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« Sauver la démocratie » ou rétablir le pouvoir souverain du peuple ? Trois réflexions sur la réforme judiciaire, Pierre Lurçat

January 15 2023, 15:56pm

Posted by Pierre Lurçat

(photo credit: TOMER NEUBERG/FLASH90)

(photo credit: TOMER NEUBERG/FLASH90)

 

1.

Sujet politique brûlant, la réforme judiciaire est également un dossier complexe, qu’on ne peut comprendre sans avoir quelques notions essentielles sur l’histoire juridique d’Israël et plus précisément sur son « histoire constitutionnelle »[1]. Dans le débat politique actuel, c’est souvent, hélas, la démagogie qui triomphe, au détriment du débat véritable.  Le plus grand mensonge des adversaires de la réforme judiciaire en Israël consiste ainsi à prétendre que celle-ci va « supprimer la Cour suprême », « abolir l’Etat de droit » ou « instaurer une dictature du peuple », toutes sortes d’expressions (liste partielle) qui voudraient faire croire que la réforme (qualifiée de « révolution », de « coup d’Etat » ou de « changement de régime ») a des objectifs politicides et destructeurs.

 

En réalité, la réforme menée par Yariv Levin – lequel en a élaboré les principes il y a plus de dix ans (je renvoie à l’interview qu’il m’avait accordée en janvier 2012 pour Israël Magazine) – vise principalement à rééquilibrer le système judiciaire israélien et à rétablir la séparation des pouvoirs en Israël. Elle a également pour objectif de restaurer la confiance du public dans l’institution qui fut jadis considérée comme le fleuron de la démocratie israélienne, la Cour suprême, et qui est devenue aujourd’hui une institution ultra-politisée et a perdu la confiance d’une large partie du public, en raison de l’hybris du juge Aharon Barak.

 

2.

 

Ceux qui prétendent « sauver la démocratie » contre le peuple attestent de la dévaluation significative des notions de majorité, de « vox populi » et de l’idée même de démocratie parlementaire, à laquelle nous assistons depuis plusieurs décennies en Israël et ailleurs en Occident. Il y a là un phénomène inquiétant pour l’avenir de la démocratie, qui est en réalité mise en péril par ceux-là même qui prétendent la « sauver ».

 

Comme me l’expliquait récemment Pierre-André Taguieff, auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet, « l'antidémocratisme contemporain est un effet du consensus antipopuliste, qui lui-même est inséparable d'un antinationalisme amalgamant et diabolisant État-nation, sentiment national, identité nationale, etc., et racisme. C'est ce que j'ai appelé naguère (début des années 1990, l'antinationisme »[2].

 

3.

 

Un des arguments souvent entendus ces dernières semaines consiste à poser la question de savoir ce qui se passera, si le gouvernement israélien vote demain une loi qui porte atteinte aux droits élémentaires d’une catégorie de citoyens ? Le « subtexte » de cette question importante étant que toute réforme qui « rogne » les ailes de la Cour suprême risque de se retourner contre les droits fondamentaux des citoyens ou d’une partie d’entre eux… La question est importante et mérite réflexion. Mais la réponse nous a en fait déjà été donnée dans l’histoire récente d’Israël.

 

En effet, quand un gouvernement démocratiquement élu a voté une loi pour expulser de leurs maisons des citoyens innocents et les priver de leurs biens légalement acquis, qu’a fait la Cour suprême ? Elle a entériné l’injustice flagrante à la quasi-unanimité (à la seule exception du juge Edmond Levy, dont la voix minoritaire sauva l’honneur de l’institution dont il faisait partie). C’était en 2006. Les citoyens en question étaient les habitants du Goush Katif.

 

Cet exemple qui mérite d’être gravé dans les livres d’histoire judiciaire d’Israël montre que le « pouvoir des juges » ne permet en rien de protéger la démocratie et les droits fondamentaux contre l’excès du pouvoir. En réalité, la probabilité que 11 juges se trompent est bien plus élevée que celle qu’un peuple tout entier vote – par le biais de ses représentants – des lois iniques. Ce qui ne veut pas dire que le peuple est incapable de se tromper, mais plus simplement que la démocratie est « le pire des régimes, à l’exception de tous les autres ». La remplacer par un « gouvernement des juges » comme l’a fait Aharon Barak ne résout aucun problème. L’enjeu actuel, comme l’explique de manière convaincante Caroline Glick, n’est pas de « sauver la démocratie » contre la réforme judiciaire, mais bien de rétablir la démocratie contre le gouvernement des juges.

Pierre Lurçat

 

[1] Je renvoie à mon long article sur ce sujet, « Comment la Cour suprême est devenue le premier pouvoir en Israël », Pardès mars 2021.

[2] Communication personnelle de l’auteur, 14.1.2023.

La synagogue de Névé Dekalim, détruite après le retrait de Gaza

La synagogue de Névé Dekalim, détruite après le retrait de Gaza

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Le fil invisible, entre Günter Grass et David Grossman, Pierre Itshak Lurçat

February 13 2018, 09:23am

Posted by Pierre Lurçat

Le fil invisible, entre Günter Grass et David Grossman, Pierre Itshak Lurçat

A l'occasion de l'attribution du Prix d'Israël à David Grossman, je publie ici un chapitre de mon livre La trahison des clercs d'Israël, consacré à l'écrivain et à ses prises de position politiques. P.L.

Dans son roman Le livre de la grammaire intérieure, David Grossman décrit un enfant qui refuse de grandir et veut échapper à tout prix à la folie du monde des adultes, au point de se suicider. Ce thème est similaire à celui du Tambour, œuvre maîtresse du romancier allemand Günter Grass. Il n'y a apparemment aucune signification politique dans cet emprunt littéraire, mais il nous dit quelque chose sur les références culturelles du romancier israélien, dont l’œuvre - très appréciée dans son pays - l’est au moins au tant en Europe, où il fait partie du « triumvirat » des écrivains israéliens (Amos Oz, A.B. Yéhoshua et Grossman) les plus cités et reconnus.

 

Une chose relie pourtant les deux écrivains « engagés », à travers cet emprunt littéraire : dans leTambour, le jeune Oskar refuse de grandir dans l’Allemagne nazie. Dans le Livre de la grammaire intérieure, Aaron veut échapper au monde israélien de la période de la Guerre des Six Jours. Dans les deux cas, l’écrivain exalte la pureté et l’innocence du monde des enfants, opposée à la folie meurtrière des adultes, nazis dans le premier cas, Israéliens dans le second.

 

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Le Tambour, film de Volker Schlöndorff tiré du roman de G. Grass

 

Cette symétrie m’est revenue à l’esprit en suivant la polémique déclenchée par les propos scandaleux de l’écrivain allemand – dont j’avais aimé, autrefois, l’adaptation cinématographique de son grand roman. Quand Günter Grass accuse Israël de « menacer la paix mondiale » et de vouloir « l’éradication du peuple iranien », il recourt au procédé de l’inversion, consistant à accuser Israël des crimes de ses ennemis, procédé devenu très courant dans la vulgate politique européenne, ces dernières décennies, au moins depuis la Première Guerre du Liban (quand Beyrouth assiégée par les soldats de Tsahal était devenue Varsovie, aux yeux d’une certaine presse)…

Les condamnations presque unanimes des propos de Grass tiennent sans doute largement au fait que l’écrivain avait dévoilé publiquement, il y a quelques années, son appartenance aux Waffen-SS dans sa jeunesse, devenant de ce fait indéfendable.

 

Mais curieusement, ceux-là mêmes qui ont dénoncé justement les propos de Günter Grass ont applaudi des deux mains à un article de David Grossman sur le même sujet, aboutissant à une conclusion similaire, même si le ton employé est très différent. S’interrogeant sur la légitimité et l’opportunité d’une attaque préventive israélienne contre l’Iran, Grossman accuse en effet le premier ministre Nétanyahou de recourir à une « rhétorique apocalyptique » et d’être prêt à sacrifier des civils iraniens innocents et à déclencher une « catastrophe immédiate et annoncée » pour éviter un risque hypothétique…

 

Meir_Dagan.jpgLe débat sur l’opportunité d’une attaque contre l’Iran est certes légitime, et il se poursuit en Israël depuis déjà plusieurs années (on se souvient de l’intervention fracassante de l’ancien chef du Mossad, Meir Dagan - en photo ci-contre - il y a quelques années). Ce qui est moins légitime, c’est la manière dont Grossman justifie son opposition à une attaque israélienne contre l’Iran. Tout d’abord, parce qu’il choisit de s’exprimer dans un quotidien français, au lieu de présenter ses arguments au public israélien, premier concerné. Ensuite, parce qu’il accuse Nétanyahou d’utiliser une rhétorique apocalyptique et de faire des « références constantes à la Shoah » (accusation récurrente de la gauche israélienne qui l’employait déjà contre Menahem Begin à l’époque du bombardement de la centrale irakienne d’Osirak). Cette accusation est d’autant moins fondée qu’Israël fait face à l’Iran d’Ahmadinejad, qui est, pour le coup, le maître de la rhétorique apocalyptique… On retrouve ici – sous la plume de Grossman – le procédé de l’inversion utilisé par Günter Grass.

