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7 octobre 2023

Une étincelle d’hébreu : “Hitpak’hout”, retrouver la vue et renoncer à ses illusions

March 13 2024, 09:32am

Posted by Pierre Lurçat

Une étincelle d’hébreu :  “Hitpak’hout”, retrouver la vue et renoncer à ses illusions

Parmi les mots d’hébreu qui ont connu un regain d’actualité depuis le 7 octobre, celui d’Hitpakhout mérite qu’on s’y arrête un instant. Marc Cohn, dans le dictionnaire Larousse, le définit simplement par son sens originel, “recouvrement de la vue” ou de l’ouïe, et par le sens figuré : “fait de devenir plus sage”. C’est ce dernier sens qui lui a donné sa signification très actuelle, celle de renoncer à des illusions et à des espoirs infondés. Les illusions, en l’occurrence, sont les illusions mortelles de l’avant 7 octobre, qui ont conduit aux événements tragiques qu’Israël a connus.

 

Pour illustrer ce dernier sens, nous prendrons un des exemples les plus marquants, celui du secrétaire du mouvement kibboutzique, Nir Meir. Interviewé dans Ha’aretz le 16 février dernier, il a donné à Meirav Moran des réponses étonnantes de sincérité. “Est-ce que vous vous définissez encore comme un homme de gauche ?” lui a-t-elle demandé? “Non, je me définis comme un homme qui sait dans quel environnement il vit”. Et d’ajouter : “Les habitants des implantations ne se trompent pas. La droite a raison : la méthode (des Arabes) est de conquérir des territoires. Et elle a raison d’affirmer que seule l’implantation permet d’asseoir notre souveraineté…

 

Lorsque la journaliste lui demande ce qu’il pense de l’Autorité palestinienne, il répond sans hésiter : “Il n’y aura pas de paix avec les Palestiniens. Je ne me raconte pas d’histoires”. Et quand elle l’interroge pour savoir si ses opinions reflètent celles du mouvement kibboutzique, il rétorque que “les avis concernant le conflit ont été modifiés de fond en comble depuis le 7 octobre. La plupart des habitants des kibboutz qui ont vécu le 7 octobre ne peuvent plus entendre un mot d’arabe, et souhaitent que Gaza soit rasée…” Autre exemple de hitpak’hout, tout aussi marquant: celle du YIVO, la vénérable institut d’études juives créé à Vilna et basé à New-York, qui a récemment annoncé une série de conférences sur les liens entre le Hamas et le nazisme.

           

En lisant les propos de Nir Meir, on comprend la signification très actuelle du mot Hitpak’hout. Il s’agit bien de retrouver la vue, dans son acception la plus large. Pendant des décennies, la gauche israélienne a en effet refusé de voir l’évidence : nos ennemis ne nous ont toujours pas accepté. Les habitants des kibboutz frontaliers de la bande de Gaza ont ainsi cru se faire “amis” des Gazaouis en leur donnant du travail ou en les emmenant dans les hôpitaux israéliens subir des traitements médicaux… On connaît la suite.

 

            Il faut saluer la clairvoyance, tardive mais bienvenue, de Nir Meir et des autres représentants de cette gauche qui s’est si longtemps trompée. Tout comme les anciens communistes devenus les plus lucides critiques de l’URSS, ces kibboutnikim doivent aujourd’hui jouer le rôle de lanceurs d’alerte et d’éveilleurs des consciences en Israël et à l’étranger. Leur hitpak’hout doit inspirer tous ceux qui, en Israël comme ailleurs, continuent de penser selon les schémas dépassés de l’avant 7 octobre. Après le 7.10.23, le mot d’ordre doit être : “Titpak’hou!” Recouvrez la vue !

 

P. Lurçat

           

NB A l’occasion du début du Ramadan, j’analyse au micro de Daniel Haïk la question occultée de la violence de l’islam.

La légitimation de la violence est imprégnée dans l'Islam L'invité de la rédac - YouTube

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Où était l’armée de l’air le 7 octobre? Ces “Gatekeepers” qui ont laissé entrer l’ennemi (III)

February 26 2024, 15:33pm

Un sentiment de supériorité et d'invincibilité

Un sentiment de supériorité et d'invincibilité

 

Au cours des mois qui ont précédé le 7 octobre, on a entendu à plusieurs reprises des officiers supérieurs de Tsahal, y compris des anciens généraux et chefs d’état-major, affirmer sans sourciller qu’ils n’obtempéreraient pas aux ordres du gouvernement de B. Nétanyahou. Le summum de ces appels à l'insubordination a été atteint lorsque des pilotes et des anciens dirigeants de l'armée de l'air ont affirmé qu’ils n’obéiraient pas aux ordres, y compris pour attaquer l’Iran et sa capacité nucléaire ! Or, le jour fatidique du 7 octobre, l’armée de l’air était aux abonnés absents… Y a-t-il un lien entre cette absence tragique et les appels à l’insubordination qui l’ont précédée ? Et si oui, quel est-il ? Troisième volet de notre série d’articles consacrés aux “Gatekeepers” qui ont failli dans leur mission de défense d’Israël.

 

Pourquoi le 7 octobre ? Ces “Gatekeepers” qui ont ouvert la porte à l’ennemi (I), Pierre Lurçat - VudeJerusalem.over-blog.com

Pourquoi le 7 octobre ? (II) Ces “Gatekeepers” qui ont oublié qui était l’ennemi, Pierre Lurçat - VudeJerusalem.over-blog.com

 

Une des questions les plus obsédantes que se posent des millions d'Israéliens et de Juifs à travers le monde depuis le 7 octobre est celle de savoir où était Tsahal, lorsque les hordes barbares de Gaza ont envahi le territoire israélien. Il ne s'agit pas d'une question théorique ou théologique, comme celle de savoir où était D.ieu pendant la Shoah… Non, il s'agit d'une question très simple et concrète. Où était Tsahal, où étaient ses chefs et ses officiers, et pourquoi ont-ils mis plusieurs heures avant de réagir, alors même que des centaines de soldats et de civils avaient déjà, eux, réagi et affluaient vers la frontière de Gaza ?

