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“Israël, Etat à vendre”? la souveraineté d’Israël en danger

October 30 2022, 15:03pm

Posted by Pierre Lurcat

“Israël, Etat à vendre”? la souveraineté d’Israël en danger

Le livre que vient de publier Matan Peled explore un sujet crucial, rarement abordé par les médias israéliens : celui de l’implication d’ONG et de gouvernements étrangers dans la politique israélienne. Intitulé “Medina le-mekhira” (“Un Etat à vendre”), il est sous-titré “Si vous pensiez qu’Israël est un Etat souverain, pensez-y à deux fois”. Le sujet du livre est à la fois simple et complexe. C'est ainsi qu'il est exposé en couverture du livre : “Différents pays du monde – et en particulier les pays européens – transfèrent chaque année des dizaines de millions de shekels à des associations israéliennes pour qu’elles interfèrent dans la politique intérieure sur des sujets aussi importants que la lutte contre le terrorisme, l’émigration ou la politique de peuplement et l’intégration des minorités arabes et l’action de Tsahal”.

 

L'auteur, Matan Peled, 42 ans, dirige l’association Im Tirtsu (“Si vous le voulez”), qui lutte pour défendre le caractère juif et sioniste et la souveraineté de l’Etat d’Israël. Son livre décrit en détail l’activité de ces ONG (dont les plus connues sont Bt’selem et Breaking the Silence) et la manière dont elles permettent aux Etats européens de s’immiscer dans la politique israélienne, de manière très brutale et efficace, notamment au moyen de recours devant la Cour suprême financés et organisés par ces ONG.

 

L’aspect le plus étonnant à mes yeux n’est pas tant l’intervention de ces Etats étrangers (la soft-power est un aspect constant de la politique étrangère des différents pays, mais dans le cas d’Israël elle atteint un niveau rarement égalé dans aucun autre pays), mais plutôt le fait que celle-ci soit acceptée par l’Etat d’Israël comme allant de soi… Sans l’action de quelques organisations issues de la société civile israélienne, telles que NGO Monitor ou Im Tirtsu, l’action de ces ONG subversives et leur financement par des pays étrangers serait en effet totalement passés sous silence par les grands médias et par l’échelon politique en Israël. Pourquoi ?

 

La raison principale est liée à la “Révolution constitutionnelle” du juge Aharon Barak, ancien président de la Cour suprême d’Israël. C’est en effet sous sa houlette que celle-ci est devenue le premier pouvoir en Israël (1). Ce n’est évidemment pas un hasard si la Révolution constitutionnelle a été concomitante à la période des accords d’Oslo, qui ont vu triompher en Israël les idées post-sionistes.  Quand la gauche israélienne a constaté qu’elle était devenue minoritaire dans l’opinion, elle a compris qu’elle pouvait néanmoins conserver son pouvoir en contournant les institutions démocratiques, à l’aide notamment de la Cour suprême, des médias et de l’université, largement acquises aux thèses post-sionistes.

 

Une autre raison, plus profonde, tient sans doute au fait que le peuple Juif a longtemps vécu dans l’exil et la dispersion, privé de souveraineté et de la capacité d’être maître de son destin. Comme l’a dit un dirigeant israélien célèbre, ‘il est plus difficile de faire sortir l’exil du Juif que de faire sortir les Juifs de l’exil”. Nous avons certes retrouvé notre souveraineté en terre d’Israël et édifié un Etat modèle à de nombreux égards, mais il reste encore beaucoup à accomplir, dans de nombreux domaines. Un domaine crucial pour notre avenir est précisément celui de la souveraineté. Comme je l’écrivais au lendemain des émeutes de l’an dernier dans les villes mixtes israéliennes, les Arabes d’Israël doivent apprendre à être une minorité dans un Etat juif, et les Juifs doivent apprendre à être une majorité et à se comporter comme tels, dans un Etat juif souverain et fier. Puisse le résultat des prochaines élections aller dans ce sens !

