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NOUVEAU : Le Mur de fer et autres écrits sionistes - parution du vol. 1 des Ecrits sionistes de Jabotinsky

January 14 2025, 17:43pm

Posted by Pierre Lurçat

NOUVEAU : Le Mur de fer et autres écrits sionistes - parution du vol. 1 des Ecrits sionistes de Jabotinsky

NB J'évoquais ce matin ce nouveau livre de la Bibliothèque sioniste au micro d'Ilana Ferhadian:

Israël : "Benjamin Netanyahou est l’héritier de Vladimir Jabotinsky" - Pierre Lurçat

Les textes ici réunis, pour la plupart inédits en français avant leur première publication dans le cadre de la Bibliothèque sioniste, abordent des sujets très différents. Israël et les Arabes, Etat et religion, philosophie sociale de la Bible hébraïque… Le point commun entre ces thèmes est sans doute l’actualité des idées de Jabotinsky pour Israël aujourd’hui, malgré le temps écoulé depuis leur rédaction initiale.

C’est en effet le génie propre au fondateur du Betar et de l’aile droite du mouvement sioniste, d’avoir su élaborer une pensée riche et complexe qui continue – près d’un siècle après son élaboration – d’enrichir le débat politique et intellectuel en Israël. Le Mur de Fer est évidemment le texte le plus fameux à cet égard, et celui dont l’actualité brûlante ne s’est jamais démentie depuis 100 ans, surtout depuis le 7 octobre 2023.

Mais sur les autres thèmes ici abordés – qu’il s’agisse de l’économie et de la justice sociale ou des rapports entre Etat et religion – la pensée de Jabotinsky demeure tout aussi pertinente. Ainsi, lorsqu’il prétend trouver une troisième voie entre capitalisme et socialisme pour garantir l’impératif de justice sociale inspiré de la Bible, ou lorsqu’il souligne l’importance du caractère juif de l’Etat dans la sphère publique, Jabotinsky apporte un regard inspirant pour résoudre certaines des questions les plus brûlantes de la vie publique en Israël aujourd’hui.

 

 

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Hannoukah, histoire sainte ou histoire profane? Pierre Lurçat

December 25 2024, 08:04am

Posted by Pierre Lurçat

Le “Maoz Tsour” traditionnel et le “Shiv’hé Maoz” de Naomi Shemer 

Dans une belle émission diffusée sur Galei Tsahal il y a deux ans, Ofer Gabish relatait l’anecdote suivante, au micro de Shimon Parnass. L’histoire se passe en décembre 1969, pendant Hannoukah, il y a tout juste 55 ans. Nous sommes en pleine guerre d’usure - guerre difficile et injustement oubliée, qui s’est déroulée le long du canal de Suez entre la guerre des Six Jours et la guerre de Kippour. Naomi Shemer avait été invitée à visiter les fortins de Tsahal dans le Sinaï pour y rencontrer les soldats, selon une belle tradition qui veut que les meilleurs chanteurs israéliens viennent réjouir et renforcer le moral des soldats, jusque sur les lignes de front.

 

Naomi Shemer se rendit donc sur le canal de Suez - qui tenait lieu de frontière israélo-égyptienne entre la fin de la guerre des Six Jours et le retrait israélien en 1980. Elle visita les fortins les plus avancés et entendit les soldats raconter les bombardements. Ils lui racontèrent aussi comment ils avaient fabriqué une immense Hannoukiah, faite de morceaux d’obus, érigée juste en face du canal. Chaque soir, ils allumaient d’immenses flammes - visibles par les soldats égyptiens sur l’autre rive - et entonnaient en choeur le chant traditionnel “Maoz Tsur”. C’est alors que la chanteuse eut l’idée, simple mais géniale, de modifier le premier vers de Maoz Tsur, en transformant sa signification. 
 

Naomi Shemer en visite sur le canal de Suez, 1969 (photo : Archives de Tsahal)

 

Le “Rocher puissant de ma délivrance” devint ainsi le “Fortin, rocher de ma délivrance”: conformément à l’esprit de laïcisation inhérent à l’hébreu moderne, ce n’est plus le “Rocher d’Israël” (appellation traditionnelle de Dieu, qui figure aussi dans la Déclaration d’Indépendance d’Israël), mais le Fortin (maoz), qui est donc la source de notre délivrance. Le chant de louange à Dieu qui nous apportera la Délivrance finale devient ainsi, sous la plume de Naomi Shemer, un chant militaire en l’honneur des fortins du Canal de Suez et de leurs vaillants défenseurs. 

 

On pourrait certes voir là un énième épisode de la guerre culturelle - qui remonte aux débuts du sionisme politique et encore avant - entre deux visions radicalement opposées de l’histoire juive: la première, Histoire sainte dans laquelle les hommes ne sont que les instruments du projet divin, tandis que le héros véritable est, selon l’expression de la michna de Avot, “Celui qui maîtrise son penchant”. La seconde, histoire purement humaine dans laquelle Dieu n’a aucune part et où les guerres, à l’époque des Maccabim comme aujourd’hui, sont remportées uniquement par l’héroïsme des soldats. Mais une telle vision ferait insulte à la fois à la riche personnalité de Naomi Shemer, et à la réalité complexe de l’histoire d’Israël.



