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Partez en Israël avec un métier en poche! Devenez Agent immobilier

May 29 2019, 14:33pm

Posted by Pierre Lurçat

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Europe : les élites contre les peuples? Le nouvel impérialisme européen face au réveil des Etats-Nations, Pierre Lurçat

May 26 2019, 13:11pm

Posted by Pierre Lurçat

Europe : les élites contre les peuples?  Le nouvel impérialisme européen face au réveil des Etats-Nations, Pierre Lurçat

Je remets en ligne cet article à l'occasion des élections européennes, qui posent de nouveau la question du clivage grandissant entre l'Union européenne et les peuples qui y vivent. P.L.

Chez les élites arrogantes et émancipées vivant dans un espace sans territoire ni frontières, l’usage accusateur du terme “populisme” va souvent de pair avec un mépris du peuple, un mépris affiché doublé d’une crainte des mauvais penchants prêtés à ceux qui restent attachés à leur patrie, se sentent enracinés et héritiers d’une longue histoire, et veulent conserver leur identité culturelle.

Pierre-André Taguieff, Le nouveau national-populisme


 

L’appel de 30 écrivains pour “sauver la maison Europe” illustre le divorce grandissant entre les élites intellectuelles et les peuples en Occident. Comme l’avait démontré Raya Epstein, il y a plus de 15 ans, l’Union européenne incarne aujourd’hui la “nouvelle église du totalitarisme”. La démocratie véritable n’est pas du côté de ceux qui prétendent “sauver” l’Europe contre une “vague populiste”, qualificatif péjoratif et largement infondé dont ils ont affublé les peuples européens en quête de liberté. Dans ce nouvel affrontement idéologique et politique, Israël doit incarner la “lumière des Nations”, en réaffirmant la notion hébraïque de l’identité nationale, à la source de laquelle les nations modernes se sont abreuvées.


 

Le politologue américain Daniel Pipes a récemment pointé avec justesse le divorce grandissant entre Israël et les juifs européens, observant ce paradoxe : “lorsque Matteo Salvini, le ministre italien de l’Intérieur, s’est récemment rendu à Jérusalem, qu’il a saluée comme la capitale d’Israël, le Premier ministre Benjamin Netanyahu l’a qualifié de « grand ami d’Israël ». De retour chez eux, cependant, les Juifs libéraux italiens (Daniel Pipes emploie le mot “libéral” au sens américain, qui correspond grosso modo au concept français d’intellectuels de gauche) dénonçaient Salvini pour son prétendu « racisme contre les étrangers et les migrants ».

 

Matteo Salvini et Benjamin Netanyahu, le 12 décembre à Jérusalem (Crédit : GPO)


 

Mais ce paradoxe n’est qu’un aspect d’un phénomène plus vaste, dont  il importe de saisir l’ampleur et les conséquences. Le divorce observé par Pipes ne concerne pas seulement, en effet, les juifs progressistes italiens, européens et américains, d’une part, et Israël de l’autre. Car ce clivage interne au monde juif n’est en réalité que l’aspect particulier d’un phénomène plus global, qu’on peut qualifier de divorce grandissant entre les peuples occidentaux et leurs élites. L’appel publié par 30 écrivains internationaux, sous l’égide de Bernard-Henri Lévy, pour sauver la “maison Europe” contre le danger des “populismes” et du “repli souverainiste” est révélateur de ce clivage qui s’est creusé depuis plusieurs décennies.

 

Ces écrivains - parmi lesquels le turc Orhan Pamuk, le français Milan Kundera ou l’israélien David Grossman - se trompent de combat, et se trompent surtout (et trompent leurs lecteurs) dans les mots qu’ils emploient. Car leur manifeste ne comporte aucune démonstration : il repose tout entier sur un syllogisme, qu’on peut résumer ainsi : “l’Europe c’est bien, les peuples européens c’est mal”. L’idéologie qui anime ces intellectuels (dont certains sont, faut-il le préciser, de grands écrivains, auteurs d’oeuvres majeures) est bien résumée par BHL dans une interview au journal suisse Le Temps. Lorsque le journaliste lui demande s’il ne faut pas davantage écouter les peuples, BHL répond sans se démonter :  “arrêtons de sacraliser le peuple. En Europe, le peuple ne doit pas être le seul souverain!” Il s’agit bien, dans l’esprit de l’auteur de L’idéologie française, d’opposer sa conception très particulière de la “démocratie” à l’idée de pouvoir du peuple qu’il délégitime. Mais si la démocratie ne désigne plus la souveraineté populaire, que signifie-t-elle?

 

La démocratie totalitaire contre les peuples

 

Les ressorts profonds de cette idéologie, qui oppose la “démocratie” (qu’ils prétendent incarner) et le peuple (toujours soupçonné de ‘populisme”), ont été analysés en 2003 par la politologue israélienne Raya Epstein, dans un article lumineux publié dans un ouvrage collectif intitulé Israël et les posts-sionistes. Une nation en danger (1). Raya Epstein montre comment l’Union européenne incarne le phénomène de la “démocratie totalitaire”, concept qu’elle emprunte à Jacob Talmon. L’idée force de Talmon, réinterprétée par Epstein, est que la notion occidentale de démocratie recouvre en fait deux réalités bien différentes, et pour ainsi dire opposées. A la conception américaine de la “démocratie libérale” s’oppose une certaine conception jacobine et française de la démocratie, que Talmon qualifie de “démocratie totalitaire”.


 

Une conception jacobine remontant à la Révolution française


 

L’affrontement actuel entre des élites post-nationales animées par une idéologie qui rejette l’idée de nation et d’Etat-nation (2) et les peuples d’Europe ne peut être compris sans rappeler ses racines historiques. L’analyse de Raya Epstein montre bien qu’il s’agit en fait d’un débat ancien, dont les origines remontent au moins à la Révolution française et à ses prolongements historiques. Yoram Hazony, chercheur israélien en science politique, vient de publier un ouvrage essentiel sur le sujet, La vertu du nationalisme (3). Son analyse rejoint celle d’Epstein, mais il utilise des concepts quelque peu différents. Pour Hazony, ce qui se joue actuellement c’est le vieux conflit - récurrent au cours de l’histoire depuis l’Antiquité - entre les empires et leur volonté hégémonique totalitaire d’une part, et les peuples épris de liberté, dont Israël est le prototype, d’autre part.

