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Quel avenir pour Jérusalem ? Entre francs-maçons et bâtisseurs du Temple

June 30 2017, 13:31pm

biet hamikdash.jpgReconstruire le Temple ! Les Juifs du monde entier en parlent tous les jours dans la prière. Certaines organisations plus conséquentes ont entamé des préparatifs concrets, notamment en étudiant les lois relatives aux Cohanim, en encourageantla montée sur le Har Habayit ou en fabriquant les ustensiles nécessaires au Service du Temple (liste non exhaustive). Mais « Yeroushalayim Ha-Bnouiah » (« Jérusalem reconstruite ») va encore plus loin que tout ce qui a été fait ou imaginé jusqu’à ce jour…

Selon le reportage publié dans la dernière livraison de Makor Rishon, dont je reprends ci-dessous les éléments essentiels, cette association a en effet entrepris de repenser entièrement la planification de la ville de Jérusalem, autour du Troisième Temple, et de faire de cette nouvelle Jérusalem, le centre véritable de l’Etat juif ! Un projet véritablement révolutionnaire… P.I.L.

 

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Yoram Ginzburg (Photo Makor Rishon)

« Yoram Ginzburg (55 ans) est un architecte de Jérusalem, Juif non pratiquant, dont le grand-père était maire de Jérusalem entre 1950 et 1953. Ce dernier, Juif observant, n’aurait jamais imaginé, dans ses rêves les plus fous, le projet auquel Ginzburg travaille actuellement. Selon ce projet, Jérusalem s’étendra dans l’avenir sur une superficie de 1000 km2, (superficie équivalente à celle de Paris ou de Londres), comptera 3 millions d’habitants et pourra accueillir 10 millions de visiteurs en même temps ! A la place des mosquées actuelles, elle accueillera en son centre le Temple reconstruit…

Jérusalem-Est et le Mont du Temple ne seront plus la cour arrière de la capitale israélienne, et Jérusalem elle-même ne sera plus le parent pauvre de l’Etat juif. Des torrents d’eau pure (et pas des égouts) dévaleront vers la Mer morte, accomplissant les prophéties de Zacharie et d’Ezéchiel… Ginzburg et son équipe souhaitent réorganiser le pays tout entier, en le recentrant autour de Jérusalem. La ‘région centre’ du pays ne sera alors plus le ‘Goush Dan’, mais Jérusalem et ses alentours, comme l’explique Ginzburg avec conviction.

 

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« Nous ne sommes pas venus ici pour y rester 200 ans, mais pour l’éternité »

« Nous sommes arrivés à la conclusion qu’aussi longtemps que le sionisme s’édifie sur la plaine côtière, comme au temps des croisades, nous ne pourrons pas vraiment devenir les habitants de cette terre. Nous ne voulons pas être une entité croisée… Nous ne sommes pas venus ici pour y rester 200 ans, mais pour l’éternité, et pour cela il faut déplacer le centre de gravité du pays vers le haut, vers la montagne. Cela est d’ailleurs plus conforme avec la géographie… »

L’idée de repenser la planification de Jérusalem est celle d’un ancien combattant du Lehi, Shabtaï Ben Dov, qui l’a développée il y a 42 ans, peu de temps après la réunification de la ville. Ben Dov, qui n’était pas un Juif pratiquant, a pourtant dessiné la Jérusalem future, avec le Temple en son centre. Selon lui, les concepteurs de la Jérusalem moderne (après 1967) ont tourné le dos au mont du Temple et à la Vieille ville, poursuivant ainsi, nolens volens, la politique romaine de déjudaïsation de Jérusalem !

 

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Yehuda Etsion (Photo Makor Rishon)

Ben Dov a trouvé un disciple en la personne de Yehuda Etsion, (61 ans), lequel a récemment publié les écrits de Ben Dov. Etsion est connu pour avoir fait partie de la fameuse « Ma’hteret », le réseau juif clandestin qui planifiait de détruire la mosquée d’Omar pour reconstruire le Temple à son emplacement… Après avoir publié l’œuvre de Ben Dov, il a constitué une équipe pour mettre ses idées en application.