 

Soldats de Tsahal allumant les bougies de Hannouka

Car en réalité, la chanson “Shivhé Maoz” de Naomi Shemer n’est pas simplement un chant militaire (qui a été notamment interprété par la Lahakat Pikoud Darom) et un hymne au courage des soldats de Tsahal. Elle est aussi, comme l’a démontré Ofer Gabish, pétrie de citations des prophètes Isaïe, Jérémie et d’autres livres de la Bible (Shmuel et les Juges). Dans les chansons de Naomi Shemer en général, comme dans celles d’autres artistes de sa génération, la réinterprétation de motifs traditionnels n’est pas tant motivée par la volonté d’effacer le Nom de Dieu, que par celle de montrer - par des allusions et des références constantes aux textes de la Tradition - qu’il est présent même lorsqu’il paraît ne pas l’être, selon la thématique traditionnelle du “Ester Panim”, du “voilement de la face de Dieu”.

 

Le débat ancien pour savoir si la victoire de Hannoukah a été rendue possible par l’héroïsme des Maccabim, ou par la Main providentielle de Dieu a pris un sens nouveau depuis 1948. La réponse à cette question ancienne est devenue plus évidente au cours des guerres modernes d’Israël, et surtout durant la guerre qui a commencé le 7 octobre : ce sont évidemment les deux ! Libre à chacun de préférer voir le bras de nos soldats, ou la “main tendue” du Rocher d’Israël. Le génie de Naomi Shemer est précisément de signifier, par petites touches allusives, ce que chaque Israélien comprend confusément. L’histoire récente d’Israël, qui s’écrit sous nos yeux, est une histoire humaine, pleine d’héroïsme et de bravoure, écrite par des hommes, mais aussi une Histoire sainte, celle d’un peuple spécial, Am Segoula dont le destin échappe aux lois de l’histoire humaine en général. Hag Ourim saméah!

 

Pierre Lurçat

 

Naomi Shemer (1930-2004)

 

שבחי מעוז / נעמי שמר

מָעוֹז צוּר יְשׁוּעָתִי, לְךָ נָאֶה לְשַׁבֵּחַ

הַרְחֵק־הַרְחֵק לְיַד בֵּיתִי, הַפַּרְדֵּסִים נָתְנוּ רֵיחַ

אָבוֹא בַּמִּנְהָרוֹת וּבַמְּצָדוֹת וּבַמְּעָרוֹת

וּבְנִקְרוֹת־צוּרִים וּבִמְחִלּוֹת־עָפָר

אֵי־שָׁם בְּלֵב הַלַּיְלָה, דָּרוּךְ וַחֲרִישִׁי

צוֹפֶה בִּי, מְבַקֵּשׁ נַפְשִׁי.

מעוֹז צוּר יְשׁוּעָתִי, מִבְצָר עִקֵּשׁ וְקִשֵּׁחַ

עֲצִי־שָׁקֵד לְיַד בֵּיתִי, עוֹמְדִים בְּלֹבֶן פּוֹרֵחַ

אָבוֹא בַּמִּנְהָרוֹת וּבַמְּצָדוֹת וּבַמְּעָרוֹת

וּבְנִקְרוֹת־צוּרִים וּבִמְחִלּוֹת־עָפָר

אֵי־שָׁם בְּלֵב הַלַּיְלָה, דָּרוּךְ וַחֲרִישִׁי

מַבִּיט בִּי מְבַקֵּשׁ־נַפְשִׁי.

מָעוֹז צוּר יְשׁוּעָתִי, בִּקְרַב אֵין קֵץ יְנַצֵּח

אֵלַי אַיֶּלֶת אֲחוֹתִי, חִיּוּךְ עָיֵף תְּשַׁלֵּחַ

אָבוֹא בַּמִּנְהָרוֹת וּבַמְּצָדוֹת וּבַמְּעָרוֹת

וּבְנִקְרוֹת־צוּרִים וּבִמְחִלּוֹת־עָפָר

אֵי־שָׁם בְּלֵב הַלַּיְלָה, דָּרוּךְ וַחֲרִישִׁי

אוֹרֵב לִי מְבַקֵּשׁ־נַפְשִׁי.

אֲבוֹי לוֹ מֵעֻקְצִי, וַאֲבוֹי לוֹ מִדִּבְשִׁי

אֲבוֹי לִמְבַקֵּשׁ־נַפְשִׁי.

 

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Walter Benjamin : une pensée juive entre Moscou et Jérusalem

December 19 2024, 08:37am

Posted by Pierre Lurçat

Walter Benjamin

Walter Benjamin

(Article paru originellement dans Causeur.fr)

 

Une anecdote qu’on racontait jadis dans ma famille maternelle parlait de deux bateaux se croisant en Méditerranée, et des passagers sur le pont se faisaient le même signe : tourner leur index contre la tempe, en désignant ceux de l’autre navire. Le premier bateau emmenait des Juifs en Eretz-Israël (la « Palestine » de l’époque), tandis que le second les en éloignait, à destination de l’URSS. Cette anecdote m’est revenue à l’esprit en découvrant l’essai que Jean Caune vient de consacrer à Walter Benjamin, sous-titré Une pensée juive entre Moscou et Jérusalem.

