Overblog
Follow this blog Administration + Create my blog
VudeJerusalem.over-blog.com

memri

Aux sources de l’antisémitisme musulman : Les Juifs dans le Coran, de Meir Bar-Asher, par Pierre Lurçat

May 4 2021, 13:06pm

Posted by Pierre Lurçat

Aux sources de l’antisémitisme musulman : Les Juifs dans le Coran, de Meir Bar-Asher, par Pierre Lurçat

 

Voilà un livre qui arrive à point nommé. Alors que l’antisémitisme musulman fait des ravages en France et ailleurs, et qu’une nouvelle flambée de haine se déchaîne, la question mérite d’être posée : le Coran est-il antisémite? Cette question brûlante et souvent taboue (voir le procès intenté à l’historien Georges Bensoussan, “coupable” d’avoir laissé entendre qu’il existait un antisémitisme musulman ancestral), a fait l’objet de nombreuses polémiques, mais de peu d’études savantes récentes. Elle renvoie à d’autres questions, tout aussi cruciales. Quelle est l’attitude du Coran et de la tradition de l’islam envers les Juifs? Celle-ci est-elle univoque, ou bien a-t-elle plusieurs facettes?


 


 

C’est à ces questions que répond le livre du professeur Meir Bar-Asher, qui dirige le département de Langues et de Littérature arabes de l’université hébraïque de Jérusalem. L’auteur y aborde des questions diverses et variés, telles que l’histoire des relations avec les Juifs à l’époque de Muhammad, la représentation des juifs et la présence des récits bibliques dans le Coran, la comparaison entre loi juive et loi coranique, ou encore les sources coraniques de la dhimma - le statut des juifs dans l’islam (1). Il consacre aussi un chapitre à la place des Juifs dans l’islam chiite, dont l’actualité est tout aussi brûlante, alors que l’Iran vient de marquer le 40e anniversaire de la Révolution khomeiniste.

 

Les juifs sont très présents dans le Coran; qui les qualifie tantôt de Banu-Isra’il (Enfants d’Israël, expression calquée de l’hébreu), al-yahûd (juifs) ou encore ahl al-kitab (peuple du Livre). Cette dernière expression est ambivalente, explique Bar-Asher, car le “peuple du Livre est parfois qualifié dans la tradition musulmane “d’âne chargé de livres”, c’est-à-dire un peuple porteur d’un héritage dont il n’est pas digne. Cette qualification renvoie à l’accusation récurrente envers les juifs, selon laquelle ils auraient “falsifié” les textes sacrés dont ils étaient dépositaires.

 

C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre l’appellation de “meilleure communauté”, par laquelle le Coran désigne les musulmans (Sourate 3-110). Si les musulmans sont devenus la “meilleure communauté”, c’est en effet parce que les juifs ont failli à leur mission et que Dieu les a donc punis. L’islam incarnerait alors le “Nouvel Israël”, dans une optique théologique qui rappelle celle de la polémique chrétienne antijuive et du “Verus Israël”.

 

 

L’auteur montre bien comment l’attitude envers les juifs est motivée par des considérations diverses, qui tiennent à la fois à la volonté de se démarquer et de s’affranchir des sources juives (concernant par exemple le calendrier et certains aspects du rite) et à des visées politiques, liées aux rapports conflictuels que le prophète a entretenus avec les juifs à Médine. Bar-Asher fait le lien entre les aspects historiques et l’actualité récente. Ainsi, le fameux hadith des pierres et des arbres est repris dans la Charte du Hamas et dans le discours islamiste contemporain (2).

 

Le Coran appelle-t-il au meurtre des Juifs?

 

Cette question a défrayé l’actualité il y a quelques mois, lors de la parution du Manifeste contre le nouvel antisémitisme, signé par 250 personnalités françaises demandant aux autorités musulmanes de déclarer obsolètes les versets du Coran appelant au meurtre et au châtiment des juifs, des chrétiens et des incroyants. Ce manifeste a suscité de nombreuses réactions hostiles du monde arabo-musulman (3). Sur ce sujet crucial, l’auteur du livre s’est récemment exprimé dans les médias français, affirmant “on ne peut pas dire que le Coran dit de tuer les juifs”.

 

Les musulmans pensent-ils que le Coran leur enjoint de tuer les juifs?

