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Hommage à Ivry Gitlis, par Judith Assouly

December 25 2020, 09:21am

Posted by Judith Assouly

 

Hommage à Ivry Gitlis, par Judith Assouly

 

 

Musicien de génie, homme exceptionnel, d’un humour et d’une originalité incroyables, racontant des histoires sans fin, jouant avec les mots, toujours étonné par la vie, la musique... J’ai eu la chance de le rencontrer en 1985 à Lunéville où il était venu donner un concert pour le bicentenaire de la synagogue…Puis à plusieurs occasions, chacune représentant un moment précieux. 

 

Ivry Gitlis est né à Haïfa le 25 août 1922 et a eu son premier violon à l’âge de 5 ans. Il dit lui-même qu’il est exilé…(1) Comme il le raconte dans cette interview, il s’appelait Itzhak (celui qui rira) et s’est donné le prénom d’Ivry pendant la guerre. Il voulait garder les mêmes initiales et avoir un nom hébreu, d’où Ivry. Dès son enfance, il a entendu et rencontré les plus grands artistes de l’époque. A étudié avec Jacques Thibaud, Georges Enesco. Il a bien connu Yehudi Menuhin. 

 

Remarqué et encouragé par Huberman (le fondateur de l’orchestre de Palestine), il a étudié en Europe, notamment à Paris dans les années 30, puis y est revenu peu de temps après la guerre, à Paris et à Londres, où il a joué avec l’orchestre philharmonique. Dans les années 1950, il se rend aux Etats-Unis. En 1963 il est le premier violoniste israélien à jouer en Union Soviétique. Gitlis est le premier musicien israélien qui a fait une carrière internationale. On le voit ici dans le premier concerto pour violon de Tchaikovsky  

Gitlis 76-E

Avec Martha Argerich, 1976

 

Grand ami et complice de la pianiste Martha Argerich,il se produit régulièrement avec elle. Il contribue aussi à rendre populaire la musique classique, notamment par ses passages à la télévision. Il a même joué avec Lennon et Keith Richards. Musicien au répertoire classique, on l’entend aussi dans la musique tzigane, ou dans le jazz. Israël a rendu hommage à Ivry Gitlis il y a deux ans. Israël a toujours été dans son cœur.

 

Si vous voulez mieux connaître la vie et la personnalité d’Ivry Gitlis, lisez L’âme et la corde paru en 2013.” Il faut jouer comme si c’était pour vous une question de vie ou de mort”,  écrivait-il. Que son souvenir soit bénédiction! 

Judith Assouly


(1) Dans une émission sur France- Culture, interrogé par Frédéric Taddei, Ivry Gitlis rappelle que le nom de “Palestine” a été donné par les Romains pour effacer celui de Judée…

Retrouvez l’émission que Judith Assouly et Pierre Lurçat lui ont consacrée sur Radio Qualita il y a un an, ici https://www.studioqualita.com/single-post/2019/09/13/culturasion-7-de-moshe-katz-%C3%A0-ivry-gitlis?fb_comment_id=1705593472859703_1716856001733450

 

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Comprendre la Loi fondamentale sur l’Etat-nation (II): la question de l’égalité des droits, par Pierre Lurçat, avocat

December 22 2020, 16:17pm

Posted by Pierre Lurçat

Comprendre la Loi fondamentale sur l’Etat-nation (II): la question de l’égalité des droits, par Pierre Lurçat, avocat

Alors que la Cour suprême, dans ce qui constitue la deuxième phase de la Révolution constitutionnelle entamée dans les années 1990 et sa transformation en premier pouvoir en Israël, prétend examiner la "légalité" de la Loi fondamentale sur Israël Etat-nation, il importe de bien comprendre la signification véritable de cette loi. Analyse.

 

Dans la première partie de cet article, nous avons vu que la Loi fondamentale sur l’Etat-nation s’inscrivait dans le droit fil des textes fondant la légitimité de l’Etat d’Israël selon le droit  international, et notamment de la Déclaration Balfour de 1917 et de la Résolution 181 des Nations Unies de 1947. Nous voudrions à présent nous attarder sur la question controversée de l’égalité et sur les arguments de ceux qui affirment que cette loi porte atteinte à l’égalité des citoyens non-juifs de l’Etat d’Israël.

