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djihad

Les civils de Gaza sont-ils vraiment “innocents”? P. Lurçat

February 21 2024, 12:56pm

Posted by Pierre Lurçat

Les civils de Gaza sont-ils vraiment “innocents”? P. Lurçat

 

Aucune population civile ne peut être tenue pour non responsable du pouvoir qu’elle s’est choisie. Il y a des résistants et des opposants dans tous les régimes totalitaires, y compris les plus cruels, comme l’Allemagne nazie, où Hitler a échappé à plusieurs tentatives d’assassinat. On attend toujours de voir se lever des gazaouis opposés au Hamas… Extrait d’un article paru dans Israël Magazine.

 

La guerre actuelle montre les limites et les ambiguïtés de la notion de “civils innocents” dans le cas des habitants de Gaza. Comme l’ont en effet rapporté des dizaines de soldats et d’officiers présents dans la bande de Gaza, la plupart des civils s’identifient, dans une mesure plus ou moins grande, au Hamas et à ses objectifs. En réalité, la notion même de “civils non impliqués” est étrangère à la doctrine du djihad dans l’islam, doctrine dans laquelle les habitants de Gaza sont éduqués et qu’ils appliquent. Le djihad est en effet devenu à l’époque contemporaine – sous l’inspiration des théoriciens de l’islam radical – une obligation individuelle (fard ‘ayn) qui s’applique à tous.

 

Pratiquement, cela se traduit dans le fait que la plupart des assaillants du 7 octobre n’étaient pas des terroristes du Hamas portant un uniforme, mais bien des civils de Gaza, qui se sont joints à la razzia et aux exactions perpétrées contre Israël. Ce constat est lourd de conséquences, et il ne doit pas être oublié, sous peine de commettre une erreur d’appréciation cruciale. La guerre actuelle n’oppose en effet pas seulement Israël au Hamas, mais bien à Gaza et à sa population. Ce constat a été confirmé sur le terrain par le fait que des armes et des munitions ont été trouvées dans la plupart des maisons de Gaza, y compris cachées sous les lits d’enfants…

 

Comme le rapportait récemment le journaliste de la 13e chaîne et soldat de réserve Roï Yanovsky, “Dans tous les quartiers où nous avons été, il y a des sites militaires du Hamas avec des armes, des tunnels, des explosifs, des rampes de lancement de roquettes et tout cela dans les maisons. Dans certaines, se trouvent des ouvertures dans les murs pour passer d’un bâtiment à un autre. Les habitants de Gaza qui vivent dans ces zones de guerre, le savent. Ils ont reçu une quantité innombrable d’avertissements les appelant à évacuer, bien avant que Tsahal n’entame son offensive terrestre. Ceux qui ont décidé de rester sont soit des hommes du Hamas, soit des gens qui ont pris cette décision en sachant que les lieux étaient étaient utilisés par le Hamas et donc une zone de combat”[1].

 

            Ce que signifie ce témoignage éloquent, c’est que la plupart des civils de Gaza sont loin d’être “innocents”. Ils ont en fait pris fait et cause pour le Hamas et sont ainsi devenus ses supplétifs. Comme l’explique encore Yanovsky, “le cercle qui permet au Hamas d’agir est beaucoup plus large que ses dizaines de milliers de terroristes. L’idéologie du Hamas se trouve dans toutes les maisons, dans les tableaux, dans les documents de propagande. Le Hamas à Gaza c’est comme Messi en Argentine”. Ou, pour dire les choses autrement, les terroristes du Hamas sont à Gaza comme “un poisson dans l’eau”, selon l’expression du président Mao Zedong. Aucune population civile ne peut être tenue pour non responsable du pouvoir qu’elle s’est choisie. Il y a des résistants et des opposants dans tous les régimes totalitaires, y compris les plus cruels, comme l’Allemagne nazie, où Hitler a échappé à plusieurs tentatives d’assassinat. On attend toujours de voir se lever des gazaouis opposés au Hamas…

© Pierre Lurçat / Israël Magazine

 

(Extrait d’un article paru dans le dernier numéro d’Israël Magazine, pionnier de la presse francophone israélienne).