 

 

Or, si on peut parler de « rhétorique apocalyptique » dans le discours politique israélien, c’est plutôt du côté de la gauche, toujours prompte à menacer de catastrophes imminentes si Israël ne fait pas de concessions territoriales et n’accepte pas les exigences de ses ennemis… L'histoire récente d’Israël est parsemée de prévisions apocalyptiques de la part des tenants du « camp de la paix », depuis la menace démographique (à l’époque du processus d’Oslo) et jusqu’au « tsunami politique » promis en septembre dernier si le gouvernement n’acceptait pas tous les diktats palestiniens pour retourner à la table des « négociations »…

 

Grossman est représentatif de cette gauche israélienne, devenue depuis longtemps ultra-minoritaire dans l’opinion israélienne, qui se tourne exclusivement vers le public occidental, européen ou américain, pour trouver une oreille attentive à ses propos acerbes contre le gouvernement israélien, surtout lorsqu’il est de droite… La haine envers Nétanyahou qui règne dans une large partie de l’establishment culturel et politique de gauche israélien n’a rien à envier à celle que lui vouent beaucoup de journalistes en Europe et ailleurs. (Sans parler d’Avigdor Lieberman, devenu lui aussi la bête noire de tous les bien-pensants).

 

Pour apprécier à leur juste valeur les propos de Grossman concernant l’Iran, il faut se souvenir qu’il appartient à un mouvement politique (La Paix maintenant), financé par l’Union européenne, qui s’est régulièrement trompé depuis trois décennies… Les intellectuels et artistes comme Grossman ou Amos Gitaï doivent une grande partie de leur notoriété en Europe à leurs attaques contre le gouvernement de leur pays (il y a quelques années, Grossman s’interrogeait publiquement sur son désir de quitter le pays et des centaines – voire des milliers – d’Israéliens d’extrême-gauche ont déjà franchi le pas et sont aujourd’hui résidents d’Europe ou d’Amérique, où on les retrouve souvent aux premiers rangs des appels au boycott d’Israël…)

 

 

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Le lien entre Grass et Grossman évoqué ci-dessus ne se limite pas, en définitive, à un simple emprunt littéraire. La fondation Günter Grass a en effet accordé à Grossman le prix Albatros en 2008. Ce n’était pas le premier prix allemand décerné à l’écrivain israélien, qui avait déjà obtenu le « Buxtehuder Bulle », et il est également Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres. D’autres écrivains israéliens ont reçu des prix en Europe, et notamment en Allemagne, comme Amos Oz, titulaire du Prix Goethe. On peut y voir une simple marque d’estime et de reconnaissance pour leur talent d’écrivain. Mais ce serait une erreur à mon avis. Car ces prix prestigieux, parfois dotés de montants considérables, créent des liens de dépendance et d’allégeance entre les écrivains israéliens et les pays européens, connus pour leur hostilité à la politique israélienne.

 

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On peut se demander si les prises de position d’Amos Oz ou de David Grossman – comme l’opposition de ce dernier à une attaque israélienne contre l’Iran – ne sont pas en définitive la contrepartie, ou le tribut versé par ceux-ci, pour « mériter » les prix reçus en Europe. Car l’emprunt littéraire de Grossman à Günter Grass est, lui,  gratuit et ne tire pas à conséquence. Mais les dons reçus, en tant que Prix, de la Fondation Günter Grass et d’autres organismes allemands, sont eux, à titre onéreux : le prix à payer, pour David Grossman comme pour les autres écrivains-pacifistes adulés des médias européens, est de continuer encore et toujours à accuser le gouvernement et l’Etat d’Israël, et à s’opposer à toute action militaire de Tsahal, à Gaza ou en Iran, fut-ce contre des ennemis voués à notre destruction.

(Extrait de La trahison des clercs d'Israël, La Maison d'édition, 2016)

 

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Comment Israël a perdu la guerre psychologique contre le Hamas, Pierre Lurçat

December 3 2018, 08:51am

Posted by Pierre Lurçat

 

Lors du dernier round d’affrontement à Gaza, le Hamas a utilisé son arme la plus efficace : la guerre psychologique. Dans la guerre incessante que le mouvement islamiste radical mène contre Israël, il peut en effet compter sur l’aide que lui apportent, le plus souvent involontairement, les médias israéliens, pour faire pression sur l’opinion publique et sur le gouvernement de leur propre pays, comme me l’avait expliqué il y a déjà plusieurs années Meir Indor, dirigeant de l’association de victimes du terrorisme Almagor.

 

Lieutenant-colonel de réserve, ancien membre de plusieurs unités d’élites, il aurait pu, après sa carrière militaire, se lancer dans les affaires ou dans la politique, comme tant d'autres. Mais Meir Indor a préféré se consacrer au renforcement d’Israël, d’abord en fondant Sar-El (le fameux « volontariat civil ») grâce auquel des milliers de Juifs du monde entier ont découvert Tsahal et Israël, puis en créant Almagor, association des victimes du terrorisme qui lutte sans relâche contre la libération de terroristes arabes.

Je publie ci-dessous un extrait de l'interview que Meir INDOR m'avait accordée pour ISRAEL MAGAZINE en septembre 2007. Son analyse n'a rien perdu hélas de son actualité... P.I.L


 

Meir Indor 3.jpg

 

Pour Meir Indor, l’événement décisif qui l’a amené à s’occuper des victimes du terrorisme remonte à 1986, lors de la fameuse « transaction Djibril » - l’échange de quelques soldats israéliens contre un millier de terroristes. Jusqu’alors, Israël n’avait jamais cédé aux exigences des terroristes, préférant lancer des opérations de sauvetage risquées, parfois au prix d’échecs retentissants comme celui de Maalot, plutôt que de négocier. Cette politique a pris fin avec l’affaire Djibril, qui a joué un rôle funeste dans le déclenchement de la première Intifada. Indor a compris, bien des années plus tard, que c’était la pression des familles des soldats qui avait brisé la détermination du gouvernement. Ahmed Djibril lui-même a relaté qu’il avait fait monter les enchères, lorsqu’il avait réalisé que l’opinion publique israélienne était prête à payer très cher pour le retour des soldats. Parmi les terroristes libérés figuraient plusieurs dirigeants, dont le cheikh Yassine, fondateur du Hamas.

 

Ahmed Yassine

Depuis cette date, les terroristes palestiniens ont compris qu’ils pouvaient faire plier Israël, en se servant de l’opinion et des médias israéliens pour faire pression sur le gouvernement. Curieusement, cet aspect fondamental de la guerre terroriste – faire peur, influencer et « terroriser » l’ennemi – est très peu présent dans le débat public en Israël aujourd’hui. C’est sans doute sur ce terrain essentiel que l’Etat juif, dont les unités de lutte antiterroriste comptent parmi les plus efficaces au monde, a perdu la guerre psychologique contre le Hamas et les autres organisations terroristes. « La société israélienne tout entière est devenue l’otage du Hamas », affirme Meir Indor, qui rappelle que la peur est l’arme principale des terroristes depuis toujours. C’est d’ailleurs précisément pour cela qu’il a nommé son organisation Almagor, qui veut dire « sans crainte ».

 

Indor dénonce avec véhémence le « blitz médiatique » auquel a été soumise l’opinion publique israélienne dans les jours qui ont précédé « l’échange de prisonniers » avec le Hezbollah. Alors que l’establishment de la Défense unanime s’opposait à la transaction, l’émissaire israélien Ofer Dekel a expliqué aux familles des soldats Ehoud Goldwasser et Eldad Regev qu’il fallait se servir des médias, pour contourner l’échelon politique et sécuritaire. Et de fait, l’immense majorité des médias israéliens se sont engagés en faveur des familles des deux soldats, sans laisser s’exprimer ceux qui, comme Almagor, s’opposaient à cet « échange ». Meir Indor cite la déclaration de Karnit Goldwasser – la femme d’Ehoud z.l. – qui déclarait au lendemain du retour des deux corps des soldats israéliens : « sans l’aide des journaux, nos soldats ne seraient pas revenus ». Mais ce ne sont pas seulement les familles qui se sont, de manière compréhensible et naturelle, mobilisées pour le « retour » des soldats.

 

Manifestation du “Forum des familles endeuillées”

 

En réalité, m’explique Indor, il y a des dizaines d’associations et d’organismes qui œuvrent sans relâche pour faire pression sur le gouvernement, afin qu’il relâche des terroristes contre les otages israéliens, morts ou vivants. A ce combat participent ainsi les organisations arabes, pour qui la libération des « prisonniers » est une revendication fondamentale, mais aussi des organismes israéliens, souvent financés par l’Union européenne, comme le « Forum des familles endeuillées » fondé par Itshak Frankenthal. Frankenthal, dont le fils Arik a été assassiné par des terroristes du Hamas en 1995, est devenu depuis lors un militant pacifiste convaincu. Il multiplie les interviews dans les médias étrangers, se rend souvent dans les villes palestiniennes pour promouvoir la « paix » et était même présent à l’enterrement du grand « homme de paix » (et Prix Nobel) Yasser Arafat…

 

hamas-Arafat-Yassin.jpeg

Sur le site de l’Institut Arik, créé par Frankenthal, on trouve une page remerciant le gouvernement espagnol pour sa contribution. L’Union européenne et ses Etats membres financent en effet de multiples associations israéliennes qui œuvrent pour la « paix », c’est-à-dire pour la création d’un Etat arabe palestinien en Judée-Samarie et contre la présence juive dans ces territoires. Aux yeux de Meir Indor, il s’agit tout simplement de transformer l’Etat juif en Etat de « tous ses citoyens », c’est-à-dire en Etat post-sioniste. Ce qui l’amène à déclarer sans ambages que l’Union européenne est devenue « l’ennemi numéro 2 de l’Etat d’Israël ».