 

Première affirmation : l’égalité des droits mentionnée dans la Déclaration d’Indépendance a été délibérément omise dans la Loi fondamentale, qui abolit ainsi la notion d’égalité.

 

Cette affirmation, entendue très souvent au cours des dernières semaines, exprime une incompréhension fondamentale du système juridique israélien et de la structure de l’édifice législatif, en Israël et dans les pays démocratiques en général. Elle repose en effet sur l’idée erronée qu’une nouvelle loi aurait automatiquement pour effet d’abroger les lois précédentes. Il n’en est pas du tout ainsi ! Non seulement la Loi fondamentale n’a pas pour effet d’abroger les lois antérieures - mais elle vient en réalité les compléter (1).

 

Pour analyser la place de la Loi fondamentale sur l’Etat-nation au sein de l’édifice juridique et constitutionnel israélien, je propose de recourir à l’image du puzzle. Chaque loi fondamentale vient en effet s’insérer dans un ensemble plus vaste dont elle constitue un élément. La complémentarité de chacun des éléments de ce puzzle tient à la fois à des raisons procédurales (le législateur israélien ayant décidé de recourir au système de l’élaboration d’une Constitution par étapes, en s’inspirant notamment du modèle allemand d’après 1949), et à des raisons de fond (2).

 

Sur le fond en effet, la Loi fondamentale sur l’Etat-nation vient s’insérer de manière logique dans l’édifice constitutionnel, aux côtés des deux éléments déjà édifiés depuis 1948. Le premier élément était celui des Lois fondamentales décrivant le fonctionnement des institutions (Knesset, Président de l’Etat, etc.). Le second était celui des droits de l’homme, qui sont énoncés dans les deux lois fondamentales de 1992. Le troisième élément, qui faisait défaut jusqu’alors, était celui du caractère juif de l’Etat, ou si l’on préfère de la “carte d’identité” de l’Etat d’Israël.

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La carte d'identité de l'Etat (photo : la Knesset)

 

 

Dernier point, qu’il n’est pas inutile de rappeler : la Déclaration d’Indépendance affirme certes que tous les citoyens d’Israël bénéficient de droits égaux, sans distinction d’origine. Mais elle mentionne également le droit au Retour, qu’elle réserve exclusivement aux Juifs et à leurs descendants, ce qui montre bien qu’elle n’est pas motivée uniquement par un souci d’égalité.

 

Deuxième affirmation : la Loi fondamentale sur l’Etat-nation vient consacrer une inégalité de fait entre citoyens juifs et non juifs.

 

Cette affirmation procède là encore d’une vision erronée de la réalité, tant politique que juridique, de l’Etat d’Israël. En réalité, il n’existe pas d’inégalité, de jure ou de facto, entre les citoyens de l’Etat d’Israël. Ceux-ci bénéficient en effet des mêmes droits politiques et sociaux, quelle que soit leur appartenance religieuse ou ethnique, conformément aux termes de la Déclaration d’Indépendance de 1948. Ceux qui dénoncent une prétendue inégalité contestent en réalité la nature même de l’Etat d’Israël en tant qu’Etat-nation du peuple juif, comme on l’a bien vu lors de la manifestation organisée samedi dernier à Tel-Aviv, au cours de laquelle les manifestants arabes israéliens ont brandi des drapeaux palestiniens !


 


Manifestation contre la Loi sur l’Etat nation à Tel-Aviv

 

Pour illustrer l’inanité de cette affirmation, prenons l’exemple le plus marquant, celui de la langue. Selon les opposants à la Loi fondamentale, celle-ci aurait rabaissé le statut de l’arabe, auparavant langue officielle à égalité avec l’hébreu, pour en faire une langue de second rang. Cette affirmation contient plusieurs contre-vérités. Tout d’abord, l’arabe n’a jamais été la langue officielle de l’Etat d’Israël. Il a en réalité bénéficié d’un statut de langue officielle avant 1948, pendant la période du Mandat britannique, mais ce statut a été abrogé de facto quand l'Etat d’Israël naissant a choisi l’hébreu comme langue officielle. Israël n’est pas, et n’a jamais été depuis 1948 un Etat binational, ou un Etat pratiquant le bilinguisme, contrairement à d’autres Etats.

