invention de cette gauche juive – sioniste et non sioniste – qui n’a reculé devant aucun procédé, recourant au mensonge et à la calomnie pour “annuler” ses adversaires. Ils ont “annulé” Jabotinsky et Begin, réécrit l'histoire du mouvement sioniste pour effacer la part de ceux qui ne pensaient pas comme eux – sionistes révisionnistes, sionistes religieux, mizrahim ou ‘haredim – et aujourd'hui ils voudraient annuler Netanyahou et la volonté de la majorité des Israéliens…

 

Ironie de l’histoire, ceux-là même qui ont trouvé des boucs émissaires dans leur propre camp, en accusant de tous les maux leurs adversaires politiques, se trouvent aujourd’hui trahis par leurs anciens “camarades” progressistes, devenus les ennemis jurés d’Israël, et qui sont en train de rendre judenrein les grandes universités, aux Etats-Unis et ailleurs… (à suivre)

P. Lurçat

 

NB. Mon livre Les mythes fondateurs de l’antisionisme contemporain vient d’être réédité aux éditions B.O.D. et peut désormais être commandé dans toutes les librairies.

 

 

 

 

 

[1] S. Trigano, L’ébranlement d’Israël, Seuil 2002.

[2] Bien avant que l’expression ne soit forgée par Leo Strauss au début des années 1950.

 

 

[1] S. Trigano, L’ébranlement d’Israël, Seuil 2002.

"Le voisin du député Bader" : Menahem Begin

"Le voisin du député Bader" : Menahem Begin

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“Giborim vé-Giborot” : l’héroïsme inclusif des soldat(e)s israélien(ne)s

December 20 2023, 14:46pm

Posted by Pierre Lurçat

“Giborim vé-Giborot” : l’héroïsme inclusif des soldat(e)s israélien(ne)s

1.

 

Ilana Dayan est sans doute une des journalistes les plus connues d’Israël, pour le meilleur et (parfois) pour le pire. Le pire, c’est la tendance – qu’elle partage avec bien d’autres journalistes – à faire passer ses opinions à travers ses reportages, et à imposer un certain “narratif”, pour employer un terme très en vogue. Ainsi, comme l’expliquait justement Gadi Taub cette semaine, Dayan met toujours en avant le vécu personnel (et parfois intime) de ses interviewés, au détriment du vécu collectif d’Israël en tant que peuple. Interrogeant une mère d’un soldat tombé à Gaza, elle revenait sans cesse, de manière presque indécente, sur la question de sa douleur personnelle, alors que la mère insistait au contraire pour dire sa fierté que son fils soit tombé pour que vive notre pays.

 

Le même parti-pris idéologique est apparu dans sa récente émission Ouvda, où Ilana Dayan interroge un jeune officier supérieur combattant à Gaza. Lorsqu’il parle de “remplir notre mission” et de “tout faire pour la victoire”, elle s’entête à l’interroger sur sa “peur de mourir” et sur son “vécu personnel”... De toute évidence, les médias israéliens ont encore du chemin à faire pour se mettre à la page de l’après 7 octobre. Beaucoup d’entre eux ont encore gardé les réflexes et les partis-pris qu’ils avaient jusqu’au 6 octobre. Ils continuent de parler la langue du “je”, alors que le peuple d’Israël a résolument adopté celle du “nous”.

 

2.

 

Dans la même émission Ouvda, Dayan reprenait l’officier lorsqu’il parlait des “femmes des combattants”, qui sont elles aussi un élément essentiel de la force et de la résilience d’Israël. “Il y a aussi des femmes combattantes, et ce sont leurs maris qui sont à l’arrière…” disait en substance la journaliste. Force est de constater qu’elle a sur ce point entièrement raison. Cette guerre a dévoilé – plus encore que les précédentes – la place grandissante qu’occupent les soldates combattantes, en première ligne, au cœur même de Gaza, où elles remplissent des tâches très variées et souvent aussi exposées que celles de leurs camarades de sexe masculin.

 

Parmi les nombreux exemples offerts par la guerre actuelle, citons ceux des femmes tankistes, des infirmières embarquées dans les régiments blindés, ou encore des (tristement) célèbres “Tatspitaniot” (observatrices) qui, sans être combattantes, ont été les premières à prévenir de l’attaque du 7 octobre et qui avaient aussi tenté d’alerter leurs supérieurs des préparatifs du Hamas, en vain… A cet égard, la réalité sur le terrain a, comme souvent, dépassé et rendu caduques tous les débats idéologiques et politiques de l’avant-guerre.

 

3.

 

Jabotinsky, qui était un féministe avant l’heure, a écrit qu’il n’existait “aucune fonction que les femmes ne puissent remplir aussi bien, sinon mieux, que les hommes”. La réalité de l’armée israélienne lui donne aujourd’hui raison, sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres. Les femmes combattantes sont devenues une réalité incontournable, et le débat d’avant le 7 octobre sur l’opportunité d’intégrer des femmes dans toutes les unités, comme le réclament plusieurs soldates depuis des années, est un débat qui appartient largement au passé, comme celui sur l’enrôlement des soldats ‘harédim.

 

Lorsqu’on écrira l’histoire de l’héroïsme des soldats de Tsahal au cours de la guerre qui ne fait que commencer, un chapitre glorieux sera consacré aux femmes combattantes. Oui, il ne faut plus parler désormais de “nos valeureux soldats” et des “femmes héroïques” qui les soutiennent à l’arrière, mais bien de nos “valeureux soldats et valeureuses soldates et de leurs conjoints à l’arrière”. Ad Hanitsahon!

P. Lurçat

 

 

 

LA MIDRESHET YEHOUDA - MANITOU
 vous propose

une conférence exceptionnelle de
 PIERRE LURCAT

Essayiste, Spécialiste de Jabotinsky

CENT ANS APRES "LE MUR DE FER" DE JABOTINSKY

COMMENT RESTAURER LA FORCE DE DISSUASION D'ISRAEL

 

Dimanche 24 Décembre à 19H00 (18H00 H.FR)

 

LIEN ZOOM

 

https://lilmod.zoom.us/j/89257672438?pwd=VmZ1dmROaEpzTGhrK2doUGhJZ2YzUT09

 

 

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Dôme d’acier ou mur de fer? Conférence Zoom à l'occasion des 100 ans du “Mur de fer” de Zeev Jabotinsky

November 7 2023, 08:07am

Dôme d’acier ou mur de fer?  Conférence Zoom à l'occasion des 100 ans du “Mur de fer” de Zeev Jabotinsky

Dôme d'acier ou mur de fer? - מרכז מורשת מנחם בגין (begincenter.org.il)

Prochain évènement Zoom du Centre Begin -100 ans du "Mur de Fer" de Zeev Jabotinsky

Avec Pierre Lurcat

 

📰 Il y a 100 ans, le 4 novembre 1923, Zeev Jabotinsky publiait son article "Le Mur de fer".

