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Dans la bibliothèque de mon père (IV) : Niels Bohr et l’intelligibilité du monde

October 13 2023, 07:54am

Bohr et Einstein

Bohr et Einstein

 

Pour Bohr un formalisme mathématique, si pertinent soit-il, ne produit par lui-même aucun effet d’intelligibilité. Tout son effort vise à rendre la mécanique quantique intelligible en la rattachant à ce que nos sens peuvent percevoir.

 

F. Lurçat, « Niels Bohr et la pluralité de l’être »[1]

 

Cet article, écrit pour le Yahrzeit de mon père, l’a été avant la guerre dans laquelle Israël est aujourd’hui plongé. J’ai décidé de le publier néanmoins à la date prévue, sachant que le sujet qu’il aborde est loin des préoccupations actuelles de mes lecteurs, mais qu’il demeure néanmoins pertinent pour comprendre notre monde actuel. P.L.

 

 

[1] In La science suicidaire, Athènes sans Jérusalem, F.-X. de Guibert 1999, p. 196.

Notre époque est peut-être celle qui a vu le divorce le plus total entre la capacité de savoir de l’homme et l’intelligibilité du monde. Le monde est ainsi devenu, à de nombreux égards, de plus en plus opaque, alors même que la quantité de connaissances humaines semblait s'accroître à un rythme exponentiel, celui de l’intelligence artificielle et des moteurs de recherche… Comment comprendre ce paradoxe apparent ? Pour tenter de l'élucider, il faut peut-être chercher la réponse chez un des physiciens les plus célèbres – et les plus mal compris – du vingtième siècle, Niels Bohr.  Quatrième volet de ma série d’articles en hommage à mon père, François Lurçat z.l.

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La physique occupait évidemment une place de choix dans la bibliothèque de mon père – qui était devenu physicien par vocation, après avoir discuté enfant avec le physicien Pierre Auger à Moscou – , mais la philosophie avait presque fini par la supplanter. Or, les livres de Niels Bohr n’étaient pas seulement au confluent des deux disciplines. Bohr était en effet, comme je le comprendrais bien après que mon père soit parti dans le monde de Vérité, celui qui avait permis à mon père d’entamer sa seconde « carrière », celle de philosophe de la science. Le point de départ de cette seconde carrière fut le constat que la physique avait non seulement cessé d’être compréhensible du commun des mortels, mais qu’elle avait en fait largement renoncé à l’ambition même de le devenir.

 

Les physiciens qui travaillaient, comme lui, sur des sujets de physique théorique et de physique des particules en particulier, s’accommodaient parfaitement de l’aura de mystère et d’inaccessibilité qui entourait leur discipline, mettant en pratique, comme il l’écrivait, « la philosophie du “faut pas chercher à comprendre” ». Or, expliquait-il, « cette philosophie “marche” : l’étudiant passe ses examens ou ses concours, le chercheur publie ses articles, l’ingénieur réalise de nouveaux dispositifs qui remplissent la fonction à laquelle on les destine… Le seul petit malheur est que personne (ou presque) n’y comprend plus rien (ou presque »[2].

 

            Ce constat d’incompréhensibilité, mon père l’avait fait parfois en tant que professeur – et il était, de l’avis de ses étudiants, un excellent pédagogue – mais surtout en tant que chercheur, lorsqu’il tentait d’expliquer à ses collègues les sujets de ses recherches. Combien de fois l’avais-je entendu, étant adolescent, se plaindre du mur d’incompréhension auquel il se heurtait en parlant avec ses collègues… La critique qu’il devait développer bien des années plus tard de la « social-science » (c'est-à-dire de la science conçue comme une entreprise sociale et économique, bien plus que comme l’effort mené pour rechercher la vérité scientifique), était sans doute déjà en gestation, dans l’expérience souvent décevante qu’il avait des contacts quotidiens avec ses collègues physiciens, y compris ceux qui, comme lui, s'étaient intéressés à la philosophie de la science.

 

La cause profonde de cette incompréhension persistante n’était pourtant pas, comme j’avais pu le penser alors, un désaccord scientifique ou politique, mais un sujet bien plus essentiel, qui tenait à la notion même de ce que signifie « comprendre » une théorie scientifique. « Le projet qui a présidé à la naissance de la physique », écrirait-il bien plus tard dans son livre consacré à Niels Bohr, « comportait deux aspects étroitement liés ». « L'homme était appelé à comprendre les lois de la nature, et à devenir 'comme maître et possesseur de celle-ci [3]». Ce dernier aspect fait aujourd'hui l'objet d'une critique radicale, qui prend souvent pour cible la conception anthropocentrée de la Bible, accusée d'avoir entraîné l'homme à dominer la nature et, ce faisant, à surexploiter les ressources naturelles.

 

Cette critique, quel qu'en soit le bien-fondé, néglige le premier aspect, tout aussi essentiel, du projet scientifique : celui de la compréhension des lois naturelles et de l'intelligibilité du monde. Or, poursuivait-il, « aujourd'hui le second aspect dévore le premier : plus nous dominons et possédons, moins nous comprenons ». C'est précisément ce constat d'un oubli grandissant de la nécessité de comprendre, consubstantielle au projet scientifique, qui amena mon père à chercher les outils d'une analyse de la crise de la science moderne. Cette recherche le conduisit à lire, parmi d'autres auteurs, Emmanuel Levinas – déjà évoqué dans ces colonnes – mais aussi Edmund Husserl.