 

Le statut spécial dont bénéficie la langue arabe en Israël est à la fois l’héritage de la période mandataire et la conséquence de l’interventionnisme de la Cour suprême en faveur des minorités arabes en Israël. Ainsi, un arrêt de 1999 a obligé les municipalités des villes abritant une minorité arabe à utiliser cette langue sur tous les panneaux de circulation dans leur ressort juridictionnel (Bagats 4112/99). La Loi fondamentale ne remet pas en cause le statut spécial acquis par la langue arabe au sein de l’Etat d’Israël : celui-ci est en effet confirmé à l’article 4 (b) et (c) - ce dernier précisant que la Loi ne porte atteinte à aucun droit acquis avant son entrée en vigueur.

 

En réalité, comme l’explique le professeur Martin Sherman, ceux qui s’opposent à la loi au nom de l’égalité des droits confondent deux catégories de droits bien différentes. D’une part, les droits civiques et libertés publiques, qui sont garantis en Israël à tous les citoyens sans distinction d’origine ethnique ou religieuse, depuis la Déclaration d’Indépendance et sous le contrôle tatillon de la Cour suprême, championne de l’égalité. D’autre part, les droits nationaux revendiqués à titre collectif, qui sont réservés au seul peuple Juif, au nom de son droit à l’autodétermination. Sur ce dernier point, aucun compromis n’est possible, sauf à transformer Israël en Etat binational.

Pierre Lurçat

 

(1) Cela est d’autant plus vrai, s’agissant d’une Loi fondamentale, c’est-à-dire d’une loi ayant une valeur supérieure aux lois “normales”, et selon certains avis quasi-constitutionnelle. Si on accepte l’hypothèse (soutenue par une partie des auteurs et juristes israéliens) que les Lois fondamentales sont des éléments de la Constitution en voie de création de l’Etat d’Israël, on comprend d’autant mieux comment la Loi fondamentale sur l’Etat-nation vient compléter les Lois fondamentales précédentes, et notamment la Loi sur la liberté et la dignité humaine de 1992

(2) Sur les notions de Loi fondamentale et de Constitution par étapes, je renvoie au chapitre 13 de mon livre La trahison des clercs d’Israël, La Maison d’édition 2016.

Mon intervention au récent colloque organisé par Dialogia, “Où va la démocratie ?” est en ligne sur Akadem, https://akadem.org/conferences/colloque/politique/dialogia-democratie/dialogia-ou-va-la-democratie-/45247.php.

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Soirées Internationales Schibboleth FIGURES DU MAL Paris-Tel Aviv en visioconférence - Séquence II - dimanche 20 Décembre 2020

December 16 2020, 13:28pm

Posted by Schibboleth

Dimanche 20 décembre 2020

18:30-20:00
Session 13 — L’antisémitisme au miroir de BDS. « Banalité du mal » et figures de la bonne conscience

  • avec
  • Maurice IFERGAN (journaliste)
  • Joel KOTEK (historien) : L'antisémitisme au miroir de BDS
  • Pierre LURÇAT (essayiste) : Banalité ou radicalité du mal ?
  • Hannah Arendt à Jerusalem
  • Yves MAMOU (journaliste) : Le lent cheminement de la bonne
  • conscience européenne
20h-21h30
Session 14 — Les secrets de Monsieur Chouchani (Michaël GRYNSZPAN)

Projection et conférence-débat autour du film éponyme de Michaël GRYNSZPAN
  • avec 

  • Antoine MERCIER (journaliste, réalisateur, écrivain)
  • Michaël GRYNSZPAN (réalisateur, journaliste, documentariste)
 

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Partenaires
   Fondation Adelis Akadem  

    In Press     Fondation France Israel    Akadem

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Hannoukah, histoire sainte ou histoire profane? Le “Maoz Tsour” traditionnel et le “Shiv’hé Maoz” de Naomi Shemer

December 12 2020, 18:19pm

Posted by Pierre Lurçat

Dans une belle émission diffusée sur Galei Tsahal il y a deux ans, Ofer Gabish relatait l’anecdote suivante, au micro de Shimon Parnass. L’histoire se passe en décembre 1969, pendant Hannoukah, il y a tout juste 51 ans. Nous sommes en pleine guerre d’usure - guerre difficile et injustement oubliée, qui s’est déroulée le long du canal de Suez entre la guerre des Six Jours et la guerre de Kippour. Naomi Shemer avait été invitée à visiter les fortins de Tsahal dans le Sinaï pour y rencontrer les soldats, selon une belle tradition qui veut que les meilleurs chanteurs israéliens viennent réjouir et renforcer le moral des soldats, jusque sur les lignes de front.