 

Mais la question n’est pas tant, pour paraphraser un islamologue français, de savoir si le Coran dit de tuer les juifs, que de savoir si des musulmans pensent que le Coran leur enjoint de tuer les juifs… (4) A cet égard, il est erroné d’affirmer, comme le fait M. Bar Asher, que “le Nouveau Testament ne se prête pas moins à une lecture ‘antijuive’ que le Coran”. Car comme il le remarque lui-même, la doctrine de l’Eglise concernant les juifs a été révisée de fond en comble par le Concile Vatican II. Il reste donc pour l’islam à mener lui aussi son aggiornamento, pour remplacer, selon les termes de Jules Isaac, l’enseignement du mépris par un enseignement de l’estime...


 

En conclusion de son étude, M. Bar Asher dresse le constat d’un “flot constant de cours et de sermons qui cherchent à rendre actuelles les paroles par lesquelles le Coran critique les juifs et les délégitimise. D’autres voix tentent de se faire entendre au sein du monde musulman ; mais il faut bien constater qu’aujourd’hui elles sont loin d’être dominantes et rencontrent peu d’écho”. Ayant travaillé pour l’institut MEMRI, qui tente de faire écho à ces autres voix, je ne peux, hélas, que confirmer ce constat. Écrit dans un langage simple et accessible, cet ouvrage enrichira les connaissances et la réflexion de tous ceux qui s’interrogent sur le réveil de l’islam contemporain et sur ses conséquences dramatiques.

Pierre Lurçat

 

Meir Bar-Asher, Les juifs dans le Coran. Albin Michel 2019 (Cet article est initialement paru en 2019).

 

(1) Sujet sur lequel l’auteur reproche de manière quelque peu péremptoire et tout à fait déplacée à Bat Ye’or de reprendre dans son livre Le dhimmi le stéréotype du “combattant fanatique brandissant une épée dans une main et le Coran dans l’autre”. Je plaide "coupable" d'avoir moi aussi utilisé cette image parlante, et bien fondée au regard de l'histoire de la conquête musulmane, en intitulant un de mes livres Le Sabre et le Coran. Bat Ye'or a répondu dans ces colonnes aux accusations de M. Bar Asher.

(2) Voir à ce sujet “La Prophétie de la Pierre et de l’Arbre, un hadith antisémite largement utilisé”, http://memri.fr/2018/07/31/un-hadith-antisemite-la-prophetie-de-la-pierre-et-de-larbre-videos-et-rapports-de-memri/

(3) Voir notamment :

http://memri.fr/2018/08/28/le-manifeste-contre-le-nouvel-antisemitismeppelant-a-frapper-dobsolescence-des-versets-du-coran-pronant-la-violence-suscite-la-colere-des-instances-musulmans-et/

(4) La citation exacte d’Olivier Roy est “La question n'est pas : “Que dit vraiment le Coran ?”, mais : “Que disent les musulmans sur ce que dit le Coran ?”  A cet égard, on ne peut séparer le Coran de ses interprètes et des Hadith, lesquels sont parfois encore plus radicaux que le texte coranique lui-même, comme le hadith des arbres et des pierres, qui procède d’un antisémitisme radical et apocalyptique, comme je l’ai montré au sujet de la Charte du Hamas. http://vudejerusalem.over-blog.com/2018/04/1987-2018-le-hamas-un-mouvement-islamiste-apocalyptique-par-pierre-lurcat.html

See comments

Le terrifiant secret : La guerre de l’islam radical contre l’Occident et l’information étouffée, Pierre Lurçat

October 9 2018, 08:23am

Posted by Pierre Lurçat

Le terrifiant secret : La guerre de l’islam radical contre l’Occident et l’information étouffée, Pierre Lurçat

Dans un livre paru en France en 1981 consacré à l’historiographie de la Shoah (1), l’historien américain Walter Laqueur, disparu la semaine dernière à l’âge de 97 ans, abordait, parmi d’autres sujets essentiels, celui de savoir à quel moment et comment a été connue l’existence de la “Solution finale” , tant par les alliés et les pays neutres que par les Juifs eux-mêmes. Une des questions troublantes qu’il posait est celle de comprendre pourquoi la Shoah était un “terrifiant secret” : beaucoup savaient qu’elle était en train de se dérouler mais refusaient, chacun pour ses raisons spécifiques, à la fois psychologiques et politiques, d’assumer ce savoir. La même question peut être posée aujourd’hui face à la guerre que l’islam radical (2) a déclarée à l’Occident en général et à la France en particulier.