️ Dans cet article, toujours d'actualité, Jabotinsky exposait son point de vue sur la stratégie à adopter face à l'opposition arabe quant à l'implantation juive en Erets Israël.

🦾 Selon lui, "tant qu’il existera chez les Arabes le moindre espoir de se débarrasser de nous, ils ne renonceront pas à cet espoir". Il faut donc ériger un "mur de fer", c'est à dire une force armée, qui dissuadera nos voisins de toute tentative d'éliminer le sionisme.

🤝🏼 Alors, seulement, ils accepteront notre présence, et un accord pourra être conclu.

 ▪️Israël est-il fidèle à cette stratégie?

▪️L'a-t-il été un jour?

▪️Ou en est le Mur de fer aujourd'hui?

🎙️ Pour répondre à toutes ces questions nous recevrons Me Pierre Lurçat, expert dans la pensée de Jabotinsky et traducteur de ses écrits.

🖥️ ZOOM

🗓️ Mardi 7 novembre 2023

🕣 20h30 heure d'Israël (19h30 heure de Paris)

LIEN ZOOM POUR VOUS CONNECTER

https://us02web.zoom.us/j/89460563733

 

🔗 Lien d'inscription pour recevoir le lien Zoom: https://did.li/Mn6w5

🪀 Rejoignez le groupe WhatsApp du Centre Begin en français: https://did.li/noiIw

🔗🇬🇧 Lien en anglais si vous ne lisez pas l’hébreu: https://did.li/VpmIw

Dôme d’acier ou mur de fer?  Conférence Zoom à l'occasion des 100 ans du “Mur de fer” de Zeev Jabotinsky

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"Dôme d'acier" ou "Mur de fer?" Comment rétablir la sécurité d'Israël face à Gaza

October 9 2023, 10:33am

Posted by Pierre Lurçat

"Dôme d'acier" ou "Mur de fer?" Comment rétablir la sécurité d'Israël face à Gaza

 

(Dans les lignes suivantes, extraites de ma présentation du livre Le Mur de fer de Jabotinsky, j'explique en quoi le "Dôme d'acier" constitue en réalité la négation du "Mur de fer" et des principes d'une véritable dissuasion face au Hamas et aux ennemis d'Israël en général).

Le « dôme d’acier », malgré toute sa perfection technologique, ne vise en effet pas à assurer une quelconque dissuasion pour Israël, face aux tirs de roquette incessants venant de Gaza, mais plutôt à protéger les civils israéliens, sans aucunement empêcher les groupes terroristes palestiniens de poursuivre leurs attaques. De ce fait, il illustre le paradoxe d’une armée toujours plus intelligente, mais de moins en moins audacieuse. Comme le savent bien les dirigeants de l’armée israélienne, seule une offensive terrestre au cœur de la bande de Gaza permettrait de démanteler les lanceurs de missiles, voire de mettre fin au pouvoir du Hamas, installé depuis le retrait de l’armée israélienne en 2006. Or, la protection toute relative offerte par le dispositif du « dôme d’acier » empêche en fait Tsahal de mener une telle offensive, en la dissuadant d’adopter une logique militaire plus coûteuse en vies humaines. La dissuasion s’exerce donc envers Israël et non envers ses ennemis.

 

         Le « dôme d’acier » n’est donc aucunement l’application de la doctrine du « Mur de fer » élaborée par Jabotinsky il y a près de cent ans : il en est la négation. Cet exemple ne signifie toutefois pas que le « Mur de fer » aurait été totalement oublié, mais que cette notion est appliquée de manière variable, selon les circonstances et les différents fronts. Israël fait ainsi preuve depuis plusieurs années d’une audace impressionnante face à l’Iran, multipliant les opérations et les éliminations ciblées en territoire ennemi, tandis que sur le front de Gaza, Tsahal se montre beaucoup plus timorée, restant sur la défensive la plupart du temps. Cette disparité montre que l’éthos défensif – qui remonte aux débuts de Tsahal et avant encore, à l’époque du Yishouv – s’avère insuffisant, face à des ennemis farouchement déterminés.

 

        

Toute l’histoire de la stratégie de défense d’Israël, depuis la Haganah et les premiers efforts d’auto-défense à l’époque de Jabotinsky et jusqu’à nos jours, est marquée par une oscillation permanente entre deux pôles opposés : celui de l’éthos purement défensif, largement prédominant d’une part, et celui d’un éthos offensif, celui de l’unité 101 dans les années 1950 et de la « Sayeret Matkal » (unité d’élite de l’état-major), d’autre part. De toute évidence, c’est cet esprit offensif qui a permis à Tsahal de connaître ses victoires les plus éclatantes, celle de juin 1967 ou celle de l’opération Entebbe, pour ne citer que deux exemples. Malgré cela, l’armée israélienne demeure attachée à l’éthos purement défensif, pour des raisons complexes liées à son histoire et à ses valeurs fondatrices. La doctrine du « Mur de fer » demeure ainsi d’actualité, un siècle après avoir été formulée par Jabotinsky. 

 

Les récents événements violents survenus en mai 2021 dans les villes mixtes d’Israël, et la persistance d’une opposition radicale à l’existence de l’Etat hébreu dans la région – malgré les avancées remarquables des accords Abraham – montrent que la dissuasion demeure une nécessité impérieuse, tant sur le front intérieur que sur les différents fronts extérieurs. L’aspiration à la paix qui caractérise le peuple Juif et l’Etat d’Israël ne doit pas éluder cette nécessité. Le pacifisme aveugle, il y cent ans comme aujourd’hui, menace la pérennité de l’existence d’un Etat juif souverain, au milieu d’un environnement encore largement hostile. Aujourd’hui comme hier, la paix repose sur la préparation à d’éventuels conflits, selon l’adage latin toujours actuel (« Si vis pacem, para bellum »), ou selon les mots de Jabotinsky : « le seul moyen de parvenir à un accord [de paix] est d’ériger un mur de fer ».