 

“Dire à d’autres hommes ce que nous avons appris”

 

Mais c'est chez Niels Bohr qu'il trouva à la fois le sujet d'un de ses livres les plus aboutis, et la source d'une réflexion féconde sur l'état de la physique en particulier et de la science en général. Pour résumer en quelques mots ce qu’il avait trouvé chez Bohr, je citerai un passage de la discussion entre ce dernier et Einstein. « Par le mot ‘d’expérience’ experiment, nous nous référons à une situation où nous pouvons dire à d’autres hommes ce que nous avons fait et ce que nous avons appris ; il en résulte que la description du dispositif expérimental et des résultats des observations doit être exprimée en un langage dénué d’ambiguïté, se servant convenablement de la terminologie de la physique classique »[4].

Ce passage appelle de nombreux commentaires, qui relèvent à la fois de la physique et de la philosophie. Pour nous en tenir à l’aspect proprement philosophique, il exprime la quintessence de la conception par Bohr de l’acte de comprendre… Pour comprendre un phénomène, nous dit-il, il ne suffit pas d’appliquer une formule (physique ou mathématique), mais encore d’être capable de l’expliquer à d’autres. Cette définition n’est pas seulement le fruit d’une réflexion théorique sur ce que signifie comprendre : Bohr a en effet lui-même été confronté à cette nécessité, lors de sa discussion avec Einstein. C’est en effet face à l’incompréhension de ce dernier qu’il a été amené à préciser et à enrichir ses propres idées.

 

Mais la définition par Bohr du phénomène et celle de l’acte de comprendre qui en découle n’ont pas simplement un intérêt pour l’histoire et la philosophie des sciences. Elles ont aussi, et c’est sans doute l’essentiel, un intérêt pour l’homme d’aujourd’hui et pour la vie de tous les jours. L’opacité du monde actuel ne tient pas seulement en effet à la complexité des événements, mais également et surtout, à notre incapacité grandissante de porter un jugement. Juger l’événement suppose en effet de disposer de critères qui ne sont pas seulement objectifs et scientifiques, mais avant tout moraux. J’en donnerai un seul exemple, tiré de l’actualité : quand la Russie a envahi l’Ukraine, certains de mes interlocuteurs ont prétendu qu’Israël devait soutenir Poutine, lequel était selon eux notre ami, bien plus que les Etats-Unis… Les récentes déclarations de Poutine affirmant qu’Israël avait « transformé Gaza en camp de concentration » et que l’attaque du Hamas constituait la « révolte du ghetto », leur feront-elles changer d’avis ? Je l’espère…

 

La seconde raison qui permet d’expliquer l’opacité grandissante de notre monde tient sans doute à l’incapacité d’échanger véritablement des opinions et d’instaurer un dialogue authentique, en se contentant de « partager » des points de vue et des « contenus », sans que chacun puisse comprendre véritablement – et éventuellement accepter – celui de son protagoniste. Lors de la fameuse discussion Bohr-Einstein, c’est ainsi « dans une large mesure, la discussion avec Einstein qui a suscité l’effort de Bohr pour préciser le sens du concept fondamental de phénomène… »

 

En effet, « Bohr savait très bien que sa pensée et son expression avaient tendance à l’obscurité ; il a toujours cherché des interlocuteurs capables de l’aider à être plus explicite. La discussion avec Einstein a été à cet égard d’une remarquable efficacité : le compte-rendu rédigé par Bohr est de loin le texte le plus clair qu’il ait écrit sur le sujet ».

 

     Dans les dernières pages de son livre L’autorité de la science, François Lurçat écrit ces lignes prémonitoires : « Une recherche authentique de la vérité peut certainement aboutir à des résultats qui pourront… enrichir la culture. Une recherche marquée par la concurrence sauvage et la quête du succès à n’importe quel prix risque de déformer la vérité, et peut contribuer à détruire le concept même de vérité [5]». C’est précisément ce à quoi nous assistons aujourd’hui, dans le monde des médias et des réseaux sociaux, ou la confrontation d’idées a été remplacée par une cacophonie généralisée et où l’idée même de vérité est en danger.

P. Lurçat

 

 

 

[1] In La science suicidaire, Athènes sans Jérusalem, F.-X. de Guibert 1999, p. 196.

[2] F. Lurçat, Niels Bohr, Critérion 1990, p. 106. (Réédition en Points Seuil).

[3] F. Lurçat, Niels Bohr, op. cit. p. 106.

[4] N. Bohr, Discussion avec Einstein, in Physique atomique et connaissance humaine, Folio Essais Gallimard 1991, p. 207.

[5] F. Lurçat ; « Le big-bang et sa critique », dans l’Autorité de la science, Cerf 2009 p. 236.

François Lurçat z.l. (1927-2012)

François Lurçat z.l. (1927-2012)

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“Humains, trop humains…” : Face à la cruauté du Hamas, l’humanité d’Israël est-elle justifiée? Pierre Lurçat

October 12 2023, 10:11am

Posted by Pierre Lurçat

“Humains, trop humains…” : Face à la cruauté du Hamas, l’humanité d’Israël est-elle justifiée? Pierre Lurçat

NB Plusieurs signes semblent indiquer que nous sommes sortis de cette posture "morale" erronée et que Tsahal se bat aujourd'hui sans limite contre un ennemi inhumain qui ne mérite aucune compassion. Comme je l'écrivais en 2018, "La victoire contre le Hamas n’est pas seulement une question militaire et stratégique, elle est aussi - et avant tout - une question morale. Car c’est sur le plan des normes morales que réside notre principale faiblesse. L’heure est à ‘terroriser les barbares’, selon l’injonction du Rav Kook. L’heure est au réarmement moral d’Israël et du peuple Juif face à leurs ennemis". P.L.

