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Comment vaincre face au Hamas : Pourquoi le « Code éthique de Tsahal » est devenu obsolète, Pierre Lurçat

October 24 2023, 13:39pm

Posted by Pierre Lurçat

Comment vaincre face au Hamas : Pourquoi le « Code éthique de Tsahal » est devenu obsolète, Pierre Lurçat

 

Parmi les nombreuses conceptions qui se sont avérées obsolètes, au lendemain du samedi noir du 7 octobre 2023, il en est une qui pourrait jouer un rôle crucial dans la capacité d’Israël à triompher du Hamas et à assurer la sécurité d’Israël dans l’avenir. Je veux parler du fameux « Code éthique de Tsahal ». Comme l’expliquait le rabbin et mathématicien Eliahou Zini, il y a déjà 18 ans, « le code éthique de Tsahal affirme que l’objectif de Tsahal est de ‘faire entrave aux efforts de l’ennemi visant à perturber le cours normal de la vie’, comme si “la défense d’Israël se réduisait à la mise en place d’un abri pour sa population »[1].

 

Ces lignes rédigées en 2006 exposent de manière prémonitoire la situation absurde à laquelle nous sommes parvenus, après plusieurs décennies durant lesquelles le post-sionisme a régné au sein des universités israéliennes (comme celle où enseignait l’auteur du Code éthique de Tsahal, Asa Kasher), des médias et d’une large partie de l’establishment sécuritaire et militaire. Aux yeux du distingué professeur de philosophie, Tsahal aurait pour objectif de « faire entrave aux efforts de l’ennemi » et non pas de vaincre, d’annihiler ou de détruire l’ennemi. Fort heureusement, les chefs de Tsahal et les dirigeants de notre petit pays semblent avoir compris – mieux vaut tard que jamais - après la terrible piqûre de rappel du 7 octobre, que nos ennemis avaient, quant à eux, la volonté de nous exterminer, et qu’il fallait en conséquence détruire le Hamas, et pas seulement « faire entrave à ses efforts ».

 

La différence n’est pas purement sémantique. En réalité, ce sont tous les présupposés et les fondements philosophiques et moraux du code éthique de Tsahal qui sont erronés. Parmi ces présupposés, j’en désignerai trois. Le premier est celui selon lequel l’ennemi aurait pour objectif de « perturber le cours normal de la vie » des citoyens israéliens. L’ennemi – qu’il s’agisse du Hamas, du Hezbollah, de l’Iran, du Djihad islamique ou même du Fatah – a pour unique et constant objectif de détruire Israël et de tuer tous les Juifs. « Perturber le cours normal de la vie » est un euphémisme insupportable, qui relève d’un langage totalement déconnecté de la réalité dans laquelle nous vivons.

 

Le second présupposé est celui de la « dignité humaine », ou même de l’humanité de nos ennemis. Quand le code éthique de Tsahal explique doctement que « Tsahal et ses soldats sont tenus de préserver la dignité humaine » et que « tous les êtres humains ont une valeur inhérente, indépendamment de leur race, de leur religion, de leur nationalité, de leur sexe ou de leur statut », il s’agit d’une erreur de perspective, à la fois militaire et morale. Imagine-t-on l’armée américaine affirmer qu’elle veut « préserver la dignité humaine des Allemands » en pleine Deuxième Guerre mondiale ?

 

Entraver l’ennemi ou l’éradiquer ?

 

Le troisième présupposé, sans doute le plus nocif, est celui selon lequel l’objectif de Tsahal serait limité à contrecarrer les projets de nos ennemis, et non à les vaincre. Comme je l’écrivais en 2018, le problème fondamental auquel Israël est confronté aujourd’hui n’est pas militaire, mais avant tout moral. Il s’agit essentiellement d’un problème de perception de soi et d’aveuglement volontaire. On peut le définir dans les termes suivants : Israël ne sait pas comment triompher du Hamas, parce qu’il est dépourvu de la conviction intime, tant morale que politique, que la victoire est possible et nécessaire.

 

Au lendemain de la terrible attaque de Simhat Torah, il faut croire et espérer que la société israélienne a enfin acquis cette conviction intime et que nos soldats, qui sont pleins d’ardeur guerrière et de détermination, pourront mener à bien leur mission nécessaire jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à la victoire totale, sans être entravés par un « Code éthique » inadapté et déconnecté de la réalité. A cet égard, un signe encourageant est cet encart publié dans plusieurs journaux ce shabbat :

 

« Code moral de l’armée d’Israël - Je suis prêt à me sacrifier pour sauver le peuple d’Israël. Les ennemis doivent être anéantis et non pas neutralisés. La population qui soutient le terrorisme est un ennemi. Un ordre qui met en danger la vie de civils ou de soldats pour préserver l’ennemi est un ordre illégal. C’est un impératif moral de détruire le mal, dans l’intérêt de l’humanité entière ».

 

Ce nouveau « code moral » se termine par un verset de la Bible, tiré des Psaumes du roi David, qui était aussi un grand chef de guerre : « Je poursuis mes ennemis, je les atteins ; point de relâche que je ne les aie détruits ». Tout lecteur sensé comprendra combien ces paroles du Psalmiste sont bien plus cohérentes et adaptées à la guerre contre le Hamas que les considérations idéalistes d’un professeur de philosophie, auteur d’un « code éthique de Tsahal », devenu du jour au lendemain entièrement obsolète depuis le 7/10. (à suivre…)

 

P. Lurçat

 

 

[1] Eliahou Zini, “Code éthique ou matraquage politique”, Forum Israël No. 3, “Le temps de la guerre”, éditions Ivriout 2006. Cité dans mon livre La trahison des clercs d’Israël, La Maison d’édition 2016.

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Lettre ouverte au président français Emmanuel Macron : "Ceux qui glorifient le nom du Hamas en France..."

October 23 2023, 10:15am

Posted by Pierre Lurçat

 

Ceux qui glorifient les ennemis d’Israël, et qui attaquent les symboles et le nom même d’Israël, s’en prennent inéluctablement, en fin de compte, au nom de la France et au nom de l’Homme”. Cette lettre a été rédigée et publiée initialement après la décapitation de Samuel Paty, il y a exactement 3 ans. Je la republie aujourd’hui alors que le président Macron s’apprête à venir en Israël, et alors que des milliers de manifestants défendent le Hamas dans les rues de Paris et de France. P.L

Il aura donc fallu attendre qu’un enseignant français soit décapité à la sortie de son lycée, dans un crime dont la description évoque celle d’assassinats commis au Pakistan ou dans l’Etat islamique, pour que vous vous décidiez à dissoudre le “Collectif Cheikh Yassine”… Il aura fallu attendre que l’horreur de l’islam radical le plus barbare frappe la France, encore une fois, pour que vous finissiez par comprendre qu’on ne peut pas impunément glorifier le nom d’un assassin d’Israéliens, hommes, femmes, enfants - eux aussi tués dans des attentats tout aussi horribles, déchiquetés dans des autobus ou à la terrasse de cafés - par les assassins du Hamas, qu’il était jusqu’hier encore permis de soutenir sur le sol français.

