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Non Monsieur Macron, ne venez plus jamais pleurer sur nos morts!

November 12 2023, 07:28am

Posted by Pierre Lurçat

Non Monsieur Macron, ne venez plus jamais pleurer sur nos morts!

Monsieur le Président de la République française,

 

Vous ne viendrez donc pas à la manifestation contre l'antisémitisme qui se tiendra aujourd'hui à Paris. Contrairement à François Mitterrand – qui avait bien des choses à se reprocher à l'endroit du Peuple Juif – mais qui défila pourtant contre l'antisémitisme après Carpentras. Contrairement à Nicolas Sarkozy et à d'autres anciens présidents qui seront cet après-midi dans les rues de Paris, pour dire non à l'antisémitisme qui insulte, qui agresse et qui tue des Juifs français.

 

Vous ne viendrez pas et nous ne vous regretterons pas !

En effet, vos dernières déclarations contre Israël ont révélé au grand jour ce que vous pensez et à qui vont votre sympathie et votre compassion. Après avoir retardé votre visite en Israël, toujours au nom de cette hésitation permanente et de cette incapacité de trancher qui sont les marques de fabrique de votre personnalité et de votre politique, vous avez fini par trancher… et vous avez tranché contre Israël !

 

Votre petite phrase assassine, dans laquelle vous « exhortez Israël à cesser de bombarder des civils » palestiniens à Gaza, a montré aux yeux du monde entier dans quel camp vous êtes désormais. Ces mots indignes seront inscrits en lettres d'airain dans l'histoire des peuples, aux côtés d'autres petites phrases comme celle du général De Gaulle sur le « peuple juif sûr de lui et dominateur » ou comme celle de Raymond Barre sur les « Français innocents »... Vous êtes ainsi entré dans l'Histoire par la petite porte, celle des dirigeants français qui ont pris fait et cause contre Israël, aux moments les plus difficiles de son histoire.

 

Votre attitude ne fait pas honneur à la France, mais nous savons, nous Israéliens, qu'elle ne représente pas l'ensemble des Français.  Nous savons que la France profonde ne se confond pas avec ses dirigeants et que, même aux moments les plus noirs de la collaboration, de simples citoyens se sont levés contre la barbarie et contre l'occupant. Ce sont ces Français qui manifesteront contre l'antisémitisme et qui, pour beaucoup d'entre eux, ont compris que le combat d'Israël était juste, totalement juste, car Israël se bat pour sa survie et pour celle du monde civilisé contre la barbarie.

 

Alors, Monsieur le président de la République, ne venez plus jamais pleurer sur nos morts, ni dans nos synagogues, ni à Yad Vashem. Ne venez plus jamais verser des larmes de crocodile sur les victimes juives, israéliennes et françaises, de la barbarie du Hamas et des Palestiniens que vous soutenez. Gardez vos larmes et gardez votre fausse commisération. Le peuple de France mérite d'autres dirigeants. Le peuple d'Israël lui, se souviendra de votre trahison. Nous n’oublierons pas et nous ne pardonnerons pas.

P. Lurçat, Jérusalem

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Mon nouveau livre, Face à l’opacité du monde, est disponible sur Amazon, B.O.D et dans les bonnes librairies.

Non Monsieur Macron, ne venez plus jamais pleurer sur nos morts!

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Du « crime rituel » aux « crimes de guerre à Gaza » : une explication historique

November 3 2023, 07:57am

Posted by Pierre Lurçat

Du « crime rituel » aux « crimes de guerre à Gaza » : une explication historique

Pourquoi Israël est-il sans cesse vilipendé et accusé de « crimes de guerre » à Gaza, alors même qu’il fait tout pour éviter les victimes civiles palestiniennes ou pour réduire leur nombre, face à un ennemi qui fait tout, de son côté, pour les multiplier ? Pour comprendre ce paradoxe, un détour par l’histoire de l’antisémitisme de l’Antiquité à nos jours est nécessaire.  Extrait de mon livre, Les mythes fondateurs de l'antisionisme contemporain, paru en 2021.

Bernard Lazare, auteur d’un ouvrage devenu classique sur l’antisémitisme1, s’est interrogé sur la perpétuation à son époque (celle de l’Affaire Dreyfus) de l’accusation de crime rituel. Son interrogation portait plus précisément sur le paradoxe de cette accusation visant les Juifs, connus pour ne pas consommer de sang et pour avoir « horreur du sang ». Comment les Juifs, opposés aux sacrifices humains, ont-ils pu malgré cela être accusés de crimes rituels ? La réponse paradoxale à cette question est que ce n’est pas malgré, mais bien en raison de leur opposition aux sacrifices – que le judaïsme a été le premier à rejeter dans le monde antique – que les Juifs ont été vilipendés et accusés de crimes rituels. Comme l’explique Pierre-André Taguieff2:

« Tout se passe comme si l’opposition du judaïsme aux sacrifices humains, et en particulier aux sacrifices d’enfants, loin de calmer les passions antijuives, les avait exacerbées. Poliakov a formulé l’hypothèse selon laquelle la haine antijuive proviendrait du scandale provoqué par l’opposition du judaïsme aux sacrifices d’enfants. C’est précisément le respect de la vie humaine qui, chez les Juifs, ferait scandale, comme l’atteste ce passage de Tacite :
‘’Ils ont un grand soin de l’accroissement de la population. Ils regardent comme un crime de tuer un seul des enfants qui naissent ; ils croient immortelles les âmes de ceux qui meurent dans les combats ou les supplices ; de là leur amour d’engendrer et leur mépris de la mort’’ ».

La réponse donnée par Poliakov, qui a consacré sa vie à l’étude de l’antisémitisme à toutes les époques, consiste donc à dire, en s’appuyant sur une réflexion de l’historien romain Tacite, que c’est précisément le respect des Juifs pour la vie humaine qui fait scandale. Nous avons sans doute là une des clés de la compréhension de ce paradoxe : pourquoi Israël est-il sans cesse vilipendé et accusé de « crimes de guerre » à Gaza, alors même qu’il fait tout pour éviter les victimes civiles palestiniennes ou pour réduire leur nombre, face à un ennemi qui fait tout, de son côté, pour les multiplier ?

 

Léon Poliakov au procès Barbie, Lyon 1987

Le « scandale » du respect des Juifs pour la vie humaine

Si nous transposons l’explication très éclairante de Poliakov à l’antisionisme contemporain, nous pouvons proposer l’hypothèse suivante. Plus Israël fait preuve de retenue face aux terroristes du Hamas, plus il se montre soucieux de la vie humaine, plus le scandale du respect juif pour la vie éclate au grand jour. Rappelons ici la déclaration saisissante, faite à de nombreuses reprises par des dirigeants et membres du Hamas et d’autres mouvements islamistes contemporains :

« Nous aimons la mort plus que vous (les Juifs) aimez la vie !3 »

Selon ce discours, l’amour des Juifs pour la vie est perçu comme le signe incontestable de leur faiblesse, mais aussi comme un symptôme de leur morale scandaleuse.

Ce qui fait scandale chez les Juifs, c’est donc leur amour pour la vie et leur valorisation permanente de la vie (affirmée dans le verset du Deutéronome : « Et tu choisiras la vie ». Face à une culture mortifère comme celle des mouvements islamistes, qui valorisent la mort et la sanctifient, l’affirmation de la vie par Israël est perçue comme incongrue et révoltante. Cette opposition frontale entre deux conceptions radicalement opposées de la vie (et de la mort) permet aussi de comprendre le soutien paradoxal dont bénéficient en Occident les ennemis d’Israël.

Le paradoxe réside ici dans le fait, peu souvent remarqué, que le discours anti-israélien ou antisioniste continue d’accuser Israël, même lorsqu’il fait le bien (par exemple, lorsqu’il approvisionne en médicaments les habitants de Gaza), ou encore qu’il désigne Israël comme le Mal, tout en lui reconnaissant sa qualité de Bien. Comme l’écrit Éric Marty,

« si Sabra et Chatila fait scandale, c’est qu’il s’agit d’un crime qui a quelque chose à voir avec le Bien »,

précisant :

« Qu’est-ce qu’un crime qui a à voir avec le Bien ? C’est le crime qu’on impute au bouc émissaire…4 »[.

