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strategie militaire

"Dôme d'acier" ou "Mur de fer?" Comment rétablir la sécurité d'Israël face à Gaza

October 9 2023, 10:33am

Posted by Pierre Lurçat

"Dôme d'acier" ou "Mur de fer?" Comment rétablir la sécurité d'Israël face à Gaza

 

(Dans les lignes suivantes, extraites de ma présentation du livre Le Mur de fer de Jabotinsky, j'explique en quoi le "Dôme d'acier" constitue en réalité la négation du "Mur de fer" et des principes d'une véritable dissuasion face au Hamas et aux ennemis d'Israël en général).

Le « dôme d’acier », malgré toute sa perfection technologique, ne vise en effet pas à assurer une quelconque dissuasion pour Israël, face aux tirs de roquette incessants venant de Gaza, mais plutôt à protéger les civils israéliens, sans aucunement empêcher les groupes terroristes palestiniens de poursuivre leurs attaques. De ce fait, il illustre le paradoxe d’une armée toujours plus intelligente, mais de moins en moins audacieuse. Comme le savent bien les dirigeants de l’armée israélienne, seule une offensive terrestre au cœur de la bande de Gaza permettrait de démanteler les lanceurs de missiles, voire de mettre fin au pouvoir du Hamas, installé depuis le retrait de l’armée israélienne en 2006. Or, la protection toute relative offerte par le dispositif du « dôme d’acier » empêche en fait Tsahal de mener une telle offensive, en la dissuadant d’adopter une logique militaire plus coûteuse en vies humaines. La dissuasion s’exerce donc envers Israël et non envers ses ennemis.

 

         Le « dôme d’acier » n’est donc aucunement l’application de la doctrine du « Mur de fer » élaborée par Jabotinsky il y a près de cent ans : il en est la négation. Cet exemple ne signifie toutefois pas que le « Mur de fer » aurait été totalement oublié, mais que cette notion est appliquée de manière variable, selon les circonstances et les différents fronts. Israël fait ainsi preuve depuis plusieurs années d’une audace impressionnante face à l’Iran, multipliant les opérations et les éliminations ciblées en territoire ennemi, tandis que sur le front de Gaza, Tsahal se montre beaucoup plus timorée, restant sur la défensive la plupart du temps. Cette disparité montre que l’éthos défensif – qui remonte aux débuts de Tsahal et avant encore, à l’époque du Yishouv – s’avère insuffisant, face à des ennemis farouchement déterminés.

 

        

Toute l’histoire de la stratégie de défense d’Israël, depuis la Haganah et les premiers efforts d’auto-défense à l’époque de Jabotinsky et jusqu’à nos jours, est marquée par une oscillation permanente entre deux pôles opposés : celui de l’éthos purement défensif, largement prédominant d’une part, et celui d’un éthos offensif, celui de l’unité 101 dans les années 1950 et de la « Sayeret Matkal » (unité d’élite de l’état-major), d’autre part. De toute évidence, c’est cet esprit offensif qui a permis à Tsahal de connaître ses victoires les plus éclatantes, celle de juin 1967 ou celle de l’opération Entebbe, pour ne citer que deux exemples. Malgré cela, l’armée israélienne demeure attachée à l’éthos purement défensif, pour des raisons complexes liées à son histoire et à ses valeurs fondatrices. La doctrine du « Mur de fer » demeure ainsi d’actualité, un siècle après avoir été formulée par Jabotinsky. 

 

Les récents événements violents survenus en mai 2021 dans les villes mixtes d’Israël, et la persistance d’une opposition radicale à l’existence de l’Etat hébreu dans la région – malgré les avancées remarquables des accords Abraham – montrent que la dissuasion demeure une nécessité impérieuse, tant sur le front intérieur que sur les différents fronts extérieurs. L’aspiration à la paix qui caractérise le peuple Juif et l’Etat d’Israël ne doit pas éluder cette nécessité. Le pacifisme aveugle, il y cent ans comme aujourd’hui, menace la pérennité de l’existence d’un Etat juif souverain, au milieu d’un environnement encore largement hostile. Aujourd’hui comme hier, la paix repose sur la préparation à d’éventuels conflits, selon l’adage latin toujours actuel (« Si vis pacem, para bellum »), ou selon les mots de Jabotinsky : « le seul moyen de parvenir à un accord [de paix] est d’ériger un mur de fer ».

