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diplomatie francaise

Frédéric Encel est-il le nouveau porte-parole du Quai d'Orsay?

November 19 2023, 06:31am

Posted by Philippe Karsenty et Pierre Lurçat

F. Encel recevant un prix du ministère des Affaires étrangères français, 2021

F. Encel recevant un prix du ministère des Affaires étrangères français, 2021

Il se passe des choses stupéfiantes en France.  Un « humoriste » antisémite, qui traite le Premier Ministre israélien de « nazi sans prépuce », ne reçoit qu’un simple avertissement de la direction de France Inter.  Un autre « humoriste » sert de conseiller au président français et lui recommande de ne pas aller manifester contre l’antisémitisme pour ne pas enflammer les banlieues.  Une exposition intitulée « Ce que la Palestine apporte au monde » est prolongée en raison de son succès, et l’antisémitisme atteint de nouveaux sommets. Mais le plus désolant est sans doute de voir un commentateur médiatique juif, qui depuis trente ans se fait passer pour « pro-Israélien », défendre bec et ongles la politique arabe de la France et l’attitude de plus en plus hostile du président Macron envers Israël.

 

            Alors que la position de la France dans la guerre lancée par le Hamas contre Israël suscite l’indignation générale, il faut écouter l’interview très révélatrice qu’a donnée Frédéric Encel sur Radio France Internationale. Il s’y livre à un plaidoyer pro-Macron et pro-Quai d’Orsay, qui n’étonnera que ceux qui croyaient encore que F. Encel défendait des valeurs proches de celles d’Israël. Plutôt que de longs commentaires, mieux vaut livrer au lecteur la transcription des moments clés de cette interview, intitulée sobrement « Dans le discours diplomatique français, il y a une volonté d’originalité ».

 

Verbatim :

 

F. Encel. « Le discours diplomatique français a évolué de manière relativement logique… Je m’inscris en faux par rapport à beaucoup d’observateurs qui considèrent que la politique d’Emmanuel Macron est erratique… En réalité il y a une volonté d’originalité, avec deux faits marquants qui ont paru contradictoires mais qui me paraissent assez cohérents. Le premier c’est la proposition française d’une coalition internationale contre le Hamas, façon Daech. Même Biden ne l’a pas proposé. Et puis la demande assez originale d’un cessez-le-feu… Ce cessez-le-feu correspond finalement après cinq semaines de guerre à quelque chose d’assez banal… Il y a une quête d’originalité, quant à l’efficacité des propositions françaises, c’est difficile de préjuger de leur succès

 

RFI : La France a appelé à une trêve humanitaire à Gaza, puis à un cessez-le-feu, c’est quand même un changement de position ?

F.E. Oui, vous avez raison… Mais c’est un changement qui paraît cohérent avec la durée, l’ampleur et la nature de la guerre. Une trêve humanitaire, cela signifie laisser souffler la plus grande partie de la population civile palestinienne, qui évidemment n’est pour rien dans les massacres du 7 octobre.

RFI. Ces changements de sémantique que vous estimez logiques, Frédéric Encel, ne sont-ils pas dus à la peur d’une importation du conflit sur le territoire français ?

F.E. Je vais vous dire quelque chose d’assez fort, avec beaucoup de vigueur… La France est un Etat souverain, c’est en principe une puissance considérable. L’instrumentalisation de la cause palestinienne c’est juste intolérable ! (...) Je ne pense pas pour l’instant qu’Emmanuel Macron joue la partition de la France au Proche-Orient en fonction de la paix civile sur le sol de la République…

RFI. Mais est-ce que la position de la France dans ce dossier est vraiment si différente de celle des alliés occidentaux de la France ?