Pierre Lurçat

 

1. Je renvoie sur ce sujet à mon article “Comment la Cour suprême est devenue le premier pouvoir en Israël, paru dans la revue Pardès, mai 2022.

“Israël, Etat à vendre”? la souveraineté d’Israël en danger

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Une audience à la Cour suprême : Sodome ou Jérusalem ? Pierre Lurçat

June 23 2022, 15:03pm

Posted by Pierre Lurçat

La scène de l’attentat d’Elad

La scène de l’attentat d’Elad

 

Depuis vingt-cinq ans que j’écris au sujet de la Cour suprême israélienne, de son idéologie et de ses dérives[1], je n’avais jamais eu l’occasion d’y assister à une audience. J’ai comblé cette lacune mercredi dernier, en assistant à l’audience sur le recours formé par la famille des deux terroristes auteurs de l’attentat meurtrier d’Elad, il y a un mois, contre la décision de l’armée de détruire la maison de la famille d’un des terroristes. Audience passionnante, attristante et parfois surréaliste. Compte-rendu. P.L.

 

Avant de décrire l’audience, il faut dire quelques mots du contexte juridique, mais surtout rappeler les faits (ce qui n’a pas été fait ce matin, j’y reviendrai). Le 5 mai dernier, en pleine journée de l’Indépendance, deux terroristes armés de haches se sont introduits illégalement en Israël, sont parvenus jusqu’à la localité d’Elad à 25 km de Tel-Aviv et ont tué trois personnes, avant d’être neutralisés. A titre de sanction et de mesure de dissuasion, l’armée israélienne a décidé, comme elle le fait depuis longtemps, de démolir la maison de la famille d’un des terroristes. L’ordre de démolition a été signé le 20 juin, et c’est contre cette décision qu’a été intenté un recours en urgence devant la Cour suprême. Précisons que les avocats des familles des terroristes sont entièrement financés par une association juive israélienne – elle-même largement subventionnée par des pays et organismes étrangers – détail qui a son importance, nous le verrons.

 

En entrant dans le bâtiment somptueux qui abrite la Cour suprême depuis 1992, je remarque un couple d’âge mûr, qui passe le contrôle de sécurité en même temps que moi. « Je suis un avocat américain », explique l’homme au gardien, exhibant fièrement son passeport. La salle d’audience se trouve au premier étage. L’audience débute à neuf heures précises. Derrière moi est assis Yonatan, militant de l’association étudiante Im Tirtsou qui accompagne les familles des victimes du terrorisme. Assis au deuxième rang, je reconnais devant moi le couple rencontré à l’entrée. Que font-ils là ? Je vais bientôt le savoir.

 

La parole est donnée d’emblée à l’avocate du « Centre de défense des particuliers » (Hamoked en hébreu). Derrière ce nom anodin se cache une association radicale, créée par Lotte Salzberger (une rescapée de la Shoah) dans le but proclamé de « soutenir les Palestiniens vivant sous occupation israélienne », mais qui a en réalité pour principale activité la défense juridique des terroristes palestiniens devant les tribunaux. Un de ses nombreux domaines d’action est celui de la lutte contre les démolitions de maisons de terroristes par Tsahal, car explique le site d’Hamoked, citant l’article 53 de la Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre de 1949 : « Toute destruction par la Puissance occupante de biens immobiliers ou personnels appartenant individuellement ou collectivement à des personnes privées [...] est interdite, sauf si une telle destruction est rendue absolument nécessaire par des opérations militaires ».

 

C’est précisément le premier argument avancé par l’avocate d’Hamoked : la démolition serait « illégale » et contraire au droit international. Pendant une vingtaine de minutes, elle expose ses arguments, sans être interrompue par les juges, invoquant tantôt le droit international, tantôt les principes du droit administratif israélien, insistant sur le fait que la mère du terroriste est atteinte d’un cancer, et observant que les médias israéliens ont fait état d’un report de la démolition de la maison d’autres terroristes de Djénine, jusqu'à « après la visite du président Biden ».