Pierre Lurçat

NB Je renvoie sur tous ces sujets à l’émission que j’avais consacrée aux erreurs israéliennes face au Hamas, au micro de Richard Darmon sur Studio Qualita

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Les trois erreurs d'Israël face au Hamas et au Djihad islamique à Gaza, Pierre Lurçat

May 17 2023, 08:06am

Posted by Pierre Lurçat

Les trois erreurs d'Israël face au Hamas et au Djihad islamique à Gaza, Pierre Lurçat

J'étais hier au micro de Richard Darmon sur Studio Qualita pour évoquer les "trois erreurs d'Israël face à Gaza". Réécouter ici :

https://youtu.be/5SuHoFqXTqA

 

 

 

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“Dôme d’acier” ou “Mur de fer”? Force et faiblesse d’Israël face à Gaza, Pierre Lurçat

August 7 2022, 07:52am

Posted by Pierre Lurçat

“Dôme d’acier” ou “Mur de fer”?  Force et faiblesse d’Israël face à Gaza, Pierre Lurçat

NB J'évoque le bilan de l'opération "Shahar" à Gaza au micro de Daniel Haik sur Studio Qualita.

Le nouveau round militaire entre Israël et Gaza, survenant à la veille de Tisha beAv, pose à nouveau la question lancinante de la doctrine stratégique israélienne face aux groupes islamistes soutenus par l’Iran. Au-delà des prouesses technologiques de “Kippat ha-barzel”, les tirs incessants venus de Gaza interrogent la validité du nouveau modèle instauré par Tsahal après la destruction du Goush Katif et, au-delà encore, celle de l’éthos défensif de l’armée israélienne. Dans les lignes suivants, extraites du livre Le mur de fer qui paraît ces jours-ci *, je montre en quoi Kippat Barzel est la négation du concept de Kir ha-Barzel développé par Jabotinsky il y a tout juste cent ans. P.L.

 

Le « Mur de fer » est devenu depuis un siècle un concept fondamental du lexique politique israélien. Peut-on dire pour autant que ce concept a été adopté dans les faits, c’est-à-dire dans la politique et dans la stratégie israélienne ? A cet égard, la réalité est plus contrastée. Si la doctrine de la dissuasion de Tsahal peut être globalement considérée comme l’application du « Mur de fer », la politique de défense israélienne n’est pas toujours conforme aux idées développées il y a cent ans par Jabotinsky. Ainsi, pour prendre un exemple récent, le système de défense « Kippat barzel » (« dôme d’acier ») mis en place par Tsahal autour de la bande de Gaza peut difficilement être considéré comme l’application du « Kir ha-Barzel » (« Mur de fer »), en dépit de la similarité des deux expressions.

            Le « dôme d’acier », malgré toute sa perfection technologique, ne vise en effet pas à assurer une quelconque dissuasion pour Israël, face aux tirs de roquette incessants venant de Gaza, mais plutôt à protéger les civils israéliens, sans aucunement empêcher les groupes terroristes palestiniens de poursuivre leurs attaques. De ce fait, il illustre le paradoxe d’une armée toujours plus intelligente, mais de moins en moins audacieuse. Comme le savent bien les dirigeants de l’armée israélienne, seule une offensive terrestre au cœur de la bande de Gaza permettrait de démanteler les lanceurs de missiles, voire de mettre fin au pouvoir du Hamas, installé depuis le retrait de l’armée israélienne en 2006. Or, la protection toute relative offerte par le dispositif du « dôme d’acier » empêche en fait Tsahal de mener une telle offensive, en la dissuadant d’adopter une logique militaire plus coûteuse en vies humaines. La dissuasion s’exerce donc envers Israël et non envers ses ennemis.

