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accords d'oslo

La contestation de l’État juif par les élites israéliennes, par Pierre Lurçat

August 26 2018, 13:11pm

Posted by Pierre Lurçat

Yom Yeroushalayim (photo P. Lurçat)

Yom Yeroushalayim (photo P. Lurçat)



 

La polémique actuelle autour de l’adoption par la Knesset de la Loi fondamentale “Israël État-nation du peuple juif” ne peut être comprise sans la replacer dans le contexte de l’intervention grandissante de la Cour suprême dans la vie publique au cours des trois dernières décennies, et de la contestation du caractère juif de l’État par les membres des élites israéliennes post-sionistes. Le présent article, extrait de mon nouveau livre (Israël, le rêve inachevé, à paraître aux Editions de Paris / Max Chaleil), expose le contexte historique de cette controverse.

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La récente polémique déclenchée par le vote à la Knesset de la Loi fondamentale définissant Israël comme “l’État-nation du peuple Juif” est une conséquence directe de l’affaiblissement de la notion d’État juif par la Cour suprême. Cette notion était en effet inscrite dans la Déclaration d’indépendance de l’État d’Israël de 1948, qui mentionnait explicitement le droit naturel du peuple juif d’être une nation comme les autres nations et de devenir maître de son destin dans son propre État souverain”. L’idée que le nouvel État d’Israël était l’État-nation du peuple Juif était considérée comme une évidence incontestable par ses fondateurs, et elle a été acceptée par la communauté des nations, lors du vote de l’Assemblée générale des Nations unies du 29 novembre 1947.


 

Comment cette évidence a-t-elle été progressivement remise en question, au point que l’adoption par le parlement israélien de la Loi fondamentale sur l’État juif est aujourd’hui largement dénoncée comme “polémique” ou anti-démocratique ? La réponse à cette question est étroitement liée à l’interventionnisme judiciaire de la Cour suprême, depuis le début des années 1990. C’est en effet cette dernière qui a ébranlé le large consensus qui existait en Israël en 1948, lors de la proclamation d’Indépendance, signée par des représentants de tous les partis, d’un bord à l’autre de l’échiquier politique. En faisant du caractère juif de l’État un sujet polémique et en opposant “État juif” et “État démocratique” - deux réalités qui avaient coexisté sans problème majeur pendant quatre décennies - la Cour suprême a ouvert la boîte de Pandore.


 

Proclamation de l'Etat d'Israël :

la Loi sur l'Etat-nation est conforme à la Déclaration d'Indépendance de 1948

 

 

Dans l’esprit des pères fondateurs du sionisme politique et des premiers dirigeants de l’État d’Israël - au premier rang desquels David Ben Gourion - le caractère juif de l’État n’était en effet nullement contradictoire avec son caractère démocratique. C’est dans cet esprit qu’il a élaboré le fragile équilibre sur lequel ont reposé l’État et ses institutions après 1948. Ben Gourion a fait preuve à cet égard d’une volonté de compromis inhabituelle, qu’il justifie ainsi dans ses écrits : “Sauver la nation et préserver son indépendance et sa sécurité prime sur tout idéal religieux ou antireligieux. Il est nécessaire, dans cette période où nous posons les fondations de l’État, que des hommes obéissant à des préoccupations et à des principes différents travaillent ensemble… Nous devons tous faire montre d’un sage esprit de compromis sur tous les problèmes économiques, religieux, politiques et constitutionnels qui peuvent supporter d’être différés”(1).


 

En totale contradiction avec cet esprit de compromis, qui a permis aux différentes composantes de la nation israélienne de coexister pendant les premières décennies de l’État, le juge Aharon Barak a adopté une démarche partisane et défendu des positions radicales sur le sujet crucial de l’identité de l’État d’Israël. Sous couvert de concilier les valeurs juives et démocratiques de l’État d’Israël, Barak a en effet mené un véritable combat contre tout particularisme juif de l’État. Au nom d’une conception bien particulière des “valeurs universelles” (“les valeurs de l’État d’Israël en tant qu’État juif sont les valeurs universelles communes aux membres d’une société démocratique” (2)), la Cour suprême a pris toute une série de décisions marquantes, dont le point commun était de réduire à néant le caractère juif et sioniste de l’État.

