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ezechiel

Une étincelle d’hébreu : “Lo Avda Tikvaténou”, notre espoir est vivant !

April 28 2024, 11:55am

Posted by Pierre Lurçat

Une étincelle d’hébreu : “Lo Avda Tikvaténou”, notre espoir est vivant !

 

Quel est le rapport entre l’hymne national israélien et la haftara que nous lisons le shabbat Hol Hamoed de Pessah ? Un mot, à la fois ancien et très actuel, comme bien d’autres mots de notre langue antique et moderne : Tikva. Chaque Juif connaît au moins le titre de l’hymne national d’Israël, Hatikva, l’espoir. Mais beaucoup ignorent d’où est tirée la phrase qui ouvre le deuxième paragraphe : “Od lo avda tikvaténou”, Notre espoir n’est pas perdu…

 

Dans la Haftara (passage des Prophètes) lue ce shabbat, tirée du prophète Ezéchiel, on trouve la fameuse vision des “Ossements desséchés”, qui s’achève par les versets suivants : “Alors il me dit : “Fils de l’homme, ces ossements, c’est toute la maison d’Israël. Ceux-ci disent : ‘Nos os sont desséchés, notre espoir est perdu (avda tikvaténou), c’est fait de nous :’ Eh bien ! prophétise et dis-leur; Ainsi parle le Seigneur Dieu: Voici que je rouvre vos tombeaux , ô mon peuple! Et je vous ramènerai au pays d’Israël’.

 

Le grand-rabbin Israël Lau raconte dans sa belle autobiographie l’émotion ressentie par les rescapés lorsqu’ils ont lu ces paroles, le shabbat de Hol Hamoed Pessah 1945. Un de ses compagnons de détention lui a lu ce passage d’Ezéchiel et a commenté : « Nous sommes les ossements desséchés… L’Europe est notre cimetière. Dieu a dit au prophète Ezéchiel qu’Il ouvrirait les tombes pour nous extraire de ce charnier et nous ramener en Terre d’Israël ».

 

Naftali Imber, l’auteur de Hatikva, l’a écrite bien avant la Shoah, en 1873. Mais ce n’est évidemment pas un hasard s’il a repris l’expression “avda tikvaténou”, en la précédant de la négation. L’histoire juive au vingtième siècle lui a donné raison : le peuple Juif est revenu sur sa Terre. Que les mots de notre hymne national et ceux du prophète Ezechiel puissent nous inspirer et inspirer tous ceux parmi nous qui doutent de notre avenir, et que D.ieu ramène nos captifs et console nos endeuillés ! Hag Saméakh.

P. Lurçat

La Tikva interprétée par Ivry Gitlis : Hatikva. Ivry Gitlis

 

Une étincelle d’hébreu : “Lo Avda Tikvaténou”, notre espoir est vivant !

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Une étincelle d’hébreu : “Bé-Damayikh Hayyi” - Quand la Bible et Naomi Shemer éclairent notre quotidien, P. Lurçat

January 23 2024, 08:49am

Posted by Pierre Lurçat

Une étincelle d’hébreu :  “Bé-Damayikh Hayyi” - Quand la Bible et Naomi Shemer éclairent notre quotidien, P. Lurçat

 

 

C’est le génie de la langue hébraïque de rester toujours jeune. Elle est, pourrait-on dire, la langue antique et jeune du peuple éternel, de retour sur sa terre retrouvée. Pour illustrer ce phénomène sui generis, j’ai choisi le texte d’une chanson de Naomi Shemer, qui résonne de manière tragique avec l’actualité terrible de ce matin. “Bé-Damayikh Hayyi” est une des dernières chansons écrites par la grande Naomi Shemer. Elle porte en titre le fameux verset du prophète Ezechiel – que chaque Juif connaît au moins pour l’avoir entendu lors de la cérémonie de la Brith Mila – “Vis dans ton sang”.

 

Ce verset, rappelle Avraham Zigman dans le très beau livre qu’il a consacré à l’œuvre de Naomi Shemer[1], est la parole adressée par Dieu, par la voix du prophète Ezechiel, à Jérusalem. “L’obligation de ‘vivre dans le sang’ n’a malheureusement pas changé depuis l’époque du prophète et jusqu’à nos jours, car l’histoire du peuple Juif baigne dans le sang”, écrit encore Zigman. C’est sans doute la raison pour laquelle les mots de la Bible nous sont tellement proches, ces jours-ci plus encore que d’habitude.

 

Les mots antiques me donnent de la force, dans les voix anciennes je puise un réconfort” : c’est ainsi que Naomi Shemer décrit sa relation intime avec l’hébreu de la Bible, dans la chanson Bé-Damayikh Hayyi. On ne saurait mieux décrire ce que de nombreux Juifs en Israël et à travers le monde trouvent actuellement dans le Livre des Livres (Sefer ha-Sefarim), depuis le début de la guerre qui a commencé le jour de Simhat Torah, où nous avons repris la lecture du Livre de Berechit. Personnellement, la lecture de la section hebdomadaire de la Bible m’éclaire plus sur la guerre que bien des commentaires savants entendus à la radio, et je suis certain de ne pas être le seul dans ce cas.

