Overblog
Follow this blog Administration + Create my blog
VudeJerusalem.over-blog.com

Search results for “gaza”

1948-2018 : Quelle indépendance pour Israël ?, par PierreLurçat

April 15 2018, 17:45pm

Posted by Pierre Lurçat

1948-2018 : Quelle indépendance pour Israël ?, par PierreLurçat

Dans un livre érudit paru en 1988 aux Etats-Unis, l'historien David Biale affirmait que la vision sioniste classique de l'histoire juive – selon laquelle la création de l'Etat d'Israël aurait permis au peuple Juif de reprendre en main son destin après avoir été privé de son indépendance nationale lors de la destruction du Second Temple – était trop schématique pour correspondre totalement à la réalité historique. En réalité, montrait Biale, la longue histoire du peuple Juif en diaspora n'avait jamais été celle d'une totale impuissance, de même que la brève histoire d'Israël depuis son indépendance retrouvée en 1948, n'est pas celle d'un Etat et d'un peuple entièrement souverain et seul maître de son destin.

 

Et de fait, notre histoire récente en tant que nation n'est pas tant celle d'une indépendance retrouvée, que d'une indépendance sans cesse contestée, menacée et à conquérir... Au lendemain même de la proclamation de l'Etat juif, ses voisins arabes ont immédiatement cherché à étouffer dans l'œuf le jeune Etat et à parachever le projet hitlérien, auquel ils avaient pour la plupart d'entre eux activement collaboré. Ce n'est que par miracle – que les Juifs les plus incroyants n'ont pas manqué de souligner alors – que l'armée hétéroclite d'Israël, constituée en large partie de soldats qui n'avaient jamais manié un fusil, parvint à triompher, au prix de lourdes pertes, des forces coalisées de cinq pays mieux armées et plus aguerries.

La tentative d'annihilation avortée en 1948 fut renouvelée en 1967 et en 1973, et ce n'est qu'après leurs défaites consécutives lors de la guerre des Six Jours et lors de la guerre du Kippour que les Arabes comprirent qu'ils n'auraient pas le dessus sur les champs de bataille, et qu'ils commencèrent à chercher d'autres moyens – diplomatiques, politiques et économiques – pour parvenir au même objectif. Face au bloc arabo-musulman, soutenu pendant longtemps par l'Union soviétique, puis par les "non-alignés" et aujourd'hui par une large coalition internationale qui inclut de nombreux pays du tiers monde et certains pays européens, Israël a cherché à établir des alliances, tantôt avec des pays occidentaux – jadis la France, bien avant l'embargo et la déclaration perfide du général De Gaulle, plus tard les Etats-Unis – tantôt avec d'autres pays, comme l'Inde, la Turquie ou l'Ethiopie dans les années 1950 et 1960, avec lesquels il partageait des intérêts stratégiques ou des ennemis communs.

 

Depuis la fin des années 1970 – et la signature du traité de paix avec l'Egypte – et surtout depuis le "processus d'Oslo", la diplomatie traditionnelle d'Israël a fait la place à une nouvelle politique étrangère, fondée presque exclusivement sur la recherche obsessive et quasi-maladive de la "paix à tout prix", politique étrangère qui a certes apporté quelques fruits – comme le traité de paix avec la Jordanie et l'établissement de relations diplomatiques avec quelques pays arabo-musulmans, mais qui s'est globalement traduite par un échec monumental. L'enthousiasme excessif des premières années d'Oslo, quand les journalistes et les hommes politiques rêvaient tout haut de "manger du houmous à Damas", a certes été remplacé par une attitude plus circonspecte, mais les prémices d'Oslo n'ont jamais été officiellement abandonnées ou critiquées comme elles auraient dû l'être depuis longtemps.

Non seulement les Arabes n'ont jamais renoncé à leur volonté de détruire Israël, mais ils ont réussi à porter la guerre à l'intérieur même d'Israël – lors des trois Intifadas, de la Deuxième Guerre du Liban et de la guerre larvée avec Gaza depuis le retrait désastreux ordonné par Ariel Sharon – et à transformer les villes d'Israël en cibles pour leurs missiles, au Nord d'Israël en 2006 et au Sud depuis la destruction du Goush Katif – et demain dans tout le centre du pays, si le projet de création d'un Etat palestinien en Judée Samarie devait voir le jour. Mais, plus grave encore, nos ennemis ont surtout réussi à convaincre une grande partie des élites et de l'establishment politique, médiatique et intellectuel d'Israël que notre présence sur cette terre n'était pas justifiée et que nous devions à tout prix "partager" et renoncer au cœur historique de notre patrie en reconnaissant les droits du "peuple Palestinien"...

 

Un des aspects les plus préoccupants de l'évolution de la situation politique d'Israël est en effet celui de l'intervention grandissante, et presque envahissante, de pays étrangers dans la politique israélienne, au moyen d'ONG, d'organismes plus ou moins secrets et d'associations œuvrant au grand jour, qui tentent – souvent avec succès – d'influer sur les décisions politiques et sur les processus démocratiques. Certains de ces mécanismes ont été récemment mis à jour avec le scandale du New Israël Fund, dont les menées subversives ont été exposées par plusieurs journalistes et par le groupement sioniste "Im Tirtsou". En résumé, il s'agit d'imposer à Israël une politique opposée à celle choisie par ses électeurs, au moyen d'associations subversives financées par l'Union européenne et par plusieurs pays étrangers. Cette tactique est apparue notamment lors du rapport Goldstone, dont les accusations étaient largement fondées sur le travail de sape d'associations israéliennes comme Chalom Archav, qui reçoivent des millions d'euros de pays étrangers *.

Dans ces circonstances, il est urgent que la Knesset adopte des lois appropriées pour combattre ce phénomène et protéger notre indépendance et notre souveraineté nationale, en mettant hors de nuire ces organisations qui sapent les fondements mêmes de notre démocratie et de notre Etat. L'Indépendance d'Israël est certes une immense avancée et notre situation en tant que nation est incomparablement meilleure qu'elle ne l'était avant 1948, tant en Occident que dans le reste du monde. Mais c'est aussi une avancée fragile et qu'il convient de défendre à tout prix, contre nos ennemis de l'extérieur comme à l'intérieur. Hag Atsmaout Samé'ah !

 

* Voir notre article "Les origines israéliennes du rapport Goldstone", Ashdod Aujourd'hui, janvier 2010.

 

See comments

Ceux qui cultivent la terre et ceux qui la brûlent : Le terrorisme incendiaire des origines du conflit israélo-arabe jusqu’à nos jours, par Pierre Lurçat

June 8 2018, 11:16am

Posted by Pierre Lurçat

 Ceux qui cultivent la terre et ceux qui la brûlent :  Le terrorisme incendiaire des origines du conflit israélo-arabe jusqu’à nos jours, par Pierre Lurçat

Atarot brûle. Motsa brûle encore. Des brigands arabes ont incendié la banlieue de Jérusalem, Talpiot, et ont dévasté la maison de l’écrivain Agnon. La célèbre yeshiva de Hébron a été prise d’assaut. De jeunes disciples désarmés cherchèrent refuge dans la salle de prière où ils furent mis à mort… Et tout cela sous l’oeil de la puissance mandataire. Mais qu’attend donc le monde de nous autres Juifs?”