 

Juif allemand assimilé, Benjamin fut attiré par le marxisme et par la Révolution – à l’instar de nombreux autres penseurs juifs du vingtième siècle – mais aussi séduit un temps par le sionisme. Largement méconnu de son vivant, il a pourtant été admiré par d’éminents intellectuels comme Hannah Arendt, Theodor Adorno ou Gershom Scholem, avec lequel il entretint une amitié durable. Dans le petit livre qu’elle lui a consacré, Arendt écrit de Benjamin qu’il “n’avait appris à nager ni avec le courant, ni contre le courant”.

 

Un passage d’une lettre de Benjamin à Scholem, écrite de Berlin en 1931, fait écho aux mots d’Arendt. Il s’y compare à “un naufragé dérivant sur une épave, qui grimpe à la pointe de son mât, lui-même déjà fendu”. Et Benjamin conclut : “De là-haut, il a la chance de lancer un signal pour qu’on le sauve”. Moins de dix ans plus tard, il se donnait la mort à Port Bou en Catalogne, âgé de 48 ans. Désespéré par l’éventualité d’être rattrapé par la Gestapo, Benjamin disait “n’avoir d’autre choix que d’en finir, dans une situation sans issue”. Personne n’était venu le sauver…

 

Pour illustrer la dimension juive de sa pensée, Jean Caune part de l’idée chère à Benjamin, selon laquelle l’homme “communique sa propre essence spirituelle en nommant toutes les autres choses”. Ce pouvoir de nomination confié par Dieu à l’homme dans le récit de la Genèse fait ainsi d’Adam le “premier philosophe”, bien avant Platon. La judéité de Benjamin, observe l’auteur, “était une composante centrale de sa personnalité”. Toutefois, elle “était essentiellement fondée sur une approche intellectuelle et manquait d’ancrages concrets dans son expérience culturelle”.

 

            Le livre comporte un chapitre intéressant sur le messianisme de Walter Benjamin et ses sources juives. La thématique messianique occupe une place centrale dans l’œuvre de Benjamin, et notamment dans ses Thèses sur le concept d’histoire, un de ses livres les plus fameux. Peut-on pourtant affirmer qu’il s’agit bien du messianisme dans son acception juive ? Ayant récemment traduit un recueil de textes de David Ben Gourion sur ce même sujet*, je me permets d’en douter. Aux yeux de Ben Gourion, le messianisme était le cœur de la croyance du peuple Juif et ce qui lui avait permis de recréer son Etat, après deux mille ans d’exil. Benjamin, lui, n’avait pas les idées aussi claires, et c’est son hésitation entre Moscou et Jérusalem qui fut la cause de son destin tragique.

 

Les précédents ouvrages de Jean Caune, professeur émérite des universités, portaient sur l’esthétique et sur le théâtre. Expliquant son engouement pour la pensée de W. Benjamin, il évoque la mémoire de ses parents, “venus chercher en France la possibilité de vivre dignement”, comme le dit la dédicace du livre. Je peux tout à fait souscrire à cette motivation familiale, ma mère étant née à Jérusalem en 1928, de parents sionistes russes, et mon père ayant passé plusieurs années à Moscou dans les années 1930, où mon grand-père, l’architecte André Lurçat, avait été invité par la société pan-soviétique pour les relations culturelles avec l’étranger.

 

Les événements survenus depuis le 7 octobre 2023 donnent au livre de Jean Caune une résonance dramatique. Pour beaucoup de Juifs assimilés – en France et ailleurs – la judéité redevient en effet un élément central de l’existence, qui les amène à s’interroger sur leur avenir et, pour certains d’entre eux, à retrouver le chemin de Jérusalem. La lecture de ce livre n’en est que plus actuelle.

Pierre Lurçat

 

Jean Caune, Walter Benjamin, Une pensée juive entre Moscou et Jérusalem, 170 pages, éditions Imago 2024.

 

* David Ben Gourion, En faveur du messianisme, L’Etat d’Israël et l’avenir du peuple juif, éditions l’éléphant 2024.

Walter Benjamin : une pensée juive entre Moscou et Jérusalem

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Le huitième front de la guerre d’Israël (II) Tsahal: armée du peuple ou “armée de la Cour suprême”?

December 15 2024, 13:50pm

Posted by Pierre Lurçat

Le huitième front de la guerre d’Israël (II) Tsahal: armée du peuple ou “armée de la Cour suprême”?

