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Itshak Shalev : “Il y a une place pour nous sur le Mont du Temple”!

July 23 2020, 10:51am

Posted by Pierre Lurçat et Itshak Shalev

 

Le début du mois de Av est l’occasion de réfléchir à un sujet essentiel - et trop souvent occulté de la vie publique en Israël, ou bien abordé uniquement sous un angle réducteur, purement halachique ou sécuritaire - celui du Temple. La question du Mont du Temple transcende en effet les clivages politiques et religieux. A ceux qui en douteraient, rappelons que de nombreux rabbins en Israël continuent d’interdire la montée sur le Har Habayit, tandis que le combat en faveur des droits des fidèles Juifs est souvent mené par des Israéliens laïques. Dans ce contexte, le témoignage de l’écrivain Itshak Shalev, publié la semaine dernière dans Makor Rishon, est édifiant.

 

Ce texte, qui date de 1976, a été publié par Arnon Segal dans la page qu’il consacre chaque semaine au Mont du Temple. Itshak Shalev était un écrivain et poète, né à Tibériade en 1918. Membre de l'Irgoun, il devient enseignant de Tanakh et fait partie de l’académie de la langue hébraïque. Il est le père de l’écrivain Meir Shalev. Il a fait partie des membres fondateurs du Mouvement pour l’intégrité d’Eretz Israël après 1967, auquel participèrent des écrivains aussi importants que Joseph Samuel Agnon (futur prix Nobel de littérature), Haïm Gouri, Haïm Azaz, mais aussi Rachel Ben Tsvi-Yanaït (épouse du président de l’Etat Itshak Ben-Tsvi) et Nathan Alterman

Pierre Lurçat

 

Itshak Shalev

 

“J’appartiens à une génération qui n’a pas l’intention de construire des édifices sacrés sur les ruines d’autres édifices sacrés. Je suis favorable à la coexistence sur le Mont du Temple et sur l’esplanade du Mont du Temple elle-même… Mais dites-moi, est-il impossible de faire en sorte que nous ayions une véritable emprise sur le mont du Temple? Cela ne dépend que de nous. Cela dépend de l’intensité avec laquelle nous vivons le fait que le Mont du Temple est à nous. Notre peuple est aujourd’hui divisé en deux factions : ceux qui ne se rendent pas sur le Mont du Temple en raison de sa sainteté, et ceux qui se rendent sur le Mont du Temple, par nos péchés, comme le visitent des touristes. On entre par la porte des Mougrabim, on entre dans un endroit qui ne nous appartient pas, on s’extasie devant sa beauté, et on ressort… C’est la conception touristique.

 

“Je me suis souvenu des lignes de Bialik, dans son poème ‘Une petite lettre qu’elle m’a écrite’. Il s’y adresse à sa bien-aimée, dont il ne s’approche pas et qu’il n’épouse pas selon la loi juive, en lui donnant la raison à cela : “Tu es trop limpide pour être ma compagne, tu es trop sainte pour être à mes côtés…”. Quel amour élevé, qui en fin de compte laisse la bien-aimée d’un côté et l’amant de l’autre... Un tel amour n’engendrera aucune famille, aucun enfant. C’est un amour artificiel, qui est suspendu dans l’air. C’est d’un tel amour qu’une grande partie du peuple Juif aime le Mont du Temple. Elle s’en éloigne, tellement il est sacré. Aucune maison, aucune lien familial n’en sortira. Ils resteront près du Kottel et penseront à ce qui est derrière.