C’est sans doute une des raisons pour lesquelles la position morale israélienne est très souvent inopérante, face aux populations arabes soumises à la main de fer du Hamas à Gaza, ou de l’Autorité palestinienne en Judée-Samarie. Ce n’est pas parce qu’Israël approvisionne les habitants de Gaza en électricité ou en denrées alimentaires, ou qu’il laisse entrer l’argent du Qatar à Gaza, que les habitants de la bande de Gaza (ou les médias occidentaux) lui voueront une quelconque reconnaissance. Une telle conséquence impliquerait en effet au préalable que les deux parties partagent les mêmes critères moraux, et plus précisément, la même conception du Bien et du Mal, ce qui est loin d’être le cas. PL

Pierre Lurçat, MABATIM.INFO

(Extrait de mon livre Les mythes fondateurs de l’antisionisme contemporain aux éditions l’éléphant, Jérusalem 2021)


1 Lazare, Bernard, L’antisémitisme, son histoire et ses causes, Chailley, Paris 1894.
2 P.A. Taguieff, « Un exemple d’inversion victimaire : l’accusation de meurtre rituel et ses formes dérivées »,https://journals.openedition.org/aad/3500#bodyftn11
3 Voir par exemple, « Des Brigades Izz ad-Din al-Qassam aux soldats sionistes : Les Brigades Al-Qassam aiment la mort plus que vous aimez la vie », Palestinian Media Watch, Rapport spécial n°5 sur l’opération Pilier de Défense, 20 novembre 2012, https://palwatch.org/page/4286
4 Bref séjour à Jérusalem, Gallimard p. 167.

Du « crime rituel » aux « crimes de guerre à Gaza » : une explication historique

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Lettre ouverte au président français Emmanuel Macron : "Ceux qui glorifient le nom du Hamas en France..."

October 23 2023, 10:15am

Posted by Pierre Lurçat

 

Ceux qui glorifient les ennemis d’Israël, et qui attaquent les symboles et le nom même d’Israël, s’en prennent inéluctablement, en fin de compte, au nom de la France et au nom de l’Homme”. Cette lettre a été rédigée et publiée initialement après la décapitation de Samuel Paty, il y a exactement 3 ans. Je la republie aujourd’hui alors que le président Macron s’apprête à venir en Israël, et alors que des milliers de manifestants défendent le Hamas dans les rues de Paris et de France. P.L

Il aura donc fallu attendre qu’un enseignant français soit décapité à la sortie de son lycée, dans un crime dont la description évoque celle d’assassinats commis au Pakistan ou dans l’Etat islamique, pour que vous vous décidiez à dissoudre le “Collectif Cheikh Yassine”… Il aura fallu attendre que l’horreur de l’islam radical le plus barbare frappe la France, encore une fois, pour que vous finissiez par comprendre qu’on ne peut pas impunément glorifier le nom d’un assassin d’Israéliens, hommes, femmes, enfants - eux aussi tués dans des attentats tout aussi horribles, déchiquetés dans des autobus ou à la terrasse de cafés - par les assassins du Hamas, qu’il était jusqu’hier encore permis de soutenir sur le sol français.

 

Parmi les nombreuses erreurs commises par votre pays, que d’autres que moi ont analysées ces derniers jours (notamment Georges Bensoussan et Valérie Toranian), je voudrais en souligner ici une qui n’a pas encore, à ma connaissance, été mentionnée. Je veux parler de l’erreur de croire que la haine d’Israël est sans conséquence et sans danger pour la France. Cette erreur est à la fois politique, stratégique et morale. Erreur stratégique, car comment avez-vous pu penser que ceux qui brandissent le drapeau du Hamas en France le faisaient uniquement au nom de leur haine d’Israël, et que celle-ci ne pouvait pas, le moment venu, se retourner contre la France elle-même?



 

Ceux qui glorifient le Hamas en France...

 

Comme l’écrit justement Valérie Toranian, la décapitation de Samuel Paty est la preuve qu’entre les militants de l’islam politique, la radicalisation et le terrorisme, il existe une chaîne de continuité”. J’ai moi aussi souligné cette continuité, dans un livre publié il y a déjà 15 ans, en observant que la lutte contre le terrorisme islamique exigeait aussi de combattre l’islam politique. J’avais alors pris pour exemple le CBSP, organe officiel de collecte d’argent pour le Hamas en France, qui continue jusqu’à ce jour de récolter des fonds pour le Hamas en toute impunité. Cette impunité offerte aux soutiens du Hamas en France est également une erreur politique, car elle place de facto la France dans le camp des ennemis d’Israël. 

 

Comment pouvez-vous prétendre vous inspirer d’Israël pour lutter contre le terrorisme islamique, tout en permettant que soient glorifiés sur le sol français les assassinats terroristes commis sur le sol israélien? Cela fait déjà longtemps que les amis d’Israël en France - et pas seulement au sein de la communauté juive - ont pointé du doigt cette contradiction intolérable. Si la France veut tirer les leçons de la décapitation de Samuel Paty, elle doit non seulement dissoudre le “Collectif Cheikh Yassine”, directement impliqué dans cet assassinat, mais interdire aussi tous les groupuscules et associations qui participent de la même glorification  du Hamas en France, comme la CAPJPO-Europalestine et d’autres. 

 



 

Ceux qui brandissent les drapeaux du Hamas et du Hezbollah dans les rues de France ne sont pas seulement les ennemis d’Israël et du peuple Juif, mais aussi les ennemis de la France. Il ne s’agit pas là d’une affirmation rhétorique ou politique, mais d’une loi d’airain de l’histoire, que vous ne pouvez plus ignorer aujourd’hui. La tolérance dont ont trop longtemps bénéficié les soutiens du Hamas est aussi et surtout une erreur et une faute morale. On ne peut en effet autoriser les partisans du Cheikh Yassine à afficher leur haine des Juifs sur le sol français en toute impunité, sans conséquence pour la France. 

 

Car à travers la personne de Samuel Paty, ce sont certes les valeurs de la France laïque et républicaine qui ont été décapitées, mais c’est aussi une certaine idée de l’humanité de l’homme. Ceux qui glorifient les ennemis d’Israël, et qui attaquent les symboles et le nom même d’Israël, s’en prennent inéluctablement, en fin de compte, au nom de la France et au nom de l’Homme. Comme l’avait écrit le pasteur allemand Martin Niemöller, “Quand ils sont venus chercher les juifs, je n'ai rien dit car je n'étais pas juif... Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n'ai rien dit car je n'étais pas syndicaliste. Et quand ils sont venus me chercher, il n'existait plus personne qui aurait voulu ou pu protester...” Aujourd’hui, Monsieur le Président, ce ne sont plus les Juifs qu’ils viennent chercher, c’est vous.

 

Pierre Lurçat, Jérusalem

 

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“Humains, trop humains…” : Face à la cruauté du Hamas, l’humanité d’Israël est-elle justifiée? Pierre Lurçat

October 12 2023, 10:11am

Posted by Pierre Lurçat

“Humains, trop humains…” : Face à la cruauté du Hamas, l’humanité d’Israël est-elle justifiée? Pierre Lurçat

NB Plusieurs signes semblent indiquer que nous sommes sortis de cette posture "morale" erronée et que Tsahal se bat aujourd'hui sans limite contre un ennemi inhumain qui ne mérite aucune compassion. Comme je l'écrivais en 2018, "La victoire contre le Hamas n’est pas seulement une question militaire et stratégique, elle est aussi - et avant tout - une question morale. Car c’est sur le plan des normes morales que réside notre principale faiblesse. L’heure est à ‘terroriser les barbares’, selon l’injonction du Rav Kook. L’heure est au réarmement moral d’Israël et du peuple Juif face à leurs ennemis". P.L.

