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Connaître vos droits face à un agent immobilier en Israël par Pierre Lurçat, avocat

July 30 2018, 16:38pm

Posted by Pierre Lurçat

 

Le présent article vise à vous donner des informations basiques sur vos droits en tant que client, face à un agent immobilier israélien. Il se fonde sur la loi et la jurisprudence israélienne ainsi que sur mon expérience d’avocat confronté à des litiges dans ce domaine.

 

L’obligation de l’agent d’être diplômé et inscrit auprès du Registre des agents immobiliers

Aux termes de la Loi sur les agents immobiliers, nul ne peut exercer l’activité de courtage immobilier s’il n’est pas agent diplômé et inscrit, à jour de ses cotisations. A noter : en tant que client, vous pouvez exiger de l’agent qu’il vous présente sa carte professionnelle, pour vérifier qu’il est un agent agréé et qu’il possède une carte valide pour l’année en cours.

Bon à savoir : si l’agent qui a réalisé une transaction pour votre compte ne possède pas de carte professionnelle, vous n’avez aucune obligation légale de lui payer une commission!

 

L’obligation de l’agent d’établir un mandat écrit

C’est la première obligation, fondamentale, de l’agent avec lequel vous entrez en relation. Selon l’article 9  de la Loi sur les agents immobiliers, “L'agent immobilier n'aura pas droit à sa commission, si le client n'a pas signé une demande par écrit de courtage (mandat), incluant tous les détails fixés par le ministre avec l'aval de la commission des lois de la Knesset”. En l’absence de mandat, vous ne serez pas tenu de lui verser une commission.

 

Le montant de la commission

Elément essentiel du mandat entre vous et votre agent, et objet de fréquents litiges, le montant de la commission doit impérativement être convenu à l’avance entre vous et l’agent. Aux termes de l’article 9 de la Loi, le mandat établi entre vous et l’agent doit comporter, entre autres mentions : le prix de la transaction recherchée, approximatif, ainsi que le montant convenu de la commission ou le taux de la commission convenu sur le prix de la transaction, et si le prix inclut la TVA.

 

Important: la Loi ne fixe aucun montant minimal ou maximal pour la commission. L’usage veut que la commission soit de 2 pour cent du montant de l’achat / vente mais elle pourra être inférieure (ou supérieure dans certains cas). Son montant est objet de négociation entre vous et l’agent.

 

A noter : certains agents recourent à une pratique consistant à fixer un prix de vente pour votre appartement (si vous êtes le vendeur) et à ‘empocher’ tout montant qu’ils parviendront à obtenir d’un acheteur au dessus de ce prix. Cette pratique est illégale!

 

Pour plus d’informations ou pour me soumettre un cas particulier, contactez-moi par email ou par téléphone au 050 286 5143.

 

Pierre Lurçat, avocat

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François d’Orcival : «L’État d’Israël ne sera pas binational!»

July 30 2018, 08:58am

François d’Orcival : «L’État d’Israël ne sera pas binational!»

Je reproduis ici l'excellent éditorial de François d'Orcival, paru dans le Figaro. P.L.

 

François d'Orcival : «L'État d'Israël ne sera pas binational!»

CHRONIQUE – L’unité de l’«État-nation du peuple juif» est désormais gravée dans sa Constitution. Ainsi en a décidé la Knesset à une large majorité.

Même l’Etat hébreu éprouve le besoin de réaffirmer son identité. Depuis sa création, en 1948, cela allait de soi: Israël était l’«Etat-nation du peuple juif», sa langue officielle l’hébreu, sa capitale Jérusalem. Maintenant, ce sera inscrit dans le marbre de sa Constitution, et pas plus révisable que la forme républicaine du gouvernement dans nos institutions. Le vote a été acquis la semaine dernière au Parlement israélien par 62 voix contre 55, sur 120, ce qui est une large majorité, compte tenu de la dispersion des groupes à la Knesset (en raison de la représentation proportionnelle) et du vote hostile des 13 députés arabes. La discussion a donné lieu à des commentaires délirants, du genre: c’est la fin de la démocratie, l’avènement de l’apartheid, etc.

L’État d’Israël n’est pas devenu une théocratie ; ses citoyens, juifs et non juifs, conservent les mêmes droits, la même citoyenneté

L’État d’Israël n’est pas devenu une théocratie ; ses citoyens, juifs et non juifs, conservent les mêmes droits, la même citoyenneté. Pourquoi donc la majorité de Benyamin Netanyahou a-t-elle voulu cette loi constitutionnelle? Pour préserver l’avenir. La gauche israélienne, longtemps triomphante, est désormais très minoritaire (elle ne représente plus que le tiers de la Knesset) et ne peut espérer son retour que par un changement de majorité – avec le renfort des voix arabes. D’où son projet d’un «État pour tous les citoyens», face à celui de la droite et du centre, l’État-nation du peuple juif. En Israël comme en Europe, l’opposition entre identité et multiculturalisme est aussi frontale. Opposition politique ici inséparable de l’évolution démographique.