 

C’est en ces termes que le philosophe juif allemand Theodor Lessing a décrit dans son livre fameux, La haine de soi juive, les terribles “événements de 1929”, c’est-à-dire la vague de pogromes et de violences anti-juives déclenchées par des bandes arabes organisées, qui culminèrent avec le tristement célèbre massacre de Hébron le 24 août 1929, au cours duquel 67 Juifs furent massacrés dans la Cité des Patriarches, souvent par leurs propres voisins.

 

 

Cette description nous rappelle que les incendies de champs autour de Gaza par les cerfs-volants ne sont pas une nouveauté : l’arme utilisée est peut-être nouvelle, mais la volonté de détruire et de semer la destruction, elle, ne l’est pas. Elle est en réalité aussi ancienne que le conflit israélo-arabe, qui n’a pas commencé en 1948 ou en 1967. On pourrait dire, de manière succincte, que ce conflit oppose une entreprise de construction (le sionisme juif) et une entreprise de destruction (l’antisionisme arabe).

 

Lors des pogromes arabes de 1929, l’écrivain Immanuel Haroussi (“Emmanuel le Russe”, de son vrai nom Emmanuel Novogarbelski) avait écrit une berceuse en l’honneur de la naissance de son fils, dont les paroles décrivaient ainsi la vie en Eretz-Israël à l’époque:

 

“Demain ton père sortira labourer, il tracera des sillons. Quand tu grandiras, la tête droite, vous sortirez dans les champs. Tu grandis en Eretz Israel, dans la joie et dans l’effort, tu travailleras comme ton père. Tu planteras dans les larmes et récolteras dans la joie. Alors, pour le moment, écoute ta mère et endors-toi. La nuit est froide, les renards aiguisent leurs dents mais ton père monte la garde, il ne dort pas. Le jour il travaille, la nuit il garde la grange, tu grandiras et seras fort et tu garderas avec lui.  

 

Couche-toi mon fils, n’aie pas peur, tout le moshav est en alerte. Ta mère aussi monte la garde, elle te protège, Avner. La grange brûle à Tel Yossef et de Beit Alfa monte une fumée, ne pleure pas, endors-toi. Cette nuit, le feu dévore la ferme et la paille. Il est interdit de désespérer, demain nous recommencerons à nouveau. Demain, il faudra poser les fondations, ton père construira  une maison pour son fils. Tu grandiras, tu l’aideras et vous la construirez ensemble”. (La traduction est due à Hannah, Boker Tov Yeroushalayim)

 

Survivants du pogrome de Hébron, 1929

 

Ce poème d’Immanuel Haroussi montre combien l’ethos sioniste est, depuis 1929 et jusqu’à nos jours, demeuré identique. Face aux émeutiers, aux pogromistes et aux incendiaires arabes, il faut continuer de construire, de planter, de semer et de récolter… Cette volonté inébranlable de reconstruire et de “recommencer” après chaque attentat, chaque incendie et chaque guerre est sans doute ce qui fait la force du peuple d’Israël revenu sur sa terre. Mais cette force incroyable de résistance de “l’arrière” israélien - femmes, enfants, hommes - face à ses ennemis ne doit pas non plus masquer la faiblesse d’Israël, en tant qu’armée et en tant qu’Etat, face à des ennemis voués à sa destruction comme le Hamas.

 

Israël face au Hamas : Samson enchaîné

 

Comme je l’écrivais en 2012, lors d’un précédent round d’affrontements avec le Hamas, comme Samson dans la Bible, Israël est un géant théoriquement capable d’anéantir ses ennemis, mais dont la force est neutralisée, pour des raisons essentiellement politiques et psychologiques. Notre peuple est incroyablement fort, et il a fait montre pendant la semaine de guerre de l’opération Colonne de nuée d’une admirable capacité de résistance sous les missiles, dont aucun autre peuple n’a donné d’exemple depuis le Blitz sur Londres… Mais notre État et ses dirigeants, eux, font souvent preuve d’une grande faiblesse et d’une impuissance tragique, et la réussite relative du système Dôme d’acier parvient difficilement à masquer l’incapacité de Tsahal à empêcher que l’arrière devienne le front et que les civils se trouvent aujourd’hui en première ligne, d’Ashqélon à Rishon-le-Tsion.

 

Les événements des dernières semaines m’incitent à tempérer ce diagnostic. La réaction de Tsahal face à la récente offensive militaire du Hamas (abusivement présentée comme une “marche pacifique” dans les médias occidentaux) a été exemplaire. Mais face aux cerfs-volants incendiaires, Israël se retrouve à nouveau (et provisoirement) désarmé, face à un ennemi inhumain qui ne tue pas seulement des enfants, mais qui tue l’enfance. La solution, face au Hamas, n’est pas seulement technologique et militaire. Elle est aussi et avant tout psychologique et stratégique. Pour vaincre le Hamas, Israël doit retrouver la conviction que la victoire est possible et qu’elle est nécessaire.

 

Pierre Lurçat

See comments

La négation du mal et l’angélisme meurtrier de la gauche, Pierre Lurçat

August 19 2018, 15:53pm

Posted by Pierre Lurçat

“La plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu’il n’existe pas”

Baudelaire, Le Spleen de Paris

La citation placée en exergue (1) m’est revenue en mémoire, en lisant sur Internet l’histoire terrible de ce couple d’Américains jeunes et naïfs, partis au Tadjikistan en vélo, qui ont fini assassinés par des hommes de l’Etat islamique, morts parce qu’ils croyaient que le mal n’existe pas (comme ils l’ont écrit sur leur blog). Le mal est un concept imaginaire que nous avons inventé pour faire face à la complexité des valeurs, des croyances et des perspectives différentes des nôtres….. En général, les humains sont gentils”, expliquaient ces modernes Candides. L’histoire tragique de ce jeune couple américain n’est pas un simple fait divers : elle illustre l’angélisme d’une partie non négligeable de la gauche en Occident, angélisme qui s’avère souvent meurtrier face à des ennemis sanguinaires qui incarnent le mal aujourd’hui, tout comme il le fut hier, face à Hitler et ses alliés.

Le couple d'Américains victimes de l'Etat islamique et de leur angélisme

 

Nous croyons souvent être immunisés, en tant que Juifs, contre la naïveté et l’angélisme, après la Shoah et alors que le “devoir de mémoire” est devenu un nouveau commandement universellement partagé, en apparence, au sein du monde démocratique. Pourtant, l’histoire récente, en Israël et ailleurs, nous montre que nous ne sommes nullement à l’abri de cet angélisme meurtrier. Le supplément hebdomadaire du quotidien israélien Makor Rishon le rappelle utilement, dans un numéro spécial publié ce vendredi à l’occasion du 25e anniversaire des accords d’Oslo, sous le titre évocateur : “Du champagne et du sang”.

 

Le champagne, c’est celui des célébrations officielles qui ont accompagné le “processus de paix” pendant les semaines d’euphorie qui ont précédé et accompagné la signature de ces accords, censés amener la paix et la tranquillité aux Israéliens. Le sang, c’est celui des milliers de victimes innocentes du terrorisme palestinien, dont le nombre a été décuplé après l’intronisation d’Arafat en “partenaire de paix” et son arrivée triomphale à Gaza.