 

Une fillette de la famille du chef du Hamas subit une greffe à l’hôpital Ichilov de Tel-Aviv”. Cette information a fait la “Une” de l’actualité en Israël. Les médias français et occidentaux, eux, l’ont passée à la trappe. Ils préfèrent titrer, comme Le Monde, “Le survivant d’une famille décimée à Gaza, saisit la Cour pénale internationale”, en faisant passer Israël et le peuple Juif pour des assassins, conformément à l’imagerie antisémite séculaire. Mais mon propos n’est pas ici de déplorer une fois de plus les mensonges des médias occidentaux (1). La question qui me préoccupe est celle - plus fondamentale, voire cruciale - de notre propre vérité. Qui sommes-nous, ou plutôt qui voulons-nous être? Un modèle de moralité et d’angélisme dans un monde barbare? 

 

Est-ce que la vocation de “Lumière des nations” que nous assignent nos Prophètes consiste à soigner les proches de nos pires ennemis, ceux qui gardent en otages nos soldats - morts ou vivants - pour obtenir des concessions de notre part, en attendant de lancer un nouvel assaut meurtrier contre nos civils ? Ou peut-être sommes-nous victimes d’une terrible illusion, d’une erreur de perspective à laquelle nous ont habitués des centaines d’années d’existence galoutique, loin des préoccupations de la vie nationale, durant lesquelles nous avons désappris le sens véritable des injonctions bibliques et talmudiques? 

 

Plus encore qu’elle ne nous apprend sur la désinformation et le mensonge permanent des médias occidentaux concernant Israël, la décision de soigner la nièce d’Ismaïl Hanieyh à l’hôpital Ichilov doit nous faire réfléchir sur la psychologie de nos ennemis et la nôtre, et sur l’asymétrie fondamentale du conflit qui nous oppose à nos voisins. Elle nous invite surtout à comprendre ce que signifie véritablement la vocation morale d’Israël. Loin de vouloir faire l’éloge d’Israël, en démontrant une fois de plus combien nous sommes humains et nos ennemis inhumains, je prétends affirmer ici que notre humanité débordante est un défaut et une faille dans notre cuirasse, que nos ennemis savent exploiter pour nous affaiblir. Et elle n’est même pas conforme à notre Tradition authentique...

 

Un présupposé d’humanité mensonger

Car cette décision repose sur un présupposé d’humanité, qui est totalement faux ! Elle fait l’hypothèse que nos ennemis sont des hommes comme nous et qu’en leur montrant un visage d’hommes, nous les inciterons à dévoiler eux aussi leur humanité. Or c’est, hélas, le contraire qui est vrai… Plus nous sommes enclins à faire preuve d’humanité avec eux, plus ils se jouent de nous et se montrent cruels. Cette vérité éternelle avait déjà été énoncée par nos Sages dans le Talmud : « Celui qui a pitié des méchants, finit par se montrer cruel envers les justes… » Le peuple israélien a éprouvé dans sa chair la réalité tragique de cet adage, lorsque le gouvernement Sharon, voulant mettre fin à la « cruelle occupation  de Gaza », a fait preuve de l’inhumanité la plus flagrante envers les Justes qui peuplaient les yichouvim du Goush Katif. 

 

La synagogue détruite de Névé Dekalim : une inhumanité flagrante

 

La parasha de Ki Tetsé commence par le verset : “Lorsque tu iras en guerre contre tes ennemis, que l'Éternel, ton Dieu, les livrera en ton pouvoir, et que tu leur feras des prisonniers”, au sujet duquel Rachi commente : “Il s’agit d’une guerre facultative, car dans les guerres pour Eretz-Israël il ne saurait être question de faire des prisonniers”. Si nous pensons que les mots de Rachi font encore sens aujourd’hui, alors nous ne pouvons faire l’économie de nous interroger sur le sens de ce commentaire, si terrible puisse-t-il paraître à la conscience juive actuelle, façonnée par l’idée occidentale d’origine chrétienne, de la dichotomie entre droit et morale, entre pouvoir séculier et religion. 

 

Comment agir face à des loups sauvages?

Dans un article très éclairant écrit après la Deuxième Guerre du Liban, dans la défunte revue francophone Forum-Israël, le rav Oury Cherki abordait la question de “l’éthique juive de la guerre”, et citait une réponse du rav A.I . Hacohen Kook au rav Zaïdel, qui lui avait demandé pourquoi la tradition juive impose des guerres si violentes et parfois si cruelles (2). Le rav Kook répondit : “Pour ce qui est des guerres, il était impossible à une époque où nos voisins étaient des loups sauvages, que seul Israël ne fasse pas la guerre, car alors, les nations se seraient liguées pour nous exterminer. Bien au contraire, c’était une chose indispensable. Il fallait terroriser les barbares, en employant également des moyens cruels, tout en gardant l’espoir d’amener l’humanité à ce qu’elle devrait être. Mais il ne faut pas avancer le temps, et se croire à l’époque messianique quand on n’y est pas”. 

Cette réponse énonce plusieurs vérités très actuelles sur l’attitude qu’Israël devrait adopter face au Hamas.  Premièrement, face à un ennemi barbare, on se doit d’être cruel. En d’autres termes, il faut “terroriser les terroristes”. (Et qu’on ne vienne pas nous dire que les civils de Gaza sont “innocents”. Car comme l’explique le Rav Cherki, la distinction entre des soldats “coupables” et des civils “innocents” repose sur un syllogisme erroné). Enfin, l’espoir de faire progresser l’humanité vers des normes morales plus élevées n’est pas aboli, mais il concerne les temps messianiques, qui ne sont pas encore là.