Au lendemain de sa création, l’État d’Israël comptait près de 90 % de Juifs ; aujourd’hui, ceux-ci sont 75 %, contre 20 % d’Arabes (18 % musulmans, 2 % chrétiens), et demain? Les Arabes palestiniens répétaient aux Israéliens: nous vous submergerons grâce au ventre de nos femmes…

Il y a quinze ans en effet, le taux de fécondité des musulmanes atteignait les 4,6 enfants par femme – c’était un tiers de plus que les Israéliennes juives! Or depuis, ce taux de fécondité a fortement baissé tandis que celui des femmes juives n’a cessé d’augmenter (il est proche de 3,2, à comparer avec le taux français de l’ordre de 2). Que mesure un taux de fécondité? Le besoin de perpétuation et la foi en l’avenir d’un peuple. Les Israéliens ne veulent pas d’un État «binational», c’est ce qu’ils viennent de proclamer dans leur Constitution

http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2018/07/27/31002-20180727ARTFIG00067-francois-d-orcival-l-etat-d-israel-ne-sera-pas-binational.php

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Atta Farhat : “la Loi sur Israël-Etat nation du peuple Juif est nécessaire et juste”

July 29 2018, 06:57am

Posted by Pierre Lurçat

Atta Farhat : “la Loi sur Israël-Etat nation du peuple Juif est nécessaire et juste”

 

Le président du Conseil sioniste druze, Atta Farhat, déclare : “La Loi fondamentale Israël-Etat nation du peuple juif traite du statut des différentes communautés et pas des droits des personnes. Cette loi vient parachever la définition de l’identité de l’Etat d’Israël, et elle s’ajoute à un ensemble de lois fondamentales sur la liberté professionnelle et la dignité humaine. Israël, Etat-nation du peuple Juif, ce n’est pas nouveau, cela figurait déjà dans la Déclaration Balfour, dans la résolution sur le partage de la Palestine des Nations Unies (de 1947) et dans la Déclaration d’Indépendance. Cette loi ne contient aucun élément nouveau”.

 

“En tant que druze, je préfère vivre dans un Etat juif, plutôt que comme protégé de la Oumma musulmane. La loi sur Israël Etat-nation stipule que les droits nationaux en Israël n’appartiennent qu’aux Juifs… Elle ne dit pas que l’Etat n’appartient qu’au peuple Juif. Cette loi vise à freiner les aspirations nationales des Arabes, qui veulent créer ici un Etat musulman ou binational”.

 

 

Pourquoi les druzes protestent-ils contre cette loi?

 

“Certaines personnes qui sont désespérées tentent de faire porter la responsabilité de leurs problèmes au gouvernement… La gauche israélienne, encouragée et soutenue par le New Israel Fund, a trouvé un secteur [de la population] par le biais duquel elle peut attaquer le gouvernement de droite. C’est encore plus confortable pour eux de s’en prendre au gouvernement en utilisant les druzes, qui servent dans l’armée et sont loyaux envers l’Etat. L’incitation qu’ils ont menée en utilisant les Arabes n’a pas réussi, alors ils tentent d’inciter les druzes…”

 

 

Tsippi Livni avec un dirigeant druze

 

“C’est l’hypocrisie de la gauche. Je n’ai jamais vu un groupe de gens prêts à rejeter leurs propre identité et à porter atteinte à leur Etat uniquement pour obtenir un bénéfice politique, comme le fait la gauche [israélienne]. Ils sont prêts à tout, même au détriment de l’Etat d’Israël, du sionisme et du judaïsme”.

 

“Nous bénéficions ici de l’indépendance en tant que communauté, et sous un gouvernement musulman cela n’aurait jamais pu arriver. Les druzes qui vivent ici ne comprennent pas quelle est l’alternative… On incite la population druze en se servant des députés druzes, qui sont financés par le New Israel Fund.

 

Atta Farhat conclut : “Cette loi [sur Israël Etat-nation du peuple Juif] est nécessaire et juste, et même si ma vie est menacée, il est bon de mourir pour sa patrie [N.d.T. Il cite les mots fameux attribués à Yossef Trumpeldor] et je continuerai de porter son drapeau. Ceux qui s’opposent à la Loi se trompent. Les députés druzes font à présent le travail des Arabes, qui sont la cinquième colonne de l’Etat d’Israël, au lieu de faire leur travail et de représenter les habitants druzes pour résoudre les problèmes du secteur”.