 

“Sur cet espace vide sur le Mont du Temple, pourra se dresser notre troisième Temple…”


 

“Maître du monde, en quoi la sainteté du Kottel est-elle supérieure à celle du mur méridional et des portes de Houlda et des autres murailles? Il y a sur le Mont du Temple des édifices qui sont sacrés pour les musulmans. Ils le resteront et ils y prieront leur Dieu. Mais il y a aussi sur le Mont du Temple, au nord de la mosquée, de grands espaces vides sur lesquels rien n’est construit. Maître du Monde, pourquoi ne trouvons-nous pas en nous la force naturelle de dire, cela est à vous et à nous? Car Dieu sait qui était ici…

 

“Et là-bas, sur cet espace vide sur le Mont du Temple, pourra se dresser notre troisième Temple. Ce sera le Temple du rassemblement des exilés, ce sera une grande yeshiva, ou un autre centre spirituel. Je reconnais ne pas être naïf à ce point. Ce n’est pas l’affaire des architectes ou des intellectuels seulement. Il faut qu’un esprit élevé s’élève aussi chez nos dirigeants - notre direction politique, pour décider finalement qu’entre tous les édifices sur le Mont du Temple il y a aussi une place pour notre Maison. Laissez de côté les murs, et occupez-vous de la Maison (1)”.


 

(1) N.d.T. Allusion au double sens du mot Bayit,qui signifie à la fois la maison et le Temple.

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Tisha beAv à Jérusalem en 2048 - Quand le Temple sera reconstruit…

July 19 2020, 09:02am

Posted by Pierre Lurçat

 

Hélas, comme elle est assise populeuse, 

la cité naguère si solitaire!”

 

(Lamentations d’Ishaï)

 

Tisha BeAv en 2048… Le moment tant attendu sera finalement arrivé. Le Temple reconstruit ! Tout n’aura pas été sans difficulté, comme toujours pour les grandes entreprises humaines. Il y aura bien eu quelques frictions, des “tensions internationales”, quelques ruptures de relations diplomatiques, des menaces d’interventions militaires rapidement étouffées, et même quelques incendies de synagogues, en France et ailleurs (lesquelles avaient été depuis longtemps désaffectées et transformées en musées des communautés juives locales). Mais le vrai problème sera, comme toujours dans notre longue histoire, un problème entre Juifs. 


 

Le Temple reconstruit

 

Il y avait ceux qui voulaient rétablir le service du Temple comme autrefois, avec les Cohanim, la vache rousse et les sacrifices. (“Quelle horreur!”, s'exclamèrent les Juifs libéraux et progressistes, qui ne respectent les sacrifices que lorsqu'ils sont pratiqués par les fidèles d’autres religions). Il y avait ceux qui voulaient transformer le Temple en “Maison de prière pour tous les peuples”, au sens littéral, avec un espace pour nos frères chrétiens, un autre pour nos cousins musulmans, pour les bouddhistes, les shintoïstes, les adorateurs de Greta Thunberg et les adeptes de la religion du réchauffement climatique. Et même un petit espace pour les Juifs orthodoxes, (à condition qu'ils acceptent de ne pas séparer les hommes et les femmes).

 

D'autres encore, se souvenant des écrits du “Visionnaire de l'État”, avaient voulu édifier deux constructions : le Temple juif, et le palais de la Paix. Et il y avait surtout ceux qui - en modernes Protestrabbiner - protesteront contre le Hilloul ha kodesh, la profanation des lieux saints, et prendront le deuil de la reconstruction du Temple qu’ils n’aiment que de loin, tellement il est sacré. Et enfin, il y aura la cohorte des ultimes Juifs de la diaspora, qui auront saisi tout le danger de la reconstruction du Temple pour leur (tout relatif) confort diasporique et pour leur religion de l’exil. Pour ceux-là, on laissera un morceau de mur non crépi, en souvenir de l'époque bénie ou l'on pouvait languir le Temple


 

 La destruction du Temple de Jérusalem », par Nicolas Poussin © The Israel Museum


 

Dans Jérusalem agrandie, qui aura doublé de superficie, il y aura des “restaurants du coeur” aux saveurs des quatre coins de la dispersion, pour les nostalgiques et les rapatriés contre leur gré. Un “musée de la diaspora” virtuel leur permettra de déambuler virtuellement dans les rues de Deauville, de La Goulette et d’ailleurs, en se remémorant les délices de la vie sous la pluie, sous la dhimma ou sous la Croix. Et pour ceux qui ne parviendront toujours pas à se consoler de la fin de l’exil des Juifs, et qui seront dévorés par la nostalgie et par la nostalgie de leur nostalgie, un rite spécial sera instauré par le grand rabbinat, c’est-à-dire par le Sanhedrin, aidé par les meilleurs de nos hommes de lettres.