 

L’attentat de la pizzeria Sbaro à Jérusalem, 2001

 

Dans ce supplément spécial, Haggaï Segal rappelle que le principal architecte des accords, Shimon Pérès, avait prononcé devant la Knesset un discours au ton bien différent de l’angélisme qu’il a adopté à l’époque d’Oslo. Cela se passait en 1979, alors que Yasser Arafat venait d’être accueilli à Vienne par le chancelier autrichien Bruno Kreisky, premier chef d’Etat occidental à reconnaître l’OLP comme “représentant officiel du peuple palestinien”. Le Premier ministre Menahem Begin s’exprima avec virulence devant la Knesset, rappelant les attentats meurtriers commis par l’OLP à Kyriat Shemona et ailleurs, et citant longuement la Charte de l’OLP. Après Begin, ce fut au tour du chef de l’opposition d’alors Shimon Pérès, de prendre la parole. Lui aussi s’en prit à l’OLP et à ceux qui prétendaient vouloir négocier avec son chef, concluant son discours par ces mots : “Il est clair à nos yeux que les loups ne changent pas lorsqu’on les caresse”. Alors pourquoi a-t-il fini par caresser les loups de l’OLP?


 

“Les loups ne changent pas lorsqu’on les caresse”


 

L’idéologie pacifiste qui a triomphé à l’époque des accords d’Oslo a des racines anciennes (2), qui remontent à l’époque du Mandat britannique, quand une poignée d’intellectuels juifs allemands réunis autour de Martin Buber créèrent le Brith Shalom, ancêtre lointain de Chalom Archav. Ceux-ci professaient le même pacifisme angélique et la même idéologie de “la paix à tout prix”, coupée des réalités de la région et du monde qui entoure Israël. Cette idéologie n’a pas disparu avec l’échec des accords d’Oslo : elle est encore bien vivante aujourd’hui. On en donnera pour preuve les lignes suivantes, écrites par l’éditorialiste Shalom Yerushalmi :

 

Nétanyahou est obligé d’entretenir chez chaque citoyen (israélien) une profonde crainte pour sa vie et sa sécurité… C’est la raison de son entêtement concernant la Loi sur la Nation, qu’il va transformer en étendard lors des prochaines élections… Dans quelques années, quand il ne sera plus là, nous pourrons nous demander pourquoi nous avons vécu si longtemps dans la crainte de l’Iran, du Hezbollah et de tous les autres ennemis inventés par Nétanyahou. (Makor Rishon, 17/8/2018). Ainsi, aux yeux d’une partie importante de la gauche israélienne, le danger n’est pas la bombe iranienne, ou les missiles du Hezbollah pointés sur Israël… Le seul danger véritable, c’est Nétanyahou et la Loi sur la Nation...

 

Hannah Arendt : “le mal n’est jamais radical”


 

Il y a plus de soixante ans, en pleine polémique sur le procès Eichmann, Hannah Arendt tentait d’expliquer à son vieil ami Gershom Scholem son idée de la “banalité du mal” :“À l’heure actuelle, mon avis est que le mal n’est jamais “radical”, qu’il est seulement extrême, et qu’il ne possède ni profondeur ni dimension démoniaque” (3). Cette conception philosophique d’un mal qui n’est ni radical ni démoniaque, développée par celle qui est largement devenue l’icône juive de l’intelligentsia contemporaine, depuis plusieurs décennies, n’est sans doute pas étrangère aux errements politiques de la gauche actuelle, en Israël comme ailleurs.

Pierre Lurçat

 

Notes

(1) Cette réflexion de Baudelaire est citée par l’écrivain et philosophe Denis de Rougemont, dans son beau livre La part du diable, écrit en pleine guerre, alors qu’il était réfugié aux Etats-Unis.

(2) Je renvoie à ce sujet à mon livre La trahison des clerc d’Israël, La Maison d’Edition.

(3) Cité par Mireille-Irène Brudny, “La polémique Scholem/Arendt ou le rapport à la tradition”. Raisons politiques, vol. no 7, no. 3, 2002, pp. 181-198.

 

See comments

Les Mythes fondateurs de l’Antisionisme contemporain, Pierre Lurçat

August 4 2021, 21:06pm

Posted by Marc Brzustowski

Le dernier ouvrage de Pierre Lurçat retrace la chronique de ce trait d’union de toutes les idéologies antijuives, qui se synthétise en un seul bouquet « final » dans la grande convergence historique de l’antisionisme.

Loin, en effet, de n’être qu’une simple « nouvelle expression » de l’antisémitisme traditionnel, réadaptée à notre époque post-Shoah, cette forme cathartique renouvelée de l’antique haine des Juifs constitue, selon les termes de Shmuel Trigano, une « nouvelle religion politique ».

Comme le dit l’auteur, l’ensemble de ses chapitres est un recueil de plusieurs cours structurés pour les dispenser dans le cadre de l’Université Populaire du Judaïsme, fondé par le philosophe.

Comme si nier la Shoah pouvait détruire la légitimité du nouvel Etat (Garaudy)

Le titre de l’ouvrage nous renvoie, parodiquement, à l’imposture de Roger Garaudy, ce négationniste et complotiste qui résumait la Shoah menée en Europe par le Nazisme à un « mythe »-prétexte à la fondation d’un Etat sioniste en terres « musulmanes ». Il résume, à lui seul, l’expérience collective de tous ces négateurs du droit à l’existence d’Israël, quel que soit le motif particulier qu’ils privilégient.

L’auteur décrit les motivations de la thèse fondamentale de ce « penseur » de l’anéantissement de l’Etat des Juifs en démontrant que pour le comprendre, il suffit d’inverser le postulat général : le refus de reconnaître l’existence de la Shoah est, d’abord et avant tout, un pilier de la négation du droit d’Israël à exister, en tant qu’expression de l’autodétermination d’un peuple, indépendamment de la tentative de démontrer que cet événement tragique ne serait pas déroulé à l’Est de l’Europe entre 1942 et 1945. Nier l’anéantissement des Juifs d’Europe ne sert pas à justifier ce régime en Allemagne à l’époque, ni le bienfondé d’une extermination, mais bien à assimiler l’actuel pays des Juifs à une démarche collective « d’usurpation » et de « génocide » d’autrui, les « victimes des victimes » (les Palestiniens), selon les termes d’Edward Saïd (lui-même usurpateur professionnel, puisque, contrairement à ses déclarations, il n’est jamais né à Jérusalem, mais bien au Caire, au sein d’une famille de antis égyptiens). Un peuple dont la cause est mise au point au détour de la défaite arabe de 1967, par le KGB et plusieurs services arabes. Sans quoi, les états coalisés contre l’Etat juif se seraient contentés de « jeter les Juifs à la mer », selon l’expression consacrée et de partager le territoire, comme ils comptaient le faire en 1948.

Détruire Israël : de la théorie à la pratique permanente (Hamas)

Toute contestation du droit « théorique » du peuple juif à constituer son propre état débouche inéluctablement sur la volonté d’y mettre fin : non seulement de démanteler les structures et instances « fonctionnelles de cet état, mais bien de disloquer et disperser ce peuple, comme l’empire romain l’a incarné au moment de l’Exil. Contestation du droit de ce peuple à reprendre en main son destin historique et délégitimation de cette construction étatique sont les deux premières formes d’antisionisme, qui se traduisent par sa diabolisation. Israël devient ainsi vite la source  de tous les maux de la région et, partant, de l’humanité dans son ensemble (voir Charte du Hamas).

Survient ensuite, sous couvert de critique politique « radicale » de la politique menée, la criminalisation du moindre de ses actes et décisions. Elle conduit à la caricature des premiers ministres israéliens comme de « bouchers » (Sharon, Netanyahu, avant eux Moshe Dayan, Begin, etc.).