Pierre Lurçat

NB Je renvoie sur tous ces sujets à l’émission que j’avais consacrée aux erreurs israéliennes face au Hamas, au micro de Richard Darmon sur Studio Qualita

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Vers le sionisme suprême : De la religion dans l’État d’Israël, Pierre Lurçat

January 19 2023, 09:07am

Posted by Pierre Lurçat

Jabotinsky passant en revue une troupe du Betar/ Camp d’ Hunter/État de New York/ 3 août 1940/Jabotinsky Institute

Jabotinsky passant en revue une troupe du Betar/ Camp d’ Hunter/État de New York/ 3 août 1940/Jabotinsky Institute

Je dédie cet article à la mémoire de Jacques Kupfer, dont la Hazkara aura lieu ce soir (jeudi)

La cause sioniste a rallié de brillantes personnalités, des « caractères » … Dans la grande galerie de ces personnages souvent étonnants, Vladimir Jabotinsky occupe une place éminente, mais aussi singulière. Cet orateur incisif, ce propagandiste zélé fut un homme d’action infatigable : fondateur du Parti révisionniste hostile à la puissance mandataire britannique et initiateur de la Légion juive, il a milité ardemment pour préserver son peuple et bâtir un État affranchi de toute tutelle étrangère. Mais, parallèlement à toutes ses actions, éclatantes sinon toujours couronnées de succès, il n’a cessé de mener, au cours de son existence mouvementée, une réflexion soutenue sur la mission d’un futur État d’Israël, sur la spécificité de la nation juive, sur le rôle qu’elle est appelée à jouer dans l’histoire. On découvre ainsi, dans ses écrits nombreux, une pensée politique originale et fort consistante. Dans le recueil de textes réunis sous le titre : Questions autour de la tradition juive, il réfléchit sur le rôle que doit prendre la religion dans l’État hébreu qu’il appelle de ses vœux.

Un éloignement mêlé de respect

Moshé Bella, auteur d’un livre de référence sur Jabotinsky, relate l’anecdote suivante : quand Eri Jabotinsky, le fils du Roch Betar, qui se trouvait alors à Addis-Abeba, lui donna son accord pour publier un recueil d’articles de son père, il lui fit cette demande : « S’il vous plaît, ne transformez pas mon père en Juif religieux ». Et il ajouta : « Mon père n’était pas religieux. Si vous publiez des articles exprimant une attitude positive envers la religion, publiez également des articles hérétiques (“אפיקורסים/apikorsim”) ». Cette anecdote permet de saisir la complexité de l’attitude de Jabotinsky envers la religion juive (et envers la religion en général). On peut résumer ainsi son attitude : un éloignement mêlé de respect. Cette double attitude a évolué au fil du temps, et Jabotinsky s’est “rapproché” du judaïsme, non certes en devenant un Juif pratiquant, mais en approfondissant son respect pour la tradition juive. Certains éléments biographiques apportent un éclairage intéressant sur cette position idéologique et permettent parfois de mieux la comprendre.

Rappelons quelques moments marquants de sa vie

Jabotinsky a perdu, très jeune, son père et c’est sa mère qui s’est chargée de son éducation. Elle lui a transmis entièrement son judaïsme, tenant à lui faire donner des leçons d’hébreu, dès l’âge de huit ans. Dans son autobiographie, le leader de la droite sioniste écrit cependant : « hormis ces leçons d’hébreu, je n’avais alors aucun contact intérieur avec le judaïsme », p. 18. Il relate aussi qu’après la mort de son père, il s’est rendu matin et soir dans une petite synagogue ; « mais je ne m’y suis pas acclimaté et je ne prenais pas part aux prières, sinon à la récitation du kaddish », p. 18. Cet épisode est significatif, et pour ainsi dire fondateur, dans la vie et dans l’attitude de Jabotinsky envers la tradition : respect pour la mitsva du kaddish, accompagné d’un sentiment de distance à l’égard des rites et de la synagogue. Comme il l’explique encore : « Chez nous, il régnait une cacheroute stricte, maman allumait les bougies la veille du shabbat et priait matin et soir, et elle nous enseigna le ‘modé ani’/prière du lever et la lecture du Chema, mais toutes ces coutumes me laissaient indifférent », p.18. Cette description du foyer dans lequel il a grandi permet de mesurer combien celui-ci était différent de celui de Theodor Herzl, lui aussi souvent considéré, tout comme Jabotinsky (et à tort) comme un Juif parfaitement assimilé. Non seulement il n’était pas un Juif assimilé, mais il a reçu une certaine éducation juive – même s’il n’a fréquenté ni le ‘hédère/école juive pour enfants, ni la yeshiva/école juive pour adultes – ; il a été élevé par une mère observant les rites. Cela n’est pas négligeable.

Un esprit européen 

Bien entendu, cette formation élémentaire ne suffit pas à faire de lui ce qu’on appellerait un “Juif religieux”. Car à côté de la culture juive dans laquelle il a baigné enfant, c’est surtout la culture générale, russe et profane qui a prévalu dans son adolescence, pendant sa période de formation, à Odessa puis à Rome. De ce point de vue, le jeune homme s’est très tôt imprégné de culture européenne, comme il le reconnaît dans son autobiographie, où il qualifie l’Italie de « patrie spirituelle », dans laquelle il s’est assimilé et a forgé « ses conceptions relatives aux problèmes nationaux, de l’État et de la société ». C’est là, explique-t-il, qu’il a appris à aimer « l’architecture, la sculpture et la peinture », mais aussi « le chant latin ; la poésie de Leopardi, les livres de Tchékhov et de Gorki », p. 29. C’est là aussi, à l’Université, qu’il s’initie à la pensée politique.

 

Ce tableau ne doit pourtant pas laisser croire que le jeune Jabotinsky soit devenu un Juif parfaitement assimilé, un Européen épris exclusivement de culture non-juive à l’instar d’ un Stefan Zweig, par exemple. En réalité, ce n’était qu’un passage, une phase dans l’élaboration de sa pensée et de sa personnalité riche, aux facettes multiples. À la même époque, il lisait Bialik avec enthousiasme, et lorsqu’il fit ses débuts littéraires en tant que traducteur, il choisit de traduire en russe le Cantique des Cantiques (pas moins que cela!) et un poème de Yehouda Leib Gordon,  ce qui donne une idée de ses talents littéraires et de ses prédilections.

La religion dans ses rapports avec l’État

L’attitude que le penseur adopte envers le judaïsme considéré comme religion ne peut bien être comprise qu’en fonction de sa pensée politique, notamment de sa doctrine de la nation (dont le sionisme n’est qu’un élément particulier).

Il a en effet consacré de vastes recherches théoriques, passant une année entière à Vienne (1907-1908), enfermé dans des salles de bibliothèques, apprenant spécialement à lire le tchèque et le croate comme il le relate dans son autobiographie : « Je dévorai des livres. L’Autriche, à cette époque, était une école idéale pour étudier la « question des nationalités » : je passais matin et soir à la bibliothèque de l’université ou à celle du ‘Reichsrat’. (…) ; j’étudiais l’histoire des Ruthènes et des Slovaques – et jusqu’à celle des quarante mille Romanches des Grisons… en passant par l’histoire des tsiganes de Hongrie et de Roumanie », Histoire de ma vie, p. 90.