 


 

Les lignes qui suivent donnent un aperçu des thèses de Hazony : “Mes amis libéraux (là encore, au sens américain, c’est-à-dire des intellectuels de gauche) semblent ne pas comprendre que la construction libérale qu’ils soutiennent est une forme d’impérialisme… Tout comme les Pharaons et les rois de Babylone, les empereurs romains et l’église catholique romaine, jusqu’à récemment, ainsi que les marxistes au siècle dernier, les “progressistes” ont aux aussi leur grande théorie sur la manière d’apporter la paix et la prospérité au mond entier, en abolissant les frontières et en unissant l’humanité sous leur propre domination universelle. Infatués de la clarté intellectuelle de cette vision, ils dédaignent le processus laborieux de consulter la multitude des peuples qui doivent, selon eux, embrasser leur vision de ce qui est bon. Et comme tous les impérialistes, ils sont prompts à exprimer leur dégoût, leur mépris et leur colère lorsque leur vision de la paix rencontre l’opposition de ceux dont ils sont certains qu’ils retireront un immense bénéfice en se soumettant tout simplement”.

 

Ainsi, l’opposition actuelle à Israël de la part des tenants de ce nouvel impérialisme n’est qu’un nouvel épisode de l’antagonisme récurrent de tous les empires au cours de l’histoire, envers Israël, peuple particulariste hostile à toute forme d’impérialisme (4). L’un des aspects les plus frappants de cet impérialisme est toutefois la perte du sens commun et l’instauration d’un dogmatisme universel, qui abolit tout débat authentique, dans des domaines aussi divers que la politique, les questions de société ou… le climat. Comme l’écrit Hazony, “les élites occidentales, dont les opinions sont aujourd’hui homogénéisées conformément au nouvel ordre libéral, ont de plus en plus de mal à reconnaître la nécessité de tolérer des points de vue divergents… La tolérance, tout comme le nationalisme, devient une relique du passé”. Yoram Hazony qualifie très pertinemment cette attitude dogmatique de “doctrine de l’infaillibilité”, ce en quoi le nouvel “empire libéral universel” ressemble étonnamment à l’empire catholique médiéval.

Pierre Lurçat

 

(1) Paru en anglais, sous le titre Postzionism and democracy. On comprend, en lisant ce livre essentiel, que le post-sionisme était à la fois l’application à Israël du projet post-national, et le “laboratoire d’idées” des élites occidentales partageant l’idéologie post-nationale, qui ont soutenu sans aucune réserve le processus d’Oslo, jusque dans ses dérives les plus meurtrières… Il fallait que la “paix” soit imposée à Israël, par la force des accords soutenus par la communauté internationale et par la violence du terrorisme palestinien qui n’a jamais cessé.

(2) On en donnera pour preuve récente la campagne lancée contre la Loi fondamentale sur “Israël Etat nation du peuple juif”, dans laquelle la gauche israélienne a été soutenue par les grands médias et par une large frange de l’intelligentsia en Occident.

(3) Paru en anglais, sous le titre The virtue of Nationalism, Basic Books.

(4) Ce qui n’empêche pas que des individus juifs se soient enrôlés au service des différents impérialismes, et notamment du communisme pour ne parler que du 20e siècle.

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Hommage à Liliane Lurçat 1928-2019 par Evelyne Tschirhart

May 24 2019, 09:25am

Posted by Evelyne TSCHIRHART

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Liliane Lurçat vient de nous quitter. Insuffisamment connue du grand public, bien qu’elle ait publié de nombreux ouvrages, elle eut cependant un vrai succès d’estime auprès de ceux qui se sont intéressés à l’école et à sa lente destruction depuis bientôt cinquante ans. Son dernier livre, co-signé avec Laurent Lafforgue[1], des enseignants et philosophes : « La débâcle de l’école, une tragédie incomprise »[2] sonnait le tocsin afin de susciter un sursaut des autorités de l’Éducation nationale, sursaut qui ne s’est pas produit car l’Institution s’est enlisée encore plus avant dans une vision de l’école égalitariste et déstructurante, qui ne pouvait que déboucher sur des résultats catastrophiques et une inégalité toujours plus grande.

Docteur en Psychologie et docteur es Lettres, elle a été directrice de recherche au CNRS. Ses investigations l’ont menée à enquêter dans les écoles maternelles et primaires de Paris et de la région parisienne pendant toute sa carrière.

Enseignante, j’avais pris connaissance des œuvres de Liliane Lurçat dans les années 1990 quand j’ai été confrontée à la destruction programmée de l’école de Jules Ferry, imposée par les « penseurs » de l’éducation qui sévissent, hélas, encore aujourd’hui.

Parmi les lectures critiques que je faisais à cette époque, Liliane Lurçat fut pour moi un guide des plus précieux car elle abordait l’origine et le cheminement idéologique de cette destruction en s’appuyant sur des exemples à la fois historiques et concrets, dans un ouvrage capital : « La destruction de l’enseignement élémentaire et ses penseurs »[3]. Ses livres sont aux antipodes du discours abscons des idéologues des sciences de l’éducation et riches d’une expérience sur le terrain permettant de comprendre les mécanismes qui allaient déstructurer l’école et abolir la transmission qui avait pourtant fait ses preuves depuis la troisième République.

 

Sa connaissance de l’enfant, de ses besoins spatiaux-temporels, de son développement psychologique et cognitif l’ont amenée à démontrer, notamment, que les nouvelles méthodes d’apprentissage de la lecture : globale et semi-globale mais aussi du calcul, se sont avérées désastreuses et ont constitué un handicap dans les apprentissages de base, dès l’école primaire. Dans son livre : « La destruction de l’enseignement élémentaire et ses penseurs », Liliane Lurçat nous permet d’appréhender les idéologies à l’œuvre qui ont empêché la plupart des élèves de maîtriser la langue. Car il y a bien eu destruction volontaire d’un système qui, sans être parfait, permettait à tous les enfants, quelque fût leur milieu, d’accéder à des connaissances de base essentielles.

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Cette destruction a commencé avec l’apprentissage de la lecture et de l’écriture en abandonnant la méthode syllabique au profit d’une méthode aléatoire : globale et semi-globale et en dissociant la lecture de l’écriture. Ce découplage s’est révélé catastrophique si l’on considère le nombre d’élèves qui suivent aujourd’hui des séances d’orthophonie pour- soi-disant- dyslexie. La pensée gauchiste visait, à travers ces transformations, jamais évaluées, à faire croire que la lecture ne doit pas être « l’exclusivité d’une élite savante et cultivée » et, pour qu’elle soit accessible à tout le monde, qu’il « faut apprendre à lire de manière fonctionnelle, des écrits eux-mêmes fonctionnels. » D’où l’idée que chacun a le temps d’apprendre à lire, à son rythme (et pourquoi pas tout au long de la vie, proclameront les nouveaux pédagogues). Par ailleurs, Liliane Lurçat fait une critique exhaustive d’un certain Foucambert, parmi d’autres idéologues, qui voulait « déscolariser la lecture ».