La nouvelle internationale juive-sioniste

La cinquième forme d’antisionisme globalise l’ensemble juif mondial dans une internationale du crime, mêlant tout Juif de par le monde aux actes réels ou supposés de cet état, comme le soutenant intrinsèquement dans chacune de ses actions là où il se trouve. Ainsi peut-on raisonnablement incendier une pharmacie juive à Sarcelles en 2014 (ou une synagogue à la Roquette), en « représailles » aux bombardements de l’IAF, eux-mêmes motivés par les tirs de roquettes sans discontinuer sur le pourtour de Gaza et jusqu’à Tel Aviv et Haïfa.

Le cheikh Fadlallah  du Hezbollah parle simplement de la poursuite de la guerre ancestrale contre le « complot juif à l’encontre de l’islam » (sic.). L’inversion des causes et des effets permet d’engranger et entretenir le cycle continu de ces conflits épisodiques.

Du procès des Blouses Blanches au Parti d’Allah (Hezbollah)

Pierre Lurçat se focalise sur deux formes contemporaines d’antisionisme, qui en sont comme les père et mère fondateurs et alliés dès l’origine : l’idéologie soviétique et la lutte arabo-musulmane contre l’existence d’Israël. L’antisionisme devient, d’ailleurs, le dernier carré de la lutte antimondialiste, après la disparition de l’empire soviétique, la cause orpheline qui se perpétue en l’absence même d’idéologie de remplacement.

La première forme d’antisionisme culmine avec le procès des Blouses Blanches, à l’ère stalinienne, où les interrogateurs ont le « génie » soudain de remplacer l’ethnie mise en cause par la supposée aspiration à être « sioniste » (c’était-à-dire bourgeois déviant).

Avec Bat Ye Or, Pierre Lurçat dément une thèse en vogue : le monde musulman ne serait que comme une « page blanche » sur laquelle on aurait transposé, à l’identique, l’antisémitisme européen. La perfidie des Empires coloniaux, comme la France dans l’horrible « rumeur de Damas » (1840) ne peut occulter l’antijudaïsme intrinsèque de certains versets du Coran, qui a besoin de l’Autre pour s’y substituer comme prophète de vérité ultime. Ces remarques n’empêchent nullement l’auteure égyptienne de décrire une autre grande perversité, liée au partage d’un pourtant même sort de dhimmitude, entre Juifs et Chrétiens : la confirmation des thèses antisémites islamiques par de grands leaders des Chrétiens d’Orient, citant alors ses pires tenants : Antoun Sadé, créateur du Parti Social-Nationaliste syrien, George Habache (FPLP), Aflak, fondateur du Parti Baath, Alfred Roch, etc.

LIRE LA SUITE...

https://terre-des-juifs.com/2021/08/01/les-mythes-fondateurs-de-lantisionisme-contemporain-pierre-lurcat/

 
 
 

See comments

"Al Aqsa en danger" : aux origines d'un slogan mensonger, par Pierre Lurçat

April 18 2022, 12:42pm

Posted by Pierre Lurçat

N.B. J'ai abordé ce sujet ce matin au micro de Daniel Haïk sur Radio Qualita

C’est au début des années 1930 que la mosquée Al-Aqsa et Jérusalem deviennent des éléments centraux de l’opposition arabe au sionisme, et qu’apparaît un slogan mensonger qui a fait couler depuis des rivières de sang : « Al Aqsa est en danger ! »

Ce slogan a été entendu à de nombreuses reprises ces dernières semaines, tant dans la bouche des prédicateurs et chefs radicaux du Hamas et du mouvement islamiste arabo-palestinien, que dans celle des dirigeants du Fatah et de l’Autorité palestinienne, tous unis dans la même détestation d’Israël et du peuple juif. Mais son invention remonte à une époque déjà lointaine *, où se sont mis en place les principaux acteurs et paramètres de l’affrontement actuel.

J’ai décrit dans mon livre Le Sabre et le Coran ** l’implication des Frères musulmans égyptiens dans la question palestinienne, par l’intermédiaire du Mufti de Jérusalem, Hadj Amin Al-Husseini. Celui-ci a joué un rôle clé dans l’établissement d’une « alliance germano-islamique », qui n’était pas de pure circonstance : le père fondateur du mouvement national palestinien était en effet un nazi convaincu, qui a passé plusieurs années à Berlin pendant la Deuxième Guerre mondiale, diffusant des émissions de propagande à destination des pays musulmans et œuvrant avec acharnement pour convaincre le régime nazi d’inclure les Juifs de Palestine dans la « Solution finale ».

Al-Husseini, les Frères musulmans et le nazisme : une alliance oubliée

C’est Amin Al-Husseini qui a convaincu le mouvement des Frères musulmans égyptiens – matrice de l’islamisme contemporain – de faire de la guerre contre les Juifs et de la question de Jérusalem un élément central de leur propagande, à une époque où ils ne manifestaient aucun intérêt pour ce qui se passait dans la Palestine mandataire voisine. Certains écrivains et hommes politiques égyptiens avaient même exprimé leur sympathie pour le mouvement sioniste, à l’instar du célèbre penseur musulman Rashi Rida, rédacteur en chef du journal Al-Manar.

Al-Husseini avec un dignitaire nazi

Tout change en 1936, année des émeutes arabes fomentées par le Mufti de Jérusalem, qui marquent le début de l’implication des Frères musulmans dans la question palestinienne. Au début de l’été 1936, le Haut Comité arabe de Jérusalem, dirigé par Al-Husseini, envoie ainsi des émissaires en Egypte afin de mobiliser les autorités religieuses, gouvernementales et les médias en faveur de la cause arabe en Palestine. Pour sensibiliser l’opinion, ils prétendent que les Juifs ont voulu « profaner les Lieux Saints » de Jérusalem, soi-disant pour « reconstruire le Troisième Temple sur l’emplacement de la mosquée d’Omar ». Cette rumeur est propagée par les mosquées dans toute l’Egypte, les prédicateurs affirmant que c’est une obligation religieuse pour chaque musulman de s’engager dans le djihad en faveur de la Palestine.

Cet épisode fondateur, largement méconnu, a ainsi permis de poser les bases de l’affrontement idéologique, dont nous vivons aujourd’hui les derniers rebondissements. Le slogan « Al Aqsa en danger » n’a pas été inventé par le Hamas ou par Mahmoud Abbas, le faux modéré dirigeant de l’Autorité palestinienne, qui poursuit le même but que ses nouveaux alliés de Gaza, par des moyens parfois différents. Il remonte à 1936, année cruciale qui voit s’édifier l’alliance entre le fondateur du mouvement national palestinien et les Frères musulmans égyptien.

 

Hitler et le fondateur du mouvement national palestinien, Al-Husseini

Cette alliance est décisive dans l’histoire du mouvement palestinien, tant sur le plan idéologique que sur celui des organisations politiques. En effet, tant le Fatah que le Hamas – ces deux jumeaux que les médias présentent trop souvent comme des adversaires – sont largement issus des Frères musulmans. Le Hamas est la branche palestinienne du mouvement islamiste égyptien, et le dirigeant historique du Fatah, Yasser Arafat, a fait partie dans sa jeunesse des Frères musulmans.

