Lag Ba'Omer à Méron en 1923, par le rav Nathan Milikovsky
Dans le récit que l’on lira ci-dessous, le rav Milikovsky*, militant et orateur sioniste renommé, relate dans un discours prononcé à Brooklyn en 1928 son voyage en Galilée, cinq ans auparavant, alors qu’il avait été nommé directeur de l’école juive de Tsefat. Plus encore que la description fidèle des lieux et de l’atmosphère propre à Eretz-Israël à cette époque, c’est l’esprit qui en ressort, cet esprit haloutsique (pionnier), empli d’amour pour le pays et de confiance en l’avenir, qui donne à ce texte son intérêt historique et littéraire. P. I. L.
« J’avais accepté à cette époque la direction de l’école de Tsefat (Safed), et voici que je reçois un appel téléphonique du Dr Luria, directeur du département de l’Education en Eretz-Israël, qui me demande de veiller à ce que les enfants juifs habitant à Peki’in, à une heure de Tsefat, aient eux aussi une école et un instituteur connaissant son travail.
L'antique synagogue de Pekiin
Le lendemain je me préparai au voyage, accompagné de mon ami, l’instituteur de notre école, M. Bernstein, natif de Tsefat, qui parlait couramment l’arabe (N.d.T. La connaissance de l’arabe était très répandue à l’époque parmi les Juifs vivant en Eretz-Israël, y compris les ashkénazes.) Nous étions accompagnés de M. Lévi, jeune Juif sépharade qui était candidat au poste d’instituteur de Peki’in. Lorsque j’eus fini mon travail à l’école, vers 14h30, nous partîmes tous les trois de Tsefat, montant des chevaux arabes, avec une monture supplémentaire en cas de besoin.
Nous gravîmes les montagnes entourant Tsefat et contemplâmes le cimetière, qui comprend tellement de tombes de personnages illustres du passé, Guéonim etTsaddikim, dont la nostalgie de la Délivrance s’exprimait par le jeûne et la prière… Voici la tombe du Ari Hakadosh, et voici celle de Rabbi Yossef Caro, auteur du Choul’han Arou’h, et encore d’autres, et d’autres…
Nous prenons le chemin d’Ein-Zeitim, que les Arabes appellent Ein-Zeitoun. Il y avait ici autrefois des vignes, dont les raisins étaient encore meilleurs que ceux de Hébron, plein de jus et doux comme du sucre. Hélas ! La guerre a détruit tout cela… Seul le vieux Boaz, qui était enseignant, est resté ici avec sa femme, refusant de quitter l’endroit.
HAR MERON
Nous nous dirigeons à présent vers le Mont Méron. Il y avait ici un village juif, à l’époque desTanaïm. Aujourd’hui il ne reste plus que des tombes saintes. Voici les tombes de Rabbi Shimon Bar Yohaï et de son fils Eleazar, entourées de plantes… Rabbin Shimon Bar Yohaï, l’homme qui a combattu pour la liberté, la justice, la lumière et la connaissance !
Des milliers de Juifs viennent sur sa tombe : ils viennent de toutes les villes d’Europe, pour Lag Ba’Omer, et ils pleurent à chaudes larmes sur la pierre froide, larmes du souvenir… Viennent ici ceux qui cherchent de l’aide ou une subsistance, pour recevoir la bénédiction et pour entretenir la tradition.
C’est une expérience inoubliable ! A minuit, tous s’assemblent à l’endroit le plus élevé près de la tombe et allument le feu de Lag Ba’Omer, qui illumine tous les environs. Jeunes et vieux dansent toute la nuit, comme s’ils étaient ensorcelés…
Il est difficile de décrire l’impression de joie d’une part, et de solitude de la Galout d’autre part, dont on parvient à guérir ici, en cet endroit. On a l’impression de sentir son dos se redresser et son cœur s’emplir d’un sentiment de fierté…
J’aime les pierres d’Eretz-Israël. Ces pierres – rochers de granit – ne sont pas de simples pierres... Ce sont nos gardiens. Il me semble qu’elles ont protégé les montagnes géantes et ont empêché quiconque de nous les prendre… »
(Extrait du livre « Am ou Médina » du rav Nathan Milikovsky, éd. Yediot Aharonot 1994 – Traduction Pierre I. Lurçat)
* Le rav Nathan Milikovsky est le père de Bentsion Nétanyahou et grand-père de Binyamin Nétanyahou.
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Bien amicalement.
Olivier Herz (1979), président de X-Israël