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politique

COMMUNIQUÉ - Parution du livre “Quelle Démocratie pour Israël ?”

April 4 2023, 13:24pm

Posted by Pierre Lurçat

COMMUNIQUÉ - Parution du livre “Quelle Démocratie pour Israël ?”

J'ai présenté mon livre dans le cadre d'une conférence donnée par Raison Garder

La violente polémique et les manifestations publiques incessantes suscitées depuis quelques mois en Israël par le projet de réforme judiciaire posent une question essentielle. Comment expliquer que des dizaines de milliers d’Israéliens manifestent en scandant « Démocratie ! », alors même que l’objectif affiché de la réforme judiciaire est précisément de renforcer la démocratie et l’équilibre des pouvoirs ? Il y a là, de toute évidence, deux conceptions opposées de la nature du régime démocratique.

Pour comprendre les enjeux de ce débat fondamental, il est nécessaire de revenir en arrière, aux débuts de la « Révolution constitutionnelle » menée par le juge Aharon Barak dans les années 1980 et 1990. C’est depuis lors que la Cour suprême s’est octroyée la compétence de dire le droit à la place du législateur, d’annuler les décisions du gouvernement et de l’administration, les nominations de fonctionnaires et de ministres et les décisions des commandants de l’armée, etc. Aucun domaine n’échappe plus à son contrôle omniprésent.

Dans son nouveau livre, Pierre Lurçat retrace l’histoire de cette Révolution passée inaperçue du grand public et explique les enjeux du projet de réforme actuel, en la replaçant dans son contexte historique. Il rappelle ainsi pourquoi Israël ne possède pas de Constitution et montre comment l’extension du domaine de la compétence de la Cour suprême a affaibli les pouvoirs exécutif et législatif, en la transformant de facto en premier pouvoir.

Replaçant la problématique israélienne dans un contexte plus vaste – celui de la montée en puissance d’un « gouvernement des juges » dans la plupart des pays occidentaux, il s’interroge également sur les causes profondes de l’engouement pour la notion d’un pouvoir des juges et du rejet concomitant de la démocratie représentative et du pouvoir politique en général.

Quelle démocratie pour Israël : Gouvernement du peuple ou gouvernement des juges? Editions L'éléphant 2023. Disponible sur Amazon et bientôt dans les librairies françaises d'Israël.

L’auteur

Né à Princeton, Pierre Lurçat a grandi à Paris et vit à Jérusalem. Il a publié plusieurs essais, parmi lesquels des Préceptes tirés de la sagesse juive (Presses du Chatelet), Israël, le rêve inachevé (éditions de Paris), et Les mythes fondateurs de l’antisionisme contemporain (éditions L’éléphant). Il a fondé en 2021 la Bibliothèque sioniste, qui vise à mettre à la portée du lectorat francophone les grands textes des fondateurs du mouvement sioniste et dirigeants de l’Etat d’Israël.

 

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L’enjeu essentiel de la réforme judiciaire : rétablir les droits de la majorité, Pierre Lurçat

February 26 2023, 08:28am

Posted by Pierre Lurçat

L’enjeu essentiel de la réforme judiciaire : rétablir les droits de la majorité, Pierre Lurçat

 

Au vu du pouvoir hégémonique sans précédent que la Cour suprême israélienne a acquis au cours des trois dernières décennies, il est difficile de faire revenir les choses en arrière, au statu quo ante. Les juges de la Cour suprême israélienne ont acquis un pouvoir auquel ils ne semblent pas prêts de renoncer. C’est pourquoi le changement ne peut pas venir de l’intérieur du système judiciaire. Il ne peut venir que de la Knesset et du gouvernement. La vox populi a montré son impuissance lors des grandes manifestations du public ultra-orthodoxe dans les années 1990, qui n’ont amené aucun changement, pas plus que les différentes initiatives venant d’autres milieux (comme le projet de Constitution par consensus de Ruth Gabizon et de Yaakov Madan).

 

Comme je l’écrivais en 2020, "pour rétablir les droits du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif, ce sont le gouvernement et la Knesset qui doivent eux-mêmes se faire l’instrument d’une contre-révolution démocratique. C’est ce qu’avait commencé à faire Ayelet Shaked lors de son mandat au ministère de la Justice. Il est indispensable qu’un grand parti politique adopte pour cheval de bataille le rétablissement de l’équilibre des pouvoirs et des prérogatives de la Knesset".

 

Ce qui est en jeu dans la réforme judiciaire actuelle en Israël est emblématique du débat politique dans de nombreux autres pays occidentaux, comme la France ou les USA. Ici comme là-bas, des “minorités tyranniques” ont réussi à imposer leurs vues, sur bien des sujets très divers, contre les conceptions majoritaires de leurs concitoyens. Sur des thèmes comme l’immigration ou l’identité nationale en France comme en Israël, mais aussi sur le droit de la famille, etc., ces minorités actives se sont servies du pouvoir judiciaire pour imposer leurs vues.

 

Ce n’est pas un hasard si la Cour suprême israélienne, autrefois considérée comme le fleuron de la démocratie israélienne, est aujourd’hui devenue une institution hyper politisée, qui a perdu son aura et sa réputation d’impartialité. Dans le sillage de la Révolution constitutionnelle, la Cour suprême israélienne est en fait devenue le principal obstacle au jeu des institutions démocratiques. En réalité, comme nous avons tenté de le montrer, le juge Aharon Barak, tout comme ses élèves et successeurs, est tout le contraire d’un démocrate.