Retrouvez mes dernières conférences et interviews sur ma chaîne YouTube.


[1] Témoignage traduit sur le site LPH INFO

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L’introuvable profil psychologique ou psychiatrique des terroristes de l’islam, Pierre Lurçat

April 28 2021, 13:26pm

Posted by Pierre Lurçat

 

L’introuvable profil psychologique ou psychiatrique des terroristes de l’islam, Pierre Lurçat

 

La récente décision de la Cour de Cassation en France, tout comment la vague d’attaques anti-juives menées en Israël à l’occasion du Ramadan, remettent à l’ordre du jour le débat ancien sur le soi-disant “profil psychologique” des terroristes islamistes et la tentative récurrente de “psychiatriser” ces assassins, pour mieux effacer ou diluer leur responsabilité - et la nôtre… Je publie ici un extrait de mon livre Pour Allah jusqu’à la mort, Enquête sur les convertis à l’islam radical, dans lequel je résume l’état des recherches sur la question. P.L.

 

 

“Marc Sageman, psychiatre, sociologue et ancien agent de la CIA en Afghanistan, a côtoyé de près les djihadistes et a assisté à l’émergence du noyau d’activistes à l’origine de l’organisation Al-Qaida. Il est l’auteur d’une enquête approndie sur les acteurs du djihad, dans laquelle il démonte les différentes théories à la mode sur le profil psychologique et sociologique des terroristes [1].

 

Son travail est fondé sur un échantillon représentatif d’acteurs du djihad salafiste mondial, constitué de moudjahidine sur lesquels on dispose d’informations suffisamment détaillées, provenant de sources publiques telles que les actes et transcriptions de procès, documents officiels, articles de presse et autres sources disponibles sur Internet. Il a mené une enquête aussi rigoureuse que possible, en remettant en question la fiabilité des informations collectées – notamment celles émanant de journalistes ou d’autres sources qu’il estime n’être pas toujours crédibles. Ses conclusions vont à l’encontre de la plupart des théories en vogue sur le sujet depuis plusieurs décennies.

 

Sageman réfute tout d’abord l’idée largement répandue selon laquelle le terrorisme se nourrirait de « la misère et des inégalités » et constituerait « la seule arme dont disposent les démunis et les sans-pouvoir contre les Etats tout-puissants ». Cette idée reçue, trop souvent répétée dans les médias et dans des ouvrages spécialisés, ne s’applique pas du tout au djihad salafiste mondial, pas plus d’ailleurs qu’aux cas évoqués précédemment (Allemagne et Israël notamment). « Près des trois quarts des moudjahidine salafistes du djihad mondial sont issus des classes supérieure ou moyenne », constate Sageman. Quant à Ben Laden lui-même, il est l’héritier d’une fortune accumulée par son père, fondateur d’une entreprise de travaux publics prospère… Les convertis à l’islam radical dont nous avons retracé les itinéraires ne correspondent pas non plus à l’image d’Epinal du “desperado” issu d’un milieu défavorisé, puisque la plupart sont issus des classes moyennes, quelques-uns de familles ouvrières (en France notamment) tandis que d’autres proviennent de la bourgeoisie libérale (aux Etats-Unis et en Allemagne).

 