C’est ainsi que s’est formée sa conception générale de l’État. C’est en effet celle-ci qui commande sa vision des rapports avec religion, et non ses idées religieuses. Beaucoup de contre-sens ont été faits à ce sujet :  le fondateur du Betar est parfois présenté comme un partisan d’un État fort, d’un régime autoritaire, militariste, voire fasciste ! Or c’est exactement le contraire qui est vrai : non seulement il n’a jamais eu la moindre sympathie pour les régimes autoritaires et s’est opposé à ceux-ci dès le début des années 1930, avec une lucidité exceptionnelle (y compris au sein du monde juif et du mouvement sioniste), mais il a toujours été partisan d’une intervention minimale de l’État.

Lisons plutôt un extrait de son article Bné Melakhim /Fils de Roi publié, à titre posthume, en 1940 à New York. Cet article constitue à de nombreux égards une sorte de testament politique, ne serait-ce que parce qu’il est un des derniers qu’il ait écrits, peu de temps avant sa mort subite, après avoir passé en revue une revue d’armes du Betar : « (Quelle) est la véritable tendance fondamentale de notre antique tradition, concernant le pouvoir de l’État. Cette tradition déteste de toute évidence l’idée même du pouvoir de l’État, et ne le tolère que dans la mesure où il est indispensable et inévitable. Dans la vie et l’activité de chaque homme – dans son “royaume’ individuel – qui doit autant que possible être laissé hors de portée de l’interférence de l’État ; la meilleure règle consisterait à ce qu’on le laisse tranquille ».

On ne peut être plus aux antipodes d’un interventionnisme étatique.

Mais, poursuit-il : « Si cela s’avère vraiment impossible, car il existe malheureusement des dangers extérieurs et des besoins intérieurs, qui rendent nécessaire un effort collectif, que celui-ci soit strictement limité au minimum véritablement inévitable. Il s’agit, en résumé, d’une mentalité pour laquelle un État “totalitaire” serait un anathème. Son idéal authentique, au contraire, serait une sorte de sage anarchie, mais comme cela est impossible, qu’il s’agisse au moins d’un “État minimalitaire ».

Ainsi s’exprime son idéal politique et sa conception du rôle de l’État, précisément fondé sur l’interprétation qu’il donne de la tradition d’Israël. Le royaume individueldoit échapper à toute intrusion de l’État ! Cette idée est essentielle dans la pensée politique de Jabotinsky. C’est précisément au nom de cette notion qu’il considère que l’État doit respecter dans la mesure la plus étendue la liberté de pensée, d’opinion et de croyance et la liberté de culte. Il en découle que toute notion de “coercition religieuse” est totalement étrangère à sa pensée. Comme il l’exprime déjà en 1935 : « La religion est l’affaire privée de l’individu… Ici doit régner la liberté la plus totale », cité par Shmuel Katz, Lone Wolf, p. 942.

Une pensée en mouvement

      Une erreur courante, lorsqu’on envisage les conceptions d’un penseur politique est de les considérer de manière figée, hors du temps, comme s’il les avait élaborées d’emblée sous une forme définitive et achevée. Toute pensée est dynamique et se déploie dans le temps et sur la durée. Cela est d’autant plus vrai concernant Jabotinsky, qui n’a guère eu le temps d’élaborer de doctrine politique achevée et qui a abordé les thèmes essentiels de sa pensée politique au fil de ses incessantes pérégrinations autour du monde.

Dans Le sionisme et Eretz-Israël (1905), un article que Jabotinsky écrit alors qu’il est âgé de vingt-cinq ans, expose sa conception du rôle de la religion dans l’histoire juive pendant la période de l’exil. Il écrit : « C’est ainsi qu’est mort le judaïsme : car toute chose qui cesse de se développer est considérée comme morte, même si elle renferme un éclair de vie profondément enfoui… Il est mort dès l’instant où Israël est devenu un peuple sans terre et a entamé sa longue marche héroïque de deux mille ans de souffrances pour préserver son trésor sacré », Cité dans Rafaella Bilski Ben Hur, p.163.

Il exprime ainsi la conviction – largement partagée par les autres théoriciens du sionisme politique – que la religion juive a servi à conserver vivante l’identité nationale juive pendant les longs siècles de l’exil. Mais, filant la métaphore, il explique que le “trésor sacré” que le peuple Juif a su conserver pendant l’exil n’est pas la religion elle-même ; celle-ci n’en est que l’enveloppe : « Si ce trésor sacré était le judaïsme, le peuple l’aurait abreuvé d’eaux vives et aurait bénéficié de sa croissance et de son développement, tout comme avant la dispersion. Mais si le peuple a enfermé de son plein gré sa conscience religieuse dans un cadre de fer, l’a desséché au point qu’il se fossilise et a transformé une religion vivante en un cadavre de religion embaumée – alors il est clair, que ce n’est pas dans la religion que réside le trésor sacré, mais dans une autre chose, dans une chose à laquelle le cadavre embaumé devait servir uniquement d’enveloppe et de protection », cité dans Rafaella Bilski Ben Hur, p. 163.

Cette vision du “cadavre embaumé” de la religion, servant d’enveloppe et d’isolant à l’identité nationale du peuple Juif en exil, est un topos classique dans la pensée sioniste laïque. Elle dénote une attitude négative très courante envers la religion qu’on peut qualifier d’utilitariste.

Quel est donc ce “trésor sacré” pour lequel le peuple Juif a enduré deux mille ans de souffrances et d’exil ?

La réponse se trouve dans un article ultérieur (1933), intitulé Exposé sur l’histoire d’Israël : c’est ce qu’il appelle le “mécanisme spirituel”, – concept qui désigne selon lui l’élément occulté par Marx dans sa conception des “moyens de production” comme facteur déterminant de l’histoire. En effet, explique-t-il : « À partir du moment où l“isolant” naturel – à savoir le territoire national – est perdu, chaque chose se transforme en succédané du territoire, et en particulier ce moyen considérable de séparation qui a pour nom la tradition religieuse : mais pour cela il est nécessaire que cette tradition soit absolument immobile », p.46.