« Foucambert interprète l’opposition des méthodes en termes révolutionnaires. Dans quel but ? C’est la fin de l’école républicaine, annonce-t-il, « ce qui est certain, c’est que le comportement alphabétique est devenu superflu ». « L’ère de l’alphabétisation est en train de s’achever. » Mais pas celle de l’écrit, poursuit Liliane Lurçat, on va donc remplacer l’alphabétisation par la « lecturisation » car « l’école n’a plus guère de raison d’être en tant qu’instrument d’alphabétisation », elle doit « rompre avec ses pratiques historiques ».

Ce que veulent ces penseurs, c’est la Révolution ! Thème que Vincent Peillon reprendra plus tard.

De façon minutieuse, Liliane Lurçat a démontré comment des idéologues de gauche, sous couvert de recherche scientifique ont abandonné les méthodes traditionnelles qui avaient fait leurs preuves pour favoriser des théories aventureuses, bien qu’expérimentales et procédant de l’idée que l’école traditionnelles reproduisait les inégalités sociales (Bourdieu).

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Dans un autre livre tout aussi important : « Vers une école totalitaire »[4] Liliane Lurçat avait révélé, en pionnière qu’elle était, que les penseurs des Sciences de l’éducation par la mise en place du « pédagogisme », faisaient de la pédagogie « en soi » le moteur de la connaissance au détriment des disciplines. Cette confusion conduisit à imposer un projet pédagogique appliqué dans les IUFM[5]  où les « compétences » allaient remplacer les connaissances afin de créer un homme nouveau. L’illettrisme s’est répandu et du même coup, la fonction enseignante s’est disqualifiée auprès des enfants et des parents. Sont apparues alors les « zones d’éducation prioritaire[6] », généralement dans les banlieues à forte population immigrée et les « penseurs » de l’éducation, loin de remettre en cause leurs théories fumeuses, ont décidé que l’école devait se mettre à la portée de ces élèves en difficulté sociale.  Liliane Lurçat écrit à ce sujet :

« Le modèle que sous-tend l’expérience des ZEP présente une analogie troublante avec l’Affirmative Action aux États Unis. L'Affirmative Action consiste à favoriser les défavorisés en introduisant notamment dans l’appréciation des résultats des étudiants, des considérations de race et de sexe. »

Nous sommes loin de la formation d’hommes libres, nourris de la tradition et ayant acquis les outils de base pour s’approprier des connaissances et développer une pensée autonome. Liliane Lurçat avait déjà analysé qu’à la place des connaissances fondamentale, s’installait une politique de bourrage de crâne afin de faire des élèves de bons petits soldats formatés aux idées des « droits de l’homme »

« Le discours est principalement politique et il répète des thèmes ambiants : lutter contre le racisme, ouvrir les frontières, faire voter les immigrés et les étrangers. L’influence de la télévision est également très forte, elle fournit des modèles et suggère les désirs et les identifications. »

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Cette analyse était non seulement juste mais elle s’avérait prémonitoire. En effet, tous ces thèmes étrangers aux connaissances allaient se développer par la suite et faire de l’école une immense caisse de résonnance à la bien-pensance, par exemple en supprimant des pans entiers de l’histoire de France, au profit de l’histoires de régions du monde, en imposant l’apprentissage de l’arabe à l’école, en réduisant les grands classiques de la littérature à la portion congrue, en imposant la théorie du genre dès le plus jeune âge et ses corolaires que sont la prise en compte des LBTG et des sexualités choisies.[7] L’école s’est arrogé le droit d’éduquer sans instruire !

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Spécialiste de la petite enfance, Liliane Lurçat a été une pionnière dans les études concernant la relation des enfants à une télévision mortifère. Dans son livre : « Le temps prisonnier, des enfances volées par la télévision[8] » elle analyse les effets délétères de l’abandon des jeunes enfants devant l’écran télévisuel. Comment enfants et adolescents sont devenus captifs d’un univers violent, décervelant, qui ne permet aucun travail de l’imagination mais conduit le jeune cerveau à absorber, sans toujours les comprendre, des images séductrices qui s’imposent sans lui laisser la possibilité de les soumettre à une distance raisonnable ou à la vraisemblance. La télévision, pour beaucoup de jeunes devient une drogue, une addiction qui les soumet souvent à une vision faussée, voire caricaturale du monde. Ce qui ne peut manquer d’avoir de graves conséquences sur leur vie psychique et leur jugement. On le voit quotidiennement avec la violence qui se développe dans les cours d’école, sans parler des scènes pornographiques qui font des ravages chez les très jeunes et les adolescents. Ajoutons, que l’image est plus attractive parce qu’immédiate ; elle se substitue à la lecture et à l’effort que celle-ci oblige mais qui est d’une richesse incomparable.

Enfin, je ne saurais rendre cet hommage à Liliane Lurçat, écrivain et penseur, sans évoquer, grâce au blog de Pierre Lurçat, son fils[9], les persécutions nazies qu’elle eut à subir en tant que Juive, lors de son internement à Drancy en 1944 quand elle était encore adolescente.

Cette discrimination dramatique ne l’a pas empêchée d’aimer la France mais aussi de constater avec tristesse, bien avant les dernières années de sa vie, comment notre pays se délite sous les coups d’une immigration totalement incontrôlée, refusant de s’intégrer et qui est à l’origine d’un antisémitisme violent qu’on croyait révolu et d’un antichristianisme avéré. Elle qui avait émigré en France, y avait fait des études universitaires et avait apporté une contribution intellectuelle de premier ordre à la France, nous a quittés avec sans doute un sentiment d’inquiétude et de tristesse face aux périls qui noircissent notre avenir. Par bonheur, ses enfants, petits - enfants et arrière - petits enfants font et feront fructifier l’héritage qu’elle et son époux, le philosophe et scientifique François Lurçat[10], leur ont transmis.

Ses livres sont propres à éclairer ceux qui veulent comprendre comment nous en sommes arrivés là, dans cet état de dé-instruction qui cause des ravages parmi les jeunes qui n’ont pas la possibilité de quitter l’école publique pour des établissements privés hors contrat où l’on dispense un véritable enseignement de la transmission des connaissances. L’école égalitaire promise par les idéologues, s’est muée en une école de la discrimination par l’argent.

                                                                                                           Evelyne Tschirhart

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[1] Laurent Lafforgue  Médaille Field de mathématiques.

[2] Laurent Lafforgue, Liliane Lurçat, La débâcle de l’école ; une Tragédie incomprise 2007 éditions François-Xavier de Guibert

[3] Liliane Lurçat : « La destruction de l’enseignement élémentaire et ses penseurs » éditions françois -Xavier de Guibert 1998.