L’équipe formée par Etsion comporte aussi le rav Dan Beeri, éducateur bien connu qui est lui aussi un ancien de la Ma’htéret, le rav Itshak Lévi d’Alon Shvout, l’ancien dirigeant de l’Agence juive Shlomo Neeman et encore une demi-douzaine de personnes. « Je me suis joint à ce projet, explique Dan Beeri, en raison de l’importance du concept littéraire-philosophique qui a pour nom utopie. Les utopies ont toujours rempli un rôle essentiel pour promouvoir les idées nouvelles, et certaines font partie du patrimoine de l’humanité… »

 

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De gauche à droite: Beeri, Etsion, Ginzburg et Neeman (Photo Makor Rishon)

A propos d’utopie, Ginzburg et les membres de son équipe ont le sentiment d’être les continuateurs fidèles du Visionnaire de l’Etat, Theodor Herzl, dont le roman utopique Altneuland évoquait la ville de Jérusalem bâtie autour du Temple. Leur projet comporte d’autres éléments utopiques qui peuvent faire penser à Herzl (N.d.T. ou à Jules Verne !), et notamment la construction d’une ville parallèle, la « Jérusalem maritime », qui sera située sur la côte, face à Jérusalem, c’est-à-dire à l’emplacement actuel d’Ashdod. Des trains ultra-rapides relieront les deux villes en moins d’une demi-heure…

La future Jérusalem reconstruite accueillera près de 10 millions de visiteurs pour les trois fêtes de pèlerinage, hébergés dans d’immenses centres d’accueil et chez les habitants de la ville sainte. L’aspect crucial de ce projet – son financement – n’a pas été négligé par ses concepteurs, qui espèrent le trouver auprès de donateurs et de fondations internationales. Tout cela peut certes paraître utopique, comme le fut en son temps le projet de l’Etat juif rêvé par Herzl, mais comme disait le fondateur du sionisme politique : « Si vous le voulez, ce ne sera pas un rêve ! »

(A suivre… dans la 2e partie de ce dossier, nous évoquerons sdv les liens entre l’architecture de la Cour suprême, « temple » laïc de l’Israël moderne, et la franc-maçonnerie. P.I.L).

Arnon Segal, Makor Rishon 4/9/2013, © Pierre Itshak Lurçat pour la traduction française

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Mont du Temple : pourquoi Moshé Dayan a renoncé à la souveraineté israélienne, Pierre Lurçat

June 23 2017, 08:11am

Posted by Pierre Lurçat

Moshé Dayan sur le Mont du Temple, juin 1967

Moshé Dayan sur le Mont du Temple, juin 1967

 

Mont du Temple : pourquoi Moshé Dayan a renoncé à la souveraineté israélienne

 

Pierre Lurçat

 

L’ouverture des archives nationales israéliennes, 50 ans après la Guerre des Six Jours, met en lumière certains événements qui ont façonné l’histoire de la région, et permet de découvrir des aspects méconnus du conflit israélo-arabe. Parmi les dossiers révélés au grand jour ces dernières semaines, figure celui du Mont du Temple, qui contient notamment une série de lettres envoyées par le directeur du département musulman au ministère israélien des Cultes, Yaakov Yehoshua (père de l’écrivain A.B. Yehoshua) *. Dans ces lettres, adressées au ministre des Cultes, Zerah Warhaftig, Yehoshua se plaint à ce dernier de l’attitude à son égard du ministre de la Défense, Moshé Dayan, qui l’a progressivement privé de ses compétences concernant l’endroit le plus symbolique et le plus stratégique : le Mont du Temple et la mosquée qu’il abrite.