 

Parmi les nombreuses erreurs commises par votre pays, que d’autres que moi ont analysées ces derniers jours (notamment Georges Bensoussan et Valérie Toranian), je voudrais en souligner ici une qui n’a pas encore, à ma connaissance, été mentionnée. Je veux parler de l’erreur de croire que la haine d’Israël est sans conséquence et sans danger pour la France. Cette erreur est à la fois politique, stratégique et morale. Erreur stratégique, car comment avez-vous pu penser que ceux qui brandissent le drapeau du Hamas en France le faisaient uniquement au nom de leur haine d’Israël, et que celle-ci ne pouvait pas, le moment venu, se retourner contre la France elle-même?



 

Ceux qui glorifient le Hamas en France...

 

Comme l’écrit justement Valérie Toranian, la décapitation de Samuel Paty est la preuve qu’entre les militants de l’islam politique, la radicalisation et le terrorisme, il existe une chaîne de continuité”. J’ai moi aussi souligné cette continuité, dans un livre publié il y a déjà 15 ans, en observant que la lutte contre le terrorisme islamique exigeait aussi de combattre l’islam politique. J’avais alors pris pour exemple le CBSP, organe officiel de collecte d’argent pour le Hamas en France, qui continue jusqu’à ce jour de récolter des fonds pour le Hamas en toute impunité. Cette impunité offerte aux soutiens du Hamas en France est également une erreur politique, car elle place de facto la France dans le camp des ennemis d’Israël. 

 

Comment pouvez-vous prétendre vous inspirer d’Israël pour lutter contre le terrorisme islamique, tout en permettant que soient glorifiés sur le sol français les assassinats terroristes commis sur le sol israélien? Cela fait déjà longtemps que les amis d’Israël en France - et pas seulement au sein de la communauté juive - ont pointé du doigt cette contradiction intolérable. Si la France veut tirer les leçons de la décapitation de Samuel Paty, elle doit non seulement dissoudre le “Collectif Cheikh Yassine”, directement impliqué dans cet assassinat, mais interdire aussi tous les groupuscules et associations qui participent de la même glorification  du Hamas en France, comme la CAPJPO-Europalestine et d’autres. 

 



 

Ceux qui brandissent les drapeaux du Hamas et du Hezbollah dans les rues de France ne sont pas seulement les ennemis d’Israël et du peuple Juif, mais aussi les ennemis de la France. Il ne s’agit pas là d’une affirmation rhétorique ou politique, mais d’une loi d’airain de l’histoire, que vous ne pouvez plus ignorer aujourd’hui. La tolérance dont ont trop longtemps bénéficié les soutiens du Hamas est aussi et surtout une erreur et une faute morale. On ne peut en effet autoriser les partisans du Cheikh Yassine à afficher leur haine des Juifs sur le sol français en toute impunité, sans conséquence pour la France. 

 

Car à travers la personne de Samuel Paty, ce sont certes les valeurs de la France laïque et républicaine qui ont été décapitées, mais c’est aussi une certaine idée de l’humanité de l’homme. Ceux qui glorifient les ennemis d’Israël, et qui attaquent les symboles et le nom même d’Israël, s’en prennent inéluctablement, en fin de compte, au nom de la France et au nom de l’Homme. Comme l’avait écrit le pasteur allemand Martin Niemöller, “Quand ils sont venus chercher les juifs, je n'ai rien dit car je n'étais pas juif... Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n'ai rien dit car je n'étais pas syndicaliste. Et quand ils sont venus me chercher, il n'existait plus personne qui aurait voulu ou pu protester...” Aujourd’hui, Monsieur le Président, ce ne sont plus les Juifs qu’ils viennent chercher, c’est vous.

 

Pierre Lurçat, Jérusalem

 

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Comprendre le langage de l’ennemi (I) : Les Juifs et Israël dans la vision du monde de l’islam et du Hamas, Pierre Lurçat

October 20 2023, 07:56am

Posted by Pierre Lurçat

Comprendre le langage de l’ennemi (I) :   Les Juifs et Israël dans la vision du monde de l’islam et du Hamas, Pierre Lurçat

NB J'analyse l'idéologie du Hamas au micro d'Ilana Ferhadian sur Radio J.

Les juifs sont très présents dans le Coran, qui les qualifie tantôt de Banu-Isra’il (Enfants d’Israël, expression calquée de l’hébreu), al-yahûd (juifs) ou encore ahl al-kitab (peuple du Livre). Cette dernière expression est ambivalente, explique Meir Bar-Asher, car le peuple du Livre est parfois qualifié dans la tradition musulmane « d’âne chargé de livres », c’est-à-dire un peuple porteur d’un héritage dont il n’est pas digne. Cette qualification renvoie à l’accusation récurrente envers les juifs, selon laquelle ils auraient « falsifié » les textes sacrés dont ils étaient dépositaires.

 

Dans le lexique politique de l’islamisme contemporain et dans celui du Hamas, il est utile de le préciser, c’est l’appellation al-yahud qui prédomine de manière quasiment exclusive. Le combat du Hamas ne vise pas les « enfants d’Israël » ou le « peuple du Livre », mais bien les Juifs, le mouvement islamiste ayant totalement occulté l’identité israélienne dans son vocabulaire. Ce combat contre les juifs est central, essentiel et ne peut se terminer que par la victoire de l'islam. Cela ressort à la fois de l’actualité la plus brûlante et de l’analyse de la Charte du Hamas, encore trop méconnue et souvent interprétée à tort.

 

Le préambule de la Charte du Hamas affirme pourtant de manière claire la centralité du « combat contre les Juifs »[2], qui doit être mené « jusqu’à ce que [les] ennemis soient vaincus et que la victoire d’Allah soit établie ». Un des passages clés de la Charte du Hamas, qui éclaire la vision du monde du mouvement islamiste palestinien, est le Hadith cité dans l’article 7 : « L’Heure ne viendra pas avant que les Musulmans ne combattent les Juifs et les tuent ; jusqu’à ce que les Juifs se cachent derrière des rochers et des arbres, et ceux-ci appelleront : O Musulman, il y a un Juif qui se cache derrière moi, viens et tue-le ! »

 

Ce Hadith, cité sur d’innombrables sites Internet musulmans, signifie que le « combat contre les juifs » constitue pour le Hamas un impératif non seulement politique, mais eschatologique[1]. L’affrontement avec les Juifs n’est pas seulement le moyen de récupérer la terre de Palestine, qui constitue un Waqf musulman inaliénable, mais il est la condition sine qua non à la venue de la Fin des temps. Les observateurs non-musulmans, souvent ignorants de la vision du monde islamiste en général, et de ses croyances eschatologiques en particulier, sont enclins à croire que l’islamisme n’est qu’un extrémisme de façade, et qu’il suffit qu’il soit confronté au pouvoir pour qu’il devienne plus « réaliste » et pragmatique...  C’est précisément cette erreur de conception qui a permis la situation dans laquelle Israël vit depuis bientôt deux décennies et le terrible piège dans lequel Israël est tombé le samedi 7 octobre.