[4] Liliane Lurçat : « Vers une école totalitaire ? L’enfance massifiée à l’école et dans la société. » éditions François -Xavier de Guibert 1998.

[5] IUFM : institut de formation des maîtres.

[6]  Les ZEP : zones d’éducation prioritaire.

[7] Voir à ce sujet Evelyne Tschirhart : « L’école du désastre, Lâcheté à droire… Destruction à gauche. » éditions de Paris Max Chaleil 2018.

[8] Liliane Lurçat : Le temps prisonnier, des enfances volées par la télévision, édition Desclée de Brouwer - 1995

[9]  Pierre Lurçat – avocat et écrivain, auteur notamment de « Israël, le rêve inachevé » éditions de Paris, Max Chaleil 2018.

[10]  François Lurçat : « La science suicidaire, Athènes sans Jérusalem. » Editions françoise-Xavier de Guibert 1999.

 

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Lag Ba'Omer à Méron en 1923, par le rav Nathan Milikovsky

May 22 2019, 09:23am

Posted by Pierre Lurçat


Natan_medium.jpgDans le récit que l’on lira ci-dessous, le rav Milikovsky*, militant et orateur sioniste renommé, relate dans un discours prononcé à Brooklyn en 1928 son voyage en Galilée, cinq ans auparavant, alors qu’il avait été nommé directeur de l’école juive de Tsefat. Plus encore que la description fidèle des lieux et de l’atmosphère propre à Eretz-Israël à cette époque, c’est l’esprit qui en ressort, cet esprit haloutsique (pionnier), empli d’amour pour le pays et de confiance en l’avenir, qui donne à ce texte son intérêt historique et littéraire. P. I. L.

 

« J’avais accepté à cette époque la direction de l’école de Tsefat (Safed), et voici que je reçois un appel téléphonique du Dr Luria, directeur du département de l’Education en Eretz-Israël, qui me demande de veiller à ce que les enfants juifs habitant à Peki’in, à une heure de Tsefat, aient eux aussi une école et un instituteur connaissant son travail.

 

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L'antique synagogue de Pekiin

Le lendemain je me préparai au voyage, accompagné de mon ami, l’instituteur de notre école, M. Bernstein, natif de Tsefat, qui parlait couramment l’arabe (N.d.T. La connaissance de l’arabe était très répandue à l’époque parmi les Juifs vivant en Eretz-Israël, y compris les ashkénazes.) Nous étions accompagnés de M. Lévi, jeune Juif sépharade qui était candidat au poste d’instituteur de Peki’in. Lorsque j’eus fini mon travail à l’école, vers 14h30, nous partîmes tous les trois de Tsefat, montant des chevaux arabes, avec une monture supplémentaire en cas de besoin.

 

Safed1908.jpgNous gravîmes les montagnes entourant Tsefat et contemplâmes le cimetière, qui comprend tellement de tombes de personnages illustres du passé, Guéonim etTsaddikim, dont la nostalgie de la Délivrance s’exprimait par le jeûne et la prière… Voici la tombe du Ari Hakadosh, et voici celle de Rabbi Yossef Caro, auteur du Choul’han Arou’h, et encore d’autres, et d’autres…

 

Nous prenons le chemin d’Ein-Zeitim, que les Arabes appellent Ein-Zeitoun. Il y avait ici autrefois des vignes, dont les raisins étaient encore meilleurs que ceux de Hébron, plein de jus et doux comme du sucre. Hélas ! La guerre a détruit tout cela… Seul le vieux Boaz, qui était enseignant, est resté ici avec sa femme, refusant de quitter l’endroit.

 

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HAR MERON

Nous nous dirigeons à présent vers le Mont Méron. Il y avait ici un village juif, à l’époque desTanaïm. Aujourd’hui il ne reste plus que des tombes saintes. Voici les tombes de Rabbi Shimon Bar Yohaï et de son fils Eleazar, entourées de plantes… Rabbin Shimon Bar Yohaï, l’homme qui a combattu pour la liberté, la justice, la lumière et la connaissance !

 

800px-The_grave_of_Rabbi_Shimon_bar_Yochai2_(before_1899).jpgDes milliers de Juifs viennent sur sa tombe : ils viennent de toutes les villes d’Europe, pour Lag Ba’Omer, et ils pleurent à chaudes larmes sur la pierre froide, larmes du souvenir… Viennent ici ceux qui cherchent de l’aide ou une subsistance, pour recevoir la bénédiction et pour entretenir la tradition.

 

C’est une expérience inoubliable ! A minuit, tous s’assemblent à l’endroit le plus élevé près de la tombe et allument le feu de Lag Ba’Omer, qui illumine tous les environs. Jeunes et vieux dansent toute la nuit, comme s’ils étaient ensorcelés…

Il est difficile de décrire l’impression de joie d’une part, et de solitude de la Galout d’autre part, dont on parvient à guérir ici, en cet endroit. On a l’impression de sentir son dos se redresser et son cœur s’emplir d’un sentiment de fierté…

 

lagbahomer040.jpg

J’aime les pierres d’Eretz-Israël. Ces pierres – rochers de granit – ne sont pas de simples pierres... Ce sont nos gardiens. Il me semble qu’elles ont protégé les montagnes géantes et ont empêché quiconque de nous les prendre… »

 

(Extrait du livre « Am ou Médina » du rav Nathan Milikovsky, éd. Yediot Aharonot 1994 – Traduction Pierre I. Lurçat)

 

Le rav Nathan Milikovsky est le père de Bentsion Nétanyahou et grand-père de Binyamin Nétanyahou.

___________________________________________________________

 

Le Groupe X-Israël vous invite à participer à une conférence de :

 

Pierre LURÇAT, avocat et essayiste,

sur "Jabotinsky et son héritage dans l'histoire d'Israël".

 

 le jeudi 23 mai 2019 à 18h30

à la Maison des X (12 rue de Poitiers, Paris 7è)

 

La conférence sera suivi d'un apéritif amical.  L'auteur dédicacera ses deux derniers livres (http://bit.ly/lurcat2016 et http://bit.ly/lurcat2018).

 

Tarif pour les membres cotisants à l'AX : 10 €

Tarif pour les non-cotisants à l'AX : 15 €

 

Inscription obligatoire SVP.

 

Bien amicalement.

 

Olivier Herz (1979), président de X-Israël

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Deux destins : Menahem Giladi et Lipah Liliane Lurçat

May 20 2019, 13:57pm

Posted by Liliane Lurçat


index.jpgNous sommes nés tous les deux à Jérusalem Menahem en 1925, moi en 1928.