 

Une fillette de la famille du chef du Hamas subit une greffe à l’hôpital Ichilov de Tel-Aviv”. Cette information a fait la “Une” de l’actualité en Israël. Les médias français et occidentaux, eux, l’ont passée à la trappe. Ils préfèrent titrer, comme Le Monde, “Le survivant d’une famille décimée à Gaza, saisit la Cour pénale internationale”, en faisant passer Israël et le peuple Juif pour des assassins, conformément à l’imagerie antisémite séculaire. Mais mon propos n’est pas ici de déplorer une fois de plus les mensonges des médias occidentaux (1). La question qui me préoccupe est celle - plus fondamentale, voire cruciale - de notre propre vérité. Qui sommes-nous, ou plutôt qui voulons-nous être? Un modèle de moralité et d’angélisme dans un monde barbare? 

 

Est-ce que la vocation de “Lumière des nations” que nous assignent nos Prophètes consiste à soigner les proches de nos pires ennemis, ceux qui gardent en otages nos soldats - morts ou vivants - pour obtenir des concessions de notre part, en attendant de lancer un nouvel assaut meurtrier contre nos civils ? Ou peut-être sommes-nous victimes d’une terrible illusion, d’une erreur de perspective à laquelle nous ont habitués des centaines d’années d’existence galoutique, loin des préoccupations de la vie nationale, durant lesquelles nous avons désappris le sens véritable des injonctions bibliques et talmudiques? 

 

Plus encore qu’elle ne nous apprend sur la désinformation et le mensonge permanent des médias occidentaux concernant Israël, la décision de soigner la nièce d’Ismaïl Hanieyh à l’hôpital Ichilov doit nous faire réfléchir sur la psychologie de nos ennemis et la nôtre, et sur l’asymétrie fondamentale du conflit qui nous oppose à nos voisins. Elle nous invite surtout à comprendre ce que signifie véritablement la vocation morale d’Israël. Loin de vouloir faire l’éloge d’Israël, en démontrant une fois de plus combien nous sommes humains et nos ennemis inhumains, je prétends affirmer ici que notre humanité débordante est un défaut et une faille dans notre cuirasse, que nos ennemis savent exploiter pour nous affaiblir. Et elle n’est même pas conforme à notre Tradition authentique...

 

Un présupposé d’humanité mensonger

Car cette décision repose sur un présupposé d’humanité, qui est totalement faux ! Elle fait l’hypothèse que nos ennemis sont des hommes comme nous et qu’en leur montrant un visage d’hommes, nous les inciterons à dévoiler eux aussi leur humanité. Or c’est, hélas, le contraire qui est vrai… Plus nous sommes enclins à faire preuve d’humanité avec eux, plus ils se jouent de nous et se montrent cruels. Cette vérité éternelle avait déjà été énoncée par nos Sages dans le Talmud : « Celui qui a pitié des méchants, finit par se montrer cruel envers les justes… » Le peuple israélien a éprouvé dans sa chair la réalité tragique de cet adage, lorsque le gouvernement Sharon, voulant mettre fin à la « cruelle occupation  de Gaza », a fait preuve de l’inhumanité la plus flagrante envers les Justes qui peuplaient les yichouvim du Goush Katif. 

 

La synagogue détruite de Névé Dekalim : une inhumanité flagrante

 

La parasha de Ki Tetsé commence par le verset : “Lorsque tu iras en guerre contre tes ennemis, que l'Éternel, ton Dieu, les livrera en ton pouvoir, et que tu leur feras des prisonniers”, au sujet duquel Rachi commente : “Il s’agit d’une guerre facultative, car dans les guerres pour Eretz-Israël il ne saurait être question de faire des prisonniers”. Si nous pensons que les mots de Rachi font encore sens aujourd’hui, alors nous ne pouvons faire l’économie de nous interroger sur le sens de ce commentaire, si terrible puisse-t-il paraître à la conscience juive actuelle, façonnée par l’idée occidentale d’origine chrétienne, de la dichotomie entre droit et morale, entre pouvoir séculier et religion. 

 

Comment agir face à des loups sauvages?

Dans un article très éclairant écrit après la Deuxième Guerre du Liban, dans la défunte revue francophone Forum-Israël, le rav Oury Cherki abordait la question de “l’éthique juive de la guerre”, et citait une réponse du rav A.I . Hacohen Kook au rav Zaïdel, qui lui avait demandé pourquoi la tradition juive impose des guerres si violentes et parfois si cruelles (2). Le rav Kook répondit : “Pour ce qui est des guerres, il était impossible à une époque où nos voisins étaient des loups sauvages, que seul Israël ne fasse pas la guerre, car alors, les nations se seraient liguées pour nous exterminer. Bien au contraire, c’était une chose indispensable. Il fallait terroriser les barbares, en employant également des moyens cruels, tout en gardant l’espoir d’amener l’humanité à ce qu’elle devrait être. Mais il ne faut pas avancer le temps, et se croire à l’époque messianique quand on n’y est pas”. 

Cette réponse énonce plusieurs vérités très actuelles sur l’attitude qu’Israël devrait adopter face au Hamas.  Premièrement, face à un ennemi barbare, on se doit d’être cruel. En d’autres termes, il faut “terroriser les terroristes”. (Et qu’on ne vienne pas nous dire que les civils de Gaza sont “innocents”. Car comme l’explique le Rav Cherki, la distinction entre des soldats “coupables” et des civils “innocents” repose sur un syllogisme erroné). Enfin, l’espoir de faire progresser l’humanité vers des normes morales plus élevées n’est pas aboli, mais il concerne les temps messianiques, qui ne sont pas encore là.

Rav Kook : “Il fallait terroriser les barbares”

Nos ennemis ne changeront pas. C’est donc à nous de changer ! Cessons de nous comporter en modèles d’humanisme, en agneaux dans un monde de loups. Devenons une fois pour toutes, comme l’exigeait Jabotinsky, une ‘race fière et cruelle’. Alors que le Hamas se prépare déjà au prochain round contre Israël, l’heure n’est pas aux marques d’humanité envers le Hamas, ses dirigeants et leurs familles, mais au renforcement de notre capacité de résistance et de contre-offensive. La victoire contre le Hamas n’est pas seulement une question militaire et stratégique, elle est aussi - et avant tout - une question morale. Car c’est sur le plan des normes morales que réside notre principale faiblesse. L’heure est à ‘terroriser les barbares’, selon l’injonction du Rav Kook. L’heure est au réarmement moral d’Israël et du peuple Juif face à leurs ennemis.

Pierre I. Lurçat

(Article publié initialement en 2018)

(1) Voir https://infoequitable.org/ sur les mensonges des médias français.

(2) Epitres du rav Kook, Igrot Re’ia, vol. 1 p. 100, cité par O. Cherki, art. cit. C’est moi qui souligne. Je renvoie également sur ce sujet aux chapitres de mon livre La trahison des clercs d’Israël (La Maison d’édition 2016) consacrés au droit juif de la guerre.

 

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Shmuel Trigano. Du coup d’Etat au coup monté, cette fois-ci, on est fixé !

June 7 2023, 13:38pm

Posted by Shmuel Trigano

Shmuel Trigano. Du coup d’Etat au coup monté, cette fois-ci, on est fixé !

J’avais remarqué dans quelques textes[1] sur la crise israélienne qu’il restait un pan obscur, rebelle aux explications rationnelles et sociologiques qu’on pouvait en donner. Le symptôme le plus fort était le côté délirant et abusif du discours qui accompagnait et accompagne toujours la “protestation”. Je pense notamment à l’évocation aberrante d’une menace de “dictature” qui planerait sur la “démocratie israélienne”. Je pense aussi à l’incitation à la guerre civile par des généraux à la retraite. 

Comme je ne trouvais pas dans les faits de réalités confirmant cette “menace”, je l’avais attribuée à un état de la psychologie collective. De récents faits nouveaux m’obligent à plus de précision, et à tenir compte également des erreurs politiques de certains membres de la coalition au pouvoir, notamment le caractère intempestif et massif de la proposition de loi sur la Réforme judiciaire, ou les expressions maladroites de députés de partis religieux, autant de dérapages qui ont nourri dans des esprits peu au faite des choses, la crainte de “la dictature” ! 

