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29 Novembre 1947 : un “événement presque surnaturel”

November 29 2020, 12:29pm

Posted by Pierre Lurçat

 

La décision de partage de la Palestine de l’ONU vue par le Rav Joseph Dov Soloveichik


 

La résolution 181 des Nations unies (sur le partage de la Palestine mandataire en un Etat juif et un Etat arabe) a été accueillie dans le Yishouv et dans le monde juif en général comme un événement miraculeux, célébré dans la liesse populaire et une joie quasi-messianique, même si ce sentiment n’était pas unanimement partagé. Aux yeux de beaucoup en effet, le “partage” était synonyme de renonciation à de larges parties d’Eretz-Israël, ce qui équivalait à leurs yeux à une trahison. Paradoxalement, les partisans de l’intégrité territoriale étaient répartis de tous les côtés de l’échiquier politique, et pas seulement à droite, comme on l’a souvent oublié depuis.

 

 

Dans le texte qu’on lira ci-dessous, le rav J. D. Soloveichik, descendant d’une lignée de rabbins lituaniens qui a vécu aux Etats-Unis , développe une analyse originale de la résolution 181 et des événements ultérieurs qui ont présidé à la création de l’Etat d’Israël, qu’il décrit comme un événement “presque surnaturel” et comme la manifestation évidente de l’intervention divine dans l’histoire. Ce texte intitulé “Une voix mon ami frappe” (Kol Dodi dofek), est celui d’un discours en hébreu prononcé pour le huitième anniversaire de l’indépendance d’Israël. La traduction française est due au regretté professeur Benno Gross.

 

Joseph Soloveichik (1903-1993)

 

A partir d’une réflexion sur la question de la souffrance (“une des énigmes les plus complexes qui a préoccupé le judaïsme dès l’aube de son existence”), le rav Soloveichik développe sa conception bien particulière de l’existence-mission, opposée à l’existence-destin. Il entame ensuite une variation sur le thème des “occasions manquées”, brodant sur le Cantique des Cantiques dont il livre une interprétation originale et riche de sens. Par-delà son intérêt exégétique et poétique, ce texte est aussi une réflexion sur la responsabilité des Juifs à l’égard d’Israël et sur les conséquences tragiques de l’attitude du judaïsme américain envers Israël et de son manque d’identification avec le projet sioniste, thème toujours actuel. P. L.


 

“SIX COUPS

 

Il y a huit ans, en pleine nuit hallucinante, remplie des cris de Maïdaneck, Treblinka et Buchenwald, dans la nuit des chambres à gaz et des fours crématoires ; dans la nuit où Dieu détournait obstinément sa face, dans la nuit du règne du Satan sans doute, et de la conversion qui désirait attirer l’amante de sa maison vers l’église chrétienne ; dans la nuit des recherches incessantes à la poursuite de l’amant, - en cette nuit même, l’amant apparut. Dieu, retiré sous un dais caché au regard, apparut soudain et se mit à frapper à la porte de la tente de l’amante isolée et malade, qui se tordait sur son lit et se débattait dans les souffrances de l’enfer. A la suite des coups frappés à la porte de l’amante endeuillée, naquit l’Etat d’Israël !

 

Combien de fois l’amant frappa-t-il à la porte de son amie? Il me semble que nous pouvons dénombrer au moins six coups.

 

Premièrement, le coup frappé par l’amant se fit entendre dans la lutte politique. Personne ne niera que, du point de vue des relations internationales, l’établissement de l’Etat d’Israël fut, au regard de la politique, un événement presque surnaturel. L’URSS et les pays occidentaux ensemble, appuyèrent l’idée de la création de l’Etat d’Israël, qui fut peut-être la seule proposition au sujet de laquelle l’est et l’ouest s’accordèrent. J’ai tendance à croire que l’Organisation des Nations Unies fut créée spécialement pour ce but - afin de remplir la mission qui lui fut dictée par la Providence. Il me semble que l’on ne peut indiquer aucun autre résultat concret de la part de l’ONU. Nos Sages étaient déjà d’avis que “la pluie” tombait “en faveur d’un seul individu” (Taanit 9a) et pour un seul brin d’herbe. Je ne sais pas qui les représentants de la presse aperçurent avec leurs yeux de chair à la tribune présidentielle lors de cette assemblée décisive, au cours de laquelle fut décidé l’établissement de l’Etat d’Israël, mais celui qui observait alors avec attention avec les yeux de l’esprit, apercevait le véritable président qui arbitrait les débats, - c’était l’ami . Il frappa de son marteau sur le pupitre…

 


 

Une seconde fois, le coup de l’ami se fit entendre sur le champ de bataille. La petite armée de défense d’Israël vainquit les puissantes armées des pays arabes. Le miracle “nombreux ils furent livrés dans la main d’un petit nombre” s’est réalisé sous nos yeux. Et une grande merveille encore se produisit en cette heure. L’Eternel endurcit le coeur d’Ismaël et lui conseilla d’ouvrir le combat contre l’Etat d’Israël. SI les Arabes n’avaient pas déclaré la guerre à Israël et avaient accepté le plan de partage, l’Etat d’Israël serait resté sans Jérusalem, sans une grande partie de la Galilée et une partie du Néguev”...