Je regrette l'école de mon enfance, l'école de la Troisième République forte de ses méthodes et de sa volonté d'instruire.

 

Elle a permis à Menahem (francisé en Marcel) et moi francisée en Lili, puis en Liliane d'acquérir chacun dans son école, lui chez les garçons, moi chez les filles les savoirs utilitaires indispensables à la mise en place définitive de la lecture, de l'écriture et du calcul.

 

Ces savoirs, qualifiés de savoirs utilitaires car ils doivent servir toute la vie. On enseignait aussi l'histoire de France, la géographie, il y avait des cours de chant, donnés par une femme passionnée d'éducation populaire, elle rassemblait les enfants du quartier dans une chorale lors du passage au cours complémentaire.

 

Nous avons puisé chacun dans notre école le plaisir et le goût d'apprendre, d'aimer l'école. Tout près de nos écoles se trouvait la bibliothèque destinée aux enfants: "L'heure Joyeuse," que nous avons fréquentée assidûment. Jusqu'au moment où nous avons exploré ensemble les bouquinistes des quais de la Seine.

 

Liliane Lurçat

 

En l939 nos destins ont été scellés par la guerre. Marcel avait le brevet, moi le certificat d'études primaires. Il était urgent de grandir. Il trouva le chemin de la résistance en France, puis, en 1943 il fut échangé contre des allemands résidant en Palestine.

Par la suite, nous avons accompli notre destin, chacun dans un pays différent. Agé de 17 ans Marcel, déjà militant dans un réseau de Résistance, fut caché durant deux mois dans l'hôpital américain, puis il partit encadré par deux allemands, vers la Palestine où il fut échangé contre des Allemands.

marcel.JPGAprès une année passée dans une école d'agriculture, où il se prépara au combat, il s'est engagé dans la Brigade Juive de l'armée anglaise. Après la guerre, il a participé à l'occupation en Allemagne Puis il a enchaîné sa vie aventureuse et guerrière dans les combats pour la création de l'Etat d'Israël. Colonel de l'armée d'Israël, directeur de l'Agence Juive à Paris, Il est mort à Herzlia à l'âge de 84 ans.

 

J'ai fréquenté l'Ecole de filles jusqu'au certificat d'Etudes primaires. Les bases que j'ai acquises dans cette école mitoyenne de celle de Marcel puis deux années de cours complémentaire ont constitué mon savoir utilitaire. Jusqu'à notre arrestation en janvier 1944

 

Ma mère, mon frère Samuel et moi en tant que sujets britanniques ; mon père avait été arrêté le jour de l'entrée des allemands en France pour la même raison

Armée des seules bases acquises dans mon école primaire, j'ai pu, à Vittel lire les livres des bibliothèques du camp de prisonniers de guerre installé dans tous les hôtels. 

 

Les bases acquises à l'école rue Saint Jacques m'ont permis de préparer le baccalauréat , sans transition, et de passer à l'Université, pour faire ensuite carrière au CNRS, avec l'extrême gentillesse du professeur Henri Wallon, mon maître, qui ne m'avait pas du tout encouragée à postuler prévoyant une foule d'avatars qui n'ont pas tardé à se manifester.

 

2985167173.jpg

Henri Wallon, pour son quatre-vingtième anniversaire, entouré d'Hélène Gratiot-Alphandéry, Irène Lézine, Germaine Bernyer, Lucette Merlette, et Liliane Lurçat (à droite)

 

Nos destins furent différents. Nous avions pour bagage le merveilleux enseignement de notre école primaire.

 

Déjà bien vieux tous les deux, échangeant nos souvenirs parisiens, c'est de cette école que nous parlions, que jamais nos enfants n'ont connue

 

Et aussi bien sûr, des quais de la Seine, de ses livres et de nos merveilleuses ballades. J'ai, durant toute ma carrière, mené mes recherches dans les écoles publiques Je pense avoir rendu à la France ce qu'elle m'avait offert.

 

LILIANE LURCAT.jpg

Liliane Lurçat z.l. (13 mars 1928 - 15 mai 2019)

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BAROUH DAYAN EMET - Liliane Lurçat z.l. 13 mars 1928 - 15 mai 2019

May 15 2019, 12:42pm

Olivier, Hélène, Pierre et Irène, ses enfants;

Alexandre, Gabrielle, Fanny, Théodora, Louise, Léa, Sarah, Tamar, Emmanuel, Naomi, Eliette, ses petits-enfants;
Ben et Ari, ses arrières petits-enfants, 
 
Ont la tristesse de vous faire part du décès de 
 
Liliane Lurçat
Survenu le 15 mai 2019
à l'âge de 91 ans
 
L'enterrement aura lieu jeudi 16 mai à 16 heures à Montrouge, 18 avenue de la porte de Montrouge
 
Ni fleurs ni couronnes
 
Visites de condoléances à partir de dimanche à son domicile
9 rue Pasteur 92120 Montrouge tel 0680832644
 
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תהיה נשמתה צרורה בצרור החיים

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Prague 1951 : dans l'ombre du procès Slansky, Par Liliane Lurçat

May 14 2019, 16:31pm

Posted by Liliane Lurçat

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J'ai eu la chance, ou la malchance, de me trouver souvent au mauvais endroit et au pire des moments : on appelle cela les hasards de la  vie. Cela m'a permis de voir des choses qui ont déterminé ma vie, sans comprendre, sur le moment, la signification de ce que je vivais, dont la portée m'échappait totalement et pour longtemps encore.

J'étais jeune, étudiante en psychologie, mère d'un petit Olivier âgé de 17 mois, épouse d'un étudiant en philosophie. Sans un sous, nous étions en quête de travail. On nous proposa alors d'aller à Prague.

On devait déménager le siège du Conseil Mondial de la Paix dans cette ville. Ce mouvement d'obédience communiste, se trouvait jusque-là à Paris.

A l'époque, comme beaucoup d'étudiants un peu paumés dans la Sorbonne, je m'étais inscrite au parti communiste qui recrutait parmi les étudiants. Le parti communiste se glorifiait d'être le « parti des fusillés » pendant la résistance.

 

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J'étais candide, sans méfiance, fâcheux défaut bien connu de ma mère qui me disait : « reste assise sur ton c... il ne t'arrivera rien » (ça sonne mieux en Yiddish).

Si j'avais obéi, ma vie aurait été sûrement différente et je ne raconterais pas mes mésaventures tchèques.