On comprend mieux alors la suite des événements : l’accusation calomnieuse « Al Aqsa en danger », devenue un élément central de la propagande arabe à l’époque de l’alliance entre Hitler et le Mufti de Jérusalem, n’a jamais disparu. Elle réapparaît régulièrement, chaque fois que le conflit s’essouffle et qu’il est nécessaire d’ajouter un peu d’huile sur le feu. Les dirigeants palestiniens, de l’AP ou du Hamas, n’ont même plus besoin aujourd’hui de faire appel aux prédicateurs des mosquées pour diffuser ce slogan mensonger : ils sont aidés par les médias arabes et occidentaux, organes de propagande tout aussi efficaces que les appels des mosquées.

 Pierre Lurçat

* Bien avant que ne se pose la question de la prière juive sur le Mont du Temple, dont la propagande arabe relayée par certains Israéliens voudrait faire aujourd’hui le nœud du conflit…

** Paul Landau, Le Sabre et le Coran, Tariq Ramadan et les Frères musulmans à la conquête de l’Europe, éditions du Rocher 2005.

Calaméo - Le sabre et le Coran

See comments

Face aux ONG – cheval de Troie de pays étrangers :Pourquoi la réforme judiciaire est-elle essentielle pour rétablir la souveraineté israélienne ?

May 31 2023, 07:14am

Posted by Pierre Lurçat

Face aux ONG – cheval de Troie de pays étrangers :Pourquoi la réforme judiciaire est-elle essentielle pour rétablir la souveraineté israélienne ?

 

La reculade du gouvernement israélien sur la loi pour lutter contre les ONG étrangères antisionistes met sur le devant de la scène la question cruciale de la souveraineté de l’Etat d’Israël, face aux menées subversives de l’Union européenne, des Etats-Unis et d’autres acteurs menant une politique hostile à Israël, par le biais d’un bataillon d’ONG qu’ils financent. Or cette question est étroitement liée à celle de la réforme judiciaire et de la Cour suprême.

 

C’est en effet cette dernière qui, en ouvrant ses portes aux ONG antisionistes dans les années 1990, a permis à celles-ci de devenir un véritable Cheval de Troie et un acteur hostile au sein même de la société et de la vie publique israéliennes. Dans les lignes suivantes, extraites de mon livre Quelle démocratie pour Israël ?, j’explique comment est apparu le “contentieux anti-israélien” devant la Cour suprême, de manière concomitante à l’extension de son domaine de compétence :

 

« Nous allons illustrer par quelques exemples cette extension du domaine de compétence de la Cour suprême théorisée et mise en œuvre par le juge Barak. Dès lors que la distinction entre domaine justiciable et domaine non justiciable et que la séparation entre droit et politique ont été abolies, la Cour suprême est intervenue de manière grandissante dans quasiment tous les domaines de la vie publique : État et religion, éducation, politique étrangère et sécurité, nominations de haut-fonctionnaires et de ministres, etc. On aurait peine à trouver un seul domaine dans lequel elle n’intervient pas aujourd’hui.

En ouvrant largement ses portes à des acteurs hostiles à Israël et à des ONG souvent financées par des pays étrangers – promouvant un agenda « progressiste » et antisioniste plus ou moins radical – la Cour suprême a permis l’émergence d’un « contentieux anti-israélien », qui représente aujourd’hui une part importante de son activité.

A titre d’exemples de ce contentieux, citons notamment les recours formés régulièrement contre les décisions de l’échelon sécuritaire et militaire en matière de lutte contre le terrorisme, telles que les destructions des maisons des terroristes (mesure qui remonte en fait à la période de Mandat britannique), les « assassinats ciblés » de chefs terroristes, les procédures militaires telles que la « procédure du voisin » et d’autres décisions prises par Tsahal, y compris en temps de guerre[1].

Des ONG telles que B’Tselem, Adalah ou le « Comité contre la destruction de maisons » se sont ainsi spécialisées dans le dépôt de recours récurrents devant la Cour suprême pour contester les décisions de l’armée israélienne. De ce fait, l’armée a dû parfois modifier celles-ci sur des sujets aussi cruciaux que le choix des cibles militaires pendant les opérations contre le Hamas à Gaza, ou le tracé de la barrière de sécurité protégeant le territoire israélien contre les intrusions de terroristes.

Un autre arrêt très remarqué a été l’arrêt Qa’adan de 1995[2]. Dans cette affaire emblématique, un requérant arabe de Galilée, soutenu par l’Association des droits civiques, a contesté devant la Cour suprême le refus de l’Agence juive de laisser sa famille s’installer dans le village de Qatzir, construit par l’Agence juive. Dans sa décision, le juge Barak a expliqué que « l’État n’est pas en droit d’allouer des terres publiques à l’Agence juive en vue d’y construire un village sur une base discriminatoire entre Juifs et Arabes ».

Ce faisant, la Cour suprême déclarait « illégale » la politique d’implantation juive qui a permis le peuplement de régions entières et qui constitue un des piliers du projet sioniste. Au lendemain de cette décision très polémique, le ministre de la Justice d’alors, Yossi Beilin, en tirait la conclusion logique en réclamant le démantèlement pur et simple de l’Agence juive ». (à suivre...)

P. Lurçat


[1] Voir concernant la « procédure du voisin », Human Shields | B'Tselem (btselem.org)

[2] Bagatz 6698/95, Qa’adan v. Administration of Israel Lands et al.

(Extrait de mon livre Quelle démocratie pour Israël ? Gouvernement du peuple ou gouvernement des juges ? Editions l’éléphant 2023. Disponible sur Amazon, Fnac, B.O.D et à la librairie du Foyer à Tel-Aviv)

 

Je donnerai une conférence sur ce sujet lundi 5 juin à 19h00 à l’espace francophone d’Ashdod

 

J’ai présenté mon livre au micro de Cathy Choukroun sur Studio Qualita, ici.

Face aux ONG – cheval de Troie de pays étrangers :Pourquoi la réforme judiciaire est-elle essentielle pour rétablir la souveraineté israélienne ?

See comments

Pourquoi nous combattons (IV) : Quand la “Start-up nation” fait son “restart” Pierre Lurçat

December 3 2023, 13:08pm

Posted by Pierre Lurçat

Un Sefer Torah retrouvé dans les ruines d’une synagogue de Netsarim

Un Sefer Torah retrouvé dans les ruines d’une synagogue de Netsarim

Le peuple d’Israël a compris le 7 octobre qu’il ne pouvait pas acheter sa tranquillité avec des pétrodollars du Qatar, et que son destin était entièrement entre ses mains. La “start-up” nation est en train de faire son “restart”, et les moments historiques que nous traversons, dans le sang et dans les larmes, ne sont pas moins que le début d’une nouvelle phase dans l’histoire de notre Etat et de notre peuple. Quatrième volet de notre série d’articles, “Pourquoi nous combattons”.