 

 

C’est ensuite au tour du ministère public de prendre la parole, pour défendre la décision de l’armée. L’avocate rappelle que la Cour suprême a depuis longtemps tranché la question de la compétence de l’armée pour détruire les maisons de terroristes, et qu’il ne s’agit pas seulement d’une mesure punitive, mais plutôt et surtout d’une mesure de dissuasion, dont l’effet dissuasif a été établi par de nombreuses études sur le sujet et ne fait aucun doute. (Devant moi, l’avocat américain envoie des SMS sur son portable, j’arrive à lire les mots « colonie ultra-orthodoxe d’Elad »).

 

L’avocate du ministère public insiste ensuite sur le fait que le terroriste a préparé son attentat dans la maison de ses parents et que ce fait est considéré comme significatif par la Cour suprême, y compris par le juge Mazouz, pourtant connu comme hostile aux démolitions de maisons de terroristes… Elle précise également que la méthode de démolition employée par Tsahal vise à circonscrire au maximum les dommages matériels, pour ne pas endommager les maisons voisines. En l’écoutant, je pense aux familles des victimes, aux enfants dont le père a été sauvagement assassiné sous leurs yeux, en pleines festivités du Yom Haatsmaout.

 

 
Le juge Kaboub

Le juge Kaboub

Des victimes, il ne sera presque pas question durant l’audience, et c’est précisément la raison de la présence d’Im Tirtsu, association qui assume (parmi ses nombreux autres combats) la mission sacrée de soutenir moralement les victimes du terrorisme arabe devant les tribunaux israéliens. A un seul moment, deux jeunes avocates, visiblement moins entraînées que leurs consœurs à s’exprimer devant la Cour suprême, viennent soumettre aux juges les demandes des veuves des victimes, qui réclament que la démolition soit autorisée et que « tout soit fait pour que les attentats ne se reproduisent pas ». Juste avant leur intervention, l’avocate d’Hamoked a eu le toupet déclarer, toute honte bue, qu’elle n’avait pas préparé de réponse aux familles des victimes et que celles-ci n’avaient pas de « statut juridique » dans cette audience…

 

Effectivement, et c’est bien le cœur du problème. Pendant une heure, on a débattu ici des familles des terroristes, de leurs maisons, de la maladie de la mère d’un des assassins, comme si tout cela était entièrement normal. Le comble du surréaliste a été atteint lorsque le juge Khaled Kaboub, premier juge musulman nommé à la Cour suprême, a demandé à la représentante du ministère public si l’armée avait envisagé une « démolition partielle » de la maison du terroriste… En l’écoutant, j’ai immédiatement pensé (sans savoir qui était ce juge) aux versets de la Torah évoquant la justice de Sodome. Le juge Kaboub est le seul qui a pris la peine de poser des questions lors de l’audience, et ses questions étaient toujours orientées dans le même sens. Je comprends à présent pourquoi.

 

Israël peut se flatter à juste titre d’être la seule démocratie du Moyen-Orient et de posséder un système judiciaire développé, dont la Cour suprême est prétendument le fleuron. Les juges qui siègent à Jérusalem sont souvent présentés comme les modèles de la démocratie israélienne. Depuis vingt-cinq ans, j’ai souvent critiqué l’activisme de la Cour suprême, devenue depuis le début des années 1990 et la « Révolution constitutionnelle » du juge Aharon Barak (qui a coïncidé avec son installation dans son nouveau et superbe bâtiment, qui siège en hauteur à l’entrée de Jérusalem – plus haut que la Knesset, tout un symbole…) le premier pouvoir en Israël.

 

Aujourd’hui, en assistant à l’audience, en écoutant les juges et les avocats, ce n’est pas à l’activisme judiciaire, et au fait que la Cour suprême d’Israël est une des plus activistes au monde, que je pense. Quand les deux jeunes avocates ont succinctement évoqué la souffrance des familles des victimes de l’horrible attentat d’Elad, l’avocat américain assis devant moi a envoyé un SMS, en demandant « qui paie ces avocats ? ». Lui qui est venu soutenir Hamoked – l’association de défense des Palestiniens qui reçoit des millions d’euros de pays européens… Quel salaud ! Je pense à la justice de Sodome et à l’adage bien connu du Talmud : « Celui qui a pitié du méchant finit par être cruel avec le Juste ». Jamais ces mots ne m’ont paru si évidents et si vrais que ce matin.