 

Cette question obsédante se pose avec une acuité décuplée s'agissant de l'armée de l'air, considérée depuis plusieurs décennies comme le fleuron de l'armée israélienne et devenue le pilier de sa doctrine stratégique de défense depuis 1967. Où était l'armée de l'air, pourquoi aucune escouade n'est-elle venue bombarder les hordes du Hamas et leurs supplétifs, pourquoi pas un seul avion n'était dans le ciel au-dessus de Gaza, à l'heure fatidique où des milliers de citoyens sans défense étaient attaqués ? La réponse définitive sera sans doute, espérons-le, donnée un jour par une commission d'enquête.  Une série documentaire de la chaîne publique Kan11 permet d’ores et déjà d’apporter des éléments de réponse.

 

Ha-Ahat” (“The One”) relate l'histoire d'une unité de l'armée de l'air, l'escouade 201, en octobre 1973. Le reportage nous plonge dans la vie quotidienne des pilotes pendant les heures critiques de la guerre de Kippour. On y découvre leur courage qui confine parfois à l’héroïsme (ainsi, un des pilotes fait prisonnier raconte avoir dit à un pilote égyptien, rencontré après la guerre : “vous avez utilisé de l’électricité (pour nous torturer) et nous avez brisé des cannes sur le dos, et nous n’avons rien dit… Je vais te révéler un secret : ‘Si vous m’aviez chatouillé, j’aurais tout raconté !”). Mais on découvre aussi leurs faiblesses et leur sentiment de supériorité et d'invincibilité, qui se mêle aux remords éprouvés après l’opération au cours de laquelle ils ont descendu par erreur un avion civil libyen, qui avait pénétré l’espace aérien d’Israël. La journaliste Sima Kadmon – elle-même ancienne soldate de l’unité – se focalise sans cesse sur les remords et sur le sentiment de culpabilité, comme si c’était l’aspect le plus important dans le vécu de ces soldats d’élite.

 

Un des moments clés du reportage est ainsi celui où un des pilotes exprime son sentiment à l’égard du gouvernement actuel (la série a été diffusée en septembre 2023). Lorsque Sima Kadmon lui demande ce qu’il répondrait à son petit-fils, s’il lui demandait s’il doit être incorporé dans l’armée, il répond sans hésiter : “Je lui dirais, mon cher petit-fils, je veux te dire qu’il n’est pas bon de mourir pour notre patrie… Et je souhaite que tu protèges ta vie. Et si tu dois prendre des risques pour ta vie, que cela soit pour la paix et pas pour la guerre…”. La journaliste insiste, en remarquant que c’est un message très troublant pour un jeune homme qui s’apprête à entrer dans l’armée… L'ancien pilote répond alors qu’il sait parfaitement ce que signifie qu’il n’est pas bon de mourir pour sa patrie. Car, explique-t-il, “notre pays a changé de visage. Ce n’est pas le pays duquel nous décollions alors…

 

Cette déclaration sans ambages d’un pilote n’est pas un acte isolé. Elle représente un état d’esprit hélas très présent au sein de ces anciennes élites de l’armée de l’air, qui ont subi en octobre 1973 un traumatisme dont elles ne se sont jamais remises. Ces anciennes élites ont joué un rôle clé – notamment à travers le mouvement “Ahim Laneshek” (Frères d'armes) – dans les manifestations incessantes qui ont prétendu faire tomber le gouvernement démocratiquement élu de l’Etat d’Israël, au cours des mois de luttes fratricides qui ont précédé le 7 octobre. A cet égard, elles portent une part de responsabilité dans ce qui s’est produit le jour fatidique de Simhat Torah.

 

La bonne nouvelle est toutefois que, même si l’armée de l’air était aux abonnés absents le 7 octobre, pour des raisons qui demeurent inexpliquées à ce jour, et même si une partie des élites au sein même de Tsahal a adopté un discours post-sioniste et anti-démocratique, à l’instar de ce pilote de l’unité 201, la jeunesse d’Israël, dans son immense majorité, reste profondément sioniste et continue de penser qu’il est “bon de mourir pour sa patrie”. Elle l’a prouvé le 7 octobre et continue de le démontrer chaque jour de la guerre la plus longue qu’Israël a connue depuis 1948.

P. Lurçat

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Les civils de Gaza sont-ils vraiment “innocents”? P. Lurçat

February 21 2024, 12:56pm

Posted by Pierre Lurçat

Les civils de Gaza sont-ils vraiment “innocents”? P. Lurçat

 

Aucune population civile ne peut être tenue pour non responsable du pouvoir qu’elle s’est choisie. Il y a des résistants et des opposants dans tous les régimes totalitaires, y compris les plus cruels, comme l’Allemagne nazie, où Hitler a échappé à plusieurs tentatives d’assassinat. On attend toujours de voir se lever des gazaouis opposés au Hamas… Extrait d’un article paru dans Israël Magazine.