 

Chaque année depuis 2048, à Tisha BeAv, alors que le reste du peuple célèbrera le Retour de nos jours anciens et fera la fête, à Jérusalem et partout dans le pays (qui s’étendra depuis longtemps sur les deux rives du Jourdain), eux iront s'asseoir par terre, derniers fidèles parmi les fidèles, sur la place des rois d'Israël (qui sera pour l’occasion rebaptisée place Amos Oz), face au Kottel de l’ancienne mairie, lieu de toutes les manifestations de Chalom Archav, jadis. Assis à même le sol, ou sur un vieil exemplaire jauni du journal Ha’aretz - depuis longtemps disparu - pleurant amèrement le temple reconstruit,  la fin du Juif de l’exil, universaliste et humaniste, et de leurs rites anciens tombés en désuétude (les  repas de Yom Kippour, les actes de contrition antisionistes et les pétitions contre l'occupation dans les colonnes du Monde où du New York Times…)


 

Yishaï ben Yossi Sarid, auteur présumé des Lamentations d’Yishaï


 

Ils reciteront les lamentations d’Yishaï (du nom de notre grand écrivain Yishaï ben Yossi Sarid). “Hélas, comme elle est assise populeuse, la cité naguère si solitaire ! Elle, qui ressemblait à une veuve, aujourd’hui si puissante parmi les peuples ; elle qui était tributaire, aujourd’hui souveraine parmi les provinces !” Et ils pleureront amèrement sur la fin de l’exil, au milieu des foules en liesse célébrant Tisha BeAv et le Temple reconstruit… Oui, tout cela aura lieu et sera consigné dans les Chroniques du Retour à Sion. “Si voulez, ce ne sera pas un rêve”.

Pierre Lurçat

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Téhéran : la nouvelle série à succès du pays où la fiction rattrape la réalité

July 15 2020, 12:23pm

Posted by Pierre Lurçat

 

Danny Syrkin, le talentueux réalisateur de Téhéran, nouvelle série diffusée depuis un mois sur la chaîne israélienne CAN 11, raconte que pendant le tournage, en plein coeur d’Athènes, un des figurants iraniens entend soudain une musique sortant d’une taverne et aperçoit une annonce en persan : “Allons-y après le tournage!” s’écrie-t-il sous le regard amusé de Syrkin, qui lui rappelle qu’il s’agit d’un décor. Cette anecdote en dit long sur ce qui fait le secret du succès des séries israéliennes, depuis Hatoufim jusqu’à Fauda. Téhéran s’inscrit dans la suite directe de ces séries qui ont fait la réputation d’Israël dans le monde entier (ou presque).


 

Niv Sultan dans Téhéran

 

Quel est le secret de ces séries “Made in Israel?” La réponse est simple en apparence. Dans Téhéran, comme dans Fauda, la fiction suit de près la réalité. Chez le réalisateur de Fauda, ancien d’une unité d’élite, comme chez les acteurs de Téhéran, Juifs d’origine iranienne, ou Iraniens exilés de leur pays, c’est la même exigence de fidélité et de crédibilité qui domine. Cette explication ne suffit pourtant pas à expliquer le succès phénoménal des séries israéliennes depuis plusieurs années. L’autre raison, plus difficile à cerner et sans doute plus essentielle aussi, tient au “storyboard” du pays lui-même. En Israël, la réalité dépasse toute fiction. Si les réalisateurs israéliens parviennent en effet à écrire des histoires qui tiennent en haleine des spectateurs du monde entier, c’est aussi, et peut-être avant tout, parce qu’ils trouvent leur inspiration dans l’histoire récente de leur pays.

