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itshak rabin

1995-2021 : 26 ans après, le mensonge de "l'incitation ayant conduit au meurtre" toujours vivace

November 10 2021, 07:48am

Posted by Pierre Lurçat

Le fameux poster fabriqué par un agent provocateur, Avishai Raviv

Le fameux poster fabriqué par un agent provocateur, Avishai Raviv

 

Le titre hébreu du film “Yamim Noraim” (“Les jours redoutables”, expression désignant traditionnellement la période entre Rosh Hachana et Kippour) ne correspond pas du tout à son titre anglais, sous lequel il a été présenté en avant-première au festival de Toronto : “Incitement”. Cela n’a rien d’exceptionnel dans le monde du cinéma, mais en l’occurrence, cette divergence est significative, car le titre anglais en dit bien plus long sur le contenu du film que celui en hébreu. Incitement est en effet un film politique, présentant sous couvert de thriller psychologique (dont on connaît la fin d’avance), une thèse politique dérangeante et mensongère. La thèse du film peut se résumer par son titre, "Incitation", et par les quelques lignes que le réalisateur a choisi de placer en dernière image du film : on peut y lire que “Yigal Amir a déclaré qu’il n’aurait pas commis son crime sans l’aval de rabbins qui lui ont donné leur autorisation. Malgré cela, aucun rabbin n’a été poursuivi pour l’assassinat de Rabin”. 

 

Cette thèse dérangeante s’articule autour de deux ou trois arguments essentiels, que le film assène à coups de massue, du début jusqu’à la fin. “Yigal Amir a été influencé par des rabbins”, “L’assassinat a été précédé d’une campagne d’incitation, à laquelle a notamment participé le chef de l’opposition de l’époque - et Premier ministre actuel - Benjamin Nétanyahou” (1). “Les motivations d’Yigal Amir étaient autant religieuses que politiques”. Ces trois messages n’ont rien de nouveau. Ils ont été répétés à profusion depuis le 5 novembre 1995, car dès le lendemain du crime, celui-ci a été exploité politiquement par le camp auquel appartenait Itzhak Rabin. La thèse de l’incitation au meurtre par des rabbins a pourtant été infirmée par le tribunal de district de Tel-Aviv dans son jugement, dans des termes non équivoques (2). Elle continue malgré cela d’être soutenue par de nombreux protagonistes, comme l’ancien chef des services secrets intérieurs (Shin-Beth) au moment de l’assassinat, Carmi Gillon, qui continue de clamer qu’Yigal Amir a été “incité par des rabbins”.


 

“Incitation” - Une thèse politique mensongère (image de fiction tirée du film)


 

Comme l’écrit le critique du journal Maariv, Yaron Zilberman mêle sans cesse les images d’archives aux scènes de fiction, créant une confusion artistique qui sert son message politique. La confusion volontairement entretenue entre fiction et documentaire, entre narration et argumentaire politique, est dans l'air du temps. A l'heure de la post- vérité, peu importe de savoir si des rabbins ont effectivement donné un blanc seing à Yigal Amir, comme le prétend le film, alors même que la justice israélienne a dit le contraire… Comme il importe peu de savoir quel a été le rôle véritable d’Avishaï Raviv, l’agent provocateur du Shin Beth - les services secrets intérieurs - qui a véritablement poussé au meurtre un Yigal Amir encore hésitant. (3) 

 

A l'ère où seul compte le narratif, qui se préoccupe encore de vérité historique, ou de vérité tout court?  Le plus grave, en l’occurrence, est sans doute ce qu'on enseigne aux enfants des écoles d'Israël. Croiront-ils eux aussi, comme l'affirme ce film, que le bras de l'assassin de Rabin a été armé par des rabbins qui n'ont jamais été inquiétés, au nom d'une Torah qui inciterait au crime? A cet égard, il y a beaucoup à dire sur la manière dont le film (et au-delà du film, tout un pan de la culture israélienne contemporaine) décrit la tradition juive, ses éléments et ses symboles. Ainsi, dans une scène marquante du film, la veille de l’assassinat, on voit Yigal Amir fasciné et presque envoûté par les lettres d’un rouleau de Torah sur lequel son père, scribe, est en train de travailler. 


 

Une vision caricaturale du judaïsme


 

D’autres scènes montrent des rabbins de manière caricaturale. On hésite pour savoir si l’auteur du film est simplement ignorant, ou s’il déteste vraiment (comme d’autres artistes israéliens) notre Tradition et ses représentants. Une question centrale posée par le film - de manière réductrice et très orientée - est celle de savoir si le “Din rodef” (l’obligation de tuer un Juif pour l’empêcher de perpétrer un meurtre qu’il s’apprête à commettre), soi-disant appliqué à Rabin par certains rabbins - “justifiait” son exécution au regard de la loi juive. Toute personne un tant soit peu versée dans l’histoire juive sait que les peines de mort mentionnées dans la Torah ne sont quasiment jamais appliquées. Le film repose largement sur cette ambiguïté, qu’il ne contribue pas à lever, préférant l’exploiter au service de sa thèse politique.

