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A propos de Technopoly : Neil Postman, un penseur pour le monde actuel

October 30 2019, 16:15pm

Posted by Pierre Lurçat

 

לזכר אבי ומורי

François Lurçat (11-10-1927 - 14-10-2012)
 

La technique accroît la quantité d’information disponible. Plus celle-ci augmente, plus les mécanismes de contrôle sont mis à rude épreuve, et plus il faut en créer de nouveaux pour y faire face. Cette perte de contrôle entraîne alors un déséquilibre sur le plan psychique et moral. Sans système de défense, les individus ne parviennent plus à donner du sens à leur existence, perdent la capacité à se souvenir et ont des difficultés à imaginer l’avenir de façon rationnelle”.

 

Cette citation, saisissante de vérité, décrit précisément les effets des nouveaux médias et téléphones portables sur les utilisateurs, jeunes et moins jeunes, qui leur sont de plus en plus asservis. Pourtant, elle est bien antérieure à l’apparition des téléphones portables et même d’Internet, sous la forme où nous le connaissons aujourd’hui : elle  date en effet de 1992. Cette description de la “société de l’information” actuelle est extraite du livre pionnier de Neil Postman, Technopoly, publié aux États-Unis il y a presque 20 ans, et qui vient seulement d’être traduit en français.


 

 

Neil Postman est un auteur capital pour la compréhension de notre monde actuel, dont les livres sont encore largement ignorés du public francophone. (Un autre de ses livres a été publié en français en 2011, sous le titre Se distraire à en mourir). Né en 1931 et décédé en 2003, il est souvent présenté comme un théoricien (et un critique) des médias, ce qui ne recouvre en réalité qu’un aspect - important mais partiel - de son oeuvre. Éducateur de formation, il a d’abord enseigné l’anglais, avant de fonder un programme d’écologie des médias à l’université de New York. 

 

La critique déployée par Postman, dans une quinzaine d’ouvrages publiés entre le début des années 1960 et la fin des années 1990 - ainsi que dans ses cours, interventions et articles de journaux - concerne en réalité non seulement les médias et la technologie (thème de son livre Technopoly) mais plus largement, la culture dans sa totalité et la manière dont elle est affectée par les changements technologiques, idéologiques et sociaux. Comme ses travaux antérieurs, la réflexion menée dans Technopoly repose en effet sur un constat fondamental, qu’il exprime ainsi dans son livre La disparition de l’enfance (1) : “nous créons des machines pour un but particulier et limité. Mais une fois la machine construite, nous nous apercevons qu’elle est capable de changer nos habitudes de pensée”. 

 

Ce constat - auquel il a donné le nom de “syndrome de Frankenstein” - est illustré par Postman à travers de nombreux exemples, comme le télescope, le téléphone, le télégraphe et le développement des mass média et de la télévision. Mais il est tout aussi pertinent à l’égard des nouvelles technologies développées après son décès : Internet, les nouveaux médias et les téléphones portables. C’est ainsi que Postman définit le concept de Technopoly : une société qui croit que “l’objectif principal, voire unique du travail et de la pensée humaine est l’efficacité, que le calcul technique est à tous égards supérieur au jugement humain… et que les affaires des hommes sont guidées de la meilleure façon par des experts”.

 

L'effet le plus radical - et le moins souvent discuté - de la technologie, est en effet de modifier notre conception et notre définition de la pensée et des autres activités humaines. Ainsi, il est aujourd'hui très largement admis que l'homme serait seulement un animal un peu plus évolué que les autres, ou que l'esprit humain serait un simple système de traitement de l'information…(2) Ces conceptions très récentes, contraires à toute la tradition philosophique occidentale - découlant de la notion hébraïque du Tselem (l'homme créé à l'image de Dieu) - sont étroitement liées, comme le montre Postman, aux développements technologiques et scientifiques et à l'idée que ceux-ci pourraient nous dire quelque chose de la nature humaine...