Rav Kook : “Il fallait terroriser les barbares”

Nos ennemis ne changeront pas. C’est donc à nous de changer ! Cessons de nous comporter en modèles d’humanisme, en agneaux dans un monde de loups. Devenons une fois pour toutes, comme l’exigeait Jabotinsky, une ‘race fière et cruelle’. Alors que le Hamas se prépare déjà au prochain round contre Israël, l’heure n’est pas aux marques d’humanité envers le Hamas, ses dirigeants et leurs familles, mais au renforcement de notre capacité de résistance et de contre-offensive. La victoire contre le Hamas n’est pas seulement une question militaire et stratégique, elle est aussi - et avant tout - une question morale. Car c’est sur le plan des normes morales que réside notre principale faiblesse. L’heure est à ‘terroriser les barbares’, selon l’injonction du Rav Kook. L’heure est au réarmement moral d’Israël et du peuple Juif face à leurs ennemis.

Pierre I. Lurçat

(Article publié initialement en 2018)

(1) Voir https://infoequitable.org/ sur les mensonges des médias français.

(2) Epitres du rav Kook, Igrot Re’ia, vol. 1 p. 100, cité par O. Cherki, art. cit. C’est moi qui souligne. Je renvoie également sur ce sujet aux chapitres de mon livre La trahison des clercs d’Israël (La Maison d’édition 2016) consacrés au droit juif de la guerre.

 

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Le choc, la stupéfaction, la tristesse… et les questions. Premières réflexions sur la guerre de Simhat Torah 5784

October 10 2023, 07:52am

Posted by Pierre Lurçat

Le choc, la stupéfaction, la tristesse… et les questions. Premières réflexions sur la guerre de Simhat Torah 5784

 

Après le choc et la stupéfaction, vient le moment de la réflexion et des questions. Pourquoi et comment Tsahal a-t-elle pu se laisser surprendre à ce point ? Cet événement que beaucoup qualifient d’incroyable et comparent au 11 septembre ou à la guerre de Kippour, de par l’étendue de la surprise et de l’échec qu’il représente pour Israël, peut aussi être comparé à la Guerre d’Indépendance, notamment en raison du fait que l’ennemi a réussi à percer la frontière et à pénétrer (fut-ce pour un temps limité) sur le territoire souverain de l’Etat juif.

 

La “conceptsia” s’est écroulée une fois de plus

 

Le sentiment dominant, tant chez les observateurs qu’au sein de la population israélienne, est celui d’un cataclysme, d’un effondrement, comme si toutes les choses sur lesquelles on croyait pouvoir compter s’étaient soudain écroulées… Qu’est-ce qui s’est écroulé exactement ? Les réponses à cette question sont multiples : le front s’est écroulé, la « barrière intelligente » séparant Israël de Gaza s’est révélée n’être pas plus efficace que les murs de paille du petit cochon dans le conte de Perrault, et le peu de sécurité qui restait encore aux habitants de Sderot et du pourtour de Gaza a été tragiquement réduit en poussière…

 

            Mais au-delà de ces éléments matériels – qui sont évidemment d’une importance cruciale – c’est aussi un élément moral et conceptuel qui a volé en éclats : celui qu’on désigne aujourd’hui, comme en 1973, par le mot de « conceptsia », la conception. Cette conception, qui concernait en 1973 l’Egypte, concerne en 2023 principalement le Hamas et Gaza. On peut l’exprimer par l’idée qu’on pouvait négocier avec le Hamas, et par celle qu’Israël avait compris le langage et les desseins du Hamas et maîtrisait donc en large mesure la situation à Gaza.

 

Le piège mortel de la “Pax islamica”

 

A un niveau plus profond encore, la « conception » actuelle est l’idée même qu’Israël se fait du Hamas, de sa nature véritable et de ses conceptions politiques et stratégiques[1]. C’est l’illusion mortelle de la « Pax islamica », que le Hamas nous a imposée et que nous avons acceptée, en raison d’un mélange de peur (comme me l’expliquait Simha Goldin[2], dont le fils Hadar a été capturé par le Hamas en 2014) et d’incompréhension. Or, dans la vision du monde de l’islam radical – celle du Hamas, du Djihad islamique et de Daesh – la peur est précisément l’élément-clé qui permet d’asseoir la domination de l’islam. C’est bien cette peur qui a été instillée dans l’esprit de nos dirigeants et leur a fait croire qu’on pouvait « acheter » la tranquillité, en faisant entrer l’argent du Qatar à Gaza et en autorisant des milliers de Gazaouis à venir travailler en Israël.

 

Cette « conception » réside aussi dans l’idée qu’on pourrait négocier avec le Hamas des trêves provisoires, en le laissant se réarmer entre chaque manche d’affrontement armé, au lieu de considérer que son réarmement constitue un casus belli, justifiant (selon le droit international et les principes de toute doctrine militaire communément acceptée) une nécessaire intervention préventive au cœur de la bande de Gaza, pour détruire les missiles pointés contre le territoire israélien avant même leur utilisation, au lieu de se fier entièrement au système de Défense « Bouclier de fer », dont j’ai expliqué dans ces colonnes toutes les carences.

 

Cette « Pax islamica » que nous avons malheureusement acceptée depuis plus de 15 ans face au Hamas nous a empêchés de comprendre les intentions véritables de l’ennemi et d’être attentifs à son discours et à ses préparatifs. Comme en 1973, quand Israël a fermé les yeux devant les menaces explicites et les préparatifs de guerre concrets – de l’Egypte soutenue par l’URSS – Israël a aujourd’hui fermé les yeux face au Hamas armé et guidé par l’Iran. Cette cécité volontaire dénote non seulement un échec terrible des services de renseignement – Shabak, Aman, Mossad, etc. – et de l’échelon politique, mais aussi et surtout un échec conceptuel général à intérioriser la manière de pensée de l’ennemi.