 

La religion, au fondement de la tradition

Dans cet article important, Jabotinsky analyse avec sincérité son attitude envers la religion, qu’il considère comme le fruit de son époque, celle de “l’assimilation russe”. Il affirme que la religion joue un rôle important dans l’histoire des peuples et dans l’histoire mondiale. Cette affirmation se trouvait déjà dans son Exposé sur l’histoire d’Israël, publié deux ans plus tôt à Varsovie. Mais son article, Religion (1935), va plus loin et dépasse la doctrine marxiste en général, et le “matérialisme historique” en particulier, en ajoutant aux fameux “moyens de production” l’élément spirituel qui en est totalement absent.

Il analyse et réfléchit aux raisons pour lesquelles la religion était absente chez les membres de sa génération et pourquoi elle jouera un rôle important à l’avenir. Jabotinsky décrit son indifférence à la religion comme une lacune, une sorte de cécité spirituelle et artistique, qu’il compare à l’incapacité d’apprécier la poésie et la musique, concluant par ces lignes révélatrices : « Chez l’homme qui est pleinement évolué, il n’est pas possible qu’une émotion aussi considérable fasse défaut. L’homme de l’avenir, l’homme entier, auquel aucun sens ne manquera, sera “religieux”. Je ne sais pas quel sera le contenu de sa religion ; cependant il sera porteur du lien vivant entre son âme et l’infini qui l’accompagnera partout où il ira », p. 73.

Le pronostic formulé par Jabotinsky, selon lequel « l’homme entier sera religieux », marque de toute évidence une évolution marquante de sa pensée, depuis celle exprimée trente ans plus tôt dans Le sionisme et Eretz Israël. Que s’est-il passé entre-temps ? Comment le jeune dirigeant sioniste russe, convaincu que la religion n’est plus  qu’un “cadavre embaumé”, en est-il venu à y voir une dimension importante de la personnalité, aux côtés de la musique et de l’art?

Les raisons de cette évolution radicale sont multiples.

Mentionnons tout d’abord le cheminement personnel d’un homme qui a mûri et a eu le temps d’approfondir sa réflexion sur de multiples domaines. Le leader sioniste endurci qui s’exprime en 1935 n’est évidemment plus le jeune homme fougueux de 1905.

Le second facteur est celui des rencontres qu’il a faites et de personnes qui l’ont marqué, parmi lesquelles on peut mentionner le rabbin Falk, qui servit comme aumônier militaire dans les rangs des Muletiers de Sion, qui ont combattu avec bravoure à Gallipoli, le rabbin Nathan Milikovsky, qui n’est autre que le grand-père de Binyamin Nétanyahou, mais aussi et surtout le grand-rabbin Avraham Kook, qui exerça une influence importante sur l’idée que l’agnostique se faisait du judaïsme et de la religion.

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JABOTINSKY Vladimir, Questions autour de la tradition d’Israël | Sifriaténou/Notre Bibliothèque (sifriatenou.com)

Vladimir JABOTINSKY, Questions autour de la tradition d’Israël, Traduit de l’hébreu, présenté et annoté par P. Lurçat, Jérusalem, Recueil rassemblant : Exposé sur l’histoire d’Israël (1933) ; Questions autour de la tradition juive (1934) ; De la religion (1935) ; Lettre à Eri Jabotinsky : Naharayim (14 septembre 1935), s.l., Éditions l’Éléphant, 2021, Collection « La Bibliothèque sioniste ».

Jabotinsky, jeune homme, Varsovie, s.d.

Jabotinsky, jeune homme, Varsovie, s.d.

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Hannoukah et la “lumière des nations” : éclairer un monde déboussolé, par Pierre Lurçat

December 22 2022, 09:09am

Posted by Pierre Lurçat

Hannoukah et la “lumière des nations” : éclairer un monde déboussolé, par Pierre Lurçat

 

 

Avec le retour d’Israël sur sa terre, la fête de Hannoukah a retrouvé son sens premier, celui d’une fête nationale célébrant la victoire du peuple juif contre une civilisation - celle des Grecs - qui prétendait effacer la culture et l’identité collective d’Israël. Mais il serait erroné d’en déduire que le sens national et particulariste de la fête aurait éclipsé, ou relégué au second plan, son message universel. Car en réalité, comme l’histoire récente d’Israël nous le montre, c’est précisément en retrouvant notre identité collective authentique - celle d’un peuple rassemblé à nouveau sur sa terre - que nous sommes le mieux à même de faire rayonner dans le monde entier le message d’Israël.

 

Soldats de Tsahal allumant les bougies de Hannoukah


 

Redonner légitimité aux frontières et aux identités nationales

 

Quel est ce message aujourd’hui? Dans un monde de plus en plus désorienté - au sens premier, à savoir qui a perdu l’Orient(1) - il y a urgence pour la voix d’Israël à se faire entendre et à être écoutée, sur des sujets cruciaux et essentiels pour l’humanité. Ceux-ci touchent à la fois à l’actualité la plus brûlante et à la signification de Hannoukah. En prétendant effacer l’identité nationale particulière du peuple Juif, les Grecs ont en effet été parmi les premiers à contester l’idée même d’identité nationale, au nom de leur impérialisme culturel. Le combat d’Israël pour conserver son identité, spirituelle et nationale (car en réalité, il s’agit bien d’une seule et même chose), sert d’inspiration, aujourd’hui comme hier, aux peuples qui se battent pour pouvoir vivre et assumer librement leur identité.

 

En prétendant abolir la notion de frontières et, partant, celle d’identité nationale, l’Europe actuelle a tourné le dos au message véritable d’Israël, dont elle s’était pourtant largement inspirée pour élaborer les notions fondamentales de la pensée politique moderne, au XVIIe siècle, comme l’a montré l’historienne israélienne Fania Oz Salzberger, dans un article passionnant paru il y a une dizaine d’années dans la revue Azure (2). Les notions mêmes de liberté et de souveraineté nationale, dans leur acception moderne, doivent en effet beaucoup à la pensée politique hébraïque biblique et talmudique, source à laquelle se sont nourris plusieurs des grands théoriciens politiques de l’Europe éclairée, et notamment John Selden, pour fonder le droit international public et la pensée politique moderne.

 

Lors d’une fameuse controverse avec le juriste Hugo Grotius - qui défendait l’idée d’une mer libre et ouverte à tous, dans son ouvrage Mare Liberum (De la liberté des mers) - Selden a soutenu au contraire l’idée d’une mer divisée entre les différents Etats, dans son livre Mare Clausum. Son argumentation se fondait sur la notion hébraïque de frontières, apparue avec le partage de la terre d’Israël entre les 12 tribus, qu’il interprétait à la lumière des commentaires rabbiniques et talmudiques. Ainsi, c’est le droit hébraïque qui permettait selon lui de régler le différend politique et juridique entre deux grandes puissances maritimes du 17e siècle, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas.