 

La guerre actuelle montre les limites et les ambiguïtés de la notion de “civils innocents” dans le cas des habitants de Gaza. Comme l’ont en effet rapporté des dizaines de soldats et d’officiers présents dans la bande de Gaza, la plupart des civils s’identifient, dans une mesure plus ou moins grande, au Hamas et à ses objectifs. En réalité, la notion même de “civils non impliqués” est étrangère à la doctrine du djihad dans l’islam, doctrine dans laquelle les habitants de Gaza sont éduqués et qu’ils appliquent. Le djihad est en effet devenu à l’époque contemporaine – sous l’inspiration des théoriciens de l’islam radical – une obligation individuelle (fard ‘ayn) qui s’applique à tous.

 

Pratiquement, cela se traduit dans le fait que la plupart des assaillants du 7 octobre n’étaient pas des terroristes du Hamas portant un uniforme, mais bien des civils de Gaza, qui se sont joints à la razzia et aux exactions perpétrées contre Israël. Ce constat est lourd de conséquences, et il ne doit pas être oublié, sous peine de commettre une erreur d’appréciation cruciale. La guerre actuelle n’oppose en effet pas seulement Israël au Hamas, mais bien à Gaza et à sa population. Ce constat a été confirmé sur le terrain par le fait que des armes et des munitions ont été trouvées dans la plupart des maisons de Gaza, y compris cachées sous les lits d’enfants…

 

Comme le rapportait récemment le journaliste de la 13e chaîne et soldat de réserve Roï Yanovsky, “Dans tous les quartiers où nous avons été, il y a des sites militaires du Hamas avec des armes, des tunnels, des explosifs, des rampes de lancement de roquettes et tout cela dans les maisons. Dans certaines, se trouvent des ouvertures dans les murs pour passer d’un bâtiment à un autre. Les habitants de Gaza qui vivent dans ces zones de guerre, le savent. Ils ont reçu une quantité innombrable d’avertissements les appelant à évacuer, bien avant que Tsahal n’entame son offensive terrestre. Ceux qui ont décidé de rester sont soit des hommes du Hamas, soit des gens qui ont pris cette décision en sachant que les lieux étaient étaient utilisés par le Hamas et donc une zone de combat”[1].

 

            Ce que signifie ce témoignage éloquent, c’est que la plupart des civils de Gaza sont loin d’être “innocents”. Ils ont en fait pris fait et cause pour le Hamas et sont ainsi devenus ses supplétifs. Comme l’explique encore Yanovsky, “le cercle qui permet au Hamas d’agir est beaucoup plus large que ses dizaines de milliers de terroristes. L’idéologie du Hamas se trouve dans toutes les maisons, dans les tableaux, dans les documents de propagande. Le Hamas à Gaza c’est comme Messi en Argentine”. Ou, pour dire les choses autrement, les terroristes du Hamas sont à Gaza comme “un poisson dans l’eau”, selon l’expression du président Mao Zedong. Aucune population civile ne peut être tenue pour non responsable du pouvoir qu’elle s’est choisie. Il y a des résistants et des opposants dans tous les régimes totalitaires, y compris les plus cruels, comme l’Allemagne nazie, où Hitler a échappé à plusieurs tentatives d’assassinat. On attend toujours de voir se lever des gazaouis opposés au Hamas…

© Pierre Lurçat / Israël Magazine

 

(Extrait d’un article paru dans le dernier numéro d’Israël Magazine, pionnier de la presse francophone israélienne).

Retrouvez mes dernières conférences et interviews sur ma chaîne YouTube.


[1] Témoignage traduit sur le site LPH INFO

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De la “conceptsia” 1973 à la “conceptsia” 2023 Pierre Lurçat

February 9 2024, 10:38am

Posted by Pierre Lurçat

De la “conceptsia” 1973 à la “conceptsia” 2023 Pierre Lurçat

NB J’évoque la “Conceptsia” derrière les événements du 7 octobre au micro d’Antoine Mercier sur Mosaïque.

La « conceptsia » ou la cause profonde de l’échec sécuritaire du 7 octobre (youtube.com)

 

Les événements terribles survenus le samedi matin du 6 octobre 2023, jour de Simhat Torah, font écho à d’autres événements terribles survenus cinquante ans jour pour jour auparavant, le 6 octobre 1973. D’une guerre à l’autre, d’une “surprise” à une autre, pourquoi et comment Tsahal est-elle retombée dans le piège de l’ennemi, et quelles leçons peut-on en tirer pour l’avenir?

 

Une sinistre coïncidence

 

Dans le film Le fortin (“Stronghold”), qui décrit l’attaque égyptienne sur le canal de Suez en octobre 1973, on assiste - à travers les yeux des soldats israéliens - à la traversée du canal par l’armée égyptienne et à l’encerclement du fortin de la ligne Bar Lev. A ces images dramatiques se superposeront désormais celles, encore bien plus terribles, de l’invasion des localités du pourtour de la bande de Gaza par les terroristes du Hamas en octobre 2023. En choisissant pour lancer son offensive la journée de Simhat Torah, le Hamas (et l’Iran qui l’arme et l’inspire) a fait preuve d’une double perfidie. Le choix de cette date était à la fois un coup porté à l’euphorie de la fête juive et une atteinte au moral d’un pays marquant l’anniversaire d’une autre “surprise” militaire. 

 

Israël, qui a vécu pendant cinquante ans dans le souvenir et le traumatisme de la guerre de Kippour, devra désormais vivre avec le double traumatisme d’une double agression, survenue à la même date quasiment, à un demi-siècle d’intervalle. Mais au-delà du traumatisme, cette sinistre coïncidence interroge aussi, et surtout, la capacité de Tsahal et de l’échelon politique de tirer les leçons des échecs de la guerre de Kippour, qu’on désigne depuis 1973 par le terme de “me’hdal” (“l’échec”). L’échec d’octobre 2023 se superpose à celui de 1973, et la question des responsabilités et des échecs passés devient encore plus lancinante.