 

            Le « dôme d’acier » n’est donc aucunement l’application de la doctrine du « Mur de fer » élaborée par Jabotinsky il y a près de cent ans : il en est la négation. Cet exemple ne signifie toutefois pas que le « Mur de fer » aurait été totalement oublié, mais que cette notion est appliquée de manière variable, selon les circonstances et les différents fronts. Israël fait ainsi preuve depuis plusieurs années d’une audace impressionnante face à l’Iran, multipliant les opérations et les éliminations ciblées en territoire ennemi, tandis que sur le front de Gaza, Tsahal se montre beaucoup plus timorée, restant sur la défensive la plupart du temps. Cette disparité montre que l’éthos défensif – qui remonte aux débuts de Tsahal et avant encore, à l’époque du Yishouv – s’avère insuffisant, face à des ennemis farouchement déterminés.

 

Toute l’histoire de la stratégie de défense d’Israël, depuis la Haganah et les premiers efforts d’auto-défense à l’époque de Jabotinsky et jusqu’à nos jours, est marquée par une oscillation permanente entre deux pôles opposés : celui de l’éthos purement défensif, largement prédominant d’une part, et celui d’un éthos offensif, celui de l’unité 101 dans les années 1950 et de la « Sayeret Matkal » (unité d’élite de l’état-major), d’autre part. De toute évidence, c’est cet esprit offensif qui a permis à Tsahal de connaître ses victoires les plus éclatantes, celle de juin 1967 ou celle de l’opération Entebbe, pour ne citer que deux exemples. Malgré cela, l’armée israélienne demeure attachée à l’éthos purement défensif, pour des raisons complexes liées à son histoire et à ses valeurs fondatrices. La doctrine du « Mur de fer » demeure ainsi d’actualité, un siècle après avoir été formulée par Jabotinsky.

 

Les récents événements violents survenus en mai 2021 dans les villes mixtes d’Israël, et la persistance d’une opposition radicale à l’existence de l’Etat hébreu dans la région – malgré les avancées remarquables des accords Abraham – montrent que la dissuasion demeure une nécessité impérieuse, tant sur le front intérieur que sur les différents fronts extérieurs. L’aspiration à la paix qui caractérise le peuple Juif et l’Etat d’Israël ne doit pas éluder cette nécessité. Le pacifisme aveugle, il y cent ans comme aujourd’hui, menace la pérennité de l’existence d’un Etat juif souverain, au milieu d’un environnement encore largement hostile. Aujourd’hui comme hier, la paix repose sur la préparation à d’éventuels conflits, selon l’adage latin toujours actuel (« Si vis pacem, para bellum »), ou selon les mots de Jabotinsky : « le seul moyen de parvenir à un accord [de paix] est d’ériger un mur de fer ».

 

Pierre Lurçat

* J'ai le grand plaisir d'annoncer la parution prochaine du nouveau tome de la Bibliothèque sioniste, Le mur de fer, Les Arabes et nous de Vladimir Jabotinsky. Il paraîtra officiellement à la rentrée de septembre mais est déjà disponible sur Amazon en prévente promotionnelle.

“Dôme d’acier” ou “Mur de fer”?  Force et faiblesse d’Israël face à Gaza, Pierre Lurçat

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Retrouver les valeurs fondatrices de Tsahal : Avec la famille Goldin à Jérusalem : “Ramenez notre fils!”

July 12 2022, 08:14am

Posted by Pierre Lurçat

Hadar Goldin z.l.

Hadar Goldin z.l.

 

Le calendrier israélien n’est pas exactement identique au calendrier juif tel qu’on le connaît ailleurs. Il s’est enrichi de dates nouvelles, pour le meilleur et pour le pire. C’est ainsi que nous avons marqué hier en Israël (avec un jour de retard dû au shabbat) le Dix Tammouz, date du début de la guerre à Gaza en 2014, connue sous le nom de "Bordure protectrice” (Tsouk Eitan). A certains égards, le Dix Tammouz marque – tout comme le 17 Tammouz dont le jeûne sera observé la semaine prochaine - la “première brèche” dans la muraille de Jérusalem. Pour le comprendre, il faut écouter ce que nous disent les parents et le frère de Hadar Goldin, jeune soldat de Tsahal capturé par le Hamas pendant la guerre de 2014 et dont la dépouille mortelle reste jusqu’à ce jour aux mains du Hamas.