 

La vision apocalyptique de l’affrontement ultime avec Israël du Hamas exclut toute possibilité de coexistence ou de modération, et elle est identique à celle des mouvements djihadistes les plus radicaux. Loin d’être un épiphénomène, l’antisémitisme du Hamas constitue le cœur de sa doctrine politico-religieuse. Au vu de ce qui précède, la guerre dans laquelle Israël est aujourd’hui plongé ne peut avoir qu’un seul objectif : l’annihilation totale du Hamas, de ses infrastructures civiles et militaires et de ses dirigeants.

P. Lurçat

 

Cet article est paru originalement dans une version écourtée sur le site du CAPE.

Comprendre le langage de l’ennemi (I) :   Les Juifs et Israël dans la vision du monde de l’islam et du Hamas, Pierre Lurçat

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Les intellectuels juifs face à la guerre en Israël (I) : le serment solennel d’André Neher

October 19 2023, 09:20am

André Neher (1914-1988)

André Neher (1914-1988)

Les intellectuels juifs face à la guerre en Israël (I) : le serment solennel d’André Neher

 

 

            Le 4 juin 1967, alors que le peuple d’Israël vivait des heures d’angoisse face à la menace arabe qui se faisait chaque jour plus pressante, André Neher prononçait les mots suivants, qui résonnent aujourd’hui avec une force particulière, devant l’Assemblée générale du judaïsme français réunie à Paris. Le serment solennel qu’il prononçait est tout aussi valable aujourd’hui qu’alors, pour nos frères juifs de diaspora, et en particulier pour les intellectuels juifs. Espérons qu’ils seront eux aussi – comme Neher et d’autres à l’époque – un « arrière d’acier » pour Israël qui se bat pour sa survie, pour notre survie. P. L.

 

 

« Am qeshé ôref, le peuple à la nuque d’acier : c’est la définition biblique du peuple juif. Or, en hébreu moderne, ôref, ce n’est pas la nuque, mais l’arrière, l’arrière d’un front de combat. Je traduis donc : le peuple juif de la Diaspora est l’arrière du front d’Israël, pas un arrière de repli ou d’embuscade, n’est-ce pas ? mais un arrière de potentiel et de réserves inépuisables, où se forgent les armes morales et matérielles de la lutte d’Israël pour sa vie, un arrière d’acier.

 

Hier encore, je menais avec les hommes les combats des hommes pour les plus nobles valeurs humaines, pour la vérité, pour la paix, pour la justice. Aujourd’hui, je mène l’unique lutte pour Israël, car elle ramasse en elle toutes les autres, les résume et les retrempe dans le creuset d’une épreuve décisive. Oui, c’est la décision entre deux mondes et deux langages, entre ceux qui croient à l’innocence de l’innocent et les fanatiques totalitaires du bouc émissaire juif. Et je dis à mes camarades des luttes d’hier : venez avec moi car la lutte pour Israël est aujourd’hui la lutte humaine par excellente. Si, analysant, hésitant, tergiversant, vous ne venez pas, eh bien ! nous lutterons seuls. De nouveau, nous serons comme Abraham, seuls d’un côté, et le monde entier de l’autre. Et, dans la lutte pour Israël, nous ferons à nouveau, comme l’avait fait Abraham pour le monde entier, le réapprentissage de la justice.

 

Hier encore, je l’avoue, et je le regrette, je ne consacrais qu’une fraction de moi-même à Israël. Aujourd’hui, c’est le tout de ma pensée, de mon action, de ma personne qui s’identifie avec Israël, avec sa lutte, corps et âme, en résolution d’acier, en disponibilité de jour et de nuit…

 

Les hommes juifs des pays libres, les juifs de France en 1939, les Juifs des Etats-Unis en 1943, ne savaient pas. Les uns ne savaient pas qu’Auschwitz était possible. Les autres ne savaient pas qu’Auschwitz était Auschwitz. Nous, nous savons. Alors, en 1939, en 1943, la lutte était défensive. Aujourd’hui, elle est offensive…

 

Le moment pathétique est venu de mettre en pratique le lancinant « souviens-toi » qui nous hante depuis bientôt vingt-cinq ans…

 

Je fais le serment solennel de ne pas sortir du cercle de mes responsabilités avant d’avoir épuisé les infinies ressources dont nous disposons pour faire passer du niveau du souhait à celui de la réalité les trois mots qui, désormais, nous fascinent et nous habitent : AM ISRAEL HAY - ISRAEL, TU VIVRAS !”

 

(Texte publié dans le livre de Neher Dans tes portes, Jérusalem, Albin Michel 1972).

Les intellectuels juifs face à la guerre en Israël (I) : le serment solennel d’André Neher

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Israël face au Hamas : Samson enchaîné - Du Dôme d’acier au « Mur d’acier »

October 18 2023, 16:07pm

Posted by Pierre Lurçat

Israël face au Hamas : Samson enchaîné - Du Dôme d’acier au « Mur d’acier »

Je republie ici ces lignes écrites en 2012, qui prennent aujourd'hui tout leur sens. Voici ce que j'écrivais alors en post-scriptum : "l’opération Colonne de Nuée aura surtout servi à montrer l’incroyable capacité de résistance de l’arrière israélien, des civils, hommes, femmes et enfants : en un mot, du peuple d’Israël ! Nos dirigeants sont loin d’être parfaits, mais notre peuple, lui, est « koulo téhélet » כולו תכלת, il est tellement beau et fort... 

עם ישראל חי ! "

Alors que l’opération « Colonne de nuée » vient de s’achever en queue de poisson, par un illusoire cessez-le-feu hâtivement conclu par Israël, apparemment sous la pression internationale, on peut d’ores et déjà tirer quelques leçons de ce nouveau round d’affrontement avec le Hamas. 

Les prouesses technologiques de l’armée et des sociétés de défense israéliennes, qui ont abouti au système « Kipat Barzel » (« Dôme d’acier ») ont heureusement permis de réduire le nombre de victimes en Israël, malgré la quantité de missiles tirés depuis Gaza, mais ce fait indiscutable ne doit pas nous empêcher de regarder la réalité en face : Israël est aujourd’hui constamment sur la défensive, même quand son aviation attaque à Gaza, et la capacité du Hamas d’atteindre la plaine côtière et le cœur de Tel-Aviv constitue indéniablement, quoiqu’en disent nos dirigeants, une immense victoire symbolique et psychologique pour nos ennemis !

Dans le bruit incessant des commentaires des médias israéliens (trop souvent péremptoires et défaitistes) qui ont accompagné les hostilités, on a pu entendre quelques observations pertinentes, et notamment celle d’un chercheur du Centre d’études moyen-orientales d’Ariel, le Dr Eyal Levin, dont les travaux portent sur la « résilience nationale » (‘hossen léoumi) : « Le système Dôme d’acier n’exprime pas notre résilience nationale, mais au contraire notre faiblesse », a-t-il dit en substance. Et le député Likoud Yariv Levin a ajouté fort à propos que pour savoir ce qu’était la résilience nationale, il fallait regarder j adis les habitants du Goush Katif…

La situation actuelle, dans laquelle une organisation terroriste islamiste qui a assis sa domination sur une bande de terre réduite parvient à terroriser et à faire vivre dans des bunkers plus d’un million de citoyens israéliens, sans que l’armée « la plus puissante du monde » ne puisse faire cesser définitivement les tirs de roquettes, illustre la réalité paradoxale dans laquelle Israël s’est enfermé depuis plus de deux décennies (c’est-à-dire depuis la 1ère Guerre du Golfe), réalité que l’on peut décrire par une métaphore : celle de Samson enchaîné.