 

La “surprise” de 1973 et celle de 2023

 

En 2023 comme en 1973, Israël a été pris de court par une offensive menée de main de maître par un ennemi bien préparé, surentraîné et sachant exactement ce qu’il veut. Face à la détermination de l’ennemi, égyptien en 1973 et gazaoui en 2023, l’armée israélienne s’est trouvée en position de faiblesse, désorganisée et a mis un temps précieux à réagir et à riposter. La “surprise” de l’attaque a pris de court l’appareil sécuritaire et l’establishment militaire israéliens, qui se sont trouvés pris au dépourvu, révélant un état d’impréparation totale.

 

A de nombreux égards, la “surprise” du 7 octobre 2023 est encore plus terrible que celle d’octobre 1973. A l’époque, il s’agissait d’une offensive militaire en bonne et due forme, menée par des armées régulières sur des champs de bataille. Si le choc de Kippour a été si traumatisant pour la conscience israélienne, c’est parce qu’il renvoyait dans l’imaginaire collectif aux images d’un passé juif immémorial, auquel le sionisme pensait avoir mis fin. Dans la doctrine sioniste classique, le Juif de l’exil, victime impuissante, était en effet une figure d’un passé révolu. Or, c’est ce passé révolu que les images terribles d’octobre 1973 ont fait ressurgir dans la psyché israélienne.

 

En octobre 2023, ce traumatisme collectif a été encore plus fort, parce que nous avons subi une attaque menée comme une offensive militaire bien coordonnée (par terre, mer et air), de la part d’une milice surentraînée par une puissance militaire (l’Iran), mais dirigée autant, voire plus contre la population civile que contre les soldats. C’est cette dimension pogromiste qui a “surpris” l’armée et la société israéliennes, qui s’étaient habituées à penser, nourris par les illusions mortifères de plusieurs décennies de discours pacifistes, que le Hamas était un ennemi “classique”, partageant grosso modo les mêmes valeurs que nous…

P. Lurçat

Article paru dans Israël Magazine ©. 

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Pourquoi le 7 octobre ? Ces “Gatekeepers” qui ont ouvert la porte à l’ennemi (I), Pierre Lurçat

January 26 2024, 07:06am

Posted by Pierre Lurçat

Ami Ayalon (au centre)

Ami Ayalon (au centre)

 

Comment les “Gatekeepers”, ces gardiens de la sécurité d’Israël et ces grands soldats, se sont-ils mués en promoteurs de slogans pacifistes aussi simplistes, et presque puérils, que “c’est avec ses ennemis qu’on fait la paix” ? Et quelle est leur responsabilité dans l’échec colossal du 7 octobre ? Premier volet.

 

Le 24 janvier, alors qu’Israël pleurait et enterrait les morts du terrible accident militaire de la veille, deux Israéliens publiaient chacun une tribune dans le quotidien Le Monde, connu pour son hostilité endémique envers l’Etat juif. Le premier, Elie Barnavi, expliquait pourquoi, après s’être opposé pendant les 100 premiers jours de la guerre à un “cessez-le-feu immédiat”, il avait fini par rejoindre le camp des défaitistes, qui affirment que “la guerre s’enlise” et qu’Israël ne peut pas gagner face au Hamas. Le second, Ami Ayalon, va encore plus loin dans le défaitisme : il explique tout simplement que la victoire est impossible et qu’Israël doit “repenser le concept d’ennemi”.

 

Ami Ayalon n’est pas simplement un intellectuel comme Barnavi. Ancien commandant de la Marine, il a été le patron du Shin-Beth (service de sécurité intérieure) entre 1996 et 2000. En 2012, il a participé activement au documentaire de Dror Moreh, The Gatekeepers (“Les gardiens”), dans lequel plusieurs anciens dirigeants du Shin-Beth évoquaient leurs problèmes de conscience et donnaient leur point de vue sur le conflit israélo-arabe. Ce film, tout comme la récente interview d’Ayalon dans Le Monde, permettent de comprendre l’univers conceptuel d’une large partie de l’establishment sécuritaire israélien depuis au moins trois décennies. On y découvre ce que pensent ceux qui – plus que tout autre secteur de la vie publique en Israël – portent la responsabilité de l’échec colossal du 7 octobre.

 

A ce titre, il faut écouter et lire ce que dit Ayalon. Il incarne un visage de l’Israël laïc, de gauche et pacifiste, dont l’influence sur les décisions essentielles pour le pays est inversement proportionnelle à son poids électoral (Ami Ayalon a été membre du Parti travailliste, aujourd’hui moribond). On y découvre surtout les valeurs et le mode de pensée de ces anciennes élites qui continuent, en grande partie, à modeler la politique d’Israël. Ayalon, soldat d’élite qui a pris part à toutes les guerres d’Israël entre 1967 et la première Intifada, a commandé la prestigieuse “Shayetet”, unité d’élite de la marine. A cet égard, on peut le comparer à Ehoud Barak, Ariel Sharon, Yitshak Rabin, ou bien d’autres grands soldats qui ont “tourné casaque”, pour devenir des promoteurs de “plans de paix” tous aussi foireux les uns que les autres, des accords d’Oslo aux retraits de Gaza et du Sud-Liban qui ont installé le Hamas et le Hezbollah aux portes d’Israël.