Un autre trait ne laissait pas d’inquiéter : l’absence d’un leadership responsable et reconnu comme tel, dirigeant et guidant la “protestation” au point de lui intimer un but, un ordre du jour, une modération si besoin était. Au contraire, on a pu avoir l’impression que les leaders improvisés qui haranguaient épisodiquement les foules étaient à la traîne des mots d’ordre émanant de la “protestation” (désormais la dénomination journalistique de ce mouvement), comme si celle-ci avait été un mouvement spontané surgi de la masse des citoyens, ce qui devait authentifier la crédibilité de ses demandes. Ces leaders se livrèrent au contraire à une surenchère de la radicalité, appelant à la guerre civile, à la rébellion, à la lutte armée…

Et pourtant au fur et à mesure de la répétition de la manifestation du samedi soir, il apparaissait que son déploiement n’était pas erratique mais construit et programmatique, organisé de main de maitre

Et pourtant au fur et à mesure de la répétition de la manifestation du samedi soir, il apparaissait que son déploiement n’était pas erratique mais construit et programmatique, organisé de main de maitre pour gérer de telles foules sur un long terme. De même, les happenings qui au fur et à mesure remplaçaient les slogans usés ne pouvaient pas avoir été improvisés. Qui donc les concevait et les promouvait ?

On commença à chercher le pourquoi du comment. Qui donc avait construit un tel scénario ? De même, manifestement des sommes d’argent très importantes nourrissaient ces manifestations. Qui avait payé pour cette masse de drapeaux, brandis comme pour cacher le véritable enjeu, antidémocratique et antinational de la protestation ? Qui a payé, paie, actuellement même, la campagne d’affichage municipal gigantesque qui couvre les rues des villes et des autoroutes, accusant la coalition des pires actes et désignant à la vindicte publique des députés et des ministres représentés comme des brigands ?  Derrière cette campagne, combien de cabinets publicitaires ont-ils été enrôlés ? Qui paie ? Qui décide des mots d’ordre ? 

On a évoqué le financement américain. Un article fort éclairant paru dans le magazine juif américain Tablet apporta des preuves d’un financement américain au sommet. On a évoqué aussi le milliardaire Soros, les habituelles ONG des “droits de l’homme”… C’est bien ce ce que donnaient à comprendre les slogans de la “protestation” en appelant à l’intervention de puissances occidentales pour sauver les Israéliens du fascisme. 

En un mot, tout nous disait qu’il y avait une direction à ce mouvement, dotée d’un budget considérable, et d’un projet politique, qui n’était pas apparente et qui construisait de toutes pièces un “mouvement” social, une manipulation idéologique des masses, en les inscrivant dans une série de happenings destinés à nourrir le théâtre de semaine en semaine : d’abord les HighTéchistes, puis les banquiers, puis les agences de notation, puis les réservistes, puis les pilotes, puis les religieux, puis les députés du Likoud et que sais-je encore, chaque jour une scène de théâtre nouvelle s’est ouverte dans un scénario qui devait montrer le démembrement pièce à pièce de l’Etat, du peuple juif, du sionisme, avec des appels de pied lancés à l’ennemi par ci par là, et l’appel au secours des Etats-Unis et de l’Europe.

Il ne faut pas négliger une pièce capitale de ce système de manipulation des foules : la complicité totale des médias qui mirent en forme le leurre de l’enjeu qui serait la réforme judiciaire  reconstruite dans le langage journalistique comme “coup d’Etat de régime” (en hébreu “hafikha mishtarite”), “renversement de régime”.

Aujourd’hui, nous savons désormais quelle est la source de ce grand théâtre aux scènes multiples

Aujourd’hui, nous savons désormais quelle est la source de ce grand théâtre aux scènes multiples. C’est un de ses fondateurs et principaux animateurs, un avocat connu, Gilead Scher, un proche d’Ehud Barak  qui en a révélé l’origine dans le podcast d’Amir Oren[2]. C’est autour de lui que la première réunion des instigateurs de la “protestation” [3] a eu lieu, deux semaines donc avant la formation du gouvernement sorti des urnes, C’est-à-dire trois semaines avant la proposition de loi sur la Réforme judiciaire présentée par le nouveau ministre de la justice Yariv Levin. La “protestation” était donc en marche avant même que la proposition de loi n’en ait été formulée ! 

Selon les dires de Gilead Scher, les sondages privés montraient que Natanyahou serait élu. Il fallait, pour ce groupe, se préparer à faire obstacle à cette élection qui n’annoncerait rien de bon sinon l’avènement d’un « gouvernement de l’”obscurité”. Il fallait réunir des forces et lever des fonds importants. Ce soir, le mardi 6 juin où j’écris ces lignes, nous apprenons qu’il y a un million cent mille shekels à dépenser. Ces personnalités sont, semble-t-il, proches du milieu du général à la retraite Ehud Barak dont les discours violents et radicaux, l’appel à la guerre civile ont été remarqués.

La manipulation de l’opinion visait à cacher sous le voile vertueux de la démocratie en danger un refus de reconnaître le verdict des urnes

Du calendrier de ce groupe de personnalités, il découle donc que le principe même de ce que l’on appela plus tard sous une forme trompeuse “la protestation” a précédé l’objet déclaré de cette dernière, à savoir: le danger de dictature et de totalitarisme que ferait peser sur Israël la réforme judiciaire projetée. La critique de cette dernière était donc un leurre pour tromper la galerie, agiter la foule sur la base de dangers autant irréels que terrifiants, accrédités par certains hommes politiques, des généraux, des gens d’autorité, de surcroît à la retraite, qui devaient donner le change et affoler les Israéliens moyens.

La manipulation de l’opinion visait à cacher sous le voile vertueux de la démocratie en danger un refus de reconnaître le verdict des urnes et le projet de mettre hors-jeu le Parlement démocratique et d’empêcher le pouvoir légalement élu de prendre en mains les affaires. La réunion de la coalition au pouvoir et de l’opposition chez le président de l’Etat, en vue d’un compromis, illustre clairement ce contournement du parlement et de la majorité des électeurs. Il prenait en otage le gouvernement nouvellement élu en agitant la rue et en l’accusant de fascisme et de totalitarisme…

A quelles fins ultimes ? Si je me réfère à l’histoire de l’élite de pouvoir israélienne, le but est toujours le même depuis Ben Gourion et le pouvoir travailliste des origines : récuser et délégitimer la droite israélienne et marginaliser le poids des électeurs d’origine sépharade, majoritaires, “soupçonnés” d’être à droite et proches du traditionalisme religieux, tenir à distance les secteurs religieux, et surtout conserver leur influence à toutes les élites qui se sont relayées au pouvoir depuis l’Etat travailliste, alors que ces élites ne représentent plus la majorité électorale, le tout enveloppé dans un emballage distingué et “démocratique”, quitte à se mettre sous la tutelle (imaginaire) d’un Occident imaginaire, mâtiné aujourd’hui de post-modernisme. 

Le vecteur de cette évolution a bien été la chasse à l’homme de plusieurs années menée contre Natanyahou, à l’occasion de multiples procès taillés sur mesure contre lui et qui plus ils avancent, plus ils dévoilent leurs irrégularités, leurs mensonges, le dévoiement du droit, de la police, du pouvoir judiciaire : un procès dont les médias ont fait une histoire à épisode, diffuse chaque soir depuis des années comme un feuilleton sur les écrans de télévision, montrant la collusion du pouvoir judiciaire et de police. C’est l’origine de la haine gratuite qui a rongé du dedans le peuple israélien, des hommes politiques jaloux de Natanyahou et qui a vu le pouvoir judiciaire prendre en otage le système politique au fil d’une élection presque tous les ans.

Il ne leur reste plus qu’à se joindre au BDS palestinien

Quel peut être l’avenir de ce mouvement qui est, semble-t-il, à bout de souffle ? Sa seule action aujourd’hui est la violence, battre, invectiver des passants orthodoxes dans la rue, harceler les députés de la coalition au pouvoir, dégrader toute cérémonie publique, travailler contre Israël à l’étranger. Il ne leur reste plus qu’à se joindre au BDS palestinien. 