Comme Samson dans la Bible, Israël est un géant théoriquement capable d’anéantir ses ennemis, mais dont la force est neutralisée, pour des raisons essentiellement politiques et psychologiques. Notre peuple est incroyablement fort, et il a fait montre pendant la semaine de guerre écoulée d’une admirable capacité de résistance sous les missiles, dont aucun autre peuple n’a donné d’exemple depuis le Blitz sur Londres… Mais notre État et ses dirigeants, eux, font souvent preuve d’une grande faiblesse et d’une impuissance tragique, et la réussite relative du système Dôme d’acier parvient difficilement à masquer l’incapacité de Tsahal à empêcher que l’arrière devienne le front et que les civils se trouvent aujourd’hui en première ligne, d’Ashqélon à Rishon-le-Tsion.

Cet échec incommensurable interroge les fondements mêmes du projet sioniste, tel qu’il a été formulé par l’un des plus grands théoriciens de la Renaissance nationale juive, Zeev Jabotinsky, dans son article fameux « La muraille d’acier » (Kir Habarzel), qui préfigurait la doctrine stratégique de Tsahal avant même la proclamation de l’Etat d’Israël. Or « Kipat Barzel » n’est pas la continuation du « Kir Habarzel », mais il en est la négation ! Car au lieu de dissuader nos ennemis, nous les avons laissés nous terroriser et nous faire vivre dans une permanente insécurité.

La capacité de dissuasion de Tsahal a été gravement atteinte ces dernières années, au Nord avec la fuite déguisée en « retrait » du Liban ordonnée par Ehoud Barak, et au Sud avec le crime inexpiable commis par Ariel Sharon, dans les ruines du Goush Katif. Pour la restaurer un jour, il faudra reconquérir la bande de Gaza et rétablir la souveraineté israélienne de la Mer au Jourdain (et plus tard, peut-être, sur les deux rives du Jourdain !). En attendant ce jour, nous pouvons seulement nous défendre, comme Samson enchaîné, par des coups d’éventail contre les piqûres de guêpe de notre ennemi, au lieu de nous dresser de toute notre stature pour l’écraser et l’anéantir.

P. Lurçat

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Comment gagner la guerre selon la Torah? Tsahal, le droit juif et la guerre, P. Lurçat

October 15 2023, 16:26pm

Posted by Pierre Lurçat

Comment gagner la guerre selon la Torah? Tsahal, le droit juif et la guerre, P. Lurçat

Le principe fondamental du droit juif de la guerre est celui énoncé dans la Torah, selon lequel « celui qui vient pour te tuer, devance-le et tue-le ». Il s’applique en temps de paix, et à plus forte raison en temps de guerre. Ce principe fondamental, qui constitue une des bases du droit à l’autodéfense dans la loi juive, a des conséquences très concrètes. Ainsi, expliquent les auteurs du livre Torat Hamele’h, « celui qui vient pour te tuer » n’est pas forcément un soldat en uniforme portant une arme. La situation est souvent plus complexe, comme lorsque les soldats de Tsahal se trouvent en territoire ennemi, pour neutraliser des missiles dirigés vers les villes d’Israël et qu’un berger arabe aperçoit la patrouille de soldats et va informer les terroristes de sa présence… Dans cette situation, le berger est lui aussi considéré comme « celui qui vient pour te tuer ».

 

Un exemple concret d’une telle situation m’a été relaté par un jeune parachutiste, qui était en première ligne pendant la guerre contre le Hamas à Gaza en 2009. Les consignes officielles, inspirées par le Code éthique de Tsahal et le principe de « pureté des armes », étaient de ne pas tirer sans sommation sur des civils, mais les soldats de Tsahal ne les ont pas toujours respectées, car ils savaient pertinemment que ces civils représentaient parfois un danger réel pour leur vie. Dans ce cas précis, la loi juive, telle que l’expose La Loi du Roi, est beaucoup plus claire que le Code éthique de Tsahal. La loi juive interdit en effet à un soldat juif de mettre sa vie en danger pour éviter de tuer un civil ennemi, comme cela est arrivé très souvent à Gaza ou au Sud-Liban. L’exemple concret relaté ci-dessus permet de mesurer toute la distance entre la loi juive et le Code éthique de Tsahal, rédigé par des gens qui n’ont apparemment aucune connaissance du droit juif de la guerre.

La loi juive est beaucoup plus claire que le Code éthique de Tsahal

En effet, comme l’explique le rabbin et mathématicien Eliahou Zini [1], Tsahal agit souvent selon un code éthique et un principe de « pureté des armes », qui s’inspirent de règles morales étrangères (lesquelles ne sont pas toujours appliquées par les autres armées occidentales). Lorsque treize soldats israéliens ont été tués à Djénine en 2002, pour ne pas employer l’artillerie contre la population civile ennemie, c’était en raison de ce fameux code éthique [2]. Cette morale d’inspiration étrangère, qui préfère la vie de civils ennemis à celles des soldats de Tsahal, n’a rien à voir avec la morale juive authentique, celle de la Torah et des prophètes. Eliahou Zini souligne aussi que le Code éthique de Tsahal, rédigé par une commission nommée par l’armée et dirigée par un professeur de philosophie, Asa Kasher, fait tantôt référence à la « tradition du peuple Juif » et tantôt aux « valeurs universelles », mais qu’en cas de contradiction entre ces deux sources, ce sont les valeurs universelles (non juives) qui prévalent. Le Code éthique, poursuit Zini, affirme encore que l’objectif de Tsahal est de « faire entrave aux efforts de l’ennemi visant à perturber le cours normal de la vie », comme si la « défense d’Israël se réduisait à la mise en place d’un abri pour sa population ».

 

On comprend alors pourquoi le livre La Loi du Roi est considéré comme « séditieux » par les médias de gauche et par le pouvoir judiciaire. Ceux-ci sont en effet impliqués, à des degrés divers et avec des motivations différentes, dans le combat mené – avec l’appui et le financement d’ONG et de pays étrangers – pour entraver les mains de Tsahal dans sa guerre contre le terrorisme arabe. Le rapport Goldstone, on s’en souvient, reposait entièrement sur les accusations mensongères de « crimes de guerre » qui provenaient d’associations israéliennes d’extrême-gauche financées par l’Union européenne. Dans ce contexte, le débat légitime sur les normes éthiques et morales que doivent suivre les soldats israéliens devrait viser à redonner à Tsahal, face aux efforts répétés pour lui lier les mains dans la guerre contre le Hamas, les moyens juridiques, fondés sur le droit juif, d’affronter ses ennemis et de les vaincre.

(Extrait de mon livre La trahison des clercs d’Israël, La Maison d’édition 2016).

 

[1] Eliahou Zini, « Code éthique ou matraquage politique », in Forum-Israël Nº 3, « Le temps de la guerre », éditions Ivriout 2006.