 

Makor Rishon, 27.7.2018. Traduction P.Lurçat

 

 

Atta Farhat

 

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Vierges, de Keren ben Rafael : un très beau film israélien, par Pierre Lurçat

July 24 2018, 21:12pm

Posted by Pierre Lurçat

Vierges, de Keren ben Rafael : un très beau film israélien, par Pierre Lurçat

 

Le cinéma parisien UGC Les Halles projetait hier soir en avant-première le film de Keren Ben Rafael, Vierges (“Eyn Betoulot ba-Kerayot”), qui sort demain sur les écrans en France. Occasion pour le public de découvrir une nouvelle réalisatrice talentueuse et prometteuse, et un visage différent du cinéma israélien.

 

Le film Vierges vient en effet nous rappeler de manière salutaire qu’il existe un ‘autre visage du cinéma israélien’. Comme nous l’écrivions il y a quelques années,le cinéma israélien est très différent de l’image qu’en donnent les films d’un Amos Gitaï – pour ne citer que lui – adulé en Europe mais largement ignoré du grand public israélien. Il est riche, novateur, original et optimiste et reflète fidèlement la vitalité et la richesse humaine de notre petit pays…

 

Le cinéma israélien ne parle (presque) pas de guerre, “d’occupation” ou des autres leitmotive chers à certains médias, qui ne connaissent notre pays qu’à travers le prisme déformant de l’idéologie palestiniste. Il parle de la vie, des gens et de l’amour… Car, contrairement à ce que croient les médias étrangers, Israël n’est pas seulement un pays en guerre, c’est un pays où il fait bon vivre !

 

Dans Vierges, Keren Ben Rafael, qui vit entre Paris et Tel-Aviv et a étudié la philosophie et la littérature française à Tel-Aviv, avant suivre des études de cinéma à Paris, décrit la vie quotidienne dans une petite ville défavorisée du nord d’Israël. A Kyriat Yam, cité balnéaire des faubourgs de Haïfa, il ne se passe presque rien, et les jeunes habitants rêvent de Tel-Aviv et d’ailleurs… Jusqu’au jour où une rumeur sur l’apparition d’une sirène vient perturber leur vie trop tranquille.

 

A partir de ce fait divers (authentique), Ben Rafael a construit un film poétique et généreux, qui montre un visage très vivant et attachant de la vie dans un décor très éloigné de l’image  traditionnelle d’Israël. Loin de Tel-Aviv la cosmopolite, de Jérusalem la ville sainte et des frontières d’un pays en guerre, Vierges raconte une histoire à la fois très israélienne et très universelle. Elle donne notamment une image réaliste et sympathique des Israéliens russophones, frange importante de la société israélienne (qu’on a pu découvrir dans plusieurs très bons films des deux dernières décennies, depuis Les amis de Yana sorti en 1999).

Son film est servi par une excellente distribution, et notamment par l’acteur confirmé Michael Aloni (héros de la nouvelle série israélienne When Heroes Fly et aussi de Shtisel, où il incarnait le personnage de ‘Kiva’).

 

Michael Aloni dans Shtisel, au centre

 

L’héroïne de Vierges est incarnée par la talentueuse Joy Rieger, qui avait déjà joué dans Past Life, un des meilleurs films d’Avi Nesher. Notons aussi la présence remarquée de l’actrice chevronnée Evgenia Dodina. Le public nombreux qui se pressait hier soir pour l’avant-première parisienne est sorti enchanté de la projection de ce film, qui bénéficie d’une large campagne de promotion. Nous lui souhaitons tout le succès qu’il mérite.

 

P. Lurçat

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Comprendre le débat autour de la Loi fondamentale sur l’Etat-nation, par Pierre Lurçat

July 22 2018, 10:06am

Posted by Pierre Lurçat

Comprendre le débat autour de la Loi fondamentale sur l’Etat-nation, par Pierre Lurçat

Pour comprendre les tenants et les aboutissants du débat actuel sur la nouvelle “Loi fondamentale - Israël Etat-nation du peuple Juif”, il est essentiel de s’arrêter tout d’abord sur ses aspects juridiques et constitutionnels, avant d’envisager l’aspect politique de ce débat. Cette loi s’inscrit en effet dans la droite ligne de plusieurs autres textes fondamentaux, sur lesquels l’Etat d’Israël fonde son existence juridique en droit international. L’idée d’un “Etat-nation pour le peuple Juif” n’est pas une invention récente, motivée par d’étroites considérations politiciennes, comme voudraient le faire croire les opposants à la loi. Cette notion est un des fondements du sionisme politique et de l’existence de l’Etat d’Israël.