 

80 % des terroristes libérés reprennent leurs attentats

Pour tenter de contrer cette propagande pacifiste, Almagor mène un combat incessant au sein de l’opinion publique israélienne, en rappelant que les terroristes libérés reprennent presque toujours leurs activités criminelles. Une étude récente montre que 80 % des terroristes libérés reprennent leurs activités, souvent avec une motivation accrue. Almagor a établi la liste détaillée des attentats commis par des terroristes libérés par Israël et de leurs victimes. Exemple : Mourad Kvassama, terroriste libéré en janvier 2004, en échange du marchand de drogue Elhanan Tenenbaum, a commis de nombreux attentats après sa libération, dont celui du 31 août 2004 à Beersheva, qui fit 16 morts et des dizaines de blessés. Autre exemple : Mahmoud Hamdan commit un nouvel attentat 2 mois après sa libération, tuant Eyal Birnbaum et le bébé Shaked Avraham en 2003, à Negohot, la veille de Rosh Hashana…

 

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Photo des victimes de terroristes libérés depuis l’année 2000

 

Ces deux exemples parmi tant d’autres montrent combien il est stupide et criminel de libérer des terroristes, y compris ceux qui n’ont « pas de sang sur les mains » (pour la seule raison qu’ils n’ont pas réussi à mettre leurs projets d'attentats à exécution !) Chaque terroriste libéré met en danger la vie de dizaines de citoyens juifs innocents, hommes, femmes et enfants, qui paient de leur vie la décision de libérer des assassins, prise par des gouvernements israéliens soumis à la pression des médias et de l’opinion publique. Cette réalité terrible, et les photos des victimes sur le site de l’association Almagor, devraient faire réfléchir ceux qui, souvent par naïveté et avec les meilleures intentions du monde, manifestent en Israël pour la « libération de Gilad Shalit », sans réfléchir au prix terrible qu’il faudra payer et aux victimes innocentes qui succomberont inévitablement en conséquence de la remise en liberté de centaines de terroristes.

Pierre Lurçat

Site de l’association Almagor : http://www.al-magor.com

Mon livre “Israël, le rêve inachevé” vient de paraître aux éditions de Paris/Max Chaleil. Il est disponible sur Amazon, ou peut être commandé dans toutes les bonnes librairies.

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Qui est véritablement Binyamin Nétanyahou ? par Pierre Lurçat - Bibi, la vie et l’époque turbulente de Benjamin Netanyahou

November 28 2018, 08:25am

Posted by Pierre Lurçat

Qui est véritablement Binyamin Nétanyahou ? par Pierre Lurçat - Bibi, la vie et l’époque turbulente de Benjamin Netanyahou

 

L’éditorialiste de Makor Rishon Haggai Segal rapportait vendredi dernier l’anecdote suivante. L’ancien Premier ministre israélien Itshak Shamir lui avait dit, au cours de son mandat, que le jour où le journal Ha’aretz ferait son éloge, il aurait  de quoi s’inquiéter… Ce jour est venu, non pas pour Itshak Shamir - demeuré un modèle de fermeté face aux pressions intérieures et extérieures (notamment à l’époque du président Georges W. Bush), mais pour l’actuel Premier ministre, Benjamin Nétanyahou. Ce dernier a en effet été qualifié la semaine dernière, dans les colonnes du journal des élites israéliennes, “d’homme de paix” et d’un “des dirigeants les plus anti-guerre que nous ayions connus” en Israël.

 

L’auteur de ce éloge inattendu n’était autre que Gideon Levi, éditorialiste du Ha’aretz et une des voix les plus radicales de l’extrême-gauche israélienne. Cela n’empêche pas les médias internationaux de continuer à présenter Nétanyahou comme un empêcheur de paix et son gouvernement comme “le plus à droite que l’Etat d’Israël ait jamais connu...” Au-delà des qualificatifs - souvent erronés ou excessifs - que les médias utilisent à son endroit, il est vrai que Nétanyahou demeure à de nombreux égards une énigme. Le 14e Premier ministre israélien, qui est en passe de ravir à David Ben Gourion le record de longévité à ce poste, est tantôt décrit comme un modèle de pragmatisme - voire d’opportunisme politique - tantôt comme un idéologue de droite. Qui est-il vraiment?


 

La biographie que lui a consacré le journaliste Anshel Pfeffer (1) apporte des éléments de réponse à cette question, qui continue de tarauder les meilleurs observateurs de la scène politique israélienne depuis plus de deux décennies. En tant que contributeur du quotidien Ha’aretz - qui n’épargne pas le Premier ministre et sa famille - Pfeffer a réussi à écrire une biographie équilibrée, en évitant de tomber dans l’excès ou dans la caricature. Il décrit ainsi, dans les premiers chapitres de son livre, l’environnement dans lequel a grandi Benjamin, ses deux frères Ido et Yoni (qui trouvera la mort lors de l’opération héroïque de sauvetage des otages à Entebbé), et leurs parents, le professeur Bentsion Nétanyahou et sa femme.

 

L’auteur relate avec talent l’ascension politique de Nétanyahou, d’abord au sein de l’ambassade d’Israël aux Etats-Unis, où il devient le protégé de Moshe Arens, puis en tant qu’ambassadeur aux Nations-Unis, en 1984, où il se fait remarquer pour ses talents de diplomate et d’orateur hors-pair. Dès cette époque, le jeune Benjamin Nétanyahou fait en effet preuve de dons exceptionnels pour la “hasbara” (terme difficile à traduire qui désigne la capacité de défendre une politique), à la tribune et dans les coulisses des Nations unies. Pfeffer rapporte ainsi la manière dont “Bibi” utilise des éléments visuels pour appuyer son argumentation, n’hésitant pas à projeter un film  montrant un diplomate tentant vainement de téléphoner au Liban pour illustrer l’état d’anarchie régnant dans le pays. Trente ans plus tard, il utilisera des moyens similaires pour démontrer au monde entier la duplicité de l’Iran.

 

A l’ONU - un don incontestable pour la “hasbara”


 

La qualité majeure de Benjamin Nétanyahou , tel qu’il ressort du livre d’Anshel Pfeffer, est incontestablement celle d’animal politique. Doté d’un charisme exceptionnel, il sait manoeuvrer à travers les écueils de la politique intérieure israélienne, et fait montre d’une capacité d’analyse et de compréhension rarement égalées par ses pairs. Issu d’une famille jabotinskienne réputée, mais relativement à l’écart de la vie politique du fait de son exil aux Etats-Unis, Nétanyahou parvient à doubler plusieurs concurrents parmi les “Princes du Likoud” - et notamment David Lévy, qui deviendra un rival féroce.


 

Un animal politique

 

Dans des pages intéressantes de son ouvrage, Pfeffer montre les rapports ambivalents entre Bibi et Itshak Shamir, qui le considère comme superficiel et incapable de résister aux pressions. Un des chapitres les plus instructifs est celui qui retrace le premier mandat de Nétanyahou, arrivé au pouvoir contre toute attente, en 1996, au lendemain de l’assassinat d’Itshak Rabin (au sujet duquel Pfeffer dissipe la calomnie voulant que Bibi ait participé à des manifestations “incitant” au meurtre…(2) A l’âge de 46 ans, il devient le plus jeune Premier ministre israélien depuis 1948.

 

Quelle a été l’influence de sa famille sur Bibi? Sur ce point crucial - que j’aborde dans mon dernier livre, dans un chapitre consacré à Bentsion Nétanyahou (3) - l’auteur apporte des éléments de réponse intéressants. Ainsi, on découvre comment “Bibi” a souffert du sentiment d’insatisfaction que son père éprouvait à son égard. “”Il aurait sans doute fait un meilleur ministre des Affaires étrangères que Premier ministre”, dira un jour Bentsion de son fils, pour la plus grande joie de ses adversaires. Le dernier chapitre du livre s’intitule, de manière éloquente, “Stuck on top”, “coincé au sommet”.

 

Bentsion Netanyahou et son fils, lors d’une cérémonie en souvenir de Yoni


 

A l’heure où ces lignes sont écrites, “Bibi” donne toujours l’impression d’être irremplaçable, y compris aux yeux de ses plus farouches adversaires. L’impuissance qu’il a manifestée face au Hamas au cours des derniers mois pose, une fois de plus, la question de sa succession. Car au-delà de ses succès - en diplomatie notamment et en économie - les “années Bibi” auront aussi été celles d’une lente et irrésistible érosion de la force de dissuasion de Tsahal, après les retraits de Gaza et du Sud-Liban aux conséquences désastreuses, orchestrés par deux de ses prédécesseurs, Ariel Sharon et Ehoud Barak.

 

Bien entendu, Nétanyahou n’est pas le seul responsable de cet état de fait préoccupant. A plusieurs reprises, il s’est opposé à l’establishment militaire et sécuritaire - notamment sur le dossier iranien - pendant ses deux derniers mandats, comme le rapporte Pfeffer. Ce sont souvent les chefs de l’armée, du Mossad et des autres services de sécurité qui ont freiné les initiatives militaires, contre l’Iran et contre ses bras armés que sont le Hezbollah et le Hamas. Qui saura ramener à Israël son indispensable force de dissuasion militaire d’antan? La question reste ouverte.

Pierre Lurçat

 

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Pierre Lurçat pour Dreuz.info.

 

Notes

(1) Anshel Pfeffer, Bibi: The Turbulent Life and Times of Benjamin Netanyahu: Basic Books 2018.

(2) Rappelons que le fameux poster représentant Itshak Rabin z.l en uniforme S.S. était la création de l’agent du Shabak, Avishaï Raviv.

(3) Mon dernier livre, Israël le rêve inachevé, Quel Etat pour le peuple juif?, vient de paraître aux éditions de Paris/Max Chaleil.