 

 

Aharon Barak : un “fondamentalisme juridique”

Ces décisions ont tout d’abord concerné principalement des questions religieuses, comme les conversions non orthodoxes (effectuées par les mouvements juifs réformés et « conservative »), ou bien le respect du shabbat sur la voie publique. Sur toutes ces questions, le juge Barak a fait preuve d’un esprit antireligieux militant, qui a suscité, en réaction, d’immenses manifestations contre la Cour suprême, organisées par le public juif orthodoxe au milieu des années 1990. Mais il s’est avéré par la suite que la doctrine Barak n’était pas dirigée uniquement contre le judaïsme orthodoxe, mais tout autant contre les valeurs fondamentales du sionisme politique.

 

La décision la plus marquante à cet égard a été celle de la Cour suprême dans l’affaire Kaadan. Il s’agissait d’une famille arabe qui avait voulu acheter une parcelle de terrain dans le village juif de Katzir, créé par l’Agence juive sur des terres domaniales appartenant à l’État. Dans cette affaire, le juge Barak a pris le contre-pied de la politique traditionnelle d’implantation juive en Israël, qui remonte aux débuts du sionisme, bien avant la création de l’État. L’arrêt de la Cour suprême, rédigé par Barak, affirmait ainsi que « l’État n’est pas en droit d’allouer des terres domaniales à l’Agence juive en vue d’y construire un village sur une base discriminatoire entre Juifs et Arabes ». En d’autres termes, la Cour suprême prétendait disqualifier toute l’entreprise de peuplement juif menée par l’Agence juive depuis les débuts du sionisme politique, au nom de sa conception de l’égalité.

 

C’est dans ce contexte de remise en cause progressive des fondements du sionisme par la Cour suprême - et plus largement, par une partie des élites israéliennes dont elle est représentative - qu’il faut comprendre la récente polémique autour de la Loi fondamentale sur l’État-nation. En réalité, celle-ci n’ajoute rien de nouveau à la Déclaration d’Indépendance. L’opposition virulente qu’elle a suscité s’explique surtout par l’effritement progressif du consensus sioniste, mis à mal par l’assaut de l’idéologie post-moderne et post-sioniste qui a triomphé à l’époque des accords d’Oslo, au début des années 1990. Cette période a été marquée par une véritable “révolution culturelle” (3) - concomitante à la “révolution constitutionnelle” que nous avons décrite plus haut - qui a vu les notions fondamentales du sionisme politique remises en cause par une large partie des élites intellectuelles de l’État d’Israël, dans le monde universitaire, celui de l’art et de la culture, les médias, etc.

 

Un de ceux qui a le mieux exprimé cette révolution culturelle a été l’écrivain David Grossman, qui écrivait dans un article publié en septembre 1993, intitulé “Imaginons la paix” (4) : “Ce qui est demandé aujourd’hui aux Juifs vivant en Israël, ce n’est pas seulement de renoncer à des territoires géographiques. Nous devons aussi réaliser un “redéploiement” - voire un retrait total - de régions totales de notre âme… Comme la “pureté des armes”... Comme être un “peuple spécial”... Renoncer au pouvoir en tant que valeur. A l’armée elle-même en tant que valeur…” Ce que nous dit Grossman - et ce qu’ont exprimé à l’époque des dizaines d’autres intellectuels partageant la même idéologie - c’est qu’il était prêt à renoncer à tous les éléments essentiels de l’ethos sioniste (ou “régions de notre âme”), pour transformer l’État juif en État de tous ses citoyens, c’est-à-dire en État occidental dans lequel les Juifs n’auraient plus aucune prérogative nationale.

 

“Renoncer aux territoires de notre âme” - David Grossman

 

C’est au nom de la même idéologie radicale que d’autres intellectuels ont prétendu abroger la Loi du Retour, fondement de l’immigration juive en Israël et pilier de l’existence nationale dans l’esprit de David Ben Gourion, son principal artisan, qui la considérait comme “la quintessence de notre État”. Mais la révolution culturelle entreprise à l’époque des accords d’Oslo a échoué. Elle a doublement échoué : une première fois, dans le feu et le sang du terrorisme palestinien, qui a anéanti les espoirs chimériques de mettre fin au conflit par des concessions territoriales. Et une seconde fois, lorsque les Israéliens ont rejeté par les urnes, à une large majorité, l’idéologie post-sioniste qui avait brièvement triomphé lors de la révolution culturelle menée par les opposants de l’État juif.