F.E. Eh bien non, non seulement elle n’est pas très différente, mais elle n’est pas différente de celle qui prévalait depuis 1967… En réalité, le Quai d’Orsay et l’Elysée ont maintenu systématiquement la même position française depuis 1967, qui d’ailleurs est une position onusienne, c’est la solution des deux Etats, moyennant une sécurité et des frontières sûres et reconnues pour Israël… Il n’y a rien de nouveau. On le dit peut-être avec moins de conviction. La France comme d’autres Etats ont considéré avec raison que ce conflit était devenu un simple contentieux local… »

 

Mais le meilleur est pour la fin (In cauda venenum !) :

RFI. Frédéric Encel, on apprend ce matin que plusieurs ambassadeurs de France au Moyen-Orient disent regretter le virage pro-israélien d’Emmanuel Macron dans ce dossier, c’est quelque chose de nouveau ?

F.E.  Oui, c’est vrai… Le Quai d’Orsay n’est pas, contrairement à ce que fantasment beaucoup de gens, super pro-arabe... Il tient compte des réalités. Il y a 22 Etats arabes, il y a un Etat juif c’est Israël et on considère chez ces diplomates que la France est en train de perdre une partie de son influence dans le monde arabe ».

 

Non, M. Encel, la politique étrangère d’Emmanuel Macron n’est ni logique, ni originale, ni cohérente et le Quai d’Orsay ne tient pas « compte des réalités ». Non, M. Encel, la population civile de Gaza n’est pas innocente des crimes du Hamas, nombreux sont ceux qui y ont participé et encore plus s’en sont réjouis, à Gaza comme à Ramallah. Oui, M. Encel, « Emmanuel Macron joue la partition de la France au Proche-Orient en fonction de la paix civile sur le sol de la République », c’est son conseiller banlieues, Yassine Bellatar, qui l’a confirmé.

 

Si le Quai d’Orsay a trahi l’amitié franco-israélienne depuis des lustres, cela ne rend pas sa politique plus respectable. Quand Israël se bat pour sa survie, chacun a le droit d’espérer que les démocrates du monde entier se rangent aux côtés de l’Etat d’Israël qui défend les valeurs que tous devraient promouvoir. Aujourd’hui, défendre la politique étrangère d’Emmanuel Macron au Proche-Orient n’est pas seulement une erreur politique. C’est une faute morale.

 

Après avoir écouté Frédéric Encel encenser la politique étrangère française et flatter Charles Enderlin sur BFM TV, reste à se demander ce qu’il attend de ses flagorneries. Un poste au Quai d’Orsay ? Une ambassade ? Des contrats bien rémunérés ? Se réconcilier avec Pascal Boniface ? Ah, qu’il est loin le temps où Frédéric Encel signait ses messages par « Salutations Jabotinskiennes »

Pierre Lurçat et Philippe Karsenty

Article paru initialement sur Dreuz.info

 

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Non Monsieur Macron, ne venez plus jamais pleurer sur nos morts!

November 12 2023, 07:28am

Posted by Pierre Lurçat

Non Monsieur Macron, ne venez plus jamais pleurer sur nos morts!

Monsieur le Président de la République française,

 

Vous ne viendrez donc pas à la manifestation contre l'antisémitisme qui se tiendra aujourd'hui à Paris. Contrairement à François Mitterrand – qui avait bien des choses à se reprocher à l'endroit du Peuple Juif – mais qui défila pourtant contre l'antisémitisme après Carpentras. Contrairement à Nicolas Sarkozy et à d'autres anciens présidents qui seront cet après-midi dans les rues de Paris, pour dire non à l'antisémitisme qui insulte, qui agresse et qui tue des Juifs français.

 

Vous ne viendrez pas et nous ne vous regretterons pas !

En effet, vos dernières déclarations contre Israël ont révélé au grand jour ce que vous pensez et à qui vont votre sympathie et votre compassion. Après avoir retardé votre visite en Israël, toujours au nom de cette hésitation permanente et de cette incapacité de trancher qui sont les marques de fabrique de votre personnalité et de votre politique, vous avez fini par trancher… et vous avez tranché contre Israël !