 

Naomi Shemer se rendit donc sur le canal de Suez - qui tenait lieu de frontière israélo-égyptienne entre la fin de la guerre des Six Jours et le retrait israélien en 1980. Elle visita les fortins les plus avancés et entendit les soldats raconter les bombardements. Ils lui racontèrent aussi comment ils avaient fabriqué une immense Hannoukiah, faite de morceaux d’obus, érigée juste en face du canal. Chaque soir, ils allumaient d’immenses flammes - visibles par les soldats égyptiens sur l’autre rive - et entonnaient en choeur le chant traditionnel “Maoz Tsur”. C’est alors que la chanteuse eut l’idée, simple mais géniale, de modifier le premier vers de Maoz Tsur, en transformant sa signification. 
 

Naomi Shemer en visite sur le canal de Suez, 1969 (photo : Archives de Tsahal)

 

Le “Rocher puissant de ma délivrance” devint ainsi le “Fortin, rocher de ma délivrance”: conformément à l’esprit de laïcisation inhérent à l’hébreu moderne, ce n’est plus le “Rocher d’Israël” (appellation traditionnelle de Dieu, qui figure aussi dans la Déclaration d’Indépendance d’Israël), mais le Fortin (maoz), qui est donc la source de notre délivrance. Le chant de louange à Dieu qui nous apportera la Délivrance finale devient ainsi, sous la plume de Naomi Shemer, un chant militaire en l’honneur des fortins du Canal de Suez et de leurs vaillants défenseurs. 

 

On pourrait certes voir là un énième épisode de la guerre culturelle - qui remonte aux débuts du sionisme politique et encore avant - entre deux visions radicalement opposées de l’histoire juive: la première, Histoire sainte dans laquelle les hommes ne sont que les instruments du projet divin, tandis que le héros véritable est, selon l’expression de la michna de Avot, “Celui qui maîtrise son penchant”. La seconde, histoire purement humaine dans laquelle Dieu n’a aucune part et où les guerres, à l’époque des Maccabim comme aujourd’hui, sont remportées uniquement par l’héroïsme des soldats. Mais une telle vision ferait insulte à la fois à la riche personnalité de Naomi Shemer, et à la réalité complexe de l’histoire d’Israël.



 

Soldats de Tsahal allumant les bougies de Hannouka

Car en réalité, la chanson “Shivhé Maoz” de Naomi Shemer n’est pas simplement un chant militaire (qui a été notamment interprété par la Lahakat Pikoud Darom) et un hymne au courage des soldats de Tsahal. Elle est aussi, comme l’a démontré Ofer Gabish, pétrie de citations des prophètes Isaïe, Jérémie et d’autres livres de la Bible (Shmuel et les Juges). Dans les chansons de Naomi Shemer en général, comme dans celles d’autres artistes de sa génération, la réinterprétation de motifs traditionnels n’est pas tant motivée par la volonté d’effacer le Nom de Dieu, que par celle de montrer - par des allusions et des références constantes aux textes de la Tradition - qu’il est présent même lorsqu’il paraît ne pas l’être, selon la thématique traditionnelle du “Ester Panim”, du “voilement de la face de Dieu”.

 

Le débat ancien pour savoir si la victoire de Hannoukah a été rendue possible par l’héroïsme des Maccabim, ou par la Main providentielle de Dieu a pris un sens nouveau depuis 1948. La réponse à cette question ancienne est devenue plus évidente au cours des guerres modernes d’Israël : ce sont évidemment les deux ! Libre à chacun de préférer voir le bras de nos soldats, ou la “main tendue” du Rocher d’Israël. Le génie de Naomi Shemer est précisément de signifier, par petites touches allusives, ce que chaque Israélien comprend confusément. L’histoire récente d’Israël, qui s’écrit sous nos yeux, est une histoire humaine, pleine d’héroïsme et de bravoure, écrite par des hommes, mais aussi une Histoire sainte, celle d’un peuple spécial, Am Segoula dont le destin échappe aux lois de l’histoire humaine en général. Hag Ourim saméah!