 

L’oubli des sources hébraïques de la politique moderne, en oblitérant cette source d’inspiration essentielle, a amputé l’Europe d’un de ses deux piliers - Athènes et Jérusalem (3). L’antisémitisme meurtrier du 20e siècle est largement la conséquence tardive et monstrueuse de cet oubli. Ce n’est pas un hasard si l’Europe est devenue aujourd’hui l’entité politique la plus hostile à Israël sur la scène internationale (après, ou avec la Ligue arabe et l'OCI), alors même qu’elle doit en grande partie son existence et ses fondements théoriques à la pensée politique hébraïque.

 

Retrouver les notions fondatrices de l’humanité

 

Au-delà de ces concepts politiques, aujourd’hui contestés par l’idéologie post-moderniste (et son pendant israélien, le post-sionisme), ce sont aussi les notions fondatrices de l’humanité tout entière qui sont aujourd’hui remises en cause. La pensée hébraïque, on le sait, repose sur des distinctions fondamentales - au sens où elles fondent l’identité humaine - que sont l’opposition-complémentarité entre l’homme et la femme, l’opposition entre le shabbat- temps du sacré et le temps profane, l’opposition entre le règne animal et l’homme, seule créature créée “à l’image de Dieu” (Betselem Elohim), et enfin, l’opposition entre Israël et les nations.

Ce sont précisément ces distinctions fondamentales que certaines des idéologies en vogue actuellement prétendent abolir, en détruisant ce faisant la notion même d’être humain. Ainsi, comme l’a récemment montré un philosophe français, l’idéologie de “‘l’anti-spécisme”, qui conteste la distinction fondamentale entre l’homme et l’animal, aboutit à nier la spécificité de l’être humain, c’est-à-dire la notion hébraïque du Tselem, sur laquelle reposent tous les acquis de la civilisation humaine (4).


 

Michel-Ange, La création d’Adam

 

Si le vingtième siècle a été celui des grandes catastrophes et des génocides, le vingt-et-unième siècle semble devoir être celui de la perte du sens commun et de la notion même d’être humain. A certains égards, la négation de l’homme actuelle va encore plus loin (sur le plan théorique en tout cas) que celle qui était sous-jacente aux idéologies meurtrières du 20e siècle. Ces dernières prétendaient exclure de l’humanité certains races (nazisme) ou classes sociales (communisme), tandis que l’idéologie anti-spéciste aboutit à nier la notion même d’humanité.

 

La “fausse “morale juive” et le message authentique des Prophètes d’Israël.

 

Parmi les fausses idées qui se sont répandues au cours des dernières décennies, figure en bonne place une conception erronée de la “morale juive”, qui voudrait qu’Israël applique des standards moraux supérieurs à ceux des nations, dans son affrontement avec des ennemis qui ne respectent, eux, aucune morale, comme le Hamas et le Hezbollah (5). En réalité, le rôle d’Israël parmi les nations n’est plus aujourd'hui d’incarner une morale plus stricte (rôle qu’il a rempli jadis, en donnant au monde le Décalogue), mais bien plutôt celui de réaliser une identité collective nationale authentique.

 

Un des enjeux essentiels du Retour d’Israël sur sa terre est en effet celui de retrouver la mission véritable d’Israël au sein des nations, celle de “Lumière des nations”, qui est étroitement liée à la fête de Hannoukah. Une certaine théologie de l’exil a voulu faire croire que la dispersion d’Israël parmi les nations était voulue par Dieu, et qu’elle correspondait à la mission de “lumière des nations” d’Israël. C’est au nom de cette vision théologico-politique, qui n’a pas grand chose à voir avec la vocation d’Israël authentique, que les représentants du judaïsme réformé, en Allemagne et aux États-Unis notamment, se sont opposés au sionisme.

 

Le “sionisme suprême” - Zeev Jabotinsky

 


Maintenant que l’Etat d’Israël est devenu une réalité, il lui appartient de réaliser la “troisième étape du sionisme”, celle que Jabotinsky qualifiait de “sionisme suprême” et qu’il définissait précisément dans les termes du prophète Isaïe : “‘L’Etat juif n’est que la première phase de la réalisation du sionisme suprême. Après cela viendra la deuxième phase, le Retour du peuple juif à Sion… Ce n’est que dans la troisième phase qu’apparaîtra le but final authentique du sionisme suprême - but pour lequel les grandes nations existent ; la création d’une culture nationale, qui diffusera sa splendeur dans le monde entier, comme il est écrit; “Car de Sion sortira la Torah”. (6)

 

Pierre Lurçat

 

J'ai parlé de Jabotinsky dans une série de conférences en France avec l'Organisation sioniste mondiale. Voir ici

https://youtube.com/watch?v=1pNZMloGk8c&feature=share

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VIENT DE PARAITRE : REEDITION DE L’HISTOIRE DE MA VIE DE JABOTINSKY!

 

« C’est cette force foudroyante de tout utiliser, même l’échec, même l’isolement, la précarité, les controverses, l’adversité politique, les déceptions, c’est cette capacité de résister à tout, à toute humiliation, à tout découragement qui est la leçon la plus instructive de ce livre. »

Saskia Cohen

 

« Il fut certainement l’une des personnes les plus intelligentes que j’ai jamais connues. Il comprenait son interlocuteur à demi-mots car il lui portait un intérêt vorace et s’impliquait de façon créatrice dans la conversation. Il avait aussi de l’humour. Je buvais littéralement ses paroles, aussi brillantes et mordantes que sa pensée.»

Nina Berberova

 

« …On ne peut qu’admirer l’œuvre d’un visionnaire et prophète, un homme politique droit et sincère, traducteur de grandes œuvres, écrivain à la plume belle et puissante, polyglotte redoutable.

L’Histoire de ma vie présente l’histoire personnelle d’une des plus grandes figures du sionisme, d’un politique, écrivain et homme de talent trop souvent oublié et injustement dénigré. On ne peut plus apprendre le sionisme sans Jabotinsky et son Histoire de ma vie… »

Misha Uzan

Notes

(1) Israël étant l’Orient véritable du monde, contrairement à l’Orient arabe imaginaire et largement fantasmé des “Orientalistes” d’hier et d’aujourd’hui.

(2) Fania Oz-Salzberger, The Jewish Roots of Western Freedom

What modern republican thought learned from the Bible, the Talmud, and Maimonides. Azure, Summer 5762 / 2002, no. 13.

(3) Sur l'oubli du fondement hébraïque de la pensée occidentale, je renvoie notamment au livre de mon père, François Lurçat, La science suicidaire, Athènes sans Jérusalem. éditions F. X. de Guibert.