 

Je me trouvais hier après-midi au mont Herzl, avec la famille Goldin, en dehors du mémorial où se tenait la cérémonie traditionnelle avec les familles des soldats tombés pendant “l’opération Tsouk Eitan”[1]. La famille Goldin est restée en dehors, parce que le message qu’elle entendait délivrer aux dirigeants de l’armée et aux dirigeants israéliens ne pouvait l’être dedans… En effet, comme l’avait déclaré le père de Hadar, le Dr Simha Goldin, en août 2019 : “Hadar a été abandonné à trois reprises par la lâcheté de nos dirigeants. La première fois, sur le champ de bataille, lorsqu’ils ont empêché son officier de pénétrer dans l’hôpital du Hamas où il était apparemment détenu et blessé. La deuxième fois, à la fin de l’opération Tsouk Eytan, lorsque les dirigeants israéliens ont négocié (un cessez-le-feu) au Caire avec le Hamas, sans exiger la restitution des deux soldats Oron Shaul et Hadar Goldin. Et la troisième fois, pendant les cinq dernières années…” Simha Goldin a aussi déclaré, lors du congrès annuel du mouvement Im Tirtsu, que pour la première fois dans l’histoire de Tsahal, un soldat avait été déclaré “tombé au combat” en pleine guerre, alors qu’il était disparu et que son sort n’était pas encore connu avec certitude.

 

Simha Goldin devant le Lion de Tel Haï

 

Ce précédent dangereux a été fixé en contradiction avec la tradition remontant aux débuts de Tsahal, de ne jamais abandonner un soldat sur le champ de bataille et de ne pas le considérer comme mort, tant que sa dépouille n’avait pas été récupérée. Mais en quoi cela concerne la sécurité de l'État d'Israël tout entier ? La réponse nous a été donnée l'an dernier, lors des évènements auxquels on a donné le nom significatif de Shomer haHomot, "gardien des murailles", quand le Hamas a réussi à enflammer l'ensemble du territoire israélien et en particulier les villes mixtes d'Israël. Ce faisant, le mouvement terroriste islamique porté au pouvoir par le retrait israélien de la bande de Gaza a signifié que la clé de la sécurité en Israël était bien entre ses mains… Tout comme la dépouille mortelle du soldat Hadar Goldin et de ses camarades.

 

Pour retrouver la clé de notre sécurité, Israël doit tout d'abord retrouver le sens des valeurs fondatrices de Tsahal, et en premier lieu, celle de l'obligation sacrée de porter ses soldats tombés au combat en terre d'Israël. C'est alors seulement que l'État juif pourra retrouver le sens du Hadar, le nom donné par le Dr Simha Goldin et son épouse à leur fils aîné. “Hadar” signifie en effet “splendeur” et il fait référence au Chir Betar, l’hymne du mouvement de jeunesse sioniste créé par Zeev Jabotinsky, qui fut aussi le fondateur de la Légion juive, ancêtre de Tsahal. Puissent les mots du Chir Betar inspirer les dirigeants de notre pays et de notre armée. “Hébreu, dans la misère même tu es Prince, Dans la lumière ou l’obscurité. Souviens-toi de cette couronne”. Qu’ils se souviennent, eux aussi, du Keter, de la couronne. Qu’ils se souviennent du Hadar. Et qu’ils n’oublient pas non plus les paroles du Chir HaReout, rédigé par Haïm Gouri, de “l’amour consacré dans le sang” des soldats tombés dans les guerres d’Israël.

 

Pierre Lurçat

 

Soutenir le combat de la famille Goldin :

Contribute - Hadar Goldin (hadargoldinfoundation.org)

 

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J'ai le grand plaisir d'annoncer la parution prochaine du nouveau tome de la Bibliothèque sioniste, Le mur de fer, Les Arabes et nous de Vladimir Jabotinsky. Il paraîtra officiellement à la rentrée de septembre mais est déjà disponible sur Amazon en prévente promotionnelle.