 

(Extraits de “Une voix mon ami frappe”, in Joseph D. Soloveichik, Le croyant solitaire, traduction et préface de Benjamin Gross, éditions de l’Organisation sioniste mondiale).

 

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Donald Trump, l’Amérique et l’identité d’Israël : une explication, Pierre Lurçat

November 24 2020, 07:58am

Posted by Pierre Lurçat

 

Je donnerai à ta descendance toutes ces provinces, et par ta descendance seront bénies toutes les nations du monde” (Genèse 26-4)

 

Comme l’expliquait avec émotion le Secrétaire d’Etat Mike Pompeo lors de sa visite en Israël la semaine dernière, après s’être rendu sur le site d’Ir David - capitale du Roi David il y a trois mille ans - la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël “est une simple reconnaissance de la réalité. Il est insensé que les Etats-Unis ne l’aient jamais fait jusqu’à ce jour” (1). Ces quelques mots ne suffisent toutefois pas à décrire l’importance du changement radical apporté par l’administration Trump dans les relations entre les Etats-Unis et Israël. Celui-ci va bien au-delà de la politique et des relations internationales, telles que nous les comprenons généralement et touche à un aspect bien plus profond des rapports entre les peuples, qu’on peut définir comme celui de la reconnaissance de l’identité collective authentique d’Israël.

 

Si l’on veut apprécier à leur juste mesure les accomplissements réalisés par le président américain Donald Trump pendant les quatre années de son mandat, il faut en effet envisager ceux-ci non pas comme des événements qui s’inscrivent dans le “temps court” de la vie politique et de la relation médiatique de l’actualité. Car ils s’inscrivent en réalité dans le temps long de l’histoire, et plus précisément, dans le temps spécifique à l’histoire juive et à l’histoire d’Israël, c’est-à-dire dans le temps des Toledot, concept hébraïque qui désigne, selon l’enseignement de Manitou, l’histoire des engendrements et le développement de l’identité humaine, et pas seulement l’histoire événementielle (2). 



 

Signature des Accords Abraham à la Maison Blanche

 

Pour prendre toute la mesure de ce changement radical, il faut revenir sur une des conséquences les plus remarquables de la politique de l’administration Trump au Moyen-Orient : la signature des “Accords Abraham” et l’établissement de relations diplomatiques entre Israël et plusieurs pays du Golfe. Contrairement à tous les accords de paix qui les ont précédés, les Accords Abraham” reposent non pas sur la cession de territoires par Israël, mais sur la reconnaissance pleine et entière du peuple Juif et de son identité nationale (3). Il ne s’agit pas seulement de la reconnaissance politique d’un Etat, mais aussi de l’acceptation de l’identité profonde d’Israël, celle qu’on ne peut définir uniquement par les termes du droit international. Il s’agit en fait, pour la première fois dans l’histoire des relations entre Israël et le monde arabo-musulman, d’un accord fondé non seulement sur des intérêts communs, mais aussi sur la conviction qu’Israël représente une chance et une bénédiction pour les pays de la région.

 

Les accords Abraham reposent ainsi - comme leur nom l’indique - sur la reconnaissance explicite par plusieurs dirigeants des pays du Golfe d’une filiation commune et sur leur compréhension de la promesse faite à Abraham, qui apparaît à plusieurs reprises dans le récit biblique : “Par ta descendance seront bénies toutes les nations du monde”. Or, c’est là précisément que réside le “secret” permettant de comprendre toute la portée, véritablement révolutionnaire, de la nouvelle politique instaurée sous l’administration Trump. Pendant plusieurs décennies, Israël a en effet poursuivi - avec l’encouragement des Etats-Unis et de nombreux pays occidentaux, de la Ligue arabe et d’autres acteurs de la politique internationale - une paix illusoire, qui reposait entièrement sur le principe mensonger de “la paix contre les territoires” et sur la négation de sa propre identité. 



 

Le mensonge d’Oslo : nier l’identité d’Israël



 

Le mensonge d’Oslo était largement le fruit de la volonté de certains Israéliens, encouragés par l’Europe notamment, d’échapper à l’identité collective authentique d’Israël (4). Comme l’avait affirmé à l’époque l’écrivain David Grossmann, avec une  absolue franchise : “Ce qui est demandé aujourd’hui aux Juifs vivant en Israël, ce n’est pas seulement de renoncer à des territoires géographiques. Nous devons aussi réaliser un “redéploiement” – voire un retrait total – de régions totales de notre âme… Comme la “pureté des armes”… Comme être un “peuple spécial” ou un peuple élu (Am Segoula)” (5). Or les accords Abraham, toute comme la nouvelle direction insufflée par l’administration Trump à la politique américaine à l’endroit d’Israël, reposent au contraire sur la reconnaissance du peuple Juif en tant que “peuple spécial” (Am Segoula), c’est-à-dire en tant que peuple qui apporte la bénédiction à toutes les nations. 