 

Walter Laqueur (1921-2018)

 

Pourquoi cette guerre déclarée par l’islam radical est-elle demeurée dans une large mesure un secret terrifiant, que beaucoup préfèrent taire ou ne pas voir? Cette question se pose, en premier lieu, concernant les responsables politiques français, qui étaient informés que des attentats (3) se préparaient mais n’ont pas voulu alerter l’opinion publique. Elle se pose également à l’égard des services de renseignement et de lutte antiterroriste français, qui savaient pertinemment que des attentats massifs risquaient de se produire, mais dont les mises en garde n’ont souvent pas été écoutées, ou n’ont pas été suivies d’effet. Elle se pose enfin concernant les médias français, dont plusieurs avaient titré, au lendemain des attentats du 13 novembre 2015 : “Maintenant c’est la guerre”, comme si cette guerre avait commencé la veille et pas depuis de nombreuses années…

 

A de nombreux égards, les médias ont joué un rôle inverse de celui qu’ils doivent remplir : ils ont anesthésié le public au lieu de l’informer, ont voulu l’endormir au lieu de le réveiller, pour des raisons idéologiques. On donnera un seul exemple, caricatural : celui de cet article paru quelques semaines avant les attentats de 2015 dans Libération, expliquant doctement qu’Allahou Akbar n’était pas un cri de guerre (4), mais ce que “les musulmans murmurent à l’oreille des nouveaux-nés”. Ce dernier exemple illustre le double refus des politiques, des médias et d’une partie de la population française face à la guerre déclarée à la France par l’islam radical : refus d’écouter et refus de comprendre.

 

Le refus d’écouter le discours de l’islam radical

 

Le refus d’écouter est la première cause de la “surprise” affichée par certains médias français au lendemain du 13 novembre 2015, alors que “l’inscription était sur le mur”, pour reprendre l’expression parlante de la prophétie de Daniel. Depuis des années, de nombreux auteurs, y compris l’auteur de ces lignes, ont publié des dizaines de livres sur le sujet de l’islam radical, de son expansion et de la guerre qu’il mène contre l’Occident. Trop souvent, ils ont été empêchés de parler sur les grands médias, passés sous silence, quand ils n’ont pas été calomniés ou accusés “d’islamophobie”.

 

X1a53s_HXbnznBnBCQWOUnDGnS70YFbYhVHEXCUiMvQ.jpg

Le fameux tableau de Rembrandt, Le festin de Balthazar, avec l'inscription sur le mur

tirée du livre de Daniel

 

Le discours de l’islam radical est aujourd’hui facilement accessible et décryptable en Occident et en France, notamment grâce au travail de l’institut MEMRI, qui traduit quotidiennement les médias du Moyen-Orient et “comble ainsi le fossé linguistique” entre l’Orient et l’Occident (5). MEMRI a traduit des dizaines d’articles et de communiqués de l’Etat islamique, contenant des menaces explicites contre la France, qui ont été mis gracieusement à la disposition des médias français (6). Malgré cela, le discours de l’islam radical demeure dans une large mesure minimisé, passé sous silence, voire totalement occulté par les médias français, y compris depuis janvier 2015.


Ce refus d’écouter a des causes multiples, dont certaines peuvent être comparées à celles du refus d’écouter les discours d’Hitler dans les années 1930. Face au mal radical, les individus et les démocraties préfèrent souvent adopter la politique de l’autruche, mettre la tête dans le sable et ne pas entendre les menaces de guerre, comme si le refus d’écouter pouvait retarder la guerre, ou l’empêcher d’avoir lieu… Le refus d’écouter est aussi un refus de savoir, car on peut écouter sans comprendre, et on peut “savoir sans savoir”, comme les Alliés “savaient” que la Solution finale était en cours dès 1942, mais ont refusé de tenir compte de ce savoir et d’agir en conséquence, comme l’a expliqué magistralement Walter Laqueur dans son ouvrage mentionné ci-dessus.