 

 

 

[1] Le terme d’opération est un euphémisme pour désigner la guerre, mais nous avons l’habitude en Israël de ce genre d’euphémisme, depuis les “événements de 1929”...

Retrouver les valeurs fondatrices de Tsahal : Avec la famille Goldin à Jérusalem : “Ramenez notre fils!”

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« Laissez Tsahal vaincre ! » : comment sortir de la stratégie défensive, par Pierre Lurçat

November 14 2018, 13:27pm

Posted by Pierre Lurçat

Incendies à la frontière de Gaza

Incendies à la frontière de Gaza

"Kippat Barzel" : prouesse technologique ou faiblesse stratégique?

 

 

 

 

Le 9 mai 2011, Oudi Shani, Directeur Général du ministère de la Défense israélien, annonçait que l'État hébreu allait investir un milliard de dollars au cours des années à venir dans le projet « Kippat Barzel » (« Dôme de fer »), le nouveau système antimissile israélien. « Une fois entièrement déployées, ces batteries antimissiles vont permettre à la population de ne plus ressentir les dégâts causés par les roquettes Qassam » a-t-il confié. Au milieu du concert de louanges entourant la mise en service du système antimissiles « Dôme de fer », quelques voix discordantes peinaient à se faire entendre. A de nombreux égards, les prouesses technologiques déployées par l’armée israélienne pour empêcher les missiles tirés de Gaza de faire des victimes dans les localités périphériques sont révélatrices de l’évolution de la stratégie militaire israélienne au cours des dernières années et depuis les débuts de l’État.

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Batterie Kippat Barzel en action

 

Tsahal : « Armée de Défense d’Israël » – l’institution la plus vitale de l’État juif porte bien son nom. Contrairement à ce qu’affirme la propagande de ses ennemis, en effet, l’armée israélienne a toujours assumé un rôle essentiellement défensif, en repoussant victorieusement les attaques de ses voisins et sans jamais chercher à conquérir de territoires ou à déclencher de conflits, à moins d’y avoir été entraînée par ses ennemis. Mais cette vérité fondamentale ne doit pas cacher une réalité plus complexe et des divergences de vue qui ont toujours existé au sein de l’appareil militaire et politique israélien.

 

Avant même la création de l’État, la Haganah , embryon de Tsahal, a ainsi connu un grave conflit entre les tenants de la logique purement défensive et de la « Havlaga » (retenue) et les partisans d’une conception plus offensive. Ce conflit a été une des raisons de la scission qui a donné lieu à la création de l’Irgoun dirigé par Menahem Begin. Officiellement, c’est l’esprit de la Haganah qui a triomphé et a été repris à son compte par la jeune armée d’Israël en 1948. Mais la doctrine de la « Havlaga » a continué de susciter des oppositions. Ainsi, quand les incursions de feddayin palestiniens se sont multipliées, dans les années 1950, une unité spéciale a été créée pour répondre à ces attaques, en lançant des opérations audacieuses au-delà de la frontière, en Jordanie, la fameuse unité 101 dans laquelle se sont illustrés des grands soldats comme Meir Har-Tsion ou Rafaël Eitan.

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Meir Har-Tsion (à gauche) aux côtés d'Ariel Sharon

 

En 1967, c’est la stratégie de l’attaque préventive qui a permis à Israël de remporter la victoire en reprenant le contrôle du cœur historique du pays, la Judée et la Samarie, et en réunifiant sa capitale, Jérusalem, divisée depuis 1947. Au-delà de ces exemples ponctuels, la stratégie militaire d’Israël reposait depuis 1948 sur un double principe immuable, imposé par l’étroitesse du territoire et par les contraintes géostratégiques : celui de l’attaque préventive et de la guerre portée sur le territoire ennemi. Ce principe s’est illustré non seulement en 1967, quand l’armée de l’air a détruit au sol l’aviation égyptienne, mais aussi lors de l’attaque contre la centrale d’Osirak (1981) ou de l’invasion israélienne du Sud-Liban un an plus tard.