[2] « Depuis trop longtemps, des soldats de Tsahal ont été assassinés en vain dans la bande de Gaza, en Judée-Samarie, au Liban, uniquement afin de ne pas porter atteinte aux familles de terroristes, à leurs voisins, ou aux citoyens de peuples étrangers… Où est le respect de la vie de nos soldats, le respect de leurs familles, le respect de tout un peuple qui les a envoyés en première ligne ? ». Eliahou Zini, « Code éthique ou matraquage politique », art. cit.

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Dans la bibliothèque de mon père (IV) : Niels Bohr et l’intelligibilité du monde

October 13 2023, 07:54am

Bohr et Einstein

Bohr et Einstein

 

Pour Bohr un formalisme mathématique, si pertinent soit-il, ne produit par lui-même aucun effet d’intelligibilité. Tout son effort vise à rendre la mécanique quantique intelligible en la rattachant à ce que nos sens peuvent percevoir.

 

F. Lurçat, « Niels Bohr et la pluralité de l’être »[1]

 

Cet article, écrit pour le Yahrzeit de mon père, l’a été avant la guerre dans laquelle Israël est aujourd’hui plongé. J’ai décidé de le publier néanmoins à la date prévue, sachant que le sujet qu’il aborde est loin des préoccupations actuelles de mes lecteurs, mais qu’il demeure néanmoins pertinent pour comprendre notre monde actuel. P.L.

 

 

[1] In La science suicidaire, Athènes sans Jérusalem, F.-X. de Guibert 1999, p. 196.

Notre époque est peut-être celle qui a vu le divorce le plus total entre la capacité de savoir de l’homme et l’intelligibilité du monde. Le monde est ainsi devenu, à de nombreux égards, de plus en plus opaque, alors même que la quantité de connaissances humaines semblait s'accroître à un rythme exponentiel, celui de l’intelligence artificielle et des moteurs de recherche… Comment comprendre ce paradoxe apparent ? Pour tenter de l'élucider, il faut peut-être chercher la réponse chez un des physiciens les plus célèbres – et les plus mal compris – du vingtième siècle, Niels Bohr.  Quatrième volet de ma série d’articles en hommage à mon père, François Lurçat z.l.

Dans la bibliothèque de mon père : La poésie et l’éclat du monde - à propos de Philippe Jaccottet - VudeJerusalem.over-blog.com

David Shahar, le conteur qui nous parle de l’âme humaine - VudeJerusalem.over-blog.com

Dans la bibliothèque de mon père (III) : Emmanuel Lévinas et le bilan du vingtième siècle - VudeJerusalem.over-blog.com

La physique occupait évidemment une place de choix dans la bibliothèque de mon père – qui était devenu physicien par vocation, après avoir discuté enfant avec le physicien Pierre Auger à Moscou – , mais la philosophie avait presque fini par la supplanter. Or, les livres de Niels Bohr n’étaient pas seulement au confluent des deux disciplines. Bohr était en effet, comme je le comprendrais bien après que mon père soit parti dans le monde de Vérité, celui qui avait permis à mon père d’entamer sa seconde « carrière », celle de philosophe de la science. Le point de départ de cette seconde carrière fut le constat que la physique avait non seulement cessé d’être compréhensible du commun des mortels, mais qu’elle avait en fait largement renoncé à l’ambition même de le devenir.

 

Les physiciens qui travaillaient, comme lui, sur des sujets de physique théorique et de physique des particules en particulier, s’accommodaient parfaitement de l’aura de mystère et d’inaccessibilité qui entourait leur discipline, mettant en pratique, comme il l’écrivait, « la philosophie du “faut pas chercher à comprendre” ». Or, expliquait-il, « cette philosophie “marche” : l’étudiant passe ses examens ou ses concours, le chercheur publie ses articles, l’ingénieur réalise de nouveaux dispositifs qui remplissent la fonction à laquelle on les destine… Le seul petit malheur est que personne (ou presque) n’y comprend plus rien (ou presque »[2].

 

            Ce constat d’incompréhensibilité, mon père l’avait fait parfois en tant que professeur – et il était, de l’avis de ses étudiants, un excellent pédagogue – mais surtout en tant que chercheur, lorsqu’il tentait d’expliquer à ses collègues les sujets de ses recherches. Combien de fois l’avais-je entendu, étant adolescent, se plaindre du mur d’incompréhension auquel il se heurtait en parlant avec ses collègues… La critique qu’il devait développer bien des années plus tard de la « social-science » (c'est-à-dire de la science conçue comme une entreprise sociale et économique, bien plus que comme l’effort mené pour rechercher la vérité scientifique), était sans doute déjà en gestation, dans l’expérience souvent décevante qu’il avait des contacts quotidiens avec ses collègues physiciens, y compris ceux qui, comme lui, s'étaient intéressés à la philosophie de la science.

 

La cause profonde de cette incompréhension persistante n’était pourtant pas, comme j’avais pu le penser alors, un désaccord scientifique ou politique, mais un sujet bien plus essentiel, qui tenait à la notion même de ce que signifie « comprendre » une théorie scientifique. « Le projet qui a présidé à la naissance de la physique », écrirait-il bien plus tard dans son livre consacré à Niels Bohr, « comportait deux aspects étroitement liés ». « L'homme était appelé à comprendre les lois de la nature, et à devenir 'comme maître et possesseur de celle-ci [3]». Ce dernier aspect fait aujourd'hui l'objet d'une critique radicale, qui prend souvent pour cible la conception anthropocentrée de la Bible, accusée d'avoir entraîné l'homme à dominer la nature et, ce faisant, à surexploiter les ressources naturelles.

 

Cette critique, quel qu'en soit le bien-fondé, néglige le premier aspect, tout aussi essentiel, du projet scientifique : celui de la compréhension des lois naturelles et de l'intelligibilité du monde. Or, poursuivait-il, « aujourd'hui le second aspect dévore le premier : plus nous dominons et possédons, moins nous comprenons ». C'est précisément ce constat d'un oubli grandissant de la nécessité de comprendre, consubstantielle au projet scientifique, qui amena mon père à chercher les outils d'une analyse de la crise de la science moderne. Cette recherche le conduisit à lire, parmi d'autres auteurs, Emmanuel Levinas – déjà évoqué dans ces colonnes – mais aussi Edmund Husserl.

 

“Dire à d’autres hommes ce que nous avons appris”

 

Mais c'est chez Niels Bohr qu'il trouva à la fois le sujet d'un de ses livres les plus aboutis, et la source d'une réflexion féconde sur l'état de la physique en particulier et de la science en général. Pour résumer en quelques mots ce qu’il avait trouvé chez Bohr, je citerai un passage de la discussion entre ce dernier et Einstein. « Par le mot ‘d’expérience’ experiment, nous nous référons à une situation où nous pouvons dire à d’autres hommes ce que nous avons fait et ce que nous avons appris ; il en résulte que la description du dispositif expérimental et des résultats des observations doit être exprimée en un langage dénué d’ambiguïté, se servant convenablement de la terminologie de la physique classique »[4].

Ce passage appelle de nombreux commentaires, qui relèvent à la fois de la physique et de la philosophie. Pour nous en tenir à l’aspect proprement philosophique, il exprime la quintessence de la conception par Bohr de l’acte de comprendre… Pour comprendre un phénomène, nous dit-il, il ne suffit pas d’appliquer une formule (physique ou mathématique), mais encore d’être capable de l’expliquer à d’autres. Cette définition n’est pas seulement le fruit d’une réflexion théorique sur ce que signifie comprendre : Bohr a en effet lui-même été confronté à cette nécessité, lors de sa discussion avec Einstein. C’est en effet face à l’incompréhension de ce dernier qu’il a été amené à préciser et à enrichir ses propres idées.