Sageman réfute ensuite l’idée du terroriste ignorant et peu éduqué, ce qui en ferait un “candidat idéal au lavage de cerveau”. Dans l’ensemble, constate-t-il, « les moudjahidine salafistes ont reçu une éducation nettement supérieure à celle de leurs parents”. Ce constat rejoint celui fait par de nombreux observateurs concernant les islamistes en général, dont beaucoup ont été formés dans les meilleures universités occidentales. L’historienne Bat Ye’or observe ainsi que les idéologies islamistes « se sont développées – non point dans un milieu obscurantiste et traditionnel – mais chez des intellectuels diplômés des universités américaines et européennes [2] ». Daniel Pipes donne des exemples concrets pour illustrer ce fait souvent méconnu : Hassan Tourabi, leader islamiste soudanais, est diplômé de l’université de Londres et de la Sorbonne. Abbassi Madani, leader du FIS algérien, possède un doctorat en éducation de l’université de Londres. Moussa Abou Marzouk, chef de la branche politique du Hamas, est diplômé de l’université de Louisiane. Quant à Fat’hi Shiqaqi, dirigeant du Jihad islamique palestinien, il déclara dans une interview être un lecteur assidu des grands classiques de la littérature occidentale, de Sophocle et Shakespeare à Dostoïevski, Tchekhov et Sartre [3]...

 

Oussama Ben Laden

 

Enfin, Sageman s’attaque aux explications psychologiques, qui voudraient que les terroristes souffrent de maladie mentale ou de troubles de la personnalité. Cette hypothèse repose sur la croyance répandue, qui fait de tout criminel un psychopathe. Mais elle n’est pas confirmée par les innombrables études qui ont tenté de définir une quelconque pathologie du terroriste. Jerrold Post, chercheur américain, fondateur du Centre de psychologie politique, est parvenu à la conclusion que les études sur la psychologie du terrorisme ne permettaient de déceler aucun caractère pathologique, et il cite plusieurs auteurs qui partagent ce constat. Pour Martha Crenshaw, « la caractéristique la plus remarquable des terroristes est leur normalité [4] ». 

 

Marc Sageman parvient à la même conclusion, après avoir étudié la personnalité d’un échantillon de dix moudjahidine d’Al-Qaida, dont Oussama ben Laden, Ayman Al-Zawahiri, Mohammed Atta ou Zacarias Moussaoui. Il réfute tour à tour les thèses les plus répandues sur la personnalité du terroriste : théories du « narcissisme pathologique », de la paranoïa ou de la « personnalité autoritaire ». Sa conclusion est que toutes les recherches menées depuis plus de trente ans ont conclu à l’inexistence d’un profil psychologique du terroriste. Le plus étonnant en l’occurrence est que des chercheurs continuent, malgré cela, à s’évertuer à trouver des preuves d’une pathologie du terroriste, envers et contre tout, comme si le constat presque unanime des recherches antérieures ne tirait pas à conséquence… Mais cela est un autre sujet.

 


[1] M. Sageman, Understanding Terror Networks, University of Pennsylvania Press, 2004, traduit en français sous le titre Le vrai visage des terroristes, Denoël, 2006.

[2] Bat Ye’or, Juifs et chrétiens sous l’islam, les dhimmis face au défi intégriste, Berg International, 1994, p. 202.

[3] Daniel Pipes, « The Western Mind of Radical Islam », First Things, décembre 1995, traduit en français dans L’islam radical, Cheminements 2008.

[4] Martha Crenshaw, « The causes of Terrorism », Comparative Politics 13 (1981), cité par Jerrold Post, « Terrorist Psycho-Logic », in Walter Reich (éd.), Origins of Terrorism, Cambridge University Press 1990.

Pour Allah jusqu’à la mort est paru en 2006 aux éditions du Rocher.

 

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Comment un livre prémonitoire avait décrit le phénomène des convertis à l’islam radical en 2008, par Evelyne Tschirhart

October 6 2019, 10:19am

Posted by Evelyne TSCHIRHART

 N.d.R. Ecrit à une époque où le phénomène des convertis à l’islam radical et au djihad était encore relativement marginal, ce livre décrit de manière prémonitoire l’explosion actuelle des conversions et du recours de l’Etat islamique et des autres mouvements islamistes aux djihadistes d’origine occidentale. Neuf ans après sa parution, Evelyne  Tschirhart a relu Pour Allah jusqu’à la mort, enquête sur les convertis à l’islam radical

 

Ce livre n’est pas récent, puisqu’il fut publié en 2008. Pourtant  il est d’une brûlante actualité. Il s’agit de la description et de l’analyse  minutieuse et fort bien documentée, du parcours de jeunes convertis qui finissent  par s’engager dans le djihad, dans tous les pays européens, aux Etats-Unis ou en Australie.