 

Les citoyens israéliens ont en effet exprimé, à de nombreuses reprises, leur attachement aux valeurs fondamentales du sionisme politique et à la notion d’État juif, décriée par une partie des élites intellectuelles. Le “retrait total des régions de notre âme” promu par David Grossman n’a pas eu lieu, parce que les Israéliens ont refusé, dans leur immense majorité, cette entreprise d’auto-liquidation nationale. Ils ont signifié qu’ils étaient attachés à la Loi du Retour et aux notions de ‘pureté des armes’ et de ‘peuple spécial’ tournées en ridicule par Grossman, et que leur âme juive vibrait encore. Ils ont signifié leur attachement indéfectible aux valeurs juives traditionnelles, à l’armée d’Israël (où le taux d’engagement dans les unités combattantes n’a pas faibli, malgré l’idéologie pacifiste) et à “l’espoir vieux de deux mille ans d’être un peuple libre sur sa terre”, selon les mots de l’hymne national.

Pierre Lurçat

Notes

(1) David Ben Gourion, in Hazon ve-Derekh, cité par Avraham Avi-Hai, Ben Gourion bâtisseur d’État, p. 120.

(2)  A. Barak, “The constitutional Revolution : Protected Human Rights”, Mishpat Umimshal, cité dans La trahison des clercs d’Israël, La Maison d'Edition 2016 p. 131.

(3) J’emprunte cette idée et d’autres au livre très riche de Yoram Hazony, L’État juif. Sionisme, post-sionisme et destins d’Israël, éditions de l’éclat 2007.

(4)  Cité par Y. Hazony, op. cit. p.113.

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La négation du mal et l’angélisme meurtrier de la gauche, Pierre Lurçat

August 19 2018, 15:53pm

Posted by Pierre Lurçat

“La plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu’il n’existe pas”

Baudelaire, Le Spleen de Paris

La citation placée en exergue (1) m’est revenue en mémoire, en lisant sur Internet l’histoire terrible de ce couple d’Américains jeunes et naïfs, partis au Tadjikistan en vélo, qui ont fini assassinés par des hommes de l’Etat islamique, morts parce qu’ils croyaient que le mal n’existe pas (comme ils l’ont écrit sur leur blog). Le mal est un concept imaginaire que nous avons inventé pour faire face à la complexité des valeurs, des croyances et des perspectives différentes des nôtres….. En général, les humains sont gentils”, expliquaient ces modernes Candides. L’histoire tragique de ce jeune couple américain n’est pas un simple fait divers : elle illustre l’angélisme d’une partie non négligeable de la gauche en Occident, angélisme qui s’avère souvent meurtrier face à des ennemis sanguinaires qui incarnent le mal aujourd’hui, tout comme il le fut hier, face à Hitler et ses alliés.

Le couple d'Américains victimes de l'Etat islamique et de leur angélisme

 

Nous croyons souvent être immunisés, en tant que Juifs, contre la naïveté et l’angélisme, après la Shoah et alors que le “devoir de mémoire” est devenu un nouveau commandement universellement partagé, en apparence, au sein du monde démocratique. Pourtant, l’histoire récente, en Israël et ailleurs, nous montre que nous ne sommes nullement à l’abri de cet angélisme meurtrier. Le supplément hebdomadaire du quotidien israélien Makor Rishon le rappelle utilement, dans un numéro spécial publié ce vendredi à l’occasion du 25e anniversaire des accords d’Oslo, sous le titre évocateur : “Du champagne et du sang”.

 

Le champagne, c’est celui des célébrations officielles qui ont accompagné le “processus de paix” pendant les semaines d’euphorie qui ont précédé et accompagné la signature de ces accords, censés amener la paix et la tranquillité aux Israéliens. Le sang, c’est celui des milliers de victimes innocentes du terrorisme palestinien, dont le nombre a été décuplé après l’intronisation d’Arafat en “partenaire de paix” et son arrivée triomphale à Gaza.