 

Des grands soldats devenus pacifistes

 

Comment ces “Gatekeepers”, ces gardiens de la sécurité d’Israël et ces grands soldats se sont-ils mués en promoteurs de slogans pacifistes – aussi simplistes et presque puérils – que “C’est avec ses ennemis qu’on fait la paix” ? Ayalon apporte des éléments de réponse à cette question cruciale, qui interroge l’histoire récente d’Israël mais aussi son avenir. Quand le journaliste lui demande si le retrait d’une partie des troupes israéliennes de Gaza signifie un tournant dans la guerre, il lui répond : “Je crois que cette question va bien au-delà des détails de cette campagne militaire. Au fond, quelle est la situation ? Notre problème réside dans la tension entre la terreur et les droits de l’homme. Toutes les démocraties libérales sont confrontées à un conflit entre violence terroriste et droits fondamentaux”.

 

Cette réponse qui peut sembler anodine met en évidence un aspect crucial du débat intérieur israélien et de la vision du monde de cet establishment sécuritaire et militaire, dont Ayalon est la parfaite incarnation : leur incapacité de penser Israël autrement que dans le cadre conceptuel de l’Occident et de la démocratie libérale, qu’ils voudraient que l’Etat juif incarne. Ce point essentiel permet à la fois de comprendre leur attitude envers les ennemis d’Israël (“Nous renonçons donc aux droits d’une minorité dans l’idée que nous allons combattre le terrorisme. Et nous ne comprenons pas qu’un jour, sans doute, nous allons nous féliciter d’avoir tué des bad guys, mais que nous aurons perdu notre identité”) et leur vision de ce qu’est et de ce que doit être Israël.

 

En décrivant le conflit entre Israël et ses ennemis selon le modèle réducteur de l’affrontement entre les démocraties et le terrorisme, l’ancien patron du Shin-Beth montre qu’il n’a pas compris une dimension importante du conflit, qui est apparue le 7 octobre dans sa criante évidence. Le Hamas, contrairement à Al-Qaïda, n’a pas seulement voulu tuer des Juifs et porter un coup symbolique à Israël (comme les terroristes du 11 septembre). Il a voulu (et réussi de manière partielle et momentanée) envahir le territoire israélien pour le conquérir.

 

Cette dimension territoriale propre à l’islam est, paradoxalement, un aspect crucial de ce qui échappe aux “Gatekeepers” devenus pacifistes, comme à l’ensemble du “camp de la paix” israélien. Ceux qui prétendaient échanger “les territoires contre la paix” s’avèrent ainsi les promoteurs d’une vision totalement inadéquate du conflit, dont leur “impensé” occulte bien des aspects essentiels. Dans la suite de cet article, nous verrons comment cet impensé concerne également l’identité juive de l’Etat d’Israël. (à suivre…)

Pierre Lurçat

 

Retrouvez mes dernières conférences et interviews sur ma chaîne YouTube.

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Pourquoi nous combattons (IV) : Quand la “Start-up nation” fait son “restart” Pierre Lurçat

December 3 2023, 13:08pm

Posted by Pierre Lurçat

Un Sefer Torah retrouvé dans les ruines d’une synagogue de Netsarim

Un Sefer Torah retrouvé dans les ruines d’une synagogue de Netsarim

Le peuple d’Israël a compris le 7 octobre qu’il ne pouvait pas acheter sa tranquillité avec des pétrodollars du Qatar, et que son destin était entièrement entre ses mains. La “start-up” nation est en train de faire son “restart”, et les moments historiques que nous traversons, dans le sang et dans les larmes, ne sont pas moins que le début d’une nouvelle phase dans l’histoire de notre Etat et de notre peuple. Quatrième volet de notre série d’articles, “Pourquoi nous combattons”.

Lire les précédents articles

Pourquoi combattons-nous ? (II): Rétablir la souveraineté juive sur le Mont du Temple - VudeJerusalem.over-blog.com

Pourquoi combattons-nous ? (I) : La deuxième Guerre d’Indépendance d'Israël, par Pierre Lurçat - VudeJerusalem.over-blog.com

Pourquoi combattons-nous ? (III) Définir l’ennemi pour gagner la guerre, Pierre Lurçat - VudeJerusalem.over-blog.com

 

Dans son émission Ouvda, réalisée il y a déjà un mois, Ilana Dayan interviewait un jeune officier supérieur (en Israël les officiers arrivent tous entre 35 et 40 ans aux échelons les plus élevés), Barak Hirem, qui était présent au kibboutz Beeri le 7 octobre. Lorsqu’elle lui disait ne pas encore avoir digéré les images vues depuis 15 jours, et avoir cru depuis la Shoah qu’on ne verrait “plus jamais ça”, il répondit avec un sourire amer et plein de sagesse, que c’est peut-être le problème du peuple Juif, que nous avons toujours tendance à penser que “plus jamais” cela ne nous arrivera…

Ce jeune officier perspicace explique qu’en sus de l’échec tactique et opérationnel, il y a aussi l’échec de la conception d’un peuple qui a voulu croire à une illusion… ‘Nous avons tous cru que nous étions devenus une nation de hi-tech et qu’il n’était plus nécessaire de se préparer à une guerre comme autrefois”. En écoutant le propos de ce jeune officier, il m’est revenu en mémoire les mots échangés entre deux des pères fondateurs du mouvement sioniste, Max Nordau et Jabotinsky.

Comme le relate ce dernier dans son autobiographie, alors qu’il l’interrogeait sur la logique de la politique sioniste pendant la Première Guerre mondiale, Nordau lui répondit : ”la logique est la sagesse des Grecs, que notre peuple abhorre. Le Juif n'apprend pas par des raisonnements rationnels, il apprend par les catastrophes. Il n'achètera pas un parapluie ‘simplement’ parce que des nuages s'amoncellent à l'horizon : il attendra d'être trempé et atteint de pneumonie… Les mots désabusés de Max Nordau sont restés, hélas, d’actualité un siècle plus tard, alors que nous avons un Etat souverain et une armée forte.