Ce livre est mené comme une enquête, ce qui le rend facile à lire et passionnant.

Qui sont ces jeunes ? Pourquoi se convertissent-ils ? Pourquoi vont-ils jusqu’à tuer et se sacrifier pour le djihad ?  Autant de questions brûlantes dont on cerne bien des éléments de réponse mais où il reste, cependant, une part d’inconnu.

Bien sûr, nos sociétés n’apportent plus grand-chose de spirituel pour nourrir cette quête du sens présente chez les jeunes. Sens qu’ils ne trouvent ni dans leur religion (quand ils en ont une), ni dans la famille, lorsque celle-ci se désagrège trop souvent, ni dans l’autorité parentale qui s’est largement émoussée avec  l’idéologie de permissivité et de droits de l’enfant, sans que les devoirs soient jamais évoqués. Quant à l’école, elle n’apprend plus rien et la transmission des connaissances : de la littérature, de la philo et de l’histoire a été remplacée par un saupoudrage sans chronologie, sans soubassement solide et surtout remplacée par un catéchisme des droits de l’homme.

Mais, comme le constate l’auteur à travers l’itinéraire des convertis à l’islam, cela ne suffit pas à expliquer pourquoi ces jeunes s’embarquent dans une religion – certes accueillante, mais qui les mène, généralement à un radicalisme  que rien ne laissait imaginer. (Il y a une série TV américaine : « Sleeper cell » qui montre bien comment des jeunes se convertissent puis se sacrifient en tuant le maximum de gens au cours d’un terrible attentat. Elle est passée en France il y a quelques années mais  n’a pas fait beaucoup de bruit et, lorsque je me trouvais aux USA en 2008, j’en avais parlé à de jeunes Américains qui disaient que c’était exagéré et surtout anti-islam) !

Adam Gadahn, le converti américain d’Al-Qaïda

Pour enrôler des jeunes en mal de sens, ou d’aventures ou parce qu’ils sont influencés par des camarades,  il faut qu’ils trouvent devant eux une idéologie forte et convaincante : celle de l’islam ou de l’islamisme. (Personnellement je ne vois pas la différence car l’islamisme n’est-il pas la partie émergée de l’islam ? Je ne veux pas dire par là que tous les musulmans sont des terroristes, bien sûr, mais il est évident qu’ils ont beaucoup de mal à s’opposer à l’islamisme.)

À l’époque de ma jeunesse, comme à celle de nos parents, il y avait  la possibilité de croire en un monde meilleur grâce au communisme. On a vu les résultats et on a vite déchanté des lendemains qui chantent. Et puis, après la guerre, peu étaient prêts à prendre les armes.

Une question se pose : quand on voit, comme l’expose l’auteur de façon  très claire que depuis plusieurs décennies, l’islam se répand dans nos banlieues  et dans l’Europe entière, on est effrayé de constater que rien n’est fait pour freiner une islamisation de plus en plus visible, parce qu’elle se veut visible. Paul Landau le souligne : s’il n’y avait pas des salafistes embusqués un peu partout, des mosquées politiquement actives, il n’y aurait pas autant de convertis et de postulants au djihad.

Il est donc urgent de prendre des  mesures drastiques et j’ajoute qu’un tel livre permet à ceux qui sont encore ignorants de réfléchir aux conséquences prévisibles de ces conversions qui se multiplient. Or cela ne semble pas vraiment interroger ceux qui nous gouvernent. Mais doit-on s’étonner ?

John Walker Lindh, le “taliban américain”

J’ai été particulièrement intéressée par le passage sur les convertis allemands. Il se trouve que j’étais à Berlin en juin dernier, chez des amis et j'ai été frappée par l’engouement de certains pour des réfugiés Syriens mais aussi Ouighours dont ils s’occupent ; il semble qu’ils soient les nouveaux damnés de la terre pour ces intellectuels en mal de cause à servir. Ils étaient évidemment tout à fait d’accord avec la politique « suicidaire » d’Angela Merkel.  La culpabilité allemande (des parents) doit-elle conduire à un tel aveuglement, une telle haine de soi ? Au train où vont les choses, les conversions vont exploser.