 

D’emblée, le mouvement sioniste a en effet revendiqué la création d’un foyer national, ou d’un Etat (la formule exacte ayant varié au fil du temps) pour le peuple Juif. Cette revendication a reçu un début de consécration avec la Déclaration Balfour en 1917, puis avec le mandat sur la Palestine, avant même la création de l’Etat d’Israël et le vote historique des Nations unies le 29 novembre 1947.

 

 

La déclaration Balfour


 

Comme le rappelle la Déclaration d’indépendance de l’Etat d’Israël, “En 1897, inspiré par la vision de l'État juif qu'avait eue Theodor Herzl, le premier congrès sioniste proclama le droit du peuple juif à la renaissance nationale dans son propre pays. Ce droit fut reconnu par la déclaration Balfour du 2 novembre 1917 et réaffirmé par le mandat de la Société des Nations qui accordait une reconnaissance internationale formelle des liens du peuple juif avec la terre d'Israël, ainsi que de son droit d'y reconstituer son foyer national…

 

Le 29 novembre 1947, l'Assemblée générale des Nations Unies adopta une résolution prévoyant la création d'un État juif indépendant dans le pays d'Israël et invita les habitants du pays à prendre les mesures nécessaires pour appliquer ce plan. La reconnaissance par les Nations Unies du droit du peuple juif à établir son État indépendant ne saurait être révoquée. C'est de plus, le droit naturel du peuple juif d'être une nation comme les autres nations et de devenir maître de son destin dans son propre État souverain”. (C’est nous qui soulignons).

 

La notion d’un Etat-nation pour le peuple Juif n’est donc nullement une invention du gouvernement actuel, motivée par des considérations politiques : elle a été réclamée par le mouvement sioniste depuis 1897, acceptée par le concert des nations en 1917 et en 1947 et consacrée par la proclamation de cet Etat le 14 mai 1948. Elle est juridiquement fondée, selon les termes de la Déclaration d’indépendance, tant sur le droit historique et naturel que sur le droit international.

 

 

La Déclaration d’Indépendance d’Israël


 

Pourquoi une Loi fondamentale sur l’Etat-nation du peuple Juif?

 

Dans ces circonstances, demandera-t-on, pourquoi était-il nécessaire de réaffirmer une réalité juridique et politique qui existe déjà, avec la sanction du droit international ? La réponse est double. Sur le plan international tout d’abord, la légitimité de l’Etat d’Israël a été remise en cause à de nombreuses reprises depuis 1947, au sein de l’ONU et des autres instances internationales. Rappelons la sinistre résolution “Sionisme = racisme” de 1975, de triste mémoire, et les multiples autres résolutions du même acabit, votées par l’Assemblée générale des Nations unies et par d’autres forums internationaux, comme l’UNESCO. Ces résolutions n’ont certes pas atteint la légitimité de l’Etat juif sur le plan du droit international, mais elles ont fragilisé son statut politique. Mais c’est aussi et surtout sur le plan interne à l’Etat d’Israël que la notion même d’Etat juif a été érodée au cours des dernières décennies.

 

C’est en effet la Cour suprême, instance judiciaire suprême de l’Etat d’Israël, qui s’est employée depuis le début des années 1990 et notamment depuis 1992 (date de la “Révolution constitutionnelle” initiée par le juge Aharon Barak), à porter atteinte au caractère juif de l’Etat d’Israël, pour le transformer en “Etat de tous ses citoyens”, au nom d’une conception partisane et radicale de l’égalité des droits de la minorité arabe. C’est ainsi que le consensus sioniste sur lequel reposait le fragile équilibre politique et social, à l’intérieur de la société israélienne a été remis en cause, au nom de cette idéologie d’inspiration post-sioniste et post-moderne.

 

Contrairement à une conception largement répandue, en effet, la nouvelle Loi ne vient pas bouleverser un équilibre existant, mais rétablir le statu quo ante : elle vient réaffirmer la notion d’Etat juif, contestée et fragilisée par ses adversaires au sein même de la société israélienne. C’est là que réside toute l’importance de cette Loi fondamentale sur Israël Etat-nation du peuple Juif. En vérité, comme nous le montrerons dans la suite de cet article, cette loi ne fait que réaffirmer, en grande partie, des principes qui figuraient déjà en toutes lettres dans la Déclaration d’indépendance de 1948. Mais cette réaffirmation est un acte juridique qui revêt une grande importance, à la fois symbolique et concrète.

 

Réaffirmer les principes de la Déclaration d’Indépendance

 

Dès lors que le consensus national autour des valeurs fondamentales du sionisme, exprimées dans la Déclaration d’indépendance, a été érodé et contesté de manière grandissante au cours des 25 dernières années, au point que de larges parties des élites médiatiques, juridiques ou universitaires israéliennes ne croient plus à ces valeurs, il importait que la Knesset réaffirme de manière forte ces valeurs essentielles, sans lesquelles l’existence d’Israël en tant qu’Etat juif est menacée. A quoi bon, en effet, réclamer de nos ennemis arabes qu’ils reconnaissent notre existence en tant qu’Etat juif, si cette même reconnaissance est contestée à l’intérieur même de l’Etat d’Israël et de la société juive?