 

Votre petite phrase assassine, dans laquelle vous « exhortez Israël à cesser de bombarder des civils » palestiniens à Gaza, a montré aux yeux du monde entier dans quel camp vous êtes désormais. Ces mots indignes seront inscrits en lettres d'airain dans l'histoire des peuples, aux côtés d'autres petites phrases comme celle du général De Gaulle sur le « peuple juif sûr de lui et dominateur » ou comme celle de Raymond Barre sur les « Français innocents »... Vous êtes ainsi entré dans l'Histoire par la petite porte, celle des dirigeants français qui ont pris fait et cause contre Israël, aux moments les plus difficiles de son histoire.

 

Votre attitude ne fait pas honneur à la France, mais nous savons, nous Israéliens, qu'elle ne représente pas l'ensemble des Français.  Nous savons que la France profonde ne se confond pas avec ses dirigeants et que, même aux moments les plus noirs de la collaboration, de simples citoyens se sont levés contre la barbarie et contre l'occupant. Ce sont ces Français qui manifesteront contre l'antisémitisme et qui, pour beaucoup d'entre eux, ont compris que le combat d'Israël était juste, totalement juste, car Israël se bat pour sa survie et pour celle du monde civilisé contre la barbarie.

 

Alors, Monsieur le président de la République, ne venez plus jamais pleurer sur nos morts, ni dans nos synagogues, ni à Yad Vashem. Ne venez plus jamais verser des larmes de crocodile sur les victimes juives, israéliennes et françaises, de la barbarie du Hamas et des Palestiniens que vous soutenez. Gardez vos larmes et gardez votre fausse commisération. Le peuple de France mérite d'autres dirigeants. Le peuple d'Israël lui, se souviendra de votre trahison. Nous n’oublierons pas et nous ne pardonnerons pas.

P. Lurçat, Jérusalem

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Mon nouveau livre, Face à l’opacité du monde, est disponible sur Amazon, B.O.D et dans les bonnes librairies.

Non Monsieur Macron, ne venez plus jamais pleurer sur nos morts!

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Diplomatie française vs Israël : quelle objectivité ? Pierre Lurçat au micro d’Ilana Ferhadia

February 5 2023, 10:33am

Diplomatie française vs Israël : quelle objectivité ? Pierre Lurçat au micro d’Ilana Ferhadia

J'étais l'invité d'Ilana Ferhadian vendredi pour commenter l'actualité israélienne et son traitement dans les médias français.

Diplomatie française vs Israël : quelle objectivité ? Pierre Lurçat – L’invité d’Ilana Ferhadian – Radio J

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Réponse à Frédéric Encel, qui accuse Israël d’être une « voyoucratie » et au CRIF qui cautionne ses propos

January 12 2023, 17:10pm

Posted by Pierre Lurçat

F. Encel recevant un Prix du Ministère français des Affaires étrangères : géopoliticien ou politicien?

F. Encel recevant un Prix du Ministère français des Affaires étrangères : géopoliticien ou politicien?

 

Cher Frédéric,

 

Tu me permettras de te tutoyer, en souvenir de notre ancienne amitié, lorsque nous étions étudiants à Paris et que tu n’avais pas encore entamé ton brillant parcours à l’institut de sciences politiques de Grenoble. A l’époque, nous partagions la même passion pour Israël et pour le sionisme, qui nous paraissait alors un idéal lointain. Trois décennies et demie plus tard, nos chemins ont divergé ; tu as mené ta carrière en France, qui t’a mené aux « sommets » de la géopolitique française, tandis que j’ai fait mon alyah et vis à Jérusalem depuis 30 ans.