Pierre Lurçat

 

NB Lire le rapport de NGO Monitor sur Hamoked et son financement, ici.

HaMoked - Center for the Defense of the Individual » ngomonitor (ngo-monitor.org)

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[1] Mon article le plus récent sur le sujet a été publié dans la revue Pardès que dirige Shmuel Trigano, sous le titre “Comment la cour suprême est devenue le premier pouvoir en Israël”. Pardès no. 67, 2021.

La Cour suprême surplombant la Knesset

La Cour suprême surplombant la Knesset

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“Ramène nous nos Juges d’antan” Quand la Cour suprême vient au secours des terroristes

February 18 2019, 16:57pm

Posted by Pierre Lurçat

“Ramène nous nos Juges d’antan” Quand la Cour suprême vient au secours des terroristes

צִיּוֹן בְּמִשְׁפָּט תִּפָּדֶה וְשָׁבֶיהָ בִּצְדָקָה

 

Les images que j’ai reçues ce matin sont difficiles à regarder. On n’y voit certes aucune trace de sang, ni de violence physique. Mais ce qu’on y entend est sans doute pire encore. On y entend en effet les membres des familles de victimes du terrorisme, qui ont récemment perdu leurs proches, expliquer - la voix tremblante - leur incompréhension et leur détresse. Ils se trouvent en effet devant la Cour suprême - institution qui était jadis considérée comme le fleuron de la démocratie israélienne - et font face aux familles des terroristes qui ont assassiné leurs proches. Pourquoi? Parce qu’une association d’extrême-gauche, financée par l’Union européenne et d’autres sources hostiles à Israël, a présenté un recours devant la Cour suprême pour interdire à Tsahal de détruire la maison du terroriste Asem Barghouti, auteur de l'attentat meurtrier d'Ofra…

 

Amihai et Shira Ish-Ran, blessés dans l’attentat d’Ofra et qui ont perdu leur bébé, assassiné par le terroriste Asem Barghouti.

 

Vous avez bien compris : après qu’un terroriste palestinien ait tué deux soldats et un bébé israélien dans le ventre de sa mère, la Cour suprême accepte d’entendre le recours présenté par la famille du terroriste, et les familles des victimes sont obligées de rencontrer les familles de leurs assassins, devant le tribunal de Jérusalem! Il ne s’agit pas d’un cas isolé : cela fait des années que la Cour suprême applique cette politique inique, que l’ancien président de la Cour, Aharon Barak, avait justifiée au nom de “l’équilibre entre les prérogatives de l’Etat et les droits de l’homme” qui incluent ceux des terroristes et de leurs familles…(1)

 

La Cour suprême de Jérusalem : suprême injustice

 

Mais quid des droits des victimes et de leurs familles? A ceux-là, la Cour suprême n’offre que son mépris, vérifiant une fois de plus l’adage talmudique : “Celui qui a pitié des méchants finit par être cruel envers le Juste”... Cette cruauté et ce mépris, on peut en lire les traces dans le regard des familles des victimes, que Tom Nisani, dirigeant de l’organisation sioniste Im Tirtsu, est venu soutenir devant le tribunal, où ils sont confrontés - sans la moindre assistance de l’Etat - aux familles de leurs assassins.


 

Droits de l’homme pour les assassins, pas pour les victimes

 

En réalité, cette politique de la Cour suprême n’a rien à voir avec la justice, ni avec les “droits de l’homme”. Dans un Etat juif et démocratique digne de ce nom, les familles des terroristes assassins de juifs n’auraient pas le droit de s’opposer à la démolition de leur maison - peine minimale qui est destinée à dissuader de futurs assassins - et ils n’auraient aucun droit à être entendus par la Cour suprême. Aucune obligation légale n’oblige la Cour suprême à leur donner ce droit, sinon les conceptions “humanistes” dévoyées qui sont celles du juge Barak et qui règnent aujourd’hui au sein du système judiciaire israélien.