 

Neil Postman


 

La science, nouvelle source de crédulité

 

La réflexion de Postman ne se cantonne pas à la seule technologie, mais aborde des thèmes aussi divers et importants que la médecine ou les statistiques (3). A travers la technologie, c’est aussi l’idéologie scientiste qu’il dénonce. Publié en anglais sous le titre “Technopoly, The Surrender of Culture to Technology”, Technopoly relate ainsi comment l’humanité a quitté la “civilisation de l’outil” pour embrasser la technocratie, que Postman caractérise notamment comme l’époque de “séparation de la morale et des valeurs intellectuelles”, consécutive aux bouleversements apportés par plusieurs des fondateurs de la science - et notamment de la physique - moderne, comme Kepler, Galilée et Newton. C’est à cette époque que le “grand récit de la science a pris le pas sur le grand récit de la Genèse pour définir la vérité”. 

 

Mais, contrairement à une idée reçue, que Postman bat en brèche, l’avènement de la science comme nouveau “grand récit”, se substituant à celui de la Genèse sur lequel a largement reposé l’Occident judéo-chrétien depuis presque 2000 ans, n’a pas coïncidé avec l’avènement d’un règne universel de la Raison, mettant fin aux croyances et aux superstitions. Bien au contraire : la science est devenue -  à travers son sous-produit qu’est la technologie - la nouvelle source d’autorité et de crédulité. Comme le faisait déjà remarquer Bernard Shaw il y a près de 80 ans, “un individu lambda de la première moitié du XXe siècle est à peu près aussi crédule qu’un individu lambda du Moyen-Age. Pour ce dernier, la source d’autorité était la religion. De nos jours, c’est la science”. Ou comme le disait François Lurçat, “la science ne nous éclaire plus, elle nous éblouit” (4).

 

Face à l’emprise croissante de la technologie et des nouveaux médias, que peut-on faire? Peut-on “revenir en arrière”? En réalité, l’énoncé même de cette question repose sur le présupposé d’un progrès nécessaire et inéluctable de l’humanité, identifié au progrès technologique, qu’on s’interdit de juger et de critiquer. Il est bien entendu possible de vivre sans les réseaux sociaux, voire même sans téléphone portable ou sans Internet (qui est, comme la langue selon Esope, la “pire et la meilleure des choses”, selon l’usage qu’on en fait). Mais l’essentiel n’est sans doute pas là. L’essentiel, comme le montre bien Neil Postman, est de conserver notre faculté de jugement critique, face à une technologie et à une science qui sont largement devenues les idoles du monde actuel.


 

Jacques Barzun Liliane et François Lurçat


 

La réflexion de Postman rejoint celle de plusieurs autres penseurs contemporains, parmi lesquels on peut citer son compatriote Jacques Barzun, philosophe et historien des idées (né en France et installé aux États-Unis) ou encore Liliane Lurçat, psychologue et François Lurçat, physicien et philosophe, dont les travaux respectifs sur la télévision et sur la science actuelle convergent à de nombreux égards avec l’analyse développée dans ce livre. Il faut rendre hommage aux éditions L’échappée qui ont publié ce livre passionnant, et à l’association Technologos, qui l’a traduit. J’ajoute que la présentation est très soignée et agréable. Un livre à lire et à faire lire.

Pierre Lurçat

 

(1) The disappearance of Childhood, 1982. Non traduit.

(2) Voir à ce sujet la série d’articles que j’ai consacrés à Yuval Noah Harari : http://vudejerusalem.over-blog.com/2019/08/yuval-noah-harari-et-le-judaisme-i-un-penseur-edulcore-pour-un-monde-sans-gloire.html 

http://vudejerusalem.over-blog.com/2019/08/yuval-noah-harari-et-le-judaisme-ii-homo-sapiens-ou-creature-a-l-image-de-dieu.html

http://vudejerusalem.over-blog.com/2019/08/yuval-harari-et-israel-iii-le-faux-prophete-de-jerusalem.html

(3) Voir notamment L’autorité de la science, Cerf 1995, et La science suicidaire : Athènes sans Jérusalem, éditions François-Xavier de Guibert, Paris, 1999. Voir mon article : http://vudejerusalem.over-blog.com/2018/10/athenes-sans-jerusalem-le-rejet-des-racines-hebraiques-au-coeur-du-suicide-de-l-occident.html