 

Si je t’écris aujourd’hui publiquement, c’est parce que tu viens de publier sur le site du CRIF une interview dans laquelle – tout en revendiquant une « géopolitique humaniste » (sic) et en prônant une « Europe puissante » – tu qualifies Israël de « voyoucratie ». Je ne remets pas en question tes compétences de géopoliticien, que tu as prouvées en publiant plusieurs livres intéressants, depuis ta Géopolitique de Jérusalem que j’avais lue autrefois. Non, cher Frédéric, ce qui m’attriste et me choque, c’est la manière dont tu disqualifies le nouveau gouvernement israélien et voues aux gémonies notre petit pays, dans des termes qui conviendraient mieux au Monde diplomatique ou à L’Humanité qu’à un site communautaire juif (lequel aurait été mieux inspiré de ne pas laisser passer ces propos outranciers et insultants).

 

Car vois-tu, « voyoucratie » signifie, selon le Larousse, le « Pouvoir exercé par des voyous », ou le « gouvernement des voyous ». Est-ce vraiment ainsi que tu considères notre pays, la seule démocratie du Moyen-Orient, comme nous le proclamions alors, lorsque nous militions ensemble dans les rangs du Tagar, mouvement des étudiants juifs de France ? J’ai du mal à le croire. Je préfère penser que tu es, toi aussi, désinformé, à force de lire Le Monde et les autres médias français et que tu devrais venir plus souvent ici, au lieu d’asséner tes jugements à l’emporte-pièce depuis Paris.

 

Si l’envie te prenait de nous rendre visite, je pourrais te faire rencontrer Betsalel Smotrich, qui n’a selon toi « rien à faire au sein du gouvernement d’un État de droit » (depuis quand es-tu devenu l’autorité morale, habilitée à décider qui a le droit de siéger au gouvernement d’Israël ?) Tu constaterais que c’est un homme très intelligent et qui pourra sans aucun doute t’en apprendre beaucoup sur notre pays et sur notre Etat, que tu crois connaître. On peut certes ne pas partager ses opinions ou celles d’Itamar Ben Gvir, c’est ton droit le plus strict. Moi-même, en tant que traducteur et disciple de Jabotinsky, je peux comprendre ceux qui préféraient le Likoud d’autrefois à celui d’aujourd’hui. Mais je ne m’autoriserai jamais à insulter le gouvernement israélien comme tu le fais aujourd’hui.

 

Quant aux « actes tout à fait répréhensibles aux yeux de la loi israélienne » qu’auraient commis « Smotrich et Ben Gvir » selon toi, je te rappellerai ici quelques faits de notre jeunesse militante, puisque tu te permets de juger et de condamner sans appel les ministres du gouvernement de notre Etat. Quand nous étions tous deux militants du Tagar, branche étudiante du Betar, certains notables de la communauté nous qualifiaient aussi de « voyous ». A l’époque, tu savais bien que la justice était de notre côté, quand nous sifflions Robert Badinter au Vel D’Hiv, quand nous taguions « Arafat assassin » sur les murs, ou quand nous défilions fièrement avec le drapeau d’Israël dans les rues de Paris. Cela faisait-il de nous des « voyous » ?

 

Mais sans doute cette lettre est vaine, car tu évolues aujourd’hui dans des sphères bien différentes de celles que nous fréquentions jadis. Peut-être est-ce pour cela que tu te crois désormais autorisé à décider qui doit siéger dans le gouvernement israélien… et qui a la « compétence dans les domaines sécuritaires et/ou militaires » (quelles sont les tiennes pour écrire cela ?) J’ai appris que tu avais été nommé Chevalier de l’ordre du mérite et que tu avais reçu un « Grand Prix de géopolitique » décerné par le ministère des Affaires étrangères et que t’a remis le ministre en personne ! Je me suis laissé dire que tu entretenais des relations très amicales avec M. Le Drian, ce même ministre du quai d’Orsay qui « mettait en garde Israël contre le risque d’apartheid” » (« Oï a broch » aurait dit ma grand-mère).