 

Le refus de comprendre l’islam radical

 

Face à l’islam radical, le refus d’écouter traduit souvent une incapacité de comprendre, dont il est à la fois une des causes et le symptôme : on ne peut pas comprendre ce qu’on refuse d’écouter, mais on ne peut pas non plus écouter ce qu’on refuse de comprendre. Dans mon livre Pour Allah jusqu’à la mort (7), paru en France en 2008, j’ai décrit la conversion à l’islam radical de dizaines de jeunes occidentaux, à une époque où ce phénomène encore minoritaire intéressait encore très peu les spécialistes. De rares monographies avaient été consacrées à quelques convertis fameux, comme le “Taliban américain” John Walker Lindh, mais la plupart n’étaient traités que comme des faits divers. Depuis lors, le phénomène des conversions à l’islam radical a pris une telle ampleur qu’il est mentionné presque quotidiennement par les médias, notamment avec l’enrôlement de jeunes Occidentaux, en particulier Français, dans le djihad en Syrie et dans les rangs de l’Etat islamique.

Résultat de recherche d'images pour ""pour allah jusqu'à la mort""

Beaucoup d’auteurs ayant travaillé sur le thème de l’islam radical ont eu comme moi, le sentiment de ne pas être écoutés ou compris (8). Ils ont été des “lanceurs d’alerte”, que le grand public n’a pas toujours pu entendre, parce que leurs voix se sont fondues dans la masse, quand elles n’ont pas été délibérément tues ou disqualifiées. Le refus de comprendre est aussi celui d’interpréter une information qui existe, parfois même de manière pléthorique : on ne compte plus aujourd’hui le nombre de livres, d’articles, de sites Internet sur le thème de l’islam radical, en français et dans d’autres langues. Toute personne qui veut s’informer peut le faire, à condition de trouver des sources fiables. Mais beaucoup de grands médias occidentaux préfèrent adopter sur le sujet un discours politiquement correct, qui obscurcit les choses au lieu de les rendre plus claires.

 

Comme l'écrit Jacques Tarnero, "Le déni idéologique du réel reste la principale cause de notre incapacité à combattre le terrorisme qu’on n’ose pas nommer islamiste" (9). Le refus de désigner l'ennemi est ainsi le premier symptôme du refus de voir la guerre qui fait rage depuis longtemps. Au lieu de parler de l’islam radical, on préfère les termes plus vagues de salafisme ou de djihadisme, ou encore celui, très entendu ces derniers mois, de “radicalisation”. Ce concept trop général ne permet pas de cerner l’ennemi, ni de comprendre ses motivations (10). Après le choc des attentats en France et le dur réveil à la réalité de la guerre contre l’islam radical, la priorité devrait aussi être d’accepter d’écouter ce que disent nos ennemis et de prendre au sérieux leurs menaces.

Pierre Lurçat

 

Notes

(1)  Le terrifiant secret, la “Solution finale” et l’information étouffée, Gallimard 1981.

(2) J’emploie ici l’expression d’islam radical, traduite de l’américain (radical islam), plus claire que celles d’islamisme ou de djihadisme.

(3) La  version initiale de cet article est parue après les attentats du 13 novembre 2015.

(4) http://www.liberation.fr/desintox/2015/10/10/non-allahou-akbar-n-est-pas-un-cri-de-guerre_1400802

(5) http://www.memri.fr/#4

(6) Pour une liste récente de ces menaces, http://www.memri.fr/2015/11/15/menaces-de-lei-contre-la-france-et-la-belgique/

(7) Pour Allah jusqu’à la mort, éditions du Rocher, publié sous le nom de plume de Paul Landau.

(8) Comme Alexandre Del Valle, auteur de l’ouvrage pionnier paru après le 11 septembre, Le totalitarisme islamique à l’assaut des démocraties.

(9)http://www.huffingtonpost.fr/jacques-tarnero/etat-durgence-intellectue_b_8567234.htm

(10) Pour décrire la transformation de jeunes occidentaux en islamistes radicaux et en soldats du djihad, j’ai employé le concept de “double conversion”, la première étant celle à l’islam, et la seconde à l’islam radical.