 

C’est à partir de cette dernière opération, qui s’est transformée en véritable guerre traumatique pour Israël – sous la houlette du général Ariel Sharon et contre l’avis du Premier ministre d’alors, Menahem Begin – que la stratégie israélienne a évolué progressivement. Jusqu’aux années 1980, en effet, Israël avait cherché à se doter de frontières défendables, en mettant à profit les atouts géographiques (vallée du Jourdain, péninsule du Sinaï, plateau du Golan) et en partant de l’axiome que des frontières sûres étaient le meilleur moyen de parvenir à la paix. A partir des années 1990, Israël a adopté une logique différente, celle du processus d’Oslo et de la « Paix contre les territoires ». Les retraits successifs du Sinaï, du Sud Liban, de Judée-Samarie et de Gaza ont certes permis à Israël de signer des traités de paix avec l’Égypte, la Jordanie et l’Autorité palestinienne, mais ils ont aussi réduit la profondeur stratégique du territoire israélien et ramené petit à petit Israël à la situation qui prévalait entre 1948 et 1967, dans laquelle la ligne de front est située à l’intérieur des frontières.

 

« A l’heure des missiles, les territoires n’ont pas d’importance… »

 

Cette affirmation de Shimon Pérès, faite en pleine euphorie de l’époque d’Oslo, a montré depuis son caractère illusoire et trompeur. Non seulement les territoires n’ont pas perdu de leur importance à l’heure des missiles, mais ils sont même devenus plus essentiels que jamais, comme le savent bien les habitants de Sderot, de Béer-Cheva et d’Ashdod, placés sous le feu des missiles du Hamas par le retrait de la bande de Gaza orchestré par Ariel Sharon. Israël vit encore les conséquences de ce retrait désastreux, point d’orgue de la politique de « la paix contre les Territoires » inaugurée avec Camp David (par Menahem Begin) et poursuivie ensuite par presque tous les dirigeants israéliens, d’Itshak Rabin à Benjamin Nétanyahou en passant par Ehoud Barak. C’est dans ce contexte politique que s’inscrit le bouclier antimissile, censé apporter une réponse militaire à la menace des Qassam et compenser ainsi la perte de profondeur stratégique liée au retrait de Gaza et à celui, heureusement inachevé, de Judée-Samarie.


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"La Paix contre les territoires" : un slogan trompeur

 

Le voyage de Nétanyahou à Washington en mai 2011 et le discours du président Obama sur les frontières de 1967 ont placé au cœur de l’actualité la question des territoires et des « frontières défendables » pour Israël, contraignant le Premier ministre israélien à réagir vigoureusement et à s’opposer à un retour aux lignes d’avant 1967. L’État juif a aujourd’hui le choix entre la poursuite de la stratégie de « la paix contre les territoires » – slogan mensonger qui signifie en réalité « la guerre sans les territoires » – et le retour aux axiomes de la profondeur stratégique et de la nécessité de préserver des frontières défendables. Le « bouclier antimissiles » offre dans le meilleur des cas un semblant de protection aux habitants placés en première ligne, mais rien de plus.

 

L’alternative qui s’offre aux dirigeants de Tsahal et à ceux de l’échelon politique – sur lesquels repose en alternative les décisions essentielles, car les chefs militaires n’ont presque jamais pu imposer leurs vues contre l’avis du gouvernement – est celle de continuer à protéger les habitants d’Israël des missiles du Hamas avec des parapluies perfectionnés, ou bien de mettre définitivement hors de nuire ceux qui les envoient de Gaza, de Syrie et d’ailleurs. « Laissez Tsahal vaincre » : ce slogan entendu pendant l’opération Plomb durci à Gaza n’a rien perdu de son actualité.

 

(Extrait de mon livre La trahison des clercs d'Israël, 2016). Mon nouveau livre, Israël, le rêve inachevé, paraît ces jours-ci aux éditions de Paris/Max Chaleil.

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