 

Bien entendu, ceci ne justifie pas cela. On peut faire carrière en France, sans pour autant renoncer à ses convictions et à son passé. Il n’est plus nécessaire, comme à l’époque de Heine, de se convertir ou de renoncer à son identité pour être un bon Français. Qualifier Israël de « voyoucratie » ne t’apportera aucune distinction et aucun honneur (à moins que tu ne brigues le poste de ministre des Affaires étrangères ?) Je te prie donc, cher Frédéric, au nom de nos engagements et de notre lointaine amitié, de relire tes propos et de réfléchir à leur sens. L’erreur est humaine, mais comme tu le sais bien, « perseverare diabolicum ». Je terminerai par le salut traditionnel du Betar, dont tu n’as peut-être pas oublié le sens, celui de Yossef Trumpeldor, de Jabotinsky et des autres héros de notre jeunesse, Tel-Haï !


Pierre Lurçat

 

PS A Monsieur Yonathan Arfi, président du CRIF,

 

Est-ce vraiment le rôle du CRIF de publier des propos qui incriminent Israël et son gouvernement, surtout lorsqu’ils sont ceux d’un géopoliticien juif, considéré (à tort ?) comme pro-israélien ? Comment pourrez-vous encore protester quand les médias français insultent Israël et le qualifient de « démocratie illibérale » ou de « démocratie illusoire », si le CRIF lui-même cautionne le qualificatif de « Voyoucratie » apposé à l’Etat juif ? Et comment pensez-vous être accueilli par un ministre du gouvernement d’Israël lorsqu’il saura ce que vous publiez sur votre site ?

 

 

VERBATIM – LES PROPOS DE F. ENCEL SUR LE SITE DU CRIF

 

« Sur l’État hébreu, ce qui me préoccupe plus que la droitisation et le nationalisme – après tout, un nationaliste fervent, Begin, fit la paix avec l’Égypte, et un autre, Sharon, évacua toute la bande de Gaza – c’est la voyoucratie. Smotrich et Ben Gvir ont tenu des propos et commis des actes tout à fait répréhensibles aux yeux de la loi israélienne et, en outre, n’ont strictement aucune compétence dans les domaines sécuritaires et/ou militaires qu’ils prétendent révolutionner. Ces individus objectivement extrémistes n’ont à mon sens rien à faire au sein du gouvernement d’un État de droit, et pas davantage un Arié Derhy déjà lourdement condamné dans l’exercice de ses fonctions ministérielles et à nouveau mis en examen ! Jamais nulle part la voyoucratie n’est positive. »

L'entretien du Crif - Frédéric Encel, géopolitologue et essayiste : "Aux Européens d’avancer vers l’Europe puissance !" | Crif - Conseil Représentatif des Institutions Juives de France

F. Encel à la tribune d'une conférence du Tagar, 1992

F. Encel à la tribune d'une conférence du Tagar, 1992

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Gérard Araud dans le texte : Aux sources de l’antisémitisme du quai d’Orsay et de la politique française envers Israël, Pierre Lurçat

April 23 2019, 14:22pm

Posted by Pierre Lurçat

A Michel Darmon (1925-2012)

In memoriam

 

“Pour l’ancien ambassadeur français Gérard Araud, Israël est un Etat d’apartheid”. Derrière cette déclaration, rapportée cette semaine par tous les médias français, se cache une véritable tradition diplomatique et politique, qu’il n’est pas inutile de rappeler. De quoi s’agit-il? Ce qui se donne à entendre ici, ce ne sont pas les opinions personnelles de M. Araud, qui comptent peu en la matière. M. Araud n’est en effet qu’un modeste pion, presque dérisoire, sur le vaste échiquier de la “politique arabe” de la France. Mais il est aussi le digne continuateur d’une politique d’hostilité, d’incompréhension et de préjugés qui remonte en réalité à la France de l’affaire Dreyfus, des années 1930 et de Vichy.