Or en 2007 déjà, en Allemagne, des attentats de grande envergure se préparaient contre une caserne américaine par des convertis allemands de souche. Les terroristes furent arrêtés avant  la mise à exécution de leur projet mais la population allemande commença dès lors à prendre conscience du danger terroriste sur son propre territoire. Et Paul Landau de s’interroger : « comment expliquer que  des jeunes Allemands, Français, Américains décident de se convertir précisément au moment où l’image de l’islam n’a jamais été aussi mauvaise, et où il devient beaucoup moins confortable d’être musulman en Occident ? » C’est une question à laquelle l’auteur tente d’apporter des éléments d’élucidation dans la seconde partie  de l’ouvrage.

Muriel Degauque, la première femme kamikaze occidentale convertie à l’islam

Le passage où il est question des femmes d’origine musulmane qui s’engagent dans le djihad est aussi bien vu. Il s’explique certainement en grande partie par  le statut d'infériorité dans laquelle les femmes sont maintenues dans les pays arabo-musulmans, mais aussi et de plus en plus, dans les banlieues des villes européennes. On comprend que ce soit  un moyen pour elles de « s’émanciper » et de trouver, même au prix de la mort, cette égalité qui leur est refusée. C’est cher payé !

L’auteur balaie l’idée reçue  que les djihadistes seraient des désespérés,  des incultes, des dérangés mentaux, comme on tend à le faire croire encore aujourd’hui dans certains médias qui s’efforcent de trouver des circonstances atténuantes à ces criminels. Cela a été parfaitement démontré lorsqu’on a eu connaissance du pedigree de ceux qui ont commis les attentats du 11 septembre ou celui de Casablanca, sans parler de ceux qui se sont déroulés récemment en Europe.

L’analyse du désir de reconquête  d’une Andalousie mythique est aussi très instructive. J’ignorais, par exemple, que le nombre de convertis était aussi important en Espagne qui fut islamisée pendant huit siècles. Il s’agit là, comme le dit l’auteur, d’un enjeu symbolique. On apprend que « le thème du retour de l’islam en Espagne est omniprésent dans le discours islamique contemporain, et les convertis y occupent une place importante ». Selon Paul Landau, « l’Arabie saoudite, n’a pas ménagé ses efforts pour exercer une influence et promouvoir le retour de l’islam en terre hispanique. » Une communauté musulmane a été formée à Cordoue, à Grenade qui comptent un nombre croissant de convertis. On peut donc penser que cette « reconquête » est en marche.

Dans un chapitre très important : « les convertis, maillon essentiel de la stratégie islamique», Paul Landau analyse avec acuité l’importance de la conversion pour le projet totalitaire islamique. Si durant les conquêtes musulmanes, dès  la période de la Mecque, les mécréants étaient convertis de force, ils pouvaient garder la vie s’ils payaient l’impôt ; s’ils refusaient et la conversion et l’impôt, ils étaient tués.

Enfin, dans le chapitre : « la double conversion des convertis à l’islam radical », Paul Landau explique que si tous les convertis ne deviennent pas djihadistes, beaucoup passent à l’étape suivante parce qu’ils trouvent sur leur chemin, par des rencontres ou dans certaines mosquées, des gens qui leur font franchir l’étape suivante, à savoir l’adhésion au projet politique de l’islam conquérant.