La fédération de Paris du Parti communiste Français nous demanda de remplir une biographie. Parmi les questions : « Avez-vous voyagé ? » j'ai répondu : « mon dernier voyage date de mes quatre ans, nous sommes retournés en Palestine en 1932, mais mon père s’est retrouvé au chômage et nous avons dû rentrer en France »

« Bête et disciplinée » selon la formule de mon amie Rachel, j'ai rempli ma « bio » en rajoutant ce qui n'était pas demandé et qui constituait une bombe à retardement, le nom de mon frère Ménahem officier de l'armée d'Israël.

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La Tchécoslovaquie était alors en pleine ébullition. Une ambiance de terreur règnait à Prague. Dans l'hôtel où nous logions, le personnel était effrayé et mutique.

On nous emmenait en groupe participer à la vie politique : discours en coréen pendant une heure et demie, traduction en tchèque d’une durée identique. Après ça, on se sentait informés, mais de quoi ?

Le jour de notre arrivée tous les magasins d'alimentation étaient fermés pour deux jours. Le prétexte invoqué était celui d'un inventaire national pour connaitre l'état dans lequel se trouvait le pays.

 

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Nourrir un enfant de 17 mois qui pesait 11 kg était un problème insoluble, d'autant que le salaire de mon mari suffisait tout juste à payer la chambre et deux repas un pour lui, un demi pour Olivier, un demi pour moi.

Quand Olivier ne pesa plus que dix kilos, je l'ai renvoyé à sa grand-mère à Paris. Il risquait de laisser sa peau à Prague. Il vaut mieux vivre de l'autre côté du rideau de fer que de mourir en République démocratique.

J'ai alors demandé à travailler. A quoi pouvait-on m'occuper ? C'était un autre problème insoluble... J'étais considérée comme quelqu'un de dangereux qui n'aurait jamais du venir.

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A l'époque le procès Slansky était à l'ordre du jour. C'était le dirigeant juif du pays coupable d'avoir aidé Israël. Je n'en savais rien.

On m'a d'abord mise à l'ascenseur comme fille d'ascenseur, en compagnie d'un vieux juif terrorisé.

Et puis j'ai tourné la ronéo. J'avais les adresses de tous les correspondants clandestins de par le monde. Tâche mécanique certes, mais hautement responsable.

Ce qui me rendit philosophe : « et en plus ils sont cons… ». Je faisais des progrès.

Un grand responsable arriva de Paris. Laurent Casanova, membre du Bureau politique du PC, auteur de la classification des sciences en « sciences bourgeoises » et «sciences prolétariennes ».

C'est lui qui me convoqua : il me demanda ce que je faisais à Paris. Je lui répondis : « J'étais étudiante en psychologie et on m'a dit que c'était une science bourgeoise ».

Sa réponse : « Retournez à Paris et faites de la psychologie ». J'ai encore obéi.

Par hasard il y avait un poste de technicienne à mi-temps à pourvoir auprès du professeur Henri Wallon. On m’a choisie parmi plusieurs candidats. Mon avenir était écrit. Mais je n'en savais rien.

Slansky, lui, a été pendu.

                                                                       Liliane Lurçat

 

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Le vieux cimetière juif de Prague

N.d.R. Le procès Slansky, qui aboutira aux "aveux" du dirigeant communiste tchèque Rudolf Slansky et à sa condamnation à mort, est le pendant de l'affaire du "complot des Blouses blanches" qui se déroule à la même époque en URSS. Au-delà de l'aspect politique intérieur et de la rivalité au sein du parti communiste, c'est l'antisémitisme qui en est le mobile principal. Cette affaire inspirera le fameux livre d'Artur London, L'aveu, adapté au cinéma par Costa Gavras.

 

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L'oeuf en chocolat - Souvenirs d'une enfance juive à Paris, 1929, par Liliane Lurçat

May 13 2019, 18:34pm

Posted by Liliane Lurçat

Paris_V_rue_Frédéric-Sauton_reductwk.jpgC'était avant la guerre, nous habitions rue Frédéric Sauton dans un quartier où beaucoup de juifs habitaient, réfugiés de Pologne pour la plupart, fuyant les pogromes.

Nous sommes arrivés en France en 1929. Mes parents, haloutzim chassés par les anglais, mon frère Menahem et moi. Mon jeune frère Sami est né à Paris  en 1932

Mes parents étaient pauvres  parmi les plus pauvres. Ils épargnaient à la caisse d'Epargne de quoi retourner un jour en Palestine (argent qui avait fondu à la fin de la guerre)

Mon père, manoeuvre industriel, travaillait 6 longues journées par semaine à l'usine. Il dormait le dimanche complètement éreinté.

Il portait une ceinture herniaire pour contenir ses hernies. Son travail consistait à soulever et à ranger d'énormes tiges de métal.

Ma mère s'était improvisée marchande ambulante. Elle se procurait la marchandise  chez des grossistes juifs du Sentier et la revendait sur le marché de la Porte d'Italie.

Elle partait , le soir, vers de lointaines banlieues  où logeaient des anarchistes italiens, son gros baluchon sur le bras

 

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Chaya Kurtz

 

Une dame juive fortunée, médecin  aux  idées  modernes  passait nous voir à la maison et nous exhortait à retourner en Palestine. Elle me trouva un jour assise dans l'escalier, attendant le retour de mes parents, mon cartable à côté de moi.

Elle m'entraîna à la boulangerie  et me fit choisir mon goûter : un gros oeuf en chocolat
C'était à Pâques . J'étais assise dans l'escalier au retour de mon père, le gros oeuf sur les genoux, vite rangé pour une consommation plus raisonnable

A la fin de la guerre, cette dame revint nous voir. Désespérée et désenchantée  après les grands massacres, elle nous dit : nous sommes sur terre pour accomplir notre cycle. Mes parents ont dit, plus raisonnables qu'elle: on a survécu, il nous reste seulement la vie, "nor mit un leben".

 

LILIANE LURCAT.jpg

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Israël - Gaza : accepter la “pax islamica” du Hamas? par Pierre Lurçat

May 7 2019, 09:17am

Posted by Pierre Lurçat

Israël - Gaza :  accepter la “pax islamica” du Hamas? par Pierre Lurçat

 

La question la plus préoccupante que soulèvent les événements des dernières semaines (1) à la frontière de Gaza - au-delà même des capacités offensives grandissantes du Hamas, qui se sont manifestées lors du dernier round d’affrontements, trop vite avorté - est celle de savoir si le gouvernement de Binyamin Nétanyahou n’est pas tombé dans le piège du Hamas, consistant à vouloir monnayer une paix illusoire en “achetant” la tranquillité, selon le modèle de la “pax islamica” et du statut de la dhimma.

 

1 - Cessez-le-feu ou guerre unilatérale ?