 

Niv Sultan : des télénovellas à la fiction la plus exigeante

 

Mais le succès de Téhéran tient aussi pour beaucoup au talent des acteurs, et notamment celui de Niv Sultan, la jeune actrice qui incarne Tamar Rabinian, la héroïne de la série sur laquelle celle-ci repose en grande partie. Sultan (28 ans), a commencé sa carrière en jouant dans des séries télévisées pour le jeune public et des télénovellas locales. Téhéran est son premier “grand rôle”. Dans une interview à la chaîne Kan 11; elle raconte comment elle a dû prendre des leçons de persan, pour se mettre dans la peau du personnage. Modeste, Sultan - qui a grandi à Jérusalem de parents venus du Maroc, déclare donner la priorité à sa vie personnelle sur sa vie professionnelle, et souhaiter fonder une famille. 


 

Niv Sultan dans “Yesh la et-zé”


 

Alors que chaque jour apporte son lot d’informations sur de mystérieuses explosions dans des complexes industriels iraniens, la série Téhéran nous permet d’imaginer à quoi ressemble le quotidien d’un agent du Mossad au pays des Mollahs. Interrogée pour savoir si elle avait rencontré de véritables agents, dans le cadre de la préparation de la série, Niv Sultan a répondu par la négative, avant de faire un clien d’oeil en éclatant de rire… En Israël, la réalité dépasse la fiction, mais la fiction finit toujours par rattraper la réalité!

Pierre Lurçat

 

Le site de la série Téhéran :https://www.kan.org.il/program/?catid=1627&subcatid=389

 

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Une étincelle d’hébreu : “Ikoun”, de la Genèse à la géolocalisation

July 8 2020, 06:37am

Posted by Pierre Lurçat

 

Un mot d’hébreu relativement récent, qui se trouve aujourd’hui au coeur de l’actualité israélienne, nous permet de comprendre le lien entre l’hébreu de la Bible et celui de la “Start-up nation”. Ikoun (אכון): ce mot désigne la localisation, et plus particulièrement la géolocalisation (c’est-à-dire la capacité de savoir où se trouve un objet ou une personne au moyen d’un satellite qui le localise). En abrégé, la GPS.

 

אין תיאור זמין לתמונה.

Or la racine de ce mot récent est aussi ancienne que le récit de la Genèse. Il provient en effet du mot Ayeka (אייכה), qui veut dire tantôt “où”, tantôt “hélas”. On le trouve notamment au chapitre 3 du livre de Berechit, quant Dieu appelle Adam - caché dans le jardin d’Eden - et lui demande: “Ayeka?” “Où es-tu?”. Selon Elie Munk, cette polysémie (ou cette “consonance égale”, selon ses termes) exprime l’idée que le fait même que Dieu doive interroger l’homme pour savoir où il se trouve est une source d’affliction.

 

Cette question, selon Munk, est en effet “la question éternelle posée par Dieu à l’homme : où es-tu, où en es-tu dans l’existence? Combien d’années as-tu vécu et qu’as-tu fait pendant ces années?” (Elie Munk, La voix de la Torah). Shuli Rand a fait de cette question une chanson, qui est une de ses plus poignantes et qui a connu un grand succès.

 

Shuli Rand

 

Mais revenons à Ikoun et à ses développements récents. Des citoyens israéliens se sont plaints d’avoir reçu un SMS des services de sécurité intérieure, le fameux Shabak (mot sur lequel nous reviendrons, bli neder), les avertissant de se confiner après avoir été en contact avec un malade du Corona. Or ces messages étaient erronés!

 

Quel est donc le lien entre l’Ikoun actuel et l’Ayeka de la Genèse? Pour les tenants de la liberté à tout prix, la géolocalisation des citoyens par un Etat soucieux de leur santé est une atteinte injustifiée à leurs droits. Mais les récentes erreurs du Shabak montrent qu’aucun service de sécurité, aucune technologie ne permettent vraiment de répondre à la question “Ayeka?”, “Où es-tu?” Seul Celui qui voit tout peut savoir où se cache l’homme.