 

Plus encore qu’une forme de « dissonance cognitive », il y a là en effet une sorte d’incapacité récurrente à comprendre l’ennemi, comme si les échelons dirigeants d’Israël s’obstinaient à penser avec des concepts occidentaux l’affrontement avec des ennemis qui appartiennent à un univers conceptuel et culturel bien différent, celui du monde arabe et iranien et celui de l’islam politique. C’est cette incompréhension fondamentale (dont on a déjà vu les conséquences dramatiques lors des accords d’Oslo et du retrait du Goush Katif) dont nous payons aujourd’hui le prix cruel, et à laquelle il importe de remédier au plus vite (à suivre…).

P. Lurçat

 

NB Je renvoie sur tous ces sujets à l’émission que j’avais consacrée aux erreurs israéliennes face au Hamas, au micro de Richard Darmon sur Studio Qualita.

 

[1] Sur ce point précis, je renvoie à mon étude de l’idéologie du Hamas, Le Hamas, un mouvement islamiste apocalyptique - Le CAPE (jcpa-lecape.org)

[2] Interview parue dans Israël Magazine en octobre 2022.

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"Dôme d'acier" ou "Mur de fer?" Comment rétablir la sécurité d'Israël face à Gaza

October 9 2023, 10:33am

Posted by Pierre Lurçat

"Dôme d'acier" ou "Mur de fer?" Comment rétablir la sécurité d'Israël face à Gaza

 

(Dans les lignes suivantes, extraites de ma présentation du livre Le Mur de fer de Jabotinsky, j'explique en quoi le "Dôme d'acier" constitue en réalité la négation du "Mur de fer" et des principes d'une véritable dissuasion face au Hamas et aux ennemis d'Israël en général).

Le « dôme d’acier », malgré toute sa perfection technologique, ne vise en effet pas à assurer une quelconque dissuasion pour Israël, face aux tirs de roquette incessants venant de Gaza, mais plutôt à protéger les civils israéliens, sans aucunement empêcher les groupes terroristes palestiniens de poursuivre leurs attaques. De ce fait, il illustre le paradoxe d’une armée toujours plus intelligente, mais de moins en moins audacieuse. Comme le savent bien les dirigeants de l’armée israélienne, seule une offensive terrestre au cœur de la bande de Gaza permettrait de démanteler les lanceurs de missiles, voire de mettre fin au pouvoir du Hamas, installé depuis le retrait de l’armée israélienne en 2006. Or, la protection toute relative offerte par le dispositif du « dôme d’acier » empêche en fait Tsahal de mener une telle offensive, en la dissuadant d’adopter une logique militaire plus coûteuse en vies humaines. La dissuasion s’exerce donc envers Israël et non envers ses ennemis.

 

         Le « dôme d’acier » n’est donc aucunement l’application de la doctrine du « Mur de fer » élaborée par Jabotinsky il y a près de cent ans : il en est la négation. Cet exemple ne signifie toutefois pas que le « Mur de fer » aurait été totalement oublié, mais que cette notion est appliquée de manière variable, selon les circonstances et les différents fronts. Israël fait ainsi preuve depuis plusieurs années d’une audace impressionnante face à l’Iran, multipliant les opérations et les éliminations ciblées en territoire ennemi, tandis que sur le front de Gaza, Tsahal se montre beaucoup plus timorée, restant sur la défensive la plupart du temps. Cette disparité montre que l’éthos défensif – qui remonte aux débuts de Tsahal et avant encore, à l’époque du Yishouv – s’avère insuffisant, face à des ennemis farouchement déterminés.

 

        

Toute l’histoire de la stratégie de défense d’Israël, depuis la Haganah et les premiers efforts d’auto-défense à l’époque de Jabotinsky et jusqu’à nos jours, est marquée par une oscillation permanente entre deux pôles opposés : celui de l’éthos purement défensif, largement prédominant d’une part, et celui d’un éthos offensif, celui de l’unité 101 dans les années 1950 et de la « Sayeret Matkal » (unité d’élite de l’état-major), d’autre part. De toute évidence, c’est cet esprit offensif qui a permis à Tsahal de connaître ses victoires les plus éclatantes, celle de juin 1967 ou celle de l’opération Entebbe, pour ne citer que deux exemples. Malgré cela, l’armée israélienne demeure attachée à l’éthos purement défensif, pour des raisons complexes liées à son histoire et à ses valeurs fondatrices. La doctrine du « Mur de fer » demeure ainsi d’actualité, un siècle après avoir été formulée par Jabotinsky. 

 

Les récents événements violents survenus en mai 2021 dans les villes mixtes d’Israël, et la persistance d’une opposition radicale à l’existence de l’Etat hébreu dans la région – malgré les avancées remarquables des accords Abraham – montrent que la dissuasion demeure une nécessité impérieuse, tant sur le front intérieur que sur les différents fronts extérieurs. L’aspiration à la paix qui caractérise le peuple Juif et l’Etat d’Israël ne doit pas éluder cette nécessité. Le pacifisme aveugle, il y cent ans comme aujourd’hui, menace la pérennité de l’existence d’un Etat juif souverain, au milieu d’un environnement encore largement hostile. Aujourd’hui comme hier, la paix repose sur la préparation à d’éventuels conflits, selon l’adage latin toujours actuel (« Si vis pacem, para bellum »), ou selon les mots de Jabotinsky : « le seul moyen de parvenir à un accord [de paix] est d’ériger un mur de fer ».