(4) Sur ce sujet, Postman confirme l’observation faite par le rav Léon Ashkénazi: “Ce n’est donc pas par hasard que la Tora condamne précisément la statistique (Exode, 21-12) et ordonne que tout « dénombrement », où la personne humaine est réduite à un numéro d’ordre, soit « racheté » par le shekel”. In “Attitude scientifique et attitude religieuse”, repris dans L’éclaireur, https://www.leclaireur.org/magazine/view?id=6&articleID=179

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Ishaï Ribo et les racines juives de la musique israélienne

October 27 2019, 15:42pm

Posted by Judith Assouly et Pierre Lurçat

Ishaï Ribo et les racines juives de la musique israélienne

Parmi les nouveautés musicales marquantes de cette fin d’année 5779, le dernier album d’Ishai Ribo, “Eloul” est l’occasion de parler d’un des phénomènes les plus intéressants de l’évolution récente de la musique israélienne, celui du retour aux racines juives.

 

A VOIR SUR STUDIO QUALITA

ET ICI

https://www.youtube.com/watch?v=LcrqjssVP6I

Aujourd'hui dans CulturaSion’ #9 : Le musée d’art moderne de Tel Aviv

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Les mythes de l'antisionisme - Mon nouveau cours en ligne dans le cadre de l'Université populaire du judaïsme

October 17 2019, 10:05am

Posted by Pierre Lurçat

Les mythes de l'antisionisme - Mon nouveau cours en ligne dans le cadre de l'Université populaire du judaïsme

Mon cours en ligne sur "Les mythes de l'antisionisme" débutera le 15 novembre, dans le cadre de l'Université populaire du judaïsme fondée et dirigée par le Pr Shmuel Trigano.

AKADEM_UNIPOPU
L’Université populaire
du judaïsme

 

Description

Le discours antisioniste actuel se décline autour de quelques thèmes majeurs, qui doivent être répertoriés et analysés, pour comprendre les ressorts et les failles de cette idéologie. La Nakba, “Sionisme = racisme”, “Israël, État d’apartheid”, etc. ne sont pas seulement des slogans, mais aussi des éléments d’une argumentation élaborée, dont il importe de décrypter la logique interne et de démonter l’articulation. Après avoir replacé l’antisionisme dans son contexte historique, nous en analyserons les principales thématiques.

 

L’enseignant
Pierre Lurçat. Avocat et traducteur. Membre du desk francophone de l’institut MEMRI à Jérusalem. Auteur de plusieurs livres sur l’islam radical, Israël et le sionisme, parmi lesquels Israël, le rêve inachevé. Quel Etat pour le peuple juif? (éd. de Paris 2018), Pour Allah jusqu’à la mort : Enquête sur les convertis à l’islam radical (éditions du Rocher 2008) et la traduction de l’Histoire de ma vie de Jabotinsky Les provinciales 2011).

 

Renseignements et inscription (gratuite) :

http://universitedujudaisme.akadem.org/cours/sciences-po/

http://akadem.imadiff.net/

 

 

Présentation

 

 

Qu’est-ce que l’antisionisme? La dernière mutation de l’antisémitisme? Un discours radical, maniant slogans et insultes, ou bien une véritable idéologie, méritant d’être analysée, étudiée et si besoin est réfutée? Quoi de commun entre le passant qui traite Alain Finkielkraut de “sale sioniste”, au cours d’une manifestation parisienne, l’intellectuel arabe qui se dit antisioniste par conviction nationaliste, ou l’intellectuel juif assimilé qui prétend, lui, s’opposer au sionisme “au nom du judaïsme”? De toute évidence, il y a là des manifestations très diverses  - voire totalement disparates - d’un phénomène multiforme, qu’on a peine à ranger sous le même vocable d’antisionisme. 