 

Avant la guerre des Six Jours, en effet, le ministère des Cultes exerçait sa compétence à l’égard des mosquées situées sur tout le territoire israélien. Lors d’une rencontre entre Yehoshua et les dirigeants musulmans sur le Mont du Temple, en juillet 1967, celui-ci aborde ainsi le sujet des prêches, en rappelant à ses interlocuteurs qu’il ne s’est jamais jusqu’alors immiscé dans le contenu des prêches prononcés dans les mosquées, mais qu’il souhaite que ceux-ci soient empreints d’un esprit pacifique et fraternel. Son appel est accueilli de manière tout à fait positive par les dirigeants musulmans, et les premiers prêches respectent pleinement son appel à la tolérance.

 

Mais ce statu quo pacifique ne va pas faire long feu. Très vite, le ministère des Cultes est dessaisi de sa compétence sur le Mont du Temple par le ministre de la Défense, Moshé Dayan. Celui-ci, auréolé de gloire au lendemain de la victoire israélienne de juin 1967, a une vision des choses tout à fait différente de celle de Yaakov Yehoshua et du ministère des Cultes. Sa priorité est en effet de désamorcer le “baril de poudre” que représente à ses yeux le Mont du Temple, en remettant les clés de ce “Vatican” israélien - selon ses termes - à qui voudra bien en assumer la responsabilité. L’attitude de Dayan est conforme à l’ethos sioniste laïc, qui domine à l’époque la société et les élites israéliennes.

 

Car, contrairement aux pères fondateurs du sionisme politique, de Herzl à Jabotinsky, qui considéraient le Temple de Jérusalem comme un élément central du patrimoine spirituel et national juif, aux yeux de Dayan il ne s’agit pas tant du patrimoine ancestral que d’un problème encombrant, et qu’il faut régler au plus vite. Une autre explication, qui n’est pas contradictoire, voudrait qu’il ait conclu un accord avec le Waqf musulman, renonçant à la souveraineté en échange d’une autorisation tacite de mener des fouilles archéologiques “privées” sur l’esplanade…**

 

Quoi qu’il en soit, la politique de Dayan a été appliquée avec les conséquences que l’on sait. Le Waqf jordanien a pris possession des lieux, faisant payer l’entrée des mosquées aux visiteurs israéliens et se conduisant en maître sur le Mont du Temple, laissant aux fidèles juifs le Kottel (mur occidental, dit “des Lamentations”) en contrebas, tandis que le rabbinat israélien interdisait aux Juifs de monter sur le Mont, alléguant des raisons religieuses. Ce nouveau statu quo fragile a perduré pendant plusieurs décennies.

 

Ces dernières années, il est remis en question, notamment par le nombre croissant de Juifs qui se rendent sur le Mont du Temple, malgré les vexations que leur font subir les gardiens du Waqf, mais aussi par la présence de militants islamistes envoyés par le Mouvement islamiste, proche des Frères musulmans. Quant aux prêches du vendredi dans la mosquée, cela fait longtemps que leur contenu n’est plus soumis à aucun contrôle et qu’ils incitent régulièrement à la violence et à la haine des Juifs. Le père d’A.B. Yehoshua a de quoi se retourner dans sa tombe.

 

 

* Voir l’article d’Arnon Segal, “Comment le Waqf a acquis son statut dominant”, dans le quotidien israélien Makor Rishon 2.6.2017.

** Explication rapportée par l’islamologue israélien Motti Keidar.

 

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1967-2017 : la guerre des Six Jours racontée par le rav Goren

June 15 2017, 07:07am

Posted by Pierre Lurçat

chlomo goren,guerre des six jours,jerusalemL’autobiographie du rabbin Goren, qui est parue en 2013 en Israël, est un document extraordinaire. Non seulement en raison de la personnalité exceptionnelle du rav Shlomo Goren, ancien grand rabbin de Tsahal, qui a joué un rôle essentiel dans de nombreux domaines  au cours des premières décennies de l’Etat, mais aussi en raison des événements qu’il relate. On connaît la fameuse photo du rav Goren soufflant dans leChoffar devant le Kottel dans Jérusalem libérée, en juin 1967. Mais on découvre dans ce livre qu’au-delà du symbole, le rav Goren a joué un rôle crucial dans les événements de cette semaine fatidique, il y a 46 ans. Extraits.