 

Pierre Lurçat

 

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Rencontres israéliennes : Michel Koginsky, le peintre de Méa Sharim

July 5 2020, 07:41am

Posted by Pierre Lurçat

 

Chaque homme a plusieurs facettes, comme une pierre précieuse dont tout l’éclat se révèle en la faisant miroiter à la lumière. De Michel Koginsky, rencontré à la synagogue de la rue Hildesheimer et devenu un ami, je connaissais celles du médecin, de l’élève de Manitou - auquel il a consacré un beau livre, paru il y a une vingtaine d’années sous le titre Un hébreu d’origine juive - et du père de famille. Ce n’est que tout récemment que j’ai découvert ses talents de peintre. Lors d’une visite chez lui, il m’avait montré un de ses tableaux et m’avait promis de me montrer son atelier, à une autre occasion. Entretemps est arrivé le Corona qui a chamboulé les projets de tous. “L’homme propose, et Dieu dispose”, dit le proverbe.


 

Michel Koginsky dans son atelier, photo P. Lurçat


 

Profitant d’une visite pas loin de Méa Shéarim, je me suis rendu au cabinet de Michel Koginsky pour donner enfin suite à ce projet. Le talent d’un artiste ne se mesure ni à sa notoriété, ni à la taille de son atelier. Celui de Koginsky n’est pas plus grand que la pièce de son cabinet médical où il reçoit les enfants de Méa Shéarim. (Ces jours-ci, il ne les y reçoit plus guère, me confie-t-il à mon arrivée, car il préfère interroger leurs parents à travers les barreaux de la porte d’entrée, Corona oblige). Mais le talent, lui, est indéniable. Les portraits qu’il peint attirent l’oeil, le retiennent et le captivent. Il y a quelque chose d’indicible et de puissant dans la manière dont il peint, avec la même force qui le caractérise - la vigueur de sa poigne de main et la ténacité qui lui a permis de gravir l’Everest - périple qui lui a inspiré plusieurs tableaux non figuratifs. 


 


 

La force tranquille de Koginsky s’exprime dans sa manière de peindre, à grands traits fermes et décidés. Les couleurs sont vives et riches. Il n’a pas peur de la matière colorée qu’il dépose sur la toile sans parcimonie, avec la même générosité qu’on retrouve dans son sourire et son hospitalité. Je retrouve dans plusieurs de ses toiles les qualités de l’homme que je connais et apprécie. D’autres tableaux sont plus mystérieux, comme certaines toiles abstraites ou des portraits presque défigurés, exprimant parfois une expression de douleur ou d’incompréhension. Certains de ses portraits font penser à un vieux Juif croisé dans une rue de Jérusalem. Un petit bonhomme en bleu coiffé d’un chapeau ressemble à Isaac Bashevis Singer, tandis qu’un beau jeune homme m’évoque le visage d’un héros du Lehi ou de l’Irgoun.

 

Un petit bonhomme en bleu qui ressemble à Bashevis Singer

 

Comment est-il devenu peintre? “D’un seul coup, un beau jour” me répond-il sans hésiter. L’inspiration est arrivée toute seule, mais la technique, elle a été acquise par l’étude et la pratique. C’est ainsi que Koginsky occupe ses heures perdues, au coeur de Méa Shéarim, entre deux bambins à soigner, déposant sur une toile la couleur de son acrylique et de sa peinture à l’huile. Je lui demande si ses patients - pour la plupart des Juifs orthodoxes - savent qu’il peint ici même, et il me dit avoir préféré ne pas l’ébruiter. Un peintre à Méa Shéarim, ce n’est pas très habituel, et on ne sait pas comment réagiraient les habitants du quartier. En écoutant Michel Koginsky, je pense à Asher Lev, le beau personnage de Chaïm Potok inspiré par un autre peintre, Marc Chagall, et à ses crucifixions qui firent scandale. Chez Koginsky, point de tableaux scandaleux,mais simplement l’expression d’un talent et sa vision d’un monde extérieur et du monde intérieur qui l’habite et qu’il a su exprimer sur ses toiles. 

Pierre Lurçat

Le site de Michel Koginsky : 

https://www.michelkoginsky.com/

 

 

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