L’offensive menée par le “Deep State” sur le front judiciaire et les propos de l’ancien procureur de l’Etat appelant à l’insubordination montrent que les leçons du 7 octobre n’ont pas été tirées. Aux yeux du camp “tout sauf Bibi”, le Premier ministre demeure “l’ennemi à abattre”, même au milieu de la guerre existentielle qui dure depuis 14 mois. Second volet de notre article sur le “huitième front de la guerre”

Le huitième front de la guerre (I) Le « Deep State » contre la démocratie israélienne - VudeJerusalem.over-blog.com

Pendant les longs mois de crise et de luttes intestines qui ont précédé (et qui ont précipité) l’attaque meurtrière du 7 octobre 2023, les manifestants anti-Nétanyahou ont employé l’expression sybiline de “crise constitutionnelle”, dont la signification était alors difficilement compréhensible. Comment peut-il y avoir une “crise constitutionnelle” dans un pays dénué de Constitution véritable?[1] Pour expliciter cette expression, les opposants au gouvernement affirmaient que l’armée devait obéir à la Cour suprême et non au pouvoir élu… Or ce scénario, qui paraissait alors très improbable, s’est en fait réalisé sous nos yeux, et il est sans doute une des explications du fiasco du 7 octobre.

 

La récente affaire Feldstein permet en effet de rassembler les morceaux épars du puzzle pour comprendre un aspect essentiel de l’échec phénoménal du 7 octobre : celui du renseignement et de l’information. Si le conseiller militaire du Premier ministre Eli Feldstein et d'autres soldats ont été incarcérés et maintenus au secret pendant de longues semaines, sans pouvoir rencontrer d’avocat, parce qu’ils avaient voulu communiquer des documents au Premier ministre (!), cela signifie que dans la nouvelle réalité politique créée par les tenants d’un “gouvernement des juges”, le Premier ministre n’est plus le pouvoir suprême.

 

Nous sommes aujourd’hui en mesure de comprendre que, dans les mois fatidiques qui ont précédé le 7 octobre, l’état-major de l’armée était devenu un pouvoir indépendant de tout contrôle politique, qui s’était coupé à la fois de la base de l’armée (comme l’illustre l’exemple tragique de ces courageuses observatrices de Tsahal, qui ont vainement averti leurs supérieurs de ce qui se passait à la frontière de Gaza) et de l’échelon politique, auquel l’armée est supposée obéir dans une démocratie véritable.

 

Or, dans la version déformée de la démocratie, élaborée par les tenants du “pouvoir des juges”, l’armée n’obéissait plus au gouvernement mais uniquement aux élites judiciaires-médiatiques-sécuritaires, qui constituent le pouvoir véritable du “Deep State” israélien… Ainsi le slogan agité comme un épouvantail de la “crise constitutionnelle” (“l’armée n’obéit pas au gouvernement mais à la Cour suprême”) était devenu une réalité ! Le fameux pouvoir judiciaire que redoutait David Ben Gourion s’est matérialisé et il porte une lourde responsabilité dans l’avant 7 octobre.

 

Ce à quoi nous avons assisté le 7 octobre, c’est ainsi l’absence de l’état-major, qui était occupé par sa lutte politique et totalement aveugle aux menaces du Hamas, et qui a volontairement refusé d’informer le Premier ministre jusqu’aux premières heures du samedi noir, et l’action héroïque des soldats et policiers qui ont sauvé la situation malgré l’impéritie de l’état-major. L’armée du peuple a sauvé le pays pendant que “l’armée de la Cour suprême” était aux abonnés absents !

 

Et depuis ? L’armée a certes été progressivement reprise en main par le gouvernement, surtout depuis que Yoav Galant a laissé la place à Israël Katz. Mais l’état-major continue de montrer ses vélléités d’indépendance vis-à-vis du pouvoir élu, comme l’a montré la récente sortie du porte-parole de Tsahal, Daniel Hagari, contre la loi Feldstein adoptée par la Knesset. L’offensive menée par le “Deep State” sur le front judiciaire et les propos de l’ancien procureur de l’Etat appelant à l’insubordination montrent que les leçons du 7 octobre n’ont pas été tirées. Aux yeux du camp “tout sauf Bibi”, le Premier ministre demeure “l’ennemi à abattre”, même au milieu de la guerre existentielle qui dure depuis 14 mois. (à suivre…)

P. Lurçat

 

[1] Je renvoie sur ce sujet important le lecteur à mon livre Quelle démocratie pour Israël ? exposant le débat constitutionnel israélien.

Le huitième front de la guerre d’Israël (II) Tsahal: armée du peuple ou “armée de la Cour suprême”?

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Immobilier israélien : pourquoi les prix ne baissent-ils jamais ?

December 11 2024, 09:00am

Posted by Pierre Lurçat

Immobilier israélien : pourquoi les prix ne baissent-ils jamais ?

Une des questions les plus lancinantes que se posent tant les acheteurs nouveaux immigrants que les Israéliens de longue date au sujet de l’immobilier en Israël, est celle de la hausse quasiment perpétuelle des prix. Ce phénomène est-il rationnel ? A-t-il des explications logiques ? Et a-t-on raison d’accuser souvent les acheteurs étrangers (américains ou européens) d’être les responsables exclusifs de la montée des prix ? Tour d’horizon.

