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faux messianisme de la paix

Pour en finir avec le pacifisme juif (I) : Le mensonge du « camp de la paix »

November 30 2023, 15:17pm

Posted by Pierre Lurçat

Pour en finir avec le pacifisme juif (I) : Le mensonge du « camp de la paix »

 

En 1929, au lendemain des pogromes qui ensanglantèrent le Yishouv juif en Eretz-Israël, Jabotinsky écrivait ces lignes toujours actuelles : « J’ai rencontré des dizaines de fois nos pacifistes, et à chaque rencontre je leur demande : comment se fait-il que vous ne prêchiez vos conceptions que parmi les Juifs ? Allez donc chez les Arabes, et allez savoir chez eux à quelles conditions ils accepteraient de faire la paix »[1]. Ce défaut des pacifistes juifs qui prêchent leurs compatriotes, dénoncé par Jabotinsky en 1929, est resté présent en Israël depuis 100 ans. Premier volet d’une série d’articles sur le pacifisme juif.

 

Le pacifisme aveugle, il y a cent ans comme aujourd’hui, menace la pérennité de l’existence d’un Etat juif souverain, au milieu d’un environnement encore largement hostile. Aujourd’hui comme hier, la paix repose sur la préparation à d’éventuels conflits, selon l’adage latin toujours actuel (« Si vis pacem, para bellum »), ou selon les mots de Jabotinsky : « le seul moyen de parvenir à un accord [de paix] est d’ériger un mur de fer ». Dans une émission récente, Alain Finkielkraut affirmait avoir toujours soutenu le « camp de la paix » israélien.

 

Comme beaucoup d’autres observateurs, en Israël et en dehors, il a rappelé que les victimes juives des kibboutz avoisinants de Gaza étaient tous des Israéliens de gauche, pour la plupart « partisans de la paix » et dont certains militaient activement en faveur des habitants de Gaza, qu’ils aidaient à se rendre en Israël pour y subir des traitements médicaux. Aux yeux de Finkielkraut, comme d’autres, le fait que les victimes du Hamas étaient pacifistes en faisait apparemment des « bons Israéliens » (« les kibboutz, c’est pas Itamar Ben Gvir ou Smotrich », expliquait-il sur LCI). Comme si les crimes du Hamas auraient été moins abjects si leurs victimes avaient été des électeurs du parti sioniste religieux et pas du défunt Meretz…

 

Le « camp de la paix », héritage du communisme

 

« Camp de la paix” ? L’expression ferait sourire, si elle ne rappelait de sinistres souvenirs. Elle remonte – rappel historique pour les nouvelles générations nées après l’effondrement du Mur de Berlin – à l’Union soviétique et à ses satellites. Le « Mouvement de la paix » était dans l’après-guerre (pendant la guerre froide dont on a oublié aujourd’hui la signification) la courroie de transmission du PCUS et du communisme stalinien au sein des pays occidentaux et de leur intelligentsia, qui était déjà à l’époque le ventre mou de l’Occident. L’expression est donc un héritage empoisonné du communisme stalinien et elle est tout aussi mensongère à l’égard d’Israël aujourd’hui, qu’elle l’était concernant l’Occident alors.

 

            Le mensonge du « camp de la paix » consiste principalement à faire croire à l’opinion internationale qu’il y aurait en Israël des bons pacifistes d’un côté et des opposants à la paix de l’autre. En réalité, comme le rappelait Jabotinsky il y a cent ans, en répondant aux pacifistes de son temps, « La paix avec les Arabes est certes nécessaire, et il est vain de mener une campagne de propagande à cet effet parmi les Juifs. Nous aspirons tous, sans aucune exception, à la paix ». Toutefois, comme il l’écrivait dans son fameux article « Le mur de fer »,  la question d’un règlement pacifique du conflit dépend exclusivement de l’attitude arabe. Propos qui demeurent d’une brûlante actualité jusqu’à ce jour. (à suivre…)

P. Lurçat

 

NB Mon nouveau livre, Face à l’opacité du monde, est disponible sur Amazon, B.O.D et dans les bonnes librairies. Je l’ai évoqué au micro d’Antoine Mercier sur sa nouvelle chaîne Mosaïque.

 

 

[1] Publié sous le titre “La paix” dans Rassviet, 3 novembre 1929, Paris. Repris en français dans le recueil Le Mur de fer, éditions l’éléphant 2022.