Je parle du livre sur Dreuz.info au micro de Jean-Patrick Grumberg : https://www.dreuz.info/2018/11/27/interview-pierre-lurcat-a-propos-de-son-dernier-livre-israel-le-reve-inacheve-le-juif-apprend-toujours-par-les-catastrophes/

 

 

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Droit, morale et politique : Trois réflexions sur Binyamin Nétanyahou et l’avenir d’Israël, Pierre Lurçat

March 7 2019, 15:34pm

Droit, morale et politique :  Trois réflexions sur Binyamin Nétanyahou et l’avenir d’Israël, Pierre Lurçat

 

Au lendemain de l’annonce dramatique de la procédure d’inculpation visant le Premier ministre Binyamin Nétanyahou, l’impression générale était que la campagne menée depuis des années contre lui et contre sa famille venait enfin de déboucher sur un résultat concret et que sa chute n’était plus qu’une question de temps. Mais au-delà des titres racoleurs de la presse, qu’en est-il véritablement des accusations qui pèsent sur lui? Nétanyahou est-il vraiment l’homme corrompu que décrivent les médias israéliens - souvent repris par la presse internationale - faisant fi de la présomption d’innocence et de tous les principes du droit au nom desquels ils prétendent s’exprimer?

 

Une campagne menée depuis des années contre Binyamin Netanyahou et sa famille


 

1) Le mensonge du droit : ‘summum jus’, summa injuria

 

Du point de vue strictement juridique, comme l’a écrit le professeur Dershowitz, autorité en la matière, représentant éminent de la fraction de la gauche juive américaine restée fidèle à Israël (et soutien traditionnel du parti démocrate aux Etats-Unis), “les relations entre le monde politique et les médias - et entre les politiciens et les rédacteurs en chef - sont trop nuancées et complexes pour être soumises à la main de fer du droit pénal”. “Renverser un Premier ministre dûment élu sur le fondement de l’application sans précédent d’une loi pénale large et extensible met en danger la démocratie”(1).

 

Mais les arguments juridiques, aussi fondés soient-ils, n’épuisent pas le débat autour des procédures visant le Premier ministre. Celles-ci mêlent en effet de manière inextricable le droit, la morale et la politique politicienne. L’appareil juridique n’est, ici comme ailleurs, qu’un outil au service d’une croisade politique, comme l’ont démontré les manifestants qui se sont réunis, semaine après semaine, devant le domicile du procureur de l’Etat Avishaï Mandelblit, pour l’appeler à inculper Nétanyahou, par une campagne de pression sans précédent et contraire à tous les principes de l’Etat de droit et de la démocratie.

 

Si les opposants à Nétanyahou avaient véritablement pour préoccupation première la justice et la morale -  et cette critique vise tout autant les responsables de la police et de la justice qui se sont acharnés contre lui ces dernières années - ils ne pratiqueraient pas la politique du “deux poids deux mesures” de manière aussi éhontée. Car la corruption politique n’est pas un phénomène nouveau en Israël.

 

Où étaient ses pourfendeurs, durant les affaires qui ont égrené la vie politique israélienne pendant des décennies, depuis “l’île grecque” d’Ariel Sharon, la “Mitsubishi” de Gonen Segev (aujourd’hui emprisonné pour trahison au profit de l’Iran) et jusqu’aux affaires mêlant Ehoud Olmert? A l’époque, ils ont “rempli d’eau leur bouche”, dans le meilleur des cas, quand ils n’ont pas soutenu les dirigeants incriminés - Ariel Sharon notamment - au nom de leurs intérêts politiques étroits et de leur idéologie. Pour promouvoir les accords d’Oslo ou le “retrait” de Gaza, tous les moyens étaient bons. La fin justifiait les moyens.

 

Synagogue détruite au Goush Katif - quand la fin justifiait les moyens


 

2) Le mensonge de l’argument moral

 

Ce même double standard moral est apparu ces derniers jours, quand la gauche israélienne et ses puissants alliés médiatiques ont lancé une nouvelle campagne contre Nétanyahou, accusé de s’être “allié aux kahanistes”.. En réalité, il n’y a là aucune alliance, mais le simple jeu normal de la politique, qui a amené les partis de la droite religieuse à s’unir, pour éviter de rejouer le scénario de 1992, quand la dispersion des voix de droite avait conduit à la défaite électorale, suivie par la catastrophe des accords d’Oslo.

 

Contrairement à ce qu’écrit le correspondant du journal Le Monde, faisant feu de tout bois contre Nétanyahou, celui-ci n’a pas “abattu l’interdit qui isolait les héritiers du rabbin Meir Kahane”. Cette affirmation comporte deux erreurs au moins. La première est que le parti Otsma yehoudit n’est frappé aujourd’hui d’aucun interdit par la commission électorale, ni par la Cour suprême (la même Cour qui avait invalidé la liste Kach en 1988) (2). Au contraire, son dirigeant Michaël Ben-Ari a déjà siégé à la Knesset, dans les années 2009-2013 et il s’y est fait remarquer comme un député professionnel, qui entretenait des relations amicales dans tous les partis.

 

Michael Ben Ari lors d’une interview à la Knesset

 

Quant à un prétendu interdit moral visant les héritiers du rabbin Kahana, ceux qui crient aujourd’hui au scandale et prétendent incarner la “conscience morale” de la politique sont restés étonnamment muets, lorsque des députés arabes soutenaient ouvertement les attentats du Hamas et le Hezbollah au sein même de la Knesset… Rappelons que lorsque la députée Zoabi monta à bord du Marmara, navire affrété par une organisation terroriste turque proche des Frères musulmans, et que la Knesset vota la levée de son immunité parlementaire, le procureur de l’Etat décida en 2011 de clore l’enquête la visant. En 2014, elle fit l’éloge des terroristes assassins de trois adolescents israéliens. La commission électorale décida de l’exclure des élections à la Knesset de 2015, décision qui fut annulée par la Cour suprême (3).

 

L’ex députée Hanin Zoabi - un soutien ouvert aux terroristes et aux assassins


 

3) L’intérêt supérieur de la nation

 

En fin de compte, l’électorat israélien, dans son immense majorité, n’est pas dupe des argumentations juridiques et morales tendancieuses. Il sait bien que la question véritable, la seule qui importe, est de savoir si Nétanyahou est digne de rester en fonction, et si un autre candidat valable est en mesure de le remplacer. A cet égard, la réponse demeure aujourd’hui la même qu’il y a six mois ou trois ans. Nétanyahou est - de loin - le seul candidat qui peut aujourd’hui diriger Israël. Ses accomplissements politiques et diplomatiques en font un des meilleurs Premiers ministres qu’a connus Israël depuis 1948. Comme l’écrit avec clairvoyance Caroline Glick, il existe un écart considérable entre l’image de Nétanyahou véhiculée par les médias israéliens et sa personnalité véritable.

 

C’est en effet Binyamin Nétanyahou qui a “transformé Israël en puissance économique et militaire” et a utilisé cette puissance économique pour “asseoir une nouvelle stratégie diplomatique” qui a permis le “retour d’Israël en Afrique, après quarante ans d’absence” sur le continent noir. Nétanyahou, conclut Glick (4), est le “dirigeant le plus important qu’a connu Israël depuis Ben Gourion” et aussi le plus sous-estimé. Le principal reproche qu’on peut lui faire aujourd’hui, alors que son destin politique et celui d’Israël sont en jeu, à quelques semaines des élections, est de n’avoir jamais préparé sa succession, préférant écarter tous ceux qui pouvaient s’épanouir et grandir dans son entourage.

Pierre Lurçat

 

(1) https://www.jpost.com/Israel-News/Alan-Dershowitz-publishes-open-letter-to-A-G-defending-Netanyahu-581888 C’est moi qui souligne.

(2) Au moment où nous écrivons ces lignes, la Commission électorale a validé la candidature de Michael Ben Ari, après que  le procureur de l’Etat se soit exprimé en faveur de l’invalidation de sa candidature.

(3) Dans la même décision, la Cour suprême autorisa le député de droite Baruch Marzel à se présenter.

(4) http://carolineglick.com/considering-netanyahus-transformational-leadership/

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Les Juifs de France entre Djihad et dhimmitude

June 1 2021, 07:07am

Posted by Pierre Lurçat

À Bat Ye'or, la "fille du Fleuve"

À ma question de savoir pourquoi aucune manifestation de soutien à Israël n’avait été organisée à Paris, une amie venue de France juste après la fin de la guerre de Gaza me répondait qu’il y avait eu une très grande manifestation… contre la décision de la Cour de cassation dans l’affaire Sarah Halimi. Repensant après coup à cette réponse évasive, j’ai compris qu’elle était tout à fait significative de la situation des Juifs de France aujourd’hui. Plongée dans un état de déréliction sans précédent depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, et encore sous le choc de l’impunité offerte à l’assassin de Sarah Halimi par les plus hautes instances judiciaires françaises, la communauté juive est totalement incapable de penser à exprimer sa solidarité avec Israël. L’absence de manifestation publique de soutien à l’État juif frappé par les missiles du Hamas n’est pas tant un signe de manque de solidarité, qu’un témoignage criant de la situation dramatique dans laquelle se trouve aujourd’hui le judaïsme français.

Pour décrire cette situation et la qualifier politiquement, j’emploierai le concept forgé par l’historienne Bat Ye’or, auteur de travaux importants sur la condition des minorités juives et chrétiennes sous l’islam : la dhimmitude. Ce concept permet en effet de comprendre la situation actuelle du judaïsme français, et en particulier son incapacité de réagir efficacement aux attaques dont il est victime et d’affirmer sa solidarité de destin avec Israël. Les « voix autorisées » du judaïsme français – qui continuent de se penser comme membres à part entière de la communauté nationale – tiennent un discours largement déconnecté de la nouvelle réalité apparue à l’aube des années 2000. Cette réalité peut être décrite comme la mise à l’écart progressive des Juifs et leur stigmatisation par les médias et par une partie de la classe politique française, au nom de l’antisionisme largement partagé et du soutien au « peuple palestinien ».