La nécessité d’une réaffirmation des principes de la Déclaration d’indépendance par la Knesset est devenue une nécessité impérieuse, qui permettra à la majorité silencieuse de retrouver confiance en ses élus et en ses institutions. Face à la Cour suprême, qui s’est érigée ces dernières années en “pouvoir suprême” anti-démocratique, par un véritable putsch judiciaire, la Knesset se devait de reprendre la place qui lui revient dans le débat public : celle de représentant du peuple et de la vox populi. C’est la signification du vote de la Loi fondamentale sur Israël, Etat-nation du peuple juif. Elle vient redire, de la manière la plus solennelle et la plus incontestable, ce que chaque Juif sioniste, israélien ou non, ressent intimement dans son for intérieur : le peuple d’Israël est souverain sur sa terre.

 

Pierre Lurçat

 

NB Dans la suite de cet article, nous examinerons le statut juridique de la Loi fondamentale et montrerons comment elle réaffirme pratiquement les principes essentiels de la Déclaration d’indépendance.

 

Mon interview sur Radio Qualita au sujet de la Loi fondamentale "Israël Etat-nation"

https://www.youtube.com/watch?v=pH14MqX_0J8

 



 

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Régime matrimonial et contrat pré-nuptial en droit israélien, par Pierre Lurçat, avocat

July 16 2018, 17:11pm

Posted by Pierre Lurçat

 

Comment sont partagés les biens des époux en cas de divorce? Faut-il rédiger un contrat de relations pécuniaires (heskem mamon) ou bien se soumettre au régime légal? Quelle est l’incidence de la Ketouba? Le présent article vise à répondre à ces questions courantes, en décrivant le droit des régimes matrimoniaux en Israël.

 

1. Le régime matrimonial légal découlant de la Loi sur les relations pécuniaires entre les époux

 

La loi sur les relations pécuniaires entre les époux (Hok yéhassei mamon beyn bné zoug) de 1973 fixe le principe du partage à égalité des biens entre les époux lors de la dissolution du mariage (art. 5). Ce principe s’applique à l’ensemble des biens qui leur appartenaient à la veille du mariage, à l’exception de ceux (a) qui ont été reçus par eux par voie de succession ou de donation, (b) des pensions ou indemnisations reçues des assurances nationales ou en cas d’invalidité, et (c) des biens dont les époux ont convenu par écrit qu’ils ne seront pas partagés entre eux. NB : Ce régime correspond, grosso modo, à celui de la communauté réduite aux acquêts en droit français : partage des biens communs et exclusion des biens propres.

 

2. Le régime conventionnel découlant d’un contrat pré-nuptial ou d’une convention de divorce

 

La Loi sur les relations pécuniaires entre époux de 1973 dispose que les époux peuvent établir un contrat de relations pécuniaires (heskem mamon), défini comme un “contrat entre les époux régissant leurs relations pécuniaires”. Selon la loi, ce contrat est nécessairement établi par écrit, et toute modification doit également être faite par écrit (art. 1). Dans la pratique, un tel contrat peut-être établi à tous les stades de la vie conjugale : avant le mariage (il s’agit alors d’un contrat pré-nuptial), pendant le mariage ou même lors de la dissolution du mariage (il s’agira alors d’une convention de divorce).

 

Outre la nécessité d’un écrit, qui relève d’une exigence de forme et de preuve, la loi dispose également que le contrat de relations pécuniaires doit être signé devant une autorité officielle, qui pourra être, selon les cas, le tribunal, le greffier aux affaires matrimoniales, ou encore devant notaire. Cette exigence vise à garantir que les parties signent le contrat de leur plein gré et en toute connaissance de cause, en étant conscientes de sa portée légale et de ses conséquences.

 

L’autorité qui valide le contrat devra notamment s’assurer que les parties ont bien compris le contrat, lequel devra leur avoir été lu et éventuellement traduit (art. 2). Cette exigence doit protéger la partie la plus “faible”, pour empêcher tout abus de ses droits par l’autre partie.

Dans le cas d’un contrat pré-nuptial, établi avant le mariage, la validation officielle pourra être effectuée par un notaire.