J’ai lu pas mal de livres sur l’islam, le monde arabo-musulman : Bat Ye’or, Alexandre del Valle, Anne-Marie Delcambre etc, et je pense que le livre de Paul Landau a le mérite rare de nous donner une vision claire du phénomène djihadiste chez les convertis. C’est un livre bien construit, très pédagogique qui nous offre une vision claire, documentée, analysée, mais sans  conclusions définitives, même si on suit aisément la pensée de l’auteur. Ce livre est d’autant plus important qu’il s’intéresse à un phénomène qui n’est pas en passe de s’arrêter. On est effrayé de constater que le monde occidental est attaqué par une pieuvre tentaculaire qui avance lentement mais sûrement. Ce qui est angoissant c’est que, malgré le travail considérable des Services de renseignement, notamment en France, nos hommes politiques continuent à mettre la tête dans le sable.

Le Figaro du 22/02/2017, titrait : « La politique de dé-radicalisation est un échec». Selon deux sénatrices, Esther Benbassa et  Catherine Trohendlé, sur le « de-endoctrinement, le de-embrigadement et réinsertion des djihadistes en France et en Europe, » témoigne de l’échec des politiques publiques nationales menées depuis trois ans maintenant. Des échecs dus au choix  et à la mise en œuvre des programmes, mais aussi au fait que passé un certain stade de la radicalisation islamiste, le chemin de retour est impossible. »

Ce constat n’a rien de surprenant. Nous sommes toujours dans la perspective absurde de la rééducation. On ne peut que conseiller à tous les adeptes de la « désintoxication » pour les salles de shoot, de la dé-conversion, pour les convertis à l’islam de lire le livre de Paul Landau, d’une brûlante actualité, et de réfléchir, tant qu’il est encore temps – mais il est peut-être déjà trop tard, à mettre un coup d’arrêt à cette islamisation, si l’on ne veut pas devoir se convertir de force.

E.T.

 

Paul Landau, Pour Allah jusqu’à la mort, enquête sur les convertis  à l’islam radical. Ed. du Rocher 2008.

 

 

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A propos des juifs dans le Coran : Réponse à Meir Bar Asher, par Bat Ye’or

April 12 2019, 14:07pm

Posted by Bat Ye'or

 

Le texte qu’on lira ci-dessous m’a été adressé par Bat Ye’or, suite à ma recension du livre de Meir Bar Asher, Les juifs dans le Coran. Malgré son sujet pointu, il ne s’agit pas d’une querelle d’érudits. En réalité, Bat Ye’or répond ici à une accusation d’islamophobie qui est devenue un enjeu intellectuel et politique de premier plan dans l’Europe et le monde actuels. Ce faisant, elle donne aussi un aperçu passionnant de sa conception de l’histoire et de la “vérité historique”, et de l’actualité de ses travaux sur la dhimmitude. On mesure en la lisant ce qui sépare une intellectuelle libre et engagée, ayant introduit dans le lexique politique contemporain des concepts nouveaux et indispensables à la compréhension de notre monde (dhimmi, Eurabia) et un universitaire enfermé dans sa tour d’ivoire, qui doit nécessairement se soucier de ce qu’on peut et qu’on ne peut pas dire, dans le monde bien étriqué de l’université actuelle.

P. Lurçat

 

Bat Ye’or - (Photo P.Lurçat)

Il est stupéfiant de trouver parfois chez des érudits distingués des généralités dépourvues de sens. Il en est ainsi du livre de Meir M. Bar Asher, Les juifs dans le Coran, par ailleurs fort instructif.  Reprenant une citation de Bernard Lewis, éclairé selon ses thuriféraires, d’une infaillibilité de jugement plus avérée que celle du pape, l’auteur utilise l’image d’un guerrier musulman le sabre dans une main, le Coran dans l’autre, pour dénoncer avant l’heure, les islamophobes. D’un trait de plume, Bar Asher me situe dans cette catégorie. Tout d’abord cette image d’un guerrier musulman qui serait l’emblème du jugement primaire des islamophobes n’est pas de conception antimusulmane. Bien au contraire. Elle provient de cette littérature jihadiste du moyen-âge visant à stimuler les musulmans à s’enrôler dans la guerre sainte contre les mécréants. L’attribuer à une quelconque « islamophobie » juive ou chrétienne qui viendrait salir indûment la belle tapisserie de la tolérance islamique, est pire qu’une négligence, elle est incorrecte.