Comme l’observe Shmuel Trigano, à propos de la récente déclaration du ministre des Affaires étrangères français, évoquant un « risque d’apartheid » en Israël1,

« la France franchit un pas dans l’adoption du discours de la cause palestinienne et des tenants du BDS, c’est-à-dire du boycott de tout ce qui est israélien, en vue de faire d’Israël le paria des nations »2.

Or, quelle a été la réaction des dirigeants de la communauté juive à cette déclaration, d’une gravité sans précédent ? Quasiment nulle. Sur le site du CRIF, censé représenter politiquement le judaïsme de France, on ne trouve aucune réaction officielle, mis à part une analyse pertinente des implications de cette déclaration, signée du président du Bnai Brith, Philippe Meyer (crif.org)3. Mais aucun communiqué du CRIF ne dénonce cette déclaration d’une gravité sans précédent. Silence également du côté du Grand Rabbin de France, candidat à sa réélection. (Quant au rabbin Michaël Journo, lui aussi candidat au grand rabbinat, il déclarait récemment :

« Je suis là pour donner de l’espérance aux membres de ma communauté et leur donner l’envie de continuer à s’épanouir sur la terre de France »).

Bat Ye’or (photo : Pierre Lurçat)

Ce silence et ce discours déconnecté de la réalité sans précédent à laquelle sont confrontés les Juifs de France sont symptomatiques. Au-delà de la personnalité des dirigeants du judaïsme français, dont les qualités ne sont pas en cause, c’est une situation objective qui est ici décrite. Face au djihad mené depuis de nombreuses années sur le territoire français, qui a fait de nombreuses victimes en leur sein, les Juifs de France ont vainement attendu et espéré être protégés par la République. Reproduisant le schéma traditionnel analysé par l’historien Yosef Haïm Yeroushalmi4 (4), la communauté juive de France a toujours cherché protection auprès des dirigeants français, et notamment du Président de la République, considéré comme incarnant l’amitié pour lsraël et les Juifs, au contraire du Quai d’Orsay. C’est ainsi que le Grand Rabbin de France, Haim Korsia a tenu les propos suivants dans le Midi libre :

« Je n’ai pas vocation à dire autre chose que ce qu’a dit le Président de la République : il y a un agresseur, le Hamas, et un pays qui répond ».

Or, après l’offensive du Hamas contre Israël et ses répercussions en France, où une frange de la population musulmane a pris fait et cause publiquement pour le Hamas, les dirigeants français ont dans le meilleur cas renvoyé dos-à-dos l’agresseur et l’agressé, et dans le pire, pris position contre Israël. Non seulement la France d’Emmanuel Macron n’a pas affirmé clairement son soutien à Israël, mais elle a en fait été en pointe dans le camp anti-israélien, tant par la couverture médiatique très partiale (Infoéquitable) des événements que par son action diplomatique pour obtenir un cessez-le-feu favorable au Hamas, avant la fin de l’opération de Tsahal. La France – qui n’est plus depuis très longtemps un « ami d’Israël » – a adopté aujourd’hui la politique conforme à sa réalité démographique. Ou pour dire les choses de manière plus explicite : elle se comporte comme un pays membre de « ce nouveau continent en train d’émerger », auquel Bat Ye’or a donné le nom d’Eurabia5 (5).

Les Juifs de France éprouvent aujourd’hui dans leur chair – même s’ils peinent à le reconnaître parfois – leur solitude extrême, la solitude d’Israël… Ils sont renvoyés, à leur corps défendant souvent, au destin d’Israël, alors qu’ils voudraient encore se bercer des illusions mortelles du franco-judaïsme et de l’assimilation/intégration au récit national français. Dans ce contexte, les dirigeants du judaïsme français ont en fait adopté la position caractéristique de la situation des dhimmis en terre d’islam. Ils font profil bas, s’abstiennent de manifester publiquement leur soutien à Israël et se préoccupent avant tout de leur survie et de leur sécurité (ce que le rabbin Journo appelle, de manière poétique, « s’épanouir sur la terre de France »). Cela fait longtemps, hélas, que les Juifs de France ne s’épanouissent plus sur la terre de France, devenue dans de nombreux quartiers et banlieues une terre d’islam.

Entre djihad et dhimmitude, l’avenir du judaïsme français est aujourd’hui bien sombre. PL♦

Pierre LurçatMABATIM.INFO

NB : Je donnerai une conférence en ligne sur « L’État juif selon Jabotinsky« , JEUDI 3 JUIN à 19h00 dans le cadre de l’Organisation Sioniste mondiale. Inscription en ligne https://form.jotformeu.com/211493084035350

1 Le 23 mai 2021, Jean-Yves Le Drian a déclaré, lors de l’émission du Grand Jury RTL LCI Le Figaro : « Pour la première fois, on a pu constater une conflictualité dans les localités israéliennes. Les communautés se sont affrontées. Le risque d’apartheid est fort si on continue à aller dans une logique à un État ou du statu quo. »
2 Shmuel Trigano, chronique sur Radio J, 25 mai 2021.
3 La seule expression publique de soutien à Israël organisée par le CRIF a été un appel à envoyer des messages de solidarité en ligne… c’est-à-dire un soutien virtuel.
4 Dans son livre Serviteurs des rois et non serviteurs des serviteurs, Allia 2011.
5 Interview au Jerusalem Post, 2 janvier 2017 (Observatoire Islam Europe).

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Le mythe du “génocide du peuple palestinien”, Pierre Lurçat

January 8 2024, 16:55pm

Posted by Pierre Lurçat

Le mythe du “génocide du peuple palestinien”, Pierre Lurçat

 

Alors que la Cour de justice de La Haye s'apprête à examiner la plainte pour génocide de l'Afrique du Sud contre Israël, je publie ici un extrait de mon livre Les mythes fondateurs de l’antisionisme contemporain, consacré au mythe du “génocide du peuple palestinien”. A travers les accusations récurrentes de génocide portées contre Israël et son armée, c’est en effet le discours mythique de l’antisémitisme séculaire qui se perpétue. P.L.

 

 

La présentation constante d’Israël et de son armée comme “tuant des Palestiniens” n’est pas une simple accusation polémique. Derrière l’accusation de meurtre délibéré, de “crimes de guerre” et de “génocide”, il y a un véritable discours mythique. Lisons à ce propos les remarques éclairantes de Pierre-André Taguieff, au sujet de l’affaire Al-Dura[1] :

 

Dans la construction du sionisme comme une entreprise génocidaire, les propagandistes font feu de tout bois : après avoir transformé les Palestiniens en symboles des pauvres, des humiliés et des offensés, puis en victimes de “l’impérialisme d’Israël”, ou plus largement d’un “complot américano-sioniste”, ils leur donnent le visage de prétendus “enfants-martyrs”. C’est en effet par assimilation avec la légende du crime rituel juif “que s’est opérée l’exploitation internationale, par toutes les propagandes antisionistes, du prétendu “assassinat par l’armée israélienne du jeune Palestinien Mohammed Al-Dura”.

 

Cette analyse relie de manière très significative l’affaire du petit Mohammed Al-Dura à l’accusation séculaire du “crime rituel”, qui est une des thématiques les plus anciennes de l’antisémitisme. La propagande contemporaine n’a en l’occurrence rien inventé : elle ne fait que recycler constamment des thèmes anciens, qu’elle puise dans l’imaginaire collectif et dans l’arsenal de la propagande antisémite, développé au cours des siècles.

 

Ajoutons qu’on ne saurait comprendre l’acharnement avec lequel les médias français et occidentaux présentent chaque Palestinien tué dans un “affrontement” (le plus souvent alors qu’il était lui-même l’assaillant) comme une “victime innocente”, si on ne tient pas compte de ce ‘subtexte’, ou fondement sous-jacent - conscient ou non - du mythe du crime rituel, à travers le prisme duquel le conflit israélo-arabe est constamment présenté. Ce mythe ancien est apparemment resté présent dans l’inconscient collectif occidental. C’est en faisant cette hypothèse et en gardant à l’esprit ces remarques préliminaires, que nous allons analyser le mythe du “génocide du peuple palestinien”. (...)

 

La filiation historique entre l’antisionisme et l’antijudaïsme

 

En réalité, ce mécanisme d’inversion permanent consistant à vouloir détruire l’adversaire tout en l’accusant de ses propres intentions n’a rien de nouveau. L’historien Georges Bensoussan écrit à ce propos que “tout discours meurtrier impute en effet à sa victime le dessein qu’il nourrit à son endroit[2]”. Pierre André Taguieff analyse également ce mécanisme, auquel il a donné le nom, que nous lui empruntons, d’inversion victimaire, dans ses “trois grands moments historiques”[3] : celui de l’antijudaïsme antique et médiéval, celui de l’antisémitisme moderne, et enfin celui de l’antisionisme contemporain. Cette perspective historique plus large nous permet de comprendre comment le mythe du “génocide du peuple palestinien” s’inscrit dans le droit fil de l’accusation de crime rituel, qu’il reprend à son compte et auquel il donne des formes nouvelles.

 

Un élément essentiel à la compréhension du mythe du génocide et des autres mythes de l’antisionisme contemporain est en effet celui de la filiation historique qui relie ce dernier à l’antisémitisme moderne et à l’antijudaïsme de l’Antiquité et du Moyen-Âge. Ce n’est pas par hasard que les analyses les plus éclairantes de l’antisionisme contemporain ont été faites par des historiens, comme Pierre-André Taguieff, souvent cité dans le cadre de notre ouvrage, et l’historien de l’antisémitisme Léon Poliakov, dont il poursuit les travaux. Un exemple récent nous est donné par le discours de Mahmoud Abbas en décembre 2019, dans lequel il a accusé Israël d’être responsable de la diffusion de drogues au sein de la société palestinienne[4]. En juin 2016, Abbas avait déjà accusé Israël d’empoisonner les puits et l’eau potable bue par les Palestiniens[5].