 

Mais la définition par Bohr du phénomène et celle de l’acte de comprendre qui en découle n’ont pas simplement un intérêt pour l’histoire et la philosophie des sciences. Elles ont aussi, et c’est sans doute l’essentiel, un intérêt pour l’homme d’aujourd’hui et pour la vie de tous les jours. L’opacité du monde actuel ne tient pas seulement en effet à la complexité des événements, mais également et surtout, à notre incapacité grandissante de porter un jugement. Juger l’événement suppose en effet de disposer de critères qui ne sont pas seulement objectifs et scientifiques, mais avant tout moraux. J’en donnerai un seul exemple, tiré de l’actualité : quand la Russie a envahi l’Ukraine, certains de mes interlocuteurs ont prétendu qu’Israël devait soutenir Poutine, lequel était selon eux notre ami, bien plus que les Etats-Unis… Les récentes déclarations de Poutine affirmant qu’Israël avait « transformé Gaza en camp de concentration » et que l’attaque du Hamas constituait la « révolte du ghetto », leur feront-elles changer d’avis ? Je l’espère…

 

La seconde raison qui permet d’expliquer l’opacité grandissante de notre monde tient sans doute à l’incapacité d’échanger véritablement des opinions et d’instaurer un dialogue authentique, en se contentant de « partager » des points de vue et des « contenus », sans que chacun puisse comprendre véritablement – et éventuellement accepter – celui de son protagoniste. Lors de la fameuse discussion Bohr-Einstein, c’est ainsi « dans une large mesure, la discussion avec Einstein qui a suscité l’effort de Bohr pour préciser le sens du concept fondamental de phénomène… »

 

En effet, « Bohr savait très bien que sa pensée et son expression avaient tendance à l’obscurité ; il a toujours cherché des interlocuteurs capables de l’aider à être plus explicite. La discussion avec Einstein a été à cet égard d’une remarquable efficacité : le compte-rendu rédigé par Bohr est de loin le texte le plus clair qu’il ait écrit sur le sujet ».

 

     Dans les dernières pages de son livre L’autorité de la science, François Lurçat écrit ces lignes prémonitoires : « Une recherche authentique de la vérité peut certainement aboutir à des résultats qui pourront… enrichir la culture. Une recherche marquée par la concurrence sauvage et la quête du succès à n’importe quel prix risque de déformer la vérité, et peut contribuer à détruire le concept même de vérité [5]». C’est précisément ce à quoi nous assistons aujourd’hui, dans le monde des médias et des réseaux sociaux, ou la confrontation d’idées a été remplacée par une cacophonie généralisée et où l’idée même de vérité est en danger.

P. Lurçat

 

 

 

[1] In La science suicidaire, Athènes sans Jérusalem, F.-X. de Guibert 1999, p. 196.

[2] F. Lurçat, Niels Bohr, Critérion 1990, p. 106. (Réédition en Points Seuil).

[3] F. Lurçat, Niels Bohr, op. cit. p. 106.

[4] N. Bohr, Discussion avec Einstein, in Physique atomique et connaissance humaine, Folio Essais Gallimard 1991, p. 207.

[5] F. Lurçat ; « Le big-bang et sa critique », dans l’Autorité de la science, Cerf 2009 p. 236.

François Lurçat z.l. (1927-2012)

François Lurçat z.l. (1927-2012)

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“Humains, trop humains…” : Face à la cruauté du Hamas, l’humanité d’Israël est-elle justifiée? Pierre Lurçat

October 12 2023, 10:11am

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“Humains, trop humains…” : Face à la cruauté du Hamas, l’humanité d’Israël est-elle justifiée? Pierre Lurçat

NB Plusieurs signes semblent indiquer que nous sommes sortis de cette posture "morale" erronée et que Tsahal se bat aujourd'hui sans limite contre un ennemi inhumain qui ne mérite aucune compassion. Comme je l'écrivais en 2018, "La victoire contre le Hamas n’est pas seulement une question militaire et stratégique, elle est aussi - et avant tout - une question morale. Car c’est sur le plan des normes morales que réside notre principale faiblesse. L’heure est à ‘terroriser les barbares’, selon l’injonction du Rav Kook. L’heure est au réarmement moral d’Israël et du peuple Juif face à leurs ennemis". P.L.

 

Une fillette de la famille du chef du Hamas subit une greffe à l’hôpital Ichilov de Tel-Aviv”. Cette information a fait la “Une” de l’actualité en Israël. Les médias français et occidentaux, eux, l’ont passée à la trappe. Ils préfèrent titrer, comme Le Monde, “Le survivant d’une famille décimée à Gaza, saisit la Cour pénale internationale”, en faisant passer Israël et le peuple Juif pour des assassins, conformément à l’imagerie antisémite séculaire. Mais mon propos n’est pas ici de déplorer une fois de plus les mensonges des médias occidentaux (1). La question qui me préoccupe est celle - plus fondamentale, voire cruciale - de notre propre vérité. Qui sommes-nous, ou plutôt qui voulons-nous être? Un modèle de moralité et d’angélisme dans un monde barbare? 

 

Est-ce que la vocation de “Lumière des nations” que nous assignent nos Prophètes consiste à soigner les proches de nos pires ennemis, ceux qui gardent en otages nos soldats - morts ou vivants - pour obtenir des concessions de notre part, en attendant de lancer un nouvel assaut meurtrier contre nos civils ? Ou peut-être sommes-nous victimes d’une terrible illusion, d’une erreur de perspective à laquelle nous ont habitués des centaines d’années d’existence galoutique, loin des préoccupations de la vie nationale, durant lesquelles nous avons désappris le sens véritable des injonctions bibliques et talmudiques? 

 

Plus encore qu’elle ne nous apprend sur la désinformation et le mensonge permanent des médias occidentaux concernant Israël, la décision de soigner la nièce d’Ismaïl Hanieyh à l’hôpital Ichilov doit nous faire réfléchir sur la psychologie de nos ennemis et la nôtre, et sur l’asymétrie fondamentale du conflit qui nous oppose à nos voisins. Elle nous invite surtout à comprendre ce que signifie véritablement la vocation morale d’Israël. Loin de vouloir faire l’éloge d’Israël, en démontrant une fois de plus combien nous sommes humains et nos ennemis inhumains, je prétends affirmer ici que notre humanité débordante est un défaut et une faille dans notre cuirasse, que nos ennemis savent exploiter pour nous affaiblir. Et elle n’est même pas conforme à notre Tradition authentique...