 

 

Le Sabre et le Coran : logo des Frères musulmans

 

Le deuxième point concerne le concept de vérité dont parle Lewis dans la citation concernée. Il n’y a pas de vérité dans la recherche historique. Il y a les faits et les conjectures susceptibles d’être toujours corrigées. Sur quels arguments se fondent Bar Asher pour décrédibiliser mon travail ? Sur lequel de mes livre ? sur l’interprétation de quels hadiths, de quelle loi, de quel événement historique dont je serais coupable ? La note qu’il m’attribue se réfère à mon livre Le Dhimmi, publié en 1980, mais la référence dans la Bibliographie cite l’édition de 2017. Or les deux ne sont pas pareilles. Laquelle Bar Asher a-t-il lue ?

Mais voyons cela de plus près. N’a-t-il pas lu que j’écrivais en 1980 que le statut des dhimmis avait évolué « selon les situations et les périodes », phrase appelée à un grand avenir car elle est toujours répétée et qu’il écrit aussi ? Tous deux nous attribuons, mais à plus de trente ans de différence, le statut du dhimmi à la littérature juridique post-coranique (BY p.18-19), nous mentionnons l’érudition des juifs d’Arabie de la période de Mahomet constatée par leurs contemporains arabes, l’absence de documents prouvant leur culpabilité dans divers événements les concernant, les sources chrétiennes de certaines lois de la dhimma, auxquelles je consacre tout un chapitre dans mon livre Juifs et Chrétiens sous l’Islam (1994). Les événements se rapportant à la vie de Mahomet, à ses combats contre les tribus païennes et contre les juifs, sont tirés des mêmes sources et ne diffèrent en rien. Donc sur ce plan je ne suis pas parmi les haineux, à moins d’y classer aussi Bar Asher.

Mon chapitre III (Ier partie) sur la protection étrangère n’exprime rien de particulièrement choquant puisque le Professeur Goitein m’en avait félicité, je l’avais d’ailleurs largement développé dans le Dhimmi anglais pour lequel il voulait faire une recension. De plus il n’y a aucune contradiction entre ce que j’écris sur ce sujet en 1980 et ce que Lewis publie lui-même en 1984, un livre très admiré par Bar Asher.    

Dans mon chapitre V nous abordons le même domaine de recherche déjà abondamment commenté par des islamologues chevronnés. Nous affirmons que la dhimma fut une élaboration post-coranique exigée par l’administration d’un immense empire créé par des guerres de conquêtes rassemblant une multitude de peuples indigènes non-musulmans et non-arabes. J’écris aussi que le sort des juifs d’Arabie devint le prototype du statut légal des peuples non-musulmans des empires islamiques comme l’attestent, souvent en préambule, de très nombreux textes juridiques musulmans. Et là aussi nous exprimons les mêmes opinions évidentes. Le contenu de ce chapitre se référant aux sources coraniques de la dhimma, à ses emprunts aux coutumes juridiques des peuples asservis, à sa datation et sa systématisation ne diffèrent en rien de ce que j’ai écrit en 1980 et beaucoup plus détaillé en 1994.

Le dhimmi, édition de 1980

 

Bar Asher me reproche de n’avoir pas étudié chaque lieu et chaque époque. Peut-être n’a-t-il pas lu mon introduction où je décris ma démarche : « Il appartient aux historiens de déterminer les variations de cette condition (dhimmie) selon les époques et les régions. Pour notre part, nous avons seulement indiqué ses différentes facettes : politiques, religieuses, sociales. Au cours de ce travail, le caractère typologique de la condition dhimmi, tant dans sa structure légale que dans son contexte humain, nous a paru dépasser le cadre de l’histoire…(p. 11) »  Autrement dit Bar Asher me reproche de négliger un sujet dont j’annonce en préambule qu’il n’est pas le mien. Il n’est pas le premier à le faire. Il m’accuse aussi d’adopter un stéréotype n’envisageant que la mort ou la conversion pour le non-musulman, l’image du guerrier tenant le sabre et le Coran. Mais tous mes livres examinent le troisième choix donné aux vaincus non-païens du jihad, celui de la dhimmitude. Il y a là une contradiction logique aberrante. C’est même le titre de mon livre : Le Dhimmi, celui qui a choisi une autre voie que la mort ou la conversion.