Lire les précédents articles

Pourquoi combattons-nous ? (II): Rétablir la souveraineté juive sur le Mont du Temple - VudeJerusalem.over-blog.com

Pourquoi combattons-nous ? (I) : La deuxième Guerre d’Indépendance d'Israël, par Pierre Lurçat - VudeJerusalem.over-blog.com

Pourquoi combattons-nous ? (III) Définir l’ennemi pour gagner la guerre, Pierre Lurçat - VudeJerusalem.over-blog.com

 

Dans son émission Ouvda, réalisée il y a déjà un mois, Ilana Dayan interviewait un jeune officier supérieur (en Israël les officiers arrivent tous entre 35 et 40 ans aux échelons les plus élevés), Barak Hirem, qui était présent au kibboutz Beeri le 7 octobre. Lorsqu’elle lui disait ne pas encore avoir digéré les images vues depuis 15 jours, et avoir cru depuis la Shoah qu’on ne verrait “plus jamais ça”, il répondit avec un sourire amer et plein de sagesse, que c’est peut-être le problème du peuple Juif, que nous avons toujours tendance à penser que “plus jamais” cela ne nous arrivera…

Ce jeune officier perspicace explique qu’en sus de l’échec tactique et opérationnel, il y a aussi l’échec de la conception d’un peuple qui a voulu croire à une illusion… ‘Nous avons tous cru que nous étions devenus une nation de hi-tech et qu’il n’était plus nécessaire de se préparer à une guerre comme autrefois”. En écoutant le propos de ce jeune officier, il m’est revenu en mémoire les mots échangés entre deux des pères fondateurs du mouvement sioniste, Max Nordau et Jabotinsky.

Comme le relate ce dernier dans son autobiographie, alors qu’il l’interrogeait sur la logique de la politique sioniste pendant la Première Guerre mondiale, Nordau lui répondit : ”la logique est la sagesse des Grecs, que notre peuple abhorre. Le Juif n'apprend pas par des raisonnements rationnels, il apprend par les catastrophes. Il n'achètera pas un parapluie ‘simplement’ parce que des nuages s'amoncellent à l'horizon : il attendra d'être trempé et atteint de pneumonie… Les mots désabusés de Max Nordau sont restés, hélas, d’actualité un siècle plus tard, alors que nous avons un Etat souverain et une armée forte.

Nous avons attendu d’être attaqués par le Hamas et de subir les exactions terribles du 7 octobre pour faire ce que n’importe quel autre peuple libre aurait fait bien avant : anéantir la menace que le Hamas fait peser à notre frontière depuis deux décennies. En réalité, aucun peuple doué de raison et de “logique” n’aurait fait ce que nous avons fait en 2005 : chasser les valeureux habitants juifs du Goush Katif pour installer à Gaza un pouvoir arabe corrompu, qui a très vite laissé la place aux nazis du Hamas. Oui, nous n’apprenons encore aujourd’hui que par les catastrophes…

Mais cela est en train de changer, car ceux qui pensaient que nous étions devenus une “start-up nation” et que la prospérité était l’objectif commun des Israéliens et de leurs voisins ont compris leur erreur, à l’instar du jeune officier interviewé par Ilana Dayan. Le peuple d’Israël a compris le 7 octobre qu’il ne pouvait pas acheter sa tranquillité avec des pétrodollars du Qatar, et que son destin était entièrement entre ses mains. La “start-up” nation est en train de faire son “restart”, et les moments historiques que nous traversons, dans le sang et dans les larmes, ne sont pas moins que le début d’une nouvelle phase dans l’histoire de notre Etat et de notre peuple. Am Israël Haï !

P. Lurçat

 

NB Mon nouveau livre, Face à l’opacité du monde, est disponible sur Amazon, B.O.D et dans les bonnes librairies. Je l’ai évoqué au micro d’Antoine Mercier sur sa nouvelle chaîne Mosaïque.

Pourquoi nous combattons (IV) : Quand la “Start-up nation” fait son “restart”  Pierre Lurçat

See comments

Le secret de la longévité politique de Binyamin Nétanyahou, par Pierre Lurçat

November 7 2022, 12:46pm

Posted by Pierre Lurçat

Le secret de la longévité politique de Binyamin Nétanyahou, par Pierre Lurçat

 

Au-delà des qualificatifs – souvent erronés ou excessifs – que les médias utilisent à son endroit, Binyamin Nétanyahou demeure à de nombreux égards une énigme. L’ancien et nouveau Premier ministre israélien, qui vient de remporter une victoire politique éclatante et qui a ravi à David Ben Gourion le record de longévité à ce poste, est tantôt décrit comme un modèle de pragmatisme – voire d’opportunisme politique – tantôt comme un idéologue de droite. Qui est-il vraiment ?

 

La biographie que lui a consacré le journaliste Anshel Pfeffer (1) apporte des éléments de réponse à cette question, qui continue de tarauder les meilleurs observateurs de la scène politique israélienne depuis plus de deux décennies. En tant que contributeur du quotidien Ha’aretz – qui n’épargne pas le Premier ministre et sa famille – Pfeffer a réussi à écrire une biographie équilibrée, en évitant de tomber dans l’excès ou dans la caricature. Il décrit ainsi, dans les premiers chapitres de son livre, l’environnement dans lequel a grandi Benjamin, ses deux frères Ido et Yoni (qui trouvera la mort lors de l’opération héroïque de sauvetage des otages à Entebbé), et leurs parents, le professeur Bentsion Nétanyahou et sa femme.

 

L’auteur relate avec talent l’ascension politique de Nétanyahou, d’abord au sein de l’ambassade d’Israël aux Etats-Unis, où il devient le protégé de Moshe Arens, puis en tant qu’ambassadeur aux Nations-Unis, en 1984, où il se fait remarquer pour ses talents de diplomate et d’orateur hors-pair. Dès cette époque, le jeune Benjamin Nétanyahou fait en effet preuve de dons exceptionnels pour la « hasbara » (terme difficile à traduire qui désigne la capacité de défendre une politique), à la tribune et dans les coulisses des Nations unies. Pfeffer rapporte ainsi la manière dont « Bibi » utilise des éléments visuels pour appuyer son argumentation, n’hésitant pas à projeter un film montrant un diplomate tentant vainement de téléphoner au Liban pour illustrer l’état d’anarchie régnant dans le pays. Trente ans plus tard, il utilisera des moyens similaires pour démontrer au monde entier la duplicité de l’Iran.

 

La qualité majeure de Benjamin Nétanyahou, tel qu’il ressort du livre d’Anshel Pfeffer, est incontestablement celle d’animal politique. Doté d’un charisme exceptionnel, il sait manœuvrer à travers les écueils de la politique intérieure israélienne, et fait montre d’une capacité d’analyse et de compréhension rarement égalées par ses pairs. Issu d’une famille jabotinskienne réputée, mais relativement à l’écart de la vie politique du fait de son exil aux Etats-Unis, Nétanyahou parvient à doubler plusieurs concurrents parmi les “Princes du Likoud” – et notamment David Lévy, qui deviendra un rival féroce.

 

Dans des pages intéressantes de son ouvrage, Pfeffer montre les rapports ambivalents entre Bibi et Itshak Shamir, qui le considère comme superficiel et incapable de résister aux pressions. Un des chapitres les plus instructifs est celui qui retrace le premier mandat de Nétanyahou, arrivé au pouvoir contre toute attente, en 1996, au lendemain de l’assassinat d’Itshak Rabin (au sujet duquel Pfeffer dissipe la calomnie voulant que Bibi ait participé à des manifestations “incitant” au meurtre…(2) A l’âge de 46 ans, il devient le plus jeune Premier ministre israélien depuis 1948.