 

Un présupposé d’humanité mensonger

Car cette décision repose sur un présupposé d’humanité, qui est totalement faux ! Elle fait l’hypothèse que nos ennemis sont des hommes comme nous et qu’en leur montrant un visage d’hommes, nous les inciterons à dévoiler eux aussi leur humanité. Or c’est, hélas, le contraire qui est vrai… Plus nous sommes enclins à faire preuve d’humanité avec eux, plus ils se jouent de nous et se montrent cruels. Cette vérité éternelle avait déjà été énoncée par nos Sages dans le Talmud : « Celui qui a pitié des méchants, finit par se montrer cruel envers les justes… » Le peuple israélien a éprouvé dans sa chair la réalité tragique de cet adage, lorsque le gouvernement Sharon, voulant mettre fin à la « cruelle occupation  de Gaza », a fait preuve de l’inhumanité la plus flagrante envers les Justes qui peuplaient les yichouvim du Goush Katif. 

 

La synagogue détruite de Névé Dekalim : une inhumanité flagrante

 

La parasha de Ki Tetsé commence par le verset : “Lorsque tu iras en guerre contre tes ennemis, que l'Éternel, ton Dieu, les livrera en ton pouvoir, et que tu leur feras des prisonniers”, au sujet duquel Rachi commente : “Il s’agit d’une guerre facultative, car dans les guerres pour Eretz-Israël il ne saurait être question de faire des prisonniers”. Si nous pensons que les mots de Rachi font encore sens aujourd’hui, alors nous ne pouvons faire l’économie de nous interroger sur le sens de ce commentaire, si terrible puisse-t-il paraître à la conscience juive actuelle, façonnée par l’idée occidentale d’origine chrétienne, de la dichotomie entre droit et morale, entre pouvoir séculier et religion. 

 

Comment agir face à des loups sauvages?

Dans un article très éclairant écrit après la Deuxième Guerre du Liban, dans la défunte revue francophone Forum-Israël, le rav Oury Cherki abordait la question de “l’éthique juive de la guerre”, et citait une réponse du rav A.I . Hacohen Kook au rav Zaïdel, qui lui avait demandé pourquoi la tradition juive impose des guerres si violentes et parfois si cruelles (2). Le rav Kook répondit : “Pour ce qui est des guerres, il était impossible à une époque où nos voisins étaient des loups sauvages, que seul Israël ne fasse pas la guerre, car alors, les nations se seraient liguées pour nous exterminer. Bien au contraire, c’était une chose indispensable. Il fallait terroriser les barbares, en employant également des moyens cruels, tout en gardant l’espoir d’amener l’humanité à ce qu’elle devrait être. Mais il ne faut pas avancer le temps, et se croire à l’époque messianique quand on n’y est pas”. 

Cette réponse énonce plusieurs vérités très actuelles sur l’attitude qu’Israël devrait adopter face au Hamas.  Premièrement, face à un ennemi barbare, on se doit d’être cruel. En d’autres termes, il faut “terroriser les terroristes”. (Et qu’on ne vienne pas nous dire que les civils de Gaza sont “innocents”. Car comme l’explique le Rav Cherki, la distinction entre des soldats “coupables” et des civils “innocents” repose sur un syllogisme erroné). Enfin, l’espoir de faire progresser l’humanité vers des normes morales plus élevées n’est pas aboli, mais il concerne les temps messianiques, qui ne sont pas encore là.

Rav Kook : “Il fallait terroriser les barbares”

Nos ennemis ne changeront pas. C’est donc à nous de changer ! Cessons de nous comporter en modèles d’humanisme, en agneaux dans un monde de loups. Devenons une fois pour toutes, comme l’exigeait Jabotinsky, une ‘race fière et cruelle’. Alors que le Hamas se prépare déjà au prochain round contre Israël, l’heure n’est pas aux marques d’humanité envers le Hamas, ses dirigeants et leurs familles, mais au renforcement de notre capacité de résistance et de contre-offensive. La victoire contre le Hamas n’est pas seulement une question militaire et stratégique, elle est aussi - et avant tout - une question morale. Car c’est sur le plan des normes morales que réside notre principale faiblesse. L’heure est à ‘terroriser les barbares’, selon l’injonction du Rav Kook. L’heure est au réarmement moral d’Israël et du peuple Juif face à leurs ennemis.

Pierre I. Lurçat

(Article publié initialement en 2018)

(1) Voir https://infoequitable.org/ sur les mensonges des médias français.

(2) Epitres du rav Kook, Igrot Re’ia, vol. 1 p. 100, cité par O. Cherki, art. cit. C’est moi qui souligne. Je renvoie également sur ce sujet aux chapitres de mon livre La trahison des clercs d’Israël (La Maison d’édition 2016) consacrés au droit juif de la guerre.

 

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Le choc, la stupéfaction, la tristesse… et les questions. Premières réflexions sur la guerre de Simhat Torah 5784

October 10 2023, 07:52am

Posted by Pierre Lurçat

Le choc, la stupéfaction, la tristesse… et les questions. Premières réflexions sur la guerre de Simhat Torah 5784

 

Après le choc et la stupéfaction, vient le moment de la réflexion et des questions. Pourquoi et comment Tsahal a-t-elle pu se laisser surprendre à ce point ? Cet événement que beaucoup qualifient d’incroyable et comparent au 11 septembre ou à la guerre de Kippour, de par l’étendue de la surprise et de l’échec qu’il représente pour Israël, peut aussi être comparé à la Guerre d’Indépendance, notamment en raison du fait que l’ennemi a réussi à percer la frontière et à pénétrer (fut-ce pour un temps limité) sur le territoire souverain de l’Etat juif.

 

La “conceptsia” s’est écroulée une fois de plus

 

Le sentiment dominant, tant chez les observateurs qu’au sein de la population israélienne, est celui d’un cataclysme, d’un effondrement, comme si toutes les choses sur lesquelles on croyait pouvoir compter s’étaient soudain écroulées… Qu’est-ce qui s’est écroulé exactement ? Les réponses à cette question sont multiples : le front s’est écroulé, la « barrière intelligente » séparant Israël de Gaza s’est révélée n’être pas plus efficace que les murs de paille du petit cochon dans le conte de Perrault, et le peu de sécurité qui restait encore aux habitants de Sderot et du pourtour de Gaza a été tragiquement réduit en poussière…

 

            Mais au-delà de ces éléments matériels – qui sont évidemment d’une importance cruciale – c’est aussi un élément moral et conceptuel qui a volé en éclats : celui qu’on désigne aujourd’hui, comme en 1973, par le mot de « conceptsia », la conception. Cette conception, qui concernait en 1973 l’Egypte, concerne en 2023 principalement le Hamas et Gaza. On peut l’exprimer par l’idée qu’on pouvait négocier avec le Hamas, et par celle qu’Israël avait compris le langage et les desseins du Hamas et maîtrisait donc en large mesure la situation à Gaza.

 

Le piège mortel de la “Pax islamica”

 

A un niveau plus profond encore, la « conception » actuelle est l’idée même qu’Israël se fait du Hamas, de sa nature véritable et de ses conceptions politiques et stratégiques[1]. C’est l’illusion mortelle de la « Pax islamica », que le Hamas nous a imposée et que nous avons acceptée, en raison d’un mélange de peur (comme me l’expliquait Simha Goldin[2], dont le fils Hadar a été capturé par le Hamas en 2014) et d’incompréhension. Or, dans la vision du monde de l’islam radical – celle du Hamas, du Djihad islamique et de Daesh – la peur est précisément l’élément-clé qui permet d’asseoir la domination de l’islam. C’est bien cette peur qui a été instillée dans l’esprit de nos dirigeants et leur a fait croire qu’on pouvait « acheter » la tranquillité, en faisant entrer l’argent du Qatar à Gaza et en autorisant des milliers de Gazaouis à venir travailler en Israël.