(4) “L’erreur consiste à vouloir «  effacer les limites » : entre les sexes, entre les animaux et les humains, entre les vivants et les morts. Il convient, au contraire, d’affronter ces limites qui nous constituent. Oui, parfois la philosophie devient folle, quand elle oublie l’homme”. Jean-François Braunstein, La philosophie devenue folle - le genre, l’animal, la mort. Grasset 2018.

(5) Je renvoie à ce sujet à mon livre La trahison des clercs d’Israël, La Maison d’édition 2016.

(6) Jabotinsky, Intervention devant le Congrès fondateur de la Nouvelle Organisation sioniste, septembre 1935. Cité dans ma postface à l’Histoire de ma vie.

 

Hannoukah et la “lumière des nations” : éclairer un monde déboussolé, par Pierre Lurçat

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Conférence le jeudi 15 décembre 2022 : « D’Odessa à Jérusalem : Jabotinsky, l’enfant prodige du sionisme russe »

December 14 2022, 08:08am

Posted by Pierre Lurçat

Conférence le jeudi 15 décembre 2022 : « D’Odessa à Jérusalem : Jabotinsky, l’enfant prodige du sionisme russe »

visioconférence avec Pierre Lurçat

 
 

« Né à Odessa en 1880, Vladimir Jabotinsky a entamé une carrière de journaliste et d’écrivain, avant de se convertir au sionisme. Malgré la “perte immense” pour la littérature russe déplorée par Maxime Gorki, Jabotinsky n’a jamais cessé d’écrire. Comment son parcours politique et ses idées ont-ils été influencés par sa ville d’origine ? En quoi est-il resté fidèle à la culture cosmopolite et à l’esprit de liberté caractéristiques d’Odessa ? Pierre Lurçat essaiera de répondre à ces questions en nous emmenant sur les traces du grand dirigeant sioniste, d’Odessa à Jérusalem.»

 

Pierre Lurçat, essayiste, écrivain et traducteur, est né en 1967 à Princeton (New Jersey) aux États-Unis. Il collabore à diverses publications en France (Causeur, Commentaire, Politique internationale) et en Israël (édition française du Jérusalem Post).

 

Notre rencontre aura lieu en visioconférence.

 

Il vous suffira de cliquer sur le lien suivant le jeudi 15 décembre 2022 à 19h45 pour vous connecter :

 

https://us06web.zoom.us/j/83842198297?

 

ou sur l'application Zoom : ID de réunion : 838 4219 8297Code secret : 775187

 

jeudi 15 décembre 2022 : « D’Odessa à Jérusalem : Jabotinsky, l’enfant prodige du sionisme russe » (amis-odessa.fr)

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Le mur de fer de Jabotinsky à aujourd'hui, avec Pierre Lurçat

December 5 2022, 17:24pm

Forces et faiblesses d’Israël à la lumière de Jabotinsky
 
L’OSM en France, en partenariat avec le KKL de France, reçoit le journaliste et essayiste Pierre Lurçat, qui vient d’éditer l’ouvrage « le Mur de fer de Vladimir Jabotinsky », pour une tournée de conférences sur le thème «forces et faiblesses d’Israël», depuis la publication du manifeste du grand leader sioniste, en 1923, jusqu’à nos jours. Pour mémoire, Jabotinsky y développe son analyse du conflit judéo-arabe en Palestine mandataire, après les atroces émeutes de Jérusalem en 1921, concluant à l’impérieuse nécessité d’organiser l’auto-défense juive. Des principes qui demeurent d’une étonnante actualité.
Jeudi 8 décembre à 19h30 
 
11 Rue du 4 septembre, 75002 Paris
Entrée gratuite, inscription obligatoire

 

Inscription

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Actualité de Jabotinsky : Le « Mur de fer » et la postérité

September 11 2022, 11:50am

Posted by Pierre Lurçat

Actualité de Jabotinsky : Le « Mur de fer » et la postérité

Je publie ici un extrait du préambule au livre Le mur de fer - Les Arabes et nous de Vladimir Jabotinsky, dans la traduction vient de paraître en français aux éditions L’éléphant. J’évoque le livre au micro d’Ilana Ferhadian sur Radio J. P. Lurçat

Aucune expression née de la plume féconde de Jabotinsky n’est aussi connue que celle du « Mur de fer », et aucune n’a sans doute donné lieu à autant de contresens. Avant d’examiner l’actualité de ses conceptions, arrêtons-nous sur certains des usages récents qui ont été faits du concept de « Mur de fer ». Parmi les nombreux exemples offerts par le discours politique israélien contemporain, nous en avons choisi deux, qui sont tous deux ceux de représentants de l’école des « Nouveaux historiens ». Le premier, Avi Shlaïm, a publié en 2001 un livre intitulé Le mur de fer, Israël et le monde arabe dans lequel il fait de la doctrine du « Mur de fer » le symbole de l’intransigeance israélienne, qui aurait été la cause principale de la perpétuation du conflit israélo-arabe. Shlaïm fait remonter cette prétendue intransigeance à 1948, David Ben Gourion ayant selon lui renoncé à chercher un accord de paix avec les pays arabes, convaincu que le temps jouait en faveur d’Israël. 

L’avis du second, Benny Morris, est très différent. Dans une interview au quotidien Ha’aretz datant de janvier 2004, il reprend ainsi à son compte la notion du « Mur de fer » dans l’acception que lui donne Jabotinsky, expliquant notamment qu'un « mur de fer est la politique la plus raisonnable pour la génération à venir », car « ce qui décidera de la volonté [des Arabes] à nous accepter sera seulement la force et la reconnaissance qu’ils ne sont pas capables de nous vaincre ». Malgré la divergence d’opinion entre Shlaïm et Morris, tous deux s’accordent pour dire que la doctrine du « Mur de fer » a été adoptée par l’ensemble des dirigeants israéliens, depuis Ben Gourion jusqu’à nos jours. Le premier y voit la cause de l’intransigeance israélienne, tandis que le second la considère comme la seule réponse possible à l’intransigeance arabe. La comparaison entre les deux est instructive, car elle montre que le « Mur de fer » est devenu depuis un siècle un concept fondamental du lexique politique israélien.

         Peut-on dire pour autant que ce concept a été adopté dans les faits, c’est-à-dire dans la politique et dans la stratégie israélienne ? A cet égard, la réalité est plus contrastée. Si la doctrine de la dissuasion de Tsahal peut être globalement considérée comme l’application du « Mur de fer », la politique de défense israélienne n’est pas toujours conforme aux idées développées il y a cent ans par Jabotinsky. Ainsi, pour prendre un exemple récent, le système de défense « Kippat barzel » (« dôme d’acier ») mis en place par Tsahal autour de la bande de Gaza peut difficilement être considéré comme l’application du « Kir ha-Barzel » (« Mur de fer »), en dépit de la similarité des deux expressions.

