Face aux prêcheurs de haine dans les mosquées françaises, le silence n’est plus de mise
Après le lâcher de colombes et le discours de l’imam Mohamed Tataï exaltant le rôle de rempart « contre l’extrémisme » de la nouvelle mosquée de Toulouse, inaugurée le 23 juin dernier, la vidéo mise en ligne par l’institut MEMRI a fait l’effet d’un trouble-fête. On y voit ce même imam Tataï citer in extenso un hadith contenant des propos virulents contre les juifs, et notamment la phrase suivante : « Le Prophète, que la prière et la paix soient sur Lui, a dit : le Temps ne viendra pas avant que les Musulmans ne combattent les Juifs et les tuent ; jusqu’à ce que les Juifs se cachent derrière des rochers et des arbres, et ceux-ci appelleront : Ô Musulman, il y a un Juif qui se cache derrière moi, viens et tue-le ! »
Ce hadith - propos du prophète rapporté par la tradition - est très souvent mentionné dans le discours islamiste contemporain. On le retrouve notamment dans la charte du Hamas, à l’article 7. Il illustre la dimension apocalyptique de l’islam, et la vision d’un affrontement avec les juifs qui n’est pas seulement politique, mais eschatologique : il est la condition préalable à la venue de la fin des temps. Cette dimension de l’islam rappelle à certains égards les conceptions hitlériennes de l’affrontement quasi-métaphysique entre l’Allemagne et les juifs.
Le double discours de Dalil Boubakeur
Face à de tels propos dénués de toute ambiguïté, la réaction de l’imam Tataï, et plus encore celle du recteur de la mosquée de Paris, le soutenant et accusant les médias d’avoir « déformé ses propos », réveillent les soupçons de double discours de certains représentants de l’islam de France. Quand Dalil Boubakeur prend la défense de l’imam de Toulouse et soutient que ses propos ont été « décontextualisés », il sous-estime l’intelligence du public français. L’imam Tataï n’en était d’ailleurs pas à son coup d’essai, comme cela a été rappelé dans ces colonnes.
Les propos de l’imam Tataï constituent de toute évidence une incitation à la haine contre les juifs. Ils sont totalement contraires à la « charte des imams » et à la volonté affichée l’an dernier par le CFCM de lutter contre les discours radicaux tenus dans certaines mosquées, en proclamant « l’attachement des imams de France à l’islam du juste milieu et au pacte républicain ». Dans ce contexte, le discours du président Macron, selon lequel « il y a une lecture radicale, agressive de l'islam qui se fixe pour but de mettre en cause nos règles et nos lois de pays libre, de société libre dont les principes n'obéissent pas à des mots d'ordre religieux », est très en-deçà de la réalité.
Une triple réaction indispensable
L’affaire de l’imam Tataï constitue un test de la volonté présidentielle de « donner à l'islam un cadre et des règles garantissant qu'il s'exercera partout de manière conforme aux lois de la République ». Pour que le projet, maintes fois réaffirmé depuis plusieurs décennies, de créer un « islam de France » expurgé des discours radicaux, il faut que l’affaire de l’imam Tataï donne lieu à une triple réaction. Sur le plan judiciaire tout d’abord : la justice doit aller à son terme et condamner l’auteur des propos antijuifs. Il ne serait pas acceptable qu’un dirigeant religieux puisse prononcer des propos incitatifs à la haine, qui plus est dans une ville devenue un triste symbole du « nouvel antisémitisme » d’origine musulmane, sans être sanctionné.
Sur le plan politique ensuite : l’imam Tataï doit être démis de ses fonctions. Il n’est pas concevable que la nouvelle mosquée de Toulouse, qui vient d’être inaugurée, et la communauté musulmane de cette ville emblématique, soient abandonnées entre les mains d’un imam intégriste appelant à la guerre contre les juifs.
Sur le plan religieux enfin : cette affaire devrait donner l’impulsion nécessaire à une réflexion au sein de l’islam en France, pour que les hadiths comme celui des « rochers et des arbres », constitutifs d’un antijudaïsme virulent, apocalyptique et guerrier, soient abrogés ou tout simplement passés aux oubliettes. Cela est d’autant plus envisageable qu’il n’est pas question du Coran, mais simplement des propos attribués au prophète. Face à un discours islamiste radical et potentiellement meurtrier, le silence n’est plus de mise.