Le secret de la force de Tsahal : Le renforcement de la conscience juive, P. Lurçat
Tsahal, qui est officiellement une institution apolitique, est en réalité l’objet de conflits politiques récurrents depuis 1948. Le renforcement de la tendance sioniste-religieuse au sein de l’armée – dont l’apparition des écoles militaires religieuses est à la fois la conséquence et le moteur – a depuis longtemps suscité la crainte et l’opposition de ceux qui refusent de voir se renforcer le caractère juif de l’État. En 2008 déjà, le journal Ha’aretz avait lancé une campagne virulente contre l’aumônier militaire, le général de brigade Avihaï Rontski, après que celui-ci ait créé au sein de l’armée un département du rabbinat au nom évocateur : “Une conscience juive pour une armée victorieuse”.
Le rabbin Rontski, dont j’avais à l’époque dressé le portrait dans les colonnes d’Israël Magazine, était devenu la véritable “bête noire” de Ha’aretz et des cercles progressistes israéliens. Si je rappelle cet épisode aujourd’hui, c’est parce que Rontski a été un précurseur. Les nombreux anciens élèves de Bnei David qui combattant actuellement à Gaza et au Nord et les officiers supérieurs issus de ses rangs sont la preuve que le combat pour renforcer la conscience juive au sein de l’armée a porté ses fruits.
Comme le rappelait récemment le rabbin Moshé Hauer, dans la revue américaine Jewish Action, une des particularités de l’école militaire Bnei David est la place qu’y occupe, au sein du cursus de ses élèves, l’étude de la foi juive, la Emounah. En effet, explique-t-il, “au lieu d’aborder des questions théologiques comme l’existence de Dieu ou les fondements de la croyance juive, le programme se focalise sur les questions du « pourquoi ». Pourquoi Dieu a-t-il créé le monde et pour quelle mission a-t-il choisi de créer l’homme ?”
La “Emounah” – la foi juive au sens particulier de croyance dans l’intervention divine dans l’histoire humaine – est en fait un des éléments de l’esprit combattif exceptionnel que les soldats de Tsahal, et notamment ceux issus des écoles militaires sionistes religieuses, ont manifesté depuis le début de la guerre. S’ils ne sont pas encore parvenus au sommet de la hiérarchie de l’armée, les soldats passés par Bnei David remplissent d’ores et déjà un rôle important dans le renforcement de Tsahal.
Il y a encore quelques années, les médias israéliens pouvaient faire état des “craintes” suscitées par le renforcement du courant sioniste-religieux au sein de l’armée et crier au scandale lorsqu’Ofer Winter, alors commandant de brigade, menait ses troupes au combat au cri de “Shema Israël”! Aujourd’hui, cette polémique semble totalement incongrue et dépassée. Le peuple d’Israël, dans son immense majorité, a compris que le judaïsme ne représente pas un danger pour l’armée, mais bien le cœur et le secret de sa force.
P. Lurçat
(Extrait d'un article paru dans Israël Magazine (c)