 

Dans le cadre de ce cours - qui s’étend sur six sessions - nous nous attacherons à répertorier et analyser les thèmes majeurs du discours et de l’idéologie antisioniste, pour comprendre les ressorts et les failles de cette idéologie. La Nakba, “l’exploitation de la Shoah par Israël”, “Sionisme = racisme”, “Israël, État d’apartheid”, etc. ne sont pas seulement des slogans, mais ce sont aussi des éléments d’une argumentation élaborée, dont il importe de décrypter la logique interne et de démonter l’articulation. Après avoir replacé l’antisionisme dans son contexte historique, nous en analyserons les principales thématiques.

 

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Aujourd'hui dans CulturaSion’ #9 : Le musée d’art moderne de Tel Aviv

October 11 2019, 09:28am

Posted by Judith Assouly et Pierre Lurçat

Cette semaine, dans Cultura’Sion, l’émission culturelle de Studio Qualita, Judith Assouly et Pierre Lurçat nous emmènent visiter le Musée d’art moderne de Tel Aviv : un lieu de culture, de promenade, d’expériences et de réflexion…

https://www.youtube.com/watch?v=RjLeWGsBEbI

 

 

 

Aujourd'hui dans CulturaSion’ #9 : Le musée d’art moderne de Tel Aviv

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Comment un livre prémonitoire avait décrit le phénomène des convertis à l’islam radical en 2008, par Evelyne Tschirhart

October 6 2019, 10:19am

Posted by Evelyne TSCHIRHART

 N.d.R. Ecrit à une époque où le phénomène des convertis à l’islam radical et au djihad était encore relativement marginal, ce livre décrit de manière prémonitoire l’explosion actuelle des conversions et du recours de l’Etat islamique et des autres mouvements islamistes aux djihadistes d’origine occidentale. Neuf ans après sa parution, Evelyne  Tschirhart a relu Pour Allah jusqu’à la mort, enquête sur les convertis à l’islam radical

 

Ce livre n’est pas récent, puisqu’il fut publié en 2008. Pourtant  il est d’une brûlante actualité. Il s’agit de la description et de l’analyse  minutieuse et fort bien documentée, du parcours de jeunes convertis qui finissent  par s’engager dans le djihad, dans tous les pays européens, aux Etats-Unis ou en Australie.

Ce livre est mené comme une enquête, ce qui le rend facile à lire et passionnant.

Qui sont ces jeunes ? Pourquoi se convertissent-ils ? Pourquoi vont-ils jusqu’à tuer et se sacrifier pour le djihad ?  Autant de questions brûlantes dont on cerne bien des éléments de réponse mais où il reste, cependant, une part d’inconnu.

Bien sûr, nos sociétés n’apportent plus grand-chose de spirituel pour nourrir cette quête du sens présente chez les jeunes. Sens qu’ils ne trouvent ni dans leur religion (quand ils en ont une), ni dans la famille, lorsque celle-ci se désagrège trop souvent, ni dans l’autorité parentale qui s’est largement émoussée avec  l’idéologie de permissivité et de droits de l’enfant, sans que les devoirs soient jamais évoqués. Quant à l’école, elle n’apprend plus rien et la transmission des connaissances : de la littérature, de la philo et de l’histoire a été remplacée par un saupoudrage sans chronologie, sans soubassement solide et surtout remplacée par un catéchisme des droits de l’homme.

Mais, comme le constate l’auteur à travers l’itinéraire des convertis à l’islam, cela ne suffit pas à expliquer pourquoi ces jeunes s’embarquent dans une religion – certes accueillante, mais qui les mène, généralement à un radicalisme  que rien ne laissait imaginer. (Il y a une série TV américaine : « Sleeper cell » qui montre bien comment des jeunes se convertissent puis se sacrifient en tuant le maximum de gens au cours d’un terrible attentat. Elle est passée en France il y a quelques années mais  n’a pas fait beaucoup de bruit et, lorsque je me trouvais aux USA en 2008, j’en avais parlé à de jeunes Américains qui disaient que c’était exagéré et surtout anti-islam) !