 

Un diplomate à l’image du quai d’Orsay et de la politique française depuis Vichy


 

Comme le rappelle en effet David Pryce-Jones, dans un ouvrage essentiel sur le sujet paru en 2006 sous le titre évocateur Un siècle de trahison, La diplomatie française et les juifs, 1894-2007 (1), “les diplomates, acteurs et souvent concepteurs de la politique étrangère de la France, ont perçu, compris et imaginé les juifs… selon une perception qui a conduit à l’élaboration d’une politique dont la ligne directrice n’a en fait pratiquement pas varié entre l’affaire Dreyfus et la fin de la présidence de Jacques Chirac”.

 

Si “Israël est devenu pour la diplomatie française ‘le Juif des nations”, poursuit-il, c’est parce que la politique française est largement déterminée par “un petit nombre ‘hommes hautement motivés… qui entretiennent à l’égard des Juifs des préjugés très anciens et très classiques”. Dans son livre, Pryce-Jones cite de nombreux exemples abondant dans ce sens, comme celui de Pierre Landy, consul à Haïfa qui écrivait, sortant d’une rencontre avec Menahem Begin: “De mise modeste, il a le dehors effacé d’un petit commerçant de la rue d’Aboukir”(2). Quant à Maurice Fischer, premier ambassadeur israélien à Paris, il est ainsi décrit par Jacques Dumaine, alors chef du protocole du Quai d’Orsay : “doué du millénaire complexe d’infériorité de sa race. La conversation avec lui cesse d’être diplomatique pour devenir talmudique”.

 

De Gaulle accueillant Ben Gourion à Paris

 

Ces citations ne font pas figure d’exceptions, ou de “gaffes”, de la part des hommes du “Quai”. Elles expriment avec la plus grande fidélité la conception du monde et les préjugés antisémites des acteurs essentiels de la politique étrangère française. Et le plus étonnant est que rien n’a quasiment changé depuis lors… L’antisémitisme de la caste diplomatique (et d’autres élites anciennes) française est un élément constant, jamais démenti, et un facteur explicatif souvent occulté ou minimisé de la politique de la France vis-à-vis d’Israël. On en donnera pour illustration supplémentaire le cas de Jules Cambon, pourtant auteur de la déclaration pro-sioniste de 1917 qui porte son nom, qui considérait l’affaire Dreyfus comme un “complot sémite” et s’inquiétait de l’influence de la “finance juive” sur la politique américaine.

 

Dans cette unanimité troublante, une rare exception mérite d’être mentionnée. Celle de l’ambassadeur de France Pierre-Eugène Gilbert, en poste en Israël entre 1953 et 1959 - époque de l’éphémère “lune de miel” franco-israélienne, qui fut un véritable admirateur d’Israël, parlant l’hébreu et ami de plusieurs dirigeants israéliens, et notamment de David Ben Gourion. Si Gilbert n’était pas anti-israélien, rapporte David Pryce-Jones, c’est pour la bonne raison qu’il n’avait pas, contrairement à la plupart de ses collègues, servi le gouvernement de Vichy. Au contraire, il avait été membre de la commission d’épuration du quai d’Orsay (dont le travail fut très restreint et peu efficace).

 

La rue au nom de Pierre Eugène Gilbert à Natanya

 

C’est dans ce contexte historique et idéologique qu’il faut comprendre les récentes déclarations de l’ancien ambassadeur Araud et de son responsable ultime, qui n’est autre que le président français Emmanuel Macron. Si ce dernier peut s’autoriser à demander à Israël, avec une incroyable houtspa, de débloquer les fonds des impôts reversés à l’AP destinés aux familles des terroristes assassins de juifs, c’est aussi au nom de cette tradition antisémite de la politique française. J’ajouterai que la “politique arabe” et son revers, la politique antijuive de la France, sont souvent contraires aux intérêts bien compris de la France (3). Comme le disait le regretté Michel Darmon, ancien président de France-Israël Général Koenig, auquel ces lignes sont dédiées, “‘l’histoire des peuples n’est pas l’histoire des Etats”. Autrement dit, le peuple français n’est pas représenté par l’antisémitisme de ses diplomates et de ses dirigeants.