 

Quelle a été l’influence de sa famille sur Bibi ? Sur ce point crucial – que j’aborde dans un de mes livres, dans un chapitre consacré à Bentsion Nétanyahou (3) – l’auteur apporte des éléments de réponse intéressants. Ainsi, on découvre comment “Bibi” a souffert du sentiment d’insatisfaction que son père éprouvait à son égard. « Il aurait sans doute fait un meilleur ministre des Affaires étrangères que Premier ministre », dira un jour Bentsion de son fils, pour la plus grande joie de ses adversaires. Le dernier chapitre du livre s’intitule, de manière éloquente, « Stuck on top », « coincé au sommet ».

 

 

A l’heure où ces lignes sont écrites, « Bibi » donne toujours l’impression d’être irremplaçable, y compris aux yeux de ses plus farouches adversaires. Au-delà de ses succès indéniables – en diplomatie notamment et en économie – les « années Bibi » auront aussi été celles d’une lente et irrésistible érosion de la force de dissuasion de Tsahal, après les retraits de Gaza et du Sud-Liban aux conséquences désastreuses, orchestrés par deux de ses prédécesseurs, Ariel Sharon et Ehoud Barak.

 

Nétanyahou deviendra un des plus grands dirigeants de l’Etat d’Israël moderne, s’il parvient à résoudre un des problèmes les plus brûlants de la société israélienne, que les grands partis politiques ont largement négligé depuis longtemps : celui de la situation économique et sociale. L’Etat d’Israël, au cours de ses 70 années d'existence, est en effet passé presque sans transition d'un régime économique socialiste à un régime ultra-libéral ou, pour reprendre les termes de Jabotinsky, de « l'esclavage socialiste » au « capitalisme sauvage ». Il reste aujourd'hui à accomplir le programme de Jabotinsky, en édifiant une société plus égalitaire, réalisant ainsi l'idéal de justice sociale de la Bible hébraïque. (3)

 

Pierre Lurçat

 

Notes

(1) Anshel Pfeffer, Bibi: The Turbulent Life and Times of Benjamin Netanyahu: Basic Books 2018.

(2) Rappelons que le fameux poster représentant Itshak Rabin z.l en uniforme S.S. était la création de l’agent du Shabak, Avishaï Raviv.

(3) Je renvoie sur ce sujet le lecteur au premier tome de la Bibliothèque sioniste que j’ai fondée, Vladimir Jabotinsky, La rédemption sociale, éléments de philosophie sociale de la Bible hébraïque, éditions L’éléphant 2021.

(Une version initiale de cet article est parue en novembre 2018)

 

_____________________________________________________

 

Le Mur de Fer

Le public français ne connaît pas, ou à peine, Vladimir Jabotinsky. Pierre Lurçat remédie à cette méconnaissance avec brio en publiant une traduction des textes fondateurs de ce visionnaire, publiés entre 1916 et 1929 en les éclairant d’une introduction historique et philosophique pointue.

Liliane Messika, Causeur.fr

« Les arabes et nous, le Mur de fer », Jabotinsky raconté par Pierre Lurçat au micro d’Ilana Ferhadian

 

Il faut remercier Pierre Lurçat pour son travail de traduction et de présentation de cet ouvrage. Il permet au lecteur, peu familier de l’action et de l’œuvre de Vladimir Jabotinsky, de découvrir un penseur du politique à travers son engagement pour le sionisme… Ses écrits sont là, nourrissent notre réflexion, et attestent d’une lucidité peu commune

 

Evelyne Tschihrart, Dreuz.info

 

 

 

Le secret de la longévité politique de Binyamin Nétanyahou, par Pierre Lurçat

See comments

En marge de l’attentat de Jérusalem, la rhétorique indécente de la diplomatie française, Pierre Lurçat

January 30 2023, 12:08pm

Posted by Pierre Lurçat

Dans la bande de Gaza, des Palestiniens se réjouissent de l'attentat, 27 janvier 2023 © Saher Elghorra/SIPA

Dans la bande de Gaza, des Palestiniens se réjouissent de l'attentat, 27 janvier 2023 © Saher Elghorra/SIPA

(Article paru dans Causeur.fr)

Après le terrible attentat qui a coûté la vie à sept civils israéliens vendredi soir, alors qu’ils sortaient de la synagogue dans un quartier du nord de Jérusalem, les condamnations ont été unanimes. Mais, dans ce concert de condamnations, une voix s’est fait remarquer : celle de la France. Les dépêches de l’AFP ont ainsi désigné le quartier juif de Névé Yaakov comme une « colonie » ou comme un « quartier de colonisation juive » à Jérusalem-Est, alors même que la localité a été fondée en 1924, bien avant la création de l’OLP et l’invention du narratif de « l’occupation des territoires palestiniens ».

 

Mais il y a pire encore que cette erreur géopolitique. Comment faut-il en effet interpréter le communiqué du ministère français des Affaires étrangères, appelant « toutes les parties à éviter des actions susceptibles d’alimenter l’engrenage de la violence » ? Le président Emmanuel Macron a utilisé la même rhétorique, en tweetant : « Je pense aux victimes de l’attaque perpétrée hier contre une synagogue à Jérusalem, à leurs proches, et au peuple Israélien. Ferme condamnation de cet acte odieux. L’engrenage de la violence doit être évité à tout prix » (In cauda venenum…)

 

Autrefois – dans les années 1990 – on avait coutume d’expliquer que le quai d’Orsay était « traditionnellement pro-arabe », tandis que l’Elysée était plus mesuré envers Israël. De telles distinctions n’ont visiblement plus cours aujourd’hui. Parler d’« engrenage de la violence » quand un terroriste palestinien assassine de sang-froid des fidèles juifs sortant d’une synagogue est indécent, à moins de considérer qu’ils sont des cibles légitimes. Mais la diplomatie française peut au moins se vanter de faire preuve de constance dans son indécence, au sujet du conflit israélo-arabe.

 

Pas plus tard que jeudi dernier, veille de l’attentat à Jérusalem, on apprenait en effet que la France avait demandé une réunion du Conseil de Sécurité de l’ONU pour condamner Israël, coupable aux yeux du quai d’Orsay d’avoir mené une opération anti-terroriste à Djénine ! Les deux autres pays qui ont prétendu faire condamner Israël aux côtés de la France n’étaient autres que la Chine et les Emirats arabes unis, alliés pas très fréquentables en matière de politique étrangère.

 

La position française dans le conflit israélo-arabe et israélo-palestinien n’est pas nouvelle. Elle est presque aussi ancienne que le conflit lui-même. Ce qui est nouveau, c’est le fait que la rhétorique indécente du quai d’Orsay – qui met sur le même plan les victimes israéliennes du terrorisme et les terroristes palestiniens abattus dans une opération préventive de Tsahal – ne suscite plus aucune indignation et passe pour ainsi dire inaperçue.

 

L’amiral Michel Darmon, ancien président de l’Alliance France Israël, avait coutume de distinguer la « France réelle » de la « France officielle ». Cette dernière peut en effet condamner Israël et faire preuve de compréhension envers le terrorisme palestinien. Mais les Français, dans leur immense majorité, savent bien à quoi s’en tenir. Ils savent bien que les terroristes qui tuent des Juifs à la sortie des synagogues à Jérusalem sont motivés par le même fanatisme et la même haine que ceux qui assassinent des Français attablés à un café à Paris, ou qui égorgent et tirent dans la foule à Lyon et à Nice.

 

Prétendre convoquer le Conseil de Sécurité pour condamner une opération antiterroriste d’Israël (dont la nécessité a été tragiquement confirmée quelques heures plus tard par l’attentat de Jérusalem) est un acte politique grave. Autrefois, quand la voix de la France avait encore quelque poids au Moyen-Orient, un tel acte aurait suscité une condamnation de la part d’Israël, et sans doute une protestation et des manifestations des amis d’Israël en France.