 

Pour mettre fin à cette injustice flagrante, qui crie vers le Ciel comme le sang des victimes et les larmes de leurs familles, il faut que le droit et la justice israélienne retrouvent la source du Tsedek hébraïque, et ce que le professeur Henri Baruk, psychiatre émérite et grand érudit, appelait la “science du juste”. En prétendant asseoir le droit sur des sources étrangères à notre tradition juridique millénaire, les législateurs israéliens ont conduit à la situation actuelle, où la Cour suprême de Jérusalem donne plus de droits aux assassins de Juifs qu’aux victimes. Il est urgent de réparer cette injustice criante et de réformer en profondeur le système judiciaire de notre pays, comme a commencé à le faire la ministre de la Justice, Ayelet Shaked. Je salue le travail sacré que font les militants d’Im Tirtsu et leur représentant, Tom Nisani, mon gendre, et invite les lecteurs à les soutenir.

Pierre Lurçat

(1) https://mfa.gov.il/mfa/aboutisrael/state/law/pages/fighting%20terrorism%20within%20the%20law%202-jan-2005.aspx

(2) On peut faire un don à Im Tirtsu ici. https://imti.org.il/en/donations/

NB Je donnerai une conférence à Tel-Aviv le 24 février à 20H00, 7 rue Lilienblum, sur le thème : "Le Débat constitutionnel, de la Déclaration d’Indépendance à la loi sur Israël Etat Nation du peuple juif”. Inscriptions auprès de Deborah Pewzer 052-6769746

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1948-2018 : Quelle indépendance pour Israël ?, par PierreLurçat

April 15 2018, 17:45pm

Posted by Pierre Lurçat

1948-2018 : Quelle indépendance pour Israël ?, par PierreLurçat

Dans un livre érudit paru en 1988 aux Etats-Unis, l'historien David Biale affirmait que la vision sioniste classique de l'histoire juive – selon laquelle la création de l'Etat d'Israël aurait permis au peuple Juif de reprendre en main son destin après avoir été privé de son indépendance nationale lors de la destruction du Second Temple – était trop schématique pour correspondre totalement à la réalité historique. En réalité, montrait Biale, la longue histoire du peuple Juif en diaspora n'avait jamais été celle d'une totale impuissance, de même que la brève histoire d'Israël depuis son indépendance retrouvée en 1948, n'est pas celle d'un Etat et d'un peuple entièrement souverain et seul maître de son destin.

 

Et de fait, notre histoire récente en tant que nation n'est pas tant celle d'une indépendance retrouvée, que d'une indépendance sans cesse contestée, menacée et à conquérir... Au lendemain même de la proclamation de l'Etat juif, ses voisins arabes ont immédiatement cherché à étouffer dans l'œuf le jeune Etat et à parachever le projet hitlérien, auquel ils avaient pour la plupart d'entre eux activement collaboré. Ce n'est que par miracle – que les Juifs les plus incroyants n'ont pas manqué de souligner alors – que l'armée hétéroclite d'Israël, constituée en large partie de soldats qui n'avaient jamais manié un fusil, parvint à triompher, au prix de lourdes pertes, des forces coalisées de cinq pays mieux armées et plus aguerries.

La tentative d'annihilation avortée en 1948 fut renouvelée en 1967 et en 1973, et ce n'est qu'après leurs défaites consécutives lors de la guerre des Six Jours et lors de la guerre du Kippour que les Arabes comprirent qu'ils n'auraient pas le dessus sur les champs de bataille, et qu'ils commencèrent à chercher d'autres moyens – diplomatiques, politiques et économiques – pour parvenir au même objectif. Face au bloc arabo-musulman, soutenu pendant longtemps par l'Union soviétique, puis par les "non-alignés" et aujourd'hui par une large coalition internationale qui inclut de nombreux pays du tiers monde et certains pays européens, Israël a cherché à établir des alliances, tantôt avec des pays occidentaux – jadis la France, bien avant l'embargo et la déclaration perfide du général De Gaulle, plus tard les Etats-Unis – tantôt avec d'autres pays, comme l'Inde, la Turquie ou l'Ethiopie dans les années 1950 et 1960, avec lesquels il partageait des intérêts stratégiques ou des ennemis communs.