 

Cette « conception » réside aussi dans l’idée qu’on pourrait négocier avec le Hamas des trêves provisoires, en le laissant se réarmer entre chaque manche d’affrontement armé, au lieu de considérer que son réarmement constitue un casus belli, justifiant (selon le droit international et les principes de toute doctrine militaire communément acceptée) une nécessaire intervention préventive au cœur de la bande de Gaza, pour détruire les missiles pointés contre le territoire israélien avant même leur utilisation, au lieu de se fier entièrement au système de Défense « Bouclier de fer », dont j’ai expliqué dans ces colonnes toutes les carences.

 

Cette « Pax islamica » que nous avons malheureusement acceptée depuis plus de 15 ans face au Hamas nous a empêchés de comprendre les intentions véritables de l’ennemi et d’être attentifs à son discours et à ses préparatifs. Comme en 1973, quand Israël a fermé les yeux devant les menaces explicites et les préparatifs de guerre concrets – de l’Egypte soutenue par l’URSS – Israël a aujourd’hui fermé les yeux face au Hamas armé et guidé par l’Iran. Cette cécité volontaire dénote non seulement un échec terrible des services de renseignement – Shabak, Aman, Mossad, etc. – et de l’échelon politique, mais aussi et surtout un échec conceptuel général à intérioriser la manière de pensée de l’ennemi.

 

Plus encore qu’une forme de « dissonance cognitive », il y a là en effet une sorte d’incapacité récurrente à comprendre l’ennemi, comme si les échelons dirigeants d’Israël s’obstinaient à penser avec des concepts occidentaux l’affrontement avec des ennemis qui appartiennent à un univers conceptuel et culturel bien différent, celui du monde arabe et iranien et celui de l’islam politique. C’est cette incompréhension fondamentale (dont on a déjà vu les conséquences dramatiques lors des accords d’Oslo et du retrait du Goush Katif) dont nous payons aujourd’hui le prix cruel, et à laquelle il importe de remédier au plus vite (à suivre…).

P. Lurçat

 

NB Je renvoie sur tous ces sujets à l’émission que j’avais consacrée aux erreurs israéliennes face au Hamas, au micro de Richard Darmon sur Studio Qualita.

 

[1] Sur ce point précis, je renvoie à mon étude de l’idéologie du Hamas, Le Hamas, un mouvement islamiste apocalyptique - Le CAPE (jcpa-lecape.org)

[2] Interview parue dans Israël Magazine en octobre 2022.

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"Dôme d'acier" ou "Mur de fer?" Comment rétablir la sécurité d'Israël face à Gaza

October 9 2023, 10:33am

Posted by Pierre Lurçat

"Dôme d'acier" ou "Mur de fer?" Comment rétablir la sécurité d'Israël face à Gaza

 

(Dans les lignes suivantes, extraites de ma présentation du livre Le Mur de fer de Jabotinsky, j'explique en quoi le "Dôme d'acier" constitue en réalité la négation du "Mur de fer" et des principes d'une véritable dissuasion face au Hamas et aux ennemis d'Israël en général).

Le « dôme d’acier », malgré toute sa perfection technologique, ne vise en effet pas à assurer une quelconque dissuasion pour Israël, face aux tirs de roquette incessants venant de Gaza, mais plutôt à protéger les civils israéliens, sans aucunement empêcher les groupes terroristes palestiniens de poursuivre leurs attaques. De ce fait, il illustre le paradoxe d’une armée toujours plus intelligente, mais de moins en moins audacieuse. Comme le savent bien les dirigeants de l’armée israélienne, seule une offensive terrestre au cœur de la bande de Gaza permettrait de démanteler les lanceurs de missiles, voire de mettre fin au pouvoir du Hamas, installé depuis le retrait de l’armée israélienne en 2006. Or, la protection toute relative offerte par le dispositif du « dôme d’acier » empêche en fait Tsahal de mener une telle offensive, en la dissuadant d’adopter une logique militaire plus coûteuse en vies humaines. La dissuasion s’exerce donc envers Israël et non envers ses ennemis.

 

         Le « dôme d’acier » n’est donc aucunement l’application de la doctrine du « Mur de fer » élaborée par Jabotinsky il y a près de cent ans : il en est la négation. Cet exemple ne signifie toutefois pas que le « Mur de fer » aurait été totalement oublié, mais que cette notion est appliquée de manière variable, selon les circonstances et les différents fronts. Israël fait ainsi preuve depuis plusieurs années d’une audace impressionnante face à l’Iran, multipliant les opérations et les éliminations ciblées en territoire ennemi, tandis que sur le front de Gaza, Tsahal se montre beaucoup plus timorée, restant sur la défensive la plupart du temps. Cette disparité montre que l’éthos défensif – qui remonte aux débuts de Tsahal et avant encore, à l’époque du Yishouv – s’avère insuffisant, face à des ennemis farouchement déterminés.

 

        

Toute l’histoire de la stratégie de défense d’Israël, depuis la Haganah et les premiers efforts d’auto-défense à l’époque de Jabotinsky et jusqu’à nos jours, est marquée par une oscillation permanente entre deux pôles opposés : celui de l’éthos purement défensif, largement prédominant d’une part, et celui d’un éthos offensif, celui de l’unité 101 dans les années 1950 et de la « Sayeret Matkal » (unité d’élite de l’état-major), d’autre part. De toute évidence, c’est cet esprit offensif qui a permis à Tsahal de connaître ses victoires les plus éclatantes, celle de juin 1967 ou celle de l’opération Entebbe, pour ne citer que deux exemples. Malgré cela, l’armée israélienne demeure attachée à l’éthos purement défensif, pour des raisons complexes liées à son histoire et à ses valeurs fondatrices. La doctrine du « Mur de fer » demeure ainsi d’actualité, un siècle après avoir été formulée par Jabotinsky. 

 

Les récents événements violents survenus en mai 2021 dans les villes mixtes d’Israël, et la persistance d’une opposition radicale à l’existence de l’Etat hébreu dans la région – malgré les avancées remarquables des accords Abraham – montrent que la dissuasion demeure une nécessité impérieuse, tant sur le front intérieur que sur les différents fronts extérieurs. L’aspiration à la paix qui caractérise le peuple Juif et l’Etat d’Israël ne doit pas éluder cette nécessité. Le pacifisme aveugle, il y cent ans comme aujourd’hui, menace la pérennité de l’existence d’un Etat juif souverain, au milieu d’un environnement encore largement hostile. Aujourd’hui comme hier, la paix repose sur la préparation à d’éventuels conflits, selon l’adage latin toujours actuel (« Si vis pacem, para bellum »), ou selon les mots de Jabotinsky : « le seul moyen de parvenir à un accord [de paix] est d’ériger un mur de fer ».

Pierre Lurçat

NB Je renvoie sur tous ces sujets à l’émission que j’avais consacrée aux erreurs israéliennes face au Hamas, au micro de Richard Darmon sur Studio Qualita

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