Nous avons attendu d’être attaqués par le Hamas et de subir les exactions terribles du 7 octobre pour faire ce que n’importe quel autre peuple libre aurait fait bien avant : anéantir la menace que le Hamas fait peser à notre frontière depuis deux décennies. En réalité, aucun peuple doué de raison et de “logique” n’aurait fait ce que nous avons fait en 2005 : chasser les valeureux habitants juifs du Goush Katif pour installer à Gaza un pouvoir arabe corrompu, qui a très vite laissé la place aux nazis du Hamas. Oui, nous n’apprenons encore aujourd’hui que par les catastrophes…

Mais cela est en train de changer, car ceux qui pensaient que nous étions devenus une “start-up nation” et que la prospérité était l’objectif commun des Israéliens et de leurs voisins ont compris leur erreur, à l’instar du jeune officier interviewé par Ilana Dayan. Le peuple d’Israël a compris le 7 octobre qu’il ne pouvait pas acheter sa tranquillité avec des pétrodollars du Qatar, et que son destin était entièrement entre ses mains. La “start-up” nation est en train de faire son “restart”, et les moments historiques que nous traversons, dans le sang et dans les larmes, ne sont pas moins que le début d’une nouvelle phase dans l’histoire de notre Etat et de notre peuple. Am Israël Haï !

P. Lurçat

 

NB Mon nouveau livre, Face à l’opacité du monde, est disponible sur Amazon, B.O.D et dans les bonnes librairies. Je l’ai évoqué au micro d’Antoine Mercier sur sa nouvelle chaîne Mosaïque.

Pourquoi nous combattons (IV) : Quand la “Start-up nation” fait son “restart”  Pierre Lurçat

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Face à la guerre en Israël : Les préjugés persistants du monde (post-)chrétien envers les Juifs

November 16 2023, 15:55pm

Posted by Pierre Lurçat

BHL et Arielle Dombasle : le "visage du Christ"?

BHL et Arielle Dombasle : le "visage du Christ"?

 

1.

« J’ai tout de suite vu le visage du Christ et quelque chose de sombre comme de la cendre dans les yeux », relate Arielle Dombasle en évoquant sa rencontre avec Bernard Henri Lévy. L’anecdote relève de la presse « People », mais elle en dit long sur le regard que les chrétiens portent sur les Juifs. Or celui-ci a des conséquences qui vont bien au-delà des relations interpersonnelles, et qui concernent la politique et la géopolitique. Le « visage du Christ » ne désigne pas seulement à cet égard la manière dont le Juif est perçu physiquement, encore aujourd’hui, mais également celle dont est perçu l’Etat d’Israël et dont ses actions sont appréciées, et soutenues ou critiquées dans l’ensemble du monde occidental, chrétien et post-chrétien.

 

Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter l’interview sidérante donnée par le président français Emmanuel Macron à la BCC le 11 novembre, dans laquelle il « exhortait Israël » à « cesser de bombarder des civils » à Gaza. Au-delà de la versatilité et de l’hypocrisie du discours, déjà relevées dans ces colonnes et largement condamnées, il y a ici la manifestation d’une incapacité de juger l’événement autrement qu’à travers le regard du téléspectateur, c’est-à-dire du spectateur abreuvé d’images, qui ne peut que « condamner », « réprouver » ou « s’indigner », sous le coup de l’émotion, sans être capable de s’extraire de ce jugement émotionnel à l’emporte-pièce pour analyser l’événement.

 

2.

C’est précisément cette propension de l’homme contemporain à ne juger l’événement qu’à travers des images et les émotions qu’elles suscitent qui permet au Hamas de marquer des points dans l’opinion publique et de capitaliser sur chaque mort de civil à Gaza. Paradoxalement, c’est donc le Hamas qui a intérêt à maximiser le nombre de victimes civiles dans la population de Gaza, alors qu’Israël a intérêt à minimiser le nombre de victimes civiles (et fait tout son possible pour). Ce paradoxe tient aussi au fait que le Hamas (comme les autres organisations djihadistes) sanctifie la mort, alors qu’Israël sanctifie la vie.

 

Et le monde chrétien ? Il est apparemment encore et toujours tenté de porter sur Israël un regard déformé par deux mille ans de préjugés et « d'enseignement du mépris », comme disait Jules Isaac. Comment expliquer autrement l'attitude d'un Jospin, évoquant la « Loi du Talion » pour décrire la riposte israélienne, ignorant apparemment que la loi du Talion est en réalité une règle de proportionnalité (la fameuse proportionnalité!), qui a représenté un immense progrès par rapport aux habitudes de vengeance sans limite qui avaient cours dans le monde avoisinant de l’Israël antique, et qui sont encore usitées chez les ennemis d’Israël[1]. On reproche ainsi à Israël sa propension à la « vengeance » et au « Talion », au lieu d’apprécier son sens de la justice et de la retenue jusque dans la guerre.

 

3.

La persistance d’un regard chrétien déformé sur les Juifs dans un monde largement laïcisé montre que les préjugés ont la vie dure. Le fameux « dialogue judéo-chrétien » aurait-il échoué ? Cinquante ans après le décès de Jules Isaac, dont l’anniversaire est célébré ces jours-ci, la question mérite d'être posée. Mais en vérité, la réponse à cette question appartient aux chrétiens bien plus qu'aux Juifs. Car la question cruciale qui se pose aujourd'hui à Israël n'est pas celle de nos relations avec le monde chrétien (ou encore avec le monde musulman opposé à l'axe du Mal Iran-Hamas). Elle est celle de savoir qui nous sommes et pourquoi nous combattons.