 

L’attentat de la pizzeria Sbaro à Jérusalem, 2001

 

Dans ce supplément spécial, Haggaï Segal rappelle que le principal architecte des accords, Shimon Pérès, avait prononcé devant la Knesset un discours au ton bien différent de l’angélisme qu’il a adopté à l’époque d’Oslo. Cela se passait en 1979, alors que Yasser Arafat venait d’être accueilli à Vienne par le chancelier autrichien Bruno Kreisky, premier chef d’Etat occidental à reconnaître l’OLP comme “représentant officiel du peuple palestinien”. Le Premier ministre Menahem Begin s’exprima avec virulence devant la Knesset, rappelant les attentats meurtriers commis par l’OLP à Kyriat Shemona et ailleurs, et citant longuement la Charte de l’OLP. Après Begin, ce fut au tour du chef de l’opposition d’alors Shimon Pérès, de prendre la parole. Lui aussi s’en prit à l’OLP et à ceux qui prétendaient vouloir négocier avec son chef, concluant son discours par ces mots : “Il est clair à nos yeux que les loups ne changent pas lorsqu’on les caresse”. Alors pourquoi a-t-il fini par caresser les loups de l’OLP?


 

“Les loups ne changent pas lorsqu’on les caresse”


 

L’idéologie pacifiste qui a triomphé à l’époque des accords d’Oslo a des racines anciennes (2), qui remontent à l’époque du Mandat britannique, quand une poignée d’intellectuels juifs allemands réunis autour de Martin Buber créèrent le Brith Shalom, ancêtre lointain de Chalom Archav. Ceux-ci professaient le même pacifisme angélique et la même idéologie de “la paix à tout prix”, coupée des réalités de la région et du monde qui entoure Israël. Cette idéologie n’a pas disparu avec l’échec des accords d’Oslo : elle est encore bien vivante aujourd’hui. On en donnera pour preuve les lignes suivantes, écrites par l’éditorialiste Shalom Yerushalmi :

 

Nétanyahou est obligé d’entretenir chez chaque citoyen (israélien) une profonde crainte pour sa vie et sa sécurité… C’est la raison de son entêtement concernant la Loi sur la Nation, qu’il va transformer en étendard lors des prochaines élections… Dans quelques années, quand il ne sera plus là, nous pourrons nous demander pourquoi nous avons vécu si longtemps dans la crainte de l’Iran, du Hezbollah et de tous les autres ennemis inventés par Nétanyahou. (Makor Rishon, 17/8/2018). Ainsi, aux yeux d’une partie importante de la gauche israélienne, le danger n’est pas la bombe iranienne, ou les missiles du Hezbollah pointés sur Israël… Le seul danger véritable, c’est Nétanyahou et la Loi sur la Nation...

 

Hannah Arendt : “le mal n’est jamais radical”


 

Il y a plus de soixante ans, en pleine polémique sur le procès Eichmann, Hannah Arendt tentait d’expliquer à son vieil ami Gershom Scholem son idée de la “banalité du mal” :“À l’heure actuelle, mon avis est que le mal n’est jamais “radical”, qu’il est seulement extrême, et qu’il ne possède ni profondeur ni dimension démoniaque” (3). Cette conception philosophique d’un mal qui n’est ni radical ni démoniaque, développée par celle qui est largement devenue l’icône juive de l’intelligentsia contemporaine, depuis plusieurs décennies, n’est sans doute pas étrangère aux errements politiques de la gauche actuelle, en Israël comme ailleurs.

Pierre Lurçat

 

Notes

(1) Cette réflexion de Baudelaire est citée par l’écrivain et philosophe Denis de Rougemont, dans son beau livre La part du diable, écrit en pleine guerre, alors qu’il était réfugié aux Etats-Unis.

(2) Je renvoie à ce sujet à mon livre La trahison des clerc d’Israël, La Maison d’Edition.

(3) Cité par Mireille-Irène Brudny, “La polémique Scholem/Arendt ou le rapport à la tradition”. Raisons politiques, vol. no 7, no. 3, 2002, pp. 181-198.

 

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De l’affaire Klinberg à l’affaire Gonen Segev : Ces Israéliens qui ont trahi leur pays, par Pierre Lurçat et Philippe Karsenty

June 27 2018, 07:32am

Posted by Pierre Lurçat et Philippe Karsenty

En Israël, l’affaire Gonen Segev, qui a éclaté la semaine dernière, a fait l’effet d’une bombe médiatique. Cet ancien ministre de l’Energie du gouvernement Rabin en 1995, qui avait déjà défrayé la chronique lors de plusieurs affaires de fraude et de trafic de drogue, vient d’être arrêté par le Shin-Beth, le service de sécurité intérieure israélien, et inculpé d’espionnage en faveur de l’Iran. Segev n’est certes pas le premier Israélien accusé d’espionnage en faveur d’un pays ennemi. Mais il est sans doute, de tous les espions qui ont trahi Israël, le plus cupide.