 

La guerre a amplifié la hausse des prix !

 

Premier constat : après plus d’un an de guerre, les prix continuent de monter et atteignent des prix records. La “crise” économique et financière annoncée et parfois anticipée (notamment par les agences de notation), n’a pas eu lieu, ou n’a pas atteint le marché immobilier. En réalité, la guerre a même accéléré le phénomène de hausse constante des prix – sur lequel nous allons revenir – pour plusieurs raisons.

 

La première raison est la pénurie de logements, qui n’est pas un phénomène nouveau, mais qui a été encore amplifié par la guerre et l’arrêt de nombreux chantiers de construction, faute de main d’œuvre.

 

La seconde est la pression sur la demande, due au fait (lui-même assez étonnant) que de nombreux Juifs à travers le monde s’interrogent sur leur avenir en dehors d’Israël et sont amenés à envisager de faire leur alyah, ou au moins d’acheter en Israël pour investir et/ou pour préparer leur future alyah.

 

La troisième est la flambée des taux d’intérêts, qui a rendu plus onéreuse l’accession à la propriété pour les emprunteurs.

 

Une hausse des prix structurelle

 

A ces raisons circonstancielles liées à la guerre, s’ajoutent les causes structurelles – ou systémiques – propres au marché immobilier israélien, parmi lesquelles on peut nommer la croissance démographique, que le marché immobilier peine à suivre, ou encore l’existence d’une forte demande venant de Juifs habitant à l’étranger, investisseurs dotés d’un pouvoir d’achat plus élevé que celui de l’immense majorité des Israéliens.

 

Pour toutes ces raisons, il est plus que probable que la hausse des prix de l’immobilier, loin de se ralentir ou de s’interrompre, va s’accélérer encore au cours des prochains mois et des prochaines années, soutenue par une vague d’alyah entamée après le 7 octobre, qui ne fera que se renforcer au lendemain de la guerre (à suivre…).

 

Pierre Lurçat

Agent immobilier / Century21 Talbieh-Jérusalem

972 (0)50 286 51 43 / pierre.c21jer@gmail.com

Immobilier israélien : pourquoi les prix ne baissent-ils jamais ?

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Le huitième front de la guerre (I) Le « Deep State » contre la démocratie israélienne

December 5 2024, 10:12am

Posted by Pierre Lurçat

Moshe Yahalon

Moshe Yahalon

Les propos délirants de l'ancien chef d'état major Moshe Yahalon ont une fois de plus mis en lumière le phénomène inquiétant de ces "gatekeepers" devenus des contempteurs de leur propre armée et de leur propre État, et ce alors qu'Israël est plongé dans une guerre existentielle sur sept fronts… Ce phénomène ne concerne pas seulement l'avant 7 octobre – car ce sont ces gatekeepers qui ont ouvert les portes aux terroristes du Hamas – mais il interroge aussi l'avenir de l'état d'Israël. Premier volet d'un article consacré au huitième front de la guerre.

 

Le "huitième front" de la guerre actuelle pourrait ainsi être défini comme celui qui oppose d'un côté le pouvoir élu démocratiquement et, de l'autre celui du « Deep State », c’est-à-dire des anciennes élites qui refusent obstinément de céder leur pouvoir et de renoncer à leurs privilèges. Ce qui rend cette situation – qui dure déjà depuis plusieurs décennies – inédite et dangereuse est le fait que les représentants du « Deep State » et, au premier plan, les "gatekeepers" qui en sont devenus les porte-parole attitrés, ne reculent devant aucun moyen dans leur tentative pour faire tomber le gouvernement élu.

 

Après avoir échoué à cinq reprises à gagner le pouvoir par les urnes et après avoir intenté plusieurs procès contre le Premier ministre pour des raisons futiles, ils ont franchi une nouvelle étape dans leur combat sans merci en utilisant le Shin-Beth, le service de sécurité intérieure, comme un bras armé et comme une véritable police politique au service de leurs intérêts étroits…

 

Cette guerre intestine pourrait se transformer en une véritable guerre civile, si elle opposait deux camps aussi déterminés d'en découdre l'un que l'autre. Elle ne l'est pas devenue pour une seule raison : aujourd'hui comme hier (de la “Saison” à l’Altalena), le camp de la droite dans son immense majorité, refuse toute guerre intestine et prône l'unité face aux ennemis extérieurs.

 

La gauche de son côté, fidèle à l'héritage de ses pères fondateurs qui n'ont jamais totalement accepté la légitimité du camp sioniste révisionniste, affirme sans relâche que l'ennemi principal n'est ni le Hamas ni le Hezbollah mais qu'il est .. B. Netanyahou! Or il ne s'agit pas seulement d'un slogan – stupide et criminel – des manifestants de Kaplan et d'ailleurs, mais bien d'une conviction profonde et solidement ancrée dans l'éthos antidémocratique du camp des "tout sauf Bibi".