 

            Or ces deux questions sont liées. C’est précisément lorsqu’Israël se refuse à assumer sa propre identité, celle du peuple de Dieu combattant pour la justice et pour le bien absolu, que les chrétiens et les musulmans contestent son identité et son droit sur la terre d’Israël. Quand Israël aura pleinement assumé – comme il commence à le faire ces dernières semaines – sa vocation de « Peuple Saint » et de « Peuple de Dieu », alors les autres peuples finiront par le reconnaître, et selon la prophétie d’Isaïe, « La montagne de la maison du Seigneur sera affermie sur la cime des montagnes et toutes les nations y afflueront ».

 

P. Lurçat

 

NB Mon nouveau livre, Face à l’opacité du monde, paraît ces jours-ci aux éditions l’éléphant. Il est disponible sur Amazon, B.O.D et dans les bonnes librairies. Je l’ai évoqué à l’antenne d’Antoine Mercier sur sa chaîne Youtube Mosaïque.

 

[1] Sur la déformation de la Loi du Talion dans l’Occident chrétien, voir Rafael Drai, Le mythe de la loi du Talion, éditions Hermann.

 
Face à la guerre en Israël :   Les préjugés persistants du monde (post-)chrétien envers les Juifs

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Pourquoi combattons-nous ? (II): Rétablir la souveraineté juive sur le Mont du Temple

November 12 2023, 09:16am

Posted by Pierre Lurçat

Pourquoi combattons-nous ? (II): Rétablir la souveraineté juive sur le Mont du Temple

Pourquoi combattons-nous ? (I) : La deuxième Guerre d’Indépendance d'Israël, par Pierre Lurçat - VudeJerusalem.over-blog.com

Dans le supplément Shabbat du journal Makor Rishon, Ronen Shoval livre une analyse intéressante, sous le titre « Retour à 1948 ». Partant du constat que les événements de Simhat Torah sont de portée biblique, il explique pourquoi il convient d’abandonner la morale d’Oslo et du retrait de Gaza pour retrouver la morale de 1948, celle de Ben Gourion et de la génération de la Guerre d’Indépendance. L’analyse est intéressante, mais elle ne suffit pas. En effet, si le 7 octobre marque un tournant majeur de notre histoire nationale, il doit aussi signifier une nouvelle étape dans l’édification de notre État, et pas seulement un retour au sionisme de 1948. 

Une fois que la guerre à Gaza sera gagnée, nous devrons passer à la seconde étape du sionisme. Le but ne sera pas seulement cette fois-ci d’assurer la sécurité de notre État (objectif initial du sionisme politique), mais d’ajouter un nouvel étage au projet initial. Passer d’un sionisme de subsistance (Tsionout shel Kiyoum) à un sionisme de vocation (Tsionout shel Yioud). Quelle est notre vocation ? Comme beaucoup d’Israéliens – civils et soldats – l’ont compris depuis le 7 octobre, la meilleure réponse à l’attaque du Hamas est l’instauration d’un État plus juif – dans l’esprit de la tradition de nos Prophètes – et plus conforme à notre vocation de « peuple Saint ». 

Une réponse adaptée à l’attaque meurtrière, lancée sous le slogan « Déluge d’Al-Aqsa », aurait ainsi pu consister à restreindre l’accès des musulmans au Mont du Temple, tant que les otages ne seront pas libérés. Israël aurait ainsi signifié qu’il se battait lui aussi pour Jérusalem et pour le Temple. Ce geste symbolique n’aurait pas seulement permis de répondre à la provocation du Hamas, mais aussi de réaffirmer notre souveraineté sur le lieu le plus saint du peuple Juif, qui a été malheureusement délaissé et quasiment livré à l’ennemi en 1967, lorsque Moshé Dayan a déclaré que nous n’avions « que faire de ce Vatican » (sic). 

Comme je l’écrivais en 2017, l’attitude d’Israël sur le Mont du Temple est une double erreur, psychologique et politique. Psychologiquement, elle renforce les musulmans dans leur complexe de supériorité, en les confortant dans l’idée que l’islam est destiné à dominer les autres religions et que ces dernières ne peuvent exercer leur culte qu’avec l’autorisation et sous le contrôle des musulmans, c’est-à-dire en étant des « dhimmis ». Politiquement, elle confirme le sentiment paranoïaque de menace existentielle que l’islam croit déceler dans toute manifestation d’indépendance et de liberté de ces mêmes dhimmis à l’intérieur du monde musulman. 

Paradoxalement, la souveraineté juive à Jérusalem est perçue comme une menace pour l’islam précisément en raison de son caractère incomplet et partiel : les Juifs sont d’autant plus considérés comme des intrus sur le Mont du Temple, qu’ils n’y sont pas présents à demeure et qu’ils y viennent toujours sous bonne escorte, comme des envahisseurs potentiels.

“Celui qui contrôle le Mont du Temple contrôle le pays”

L’alternative à cette situation inextricable et mortifère consisterait, comme l’avait bien vu l’écrivain et poète Ouri Zvi Greenberg, à asseoir notre souveraineté entière et sans partage sur le Mont du Temple, car « celui qui contrôle le Mont contrôle le pays ». Ce faisant, Israël signifierait au monde musulman que sa présence sur sa terre est permanente et non pas provisoire, et que les Juifs revenus sur leur terre ne sont pas des « croisés », destinés à être chassés à plus ou moins longue échéance : ils sont les maîtres et les souverains à Jérusalem, comme à Hébron et ailleurs, et ils sont là pour y rester. 