Les spécialistes de sécurité sont inquiets : risque-t-on le meurtre de personnalités ? Il y a une telle violence et un tel délire ! On voit apparaître sur la scène une catégorie d’Israéliens inconnus auparavant qui sont les vrais animateurs de la guerre civile : Crime Minister, Akhim la neshek ! ( “Frères d’armes” en français : tout un programme). Pour les avoir vus à la TV, je dirais même qu’ils ont l’air inquiétant. Ils portent le rictus du nihilisme. On sent les anarchistes, les Black Blocks[4], une mouvance qu’on n‘a pas encore vraiment vue en Israël alors qu’on la retrouve dans plusieurs pays européens où ils ne se manifestent que pour détruire, pleins d’un ressentiment social violent. Israël semble ne pas échapper à un tel phénomène…
Le peuple juif se tient à un carrefour de son destin. La majorité silencieuse doit se ressaisir. Et il n’y a aucune fatalité !  

© Shmuel Trigano

Shmuel Trigano est Professeur émérite des Universités


Notes

[1] Quatre articles parus sur Tribune juive et que l’on trouve aussi sur Menora.fr

“La crise israélienne” (30 janvier) “Que se passe-t-il en Israël ? Un putsch “démocratique” ?  (1er Février), https://www.tribunejuive.info/2023/01/28/shmuel-trigano-que-se-passe-t-il-en-israel-un-putsch-democratique/

“Les israélites israéliens…” (13 février) “Démocratie ou théocratie judicaire ?” (16 février)https://www.tribunejuive.info/2023/02/14/shmuel-trigano-democratie-ou-theocratie-judiciaire/

[2] Afarkasete Amir Oren avec Gilad Scher, le 28 mai à 11h 35

https://rotter.net/forum/scoops1/797464.shtml

[3] Tout d’abord Guilead Scher, Yossi Kutshik, Dany Halouts,le milliardaire  Orni Petroushka. Puis deux semaines après Edna Zilber, Shikma Bresler, Ilan  Shiloakh  Amos Malka, Yehuda Adar pour la logistique qui nomma Eran Schwartz pour la mise en pratique (directeur du “QG de la lutte”), Eyal Navé ,en charge ( !) de la protestation des réservistes), Mital Levi Tal ( QG du HighTech)

[4] Le terme désigne un mouvement radical et violent né à Berlin dans les années 1980 dans les milieux anarchistes et autonomistes. De noir vêtus et cagoulés, ils se confrontant à la police lors de manifestations publiques.

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La religion progressiste contre la Torah d’Israël (I)

June 4 2023, 13:08pm

Posted by Pierre Lurçat

La religion progressiste contre la Torah d’Israël (I)

 

Comme l’écrivait récemment Ariel Shenbal dans les colonnes de Makor Rishon, les manifestants qui défilent en Israël contre le gouvernement et contre les ‘Harédim sont pour la plupart des Juifs ‘hilonim (laïques), qui ont rejeté le “joug de la Torah et des mitsvot”. Il n’est pas anodin qu’un des slogans qu’on retrouve dans les manifestations et sur les autocollants soit “Hofshi beArtsenou” (libre dans notre pays), deux mots tirés de l’hymne national d’Israël mais détournés de leur sens original. La Tikva parle en effet d’être “un peuple libre sur sa terre, la terre de Sion et de Jérusalem”, la liberté étant synonyme d’indépendance et non pas de rejet de la Torah.

 

Mais ces manifestants, observe Shenbal, ont en fait rejeté la Torah d’Israël pour adopter une nouvelle religion, celle du progressisme. “Il s’avère que cette nouvelle religion ressemble à toutes les autres”, poursuit-il. “Elle a ses rabbins (et même ses rabbanit), ses rituels et même ses punitions pour ceux qui prétendent quitter ses rangs”. L’observation est juste et elle rejoint le constat fait il y a déjà plus d’un siècle par un écrivain russe, qui remarquait que les Juifs communistes se comportaient avec un zèle religieux.

 

Si l’on développe la comparaison établie par Ariel Shenbal, on constate en effet que les manifestations à Tel-Aviv et ailleurs ont bien un caractère quasi-religieux, qu’on peut déceler notamment dans le caractère rituel des rendez-vous instaurés chaque samedi soir, boulevard Kaplan à Tel-Aviv ou près de la résidence du président à Jérusalem, rendez-vous auxquels les manifestants se rendent, portant leur drapeau et leurs pancartes, de manière régulière et quasi-religieuse, comme s’il s’agissait d’un commandement divin.

 

Parmi les autres rituels développés autour des manifestations, mentionnons les cris de “Boucha !” (Honte !) ou de “Demokratia !”, scandés et répétés avec une ferveur qui confine parfois à l’extase. Les rites “expiatoires” consistant à scander les noms d’hommes politiques particulièrement honnis, comme ceux de Yariv Levin ou de Simha Rothman, comme s’il s’agissait non seulement de les vouer aux gémonies, mais de les “maudire” au nom de la religion progressiste.

 

Cette religion progressiste a aussi ses “livres religieux”. J’ai pu ainsi consulter deux “Haggadot” rédigées à l’occasion de Pessah, comportant un florilège de textes écrits par des écrivains, des militants et des dirigeants politiques. Ce qui caractérise ces Haggadot, si l’on les compare aux “Haggadot” israéliennes classiques utilisées jadis dans les kibboutz, est le caractère à la fois “laïc” de leur inspiration et le zèle quasi-religieux qui les anime.

 

Mais ce ne sont là que les aspects les plus anodins – et inoffensifs – de cette religion progressiste. Comme toutes les religions, elle a aussi ses courants plus radicaux et sectaires. Ceux-ci prennent la forme, dans les manifestations anti-gouvernementales des derniers mois, de protestations plus extrêmes, dirigées contre les membres du gouvernement, leurs familles et leurs partisans, ou contre l’ensemble du public juif orthodoxe (comme ce couple agressé dans sa voiture).

 

Un exemple récent nous a été donné ce shabbat par l’agression du député Simha Rothman à New York par un groupe de manifestants israélo-américains, qui l’ont harcelé dans la rue, alors qu’il se promenait avec son épouse. Quand l’organisatrice de la manifestation a été interrogée à la radio israélienne pour expliquer la motivation de son agression, elle a dit tout simplement que c’était un “devoir de s’opposer à ceux qui transforment Israël en dictature”... Elle a même été jusqu’à porter plainte contre le député Rothman, accusé de s’être défendu contre ses agresseurs (plainte qui a été classée par la police de New-York).

 

Dans l’esprit des adeptes de la religion progressiste, il n’y a de place pour le moindre doute. Leur religion leur enjoint de combattre le gouvernement démocratiquement élu d’Israël par tous les moyens, y compris violents… Dans la suite de cet article, nous nous tenterons de comprendre qui sont les “prêtres” de cette religion progressiste en Israël. (à suivre)

P. Lurçat

 

 

NB Je donnerai une conférence sur mon dernier livre lundi 5 juin 2023 à l’espace francophone d’Ashdod à 19h00.

La religion progressiste contre la Torah d’Israël (I)

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Yom Ha’Atsmaout 5783 : Retrouver le sens de la Mamlakhtiyout, Pierre Lurçat

April 23 2023, 09:14am

Posted by Pierre Lurcat

Yom Ha’Atsmaout 5783 : Retrouver le sens de la Mamlakhtiyout, Pierre Lurçat

 

Comme l’a écrit le professeur Israël Auman, qui fait partie de la « famille du deuil »[1], dans les colonnes de Makor Rishon, quelques jours avant le 5 Iyar 5783 – Jour de l’Indépendance – depuis les débuts de l’histoire de l’Etat d’Israël, « les dirigeants et les ministres de toutes tendances politiques ont pris part aux cérémonies du Yom Hazikaron (Jour du Souvenir) » et « les règles de la cérémonie ont été observées avec une constance officielle ». Ce dernier mot employé par Israël Auman est difficilement traduisible en français : « mamlakhti ». Le dictionnaire Larousse le traduit par « officiel » ou « étatique », mais aussi par « majestueux ».