 

L’une des raisons justifiant cette exigence est que le contrat de relations pécuniaires prévaudra sur les dispositions de toute loi applicable, et notamment sur celles de la Loi sur les relations pécuniaires entre époux. Ainsi, il peut prévoir des dispositions moins favorables que celles de la loi, à l’égard de la répartition des biens. Dans la suite de cet article, nous verrons comment la loi répartit les biens entre les époux, en l’absence de contrat de relations pécuniaires, et quelle est l’incidence de la Ketouba.

Pierre Lurçat, avocat

pierre.lurcat@gmail.com

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Face aux prêcheurs de haine dans les mosquées françaises, le silence n’est plus de mise

July 11 2018, 16:43pm

Posted by Pierre Lurçat, ¨Philippe Karsenty

Face aux prêcheurs de haine dans les mosquées françaises, le silence n’est plus de mise

Après le lâcher de colombes et le discours de l’imam Mohamed Tataï exaltant le rôle de rempart « contre l’extrémisme » de la nouvelle mosquée de Toulouse, inaugurée le 23 juin dernier, la vidéo mise en ligne par l’institut MEMRI a fait l’effet d’un trouble-fête. On y voit ce même imam Tataï citer in extenso un hadith contenant des propos virulents contre les juifs, et notamment la phrase suivante : « Le Prophète, que la prière et la paix soient sur Lui, a dit : le Temps ne viendra pas avant que les Musulmans ne combattent les Juifs et les tuent ; jusqu’à ce que les Juifs se cachent derrière des rochers et des arbres, et ceux-ci appelleront : Ô Musulman, il y a un Juif qui se cache derrière moi, viens et tue-le ! »

Ce hadith - propos du prophète rapporté par la tradition - est très souvent mentionné dans le discours islamiste contemporain. On le retrouve notamment dans la charte du Hamas, à l’article 7. Il illustre la dimension apocalyptique de l’islam, et la vision d’un affrontement avec les juifs qui n’est pas seulement politique, mais eschatologique : il est la condition préalable à la venue de la fin des temps. Cette dimension de l’islam rappelle à certains égards les conceptions hitlériennes de l’affrontement quasi-métaphysique entre l’Allemagne et les juifs.

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Le double discours de Dalil Boubakeur

Face à de tels propos dénués de toute ambiguïté, la réaction de l’imam Tataï, et plus encore celle du recteur de la mosquée de Paris, le soutenant et accusant les médias d’avoir « déformé ses propos », réveillent les soupçons de double discours de certains représentants de l’islam de France. Quand Dalil Boubakeur prend la défense de l’imam de Toulouse et soutient que ses propos ont été « décontextualisés », il sous-estime l’intelligence du public français. L’imam Tataï n’en était d’ailleurs pas à son coup d’essai, comme cela a été rappelé dans ces colonnes.

Les propos de l’imam Tataï constituent de toute évidence une incitation à la haine contre les juifs. Ils sont totalement contraires à la « charte des imams » et à la volonté affichée l’an dernier par le CFCM de lutter contre les discours radicaux tenus dans certaines mosquées, en proclamant « l’attachement des imams de France à l’islam du juste milieu et au pacte républicain ». Dans ce contexte, le discours du président Macron, selon lequel « il y a une lecture radicale, agressive de l'islam qui se fixe pour but de mettre en cause nos règles et nos lois de pays libre, de société libre dont les principes n'obéissent pas à des mots d'ordre religieux », est très en-deçà de la réalité.

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Une triple réaction indispensable

L’affaire de l’imam Tataï constitue un test de la volonté présidentielle de « donner à l'islam un cadre et des règles garantissant qu'il s'exercera partout de manière conforme aux lois de la République ». Pour que le projet, maintes fois réaffirmé depuis plusieurs décennies, de créer un « islam de France » expurgé des discours radicaux, il faut que l’affaire de l’imam Tataï donne lieu à une triple réaction. Sur le plan judiciaire tout d’abord : la justice doit aller à son terme et condamner l’auteur des propos antijuifs. Il ne serait pas acceptable qu’un dirigeant religieux puisse prononcer des propos incitatifs à la haine, qui plus est dans une ville devenue un triste symbole du « nouvel antisémitisme » d’origine musulmane, sans être sanctionné.

Sur le plan politique ensuite : l’imam Tataï doit être démis de ses fonctions. Il n’est pas concevable que la nouvelle mosquée de Toulouse, qui vient d’être inaugurée, et la communauté musulmane de cette ville emblématique, soient abandonnées entre les mains d’un imam intégriste appelant à la guerre contre les juifs.