 

 
Le mythe du “génocide du peuple palestinien”, Pierre Lurçat

Cette accusation était de toute évidence la remise au goût du jour d’un thème antisémite ancien, largement répandu au Moyen-Age. La légende des “Juifs empoisonneurs” réapparaît ensuite au 16e siècle, sous la plume de Martin Luther, qui affirmait que “si les Juifs pouvaient nous tuer tous, ils le feraient volontiers, certes, spécialement ceux qui exercent la médecine[6]. Plus tard, cette accusation revient sur le devant de la scène à l’époque contemporaine, lors de la tristement célèbre affaire du “complot des Blouses blanches”, orchestré par Staline en janvier 1953. Plus récemment encore, l’accusation d’empoisonnement est formulée à l’encontre d’Israël, lors du décès de Yasser Arafat en novembre 2004, dans un hôpital français.

 

Cet exemple - parmi beaucoup d’autres - permet de comprendre comment fonctionne le discours antisioniste, et plus précisément comment il s’alimente à la source de l’antijudaïsme antique et de l’antisémitisme moderne. Il le fait en puisant dans l’éventail de stéréotypes négatifs concernant les Juifs, qui s’est constitué depuis des siècles. Le discours antisioniste radical, comme le discours antisémite “classique”, fait feu de tout bois : il puise indistinctement dans les accusations antijuives d’origine religieuse, chrétienne notamment. Citons encore Taguieff : “La sécularisation des accusations contre les Juifs, à l’exception de celle de déicide, n’a nullement interrompu, à partir du 18e siècle, le processus de transmission de leurs formes religieuses”[7].

 

De même, pourrait-on dire en extrapolant cette remarque, la sécularisation des accusations contre Israël dans l’antisionisme contemporain n’a pas interrompu le processus de transmission de thèmes antijuifs anciens, comme on le voit dans le discours d’un Mahmoud Abbas accusant Israël (et les rabbins) d’empoisonner les puits des Palestiniens.

 

(Extrait de P. Lurçat, Les Mythes fondateurs de l’antisionisme contemporain, éditions l’éléphant 2021. En vente sur Amazon).

Les mythes fondateurs de l’antisionisme contemporain – Éditions L’éléphant

 

 

[1] La Judéophobie des Modernes, op. cit. p. 300. Le 30 septembre 2000, la chaîne France 2 diffusait des images d’un échange de tirs au carrefour Netsarim, dans la bande de Gaza. Le correspondant Charles Enderlin affirmait que le jeune Mohammed Al-Dura avait été tué par des tirs israéliens. Cette affirmation qui ne reposait sur aucun élément incontestable donna lieu à des accusations contre Tsahal d’avoir délibérément tué Al-Dura. 

[2] In “Antisémitisme et négationnisme dans le monde musulman”, Revue d’histoire de la Shoah no. 180, janv-juin 2004. p. 12.

[3] Pierre-André Taguieff, « Un exemple d’inversion victimaire : l’accusation de meurtre rituel et ses formes dérivées », Argumentation et Analyse du Discours [En ligne] 18/10/2019. http://journals.openedition.org/aad/3500

[4]Abbas accuse Israël d'être à l'origine de la corruption chez les Palestiniens”, i24news.tv, 20/12/2019

https://www.i24news.tv/fr/actu/international/moyen-orient/1576834118-abbas-accuse-israel-d-etre-a-l-origine-de-la-corruption-chez-les-palestiniens

[6] Trachtenberg, Joshua. 1983 [1943]. The Devil and the Jews : The Medieval Conception of the Jew and Its Relation to Modern Antisemitism (New Haven : Yale U. P.) Cité par Taguieff 2019.

[7] Pierre-André Taguieff, « Un exemple d’inversion victimaire : l’accusation de meurtre rituel et ses formes dérivées », 2019 https://journals.openedition.org/aad/3500#bodyftn11

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Réponse à Frédéric Encel, qui accuse Israël d’être une « voyoucratie » et au CRIF qui cautionne ses propos

January 12 2023, 17:10pm

Posted by Pierre Lurçat

F. Encel recevant un Prix du Ministère français des Affaires étrangères : géopoliticien ou politicien?

F. Encel recevant un Prix du Ministère français des Affaires étrangères : géopoliticien ou politicien?

 

Cher Frédéric,

 

Tu me permettras de te tutoyer, en souvenir de notre ancienne amitié, lorsque nous étions étudiants à Paris et que tu n’avais pas encore entamé ton brillant parcours à l’institut de sciences politiques de Grenoble. A l’époque, nous partagions la même passion pour Israël et pour le sionisme, qui nous paraissait alors un idéal lointain. Trois décennies et demie plus tard, nos chemins ont divergé ; tu as mené ta carrière en France, qui t’a mené aux « sommets » de la géopolitique française, tandis que j’ai fait mon alyah et vis à Jérusalem depuis 30 ans.

 

Si je t’écris aujourd’hui publiquement, c’est parce que tu viens de publier sur le site du CRIF une interview dans laquelle – tout en revendiquant une « géopolitique humaniste » (sic) et en prônant une « Europe puissante » – tu qualifies Israël de « voyoucratie ». Je ne remets pas en question tes compétences de géopoliticien, que tu as prouvées en publiant plusieurs livres intéressants, depuis ta Géopolitique de Jérusalem que j’avais lue autrefois. Non, cher Frédéric, ce qui m’attriste et me choque, c’est la manière dont tu disqualifies le nouveau gouvernement israélien et voues aux gémonies notre petit pays, dans des termes qui conviendraient mieux au Monde diplomatique ou à L’Humanité qu’à un site communautaire juif (lequel aurait été mieux inspiré de ne pas laisser passer ces propos outranciers et insultants).

 

Car vois-tu, « voyoucratie » signifie, selon le Larousse, le « Pouvoir exercé par des voyous », ou le « gouvernement des voyous ». Est-ce vraiment ainsi que tu considères notre pays, la seule démocratie du Moyen-Orient, comme nous le proclamions alors, lorsque nous militions ensemble dans les rangs du Tagar, mouvement des étudiants juifs de France ? J’ai du mal à le croire. Je préfère penser que tu es, toi aussi, désinformé, à force de lire Le Monde et les autres médias français et que tu devrais venir plus souvent ici, au lieu d’asséner tes jugements à l’emporte-pièce depuis Paris.

 

Si l’envie te prenait de nous rendre visite, je pourrais te faire rencontrer Betsalel Smotrich, qui n’a selon toi « rien à faire au sein du gouvernement d’un État de droit » (depuis quand es-tu devenu l’autorité morale, habilitée à décider qui a le droit de siéger au gouvernement d’Israël ?) Tu constaterais que c’est un homme très intelligent et qui pourra sans aucun doute t’en apprendre beaucoup sur notre pays et sur notre Etat, que tu crois connaître. On peut certes ne pas partager ses opinions ou celles d’Itamar Ben Gvir, c’est ton droit le plus strict. Moi-même, en tant que traducteur et disciple de Jabotinsky, je peux comprendre ceux qui préféraient le Likoud d’autrefois à celui d’aujourd’hui. Mais je ne m’autoriserai jamais à insulter le gouvernement israélien comme tu le fais aujourd’hui.

 

Quant aux « actes tout à fait répréhensibles aux yeux de la loi israélienne » qu’auraient commis « Smotrich et Ben Gvir » selon toi, je te rappellerai ici quelques faits de notre jeunesse militante, puisque tu te permets de juger et de condamner sans appel les ministres du gouvernement de notre Etat. Quand nous étions tous deux militants du Tagar, branche étudiante du Betar, certains notables de la communauté nous qualifiaient aussi de « voyous ». A l’époque, tu savais bien que la justice était de notre côté, quand nous sifflions Robert Badinter au Vel D’Hiv, quand nous taguions « Arafat assassin » sur les murs, ou quand nous défilions fièrement avec le drapeau d’Israël dans les rues de Paris. Cela faisait-il de nous des « voyous » ?

 

Mais sans doute cette lettre est vaine, car tu évolues aujourd’hui dans des sphères bien différentes de celles que nous fréquentions jadis. Peut-être est-ce pour cela que tu te crois désormais autorisé à décider qui doit siéger dans le gouvernement israélien… et qui a la « compétence dans les domaines sécuritaires et/ou militaires » (quelles sont les tiennes pour écrire cela ?) J’ai appris que tu avais été nommé Chevalier de l’ordre du mérite et que tu avais reçu un « Grand Prix de géopolitique » décerné par le ministère des Affaires étrangères et que t’a remis le ministre en personne ! Je me suis laissé dire que tu entretenais des relations très amicales avec M. Le Drian, ce même ministre du quai d’Orsay qui « mettait en garde Israël contre le risque d’apartheid” » (« Oï a broch » aurait dit ma grand-mère).

 

Bien entendu, ceci ne justifie pas cela. On peut faire carrière en France, sans pour autant renoncer à ses convictions et à son passé. Il n’est plus nécessaire, comme à l’époque de Heine, de se convertir ou de renoncer à son identité pour être un bon Français. Qualifier Israël de « voyoucratie » ne t’apportera aucune distinction et aucun honneur (à moins que tu ne brigues le poste de ministre des Affaires étrangères ?) Je te prie donc, cher Frédéric, au nom de nos engagements et de notre lointaine amitié, de relire tes propos et de réfléchir à leur sens. L’erreur est humaine, mais comme tu le sais bien, « perseverare diabolicum ». Je terminerai par le salut traditionnel du Betar, dont tu n’as peut-être pas oublié le sens, celui de Yossef Trumpeldor, de Jabotinsky et des autres héros de notre jeunesse, Tel-Haï !