 

Selon ce modèle, Israël aurait “payé” un cessez-le-feu temporaire, en renonçant une fois de plus à mener l’opération militaire qu’il ne cesse de repousser depuis des mois, et en laissant de nouveau entrer à Gaza des matières premières et l’argent du Qatar, dans ce qui ressemble de plus en plus à une forme de chantage, conforme à la conception musulmane des relations avec les dhimmis, c’est-à-dire avec les protégés de l’islam.

Incendies à la frontière de Gaza

Une guerre unilatérale

 

Ce que les médias, en Israël et ailleurs, qualifient hâtivement de cessez-le-feu est en réalité une situation de guerre intolérable, dans laquelle le Hamas attaque les villes et les civils israéliens et incendie les champs avoisinants de la frontière de manière incessante depuis des mois. C’est une guerre unilatérale, dans laquelle l’ennemi nous attaque sans cesse, tandis que nous faisons semblant que tout va bien et que la vie continue normalement (“business as usual”).

 

Les habitants du sud d’Israël ont eu raison de protester, depuis plusieurs semaines, contre cette situation inacceptable, et aussi contre le comble de l’absurde : à savoir l’approvisionnement quasiment ininterrompu (à de rares exceptions) de Gaza en électricité, en carburant et en autres denrées de première nécessité, alors même que les attaques incendiaires et autres se poursuivent contre Israël.

Quelle solution pour rétablir le calme entre Israël et Gaza?  Pierre Lurçat

2 - Approvisionner Gaza ou acheter un semblant de tranquillité?

 

Cette situation absurde est une insulte au bon sens que rien ne saurait justifier. Aucun impératif, moral ou juridique, ne nous oblige en effet à approvisionner nos ennemis, pendant qu’ils nous attaquent. Il y a là une perversion de la morale, en vertu de laquelle Israël laisse le Hamas bombarder et incendier les localités avoisinantes de Gaza, tout en veillant au bien-être des habitants de Gaza.

 

J’ai décrit, dans mon livre La trahison des clercs d’Israël, les racines intellectuelles de cette morale dévoyée, qui veut que nous appliquions des normes supérieures à celles de toutes les nations civilisées, à l’endroit d’ennemis qui, eux, ne respectent aucune des normes les plus élémentaires, y compris envers leurs propres citoyens. Il est grand temps de repenser entièrement les normes éthiques de Tsahal, pour lui insuffler une morale juive authentique.

 

3 - Kippat Barzel ou Kir Habarzel ?

 

Le système de défense antimissiles “Kippat Barzel” développé par Tsahal depuis quelques années représente certes une prouesse technologique.  Mais il représente aussi une défaite, sur le plan militaire et psychologique. Comme l’a reconnu cette semaine une journaliste de Galei Tsahal, la radio de l’armée, ce système a en effet, en fin de compte - au-delà de sa réussite partielle pour intercepter les roquettes tirées depuis Gaza - la conséquence néfaste de nous empêcher de riposter, et de porter ainsi atteinte à notre capacité de dissuasion. Intercepter des roquettes avant leur point de chute est certes appréciable, mais une dissuasion véritable exigerait de mettre l’ennemi hors d’état de les lancer.

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A cet égard, Kippat Barzel ressemble à un immense parapluie troué, qui constitue une arme défensive très insuffisante et comporte des effets pervers, en nous dispensant d’une contre-attaque indispensable, comme l’a montré l’amère expérience des dernières années. Kippat Barzel est en réalité la négation du Kir Habarzel - la muraille d’acier - concept développé par Jabotinsky dans son fameux article de 1923, qui est au fondement de la doctrine stratégique de Tsahal. Ce dernier signifie en effet qu’il faut dissuader l’ennemi de nous attaquer, et pas seulement se défendre contre ses attaques incessantes.

 

Selon cette conception,  la paix et la sécurité ne viendront pas en élaborant des systèmes de défense de plus en plus perfectionnés pour intercepter les missiles du Hamas, du Hezbollah et de l’Iran, en faisant comme si Israël était un territoire neutre, placé sous la protection d’un immense parapluie de verre. Elles ne viendront qu’en ripostant avec toute la force nécessaire et en attaquant les ennemis qui nous menacent, portant la guerre sur leur territoire - comme l’a fait Tsahal lors des guerres victorieuses de 1956, 1967 et 1973, jusqu’à ce qu’ils demandent grâce et renoncent à leurs intentions belliqueuses.

Pierre Lurçat.

(1) article publié initialement en novembre 2018.

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Medinat Israël ou Mal’hout Israël? La guerre de Gaza et les choix identitaires d’Israël, par Pierre Lurçat

May 5 2019, 16:34pm

Posted by Pierre Lurçat

La situation dramatique dans laquelle les occupants actuels de la bande de Gaza entraînent régulièrement l’Etat d’Israël, depuis le jour funeste où l’armée et la police israéliennes, transformées en bras destructeurs d’un pouvoir corrompu et aveugle, ont expulsé les pionniers du Goush Katif, nous oblige à réfléchir sur le sens des événements que nous vivons aujourd’hui. Il n’est pas anodin que ce nouveau round d’affrontements (ou plutôt, cette nouvelle attaque suivie d’une riposte) survienne précisément entre Yom haShoah et Yom Ha’atsmaout, dans cette semaine chargée de symboles et lourde de significations de “beyn ha-Tsefirot” : entre la sonnerie de Yom haShoah et celle de Yom ha-Zikaron.

 

Comme le dit un récent adage, “Nous avons deux journées du souvenir des morts en Israël : une qui nous rappelle le prix à payer pour avoir un Etat, et l’autre pour nous rappeler le prix à payer pour ne pas en avoir”. Ces deux journées sont, évidemment, la Journée du Souvenir des soldats (Yom Hazikaron) et le Jour de la Shoah (Yom HaShoah). Mais le lien qui unit ces deux journées n’est pas seulement chronologique : il s’agit en réalité d’une relation de causalité, ou plutôt d’un choix ontologique entre deux modalités d’être pour le peuple Juif. Ce choix peut être formulé ainsi : soit assumer le prix de l’existence étatique, soit redevenir le peuple victime des pogromes et de la Shoah.

 

Maison de Beer-Sheva détruite par un missile tiré de Gaza (photo Eliyahu Hershkovitz)

 

Les théoriciens du sionisme et les pères fondateurs de l’Etat juif avaient bien compris qu’il n’existait pas d’autre alternative. C’est la raison pour laquelle plusieurs d’entre eux - Theodor Herzl, Max Nordau et Zeev Jabotinsky - avaient eu la prescience de la Shoah. Ils avaient en effet pressenti que celle-ci n’était pas un accident de l’histoire ou un événement monstrueux et absurde, mais l’aboutissement logique de l’existence galoutique. Et ils en avaient tiré la conséquence ultime : à savoir, la nécessité impérieuse de retrouver notre indépendance nationale. Or, cette leçon de l’histoire juive, évidente à l’époque, est en train de d’estomper dans la confusion morale et intellectuelle de notre époque.