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Sur le plan religieux enfin : cette affaire devrait donner l’impulsion nécessaire à une réflexion au sein de l’islam en France, pour que les hadiths comme celui des « rochers et des arbres », constitutifs d’un antijudaïsme virulent, apocalyptique et guerrier, soient abrogés ou tout simplement passés aux oubliettes. Cela est d’autant plus envisageable qu’il n’est pas question du Coran, mais simplement des propos attribués au prophète. Face à un discours islamiste radical et potentiellement meurtrier, le silence n’est plus de mise.

http://www.valeursactuelles.com/societe/macron-et-lislam-le-test-de-limam-de-toulouse-97230

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Reportage à la frontière de Gaza, avec les nouveaux gardiens d’Israël, par Pierre Lurçat

July 3 2018, 09:00am

Posted by Pierre Lurçat

Reportage à la frontière de Gaza, avec les nouveaux gardiens d’Israël, par Pierre Lurçat

 

“Il ne s’endort ni ne sommeille, le Gardien d’Israël” (Tehillim)

לג'ודית

 

J’ai quitté Jérusalem très tôt ce matin, avant 6 heures, pour être au point de rendez-vous à 9h30. La responsable du recrutement du “Shomer ha-hadash” (le “Nouveau gardien”) m’a donné rendez-vous au lieu dit du Ets ha-Boded ( “L’arbre solitaire”), promontoire d’où l’on a une vue sans pareil sur tout le nord de la bande de Gaza. Qui sont ces “nouveaux gardiens”? Ce ne sont pas des soldats d’une unité spéciale, comme celles qui se battent aujourd’hui contre le terrorisme des cerfs-volants incendiaires ou hier, contre celui des tunnels du Hamas. Non, les “nouveaux gardiens” sont les membres d’une organisation d’un genre bien particulier, qui a été créée il y a une dizaine d’années pour protéger les agriculteurs du nord d’Israël contre les vols de bétail.

 

Emblême du Chomer Ha-hadash


 

Quel rapport avec les événements actuels à Gaza? Avant de répondre à cette question, un petit rappel historique est nécessaire. Le Chomer est une des premières organisations juives d’auto-défense créée en Eretz-Israël en 1907. Ses membres se déplaçaient à cheval et étaient vêtus comme des bédouins.

 

 

Les chomrim appartiennent à l’histoire de renouveau du militarisme juif en Eretz-Israël, et constituent un jalon important dans la préhistoire de Tsahal. J’ajoute, pour la petite histoire, que mon grand-père en a fait partie, quelques années après son alyah, au lendemain de la Première Guerre mondiale.


 

Mon grand-père, Yossef Kurtz, en costume de Chomer

 

C’est dans un esprit similaire à celui des Chomrim de l’époque qu’une poignée de jeunes Israéliens ont créé le Chomer Ha-hadash en 2007. Pour protéger les agriculteurs de Galilée face à la recrudescence des vols de bétail et de matériel agricole, contre lesquels la police était largement impuissante, et retrouver l’esprit “halout’s” (pionnier) qui animait les premiers Chomrim. Je suis entré en contact avec eux après avoir lu un reportage dans Israel Hayom, et j’ai décidé de me rendre sur place, à la frontière de Gaza.

 

Ashkélon. Je monte dans le train en direction du Sud. Le wagon est à moitié vide. Quelques soldats endormis (pour récupérer un peu de sommeil en “posant la tête” selon l’expression d’argot consacrée). Il n’y a rien de l’atmosphère de tension qui caractérise le pays dans les périodes d’avant-guerre. Le terrorisme des incendies est une forme de guerre à basse intensité, et c’est sans doute une des raisons pour lesquelles Israël n’a pas su lui donner, pour le moment, la réponse appropriée. En attendant, ce sont les civils autour de Gaza qui en souffrent le plus, et ce sont d’autres civils, venus de tout le pays, qui ont décidé de se mobiliser pour aider à prévenir et éteindre le feu ennemi qui dévore les champs autour de Gaza.

 

Sdérot. La dernière fois que je me suis rendu à Sdérot, la ville la plus au sud d’Israël sur la côte méditerranéenne, c’était juste avant la “Hitnatkout” (le retrait de Gaza), lors des immenses manifestations qui ont presque réussi à empêcher cette décision catastrophique, dont Israël continue de payer le prix stratégique jusqu’à ce jour. Le terrorisme incendiaire n’est certes pas né hier (car il est aussi ancien que le conflit israélo-arabe). Mais c’est le retrait de Gaza, sur la décision du gouvernement d’Ariel Sharon, qui a installé le Hamas au pouvoir, on ne le rappellera jamais assez. Beaucoup d’esprits sagaces avaient à l’époque mis en garde contre cette décision funeste, mais comme l’avait expliqué un jour Max Nordau à Jabotinsky, “Israël n’apprend pas par l’expérience, il n’apprend que par les catastrophes”.


 

Max Nordau (1849-1923).