Pierre Lurçat

NB Je renvoie sur tous ces sujets à l’émission que j’avais consacrée aux erreurs israéliennes face au Hamas, au micro de Richard Darmon sur Studio Qualita

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Le Hamas, un mouvement islamiste apocalyptique, par Pierre Lurçat

October 8 2023, 14:16pm

Posted by Pierre Lurçat

Le Hamas, un mouvement islamiste apocalyptique, par Pierre Lurçat
 

Trente-cinq ans après sa création, le Hamas palestinien demeure très mal connu en Occident. Alors qu’il est évoqué presque quotidiennement par les médias, il fait l’objet d’un nombre très réduit d’ouvrages sérieux et demeure un sujet mystérieux pour le public occidental.

Le présent article aborde un aspect essentiel et peu souvent étudié du mouvement islamiste palestinien.

 

Résumé : Le Hamas est un mouvement islamiste radical, dont l’idéologie exprime une vision du monde marquée par les thèmes de l’eschatologie musulmane, dans lesquels les Juifs occupent une place centrale. Sa vision apocalyptique de l’affrontement ultime avec Israël exclut toute possibilité de coexistence ou de modération, et elle est identique à celle des mouvements djihadistes les plus radicaux.

L’erreur la plus répandue lorsque l’on parle des mouvements islamistes contemporains, et notamment du Hamas, consiste à les envisager à l’aide des concepts et des manières de penser propres à l’Occident. La plupart des analyses occidentales du phénomène islamiste ont souvent tendance à sous-estimer, voire à occulter un aspect fondamental, que l’on retrouve dans toutes les différentes mouvances et organisations islamistes : celui des croyances religieuses musulmanes, et plus précisément de l’eschatologie musulmane.

C’est ainsi qu’un islamologue français réputé, auteur d’ouvrages importants sur l’islamisme contemporain, peut expliquer la révolution islamique iranienne de 1979 par "l’alliance de la bourgeoisie pieuse et de la jeunesse urbaine pauvre ", et que de nombreux journalistes continuent à décrire les auteurs - palestiniens et autres - des attentats-suicides comme des "désespérés" et des laissés pour compte, alors même que toutes les recherches entreprises sur le sujet démontrent que cette grille de lecture sociologique ou marxisante ne correspond pas à la réalité.

En Israël aussi, de nombreux observateurs sous-estiment la dimension eschatologique de l'idéologie du Hamas, et les dirigeants (civils et militaires) israéliens partagent pour la plupart d'entre eux l'idée erronée selon laquelle on pourrait "discuter" ou "négocier" avec le Hamas de manière policée et rationnelle...

Il est impossible de comprendre les succès remportés par le Hamas et la persistance de l’islamisme - dont de nombreux observateurs occidentaux annoncent régulièrement l’essoufflement ou même la prochaine disparition - si l’on fait abstraction des croyances des acteurs des mouvements islamistes ou si l’on en diminue l’importance, en les considérant comme des balivernes moyenâgeuses dénuées de signification concrète.

Il faut écouter ce que disent les islamistes et accorder du poids à leur discours, si l’on veut tenter de comprendre leurs motivations et leurs stratégies. Il est significatif à cet égard de constater que les médias occidentaux, qui parlent régulièrement des événements du Proche-Orient et de la rivalité entre le Hamas et le Fatah, ne mentionnent presque jamais la Charte du mouvement islamiste.

Que veut le Hamas?

Une analyse courante du mouvement islamiste palestinien consiste à en faire un clone du Fatah, dont il ne différerait que par l’habillage religieux donné à son combat contre Israël. Selon cette conception, répandue dans les chancelleries occidentales, il suffirait d’attendre patiemment pour que le Hamas modère ses ambitions et accepte d’entrer dans le jeu des négociations afin de parvenir à une coexistence avec Israël.

Le préambule de la Charte du Hamas affirme pourtant de manière claire la centralité du "combat contre les Juifs", qui doit être mené "jusqu’à ce que [les] ennemis soient vaincus et que la victoire d’Allah soit établie". Pour saisir la conception de l’islam qui est celle du Hamas, il faut accepter de mettre de côté l’idée occidentale de la religion, conçue comme une sphère bien délimitée de l’existence. L’histoire de l’Occident chrétien est en effet celle d’une relégation toujours plus poussée de la part du religieux dans l’existence. C’est pourquoi il est difficile pour un occidental de se représenter la manière dont un Musulman non occidentalisé peut concevoir l’islam.

L’eschatologie, au coeur du conflit entre l’islam et l’Occident

Un des aspects essentiels - et méconnus - de l’islamisme contemporain est celui des croyances eschatologiques. La dimension eschatologique de l’islam a souvent été minimisée, parfois pour des raisons polémiques, le christianisme se présentant comme la seule religion tournée vers l’au-delà, en rejetant l’islam dans le domaine des seules préoccupations terrestres.

Cette dimension oubliée est fondamentale dans la résurgence actuelle d’un islam conquérant, car elle traverse tous les clivages du monde musulman - entre sunnisme et chiisme, entre islam traditionnel et islamisme contemporain - et permet de comprendre de très nombreux aspects du réveil de l’islam.

Comme l’explique un historien français, "l’eschatologie représente un des traits fondamentaux de la religion musulmane. L’imminence de la fin des temps et du Jugement dernier est l’un des thèmes coraniques les plus anciens et les plus constants, qui parcourt l’ensemble du texte sacré de l’islam". Mohammed étant le dernier prophète (le "sceau de la prophétie"), sa venue inaugure la dernière période de l’histoire universelle, c’est-à-dire la période eschatologique.

Dans son recueil de Hadith intitulé "Les grands signes de la fin du monde depuis la mission du prophète jusqu’au retour de Jésus", Abdallah al-Hajjaj cite une parole du prophète, affirmant en levant sa main que sa mission et l’Heure dernière étaient rapprochées comme son majeur de son index. Cette croyance à l’imminence de la fin des temps est un aspect fondamental du réveil de l’islam dans le monde actuel, sous ses formes pacifiques et guerrières.