 

La Bible n’est pas seulement le récit de notre histoire nationale et le trésor que nous avons légué à l’humanité (qui a encore tant de mal à le lire et à le comprendre). Elle est aussi le Livre dans lequel nous trouvons la clé des événements que nous vivons et aussi, avec l’aide de D., la capacité d’endurer les difficultés de notre histoire. “Et soudain, un arc-en-ciel apparaît au-dessus de ma tête, un éventail coloré se déploie, annonciateur de vie et d’espoir, de paix, de tranquillité et de Hessed”. Que les mots de Naomi Shemer nous donnent la force et la persévérance, et que D.ieu protège nos soldats, ramène nos captifs et console nos familles endeuillées !

P. Lurçat

 

 

[1] Midrash Naomi, Les sources juives de la poésie de Naomi Shemer, Yad Ben Tsvi 2009.

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Auschwitz et Israël : Entre Shoah et Renaissance nationale

January 24 2020, 10:32am

Posted by Pierre Lurçat

 

L’État d’Israël est bien plus « vieux » que les soixante-dix années de son existence nationale sur sa terre retrouvée. Croire que l'État juif est né en 1948, c'est faire preuve d'une erreur de perspective historique qui relève, dans le meilleur des cas, de l'ignorance. C'est ainsi que l'actrice américaine Natalie Portman peut déclarer, lors d'une récente polémique, qu'Israël « a été créé il y a tout juste 70 ans afin d'être un refuge pour les rescapés de la Shoah ». Cette présentation a certes le mérite de la simplicité, mais elle relève d'un raccourci historique trompeur. Car en réalité, l'État d'Israël était quasiment constitué avant 1948, et ses principales institutions ont été créées pendant la période du Mandat britannique, durant laquelle il existait déjà en tant que Yichouv, terme désignant la collectivité nationale pré-étatique d'avant l'Indépendance.

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Survivants de Buchenwald arrivant à  Haïfa, 1945

 

Et pourtant… Au-delà de l’équation faite entre la Shoah et la création d’Israël, parfois avec des arrière-pensées politiques pas toujours bien intentionnées, il reste que la concomitance des deux événements interroge la conscience universelle, au même titre que la conscience juive. Aux yeux de celle-ci, en effet, les deux événements, dans leur « solennité de granit » (André Neher), sont comme deux monuments immenses, l’ombre portée du premier, Auschwitz, masquant la lumière du second, la renaissance d’Israël. Nul ne peut rester indifférent à ces deux événements essentiels du vingtième siècle. On ne peut pas non plus lire sans frémir ces mots du prophète Ezéchiel, dont le sens est devenu tellement évident depuis 1945 : « Ossements desséchés, écoutez la parole de l'Éternel ! Voici que je vais faire passer en vous un souffle, et vous revivrez… Voici que je rouvre vos tombeaux, et je vous ferai remonter de vos tombeaux, ô mon peuple ! et je vous ramènerai au pays d'Israël ». 


 

L'ancien grand-rabbin d’Israël, Meir Lau, rescapé de Buchenwald, relate dans ses mémoires comment un de ses compagnons de détention lui a lu ce passage d’Ezéchiel et a commenté : « Nous sommes les ossements desséchés… L’Europe est notre cimetière. Dieu a dit au prophète Ezéchiel qu’Il ouvrirait les tombes pour nous extraire de ce charnier et nous ramener en Terre d’Israël ». Pour les rescapés des camps d'extermination, les paroles du prophète avaient pris un sens évident, qu'ils avaient vécu dans leur chair. La tentation est donc grande, pour la conscience juive ou chrétienne, d’établir un lien de causalité entre ces deux événements. Mais il faut résister à ce penchant pour la facilité, et rétablir la complexité des liens qui unissent Auschwitz et Israël. Car Israël n’est pas né de la Shoah, mais bien plutôt malgré la Shoah

 

L'État d'Israël n’est pas seulement l’État récent proclamé en 1948, né du démantèlement de l’empire britannique, au lendemain de la Shoah. Il est en réalité, à l’image du « pays ancien-nouveau » que le fondateur du sionisme politique, Theodor Herzl, avait décrit dans son roman Altneuland, paru en 1902, un État ancien et nouveau à la fois. Il est le surgeon qui a poussé sur le tronc de l'histoire juive plurimillénaire et le torrent d'eau vive, dont la source remonte aux débuts de l'histoire du peuple Juif. Il est le fruit tardif d'un rêve plusieurs fois millénaire, d'une promesse qui n'a jamais été oubliée et d'un espoir réaffirmé chaque année par des millions de Juifs dispersés aux quatre coins de la terre : « l'An prochain à Jérusalem! »

 

(Extrait de mon livre Israël, le rêve inachevé. Editions de Paris / Max Chaleil)

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