Adam Gadahn, le converti américain d’Al-Qaïda

Pour enrôler des jeunes en mal de sens, ou d’aventures ou parce qu’ils sont influencés par des camarades,  il faut qu’ils trouvent devant eux une idéologie forte et convaincante : celle de l’islam ou de l’islamisme. (Personnellement je ne vois pas la différence car l’islamisme n’est-il pas la partie émergée de l’islam ? Je ne veux pas dire par là que tous les musulmans sont des terroristes, bien sûr, mais il est évident qu’ils ont beaucoup de mal à s’opposer à l’islamisme.)

À l’époque de ma jeunesse, comme à celle de nos parents, il y avait  la possibilité de croire en un monde meilleur grâce au communisme. On a vu les résultats et on a vite déchanté des lendemains qui chantent. Et puis, après la guerre, peu étaient prêts à prendre les armes.

Une question se pose : quand on voit, comme l’expose l’auteur de façon  très claire que depuis plusieurs décennies, l’islam se répand dans nos banlieues  et dans l’Europe entière, on est effrayé de constater que rien n’est fait pour freiner une islamisation de plus en plus visible, parce qu’elle se veut visible. Paul Landau le souligne : s’il n’y avait pas des salafistes embusqués un peu partout, des mosquées politiquement actives, il n’y aurait pas autant de convertis et de postulants au djihad.

Il est donc urgent de prendre des  mesures drastiques et j’ajoute qu’un tel livre permet à ceux qui sont encore ignorants de réfléchir aux conséquences prévisibles de ces conversions qui se multiplient. Or cela ne semble pas vraiment interroger ceux qui nous gouvernent. Mais doit-on s’étonner ?

John Walker Lindh, le “taliban américain”

J’ai été particulièrement intéressée par le passage sur les convertis allemands. Il se trouve que j’étais à Berlin en juin dernier, chez des amis et j'ai été frappée par l’engouement de certains pour des réfugiés Syriens mais aussi Ouighours dont ils s’occupent ; il semble qu’ils soient les nouveaux damnés de la terre pour ces intellectuels en mal de cause à servir. Ils étaient évidemment tout à fait d’accord avec la politique « suicidaire » d’Angela Merkel.  La culpabilité allemande (des parents) doit-elle conduire à un tel aveuglement, une telle haine de soi ? Au train où vont les choses, les conversions vont exploser.

Or en 2007 déjà, en Allemagne, des attentats de grande envergure se préparaient contre une caserne américaine par des convertis allemands de souche. Les terroristes furent arrêtés avant  la mise à exécution de leur projet mais la population allemande commença dès lors à prendre conscience du danger terroriste sur son propre territoire. Et Paul Landau de s’interroger : « comment expliquer que  des jeunes Allemands, Français, Américains décident de se convertir précisément au moment où l’image de l’islam n’a jamais été aussi mauvaise, et où il devient beaucoup moins confortable d’être musulman en Occident ? » C’est une question à laquelle l’auteur tente d’apporter des éléments d’élucidation dans la seconde partie  de l’ouvrage.

Muriel Degauque, la première femme kamikaze occidentale convertie à l’islam

Le passage où il est question des femmes d’origine musulmane qui s’engagent dans le djihad est aussi bien vu. Il s’explique certainement en grande partie par  le statut d'infériorité dans laquelle les femmes sont maintenues dans les pays arabo-musulmans, mais aussi et de plus en plus, dans les banlieues des villes européennes. On comprend que ce soit  un moyen pour elles de « s’émanciper » et de trouver, même au prix de la mort, cette égalité qui leur est refusée. C’est cher payé !

L’auteur balaie l’idée reçue  que les djihadistes seraient des désespérés,  des incultes, des dérangés mentaux, comme on tend à le faire croire encore aujourd’hui dans certains médias qui s’efforcent de trouver des circonstances atténuantes à ces criminels. Cela a été parfaitement démontré lorsqu’on a eu connaissance du pedigree de ceux qui ont commis les attentats du 11 septembre ou celui de Casablanca, sans parler de ceux qui se sont déroulés récemment en Europe.