Pour en finir avec le pacifisme juif (I) : Le mensonge du « camp de la paix »

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L'assassinat de Rabin et le faux messianisme de la paix, Pierre Lurçat

November 4 2018, 09:21am

Posted by Pierre Lurçat

"la trahison des clercs d'israël",osloLe soir fatidique du samedi 4 novembre 1995, des millions d’Israéliens ont entendu la voix grave d’Eytan Haber, directeur du cabinet de Rabin, déclarant dramatiquement à la radio : « Memshelet Israël modia be-tadema…» (« Le gouvernement israélien annonce avec stupéfaction…»). Le pays traversait alors des semaines d’angoisse et de colère, marquées par des attentats presque quotidiens et par le sentiment, partagé par de nombreux Israéliens, que le gouvernement d’Itshak Rabin et de Shimon Pérès était insensible aux victimes juives, civils innocents qui étaient comme sacrifiés sur l’autel de la « paix », devenue une sorte de Moloch exigeant chaque semaine son tribut sanglant.

 

Cette période est déjà lointaine, et un narratif bien différent s’est imposé dans les médias français et internationaux et aussi, dans une certaine mesure, en Israël même, en vertu duquel on entend présenter les accords d’Oslo comme une occasion manquée pour la paix au Moyen-Orient, qui aurait été perdue lorsque les balles de l’assassin de Rabin ont « tué le processus de paix ». Ce narratif est mensonger parce que le processus d’Oslo n’est pas mort à Tel Aviv. Non seulement il s’est poursuivi après l’assassinat de Rabin, mais il a même perduré bien au-delà, aucun Premier ministre, y compris Benjamin Nétanyahou, n’ayant eu le courage de dire une fois pour toutes qu’Oslo était mort et que les accords cent fois violés par la partie palestinienne étaient nuls et abrogés.

 

Le souci de vérité et d’exactitude oblige toutefois à reconnaître que le « processus de paix » - avec son cortège de morts, de mensonges et la réécriture concomitante de l’histoire en adoptant le point de vue palestinien, pour mieux faire accepter l’intronisation d’Arafat, puis de Mahmoud Abbas en « chefs d’État » – n’est pas né à Oslo. Yossi Beilin a certes été l’architecte des accords d’Oslo, avec son mentor Shimon Pérès et quelques autres, qui ont manipulé l’opinion publique israélienne, en faisant fi de l’opposition interne au parti travailliste et de la volonté du Premier ministre Rabin lui-même, demeuré jusqu’à son dernier souffle hostile aux conceptions de son rival historique.

 

 

Mais le socle idéologique et psychologique sur lequel reposent les accords n’est pas apparu du jour au lendemain, comme la création ex nihilo d’une poignée d’universitaires et d’idéologues coupés des réalités du Moyen-Orient. En vérité, force est de reconnaître que le faux messianisme de la paix qui a triomphé à Oslo était déjà en germe dans la société israélienne et dans l’esprit de ses dirigeants depuis longtemps, et notamment depuis la guerre de Kippour. Les choix fatidiques de 1993 sont en grande partie la suite logique des événements dramatiques de l’automne 1973, et c’est le traumatisme de Kippour qui a mené à celui d’Oslo et à ses suites.

"la trahison des clercs d'israël",oslo

 

Le premier à avoir compris, dans le camp arabe, la transformation qu’avait subie l’État d’Israël au lendemain de la « guerre d’octobre » fut Anouar Al-Sadate. Un certain discours le présente aujourd’hui, à l’instar de Rabin, comme un « faucon devenu colombe ». Mais ce raccourci journalistique est faux et trompeur, pour l’un comme pour l’autre. Il faut relire le dernier discours de Rabin à la Knesset pour comprendre qu’il n’a jamais renié son passé ; et il faut relire le discours de Sadate à Jérusalem , pour comprendre qu’il est lui aussi resté fidèle à ses engagements et à sa vision, conforme à la doctrine politique de l’Égypte établie depuis la Révolution des officiers libres en 1952. Le plus farouche ennemi d’Israël, admirateur d’Hitler dans sa jeunesse , ne s’est pas transformé du jour au lendemain en ami des Juifs : il a tout simplement compris que la meilleure façon de vaincre Israël était de se servir de la paix comme d’un cheval de Troie pour affaiblir et diviser l’opinion israélienne, et pour obtenir par la négociation ce que les armées arabes n’avaient pu remporter sur les champs de bataille.

 

 (Extrait de mon livre La trahison des clercs d'Israël, La Maison d'Edition)

 

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