         Le « dôme d’acier », malgré toute sa perfection technologique, ne vise en effet pas à assurer une quelconque dissuasion pour Israël, face aux tirs de roquette incessants venant de Gaza, mais plutôt à protéger les civils israéliens, sans aucunement empêcher les groupes terroristes palestiniens de poursuivre leurs attaques. De ce fait, il illustre le paradoxe d’une armée toujours plus intelligente, mais de moins en moins audacieuse. Comme le savent bien les dirigeants de l’armée israélienne, seule une offensive terrestre au cœur de la bande de Gaza permettrait de démanteler les lanceurs de missiles, voire de mettre fin au pouvoir du Hamas, installé depuis le retrait de l’armée israélienne en 2006. Or, la protection toute relative offerte par le dispositif du « dôme d’acier » empêche en fait Tsahal de mener une telle offensive, en la dissuadant d’adopter une logique militaire plus coûteuse en vies humaines. La dissuasion s’exerce donc envers Israël et non envers ses ennemis.

         Le « dôme d’acier » n’est donc aucunement l’application de la doctrine du « Mur de fer » élaborée par Jabotinsky il y a près de cent ans : il en est la négation. Cet exemple ne signifie toutefois pas que le « Mur de fer » aurait été totalement oublié, mais que cette notion est appliquée de manière variable, selon les circonstances et les différents fronts. Israël fait ainsi preuve depuis plusieurs années d’une audace impressionnante face à l’Iran, multipliant les opérations et les éliminations ciblées en territoire ennemi, tandis que sur le front de Gaza, Tsahal se montre beaucoup plus timorée, restant sur la défensive la plupart du temps. Cette disparité montre que l’éthos défensif – qui remonte aux débuts de Tsahal et avant encore, à l’époque du Yishouv – s’avère insuffisant, face à des ennemis farouchement déterminés.

Toute l’histoire de la stratégie de défense d’Israël, depuis la Haganah et les premiers efforts d’auto-défense à l’époque de Jabotinsky et jusqu’à nos jours, est marquée par une oscillation permanente entre deux pôles opposés : celui de l’éthos purement défensif, largement prédominant d’une part, et celui d’un éthos offensif, celui de l’unité 101 dans les années 1950 et de la « Sayeret Matkal » (unité d’élite de l’état-major), d’autre part. De toute évidence, c’est cet esprit offensif qui a permis à Tsahal de connaître ses victoires les plus éclatantes, celle de juin 1967 ou celle de l’opération Entebbe, pour ne citer que deux exemples. Malgré cela, l’armée israélienne demeure attachée à l’éthos purement défensif, pour des raisons complexes liées à son histoire et à ses valeurs fondatrices. La doctrine du « Mur de fer » demeure ainsi d’actualité, un siècle après avoir été formulée par Jabotinsky. 

Les récents événements violents survenus en mai 2021 dans les villes mixtes d’Israël, et la persistance d’une opposition radicale à l’existence de l’Etat hébreu dans la région – malgré les avancées remarquables des accords Abraham – montrent que la dissuasion demeure une nécessité impérieuse, tant sur le front intérieur que sur les différents fronts extérieurs. L’aspiration à la paix qui caractérise le peuple Juif et l’Etat d’Israël ne doit pas éluder cette nécessité. Le pacifisme aveugle, il y cent ans comme aujourd’hui, menace la pérennité de l’existence d’un Etat juif souverain, au milieu d’un environnement encore largement hostile. Aujourd’hui comme hier, la paix repose sur la préparation à d’éventuels conflits, selon l’adage latin toujours actuel (« Si vis pacem, para bellum »), ou selon les mots de Jabotinsky : « le seul moyen de parvenir à un accord [de paix] est d’ériger un mur de fer ».

 

Pierre Lurçat

Le livre est disponible sur Amazon et B.o.D.


 

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Un événement éditorial : Parution d’un recueil de textes inédits en français de Vladimir Jabotinsky, Le Mur de Fer

September 4 2022, 10:33am

Posted by Pierre Lurçat

Un événement éditorial : Parution d’un recueil de textes inédits en français de Vladimir Jabotinsky, Le Mur de Fer

NB J'ai évoqué le Mur de fer de Jabotinsky ce matin au micro d'Ilana Ferhadian sur Radio J.

En 1923, Jabotinsky publiait un article au titre devenu célèbre : le « Mur de Fer ». Il y exposait sa conception du conflit israélo-arabe, élaborée au lendemain des émeutes de 1921 à Jérusalem, auxquelles il avait pris part en tant que témoin actif, ayant organisé l’autodéfense juive au sein de la Haganah. Cent ans plus tard, ses idées sur le sujet demeurent d’une étonnante actualité. Les articles réunis ici exposent une vision du conflit qui reste en effet très pertinente, tant à propos des racines du conflit israélo-arabe que des solutions que préconise Jabotinsky.

 

Celui-ci a en effet été un des premiers à reconnaître que le conflit entre Israël et les Arabes était de nature nationale et que la nation arabe n’allait pas renoncer à ses droits sur la terre d’Israël en échange des « avantages économiques » apportés par l’implantation sioniste. Mais ce constat lucide ne l’a pas conduit à préconiser un partage de la terre ou un Etat binational, contrairement aux pacifistes de son temps. L’originalité de l’analyse de Jabotinsky réside ainsi tant dans le respect qu’il porte à la nation arabe, que dans son refus de transiger sur les droits du peuple Juif.

 

Né à Odessa en 1880 et mort dans l’État de New-York en 1940, Vladimir Zeev Jabotinsky est une des figures les plus marquantes du sionisme russe. Écrivain, journaliste et militant infatigable, créateur du mouvement sioniste révisionniste et du Bétar, il a conquis sa place parmi les fondateurs de l’État d’Israël, entre la génération de Théodor Herzl et celle de David Ben Gourion. Théoricien politique extrêmement lucide, il avait compris la vertu cardinale pour les Juifs de se défendre eux-mêmes, et dès la Première Guerre mondiale, il obtint leur participation militaire sous un drapeau juif à l’effort de guerre des Alliés.

 

V. Jabotinsky Le Mur de Fer, Les Arabes et nous, traduction et présentation de P. Lurçat

 

Éditions L’éléphant / B.o.D.

Paris-Jérusalem

Le Mur de Fer (bod.fr)

Éditions L’éléphant – Livres consacrés à Israël, son histoire, son peuple, son pays et sa culture

 

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