 Le juge Aharon Barak contre la démocratie, Pierre Lurçat

 

En bon élève de Lénine, il a utilisé les institutions démocratiques et le langage du droit pour asseoir son pouvoir. En Israël comme ailleurs dans le monde occidental, les deux pouvoirs qui se sont érigés en “maîtres du jeu” démocratique sont précisément les deux pouvoirs non élus, qui ne rendent de compte à personne : le pouvoir judiciaire (expression dont nous avons montré le caractère problématique) et le pouvoir médiatique.

 

En vidant de son sens la notion d’État juif et démocratique, la Cour suprême israélienne, depuis Aharon Barak, a porté atteinte au fragile équilibre sur lequel repose la société israélienne, constituée de secteurs multiples, porteurs de valeurs diverses et souvent contradictoires. Il importe aujourd’hui de rétablir cet équilibre, en restaurant un indispensable consensus national et en renforçant le caractère juif de l’État. Contrairement aux conceptions radicales d'Aharon Barak, le caractère juif de l’État ne menace pas la démocratie israélienne, il en est le ciment. C’est le vide engendré par le rejet du projet de droit israélien fondé sur les sources hébraïques qui a ouvert la voie à la situation actuelle.

 

Le but du sionisme politique a en effet toujours été de créer un État juif (avec certes des divergences quant au contenu de cette notion). Le caractère démocratique de cet État allait de soi, mais n’a jamais été un objectif en soi. Paradoxalement, c’est l’atteinte au caractère juif de l’État qui a affaibli de manière dangereuse le jeu démocratique des institutions, en imposant au peuple israélien des valeurs étrangères. Réaffirmer le caractère juif de l’État permettra de préserver la démocratie israélienne. La contre-révolution constitutionnelle a commencé, mais est loin d’être achevée. L’enjeu, en Israël comme ailleurs, dépasse de loin le seul problème institutionnel et politique. Il s’agit aussi et surtout de préserver l’idéal démocratique et de rendre au peuple le droit de choisir son destin.

Pierre Lurçat

(Extrait adapté de mon article “Comment la Cour suprême est devenue le premier pouvoir en Israël, revue Pardès no. 67 2021)



________________________________________________________________

LES ENJEUX DE LA RÉFORME JUDICIAIRE EN ISRAËL 

 

Pour connaître les enjeux de la réforme judiciaire actuelle, il est indispensable de connaître son contexte historique et notamment celui de la « révolution constitutionnelle » menée par le Président de la Cour Suprême Aharon Barak dans les années 1990.

Pierre Lurçat, juriste, écrivain et essayiste, expliquera au cours d’une conférence la situation actuelle au regard de l’histoire du droit israélien et de celle de la Cour Suprême, le mardi 28 février à 19:00 dans les locaux de la Wizo

35, rue King Georges

Tel Aviv

PAF : 30 shekels. 

(Sans réservation)

 Venez nombreux poser vos questions

 

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Le déclin de l'idée de démocratie en Israël et dans le monde actuel, Pierre Lurçat

February 14 2023, 16:36pm

Posted by Pierre Lurçat

Le déclin de l'idée de démocratie en Israël et dans le monde actuel, Pierre Lurçat

 

La vague de protestations à laquelle nous assistons actuellement en Israël s'explique à première vue par des causes politiques immédiates, comme par exemple le refus de l'actuelle opposition d'admettre sa défaite, la mobilisation des grands médias contre le nouveau gouvernement, ou encore le sentiment des représentants de ce que plusieurs commentateurs qualifient de « Deep State » de voir leur pouvoir s'effondrer. Mais au-delà de ces raisons diverses, il existe sans doute aussi d'autres causes plus profondes et moins circonstancielles, qui expriment un désaveu grandissant à l'égard de l'idée même de la démocratie, et qui concernent à la fois Israël et d'autres démocraties occidentales.

 

Ce sont ces dernières que nous voudrions analyser ici. Avant de tenter d'expliquer les causes de ce désaveu, il convient de rappeler ce que signifie le régime démocratique. Il est, comme le rappelle Pierre Manent, un régime « où tous les pouvoirs puisent leur légitimité dans le peuple » et où « tous les pouvoirs sont exercés par le peuple ou ses représentants »[1]. Il est aussi une « organisation des séparations », et en particulier de la séparation entre représentants et les représentés, c'est à dire entre la société civile et les institutions gouvernementales, et entre les pouvoirs.

 

La légitimité du peuple contestée

 

Si l'on considère les trois éléments de cette définition, on constate que le désaveu actuel de la démocratie porte sur chacun d'entre eux. La légitimité populaire, tout d'abord, est largement contestée depuis plusieurs années à travers la critique de l'idée même de la Vox Populi et de la capacité du peuple à choisir ses représentants. Que nous disent en effet les manifestations auxquelles on assiste en Israël, depuis le lendemain même de la formation du nouveau gouvernement, sinon que le pouvoir démocratiquement élu n'est pas légitime ? L'argument n'est pas nouveau et on l'a entendu à plusieurs reprises, ailleurs qu'en Israël, ces dernières années.

 

De nouveaux concepts sont même apparus dans le lexique politique pour exprimer la défiance envers la notion même de pouvoir du peuple, comme celui de « peuplocratie »... Ce que nous disent, grosso modo, toutes ces critiques, c’est qu’il n’y a pas de véritable démocratie en dehors de la « démocratie libérale » (le concept de « démocratie illibérale » a ainsi été forgé et récemment appliqué à Israël)[2]. Ce faisant, ces critiques opèrent une confusion dangereuse entre le régime démocratique et la politique de ses gouvernants, en disqualifiant tout gouvernement conservateur ou de droite, qualifié de « non démocratique ».