 

Et malgré tout cela, le film de Zilberman n’est pas dénué de qualités. Il tient en haleine, et la performance de certains des acteurs est remarquable. Notamment celle de l’acteur principal, Yehuda Nahari Halevi, d’origine yéménite comme Amir. Il réussit à incarner son personnage de manière forte et crédible, en dépit de la manière assez caricaturale dont sont dépeintes ses relations avec son entourage (son père, personnage assez falot, qui tente de le dissuader, tandis que sa mère ne cesse de vanter son intelligence, et les jeunes filles qu’il courtise). Yigal Amir n’est pas du tout décrit comme un monstre, mais bien comme un être humain et il est rendu presque sympathique (!), tellement le réalisateur est obnubilé par le désir de montrer qu'il a été incité et manipulé par des rabbins.


 

Yehuda Nahari Halevi : impressionnant de vérité
 

Le réalisateur Yaron Zilberman a de toute évidence été séduit par ce sujet fort et complexe. Il a visiblement été déchiré entre l’attrait du sujet, la possibilité de faire un thriller psychologique captivant, ce à quoi il n’est parvenu que partiellement, et la volonté de faire passer un message politique, éculé et largement mensonger, mais toujours efficace. Hélas, c’est cette deuxième possibilité qu’il a choisie. Le résultat est un film d’autant plus dangereux qu’il est séduisant, par le message simpliste qu’il véhicule et par sa capacité de nuisance politique.

Pierre Lurçat

Notes :

 

(1) Comme l’a montré le journaliste du quotidien Ha’aretz, Anshel Pfeffer, dans sa récente biographie de Nétanyahou, ce dernier n’a jamais “incité” à l’assassinat d’Itshak Rabin, directement ou indirectement. Ce sont, comme l’écrit Pfeiffer (peu suspect de sympathies pour la droite israélienne, et lui-même membre de la corporation journalistique) “les médias israéliens qui ont inventé le narratif de ‘l’incitation qui aurait conduit au meurtre de Rabin’. Et qui ont dépeint Nétanyahou comme ‘le principal responsable de cette incitation’. 

 

(2) En réponse à l’affirmation d’Yigal Amir qui avait lui-même fait état de rabbins qu’il aurait consulté sur le sujet, le juge Edmond Lévy président du tribunal de Tel-Aviv a écrit dans le jugement : “Ma conclusion est que la démarche qu’il a pu effectuer auprès d’un quelconque rabbin, directement ou indirectement, pour s’assurer que la victime avait le statut de “Din rodef”, n’était destinée qu’à obtenir un aval a posteriori à l’action que l’accusé avait déjà décidé de réaliser. D’où la conclusion supplémentaire, que la tentative de donner à l’assassinat de Rabin une justification halachique est déplacée et constitue un abus cynique et grossier de la hala’ha [loi juive] à des fins étrangères au judaïsme”. Jugement du tribunal de Tel-Aviv, 498/95, Etat d’Israël contre Yigal Amir,

Jugement (en hébreu) : http://www.nevo.co.il/Psika_word/mechozi/M-PE-2-003-L.doc

 

(3) C’est Raviv, on ne le rappellera jamais assez, qui avait ainsi imprimé le fameux poster de Rabin en uniforme SS, utilisé jusqu’à aujourd’hui comme argument contre le public sioniste-religieux, auquel Amir avait été assimilé.

 

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La gauche israélienne entre cynisme et naïveté - La réponse de Mahmoud Abbas à la petite-fille de Rabin, Pierre Lurçat

August 22 2019, 09:57am

Posted by Pierre Lurçat

 

J’ai vu la semaine dernière, comme des millions d’Israéliens, la photo de Noa Rothman, petite-fille d’Itshak Rabin, aux côtés de Mahmoud Abbas, dirigeant de l’OLP et de l’Autorité palestinienne”. Sur la photo, ils ont tous les deux le sourire aux lèvres. Mais ces deux sourires ne disent pas la même chose. Celui de Noa Rothman semble dire :”Je suis contente d’être venue ici, c’est un geste fort pour la Paix, cette paix tellement lointaine pour laquelle mon grand-père a donné sa vie”. Le sourire de Mahmoud Abbas, lui, semble dire “Cette Juive naïve me donne l’occasion de redorer mon blason…”

 