 

Comme l’écrivait ce shabbat Ran Baratz, dans les colonnes de Makor Rishon, non seulement cette leçon cruciale de la Shoah est aujourd’hui oubliée, mais elle est remplacée par une leçon inverse et scandaleuse. Aux yeux d’une frange non négligeable des élites culturelles et politiques actuelles, la “leçon” de la Shoah est en effet qu’Israël devrait appliquer des normes morales plus élevées que les autres nations face à des ennemis barbares et inhumains, sous peine de voir Tsahal devenir pareil à la Wehrmacht… C’est bien cette équation que nous voyons actuellement appliquée, dans les commentaires des grands médias israéliens et jusque dans le “code éthique” de Tsahal (1).

 

La synagogue de Névé Dekalim, détruite après le retrait de Gaza

 

Comme l’écrivait Yoav Shorek il y a quelques mois (2), “lorsqu’un idiot jette une pierre au fonds du puits, plusieurs sages ne suffisent pas à la retirer”. La métaphore est parlante : le puits, c’est Gaza et la pierre, c’est le Hamas, arrivé au pouvoir à la suite du retrait israélien - la “Hitnatkout” - dont Israël ne finit pas de payer les conséquences désastreuses. Si l’histoire nous a pourtant appris une chose, depuis 1948, c’est qu’il n’est pas possible de laisser la souveraineté à une quelconque entité autre qu’Israël, entre la Mer et le Jourdain. Toutes les tentatives faites en ce sens - dans un cadre bilatéral (accords d’Oslo), multilatéral (résolution de l’ONU sur l’internationalisation de Jérusalem) ou unilatéral (retrait de la bande de Gaza) - se sont soldées par un cuisant échec.

 

Je me souviens avoir assisté au spectacle terrible des cercueils des habitants morts au Goush Katif, sortis de leurs tombes et portés en procession dans les rues de Jérusalem – même les morts avaient été expulsés ! – une des images les plus effroyables qu’il m’a été donné de voir en 25 ans de vie en Israël. Yoav Shorek évoque une autre image terrible, l’incendie des synagogues du Goush Katif le 12 septembre 2005. “Cet événement symbolique”, écrit Shorek, “a conclu le processus de Hitnatkout (retrait) de Gaza et est resté gravé dans la mémoire collective. Treize ans plus tard, les localités voisines de la bande de Gaza vivent toujours dans l’incertitude sécuritaire quotidienne, et dans une guerre d’usure dont on ne voit pas l’issue”.

 

Ceux qui pensent encore pouvoir régler le problème de Gaza par des opérations militaires limitées à des bombardements aériens se bercent d’illusions. “Les solutions provisoires”, écrit encore Shorek, “ne modifieront pas l’équation à Gaza, équation créée par le retrait, qui ne sera modifiée que lorsqu’Israël osera changer les règles du jeu et reviendra à Gaza pour y neutraliser la bombe. Pour nettoyer la bande de Gaza des armes et des infrastructures militaires et pour en refaire un lieu de vie, en offrant à ses habitants des perspectives d’avenir… Le prix inévitable du retrait est celui-ci : Tsahal devra retourner à Gaza et la reconquérir”.

 

Assumer notre identité et notre vocation

 

Mais en définitive, le choix que la situation à Gaza impose à Israël n’est pas seulement un choix politique ou tactique à court terme. Il s’agit d’un choix stratégique, moral et identitaire à long-terme. La situation d’Israël face à ses ennemis nous oblige - comme à chaque fois qu’Israël a été confronté à ses ennemis au cours de sa longue histoire - à assumer notre identité véritable et notre vocation. Le critique littéraire Morde’haï Shalev, dans un article écrit en 1952 - pour le dixième anniversaire de la mort de Yair Stern, le légendaire dirigeant du Lehi - évoquait le fondement de l’action politique de Stern, dont le poète Uri Zvi Greenberg avait donné une expression littéraire. Ce fondement c’est Mal’hout Israël, la Royauté d’Israël.


 

 

De ce point de vue, la “situation sécuritaire” à Gaza, pour reprendre le langage réducteur des médias israéliens, n’est que le reflet de la situation politique et identitaire dans laquelle l’Etat d’Israël s’est enfermé au cours de 71 années d’existence nationale. La clé de la sécurité d’Israël ne repose pas seulement dans des prouesses militaires ou technologiques, comme le montre bien l’illusion mortelle de Kipat Barzel, mais dans le choix profond d’assumer notre identité. Comme l’écrivait Shalev, “les concepts politiques” du sionisme traduisent les “besoins rationnels” d’indépendance et d’autonomie politique du peuple juif (leçon de la Shoah). Mais cette leçon, aussi importante qu'elle soit, ne suffit pas à exprimer l’objectif en vue duquel ces besoins doivent être utilisés. La Royauté d’Israël (Malhout Israel) en tant que concept politique n’est pas un "ensemble de besoins, mais la fin ultime en vue de laquelle l’Etat d’Israël a été créé". De ce point de vue, l’Indépendance n’est que la première étape du sionisme, étape indispensable et non encore pleinement réalisée sur la voie de la Royauté.

Pierre Lurçat

 

(1) Sur ce sujet, je renvoie à mon livre La trahison des clercs, La Maison d’Edition 2016

(2) “Treize années de conflagration”, Hashiloach numéro 11, septembre 2018.

(3) Cet article est repris dans un livre important qui vient d’être publié en Israël, Gonvim et ha-Bsora, aux éditions Dvir.

 

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https://ax.polytechnique.org/group/x-israel/55/calendar/conference-jabotinsky-et-son-heritage-dans-l-histoire-d-israel/2019/05/23/516

 

Le Groupe X-Israël vous invite à participer à une conférence de :

 

Pierre LURÇAT, avocat et essayiste,

sur "Jabotinsky et son héritage dans l'histoire d'Israël".

 

 le jeudi 23 mai 2019 à 18h30

à la Maison des X (12 rue de Poitiers, Paris 7è)

 

La conférence sera suivi d'un apéritif amical.  L'auteur dédicacera ses deux derniers livres (http://bit.ly/lurcat2016 et http://bit.ly/lurcat2018).

 

Tarif pour les membres cotisants à l'AX : 10 €

Tarif pour les non-cotisants à l'AX : 15 €

 

Inscription obligatoire d’ici le lundi 20 mai 2019.

 

Bien amicalement.

 

Olivier Herz (1979), président de X-Israël

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