 

Pierre Lurçat

 

Naomi Shemer (1930-2004)

 

שבחי מעוז / נעמי שמר

מָעוֹז צוּר יְשׁוּעָתִי, לְךָ נָאֶה לְשַׁבֵּחַ

הַרְחֵק־הַרְחֵק לְיַד בֵּיתִי, הַפַּרְדֵּסִים נָתְנוּ רֵיחַ

אָבוֹא בַּמִּנְהָרוֹת וּבַמְּצָדוֹת וּבַמְּעָרוֹת

וּבְנִקְרוֹת־צוּרִים וּבִמְחִלּוֹת־עָפָר

אֵי־שָׁם בְּלֵב הַלַּיְלָה, דָּרוּךְ וַחֲרִישִׁי

צוֹפֶה בִּי, מְבַקֵּשׁ נַפְשִׁי.

מעוֹז צוּר יְשׁוּעָתִי, מִבְצָר עִקֵּשׁ וְקִשֵּׁחַ

עֲצִי־שָׁקֵד לְיַד בֵּיתִי, עוֹמְדִים בְּלֹבֶן פּוֹרֵחַ

אָבוֹא בַּמִּנְהָרוֹת וּבַמְּצָדוֹת וּבַמְּעָרוֹת

וּבְנִקְרוֹת־צוּרִים וּבִמְחִלּוֹת־עָפָר

אֵי־שָׁם בְּלֵב הַלַּיְלָה, דָּרוּךְ וַחֲרִישִׁי

מַבִּיט בִּי מְבַקֵּשׁ־נַפְשִׁי.

מָעוֹז צוּר יְשׁוּעָתִי, בִּקְרַב אֵין קֵץ יְנַצֵּח

אֵלַי אַיֶּלֶת אֲחוֹתִי, חִיּוּךְ עָיֵף תְּשַׁלֵּחַ

אָבוֹא בַּמִּנְהָרוֹת וּבַמְּצָדוֹת וּבַמְּעָרוֹת

וּבְנִקְרוֹת־צוּרִים וּבִמְחִלּוֹת־עָפָר

אֵי־שָׁם בְּלֵב הַלַּיְלָה, דָּרוּךְ וַחֲרִישִׁי

אוֹרֵב לִי מְבַקֵּשׁ־נַפְשִׁי.

אֲבוֹי לוֹ מֵעֻקְצִי, וַאֲבוֹי לוֹ מִדִּבְשִׁי

אֲבוֹי לִמְבַקֵּשׁ־נַפְשִׁי.

 

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אריק איינשטיין וסוד התרבות הישראלית

December 10 2020, 10:37am

Posted by Pierre Lurçat

 

במהלך שהותי הראשונה בישראל בגיל 17, אחד התקליטים הראשונים שקניתי היה "יושב על הגדר" של אריק איינשטיין . באותה תקופה כמעט ולא הבנתי כלום ממילות שיריו, אבל הם עדיין דיברו אליי ומצאו בתוכי תהודה אינטימית (בדיוק כמו שידעתי שהמדינה הזאת היא שלי, הרבה לפני שהבנתי שאני ציוני). הזיכרון האישי הזה מבטא בעיניי את סוד החיבה שיש לי - ושיש לנו - לזמר שנפטר לפני 7 שנים: שיריו ביטאו, יחד עם כל כך הרבה שירים אחרים, ואולי אפילו יותר מהאחרים, את ההוויה הישראלית המובהקת. מה היה סודו, ומהו סוד ה"הוויה הישראלית "הזו?