 

Quant au concept ancien de populisme, qui désignait jadis une forme de démagogie dans l'exercice du pouvoir, il est de plus en plus souvent employé pour dénigrer des partis politiques entiers, dont l'existence même serait un danger pour la démocratie. Il conviendrait donc de restreindre la participation aux élections aux seuls partis qui répondent à certains critères liés au contenu même de leurs programmes électoral et pas seulement au respect des règles formelles du jeu démocratique…

 

La Révolution constitutionnelle contre la séparation des pouvoirs

 

            Le second élément constitutif du régime démocratique, selon Pierre Manent, est celui de la séparation, qui dépasse la seule « séparation des pouvoirs ». La démocratie, explique-t-il en effet, repose sur l’organisation des séparations. Manent cite de manière éclairante plusieurs théoriciens de la démocratie à l’ère moderne, comme le philosophe écossais Adam Ferguson, qui décrivait le dix-huitième siècle comme « this age of separations », cette « époque où tout est séparé »[3]. De son côté, l’abbé Sieyès considère la représentation politique comme l’application du principe de division du travail.

 

            C’est précisément, explique encore P. Manent, par ce principe de séparation que la démocratie moderne se sépare des démocraties antiques, grecque ou romaine. Le principe de séparation n’est pas seulement une donnée acquise du régime démocratique : il est aussi une prescription. Il convient de préserver la séparation des pouvoirs pour garantir le bon fonctionnement de la démocratie.

 

            A cet égard, la situation engendrée en Israël depuis les années 1990 par la Révolution constitutionnelle initiée par le juge Aharon Barak, alors président de la Cour suprême, a marqué une atteinte considérable à la séparation des pouvoirs et, ce faisant, au fonctionnement de la démocratie israélienne. En concentrant entre les mains des juges de la Cour suprême des pouvoirs considérables - qui ne leur avaient jamais été conférés par la loi – le juge Barak a porté atteinte au fragile équilibre des pouvoirs et aux fondements du régime démocratique. C’est cette atteinte grave que la réforme actuelle s’efforce de réparer. (à suivre…)

 

Pierre Lurçat

 

 

[1] Pierre Manent, Cours familier de philosophie politique, Fayard 2001, p. 23 s.

[2] Le rav Oury Cherki a récemment relevé cette confusion entre démocratie et “démocratie libérale” dans un article passionnant de la dernière livraison de la revue Pardès, “Etat-nation ou “Etat des citoyens”.

[3] Adam Ferguson, Essai sur l’histoire de la société civile [1767], trad. M. Bergier, Paris, PUF 1992, cité par P. Manent, op. cit. p. 26.

Aharon Barak

Aharon Barak

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Qui met en péril la démocratie en Israël ?

January 25 2023, 07:41am

Posted by Pierre Lurçat

 Qui met en péril la démocratie en Israël ?

J'évoquais hier matin la situation politique en Israël au micro de Richard Darmon sur Studio Qualita

Qui met en péril la démocratie en Israël ? - IMO#198 (studioqualita.com)

 

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En marge de l’invalidation d’Arié Deri : Les juges de la Cour suprême : une minorité radicale et coupée du peuple

January 18 2023, 17:13pm

Posted by Pierre Lurçat

Esther Hayot

Esther Hayot

 

En marge de la décision très attendue (et prévisible) de la Cour suprême, qui prétend interdire au ministre Arié Deri d’exercer ses fonctions, il importe de comprendre comment cette institution – jadis considérée comme le fleuron de la démocratie israélienne – est devenue l’organe hyper-politisé qu’elle est aujourd’hui. L’attitude de son actuelle présidente, qui a renoncé ces derniers jours à tout semblant de « réserve » pour s’immiscer dans le débat politique, s’explique par le changement d’attitude de la Cour, depuis la « Révolution constitutionnelle » décrétée par son ancien président, Aharon Barak.

1- Sous la houlette du juge Barak, la Cour suprême israélienne est devenue l’instrument de la poursuite de la domination des anciennes élites (celles d’avant le changement de pouvoir de 1977), comme l’explique le professeur Menahem Mautner dans un ouvrage éclairant[1]. Alors que certains dirigeants du Likoud étaient favorables, avant 1977, à l’adoption d’une Constitution qui servirait de rempart contre l’hégémonie du pouvoir travailliste, dans les faits, la Cour suprême israélienne est ainsi devenue l’instrument de la poursuite de cette hégémonie.

En réalité, la Cour suprême israélienne est devenue non seulement l’instrument des anciennes élites (incarnées par le Parti travailliste et le mouvement kibboutzique) mais aussi et surtout, celui des élites post-sionistes, qui étaient hostiles à la fois à la droite religieuse et aussi aux partisans de l’ancien consensus sioniste de gauche. Ce n’est pas un hasard si la Révolution constitutionnelle a largement coïncidé avec la « révolution culturelle » concomitante aux accords d’Oslo, au début des années 1990[2].

Ce que ces deux événements majeurs ont signifié, dans l’Israël de la fin du 20e siècle, en proie à la montée de l’individualisme et à la fin des idéologies et du sionisme socialiste, était avant tout la montée en puissance des idées post-sionistes et la tentative d’imposer par le pouvoir judiciaire et par des accords politiques arrachés à une majorité très courte leurs conceptions radicales.