L’analyse du désir de reconquête  d’une Andalousie mythique est aussi très instructive. J’ignorais, par exemple, que le nombre de convertis était aussi important en Espagne qui fut islamisée pendant huit siècles. Il s’agit là, comme le dit l’auteur, d’un enjeu symbolique. On apprend que « le thème du retour de l’islam en Espagne est omniprésent dans le discours islamique contemporain, et les convertis y occupent une place importante ». Selon Paul Landau, « l’Arabie saoudite, n’a pas ménagé ses efforts pour exercer une influence et promouvoir le retour de l’islam en terre hispanique. » Une communauté musulmane a été formée à Cordoue, à Grenade qui comptent un nombre croissant de convertis. On peut donc penser que cette « reconquête » est en marche.

Dans un chapitre très important : « les convertis, maillon essentiel de la stratégie islamique», Paul Landau analyse avec acuité l’importance de la conversion pour le projet totalitaire islamique. Si durant les conquêtes musulmanes, dès  la période de la Mecque, les mécréants étaient convertis de force, ils pouvaient garder la vie s’ils payaient l’impôt ; s’ils refusaient et la conversion et l’impôt, ils étaient tués.

Enfin, dans le chapitre : « la double conversion des convertis à l’islam radical », Paul Landau explique que si tous les convertis ne deviennent pas djihadistes, beaucoup passent à l’étape suivante parce qu’ils trouvent sur leur chemin, par des rencontres ou dans certaines mosquées, des gens qui leur font franchir l’étape suivante, à savoir l’adhésion au projet politique de l’islam conquérant.

J’ai lu pas mal de livres sur l’islam, le monde arabo-musulman : Bat Ye’or, Alexandre del Valle, Anne-Marie Delcambre etc, et je pense que le livre de Paul Landau a le mérite rare de nous donner une vision claire du phénomène djihadiste chez les convertis. C’est un livre bien construit, très pédagogique qui nous offre une vision claire, documentée, analysée, mais sans  conclusions définitives, même si on suit aisément la pensée de l’auteur. Ce livre est d’autant plus important qu’il s’intéresse à un phénomène qui n’est pas en passe de s’arrêter. On est effrayé de constater que le monde occidental est attaqué par une pieuvre tentaculaire qui avance lentement mais sûrement. Ce qui est angoissant c’est que, malgré le travail considérable des Services de renseignement, notamment en France, nos hommes politiques continuent à mettre la tête dans le sable.

Le Figaro du 22/02/2017, titrait : « La politique de dé-radicalisation est un échec». Selon deux sénatrices, Esther Benbassa et  Catherine Trohendlé, sur le « de-endoctrinement, le de-embrigadement et réinsertion des djihadistes en France et en Europe, » témoigne de l’échec des politiques publiques nationales menées depuis trois ans maintenant. Des échecs dus au choix  et à la mise en œuvre des programmes, mais aussi au fait que passé un certain stade de la radicalisation islamiste, le chemin de retour est impossible. »

Ce constat n’a rien de surprenant. Nous sommes toujours dans la perspective absurde de la rééducation. On ne peut que conseiller à tous les adeptes de la « désintoxication » pour les salles de shoot, de la dé-conversion, pour les convertis à l’islam de lire le livre de Paul Landau, d’une brûlante actualité, et de réfléchir, tant qu’il est encore temps – mais il est peut-être déjà trop tard, à mettre un coup d’arrêt à cette islamisation, si l’on ne veut pas devoir se convertir de force.

E.T.

 

Paul Landau, Pour Allah jusqu’à la mort, enquête sur les convertis  à l’islam radical. Ed. du Rocher 2008.

 

 

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Cultura'Sion : L’émigration des juifs d’Ethiopie à travers un film, "Le figuier", et la voix de l'Israël de nos 20 ans avec Yardena Arazi

October 2 2019, 18:04pm

Posted by Judith Assouly et Pierre Lurçat

Dans Cultura'Sion, Judith Assouly et Pierre Lurçat nous parlent de l’émigration des juifs d’Ethiopie à travers un film, "Le figuier", et la voix de l'Israël de nos 20 ans avec Yardena Arazi

 

VOIR ICI  https://www.youtube.com/watch?v=356E97hB1eU

 

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