 

Or c’est précisément ce concept difficilement traduisible qui est aujourd’hui menacé par le conflit intérieur qui divise Israël depuis quelques mois. Ainsi, quand le chef de l’opposition Yaïr Lapid annonce publiquement qu’il ne prendra pas part aux cérémonies du Jour de l’Indépendance, ou quand un groupe de familles endeuillées (qui ne représentent qu’une infime partie de la grande « famille du deuil », comme le rappelle le professeur Aumann) demandent aux hommes politiques (de la coalition) de s’abstenir de venir dans les cimetières le Jour du Souvenir, c’est la Mamlahktiyout qu’ils contestent et qu’ils foulent aux pieds.

 

Pour comprendre ce qui est en jeu dans cette dernière manche du conflit intérieur israélien, dont j’ai décrit depuis quelques semaines plusieurs aspects[2], je voudrais proposer plusieurs manières de traduire et d’expliquer le mot hébreu difficilement traduisible de « Mamlakhtiyout ». La première traduction, conforme à l’esprit de David Ben Gourion, qui parlait souvent de l’impératif de la Mamlakhtiyout – dont il avait fait un pilier de sa politique – est celle du « sens de l’Etat »[3]. Si le premier Premier ministre d’Israël l’utilisait souvent, c’est parce que cette notion était étrangère à l’éthos du peuple Juif en exil, habitué à vivre sous la souveraineté de peuples étrangers.

 

La deuxième traduction, moins littérale, est celle de « sens du bien commun ». La Mamlakhtiyout désigne en effet ce qui transcende tous les clivages politiques ou sociaux, et qui appartient à l’ensemble de la nation israélienne. Si les jours solennels du Yom Hazikaron et du Yom Ha’atsmaout sont emplis de cérémonie et de faste, c’est précisément parce qu’ils expriment ce qui dépasse tous les clivages – et ils sont nombreux – qui divisent la société israélienne. Devant les tombes de nos soldats et de nos civils tombés pour défendre notre pays ou victimes du terrorisme arabe, tous sont égaux, Juifs laïcs et religieux, druzes et bédouins, etc.

 

La troisième traduction, plus éloignée encore, pourrait être celle de « sens de la démocratie ». Paradoxalement, ceux qui manifestent depuis des mois en scandant « Démocratie ! » ont en effet oublié un des éléments fondateurs du régime démocratique, celui de la représentativité politique. En prétendant exclure des cérémonies du Yom Hazikaron les élus du peuple, qualifiés de manière péjorative de « politiciens » (comme si la fonction même d’homme politique était à leurs yeux entachée d’infamie !), ils contestent fait le fondement du régime démocratique, à savoir l’idée de représentation politique.

 

En effet, lorsqu’un ministre se rend au Mont Herzl le Jour du Souvenir ou le Jour de l’Indépendance, il ne le fait pas en tant que membre d’un parti politique, ni même en tant que représentant du gouvernement dont il fait partie stricto sensu. Il vient incarner, au nom du gouvernement, la volonté populaire (la fameuse Vox Populi), qui s’est exprimée lors des élections et qui a porté au pouvoir une certaine coalition. Celle-ci gouverne le pays en tant que représentante et que mandataire de l’ensemble du peuple et de la nation israélienne. C’est précisément cette notion – pourtant familière à tout Juif à travers le concept ancien de « shalia’h tsibbour ») – qui est aujourd’hui remise en cause par les opposants au gouvernement, lorsqu’ils prétendent interdire aux ministres de participer aux cérémonies des jours sacrés que nous allons vivre cette semaine.

 

Comme je le montre dans mon livre Quelle démocratie pour Israël ? qui paraît ces jours-ci, l’enjeu du débat actuel en Israël – débat qu’on retrouve ailleurs dans le monde démocratique – dépasse de loin la seule question de la réforme judiciaire, car il porte en fait sur la nature même du régime démocratique. Paradoxalement, les partisans d’un « gouvernement des juges », en Israël comme ailleurs, contestent en fait l’idée classique de la démocratie représentative et du pouvoir politique. Voilà, en quelques mots, l’enjeu fondamental de l’idée de Mamlakhtiyout qu’il s’agit de retrouver cette semaine, pendant les jours sacrés du Yom Hazikaron et du Yom Ha’Atsmaout.

Pierre Lurçat

 

N.B. Je donnerai une conférence en Zoom dimanche 30 avril à 19h30 sur le thème « Quelle démocratie pour Israël ».

________________________________________

 

Mon livre Quelle démocratie pour Israël ? vient de paraître aux éditions L’éléphant. Il est disponible sur Amazon, B.o.D. et dans toutes les bonnes librairies.


Un livre politique qui se lit comme un roman policier”.

Liliane Messika, écrivain, Mabatim

 Dans ce petit livre très dense et très pédagogique, Pierre Lurçat nous éclaire sur la crise actuelle que traverse Israël”.

Evelyne Tschirhart, écrivain, Dreuz

On ne peut imaginer ouvrage plus clair et plus adéquat pour comprendre quel est l’enjeu de ce qui s’est passé dans le pays”.

Rav Kahn, Kountrass

 

 

 

[1] Son fils Shlomo est mort lors de l’opération « Paix en Galilée » en 1982.

[2] Voir ma série d’articles sur « Le conflit identitaire israélien ».

[3] Selon Danny Trom, c’est Ben Gourion qui aurait créé l’expression de Mamlakhtiyout, qu’il traduit par étatisme ou par sens civique.

Yom Ha’Atsmaout 5783 : Retrouver le sens de la Mamlakhtiyout, Pierre Lurçat

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COMMUNIQUÉ - Parution du livre “Quelle Démocratie pour Israël ?”

April 4 2023, 13:24pm

Posted by Pierre Lurçat

COMMUNIQUÉ - Parution du livre “Quelle Démocratie pour Israël ?”

J'ai présenté mon livre dans le cadre d'une conférence donnée par Raison Garder

La violente polémique et les manifestations publiques incessantes suscitées depuis quelques mois en Israël par le projet de réforme judiciaire posent une question essentielle. Comment expliquer que des dizaines de milliers d’Israéliens manifestent en scandant « Démocratie ! », alors même que l’objectif affiché de la réforme judiciaire est précisément de renforcer la démocratie et l’équilibre des pouvoirs ? Il y a là, de toute évidence, deux conceptions opposées de la nature du régime démocratique.

Pour comprendre les enjeux de ce débat fondamental, il est nécessaire de revenir en arrière, aux débuts de la « Révolution constitutionnelle » menée par le juge Aharon Barak dans les années 1980 et 1990. C’est depuis lors que la Cour suprême s’est octroyée la compétence de dire le droit à la place du législateur, d’annuler les décisions du gouvernement et de l’administration, les nominations de fonctionnaires et de ministres et les décisions des commandants de l’armée, etc. Aucun domaine n’échappe plus à son contrôle omniprésent.

Dans son nouveau livre, Pierre Lurçat retrace l’histoire de cette Révolution passée inaperçue du grand public et explique les enjeux du projet de réforme actuel, en la replaçant dans son contexte historique. Il rappelle ainsi pourquoi Israël ne possède pas de Constitution et montre comment l’extension du domaine de la compétence de la Cour suprême a affaibli les pouvoirs exécutif et législatif, en la transformant de facto en premier pouvoir.

Replaçant la problématique israélienne dans un contexte plus vaste – celui de la montée en puissance d’un « gouvernement des juges » dans la plupart des pays occidentaux, il s’interroge également sur les causes profondes de l’engouement pour la notion d’un pouvoir des juges et du rejet concomitant de la démocratie représentative et du pouvoir politique en général.

Quelle démocratie pour Israël : Gouvernement du peuple ou gouvernement des juges? Editions L'éléphant 2023. Disponible sur Amazon et bientôt dans les librairies françaises d'Israël.

L’auteur

Né à Princeton, Pierre Lurçat a grandi à Paris et vit à Jérusalem. Il a publié plusieurs essais, parmi lesquels des Préceptes tirés de la sagesse juive (Presses du Chatelet), Israël, le rêve inachevé (éditions de Paris), et Les mythes fondateurs de l’antisionisme contemporain (éditions L’éléphant). Il a fondé en 2021 la Bibliothèque sioniste, qui vise à mettre à la portée du lectorat francophone les grands textes des fondateurs du mouvement sioniste et dirigeants de l’Etat d’Israël.