 

2 - Qui représente la Cour suprême israélienne ? Du point de vue sociologique, les juges de la Cour suprême israélienne représentent une minorité radicale et coupée du peuple (la « cellule du parti Meretz qui siège à la Cour suprême israélienne » selon l’expression d’un commentateur israélien). Significativement, la tentative d’introduire un semblant de diversité dans les opinions représentées à la Cour suprême n’a pas remis en cause l’hégémonie des Juifs ashkénazes laïcs de gauche.

Aharon Barak a ainsi créé l’expression de « Test Bouzaglou », dans laquelle Bouzaglou désigne l’homo qualunque israélien. Il s’est défendu dans un livre d’avoir ce faisant voulu stigmatiser les Juifs orientaux, mais il n’en demeure pas moins que le nom de Bouzaglou n’a pas été choisi au hasard. Dans la vision du monde d’A. Barak (comme dans celle d’Hannah Arendt au moment du procès Eichmann) il existe une hiérarchie bien définie dans la société juive israélienne. L’élite est toujours celle des Juifs allemands.

3 - Un autre élément d’explication important est le processus par lequel la Cour suprême israélienne est devenue l’instrument des minorités actives et de gouvernements étrangers qui les soutiennent et les financent. Des gouvernements étrangers se sont ainsi immiscés dans le débat politique israélien en utilisant la Cour suprême israélienne comme un véritable cheval de Troie, par le biais de multiples ONG à financement étranger, comme en attestent les innombrables pétitions de « justiciables palestiniens » manipulés par Chalom Archav, Breaking the silence, etc.

Des valeurs étrangères au peuple d’Israël

Ruth Gabizon[3] avait affirmé que : « La Cour suprême devrait élaborer et renforcer les valeurs qui sont partagées par la société qu’elle sert, valeurs reflétées par les lois de cette société - et non telles qu’envisagées par les juges à titre personnel ou en tant que représentants de valeurs sectorielles... » La réflexion de Gabizon appelle deux remarques. Tout d’abord, peut-on encore affirmer aujourd’hui que la Cour suprême israélienne sert la société ou qu’elle est au service de la société ? En réalité, pour que la Cour suprême soit au service de la société israélienne et de ses valeurs, encore faudrait-il que les juges qui siègent à Jérusalem connaissent les valeurs de la société dans laquelle ils vivent et qu’ils les respectent un tant soit peu… Est-ce le cas aujourd’hui ?

A de nombreux égards, la Cour suprême israélienne représente et défend aujourd’hui des valeurs étrangères au peuple d’Israël : celles de l’assimilation, du post-sionisme et du post-modernisme, etc. Elle s’attaque régulièrement dans ses décisions non seulement aux droits des Juifs sur la Terre d’Israël, mais aussi au mode de vie juif traditionnel et aux valeurs de la famille juive. On peut affirmer, au vu des arrêts de la Cour suprême israélienne depuis 30 ans, qu’elle incarne le visage moderne des Juifs héllénisants de l’époque des Maccabim. Il y a évidemment des exceptions. rappelons le cas du juge Edmond Lévy, qui rédigea l’opinion minoritaire lors de l’expulsion des habitants Juifs du Goush Katif.

Pierre Lurçat

 

(Extrait de mon article “Comment la Cour suprême est devenue le premier pouvoir en Israël”, paru dans la revue Pardès, no. 67, 2021)

 

 

[1] Le déclin du formalisme et l’essor des valeurs dans le droit israélien (anglais), Oxford University Press 1993. Du même auteur, voir aussi Law and the Culture of Israel, Oxford University Press 2011.

[2] Sur la “Révolution culturelle” des accords d’Oslo, voir Y. Hazoni, L’Etat juif, sionisme, post-sionisme et destin d’Israël, éd. de l’éclat 2002.

[3] Professeur de droit pressentie pour siéger à la Cour suprême israélienne et écartée par Aharon Barak, récemment décédée.

En marge de l’invalidation d’Arié Deri : Les juges de la Cour suprême : une minorité radicale et coupée du peuple

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« Sauver la démocratie » ou rétablir le pouvoir souverain du peuple ? Trois réflexions sur la réforme judiciaire, Pierre Lurçat

January 15 2023, 15:56pm

Posted by Pierre Lurçat

(photo credit: TOMER NEUBERG/FLASH90)

(photo credit: TOMER NEUBERG/FLASH90)

 

1.

Sujet politique brûlant, la réforme judiciaire est également un dossier complexe, qu’on ne peut comprendre sans avoir quelques notions essentielles sur l’histoire juridique d’Israël et plus précisément sur son « histoire constitutionnelle »[1]. Dans le débat politique actuel, c’est souvent, hélas, la démagogie qui triomphe, au détriment du débat véritable.  Le plus grand mensonge des adversaires de la réforme judiciaire en Israël consiste ainsi à prétendre que celle-ci va « supprimer la Cour suprême », « abolir l’Etat de droit » ou « instaurer une dictature du peuple », toutes sortes d’expressions (liste partielle) qui voudraient faire croire que la réforme (qualifiée de « révolution », de « coup d’Etat » ou de « changement de régime ») a des objectifs politicides et destructeurs.

 

En réalité, la réforme menée par Yariv Levin – lequel en a élaboré les principes il y a plus de dix ans (je renvoie à l’interview qu’il m’avait accordée en janvier 2012 pour Israël Magazine) – vise principalement à rééquilibrer le système judiciaire israélien et à rétablir la séparation des pouvoirs en Israël. Elle a également pour objectif de restaurer la confiance du public dans l’institution qui fut jadis considérée comme le fleuron de la démocratie israélienne, la Cour suprême, et qui est devenue aujourd’hui une institution ultra-politisée et a perdu la confiance d’une large partie du public, en raison de l’hybris du juge Aharon Barak.