Noa Rothman et Mahmoud Abbas

 

Bien entendu, nul ne saura ce qu’ils ont vraiment pensé, au moment où ils ont été photographiés. Mais au fond, peu importe ; en politique, les gestes sont plus importants que les intentions, bonnes ou mauvaises. L’enfer est pavé de bonnes intentions, et nous sommes bien placés pour le savoir. Si une preuve supplémentaire était nécessaire, voici le discours que vient de prononcer Mahmoud Abbas au camp de “réfugiés” de Jalazoune, tel qu’il a été traduit et publié par l’institut MEMRI

 

Au Moyen-Orient, l’enfer a souvent été pavé des bonnes intentions de pacifistes juifs. Depuis que les partisans du Brith Shalom - Martin Buber, Sholem et les autres - ont élaboré leur théorie fumeuse de l’alliance judéo-arabe et jusqu’aux accords d’Oslo qui nous explosé au visage, dans le sang et le feu des attentats palestiniens, nous avons payé le prix fort pour les erreurs de nos pacifistes. Les Arabes ont eux aussi payé le prix fort. Comme l’a dit récemment un observateur avisé, Abbas n’a jamais voulu la paix, il n’a apporté aux Palestiniens que du sang et des larmes… (Ou peut-être parlait-il d’Arafat).

 

Dans les années 1930, la gauche européenne avait instauré la tradition du pèlerinage à Moscou. Les intellectuels communistes ou “compagnons de route” allaient rencontrer le “petit père des peuples”’ et ils revenaient enchantés, chantant les louanges du Grand Staline. Il a fallu qu’André Gide publie son Retour de l’URSS pour que le mythe de Staline entretenu par la gauche européenne commence à s’écorner.

 

Le “petit père des peuples” - La Une de l'Humanité, 6 Mars 1953

 

Le mythe Arafat, lui, est plus tenace. Alors que le monde arabe se désintéresse de plus en plus des Palestiniens et de leur jusqu’au boutisme, et alors que l’ONU, pour la première fois depuis 1974 (date de la réception triomphale d’Arafat à New York) a tenu un débat sur le racisme et l’antisémitisme des manuels scolaires officiels palestiniens, la gauche israélienne continue d’entretenir le mythe d’Arafat, dirigeant palestinien et homme de paix. Pourquoi?

 

Le discours d’Abbas publié ci-dessous devrait être imprimé et affiché dans tous les bureaux de vote d’Israël, pour en finir une fois pour toutes avec le mensonge du “processus de paix”, du “modéré Abbas” et les autres mensonges du même acabit que des centaines d’Israéliens, d’occidentaux et de juifs, naïfs ou corrompus, ont répandus depuis des décennies. 

 

Pierre Lurçat

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Mahmoud Abbas au camp de réfugiés de Jalazone : “Nous entrerons à Jérusalem avec des millions de combattants - Nos martyrs sont ce que nous avons de plus sacré”

Mahmoud Abbas : Nous resterons [ici], et personne ne pourra nous faire partir de notre patrie. S'ils le veulent, ils peuvent partir eux-mêmes. Ceux qui sont étrangers à cette terre n'y ont aucun droit. Alors nous leur disons : chaque pierre que vous avez [utilisée] pour construire sur notre terre, et chaque maison que vous avez construite sur notre terre, est vouée à la destruction, si Allah le veut. 

Peu importe le nombre de maisons et de villages qu'ils déclarent [planifier de construire] ici et là - ils seront tous détruits, si Allah le veut. Ils iront tous à la poubelle de l'histoire. Ils se souviendront que cette terre appartient à son peuple. Cette terre appartient à ceux qui y vivent… Jérusalem est nôtre, qu'ils le veuillent ou non.

 

“Jérusalem est à nous” - Abbas et Arafat

 

Audience : Nous marchons vers Jérusalem, des martyrs par millions ! Nous marchons vers Jérusalem, des martyrs par millions ! Nous marchons vers Jérusalem, des martyrs par millions !

Mahmoud Abbas : Nous entrerons à Jérusalem - des millions de combattants ! Nous y entrerons ! Nous tous, le peuple palestinien tout entier, la nation arabe tout entière, la nation islamique et la nation chrétienne... Ils entreront tous à Jérusalem. Nous n'accepterons pas qu'ils qualifient nos martyrs de terroristes. Nos martyrs sont les martyrs de la patrie. Nous ne leur permettrons pas de déduire un seul centime de leur argent. Tout l'argent leur reviendra, car les martyrs, les blessés et les prisonniers sont ce que nous avons de plus sacré.”

Vidéo  mise en ligne sur la page Facebook d'Abbas le 10 août 2019. 

(Publié par le site MEMRI.FR)

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