 

Cette affirmation en elle-même dangereuse est devenue pour ainsi dire l'unique leitmotiv d'une gauche qui a perdu tout espoir de regagner le pouvoir par les urnes. Dans la suite de cet article nous verrons comment la récente affaire Feldstein permet de comprendre la responsabilité immense des gatekeepers  et du « Deep State » dans le 7 octobre.

P. Lurçat

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Comment définir la puissance militaire ? Entretien avec Michel Gurfinkiel

December 2 2024, 08:18am

Posted by Pierre Lurçat/Israël Magazine

Comment définir la puissance militaire ? Entretien avec Michel Gurfinkiel

Rédacteur en chef à Valeurs actuelles, fin observateur de l'actualité française, israélienne et internationale, Michel Gurfinkiel est aussi féru d'histoire militaire. Dans un entretien passionnant qui est paru dans la dernière livraison d'Israel Magazine, il m'a livré sa définition de la puissance militaire. Extraits:

Pierre Lurçat: On pourrait définir la force militaire d’un pays par sa capacité de reprendre le dessus après avoir essuyé un revers ?

Michel Gurfinkiel: Absolument. L’après 7 octobre est un retournement prodigieux sur le plan militaire ! Toutes les armées du monde observent avec fascination ce qu’Israël est en train de faire. Lorsque je discutais avant le 7 octobre avec les experts militaires, il y avait un débat très virulent sur les capacités militaires d’Israël.

I.M. Est-ce que la dissuasion israélienne a été restaurée depuis le 7 octobre ?

M.G. Très largement, mais il ne faut pas perdre de vue le fait que nous sommes un petit pays vulnérable. Pour que les Arabes ne soient pas tentés de nous attaquer, comme me l’avait expliqué jadis Youval Neeman, il faut faire une piqûre de rappel, en leur infligeant régulièrement une défaite militaire.

La puissance d’un pays, selon le général Eisenhower, se mesure par trois facteurs : la force militaire, l’économie et le moral. Si un seul manque, la puissance est affectée.

I.M. Que pensez-vous de la dépendance d’Israël sur le plan de l’armement ?

M.G. Aucune armée du monde occidental ne contrôle entièrement sa chaîne de production d’armement.

I.M. Face au Hamas, la supériorité technologique d’Israël s’est-elle avérée impuissante ?

M.G. On ne peut pas du tout dire ça. Aucun des concepteurs de la “barrière intelligente” ne pensait qu’elle pouvait à elle seule arrêter l’intrusion d’ennemis. Tous avaient lancé l’alerte avant le 7 octobre !

Comment expliquer que le même pays peut frapper à Téhéran et se faire prendre par surprise à la frontière de Gaza ? Je n’ai pas de réponse.

I.M. La réponse est peut-être dans l’élément moral dont parlait Eisenhower ?

M.G. Cela faisait 20 ans que le Hamas évoquait le scénario du 7 octobre ! Tout cela était accessible et publié dans les médias israéliens… D’où les théories du complot qui pullulent sur ce sujet.

Nous savons que l’armée en Israël est un “Etat dans l’Etat”, qui rend très peu de comptes. Le Premier ministre ne peut rien faire, sans faire confiance aux analyses qu’il reçoit de l’armée. Aujourd’hui tout le monde comprend que la responsabilité principale du 7 octobre se trouve au sein de l’armée. Pourtant, l’état-major actuel mène très bien la guerre actuelle.

I.M. Quel bilan dressez-vous d’un an de guerre ?

M.G. Le bilan est que nous avons anéanti le Hamas. La mort de Sinwar signifie que le Hamas en tant que structure est anéanti. Depuis un an, on s’aperçoit qu’Israël a de la ressource. Tsahal a été capable de repousser à 80 % toutes les attaques de missiles, y compris les attaques massives venues d’Iran. L’Iran a envoyé le 13 avril plus de missiles contre Israël que l’ensemble des pays européens n’en possèdent !

Lire la suite dans Israël Magazine

 

Comment définir la puissance militaire ? Entretien avec Michel Gurfinkiel

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Une étincelle d’hébreu - Désinformation contre Israël : une simple erreur de traduction?

November 29 2024, 09:05am

Posted by Pierre Lurcat

Menteur professionnel: Charles Enderlin

Menteur professionnel: Charles Enderlin

 

La lecture des médias français (et étrangers en général) est toujours déconcertante et le plus souvent décevante. Comme l’avait montré jadis Michel Legris, dans un ouvrage devenu un classique de l’analyse de la désinformation[1], les journalistes mentent comme ils respirent… Ou plutôt, ils mentent comme Monsieur Jourdain fait de la prose, sans même s’en apercevoir !

 

Des exemples ? Lorsque le correspondant du Monde en Israël retranscrit le discours prononcé hier soir par le Premier ministre Nétanyahou[2], il commet au moins deux erreurs de traduction. La première est presque anodine : parlant des sept fronts de la guerre actuelle, le journaliste écrit que “le plus important d’entre eux est celui qui oppose l’Etat hébreu à la République islamique, la « pieuvre », comme [B. Nétanyahou] l’appelle”. Or l’expression employée par le Premier ministre - et par d’autres observateurs israéliens - est “la tête de la pieuvre”.