 

2.

 

Ceux qui prétendent « sauver la démocratie » contre le peuple attestent de la dévaluation significative des notions de majorité, de « vox populi » et de l’idée même de démocratie parlementaire, à laquelle nous assistons depuis plusieurs décennies en Israël et ailleurs en Occident. Il y a là un phénomène inquiétant pour l’avenir de la démocratie, qui est en réalité mise en péril par ceux-là même qui prétendent la « sauver ».

 

Comme me l’expliquait récemment Pierre-André Taguieff, auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet, « l'antidémocratisme contemporain est un effet du consensus antipopuliste, qui lui-même est inséparable d'un antinationalisme amalgamant et diabolisant État-nation, sentiment national, identité nationale, etc., et racisme. C'est ce que j'ai appelé naguère (début des années 1990, l'antinationisme »[2].

 

3.

 

Un des arguments souvent entendus ces dernières semaines consiste à poser la question de savoir ce qui se passera, si le gouvernement israélien vote demain une loi qui porte atteinte aux droits élémentaires d’une catégorie de citoyens ? Le « subtexte » de cette question importante étant que toute réforme qui « rogne » les ailes de la Cour suprême risque de se retourner contre les droits fondamentaux des citoyens ou d’une partie d’entre eux… La question est importante et mérite réflexion. Mais la réponse nous a en fait déjà été donnée dans l’histoire récente d’Israël.

 

En effet, quand un gouvernement démocratiquement élu a voté une loi pour expulser de leurs maisons des citoyens innocents et les priver de leurs biens légalement acquis, qu’a fait la Cour suprême ? Elle a entériné l’injustice flagrante à la quasi-unanimité (à la seule exception du juge Edmond Levy, dont la voix minoritaire sauva l’honneur de l’institution dont il faisait partie). C’était en 2006. Les citoyens en question étaient les habitants du Goush Katif.

 

Cet exemple qui mérite d’être gravé dans les livres d’histoire judiciaire d’Israël montre que le « pouvoir des juges » ne permet en rien de protéger la démocratie et les droits fondamentaux contre l’excès du pouvoir. En réalité, la probabilité que 11 juges se trompent est bien plus élevée que celle qu’un peuple tout entier vote – par le biais de ses représentants – des lois iniques. Ce qui ne veut pas dire que le peuple est incapable de se tromper, mais plus simplement que la démocratie est « le pire des régimes, à l’exception de tous les autres ». La remplacer par un « gouvernement des juges » comme l’a fait Aharon Barak ne résout aucun problème. L’enjeu actuel, comme l’explique de manière convaincante Caroline Glick, n’est pas de « sauver la démocratie » contre la réforme judiciaire, mais bien de rétablir la démocratie contre le gouvernement des juges.

Pierre Lurçat

 

[1] Je renvoie à mon long article sur ce sujet, « Comment la Cour suprême est devenue le premier pouvoir en Israël », Pardès mars 2021.

[2] Communication personnelle de l’auteur, 14.1.2023.

La synagogue de Névé Dekalim, détruite après le retrait de Gaza

La synagogue de Névé Dekalim, détruite après le retrait de Gaza

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Le pistolet d'Ayala Ben Gvir et le retour du « principe de réalité »

November 20 2022, 11:37am

Posted by Pierre Lurçat

Le pistolet d'Ayala Ben Gvir et le retour du « principe de réalité »

Le pistolet d'Ayala Ben Gvir et le retour du « principe de réalité »

 

La photo a fait la « Une » des médias israéliens. On y voit Sarah Netanyahou entourée des femmes des dirigeants des partis de la nouvelle coalition qui vient de remporter les élections. Seul un œil averti peut distinguer, sur les vêtements d'Ayala Ben Gvir, un objet sombre qui se confond avec la couleur de son manteau. Cet objet et les réactions qu'il a suscitées la semaine écoulée en Israël nous en disent plus long que mille mots sur l'état actuel du débat public, et sur celui de la gauche en Israël.

 

« Quand le sage montre la lune, le sot regarde le doigt ». En l’occurrence, le pistolet n’est que le doigt, tandis que la réalité de la situation sécuritaire sur les routes et dans les villes et villages d’Israël est la « lune ». Effectivement, les “sots” se sont empressés de gloser sur le pistolet d’Ayala Ben Gvir, se moquant à la fois de son apparence et de ses choix vestimentaires, tout en ironisant sur le fait qu’elle arborait une arme… Face à la vague de commentaires hostiles et moqueurs des médias “mainstream” (de gauche), Ayala Ben Gvir a tweeté simplement : « J’habite à Hébron, j’ai six enfants, je circule sur les routes dangereuses et mon mari est l’homme le plus menacé d’Israël. Et oui, j’ai un pistolet ».

 

Outre le double standard évident qu’ont révélé ces commentaires – féministes dans le discours mais dont l’empathie pour les femmes s’arrête à la « Ligne verte » et n’inclut pas les femmes figurant sur la photo en question – ils ont aussi révélé le monde fantasmagorique dans lequel vit une grande partie de la gauche israélienne, ou plus exactement de ce qu’il en reste, depuis trente ans. Depuis le jour funeste où Itshak Rabin a serré à contre-cœur la main de l’archi-terroriste Yasser Arafat – transformé pour l’occasion en « homme de paix » – et où la gauche a adopté le narratif post-sioniste, elle vit dans un monde qui a peu à voir avec la réalité du Moyen-Orient.