 

Aujourd’hui, une telle attitude ne suscite plus que l’indifférence. Sans doute sait-on à Jérusalem qu’il n’y a plus grand chose à attendre de la diplomatie française concernant Israël. La France tiers-mondisée n’est plus que l’ombre du grand pays qu’elle fut jadis. Elle n’a plus depuis longtemps de politique extérieure au Moyen-Orient, elle n’a plus qu’une politique intérieure. Ses condamnations rituelles d’Israël et ses appels à enrayer « l’engrenage de la violence » n’ont en réalité qu’un seul objectif : ne « pas désespérer » l’islam des banlieues.

P Lurçat

 

See comments

Israël et le Mont du Temple : une double erreur politique et psychologique

January 3 2023, 11:44am

Posted by Pierre Lurçat

 

A l’occasion de la montée “surprise” du ministre Ben Gvir sur le Mont du Temple ce matin que j'ai évoquée au micro de Daniel Haïk sur Studio Qualita, je publie ici un extrait de mon livre Israël, le rêve inachevé portant sur ce sujet crucial.

50 ans après la libération et la réunification de la ville par les parachutistes de Tsahal en juin 1967, le cri de Motta Gur, “Har habayit bé-yadénou” (le Mont est entre nos mains) reste encore lettre morte.

Au-delà des raisons historiques et politiques qui ont engendré la situation actuelle sur le lieu le plus sacré du judaïsme, celle-ci résulte aussi d’un présupposé psychologique, largement erroné, qui est emblématique de l’attitude d’Israël envers l’islam.

L’erreur de Moshé Dayan et de ses successeurs

En remettant les clés du Mont du Temple au Waqf jordanien, Moshé Dayan pensait éviter un conflit ouvert avec le monde musulman et désamorcer le “baril de poudre” que représentait à ses yeux ce lieu sacré.

Moshé Dayan sur le Mont du Temple, juin 1967

Moshé Dayan sur le Mont du Temple, juin 1967

Cette conception est demeurée inchangée jusqu’à ce jour, et elle est partagée grosso modo par tous les dirigeants israéliens qui se sont succédé depuis 50 ans.

Or cette conception des rapports entre Israël et le monde musulman est fausse, car elle repose sur un présupposé erroné, qu’on pourrait résumer ainsi : si nous renonçons à asseoir notre souveraineté pleine et entière sur le Mont du Temple, les musulmans comprendront que nos intentions sont pacifiques et nous laisseront tranquilles.

C’est un présupposé similaire qui est à la base de la (fausse) conception selon laquelle Israël pourrait parvenir à la paix avec les Arabes en leur “restituant” des territoires (“les territoires contre la paix”).

Or, l’expérience des 30 dernières années montre que c’est précisément le contraire qui s’est produit. Le monde arabe et musulman n’a pas exprimé sa reconnaissance à Israël pour sa générosité (retraits du Sinaï, du Sud-Liban, de larges parties de la Cisjordanie et de Gaza) et pour la liberté de culte dont jouissent les fidèles musulmans sur le Mont du Temple.

Bien au contraire, il a fait de la question de Jérusalem et des Lieux saints un point de discorde et un prétexte pour enflammer régulièrement la rue arabe, le slogan mensonger des Frères musulmans “Al-Aqsa est en danger” étant devenu un leitmotiv de la politique palestinienne* et un prétexte employé par de nombreux dirigeants arabes pour détourner la colère de leurs peuples des problèmes internes et la diriger contre Israël.

La haine que nourrissent de nombreux musulmans à l’encontre d’Israël et des Juifs n’est en effet pas nourrie, comme on l’entend souvent dire, par leur soi-disant humiliation, mais tout autant et plus encore par celle qu’ils infligent aux Juifs, qui alimente leur complexe de supériorité envers les “Infidèles”.

Le Coran est lui-même traversé par cette relation ambivalente de l’islam envers les non-musulmans**. D’un côté, ils sont les représentants des religions qui persistent dans l’erreur, en refusant le message de Mahomet, et qu’il convient donc de rabaisser, pour les punir de leur obstination ; de l’autre, ils sont ceux qui “complotent contre l’islam” depuis ses débuts, et dont il faut se méfier.

Ils sont à la fois méprisables et redoutables. Les musulmans sont certes “la meilleure communauté qu’on ait fait surgir pour les hommes” (Coran 3-110), mais ce sentiment de supériorité (qui n’a rien à voir avec l’idée juive d’élection, entendue comme un supplément de responsabilité), s’accompagne toujours d’une peur maladive des infidèles et des sombres desseins qu’ils sont supposés nourrir envers l’islam.

Dans ce contexte, l’attitude d’Israël sur le Mont du Temple est une double erreur, psychologique et politique.

Psychologiquement, elle renforce les musulmans dans leur complexe de supériorité, en les confortant dans l’idée que l’islam est destiné à dominer les autres religions et que ces dernières ne peuvent exercer leur culte qu’avec l’autorisation et sous le contrôle des musulmans, c’est-à-dire en étant des “dhimmis”.

Politiquement, elle confirme le sentiment paranoïaque de menace existentielle que l’islam croit déceler dans toute manifestation d’indépendance et de liberté de ces mêmes dhimmis à l’intérieur du monde musulman.

Paradoxalement, la souveraineté juive à Jérusalem est perçue comme une menace pour l’islam précisément de par son caractère incomplet et partiel : les Juifs sont d’autant plus considérés comme des intrus sur le Mont du Temple, qu’ils n’y sont pas présents à demeure et qu’ils y viennent toujours sous bonne escorte, comme des envahisseurs potentiels.

L’alternative à cette situation inextricable et mortifère consisterait, comme l’avait bien vu l’écrivain et poète Ouri Zvi Greenberg, à asseoir notre souveraineté entière et sans partage sur le Mont du Temple, car “celui qui contrôle le Mont contrôle le pays”.

Ce faisant, Israël signifierait au monde musulman que sa présence sur sa terre est permanente et non pas provisoire, et que les Juifs revenus sur leur terre ne sont pas des “croisés”, destinés à être chassés à plus ou moins longue échéance : ils sont les maîtres et les souverains à Jérusalem, comme à Hébron et ailleurs, et ils sont là pour y rester.

Une telle attitude pourrait libérer les musulmans de leur complexe d’infériorité-supériorité en leur signifiant que Jérusalem est hors de portée pour leurs aspirations de faire renaître un hypothétique Califat et que leur seul choix est d’accepter la coexistence pacifique avec un Israël fort et souverain.

Pierre Lurçat

* Voir « Al Aqsa en danger ! » : une calomnie nazie palestinienne, par Pierre Lurçat

** Sur cet aspect, essentiel, du conflit entre Israël et l’islam, je renvoie notamment au livre d’Anne-Marie Delcambre, La schizophrénie de l’islam (Desclée de Brouwer 2006).

___________________________________________________________

Après 20 ans d'expérience dans la formation en droit immobilier, j'ai le plaisir d'annoncer ma nouvelle activité d'agent immobilier à Jérusalem. Je serai heureux de vous assister dans votre recherche de bien!

050-286 5143

Pierre.lurcat@gmail.com

Afficher l’image source

See comments

<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 > >>