 

Ce n’est pas la première fois qu’Israël connaît de retentissantes affaires d’espionnage. Parmi les plus fameuses, citons l’affaire Mordehaï Vanunu, enlevé à Rome par un commando du Mossad et condamné à 18 ans de prison pour avoir dévoilé des secrets nucléaires, ou celle de Marcus Klinberg, condamné à 20 ans de réclusion pour espionnage au profit de l’Union soviétique.

 

 

Dans les années 1950, l’espionnage en faveur de l’URSS était suffisamment répandu en Israël pour que le légendaire patron du Mossad, Isser Harel, en fasse une des priorités de son service de contre-espionnage. C’est sous sa direction, selon certaines sources, que le Mossad mit la main sur le fameux “rapport Khrouchtchev” exposant les crimes de Staline, qui marqua le début de la déstalinisation. Le rapport, obtenu par le journaliste polonais Wiktor Grajewski, fut ensuite transmis à la CIA et publié dans les colonnes du New York Times.

 

Klinberg a espionné pendant 30 ans en faveur de l’URSS, transmettant notamment des secrets militaires sur les armes chimiques et biologiques qui ont abouti entre les mains de la Syrie, le principal ennemi d’Israël à l’époque. Condamné à 20 ans de prison en 1983, il a été libéré en 1998 et a fini ses jours en France, où il demeurait chez sa fille, Sylvia Klinberg. L’histoire de l’espion du KGB Marcus Klinberg a en effet une dimension française : son petit-fils, Ian Brossat, est conseiller de Paris, maire-adjoint d’Anne Hidalgo en charge du logement et future tête de liste du Parti Communiste Français aux élections européennes de 2019. Il a publié récemment une biographie de son sulfureux grand-père, pour lequel il ne tarit pas d’éloges, intitulée L’espion et l’enfant.

 

 

Dans l’affaire Gonen Segev, par contre, il n’est point question d’affinités idéologiques, mais d’appât du gain et de cupidité. L’ancien ministre de l’Energie est entré en contact avec l’ambassade iranienne au Nigéria en 2012, où il s’était installé après avoir purgé une peine de cinq ans de prison pour avoir fait entrer en Israël plusieurs milliers de comprimés d’Ecstasy cachés dans des boîtes de chocolat, ce qui lui a valu le surnom de “Monsieur M&Ms”. Selon les informations qui ont filtré dans la presse israélienne, Segev a transmis aux Iraniens des renseignements sur des sites sensibles en Israël, et s’est même rendu à deux reprises en Iran pour rencontrer ses officiers traitants.

 

Au-delà même de ces révélations fracassantes, l’affaire Segev ravive en Israël de vieilles blessures mal cicatrisées. L’ancien ministre de l’Energie dans le gouvernement Rabin, entre 1995 et 1996, était en effet un des deux députés qui ont rendu possible le vote des accords d’Oslo, très controversés en Israël à l’époque. Membre du parti de droite Tsomet, fondé par l’ancien chef d’état-major Rafaël Eitan, Segev avait fait défection avec son colistier, Alex Goldfarb, pour soutenir le gouvernement Rabin-Pérès à un moment crucial, en échange de la promesse d’un portefeuille ministériel.

 

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Segev avec Itshak Rabin

 

Aux yeux de beaucoup d’Israéliens, Segev n’est pas seulement un traître à son pays. Il incarne une forme de corruption politique que certains rendent responsables de beaucoup des problèmes sécuritaires auxquels leur pays est aujourd’hui confronté. Comme l’écrit Martin Sherman, ancien conseiller du Premier ministre Itshak Shamir : “Sans Segev, il n'y aurait pas eu les accords d'Oslo, et sans Oslo il n'y aurait pas eu de deuxième Intifada, il n'y aurait pas eu de désengagement de Gaza, pas de prise du pouvoir du Hamas à Gaza, pas de tunnels de la terreur, pas d'arsenal de roquettes redoutables visant les villes israéliennes et les villes éloignées de Gaza”.

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