 

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TRIBUNE - La démocratie est florissante en Israël

March 27 2023, 10:19am

Posted by Pierre Lurçat

TRIBUNE - La démocratie est florissante en Israël

Un groupe d'intellectuels s'affirment inquiets pour Israël dans les colonnes du Monde et affirment que la démocratie y est en danger, dénonçant une dérive autocratique et « illibérale » du nouveau gouvernement israélien. Le débat virulent qui se déroule aujourd'hui en Israël suscite la réflexion. Néanmoins, il mérite mieux que des prises de position à l'emporte-pièce. Si les signataires étaient mieux informés de ce qui se passe en Israël, ils ne reprendraient pas sans vérifier les slogans des manifestants et de ceux qui ont fait de la réforme judiciaire leur nouveau cheval de bataille.

 

En effet, contrairement aux mots d’ordre entendus en Israël, l'enjeu de cette réforme, qui est certes perfectible, n'est pas de porter atteinte au caractère démocratique de l'Etat hébreu, mais bien de le renforcer, en rétablissant un équilibre et une séparation des pouvoirs qui ont été bafoués depuis 1992 par la « Révolution constitutionnelle », proclamée à l'époque par le juge Aharon Barak. Lors d'une séance nocturne et en catimini, celui-ci avait alors réussi à faire voter par la Knesset – le Parlement israélien – deux lois fondamentales sur la dignité humaine et sur la liberté professionnelle. Ces deux lois fondamentales avaient été adoptées par une Knesset à moitié vide et leur signification véritable avait été cachée au public – y compris aux députés qui les avaient votées.

 

La Révolution constitutionnelle est effectivement passée quasiment inaperçue du public et des médias. Cette « Révolution constitutionnelle » qui fut quasiment le fait d'un seul homme est, pour le lecteur français, d'autant plus incroyable qu'elle ne repose sur aucune décision d’une assemblée législative ou constituante ; le juge Barak s'étant arrogé ex nihilo la compétence de proclamer qu'Israël était devenu du jour au lendemain une démocratie constitutionnelle. « C’est l’unique Constitution au monde qui est née de la décision d’un tribunal », s’était à l’époque exclamé le juge Moshé Landau.

 

La Cour suprême d'Israël est aujourd’hui la plus interventionniste du monde, agissant quotidiennement pour valider ou invalider les décisions du gouvernement, de l’administration ou de l’armée et empiétant sur les compétences des pouvoirs exécutif et législatif et ce, en l'absence de Constitution véritable. Réunissant les pouvoirs de la Cour de cassation, du Conseil d'État et du Conseil constitutionnel, elle est devenue de facto le premier pouvoir en Israël. C'est cette situation inédite et sans équivalent dans le monde démocratique que l'actuelle réforme entend rectifier, en redonnant au Parlement et au gouvernement israéliens les pouvoirs qui leur ont été enlevés.

 

La virulence du débat public en Israël tient aussi au fait que ce débat politique et juridique en recouvre un autre, plus profond et jamais résolu depuis 1948, celui sur le caractère juif de l'État d'Israël. C'est en réalité ce dernier qui constitue l'enjeu véritable du vif débat actuel et non le caractère démocratique de l'État, qui n’est nullement remis en cause. L'actuelle coalition au pouvoir entend ainsi rétablir le fragile statu quo datant de l'époque de Ben Gourion et l'équilibre entre Juifs non-croyants et religieux, mis à mal par trois décennies d'activisme laïciste judiciaire d'une Cour suprême, autrefois très respectée. En entrant de plain-pied dans le débat politique et en prétendant abolir – au nom d’une idéologie progressiste – le caractère national juif de l’Etat d’Israël pour en faire un « Etat comme les autres », la Cour suprême a non seulement trahi l’esprit des fondateurs de l’Etat et de la Déclaration d’Indépendance, mais elle a aussi scié la branche sur laquelle elle est assise : la confiance du public israélien.

 

Contrairement à ce que laissent entendre ces pétitionnaires, le fait d’être un État juif n’est pas contradictoire avec l’idée de démocratie. Les écrits de Jean-Jacques Rousseau, ou plus récemment l’ouvrage d’Éric Nelson La république des hébreux, démontrent comment la tradition hébraïque a au contraire inspiré la pensée démocratique moderne en Occident. Il faut relire les textes des pères fondateurs du sionisme, de Herzl à Ben Gourion et Jabotinsky, ainsi que la Déclaration de l’Indépendance, pour constater que l’État Juif prévoit des droits égaux pour tous ses citoyens, Juifs ou Arabes, égalité qui est aussi une réalité sur le terrain. Comme le prouvent les très nombreuses manifestations qui se déroulent librement dans le pays, la démocratie en Israël est bien florissante.

 

PREMIERS SIGNATAIRES

 

Georges-Elia Sarfati (Philosophe), Yana Grinshpun (Analyste du discours), Roland Assaraf (Physicien), Pierre Lurçat (Avocat, écrivain), Jean-Pierre Lledo (Réalisateur), Ziva Postec (Cinéaste), Yves Mamou (Journaliste), Liliane Messika (Ecrivain, traductrice), Renée Fregosi (Philosophe), Philippe Karsenty (Homme d’affaires), Richard Rossin (Ecrivain, ancien secrétaire des Médecins sans Frontière), Paulette Touzard Dawidowicz (Présidente de l'association pour la Mémoire des enfants Juifs déportés du Nord Pas de Calais), Jean-Serge Lorach (Avocat Honoraire, ancien Vice-Président de la Licra), Alain Attlan (Membre d'honneur du CRIF Occitanie), Jean-Marie Gélinas (Président des ''Amitiés Québec – Israël''), Josiane Sberro (Educatrice), Paul Fenton (Professeur émérite), Rachel Israël (Psychanalyste), Jean-Loup Mordekhaï Msika (Plasticien), Abigail Yaari (Professeur de droit), Brigitte Ullmo Bliah (Avocate), Guy Sebag (Avocat), Johann Habib (Avocat), Philippe Bliah, (Avocat), Stephane Haddad (Avocat), Frédéric Zerbib (Avocat), Guy Sebag (Avocat), Elyeth Bettan, (Avocate-notaire), Bat Ye’or, (Ecrivain), Thérèse Zrihen-Dvir (Ecrivain), Gilles Falavigna (Editeur), Evelyne Tschirhart (Ecrivain), Albert Soued, (Journaliste, Ecrivain), David Benoliel (Philosophe), Olivier Veron (Editeur), Gérard Weisz (Essayiste), Gérard Rosenzweig, (Ecrivain, enseignant), Evelyne Gougenheim (Militante associative)

Marc Bruzstowki (Journaliste), Shraga Blum (Journaliste), Meir Ben-Hayoun (Journaliste), Ilan Saada (Journaliste), Claire Dana-Picard (Journaliste), Patricia Hassoun (Directrice de publication), Cyril Benichou (Consultant), Marc ROZENBAUM (Traducteur), Jean-Jacques Bretou (Traducteur), Yarcov Ben Denoun (Ecrivain), Ophrah Zelmati (Editeur),

Rudi Roth (Dr physique théorique), Jean-Louis Attyasse (Biologiste),, Gilles Ferréol (professeur des Universités), David Banon (Professeur), Maguy Serfaty-Fenton (Professeur Oxford), Gérard Darmon (Prof de Biophysique, fac de médecine), Roger Guedj (Universitaire), Colette Guedj (Universitaire), Véronique Lankar (Professeur), Maxime Maiman, Professeur d’Université CNAM Paris), Esther Baruch (Professeur),

Prof Bernard Belhassen (Cardiologue), Bernard Chiche (Chirurgien-dentiste), Pierre Boccara (Chirurgien), Guy SAMAMA (Chirurgien), Bruno Rosen (Gynécologue obstétricien), Paul Atlan (Gynécologue Bioéthicien), Dr Michel Assor (Chirurgien orthopédiste), Dr Amos Zot, Henry-Claude Dbjay (Chirurgien), Monique Azra (médecin), Pierre Nahum (médecin), Hervé Megaides (Médecin généraliste),