Une telle attitude pourrait libérer les musulmans de leur complexe d’infériorité-supériorité en leur signifiant que Jérusalem est hors de portée pour leurs aspirations de faire renaître un hypothétique Califat et que leur seul choix est d’accepter la coexistence pacifique avec un Israël fort et souverain. Ce faisant, Israël montrerait à l’ensemble du monde musulman que nous ne sommes plus des dhimmis (comme a pu le croire le Hamas, lorsqu’Israël a cru « acheter sa sécurité » en laissant passer à Gaza l’argent du Qatar), mais des Juifs fiers et sûrs de leurs droits, revenus sur leur terre pour édifier un Etat souverain et fort. Le « Mur de fer » préconisé par Jabotinsky passe par le Mont du Temple.

P. Lurçat

Mon nouveau livre, Face à l’opacité du monde, est disponible sur Amazon, B.O.D et dans les bonnes librairies.
 

Pourquoi combattons-nous ? (II): Rétablir la souveraineté juive sur le Mont du Temple

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Non Monsieur Macron, ne venez plus jamais pleurer sur nos morts!

November 12 2023, 07:28am

Posted by Pierre Lurçat

Non Monsieur Macron, ne venez plus jamais pleurer sur nos morts!

Monsieur le Président de la République française,

 

Vous ne viendrez donc pas à la manifestation contre l'antisémitisme qui se tiendra aujourd'hui à Paris. Contrairement à François Mitterrand – qui avait bien des choses à se reprocher à l'endroit du Peuple Juif – mais qui défila pourtant contre l'antisémitisme après Carpentras. Contrairement à Nicolas Sarkozy et à d'autres anciens présidents qui seront cet après-midi dans les rues de Paris, pour dire non à l'antisémitisme qui insulte, qui agresse et qui tue des Juifs français.

 

Vous ne viendrez pas et nous ne vous regretterons pas !

En effet, vos dernières déclarations contre Israël ont révélé au grand jour ce que vous pensez et à qui vont votre sympathie et votre compassion. Après avoir retardé votre visite en Israël, toujours au nom de cette hésitation permanente et de cette incapacité de trancher qui sont les marques de fabrique de votre personnalité et de votre politique, vous avez fini par trancher… et vous avez tranché contre Israël !

 

Votre petite phrase assassine, dans laquelle vous « exhortez Israël à cesser de bombarder des civils » palestiniens à Gaza, a montré aux yeux du monde entier dans quel camp vous êtes désormais. Ces mots indignes seront inscrits en lettres d'airain dans l'histoire des peuples, aux côtés d'autres petites phrases comme celle du général De Gaulle sur le « peuple juif sûr de lui et dominateur » ou comme celle de Raymond Barre sur les « Français innocents »... Vous êtes ainsi entré dans l'Histoire par la petite porte, celle des dirigeants français qui ont pris fait et cause contre Israël, aux moments les plus difficiles de son histoire.

 

Votre attitude ne fait pas honneur à la France, mais nous savons, nous Israéliens, qu'elle ne représente pas l'ensemble des Français.  Nous savons que la France profonde ne se confond pas avec ses dirigeants et que, même aux moments les plus noirs de la collaboration, de simples citoyens se sont levés contre la barbarie et contre l'occupant. Ce sont ces Français qui manifesteront contre l'antisémitisme et qui, pour beaucoup d'entre eux, ont compris que le combat d'Israël était juste, totalement juste, car Israël se bat pour sa survie et pour celle du monde civilisé contre la barbarie.

 

Alors, Monsieur le président de la République, ne venez plus jamais pleurer sur nos morts, ni dans nos synagogues, ni à Yad Vashem. Ne venez plus jamais verser des larmes de crocodile sur les victimes juives, israéliennes et françaises, de la barbarie du Hamas et des Palestiniens que vous soutenez. Gardez vos larmes et gardez votre fausse commisération. Le peuple de France mérite d'autres dirigeants. Le peuple d'Israël lui, se souviendra de votre trahison. Nous n’oublierons pas et nous ne pardonnerons pas.

P. Lurçat, Jérusalem

VudeJerusalem.over-blog.com

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Non Monsieur Macron, ne venez plus jamais pleurer sur nos morts!

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Une étincelle d’hébreu : Kitour, l’encerclement

November 6 2023, 08:22am

Posted by Pierre Lurçat

Une étincelle d’hébreu : Kitour, l’encerclement

Alors que nos valeureux soldats se battent autour de la ville de Gaza, arrêtons-nous sur un mot qu’on entend beaucoup ces derniers jours dans les médias israéliens : Kitour. La racine K-T-R est celle du mot Keter, bien connu de tout Juif qui a entendu parler des dix Sephirot. Keter, c’est la couronne, au sens classique et également dans celui plus moderne, de couronne d’une dent. C'est aussi la  première Sephira et la plus élevée. Forgé sur la même racine, le mot Kitour désigne le fait de couronner, et au sens militaire, d’encercler. Mais quel rapport entre l’encerclement de Gaza par Tsahal et la “couronne”, Keter ?

 

Le pogrome du 7 octobre a été un immense “Hilloul Hachem”, une profanation du Nom divin. Le but de la guerre actuelle n’est pas seulement d’éliminer le Hamas et de reconquérir Gaza (bH) mais il est aussi de restaurer la force de dissuasion de Tsahal et, au-delà, la dignité et l’honneur d’Israël. C’est donc bien la “Couronne” (Keter) qu’il faut rétablir, celle de la royauté d’Israël et celle de la Royauté divine, du “Dieu des armées” qui guide nos soldats et leur donne la victoire.

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