 

On comprend dès lors l’extrême froideur avec laquelle l’Union européenne et la France d’Emmanuel Macron ont accueilli les Accords Abraham et l’obstination presque diabolique (“perseverare diabolicum…”) avec laquelle elles s’entêtent à soutenir la fiction palestinienne. Dans l’inconscient collectif européen, l’Etat juif demeure le Juif des Etats, c’est-à-dire le représentant du peuple honni et maudit, qui a fini par trouver un refuge sur un bout de terre qui ne lui appartient pas… Il n’est pas anodin que la France souhaite d’une part bénéficier des avancées réalisées par Israël en tant que “start-up nation”, mais refuse d’autre part de reconnaître l’identité d’Israël et ses droits à Jérusalem et en Judée-Samarie. Car dans le schéma traditionnel de la diplomatie française, Israël incarne encore et toujours la figure du Juif maudit mais utile, prêteur d’argent ou conseiller des Princes, mais rien de plus. (6)



 

Bénéficier de la “start-up nation” en niant l’identité d’Israël : E. Macron et B. Nétanyahou



 

Or c’est bien sur ce point fondamental, et rarement exprimé dans les relations internationales, que repose toute la nouveauté apportée par l’administration Trump, tellement décriée par les chancelleries et les médias de la vieille Europe. Donald Trump, digne représentant d’une Amérique qui n’a jamais oublié le récit biblique sur lequell elle est fondée, est le premier dirigeant à avoir donné à l’Etat juif son statut véritable de peuple spécial (Am Segoula), c’est-à-dire de peuple “par lequel sont bénies toutes les nations du monde”. A ce titre, Trump est déjà entré dans l’Histoire, comme un moderne Cyrus et comme un bienfaiteur d’Israël. Il est le premier dirigeant américain - et espérons-le, pas le dernier, dont  la politique envers Israël est guidée non par les éditoriaux du New York Times ou par les sondages, mais par la promesse plus actuelle que jamais, faite à Abraham à l’aube de l’histoire juive.

Pierre Lurçat

 

1. Voir le commentaire du Rav Manitou-Askénazi sur la parachat Toledot, Leçons sur la Torah, Albin Michel.

2. Propos rapportés par Odaya Krish-Hazony dans Makor Rishon, 20.11.2020.

3. Depuis les accords entre Israël et l’Egypte de 1978, et jusqu’aux accords d’Oslo de 1992, en passant par les accords avec la Jordanie. Tous ont instauré dans le meilleur des cas une paix froide, reposant sur le principe trompeur des “territoires contre la paix”. 

4. Je me permets de renvoyer sur ce sujet à mon livre Israël, le rêve inachevé, et à la présentation que j’en ai faite au micro de Richard Darmon, et dans un entretien avec le rav Uri Cherki.

5. Cité par Y. Hazony, L’État juif. Sionisme, post-sionisme et destins d’Israël, éditions de l’éclat 2007, page 113.

6. Sur le lien entre antisémitisme et diplomatie française, voir le livre classique de David Pryce-Jones, La diplomatie française et les Juifs.

 

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EN LIBRAIRIE - Jour de Sharav à Jérusalem

Longtemps épuisé, mon livre Jour de Sharav à Jérusalem est de nouveau disponible, en format Kindle et en format papier.

 

Le « sharav », c'est le vent du désert qui souffle parfois sur Jérusalem, ce qui donne son titre à l'une des nouvelles de cet agréable recueil. Né à Princeton aux États-Unis, l'auteur, qui a grandi en France, vit désormais à Jérusalem. Les textes, très courts mais finement ciselés, qu'il nous offre, se présentent comme autant d'hommages à la cité du roi David. (Jean-Pierre Allali, Crif.org)
 

Avec son livre si poétique, Pierre Itshak Lurçat nous offre toute une palette de couleurs d’émotions. Parfois, c’est la musique que l’on entend presque, tant sa présence revient comme une nostalgie lancinante de ses années de jeunesse, mais aussi comme la résonance de son intégration en Israël. (Julia Ser)
 

Lurçat n’est pas un portraitiste phraseur. C’est l’amour du peuple juif qui le porte et il est contagieux. La Ville Sainte qui le fascine abrite ses émotions et offre un écrin à ces histoires. « A Jérusalem, qu’on le veuille ou non, on est porté vers le haut » confie Lurçat. La photo en couverture du livre prend alors tout son sens. Ces destins qui traversent ces pages sont comme les cordes de cette harpe, tendus vers le ciel, qui vibrent en harmonie, traversés par un impératif d’élévation. (Katie Kriegel, Jerusalem Post)

Lisez ce livre, et relisez-le. Il mérite de prendre place à côté des meilleurs écrits de la littérature franco-isréalienne ou israélo-française… Le vibrato de ce livre tient aussi à cette structure particulière où chaque abacule vit sa vie pour mieux participer à la composition. Il est beau ce petit livre, entre Paris et Jérusalem, entre passé et présent, entre ici et là-bas. Comment ne pas y être sensible ? (Olivier Ypsilantis)

 

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November 10 2020, 07:52am

Posted by Pierre Lurçat

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