Alexandre Krivitzky (Psychanalyste), Edmond Richter (Psychothérapeute), Yana Wanda (Psychologue), Oriella Bliah (Pharmacienne), Nicole Zerah-Danan (pharmacienne), Avraham Zerah (dentiste), Corinne Krivitzky (Cadre supérieur de santé),

 

Claude Berger (Auteur), Yehuda Moraly (Professeur de théâtre), Shirel Benoliel (Artiste-peintre), Leila Shahak (cinéaste), Stephane Rougier (Musicien), Nicole Kelin (Fashion Designer), Hector Flak (Show Business), Katia Joffo (Coaching littéraire), Francoise Serrero (Anthropologue), Nejman Yves (Art consultant), Asher Zelmati (Coach professionnel),

Hanna Benoualid (Professeur), Georges Grunberg (Enseignant), Reine Darmon (Prof en collège), Florence Gay-Bellile (Directrice en formation), Sylvia Assouline (Enseignante), Anne Marie Dran (Éducatrice),

Daniel Bruch (Ingénieur), Michel Benoualid (Ingénieur), Adrien Azoulay (Directeur engineering pétrolier), Erick Azerhad (Ingénieur), Fabien Ghez (Ingénieur), William Doukhan (Technicien expert aéronautique), Michèle Mettoudi (Ingénieure), Charles SELLAM (Pilote Aviation Civile),

Michael Breisacher (Informaticien), Serge Amar (Ingénieur informatique), Elie Balouka (Informaticien), Marie Auteserre (Chargée d'informatique), Éléonore Breton (Développeuse web), Meyer Saghroun (Informaticien), Denise Chabah Alloul (Informaticienne),

Jean-Luc Scemama (Expert-comptable), Monique Adato (Expert-comptable), Jean-David Guitard (Conseiller bancaire), Josiane Flak (cadre bancaire), Serge Skrobacki, (cadre dirigeant), Albert Levy (Entrepreneur), Ofer Tassa (Ingénieur directeur d’entreprise), Siksik Serge (DRH), Abraham Bentolila (Consultant en gestion), Victor Perez (Commerce), Benjamin Zenou (Responsable commercial), Thierry Amouyal (Cadre commercial), Alain Turkieltaub (Directeur d’usine), Robert Allouche (Attaché de Direction Distribution Professionnelle), Bernard Hagège (Chef d'entreprises), Pierre Vasen (directeur commercial), BILE Hortense (Assistante agence de publicité ), André Bélilty (Expert-comptable),  Odélia Rafowicz (Gestionnaire de patrimoine), Linda MESSINE (Fonctionnaire),

Daniel Nathan, Karol Berkowicz, P. Haloua, Amram Ifergan, Rolland Aboucaya.

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« La démocratie c’est la dictature » : Le moment orwellien de la politique israélienne, Pierre Lurçat

March 16 2023, 05:47am

Posted by Pierre Lurçat

« La démocratie c’est la dictature » :  Le moment orwellien de la politique israélienne, Pierre Lurçat

N.B En qualifiant de "compromis du peuple" sa proposition, le président Itshak Herzog participe de la propagande que j'analyse ci-dessous. "Compromis du peuple" ou "compromis des élites"? P.L

Dans la gigantesque campagne de désinformation à laquelle se livrent les médias « mainstream » israéliens et les chefs de l’opposition, avec l’appui – entre  autres – de la Cour suprême, du parti démocrate et du département d’Etat américains et d’ONG financées par des Etats étrangers (tous ces acteurs constituant ce que certains qualifient de « Deep State »), je voudrais m’arrêter ici sur deux mensonges particulièrement efficaces.

 

Le premier consiste à qualifier la Loi sur le contournement (« Hok ha-Hitgabrout ») qui a été votée cette semaine et les autres volets de la réforme judiciaire de « lois personnelles », « Loi Dery », « Loi Bibi », etc. comme si l’objet principal de toute cette réforme était de « sauver » le Premier ministre et d’autres de la rigueur de la justice israélienne, laquelle serait mue par des motivations pures et intègres. L’histoire politique des deux ou trois dernières décennies en Israël montre que c’est précisément le contraire qui est vrai.

 

La réforme en cours – que les médias israéliens qualifient de « putsch » ou de « révolution judiciaire », dans leur Novlangue orwellienne –  n’a rien de nouveau. Ses principes m’avaient été exposés par le ministre Yariv Levin (alors député du Likoud) dans une interview publiée par Israël Magazine en… 2011 ! Elle vise en réalité à rétablir le pouvoir de la Knesset et à permettre aux représentants du peuple et à ses dirigeants démocratiquement élus d’appliquer la politique pour laquelle ils l’ont été, sans craindre de se voir entravés, empêchés, voire inculpés par une justice qui est tout sauf neutre et apolitique. Les exemples de cette triste réalité sont légion.

 

L’ancien ministre de la Justice, Daniel Friedman, avait lui aussi élaboré un projet de Loi de contournement, comme il l’a relaté dans un livre passionnant[1]. Il y explique notamment comment le système judiciaire et la police ont été utilisés, depuis trois décennies, pour torpiller toute tentative de réforme et de rétablir l’équilibre des pouvoirs, en rognant les pouvoirs exorbitants que la Cour suprême s’est octroyée lors de la Révolution constitutionnelle. Cela porte un nom : justice politique.

 

Parmi ceux qui ont tenté de s’attaquer à celle-ci, citons le ministre de la Justice (travailliste) Haïm Ramon, le ministre Yaakov Neeman et le ministre Daniel Friedmann. Les deux premiers ont été inculpés pour des raisons plus ou moins valables, mais toujours dans un but politique évident. Comme l’a écrit Amnon Dankner, en matière d’inculpation de personnalités publiques, il existe trois écoles : « celle de Beit Hillel, celle de Beit Shamai et celle de « cela dépend de qui il s’agit ». En l’occurrence, la Cour suprême, le procureur de l’Etat et la police ont depuis de nombreuses années choisi la troisième école. Ils « ciblent » systématiquement les hommes politiques qui tentent de diminuer le pouvoir du système judiciaire et utilisent tous les moyens pour parvenir à leurs fins.

 

Ce qui nous amène au plus grand mensonge de la campagne actuelle : qualifier de « putsch » et de « révolution » anti-démocratique une réforme qui vise précisément à rétablir la démocratie, l’Etat de droit et la neutralité de la justice. Mais comme l’avait dit un spécialiste de la propagande, « plus le mensonge est gros, plus il passe ». Dans cette immense entreprise de propagande, dont on ignore qui exactement la finance, deux coups de génie ont sans doute été pensés par des conseillers en communication politique américains, les fameux spin doctors qui exercent depuis quelques décennies leurs talents en Israël.

 

Le premier est d’avoir utilisé comme symbole le drapeau d’Israël, pour faire croire que ces manifestations du camp anti-Bibi qui a perdu les dernières élections, représentent la majorité, voire l’ensemble du peuple d’Israël. Le second est d’utiliser le mot de « démocratie », détourné de son sens authentique, en ralliant ainsi les défenseurs abusés de celle-ci. Israël traverse un moment orwellien. Comme dans le fameux roman d’Orwell 1984, où le régime totalitaire avait pour slogans « la guerre c’est la paix » et « la liberté c’est l’esclavage », la campagne de propagande actuelle a adopté pour devise, « la démocratie c’est la dictature ». Le peuple d’Israël est-il dupe ? Rien n’est moins sûr.

P. Lurçat

_____________________________________________________________

La conférence que j’ai donnée à Tel-Aviv sur “Les enjeux de la réforme judiciaire” est à présent en ligne ici :

(8) 28 02 23 Pierre Lurçat Les Enjeux De La Réforme Judiciaire En Israël Tlv - YouTube

 

 

 

[1] The Purse and the Sword,

The trials of the Israeli Legal Revolution, Yediot Aharonot Books 2013.

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