 

La différence n’est pas négligeable : désigner son ennemi principal comme la “tête de la pieuvre” est une image tout aussi parlante en français qu’en hébreu. Or le travail du traducteur consiste précisément à rendre accessible la pensée de la langue source dans la langue cible… C’est précisément ce que ne fait pas le journaliste du Monde, dans un autre exemple encore plus flagrant, en écrivant que Nétanyahou “a coutume de qualifier le conflit dans lequel Israël est engagé depuis le 7-Octobre de « guerre de rédemption ».

 

Cette fois-ci, l’erreur de traduction est grossière : l’expression employée par notre Premier ministre n’est pas “guerre de rédemption” mais guerre de renaissance (mil’mehet ha-Tekouma). La différence est de taille et n’est pas fortuite. En traduisant l’expression par “guerre de rédemption”, le journaliste accrédite la thèse (qui est celle de son article, intitulé “La guerre, horizon indépassable de Benyamin Nétanyahou’) selon laquelle la guerre menée par Israël poursuivrait à la fois des objectifs militaires, religieux et quasi-eschatologiques…

 

En d’autres termes, dans le narratif mensonger du correspondant du Monde, ce seraient les Israéliens (et par extension les Juifs) qui envisageraient le conflit dans une perspective religieuse (la “rédemption”) et pas les musulmans !  Charles Enderlin, auteur d’un des plus graves mensonges médiatiques contre Israël qui vient d’être interviewé de manière très complaisante sur le site Akadem, reprend ce mensonge dans un de ses livres récemment réédités, en faisant croire que le “messianisme” juif serait la cause principale du conflit israélo-arabe. Enderlin, correspondant en Israël depuis plusieurs décennies, n’a même pas l’excuse d’ignorer l’hébreu. (à suivre…)

P. Lurçat

 

[1] M. Legris, Le Monde tel qu’il est, Plon 1976.

Une étincelle d’hébreu - Désinformation contre Israël : une simple erreur de traduction?

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CPI, Liban: La diplomatie française ou la politique de l’impuissance

November 27 2024, 12:03pm

Posted by Pierre Lurçat

 CPI, Liban: La diplomatie française ou la politique de l’impuissance

La diplomatie française au Proche-Orient est très souvent, on le sait bien, faite de gesticulations sans grande portée et de mensonges. Jabotinsky avait déjà observé, il y a plus de 100 ans, après sa rencontre avec le ministre français Delcassé, que celui-ci “était resté fidèle à l'ancienne école "classique" de la diplomatie : celle des adeptes du secret et du mystère, dont Talleyrand a résumé la doctrine dans une formule immortelle – "la parole a été donnée à l'homme pour déguiser sa pensée" (*).

 

Jean-Noël Barrot n’est certes pas Delcassé et la France actuelle n’est qu’un triste avatar de la puissance qu’elle fut jadis. Ce qui rend encore plus ridicules les propos de ses dirigeants actuels - et ceux d'Emmanuel Macron en premier lieu - c’est le fait que la France continue de parler officiellement comme si elle était encore la puissance d'autrefois, en sermonnant le monde entier et en prétendant donner des leçons aux dirigeants véritables que sont (pour ne citer que deux exemples) B. Nétanyahou ou Donald Trump.

 

L’interview donnée ce matin par le ministre Jean-Noël Barrot est un nouvel exemple de la tartufferie française. Ce petit monsieur qui s’est récemment illustré en créant de toutes pièces un esclandre à Jérusalem, a le toupet de présenter l’accord de cessez-le-feu conclu entre Israël et le Liban comme “le fruit d’un travail d’arrache-pied” et comme “un succès pour la diplomatie française”.

 

M. Barrot a encore le toupet de décrire la guerre entre Israël et le Liban comme une “tragédie” qui “menaçait l’existence même du Liban”, sans parler des attaques contre Israël et des milliers de citoyens israéliens réfugiés dans leur propre pays, et sans prononcer le mot Hezbollah !

 

Dans la suite de l’interview, après avoir fait l’éloge de la FINUL dont tout le monde sauf lui a constaté l’incapacité et la collaboration active avec le Hezbollah, M. Barrot est interrogé sur la décision de la CPI d’émettre des mandats d’arrêt contre le Premier ministre et le ministre de la Défense israéliens. Là encore, le ministre français nous livre une “perle”. Verbatim :

France-Info : “Si le Premier ministre israélien venait à poser le pied sur le sol français, concrètement, et sans langue de bois, est-ce qu’il serait arrêté?

J.-N. Barrot: “D’abord, le veux le rappeler, la France est très attachée à la justice internationale et elle est très attachée à ce que la Cour pénale internationale puisse travailler,..

France-Info: “Donc vous respecteriez le droit international, cela veut dire qu’il serait arrêté s’il posait le pied en France?

J.-N. Barrot:“La France appliquera comme toujours le droit international, qui repose sur ses obligations à coopérer avec la CPI, obligations vis-à-vis de son adhésion au Statut de Rome, qui prévoit et qui traite des questions d’immunité de certains dirigeants, en tout état de cause c’est à l’autorité judiciaire qu’il appartiendra de se prononcer”.