 

Par ailleurs et dès le début, j’annonce que je n’étudie pas la condition juive exclusivement et je précise : « En effet, l’étude d’une seule minorité, qui serait extraite arbitrairement d’un ensemble, pourrait en déformer le panorama, et cela particulièrement dans l’empire arabo-islamique, constitué d’une mosaïque d’ethnies diverses. » (p.13). J’ai toujours écrit sur le dhimmi – d’où le titre de mon livre – et sur la dhimmitude, c’est-à-dire une condition juridique commune aux juifs et aux chrétiens et un destin collectif juif et chrétien. Cela m’a valu nombres d’anathèmes. Les livres de Bernard Lewis et de Bar Asher sur les juifs ou de Mark Cohen ne traitent pas du même sujet que moi. Nous n’avons pas non plus les mêmes définitions. Ils parlent de groupes religieux minoritaires, j’examine des ethnies majoritaires devenues dans leur propre pays minoritaires par le processus de la dhimmitude et l’application de la charia. Mes contempteurs ne comprennent même pas mon domaine d’études puisqu’ils le récusent tout simplement et démolissent mes ouvrages par une critique inappropriée car nous ne parlons pas des mêmes choses. Ils refusent comme la peste le mot dhimmitude dont ils nient la matière historique alors qu’elle constitue l’essentiel de ma recherche. Elle est précisément cette troisième voie qu’ils appellent tolérance choisie par les vaincus du jihad, pour échapper à la mort, l’esclavage ou l’islamisation.

 

C’est pourquoi Bar Asher déclare que la dhimma a été abolie et n’existe plus, alors que je dirai que la mondialisation du jihad génère les effets de la dhimmitude sur la planète. Car le jihad s’active pour imposer la dhimmitude. La dhimma dont parle Bar Asher sont des recueils de lois inscrites dans des livres. On peut s’arrêter à cette lecture. La dhimmitude c’est un système politico-social de survie induit par ces lois. Aussi, poussant plus loin la réflexion, on constate que ces lois supposées annulées génèrent aujourd’hui la politique de réislamisation nationale d’Erdogan, ses relations avec le résidu chrétien arménien ou grec (statut des propriétés des patriarcats, culte, liberté d’opinion), sa volonté de reconquête des Balkans, son déni des droits d’Israël, ex-province ottomane où la présence juive, surtout à Jérusalem, fut soumise à des restrictions extrêmement sévères. Les effets de la dhimma sont évidents même en Egypte malgré l’esprit d’ouverture et de progrès du général Sissi.  

En Europe la loi du blasphème contre les mécréants impose aux Etats occidentaux des mesures draconiennes et une auto-censure généralisée de leurs populations.  L’obligation pour les juifs de subir le joug de la dhimmitude est à l’origine du déni de son histoire et de la campagne de diffamation planétaire visant à supprimer la souveraineté de l’Etat hébreu et à effacer les noms originaux de ses territoires. Les discriminations religieuses et professionnelles qui frappent les chrétiens dans le monde musulman visent, par les destructions et la terreur, à leur imposer les lois de la dhimmitude qu’ils enfreignent. Les terribles épreuves infligées à Assia Bibi, à sa famille et à sa communauté résultent de ces lois, du préjugé d’impureté qui lui est attribué et du refus d’accepter son témoignage parce que chrétienne. Je reconnais volontiers que depuis longtemps des forces de changement œuvrent dans le monde musulman afin qu’émergent une société islamique moderne, libérée des entraves de la charia. Nous ne pourrons les aider qu’en dénonçant ces formes de dhimmitude modernes présentes dans la mondialisation.

Bat Ye’or

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