 

כדי לענות על שאלה זו צריך להגדיר מה מהווה את ליבת התרבות הישראלית. איינשטיין, שנולד בתל אביב בשנת 1939, שייך ל"דור המדינה ", זה של הצברים שלא חוו את הגלות. אביו היה חבר בתיאטרון אהל, להקה בהשראה סוציאליסטית שהוקמה בשנת 1925 (אחת ההצלחות הגדולות שלה הייתה "החייל האמיץ  שוויק"). הקריירה המוזיקלית של אריק איינשטיין מרשימה: הדיסקוגרפיה שלו משתרעת מראשית שנות השישים ועד סוף שנות האלפיים, חצי מאה של יצירה והופעה מוזיקלית (מלבד קריירת המשחק שלו).

 

 

איינשטיין נחשב למייסד הרוק הישראלי (יחד עם שלום חנוך) וכמי שעבודתו קישרה בין שירים עבריים מתקופת המדינה למוזיקה ישראלית עכשווית. אבל להגיד ששיריו הם מהידועים והמושמעים יותר ברדיו - עד היום, וזה מדהים עבור אמן בדורו – לא מתאר את תרומתו של איינשטיין לחיי המוזיקה והתרבות בישראל, ולחיים הישראליים בכלל. כפי שכתב חמי שלו ב"הארץ ", אריק איינשטיין היה "הקול של ישראל", והוא גילם את "ישראל החדשה, הליברלית (במובן האמריקאי) והחילוני שפעם חשבנו שהיא ...". לא ניתן היה להגדיר טוב יותר את מה שהוא מייצג בעיני חלק גדול מהציבור הישראלי. האיש הדיסקרטי והצנוע הזה, שלא אהב לעלות לבמה ושנא את ההיבט המסחרי במקצוע האמן, אכן גילם פנים של ישראל שרבים מסתכלים עליהם עכשיו בנוסטלגיה ושמעוררים בהם תחושה כמעט רליגיוזית.

 

פרויקט התרבות הציוני והמוזיקה הישראלית

 

פנים אלה של ישראל קשורים לפרויקט התרבותי, שהוא ותיק כמו התנועה הציונית עצמה, והוליד כמה מהמשברים הפוליטיים החמורים ביותר בתולדות התנועה הציונית ושל מדינת ישראל מימי הרצל ועד היום. מדובר ביצירת תרבות ישראלית או עברית חילונית, המסוגלת להתחרות בתרבות היהודית הדתית או הקדושה .ניתן לומר, כדי לפשט את הדברים ולהשתמש בצורה של קיצור עיתונאי, כי ישראל שבכתה לפני 7 שנים את לכתו של אריק איינשטיין היא זו שלא בכתה בהלווייתו המונומנטלית של הרב עובדיה יוסף, כמה שבועות לפני כן. אבל המציאות מורכבת עוד יותר מכיוון ש"שתי ישראל" האלה חופפות זו את זו במידה מסוימת, אפילו במשפחתו של אריק איינשטיין - ששתי בנותיו הפכו לחרדיות על ידי נישואין לבניו של אורי זוהר, חברו הוותיק. ישראלים רבים חיים על הגבול בין השניים, "רגל פה רגל שם" (אם לצטט שיר של אריק איינשטיין).

 

לעתים קרובות אנו שומעים כי התרבות הישראלית החילונית נמצאת בדעיכה ויש הרבה דיבורים על החזרה לשורשים היהודיים, בעולם התרבות בכלל ובמוזיקה הישראלית העכשווית בפרט. אבל זה רק צד אחד של הסיפור. מכיוון שבמקביל לחזרה ליהדות, התרבות הישראלית החילונית חיה ומתפתחת. פרויקט התרבות הישראלי - הקמת תרבות חילונית המנותקת במידה רבה מהשורשים היהודיים - ודאי לא הצליח לחלוטין, כפי שמעידה החזרה לשורשים היהודים של חלק גדול מעולם התרבות ושל החברה הישראלית כולה, אבל גם לא נכשל לגמרי. נביא כהוכחה לכך את העובדה שהימים המשמעותיים ביותר בלוח השנה הישראלי הם שני תאריכים שהטקס וה"ליטורגיה" שלהם הם חילוניים ברובם: יום העצמאות ויום הזיכרון.