 

En langage clair et sans langue de bois : la France ne fera rien, car c’est ce qu’elle sait le mieux faire! Mais gageons que M. Nétanyahou n’ira pas en France, car il n’a rien à faire dans ce pays devenu, sous Macron, un des pays les plus anti-israéliens d’Europe.

Pierre Lurçat

 

NB J’ai évoqué la décision de la CPI au micro de Daniel Haïk sur Studio Qualita hier matin.

 

(*) Dans Jabotinsky, Histoire de ma vie, éditions l’éléphant 2022.

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Kafka et Orwell au pays des Hébreux : Trois réflexions sur l’affaire Eli Feldstein

November 19 2024, 18:14pm

Posted by Pierre Lurçat

Eli Feldstein (photo Sraya Diamant/Flash90)

Eli Feldstein (photo Sraya Diamant/Flash90)

1.

Par-delà toute considération de politique politicienne, “l’affaire” Eli Feldstein devrait faire frémir toute personne sincèrement attachée au caractère démocratique de notre Etat et au bon fonctionnement des institutions en Israël. De quoi s’agit-il en effet ? Lorsqu’un officier israélien est incarcéré sans pouvoir rencontrer d’avocat, mis au secret dans une cellule aux côtés de terroristes arabes et soumis à d’intenses pressions psychologiques, au point d’envisager le suicide, en vue de lui faire avouer un “crime” dont il n’a pas la moindre idée, nous sommes plus proches du Procès de Kafka ou de L’aveu d’Arthur London que de la démocratie israélienne, telle que nous croyions la connaître et telle que nous la chérissons tous.

 

Que ceux qui ont initié cette procédure aient à la bouche les mots d’Etat de droit, ou qu’ils invoquent pour la justifier une “grave atteinte à la sécurité” de l’Etat ne change rien à l’affaire. Il est trop facile de dissimuler sous l’étiquette de la “sécurité de l’Etat” les pires atteintes aux droits de la personne humaine, pratique qu’on pouvait espérer révolue dans l’Etat d’Israël en 2024.

 

2.

Je n’ai évidemment pas la naïveté de croire que le Shin-Beth – le service de sécurité intérieure israélien – soit un parangon de vertu et de respect des droits de l’homme. Il a tendance, comme ses homologues du monde entier, à considérer que la fin justifie les moyens et que tous les moyens sont bons, dès lors qu’il s’agit des intérêts supérieurs de l’Etat et de sa sécurité. L’argument est discutable et il a souvent été discuté dans l’histoire du jeune Etat d’Israël. Le problème, dans le cas présent, est que le Shin-Beth n’a même pas "l’excuse" de la raison d’Etat, ou de la lutte contre les ennemis d’Israël.

 

Dans l’affaire Feldstein, en effet, il s’agit apparemment (car nous sommes loin de savoir à l’heure actuelle de quoi il retourne exactement) d’une tentative visant à “retourner” un proche collaborateur du Premier ministre, en vue d’en faire un témoin clé de l’accusation, dans le prolongement des nombreux procès intentés à B. Nétanyahou, qui n’ont à cette heure abouti à aucune accusation fondée et avérée. C’est donc d’une manipulation politique et policière qu’il est question – derrière le masque très contestable de la “sécurité de l’Etat” et de la protection de ses secrets.

 

3.

Le document incriminé, qui aurait été transmis au Bild allemand par Eli Feldstein, traite apparemment de la stratégie du Hamas dans la négociation sur la libération des otages et établit précisément que ce sont les chefs de l’opposition et leurs soutiens qui ont fait depuis un an le jeu du Hamas, en faisant monter le prix des otages et en semant la division interne en Israël. Tout cela confirme l’idée que l’arrestation de Feldstein vise, une fois de plus, à faire de Nétanyahou un commode bouc émissaire, en détournant l’attention du public des véritables coupables du 7 octobre et de ses suites.

 

Mais, comme le Premier ministre l’a déclaré lundi dernier, “le peuple d’Israël n’est pas idiot”. Ou, pour dire les choses autrement, on ne peut pas mentir tout le temps et à tout le monde. Le jeu dangereux auquel se livrent le Shin-Beth et les grands médias anti-Bibi depuis quelques semaines risque fort de se retourner contre eux, en montrant de manière éclatante qu’ils ont confondu leurs étroits intérêts politiques avec ceux de l’Etat et que le Shin-Beth est devenu – avec l’aval de la Cour suprême et de l’establishment judiciaire actuel – un outil politique et une sorte de “police politique”, qui n’a plus rien à voir avec l’Etat de droit et la démocratie. Comme le disait lundi le commentateur chevronné Amnon Lord, le Shin-Beth a été trop loin et il faut qu’il soit remis à sa place et encadré par la loi. Il est grand temps que le législateur se penche sur le cas du Shin-Beth et nettoie une fois pour toutes les écuries d’Augias des services de sécurité israéliens.

P. Lurçat

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