 

Dans ce monde fantasmagorique, la gauche israélienne s’invente régulièrement de nouveaux « monstres » qu’elle adore détester – hier (et aujourd’hui) Sarah Nétanyahou et son mari, aujourd’hui Ayala Ben Gvir et son mari, etc. Elle qualifie de « fascistes juifs » les habitants de la Ville des Patriarches, tout en couvrant d’éloges les dirigeants corrompus de l’Autorité palestinienne, même quand ils appellent ouvertement au meurtre des Juifs. Comme l’écrivait Shmuel Trigano il y a vingt ans, « Le camp de la paix a toujours un “mauvais Israël” contre lequel s’affirmer, une exclusion d’autrui à travers laquelle il s’identifie lui-même »[1].

 

Il faut lire de temps en temps (à petite dose) les éditoriaux et la page Opinions du journal Ha’aretz, pour voir combien ce « camp de la paix » est pétri de bons sentiments envers le « peuple palestinien » et ses représentants, à Ramallah et à la Knesset, et empli de haine et de fiel pour les Juifs du camp national, pour les Juifs religieux et pour ceux qui habitent à Hébron ou à Ariel.  Au lendemain des élections, Ha’aretz écrivait ainsi, dans un éditorial consacré à la disparition du parti Meretz, que les « héritiers de Shulamit Aloni, de Yair Tsaban et d’Amnon Rubinstein regarderont de loin les 14 disciples du raciste Meir Kahana prêter serment dans le temple de la démocratie », tout en faisant l’éloge (funèbre) du parti qui a « mis en garde contre les méfaits de l’occupation et la violence des colons ».

 

En réalité, si le parti emblématique de la gauche israélienne post-sioniste, qui était constitué à l’origine d’une coalition de trois(!) partis, Mapam, Ratz et Shinoui, ne siège plus aujourd’hui à la Knesset, ce n’est pas tant en raison de la montée en puissance de la droite et des partis religieux, que de l’effritement de l’idéologie post-sioniste, sous les coups de boutoir de la réalité. Le facteur le plus important de la réussite sans précédent de B. Nétanyahou lors du scrutin du 1er novembre n’était pas seulement son talent de politicien hors-pair et l’union des différents partis de la droite, face à la désunion au sein de la gauche et des listes arabes.


Le facteur le plus important expliquant le scrutin du 1er novembre est la réalité impitoyable à laquelle ont été confrontés des centaines de milliers d’Israéliens habitants de la « périphérie » et des villes mixtes d’Israël, lors des pogromes antijuifs du printemps 2021, quand les Arabes israéliens (ceux que les médias français qualifient de « Palestiniens d’Israël ») ont attaqué leurs voisins juifs avec une violence qui a ramené Israël un siècle en arrière, à la période des « événements de 1921, de 1929 et de 1936 », c’est-à-dire aux premières vagues de violences arabes antijuives en Eretz-Israël. C’est ce « principe de réalité » qui a largement dicté le résultat des dernières élections, alors que les partis de gauche continuaient de lancer leurs slogans idéologiques sur le « processus de paix » et d’attiser la haine de leurs électeurs contre les Juifs religieux et contre Binyamin Nétanyahou.

Pierre Lurçat

 

______________________________________________________

Je donnerai une série de conférences en France sur Le Mur de fer de Jabotinsky, à Paris, Lyon, Strasbourg et Marseille dans le cadre de l’Organisation Sioniste Mondiale :

 

Jeudi 1er décembre à Paris, au centre Fleg

Lundi 5 décembre à Strasbourg, renseignements à iif.sxb@gmail.com

Mardi 6 décembre à Lyon au CIV Malherbe

Mercredi 7 décembre à Marseille au centre Fleg

Jeudi 8 décembre à Paris, au KKL

 

[1] S. Trigano, L’ébranlement d’Israël, Seuil 2002.

Le pistolet d'Ayala Ben Gvir et le retour du « principe de réalité »

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Israël - Rendre aux élus du peuple le pouvoir confisqué par les élites et par la Cour suprême

November 10 2022, 12:17pm

Posted by Pierre Lurçat

J'aborde au micro de Daniel Haïk sur Studio Qualita la question cruciale de la réforme judiciaire au lendemain des élections, pour rendre à la Knesset et aux élus du peuple israélien le pouvoir qui leur a été confisqué par les élites de gauche et par la Cour suprême..

https://youtu.be/j6vHczEa85Y

(Sur ce sujet, je renvoie aussi à mon article paru dans la revue Pardès : "Comment la Cour suprême est devenue le premier pouvoir en Israël" - Article disponible sur demande à pierre.lurcat@gmail.com 

 

 

Israël - Rendre aux élus du peuple le pouvoir confisqué par les élites et par la Cour suprême

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Le secret de la longévité politique de Binyamin Nétanyahou, par Pierre Lurçat

November 7 2022, 12:46pm

Posted by Pierre Lurçat

Le secret de la longévité politique de Binyamin Nétanyahou, par Pierre Lurçat

 

Au-delà des qualificatifs – souvent erronés ou excessifs – que les médias utilisent à son endroit, Binyamin Nétanyahou demeure à de nombreux égards une énigme. L’ancien et nouveau Premier ministre israélien, qui vient de remporter une victoire politique éclatante et qui a ravi à David Ben Gourion le record de longévité à ce poste, est tantôt décrit comme un modèle de pragmatisme – voire d’opportunisme politique – tantôt comme un idéologue de droite. Qui est-il vraiment ?