Pierre Lurçat

 

PS A Monsieur Yonathan Arfi, président du CRIF,

 

Est-ce vraiment le rôle du CRIF de publier des propos qui incriminent Israël et son gouvernement, surtout lorsqu’ils sont ceux d’un géopoliticien juif, considéré (à tort ?) comme pro-israélien ? Comment pourrez-vous encore protester quand les médias français insultent Israël et le qualifient de « démocratie illibérale » ou de « démocratie illusoire », si le CRIF lui-même cautionne le qualificatif de « Voyoucratie » apposé à l’Etat juif ? Et comment pensez-vous être accueilli par un ministre du gouvernement d’Israël lorsqu’il saura ce que vous publiez sur votre site ?

 

 

VERBATIM – LES PROPOS DE F. ENCEL SUR LE SITE DU CRIF

 

« Sur l’État hébreu, ce qui me préoccupe plus que la droitisation et le nationalisme – après tout, un nationaliste fervent, Begin, fit la paix avec l’Égypte, et un autre, Sharon, évacua toute la bande de Gaza – c’est la voyoucratie. Smotrich et Ben Gvir ont tenu des propos et commis des actes tout à fait répréhensibles aux yeux de la loi israélienne et, en outre, n’ont strictement aucune compétence dans les domaines sécuritaires et/ou militaires qu’ils prétendent révolutionner. Ces individus objectivement extrémistes n’ont à mon sens rien à faire au sein du gouvernement d’un État de droit, et pas davantage un Arié Derhy déjà lourdement condamné dans l’exercice de ses fonctions ministérielles et à nouveau mis en examen ! Jamais nulle part la voyoucratie n’est positive. »

L'entretien du Crif - Frédéric Encel, géopolitologue et essayiste : "Aux Européens d’avancer vers l’Europe puissance !" | Crif - Conseil Représentatif des Institutions Juives de France

F. Encel à la tribune d'une conférence du Tagar, 1992

F. Encel à la tribune d'une conférence du Tagar, 1992

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Lettre ouverte à Alain Finkielkraut qui prétend que “Le problème d’Israël c’est Nétanyahou et non le Hamas”

April 30 2024, 06:53am

Posted by Pierre Lurçat

Lettre ouverte à Alain Finkielkraut qui prétend que  “Le problème d’Israël c’est Nétanyahou et non le Hamas”

Cher Alain Finkielkraut,

 

En lisant votre récente interview au Figarovox, j’ai eu la même réaction que celle de ma grand-mère (qui parlait la même langue que la vôtre), lorsqu’elle apprenait une nouvelle attristante: “Oï a Broch!”. Hélas, nos grands-mères respectives ne sont plus de ce monde, pas plus que nos parents, et je me plais à penser que vos propos concernant Israël seraient mieux informés et plus sages, si vous aviez écouté les conseils de vos parents, étant enfant. Car nous savons bien que les mauvaises fréquentations mènent inéluctablement aux mauvaises idées et aux mauvaises actions.

 

Or, à force d’inviter dans votre émission « Répliques » des personnages aussi peu fréquentables que Jean-Pierre Filiu (dont le blog hébergé par Le Monde déverse chaque semaine son venin contre Israël) ou Alain Gresh (qui fut jadis journaliste au Monde diplomatique et ami personnel de Tariq Ramadan, célèbre prédateur sexuel et prédicateur proche des Frères musulmans), vous finissez par penser (presque) comme eux… (Ce qui ne veut évidemment pas dire que vous êtes comme eux).

 

Ainsi, lorsque vous écrivez que “Nétanyahou est le problème parce qu’il bloque toutes les issues, ferme toutes les portes, sabote consciencieusement toutes les solutions. Alors même que Tsahal plaide pour le retour de l’autorité palestinienne à Gaza, le premier ministre israélien s’y refuse obstinément. Pourquoi ? Parce qu’il perdrait aussitôt le soutien des extrémistes de son gouvernement”, vous n’énoncez pas seulement un truisme du prêt-à-penser occidental actuel concernant Israël, mais vous confortez aussi les lecteurs du FigaroVox dans les opinions les plus détestables concernant notre pays.

 

Et lorsque, poursuivant sur votre lancée, vous affirmez : “Un dirigeant, comme son nom l’indique, donne une direction, or Nétanyahou ne dirige Israël vers rien de discernable. L’homme qui, le soir de l’attaque iranienne, s’est courageusement réfugié dans la maison ultrasécurisée d’un ami milliardaire, ne gouverne plus pour ce qu’il croit être le bien d’Israël, mais pour la survie de sa majorité...” vous ajoutez l’insulte à la calomnie. Car voyez-vous, cher Alain Finkielkraut, en matière de courage physique, Benjamin Nétanyahou n’a de leçon à recevoir de personne, y compris de vous. (Vous n’avez même pas eu celui de venir nous rendre visite au lendemain du 7 octobre, contrairement à votre camarade de l’ENS, Bernard-Henri Lévy, qui est venu immédiatement pour affirmer sa solidarité, sans attendre comme vous d’être invité par l’Institut français).

 

Notre Premier ministre, auquel vous faites reproche de s’être réfugié dans une “maison ultrasécurisée”, a maintes fois fait preuve de son courage dans sa vie, depuis l’époque de la Sayeret Matkal où il a servi comme ses deux frères, et jusqu’à ces dernières années, lui et sa famille subissant des attaques quotidiennes de la part de ces manifestants de Kaplan dont vous semblez partager la détestation totalement irrationnelle à son encontre. Si vous lisiez moins l’édition anglaise du Ha’aretz ou Le Monde, vous sauriez qu’il est très malvenu de lui faire ce reproche. Votre fascination pour la gauche israélienne et pour ce que vous vous obstinez à appeler le “camp de la paix” (comme s’il y avait en Israël un “camp de la guerre”...) a quelque chose de presque religieux, à l’instar de la fascination que vous avez récemment avoué ressentir pour la “proposition chrétienne”.


            Vos propos sont d’autant moins excusables que vous revenez d’un séjour en Israël, où vous n’avez pas seulement rencontré ceux qui pensent comme vous (ce qui est toujours agréable). Comme ce collègue de l’université de Tel Aviv qui vous a confié cette “perle” (puisque vous êtes devenu sur le tard pêcheur de perles) : “Le problème d’Israël ce n’est pas le Hamas, c’est Nétanyahou”, ou comme ces manifestants de Kaplan, qui ont pu vous expliquer tout le mal qu’ils pensent de notre Premier ministre. Non, vous avez aussi rencontré, comme me l’a confié un participant à ce déjeuner, un petit groupe d’Israéliens francophones de droite, qui auraient pu vous faire changer d’avis, si votre esprit n’était pas aussi fermé que la coquille d’une huître perlière…

 

            Lors de cette rencontre privée à Raanana, vous avez même déclaré à un des participants que vous regrettiez de ne pas être venu à Jérusalem (l’Institut français vous ayant invité à Tel-Aviv et à Haïfa). Hélas, trois fois hélas ! Si vous aviez fait montre d’un peu plus de curiosité, au lieu de vous en tenir au programme fixé par les contraintes géopolitiques (et pétrolières, comme disait Golda Meir) du quai d’Orsay - qui ne reconnaît pas la souveraineté israélienne sur notre capitale, comme chacun sait - vous auriez pu venir visiter notre capitale et rencontrer, là encore, des gens qui pensent autrement.

 

Vous auriez même pu venir au Mur occidental, pour y verser quelques larmes sur l’état de la société française et sur le délitement de la langue de Molière que vous déplorez à juste titre. Sans abuser de la patience de mes lecteurs, je ne résiste pas au plaisir masochiste de citer une dernière “perle” de votre interview au Figaro : “En s’alliant avec les partis fanatiques d’Itamar Ben-Gvir et de Bezalel Smotrich, Benyamin Nétanyahou a commis une faute impardonnable. Il est, à ce titre et à quelques autres, le pire premier ministre de l’histoire d’Israël”. C’est votre cuistrerie et votre prétention qui sont, cher Alain Finkielkraut, impardonnables, pour quelqu’un qui fait profession d’être intellectuel.

 

Le titre de “pire Premier ministre” de l’Etat d’Israël est certes disputé par plusieurs candidats, dont celui qu’apprécient vos amis de Kaplan, Yaïr Lapid, auquel il appartient sans doute, ou peut-être à un des deux Ehoud, Olmert ou Barak, mais certainement pas à Benjamin Nétanyahou. Et si ce titre devait être décerné un jour, ce n’est certainement pas à vous, qui ne connaissez presque rien de notre pays, qu’il appartiendra de le faire. Retournez donc à vos moutons et à vos perles, cher Alain, et laissez à ceux qui vivent en Israël et qui courent le risque de cette “noble aventure” dont parlait Lévinas, le soin de choisir leurs dirigeants et leur avenir.

Pierre Lurçat

 

Lire aussi :

Lettre ouverte à Alain Finkielkraut et à quelques autres Juifs fascinés par l’Eglise, Pierre Lurçat - VudeJerusalem.over-blog.com

 

Si votre esprit n'était pas fermé comme une huître perlière...

Si votre esprit n'était pas fermé comme une huître perlière...

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Jérusalem capitale d'Israël : les Saoudiens plus sionistes que les Juifs?