 

היום האחרון הזה, במיוחד, קשור עבור רוב עם ישראל בקשר בלתי נפרד לשירים המושמעים ברדיו לאורך היום, שרבים מהם נכתבו או בוצעו על ידי אריק איינשטיין. מנקודת מבט זו אנו יכולים לומר כי שיריו של איינשטיין שייכים לא רק לפולקלור הישראלי, אלא גם לטקס הכמעט קדוש של היום שהוא המאחד ביותר בכל השנה, יום הזיכרון לחיילים (וגם של ימים עצובים מסוימים כמו ימים של  פיגועים טרגיים במיוחד או רצח רבין). באופן כללי יותר, הם שייכים ללב החוויה של ישראלים רבים, אשר רואים בשירים אלה סוג של תפילה (מכיוון שעם ישראל, גם כאשר אינו שומר מצוות, נותר עם שמתפלל). הם מגדירים את מה שללא ספק יהווה יום אחד מרכיב מרכזי בהיסטוריה של ישראל המודרנית - היסטוריה קדושה וחולית כאחד - מעין "מגילת העצמאות" שנכתבת לנגד עינינו, בשמחה ובבכי.

פייר יצחק לורקט

 

 

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Comment la Cour suprême a pris le pouvoir en Israël : intervention au colloque Dialogia sur la démocratie

December 6 2020, 08:21am

J'ai le plaisir d'intervenir dans le colloque qui se tiendra demain soir (lundi) :

 

Où va la démocratie?


Dialogia a le plaisir de vous inviter
à sa prochaine conférence
le 07 décembre 2020

 

De 18.00 à 22.00 (heure d'Israël) sur internet,
via la plateforme ZOOM

INSCRIPTION ICI

https://us02web.zoom.us/webinar/register/WN_7_gVGFTrQkC_nI8I14Oylw

PROGRAMME DE LA CONFERENCE

18h00-18h15 : Introduction - Shmuel Trigano, Le grand renversement, Qu'est-ce qui a changé dans l'univers démocratique ?

18h15- 19h15 : La politique des identités -

18h15-18h45 : Haïm Navon : Pourquoi la politique des identités estelle un danger pour l’identité * -

18h45-19h15 : Rachel Israël, « Malaise dans la Culture » : de l’essai de Freud à l’actualité sociétale

19h15- 20h15 : L'homme et le citoyen -

19h15-19h45 : Gadi Taub, Politique d’immigration et montée du libéralisme anti-démocrate * -

19h45-20h15 : Shmuel Trigano, La figure de l'"homme": des deux Déclarations universelles à nos jours

20h15- 21h45 : Etat des lieux israéliens -

20h15-20h45 : Pierre Lurçat, Le pouvoir judiciaire contre le peuple : Comment la Cour suprême est devenue le premier pouvoir en Israël -

20h45-21h15 : Mordekhai Nisan, La démocratie israélienne – idéologie, citoyenneté et guerre * -

21h15-21h45 : Ronen Shoval, Perspectives croisées : la tradition moderne et l'héritage politique du judaïsme *

21h45-22h00 : Débat et Conclusion

https://dialogia.co.il/wp-content/uploads/2020/11/Programme-confe%CC%81rence-FR-FINAL.pdf

La démocratie est couramment invoquée dans le débat public, souvent en vertu d'arguments contradictoires. Il n'est pas sûr que ceux qui la convoquent pour légitimer leur parti-pris en aient la même définition mais ce qui est sûr c'est que la démocratie telle qu'elle est vécue n'est plus ce qu'elle était il y a 50 ans. Si l'équilibre des pouvoirs lui-même est ébranlé par les nouvelles technologies, c'est surtout la société qui s'est éloignée du régime démocratique, censé la porter. Le domaine sociétal, le domaine des fondements, sont concernés, comme celui de la redéfinition de la famille, du sexe, de l'identité, du citoyen, du vivant, de la Terre, de la légitimité... Les droits du citoyen ont été relégués dans les marges au nom des droits de l'homme. Mais quel homme ? Est-on toujours en « démocratie » ? En son nom, ne nous dirigeons-nous pas vers sa fin, ou à tout le moins sa mutation inquiétante ? Et cette dérive ne nous dit rien d'une autre crise, cette fois-ci politique, qui frappe le régime démocratique lui-même et dans laquelle le peuple, le demos, se voit ravalé au "populisme" et la majorité parlementaire au "fascisme".

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