« Le Premier ministre d’alors, Lévi Eshkol, avait envoyé deux émissaires au roi Hussein de Jordanie, lui demandant de s’abstenir de nous attaquer. Il lui avait promis que, s’il ne prenait pas part à la guerre, nous respecterions les frontières actuelles, y compris à Jérusalem. Hussein fit une réponse négative, car il avait conclu un accord avec Nasser, qu’il ne voulait pas enfreindre. Je le savais, aussi voulais-je participer à la bataille pour Jérusalem. Mais je me trouvais alors sur le front Sud.

Je demandais à l’officier du commandement du front Sud qu’il me prévienne lorsque la guerre commencerait sur le front oriental, pour que je puisse participer à la bataille de Jérusalem. J’allai ensuite voir le commandant du 11e régiment et lui dis : « Je dois franchir les lignes avec la première unité ». Il me dit qu’il devait obtenir l’autorisation de l’état-major, mais je lui répondis : « pas besoin d’autorisation. Je monterai dans le premier command-car qui franchira les lignes ». C’est ce que je fis. J’emportai avec moi un Sefer Torah et un Choffar

 

chlomo goren,guerre des six jours,jerusalem

Le rav Goren dans la mosquée d'Omar, juin 1967

 

Lorsqu’on m’informa que la guerre avait commencé à Jérusalem et que Hussein attaquait Armon Hanatsiv, je montai dans la voiture avec mon chauffeur et nous partîmes en direction de Jérusalem. Aux environs de Castel, je trouvai une unité de blindés qui se dirigeait vers Ramallah, où se trouvait la plus grande station de radiodiffusion à l’ouest du Jourdain.

Jérusalem était plongée dans l’obscurité la plus complète. Le camp Schneller, où se trouvait note bureau, était fermé. Le commandement de la région centre avait été transféré à l’école Evelina de Rothschild, car le camp Schneller était bombardé sans interruption…

Au milieu de la nuit, Moshé Dayan annonça devant des centaines de journalistes que l’armée de l’air égyptienne n’existait plus. Leurs aéroports étaient détruits et aucun avion ne pouvait décoller. La guerre contre l’Egypte était sur le point d’être gagnée…

 

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Lorsque j’arrivai à Jérusalem, on me dit que Motta Gur se trouvait au musée Rockefeller. Les combats se poursuivaient, et les Arabes nous bombardaient depuis l’église Augusta Victoria. A ce moment, il y avait déjà de nombreux prisonniers de la Légion jordanienne au musée Rockefeller, parmi lesquels des officiers supérieurs et même des généraux, tous assis par terre.

Motta Gur me dit qu’il avait reçu l’ordre du gouvernement de ne pas conquérir la vieille ville – il fallait l’encercler, mais ne pas la conquérir. Je lui demandai s’il était capable de la conquérir, et il me répondit « Oui, sans problème. Mais j’ai reçu l’ordre du gouvernement de ne pas pénétrer dans la Vieille ville ».

Je lui dis qu’il allait laisser passer la chance de sa vie. « Tu as reçu une occasion historique de libérer et de conquérir Jérusalem et le Mont du Temple, et tu ne fais rien ? Je prends la responsabilité – allons-y ensemble, entre dans la Vieille ville. Si on te met en prison, j’irai avec toi. Cela vaut la peine de mourir pour Jérusalem. Tu vas laisser passer la chance unique, après deux mille ans, de nous emparer de Jérusalem ! »

A suivre…

(Extrait de "BeOz ou-Taatsoumot", HaRav Shlomo Goren, Yediot Aharonot books 2013)

 © Pierre I. Lurçat pour la traduction française

 

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