 

Depuis la fin des années 1970 – et la signature du traité de paix avec l'Egypte – et surtout depuis le "processus d'Oslo", la diplomatie traditionnelle d'Israël a fait la place à une nouvelle politique étrangère, fondée presque exclusivement sur la recherche obsessive et quasi-maladive de la "paix à tout prix", politique étrangère qui a certes apporté quelques fruits – comme le traité de paix avec la Jordanie et l'établissement de relations diplomatiques avec quelques pays arabo-musulmans, mais qui s'est globalement traduite par un échec monumental. L'enthousiasme excessif des premières années d'Oslo, quand les journalistes et les hommes politiques rêvaient tout haut de "manger du houmous à Damas", a certes été remplacé par une attitude plus circonspecte, mais les prémices d'Oslo n'ont jamais été officiellement abandonnées ou critiquées comme elles auraient dû l'être depuis longtemps.

Non seulement les Arabes n'ont jamais renoncé à leur volonté de détruire Israël, mais ils ont réussi à porter la guerre à l'intérieur même d'Israël – lors des trois Intifadas, de la Deuxième Guerre du Liban et de la guerre larvée avec Gaza depuis le retrait désastreux ordonné par Ariel Sharon – et à transformer les villes d'Israël en cibles pour leurs missiles, au Nord d'Israël en 2006 et au Sud depuis la destruction du Goush Katif – et demain dans tout le centre du pays, si le projet de création d'un Etat palestinien en Judée Samarie devait voir le jour. Mais, plus grave encore, nos ennemis ont surtout réussi à convaincre une grande partie des élites et de l'establishment politique, médiatique et intellectuel d'Israël que notre présence sur cette terre n'était pas justifiée et que nous devions à tout prix "partager" et renoncer au cœur historique de notre patrie en reconnaissant les droits du "peuple Palestinien"...

 

Un des aspects les plus préoccupants de l'évolution de la situation politique d'Israël est en effet celui de l'intervention grandissante, et presque envahissante, de pays étrangers dans la politique israélienne, au moyen d'ONG, d'organismes plus ou moins secrets et d'associations œuvrant au grand jour, qui tentent – souvent avec succès – d'influer sur les décisions politiques et sur les processus démocratiques. Certains de ces mécanismes ont été récemment mis à jour avec le scandale du New Israël Fund, dont les menées subversives ont été exposées par plusieurs journalistes et par le groupement sioniste "Im Tirtsou". En résumé, il s'agit d'imposer à Israël une politique opposée à celle choisie par ses électeurs, au moyen d'associations subversives financées par l'Union européenne et par plusieurs pays étrangers. Cette tactique est apparue notamment lors du rapport Goldstone, dont les accusations étaient largement fondées sur le travail de sape d'associations israéliennes comme Chalom Archav, qui reçoivent des millions d'euros de pays étrangers *.

Dans ces circonstances, il est urgent que la Knesset adopte des lois appropriées pour combattre ce phénomène et protéger notre indépendance et notre souveraineté nationale, en mettant hors de nuire ces organisations qui sapent les fondements mêmes de notre démocratie et de notre Etat. L'Indépendance d'Israël est certes une immense avancée et notre situation en tant que nation est incomparablement meilleure qu'elle ne l'était avant 1948, tant en Occident que dans le reste du monde. Mais c'est aussi une avancée fragile et qu'il convient de défendre à tout prix, contre nos ennemis de l'extérieur comme à l'intérieur. Hag Atsmaout Samé'ah !

 

* Voir notre article "Les origines israéliennes du rapport Goldstone", Ashdod Aujourd'hui, janvier 2010.

 

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