 

Nir-Am. Je suis accueilli par Maayan, responsable du Chomer Ha-hadash, sur le parking de la station d’essence du kibboutz Nir-Am. Elle est volontaire depuis 5 ans, et passe plusieurs nuits par semaine à faire des gardes, tout en travaillant la journée. Elle boîte légèrement, après s’être blessée en plongeant dans une source, sport favori de beaucoup de jeunes de son âge. Elle s’exprime avec simplicité, sans la moindre trace de pathos ou de grandiloquence, et moi je pense en l’écoutant, ‘quelle belle jeunesse nous avons…’ Menahem, l’autre volontaire qui doit partager la garde avec moi, nous rejoint et nous montons ensemble vers le promontoire de “l’arbre solitaire’. C’est un endroit très connu de la région, lieu de visite touristique d’où on jouit d’une vue extraordinaire sur tous les alentours, jusqu’à Ashkélon et aux faubourgs d’Ashdod au nord.

 

Mais quand la situation se réchauffe à la frontière de Gaza, c’est surtout un point d’observation stratégique. Notre mission est très simple : surveiller la moindre trace de fumée ou de feu, et prévenir immédiatement les responsables du Chomer Ha-hadash et les pompiers (ainsi que l’armée). Tout est apparemment calme dans notre secteur. Durant notre garde de 5 heures, nous n'entendrons que quelques détonations lointaines et n’apercevrons qu’une vague colonne de fumée à l’horizon. Ce calme apparent n’est pourtant qu’illusoire. Plus au Sud, où d’autres volontaires du Chomer Ha-hadash sont postés, des débuts d’incendie sont repérés et traités à temps.

 

Résultat de recherche d'images pour "‫ניר עם שריפות‬‎" Incendies de champs autour du kibboutz Nir Am

 

Menahem est un jeune retraité, qui était chercheur au ministère de l’Agriculture, spécialiste de l’eau. Il connaît bien la région, pour voir sillonné les kibboutz des environs dans le cadre de son travail. Volontaire du Chomer Ha-hadash depuis plusieurs années, il m’explique comment l’organisation, très modeste à ses débuts, s’est développée au point de devenir un acteur important de la lutte contre les vols et le vandalisme en zone agricole, qui travaille en collaboration étroite avec plusieurs organismes officiels, dont la police, le ministère de l’Agriculture et le KKL.

 

Notre conversation est interrompue par la visite d’un groupe bruyant de visiteurs : une vingtaine d’hommes, parlant moitié hébreu moitié arabe. Les plus jeunes ont l’air d’être des soldats d’une unité d’élite, tandis que les plus âgés ressemblent à des retraités de l’armée. Le chef du groupe parle de la situation à Gaza et à la frontière, avec beaucoup de détails, sans se soucier trop de notre présence (on nous a seulement demandé de ne pas les photographier). Ce sont apparemment, me dis-je en les écoutant, des membres d’une unité spéciale qui connaît bien la région, y compris de l’autre côté de la frontière. Un instant, j’ai l’impression d’être dans un nouvel épisode de la fameuse série Fauda.

 


 

Menahem me raconte ses voyages professionnels en Europe, aux Etats-Unis et au Japon. Il est légitimement fier du savoir-faire accumulé par Israël en l’espace de quelques décennies. Je lui parle de l’époque où les pionniers de l’agriculture en Eretz-Israël allaient faire leurs études d’agronomie en Europe (et en France notamment, à l’université de Nancy et de Toulouse, où étudia la poétesse Rahel). Aujourd’hui, Israël vend son savoir-faire en matière agricole (et d’irrigation notamment) dans le monde entier. Menahem connaît très bien le sujet. Il me parle aussi des Chinois qui se sont mis à l’étude du Talmud, convaincus que c’est là que réside le secret de la réussite israélienne… Le secret de notre peuple ? Je ne m’aventurerai pas à donner d’explication. D’autres l’ont fait mieux que moi. Parmi eux, le prophète Bilaam, évoqué dans la parasha que nous avons lue samedi dernier. « Oui, je le découvre, ce peuple, il vit solitaire, il ne se confondra point avec les nations. » (Nombres 23:9).

 

Notre garde s’est achevée sans incident particulier et j’ai repris la route de Jérusalem. En arrivant en fin d’après-midi, j’entends à la radio que plusieurs incendies ont éclaté à la frontière de Gaza et qu’ils ont été maîtrisés. Je pense aux jeunes membres du Chomer Ha-hadash et aux volontaires, jeunes et moins jeunes, venus des quatre coins de notre petit et grand pays pour protéger les champs autour de Gaza.

P. Lurçat

NB Vous pouvez aider le Chomer Ha-hadash par vos dons. https://eng.hashomer.org.il/

 

Mon nouveau livre, Israël le rêve inachevé, paraîtra à la rentrée aux éditions de Paris.

 

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