L’islam chiite est parfois présenté comme étant le seul à accorder une importance aux considérations eschatologiques. Il est vrai que le thème du retour de l’Imam caché, élément central des croyances de l’islam chiite, se prête facilement aux interprétations eschatologiques. Depuis la révolution islamique iranienne, en 1979, les aspirations eschatologiques occupent le devant de la scène au sein du monde musulman chiite. La croyance en l’imminence du Jugement dernier permet d’expliquer tant les comportements suicidaires, qui se sont multipliés depuis les années 1980, lors de la guerre Iran-Irak, que l’attitude actuelle des dirigeants iraniens.

La dimension eschatologique du mouvement islamiste sunnite

Mais l’eschatologie est tout autant présente dans l’islam sunnite, et elle joue un rôle central dans le développement des mouvements islamistes sunnites. Toutes les composantes de la mouvance islamiste contemporaine, depuis les Frères musulmans jusqu’au Hamas et à la nébuleuse Al-Qaida, partagent en effet l’espoir de voir le Califat islamique reconstitué et considèrent le "renouveau de l’islam" comme le signe manifeste de la véracité des prophéties concernant la victoire finale de l’islam et sa propagation dans le monde entier.

On peut citer à titre d’exemple cette fatwa du cheikh Qaradawi, idéologue important du mouvement islamiste et organisateur de l’islam européen  :

On posa au prophète Mahomet la question suivante : ’Quelle ville sera conquise en premier, Constantinople ou Romiyya?’ Il répondit : ’La ville d’Héraklès sera conquise en premier’, c’est-à-dire Constantinople... Romiyya est aujourd’hui la ville appelée ’Rome’, capitale italienne. La ville d’Héraklès fut conquise en 1453 par Mohammed Ben Morad, jeune Ottoman de 23 ans connu sous le nom de Mohammed le Conquérant. L’autre ville, Romiyya, reste à conquérir, et nous espérons et croyons qu’elle le sera.

Cela signifie que l’islam retournera en Europe en conquérant et en vainqueur, après en avoir été expulsé deux fois : une fois d’Andalousie, au Sud, l’autre fois à l’Est, après qu’il eut frappé aux portes d’Athènes… Il est facile bien entendu d’écarter du revers de la main cette prophétie relative à la conquête de Rome, en la considérant comme n’étant pas plus digne de foi que celles de Nostradamus. Mais cela serait une grave erreur d’appréciation. L’essentiel n’est pas en effet d’apporter foi aux prophéties de Mohammed, rapportées dans les Hadith, mais de prendre conscience de l’importance que les Musulmans eux-mêmes leur accordent.

Ce sont en effet les croyances des acteurs des mouvements islamistes qui permettent de comprendre leurs motivations et leurs aspirations : l’organisation des Frères musulmans est ainsi persuadée - depuis sa création en 1928 - qu’elle incarne le renouveau de l’islam, et que son rôle est de faire flotter l’étendard de l’islam sur les cinq continents. Présenter les Frères musulmans comme l’incarnation d’un "islamisme modéré" revient donc à faire mentir les convictions les plus ancrées de leurs membres...

La Charte du Hamas, un document à forte connotation apocalyptique

La même erreur de perspective se retrouve dans l’analyse des objectifs du Hamas, que l’on présente régulièrement comme étant en voie de "modération" et sur le point de reconnaître le droit à l’existence d’Israël. Un des passages clés de la Charte du Hamas, qui éclaire la vision du monde du mouvement islamiste palestinien, est le Hadith cité dans l’article 7 :

L’Heure ne viendra pas avant que les Musulmans ne combattent les Juifs et les tuent ; jusqu’à ce que les Juifs se cachent derrière des rochers et des arbres, et ceux-ci appelleront : O Musulman, il y a un Juif qui se cache derrière moi, viens et tue-le !

Ce Hadith, cité sur d’innombrables sites Internet musulmans, signifie que le "combat contre les juifs" constitue pour le Hamas un impératif non seulement politique, mais eschatologique. L’affrontement avec les Juifs n’est pas seulement le moyen de récupérer la terre de Palestine, qui constitue un Waqf musulman inaliénable, mais il est la condition sine qua non à la venue de la Fin des temps.

Les observateurs occidentaux, souvent ignorants de la vision du monde islamiste en général, et de leurs croyances eschatologiques en particulier, sont enclins à croire que l’islamisme n’est qu’un extrémisme de façade, et qu’il suffit qu’il soit confronté au pouvoir pour qu’il devienne plus "réaliste" et pragmatique... Un exemple récent de cette erreur d’appréciation nous a été fourni par l’interprétation abusive donnée d’une interview du chef du bureau politique du Hamas, Khaled Mashal. Il aura suffi que le dirigeant du Hamas prononce quelques mots soigneusement calculés, dans une interview à l’agence Reuters , pour que les médias du monde entier se mettent à en tirer des conclusions hâtives et abusives, sur la "reconnaissance d’Israël par le Hamas".

Une analyse succincte de l’idéologie et des principes qui guident l’action du mouvement islamiste palestinien montre cependant qu’il ne saurait être question pour le Hamas de reconnaître le droit d’Israël sur la terre comprise entre la Méditerranée et le Jourdain, ni de renoncer à la lutte armée. Au-delà des discours destinés aux oreilles occidentales - toujours à l’affût de signes d’une "évolution" et d’un "assouplissement" du Hamas – celui-ci reste fidèle à sa raison d’être et à son idéologie, qui est exprimée dans sa Charte.