Pierre Lurçat

 

L’ingénieur général M. Darmon z.l.

 

1. Denoël 2008.

2. Ajoutons que l’expression “petit commerçant de la rue d’Aboukir” ne peut être péjorative que dans la bouche d’un véritable antisémite.

3. Comme l’avait bien compris Jabotinsky, dans le compte-rendu qu’il donne de sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères français Delcassé. Voir http://vudejerusalem.over-blog.com/2018/09/les-annees-parisiennes-de-vladimir-zeev-jabotinsky-pierre-i.lurcat.html

 

Gérard Araud dans le texte : Anti-américanisme, orgueil démesuré et antisionisme qui frôle l’antisémitisme. Extraits de ses déclarations les plus marquantes.

 

1) En tant qu’ambassadeur en Israël (à “Tel-Aviv”, puisque la France s’obstine à ne pas reconnaître Jérusalem comme capitale de l’Etat juif)

 

En 2003, juste avant d’être nommé à Tel-Aviv, un journaliste israélien écrit l’avoir entendu traiter, lors d’une discussion privée à Paris, le Premier ministre Ariel Sharon de "voyou" et Israël de "pays paranoïaque", des propos immédiatement démentis.

 

SOURCE

https://www.lejdd.fr/International/Portrait-Gerard-Araud-l-homme-de-la-guerre-en-Libye-325547-3111662

 

A deux jours de l’arrivée de Manuel Valls en Israël, l’ambassadeur de France à Washington, Gérard Araud, dont l’hostilité à Israël est connue, a commis une indiscrétion qui révèle les dessous de l’initiative diplomatique française. Un petit twitt de l’ambassadeur explique pourquoi le France tient tant à la tenue d’une conférence internationale et non à une reprise des pourparlers directs comme le souhaitent Américains et Israéliens.

« Lors de négociations directes, l’avantage est à la partie forte dans l’histoire, c’est à dire à Israël. Les Palestiniens ne veulent pas de cette formule, c’est pour cela que nous tentons un compromis ». Aucune réaction pour le moment à Jérusalem mais le message est clair: cette conférence a pour objectif de mettre une nouvelle fois Israël au pied du mur et de le désigner comme responsable d’un échec prévisible.

SOURCE

https://lphinfo.com/un-petit-twitt-de-lambassadeur-de-france-aux-usa-revele-les-dessous-de-linitiative-francaise/

 

Il y a une sorte de névrose dans ce pays. Une névrose antifrançaise”, a déclaré Gérard Araud sur une radio militaire israélienne.

 

https://www.courrierinternational.com/article/2004/12/23/france-antisemite-ou-israel-francophobe

 

2) En tant qu’ambassadeur à Washington :

Gérard Araud a réitéré la gaffe symptomatique de Raymond Barre après l’attentat de la rue Copernic à Paris en 1980.

L’ambassadeur a écrit une lettre aux citoyens français qui résident aux Etats-Unis à propos des attentats de Paris. Cette lettre a provoqué de nombreux remous, tout particulièrement auprès des citoyens français juifs. Non seulement Gérard Araud n’a pas daigné citer l’organisation qui est responsable des attentats mais il a écrit entre autres: « …les terroristes tentent de saboter les fondements de notre société: hier des journalistes et des juifs, aujourd’hui des citoyens ordinaires dont le seul crime a été de vouloir profiter de la vie…. ».

De nombreux juifs français résidant aux Etats-Unis ont très mal pris cette allusion et en ont fait part de diverses manières afin d’exprimer cette différence établie entre les juifs et les « citoyens ordinaires ».

SOURCE

https://lphinfo.com/propos-douteux-de-lambassadeur-de-france-aux-etats-unis/


 

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