December 20 2017, 11:27am

Posted by Pierre Lurçat

 

Le texte qu'on lira ci-dessous illustre la révolution à laquelle nous assistons actuellement dans les rapports entre Israël et le monde arabe. Sous les yeux incrédules de l'Europe, qui constitue aujourd'hui, comme l’a récemment rappelé Caroline Glick, le principal ennemi d’Israël sur la scène internationale, une partie importante du monde arabo-musulman - constituée essentiellement de l’Arabie saoudite et de certains pays du camp sunnite modéré - est en train de se rapprocher d’Israël, pour lutter contre la menace de l’axe iranien (lequel comprend aussi le Hamas et le Hezbollah). Ce rapprochement n’est toutefois pas purement de circonstance, car il repose aussi sur la compréhension que les intérêts à long terme du monde musulman sont de faire la paix avec Israël.

 

Mais, c’est là tout l’intérêt et la nouveauté radicale du texte qu’on lira ci-dessous, cette paix ne repose pas sur l’équation fallacieuse “la paix contre les territoires” et sur le renoncement d’Israël à son identité et à sa souveraineté, comme l’ont promue pendant des décennies les promoteurs du rapprochement avec l’OLP et l’Autorité palestinienne anti-juive. La paix véritable repose au contraire sur la reconnaissance par les pays arabes de l’identité juive et de la souveraineté juive sur Jérusalem et sur sa patrie historique (Judée-Samarie). En lisant le texte d’Abdelmahid Hakim, on constate que son analyse est véritablement révolutionnaire (elle participe de la "révolution copernicienne" que connaît le Moyen-Orient, pour reprendre l'expression de Michel Gurfinkiel), et qu’elle s’inscrit en faux contre celle des principaux représentants de la gauche israélienne et juive.

 

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Donald Trump au Kottel

 

Ces derniers, on le sait, ont dénoncé la reconnaissance par le président américain Donald Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël (voir notamment les prises de position d’Alain Finkielkraut, de Frédéric Encel, ou encore celle de Denis Charbit, pour ne citer que des exemples francophones. Voir aussi l’analyse de Freddy Eytan sur le thème des intellectuels israéliens de gauche). La déclaration de Donald Trump et les développements politiques qui l’ont précédée dans la région n’ont pas seulement bouleversé l’équilibre géopolitique moyen-oriental, en redessinant les frontières entre un camp anti-israélien et anti-juif mené par l’Iran et ses alliés et par l’Europe d’une part, et un camp sunnite modéré allié d’Israël et des Etats-Unis d’autre part. Ils ont également vu émerger un clivage au sein même du monde juif, entre les Juifs fidèles à Jérusalem et les membres d’une “gauche” juive égarée, nostalgique d’Obama, qui préfère avoir tort avec Abbas et Macron qu’avoir raison avec Trump et Nétanyahou…

 

Dans ces circonstances, on peut légitimement affirmer que les intellectuels et dirigeants arabes modérés, comme Abdelhamid Hakim ou comme le Prince héritier saoudien Mohammed bin Salman, sont aujourd’hui plus sionistes que beaucoup de Juifs. Car, comme à l’époque de Hannoukah, les “Juifs hellénisants” actuels, séduits par la culture européenne dominante, préfèrent oublier Jérusalem et s’allier aux ennemis du peuple Juif. Il n’y a “rien de nouveau sous le soleil”, comme disait le Roi Salomon.

 

Pierre Lurçat

 

 

Le chercheur saoudien Abdelhamid Hakim : Jérusalem comme capitale israélienne avec une gestion palestinienne des lieux saints musulmans est une chance de paix ; les Arabes doivent changer leur mentalité anti-juive

 

Le chercheur saoudien Abdelhamid Hakim, directeur général du Centre d'études stratégiques et juridiques du Moyen-Orient basé à Djeddah, a déclaré que les Arabes devaient reconnaître que Jérusalem est « aussi sainte pour les Juifs que La Mecque et Médine le sont pour les musulmans ». S'exprimant sur la chaîne télévisée Al-Hurra, Hakim a déclaré qu'Israël est « le produit du droit historique des Juifs dans la région ».

 

Concernant la récente déclaration sur Jérusalem du président américain Trump, Hakim a déclaré qu’elle pourrait renfermer une chance de paix, si Jérusalem était la capitale d’Israël et si les Palestiniens recevaient la gestion des lieux saints musulmans. Il a suggéré que l'Arabie saoudite pourrait aider les Palestiniens dans cette tâche, et appelé les Arabes à ne pas manquer cette occasion, comme ils l'ont fait à plusieurs reprises par le passé. Hakim a également appelé les Arabes à changer leur culture de haine envers les Juifs, qui domine leurs programmes scolaires et leurs chaires islamiques. L'interview a été diffusée le 15 décembre 2017. Extraits :

 

Abdelhamid Hakim : Nous devons comprendre et reconnaître que Jérusalem constitue un symbole religieux pour les Juifs, et qu'elle est aussi sainte pour eux que la Mecque et Médine le sont pour les musulmans. Par conséquent, la mentalité arabe doit être affranchie de l'héritage nassérien, et de l'héritage de l'islam politique - tant sunnite que chiite - qui, pour des raisons purement politiques, ont semé la culture de haine envers les Juifs et du déni de leurs droits historiques dans la région. [...]

 

Les Juifs font partie intégrante de l'histoire de cette région, et Israël est le produit du droit historique des Juifs dans la région. Si nous rencontrons les négociateurs israéliens, en les considérant comme des partenaires de l'histoire de cette région – qu’il s’agisse des dirigeants, des peuples ou des élites intellectuelles - cela facilitera les choses et apportera une certaine flexibilité au processus de paix. Quant à Jérusalem, je pense que nous devons être réalistes et nous adapter à la nouvelle réalité politique de la région. Si les négociateurs palestiniens, soutenus par les Arabes, parviennent à obtenir seulement une partie de Jérusalem-Est, et si les lieux saints sont placés sous administration palestinienne - je pense que ce sera le plus grand gain politique que les négociateurs israéliens [sic] peuvent réaliser aujourd’hui. Nous devons tirer des leçons de notre histoire pour pouvoir prendre la bonne décision. Au cours du conflit israélo-arabe, les Arabes ont manqué beaucoup d'occasions. [...]

 

Les Arabes ont manqué des occasions - depuis 1956, lorsque le défunt président Gamal Abdel Nasser a pris les choses en main... Ils ont perdu l’occasion d'avoir un Etat palestinien en Cisjordanie et à Jérusalem. Lorsque Habib Bourguiba a présenté son initiative de paix, sous le slogan « Prenez [ce que vous pouvez] et demandez [le reste plus tard] », il a été qualifié de traître et son initiative a été rejetée. Lorsque le président Sadate a lancé le processus de paix, lui aussi a été considéré comme un traître. Gamal Abdel Nasser a utilisé le conflit arabo-israélien comme un moyen pour légitimer sa dictature en Egypte, et comme une arme pour combattre ses rivaux dans la région. L'islam politique, bien qu'il soit en total désaccord avec les régimes nassériens, acquiesçait sur un point : faire de la paix un crime. [...]

 

Quand l'Arabie saoudite a lancé l'initiative de paix arabe, elle a malheureusement été dédaignée. Je pense que la décision de Trump renferme une chance de paix, mais que les Palestiniens doivent unir leurs rangs et prendre les décisions dans le cadre palestinien. [...]

 

Lorsque j'ai visité Ramallah, j’ai parlé à des gens dans un centre de recherche palestinien. Je leur ai dit : Vous ne savez pas vous adresser aux citoyens israéliens. Votre rhétorique ne convainc pas les citoyens israéliens que la paix leur procurera la légitimité et la sécurité dans la région. Les Israéliens ressentent la culture de la haine parmi leurs voisins. Cela a commencé avec Gamal Abdel Nasser, qui a affirmé que nous jetterons les Juifs à la mer, et cela continue jusqu’à ce jour - dans les programmes scolaires, depuis les chaires des mosquées et dans les symposiums culturels. La culture de la haine envers les Juifs est profondément enracinée dans notre monde arabe. [...]

 

Si nous, Arabes, souhaitons vraiment trouver un règlement, nous devons faire notre examen [de conscience] et mener une révolution idéologique dans la façon dont nous traitons les Juifs. Les Juifs font partie intégrante de la région… Les vies humaines sont plus chères aux yeux d'Allah que des étendues de terre.

 

Si nous, Arabes, souhaitons vraiment trouver un règlement, nous devons faire notre examen [de conscience] et mener une révolution idéologique dans la façon dont nous traitons les Juifs. Nous devrions croire que les Juifs font partie intégrante de la région, et que la paix est le meilleur moyen de libérer la région de décennies de conflits qui ont épuisé la région et appauvri ses ressources. [...]

 

Ma proposition est que l'Arabie saoudite, en tant que pays doté de ressources économiques substantielles, et en tant que pays ayant une importante expérience historique dans la gestion des lieux saints, peut aider à gérer les lieux saints [à Jérusalem], si nous parvenons à placer les lieux saints sous administration palestinienne, tandis que Jérusalem sera la capitale d’Israël. Si nous parvenons à en arriver là, je crois que cela constituera un gain politique pour la lutte palestinienne, et en retour, il y aura un Etat palestinien, et les souffrances des Palestiniens à Gaza, à Ramallah et dans les camps de réfugiés à l'étranger prendront fin. Mon opinion est que les vies humaines sont plus chères aux yeux d'Allah que des étendues de terre.

 

http://memri.fr/2017/12/20/le-chercheur-saoudien-abdelhamid-hakim-jerusalem-comme-capitale-israelienne-avec-une-gestion-palestinienne-des-lieux-saints-musulmans-est-une-chance-de-paix-les-arabes-doivent-changer-leur-mentali/

 

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