 

La biographie que lui a consacré le journaliste Anshel Pfeffer (1) apporte des éléments de réponse à cette question, qui continue de tarauder les meilleurs observateurs de la scène politique israélienne depuis plus de deux décennies. En tant que contributeur du quotidien Ha’aretz – qui n’épargne pas le Premier ministre et sa famille – Pfeffer a réussi à écrire une biographie équilibrée, en évitant de tomber dans l’excès ou dans la caricature. Il décrit ainsi, dans les premiers chapitres de son livre, l’environnement dans lequel a grandi Benjamin, ses deux frères Ido et Yoni (qui trouvera la mort lors de l’opération héroïque de sauvetage des otages à Entebbé), et leurs parents, le professeur Bentsion Nétanyahou et sa femme.

 

L’auteur relate avec talent l’ascension politique de Nétanyahou, d’abord au sein de l’ambassade d’Israël aux Etats-Unis, où il devient le protégé de Moshe Arens, puis en tant qu’ambassadeur aux Nations-Unis, en 1984, où il se fait remarquer pour ses talents de diplomate et d’orateur hors-pair. Dès cette époque, le jeune Benjamin Nétanyahou fait en effet preuve de dons exceptionnels pour la « hasbara » (terme difficile à traduire qui désigne la capacité de défendre une politique), à la tribune et dans les coulisses des Nations unies. Pfeffer rapporte ainsi la manière dont « Bibi » utilise des éléments visuels pour appuyer son argumentation, n’hésitant pas à projeter un film montrant un diplomate tentant vainement de téléphoner au Liban pour illustrer l’état d’anarchie régnant dans le pays. Trente ans plus tard, il utilisera des moyens similaires pour démontrer au monde entier la duplicité de l’Iran.

 

La qualité majeure de Benjamin Nétanyahou, tel qu’il ressort du livre d’Anshel Pfeffer, est incontestablement celle d’animal politique. Doté d’un charisme exceptionnel, il sait manœuvrer à travers les écueils de la politique intérieure israélienne, et fait montre d’une capacité d’analyse et de compréhension rarement égalées par ses pairs. Issu d’une famille jabotinskienne réputée, mais relativement à l’écart de la vie politique du fait de son exil aux Etats-Unis, Nétanyahou parvient à doubler plusieurs concurrents parmi les “Princes du Likoud” – et notamment David Lévy, qui deviendra un rival féroce.

 

Dans des pages intéressantes de son ouvrage, Pfeffer montre les rapports ambivalents entre Bibi et Itshak Shamir, qui le considère comme superficiel et incapable de résister aux pressions. Un des chapitres les plus instructifs est celui qui retrace le premier mandat de Nétanyahou, arrivé au pouvoir contre toute attente, en 1996, au lendemain de l’assassinat d’Itshak Rabin (au sujet duquel Pfeffer dissipe la calomnie voulant que Bibi ait participé à des manifestations “incitant” au meurtre…(2) A l’âge de 46 ans, il devient le plus jeune Premier ministre israélien depuis 1948.

 

Quelle a été l’influence de sa famille sur Bibi ? Sur ce point crucial – que j’aborde dans un de mes livres, dans un chapitre consacré à Bentsion Nétanyahou (3) – l’auteur apporte des éléments de réponse intéressants. Ainsi, on découvre comment “Bibi” a souffert du sentiment d’insatisfaction que son père éprouvait à son égard. « Il aurait sans doute fait un meilleur ministre des Affaires étrangères que Premier ministre », dira un jour Bentsion de son fils, pour la plus grande joie de ses adversaires. Le dernier chapitre du livre s’intitule, de manière éloquente, « Stuck on top », « coincé au sommet ».

 

 

A l’heure où ces lignes sont écrites, « Bibi » donne toujours l’impression d’être irremplaçable, y compris aux yeux de ses plus farouches adversaires. Au-delà de ses succès indéniables – en diplomatie notamment et en économie – les « années Bibi » auront aussi été celles d’une lente et irrésistible érosion de la force de dissuasion de Tsahal, après les retraits de Gaza et du Sud-Liban aux conséquences désastreuses, orchestrés par deux de ses prédécesseurs, Ariel Sharon et Ehoud Barak.

 

Nétanyahou deviendra un des plus grands dirigeants de l’Etat d’Israël moderne, s’il parvient à résoudre un des problèmes les plus brûlants de la société israélienne, que les grands partis politiques ont largement négligé depuis longtemps : celui de la situation économique et sociale. L’Etat d’Israël, au cours de ses 70 années d'existence, est en effet passé presque sans transition d'un régime économique socialiste à un régime ultra-libéral ou, pour reprendre les termes de Jabotinsky, de « l'esclavage socialiste » au « capitalisme sauvage ». Il reste aujourd'hui à accomplir le programme de Jabotinsky, en édifiant une société plus égalitaire, réalisant ainsi l'idéal de justice sociale de la Bible hébraïque. (3)

 

Pierre Lurçat

 

Notes

(1) Anshel Pfeffer, Bibi: The Turbulent Life and Times of Benjamin Netanyahu: Basic Books 2018.

(2) Rappelons que le fameux poster représentant Itshak Rabin z.l en uniforme S.S. était la création de l’agent du Shabak, Avishaï Raviv.