 

See comments

Face aux prêcheurs de haine dans les mosquées françaises, le silence n’est plus de mise

July 11 2018, 16:43pm

Posted by Pierre Lurçat, ¨Philippe Karsenty

Face aux prêcheurs de haine dans les mosquées françaises, le silence n’est plus de mise

Après le lâcher de colombes et le discours de l’imam Mohamed Tataï exaltant le rôle de rempart « contre l’extrémisme » de la nouvelle mosquée de Toulouse, inaugurée le 23 juin dernier, la vidéo mise en ligne par l’institut MEMRI a fait l’effet d’un trouble-fête. On y voit ce même imam Tataï citer in extenso un hadith contenant des propos virulents contre les juifs, et notamment la phrase suivante : « Le Prophète, que la prière et la paix soient sur Lui, a dit : le Temps ne viendra pas avant que les Musulmans ne combattent les Juifs et les tuent ; jusqu’à ce que les Juifs se cachent derrière des rochers et des arbres, et ceux-ci appelleront : Ô Musulman, il y a un Juif qui se cache derrière moi, viens et tue-le ! »

Ce hadith - propos du prophète rapporté par la tradition - est très souvent mentionné dans le discours islamiste contemporain. On le retrouve notamment dans la charte du Hamas, à l’article 7. Il illustre la dimension apocalyptique de l’islam, et la vision d’un affrontement avec les juifs qui n’est pas seulement politique, mais eschatologique : il est la condition préalable à la venue de la fin des temps. Cette dimension de l’islam rappelle à certains égards les conceptions hitlériennes de l’affrontement quasi-métaphysique entre l’Allemagne et les juifs.

SUR LE MÊME SUJET
 

Le double discours de Dalil Boubakeur

Face à de tels propos dénués de toute ambiguïté, la réaction de l’imam Tataï, et plus encore celle du recteur de la mosquée de Paris, le soutenant et accusant les médias d’avoir « déformé ses propos », réveillent les soupçons de double discours de certains représentants de l’islam de France. Quand Dalil Boubakeur prend la défense de l’imam de Toulouse et soutient que ses propos ont été « décontextualisés », il sous-estime l’intelligence du public français. L’imam Tataï n’en était d’ailleurs pas à son coup d’essai, comme cela a été rappelé dans ces colonnes.

Les propos de l’imam Tataï constituent de toute évidence une incitation à la haine contre les juifs. Ils sont totalement contraires à la « charte des imams » et à la volonté affichée l’an dernier par le CFCM de lutter contre les discours radicaux tenus dans certaines mosquées, en proclamant « l’attachement des imams de France à l’islam du juste milieu et au pacte républicain ». Dans ce contexte, le discours du président Macron, selon lequel « il y a une lecture radicale, agressive de l'islam qui se fixe pour but de mettre en cause nos règles et nos lois de pays libre, de société libre dont les principes n'obéissent pas à des mots d'ordre religieux », est très en-deçà de la réalité.

SUR LE MÊME SUJET
 

Une triple réaction indispensable

L’affaire de l’imam Tataï constitue un test de la volonté présidentielle de « donner à l'islam un cadre et des règles garantissant qu'il s'exercera partout de manière conforme aux lois de la République ». Pour que le projet, maintes fois réaffirmé depuis plusieurs décennies, de créer un « islam de France » expurgé des discours radicaux, il faut que l’affaire de l’imam Tataï donne lieu à une triple réaction. Sur le plan judiciaire tout d’abord : la justice doit aller à son terme et condamner l’auteur des propos antijuifs. Il ne serait pas acceptable qu’un dirigeant religieux puisse prononcer des propos incitatifs à la haine, qui plus est dans une ville devenue un triste symbole du « nouvel antisémitisme » d’origine musulmane, sans être sanctionné.

Sur le plan politique ensuite : l’imam Tataï doit être démis de ses fonctions. Il n’est pas concevable que la nouvelle mosquée de Toulouse, qui vient d’être inaugurée, et la communauté musulmane de cette ville emblématique, soient abandonnées entre les mains d’un imam intégriste appelant à la guerre contre les juifs.

SUR LE MÊME SUJET
 

Sur le plan religieux enfin : cette affaire devrait donner l’impulsion nécessaire à une réflexion au sein de l’islam en France, pour que les hadiths comme celui des « rochers et des arbres », constitutifs d’un antijudaïsme virulent, apocalyptique et guerrier, soient abrogés ou tout simplement passés aux oubliettes. Cela est d’autant plus envisageable qu’il n’est pas question du Coran, mais simplement des propos attribués au prophète. Face à un discours islamiste radical et potentiellement meurtrier, le silence n’est plus de mise.

http://www.valeursactuelles.com/societe/macron-et-lislam-le-test-de-limam-de-toulouse-97230

See comments