Un antisémitisme apocalyptique et rédempteur

Le Hamas demeure un mouvement islamiste radical, dont l’idéologie exprime une vision du monde marquée par les thèmes de l’eschatologie musulmane, dans lesquels les Juifs occupent une place centrale. Sa vision apocalyptique de l’affrontement ultime avec Israël exclut toute possibilité de coexistence ou de modération, et elle est identique à celle des mouvements djihadistes les plus radicaux.

Loin d’être un épiphénomène, l’antisémitisme du Hamas constitue le coeur de sa doctrine politico-religieuse. La haine des Juifs exprimée dans la Charte du Hamas et véhiculée dans les discours de ses dirigeants n’est pas un simple antijudaïsme religieux ou un antisémitisme importé d’origine européenne : il s’agit d’un antisémitisme apocalyptique et rédempteur, pour reprendre la qualification de Pierre-André Taguieff qui compare la judéophobie islamiste radicale - pour laquelle « le monde musulman ne peut être sauvé que par l’extermination des Juifs » - à l’antisémitisme raciste hitlérien.

Il est troublant de voir que l’Occident, loin de condamner le discours apocalyptique du Hamas, l’encourage, comme le faisait remarquer le professeur Richard Landes. Cette attitude s’explique sans doute par le fait que la conviction exprimée par les dirigeants du Hamas, de la disparition prochaine d’Israël, est partagée par certains diplomates et dirigeants européens.

Pierre Lurçat

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La vérité occultée sur les graves événements de Yom Kippour à Tel-Aviv:

October 5 2023, 10:55am

Posted by Pierre Lurçat et Jewish Press

La vérité occultée sur les graves événements de Yom Kippour à Tel-Aviv:

 

La moatsa datit (conseil religieux) de la mairie de Tel Aviv vient de rendre public son rapport concernant les graves événements survenus à Yom kippour. L'article ci dessous, traduit du site Jewish Press, montre que ces événements sont bien plus étendus et graves que ce qui a été rapporté par les grands médias israéliens. Ce qui est devenu évident après cette journée de Yom kippour, c'est que les adeptes de la "religion progressiste" et du wokisme en Israël ne tolèrent aucune manifestation juive à Tel-Aviv, dans l'espace public ou même à l'intérieur des synagogues. Leur intolérance et leur fanatisme antijuif n'ont pas de limite. P.L

La municipalité de Tel Aviv rapporte que 18 minyanim ont été pris pour cibles à Yom Kippour

Cette année, alors que les Juifs de la planète célébraient Yom Kippour, malheureusement, les antisémites juifs de Tel Aviv ont démontré au monde à quel point le peuple d’Israël peut se haïr lui-même. Le Conseil religieux municipal de Tel Aviv-Yafo a publié mardi un rapport résumant toutes les profanations et attaques horribles contre d’autres Juifs qui ont été perpétrées le Jour des Expiations par des antisémites juifs dans la ville.

Au total, 18 incidents ont eu lieu à Tel Aviv, notamment les perturbations réussies des services de prière annuels sur la place Dizengoff.

Quelques données importantes

Dans la plupart des sites concernés, il n’y avait pas de mechitzahs (barrières de séparation des sexes typiques des services de prière observant la Torah).

Dans au moins la moitié des incidents, les anarchistes ont réussi à empêcher complètement les fidèles de prier le jour le plus saint du calendrier juif.

Les fonctionnaires de la ville n’ont rien fait pour empêcher les anarchistes de perturber les services de prière; Sur 18 incidents, des arrestations ont été signalées dans un seul cas et plusieurs anarchistes ont été arrêtés dans un autre.

 

Dans tous les cas, les fidèles étaient beaucoup plus nombreux que les anarchistes qui ont néanmoins réussi à imposer leur volonté à ceux qui se rassemblaient pour prier.

 

Données du rapport, traduites en anglais

 

Voici les données complètes des menées antijuives des anarchistes à Tel Aviv-Yafo à Yom Kippour. : TEL-AVIV-INCIDENTS-YOM-KIPPUR-5784-2023.docx (live.com)

 

Maillots de bain, klaxons de vélo et plus encore

 

Sur de nombreux sites, les anarchistes ont crié, tiré et bousculé les fidèles et ont utilisé des klaxons et des sifflets de vélo pour perturber les prières. Les anarchistes ont détruit du matériel sur plusieurs sites et, dans un cas, ont encerclé les fidèles en les séquestrant.

 

Dans un cas, les manifestants sont montés sur la Bimah vêtus de maillots de bain. Sur un autre site, les anarchistes ont crié que les fidèles étaient des « nazis ! » et des « meurtriers d’enfants ! »

 

Les mechitzahs ont été démolies sur les quelques sites où les services de prière ont eu lieu en utilisant la barrière traditionnelle de séparation des sexes.

La violence a été particulièrement féroce lors du service de prière tenu par le Habad de Kikar Hamedina, avec des coups, des cris, des sifflets sifflés pendant le soufflage du Shofar ainsi que la destruction de la mechitzah. Plusieurs anarchistes ont été arrêtés.

Le journaliste Amit Segal a souligné que si cela s’était produit à Stockholm, Israël aurait déjà rappelé son ambassadeur.

 

SOURCE : 

Tel Aviv Municipality Reports 18 Minyanim Targeted on Yom Kippur | The Jewish Press - JewishPress.com | Hana Levi Julian | 19 Tishri 5784 – Wednesday, October 4, 2023 | JewishPress.com

LIRE AUSSI :

Yom Kippour 2023, Tel-Aviv : cette religion “progressiste” fanatique qui abhorre le judaïsme - VudeJerusalem.over-blog.com

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