(3) Je renvoie sur ce sujet le lecteur au premier tome de la Bibliothèque sioniste que j’ai fondée, Vladimir Jabotinsky, La rédemption sociale, éléments de philosophie sociale de la Bible hébraïque, éditions L’éléphant 2021.

(Une version initiale de cet article est parue en novembre 2018)

 

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Le Mur de Fer

Le public français ne connaît pas, ou à peine, Vladimir Jabotinsky. Pierre Lurçat remédie à cette méconnaissance avec brio en publiant une traduction des textes fondateurs de ce visionnaire, publiés entre 1916 et 1929 en les éclairant d’une introduction historique et philosophique pointue.

Liliane Messika, Causeur.fr

« Les arabes et nous, le Mur de fer », Jabotinsky raconté par Pierre Lurçat au micro d’Ilana Ferhadian

 

Il faut remercier Pierre Lurçat pour son travail de traduction et de présentation de cet ouvrage. Il permet au lecteur, peu familier de l’action et de l’œuvre de Vladimir Jabotinsky, de découvrir un penseur du politique à travers son engagement pour le sionisme… Ses écrits sont là, nourrissent notre réflexion, et attestent d’une lucidité peu commune

 

Evelyne Tschihrart, Dreuz.info

 

 

 

Le secret de la longévité politique de Binyamin Nétanyahou, par Pierre Lurçat

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“Israël, Etat à vendre”? la souveraineté d’Israël en danger

October 30 2022, 15:03pm

Posted by Pierre Lurcat

“Israël, Etat à vendre”? la souveraineté d’Israël en danger

Le livre que vient de publier Matan Peled explore un sujet crucial, rarement abordé par les médias israéliens : celui de l’implication d’ONG et de gouvernements étrangers dans la politique israélienne. Intitulé “Medina le-mekhira” (“Un Etat à vendre”), il est sous-titré “Si vous pensiez qu’Israël est un Etat souverain, pensez-y à deux fois”. Le sujet du livre est à la fois simple et complexe. C'est ainsi qu'il est exposé en couverture du livre : “Différents pays du monde – et en particulier les pays européens – transfèrent chaque année des dizaines de millions de shekels à des associations israéliennes pour qu’elles interfèrent dans la politique intérieure sur des sujets aussi importants que la lutte contre le terrorisme, l’émigration ou la politique de peuplement et l’intégration des minorités arabes et l’action de Tsahal”.

 

L'auteur, Matan Peled, 42 ans, dirige l’association Im Tirtsu (“Si vous le voulez”), qui lutte pour défendre le caractère juif et sioniste et la souveraineté de l’Etat d’Israël. Son livre décrit en détail l’activité de ces ONG (dont les plus connues sont Bt’selem et Breaking the Silence) et la manière dont elles permettent aux Etats européens de s’immiscer dans la politique israélienne, de manière très brutale et efficace, notamment au moyen de recours devant la Cour suprême financés et organisés par ces ONG.

 

L’aspect le plus étonnant à mes yeux n’est pas tant l’intervention de ces Etats étrangers (la soft-power est un aspect constant de la politique étrangère des différents pays, mais dans le cas d’Israël elle atteint un niveau rarement égalé dans aucun autre pays), mais plutôt le fait que celle-ci soit acceptée par l’Etat d’Israël comme allant de soi… Sans l’action de quelques organisations issues de la société civile israélienne, telles que NGO Monitor ou Im Tirtsu, l’action de ces ONG subversives et leur financement par des pays étrangers serait en effet totalement passés sous silence par les grands médias et par l’échelon politique en Israël. Pourquoi ?

 

La raison principale est liée à la “Révolution constitutionnelle” du juge Aharon Barak, ancien président de la Cour suprême d’Israël. C’est en effet sous sa houlette que celle-ci est devenue le premier pouvoir en Israël (1). Ce n’est évidemment pas un hasard si la Révolution constitutionnelle a été concomitante à la période des accords d’Oslo, qui ont vu triompher en Israël les idées post-sionistes.  Quand la gauche israélienne a constaté qu’elle était devenue minoritaire dans l’opinion, elle a compris qu’elle pouvait néanmoins conserver son pouvoir en contournant les institutions démocratiques, à l’aide notamment de la Cour suprême, des médias et de l’université, largement acquises aux thèses post-sionistes.

 

Une autre raison, plus profonde, tient sans doute au fait que le peuple Juif a longtemps vécu dans l’exil et la dispersion, privé de souveraineté et de la capacité d’être maître de son destin. Comme l’a dit un dirigeant israélien célèbre, ‘il est plus difficile de faire sortir l’exil du Juif que de faire sortir les Juifs de l’exil”. Nous avons certes retrouvé notre souveraineté en terre d’Israël et édifié un Etat modèle à de nombreux égards, mais il reste encore beaucoup à accomplir, dans de nombreux domaines. Un domaine crucial pour notre avenir est précisément celui de la souveraineté. Comme je l’écrivais au lendemain des émeutes de l’an dernier dans les villes mixtes israéliennes, les Arabes d’Israël doivent apprendre à être une minorité dans un Etat juif, et les Juifs doivent apprendre à être une majorité et à se comporter comme tels, dans un Etat juif souverain et fier. Puisse le résultat des prochaines élections aller dans ce sens !

Pierre Lurçat

 

1. Je renvoie sur ce sujet à mon article “Comment la Cour suprême est devenue le premier pouvoir en Israël, paru dans la revue Pardès, mai 2022.

“Israël, Etat à vendre”? la souveraineté d’Israël en danger

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