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violence et sacre

Attention danger ! Le Ramadan a commencé... La violence et le sacré dans l’islam (II)

February 28 2025, 13:32pm

Posted by Pierre Lurçat

Attention danger ! Le Ramadan a commencé... La violence et le sacré dans l’islam (II)
Attention danger ! Le Ramadan a commencé... La violence et le sacré dans l’islam (II)

 

Avec le début du mois du Ramadan, marqué comme chaque année par une nouvelle vague de violences en Israël et partout dans le monde, il est utile de s’interroger sur le sujet, largement tabou, du lien entre Islam et violence. Deuxième volet d’une série d’articles sur l’islam, la violence et le sacré. (Lire la première partie ici)

 

Dans l’islam, le sacré a quelque chose à voir avec la violence… L’attaque meurtrière du 7-Octobre a été dénommée “Déluge d’Al Aqsa”, non pas pour désigner un objectif militaire (Jérusalem), dont le Hamas n’a que faire (après tout, les cibles de ses attaques étaient des habitants de kibboutz laïques de gauche, pas des Juifs religieux de Jérusalem), mais pour signifier à un niveau plus profond qu’aux yeux du Hamas, la violence et la guerre ont un rapport intime avec la sacralité musulmane et avec les “lieux saints” de l’islam (Al Aqsa).

 

Pour comprendre ce lien paradoxal, il faut s’interroger sur les rapports entre le sacré et la violence depuis les origines de l’islam et jusqu’à nos jours. Ma première hypothèse, lorsque j’ai publié mes deux livres sur l’islam, le premier sur les Frères musulmans (Le sabre et le Coran, publié en 2005) et le second sur les convertis à l’islam radical (Pour Allah jusqu’à la mort, paru en 2008), était que cette violence était une “dérive” politique radicale des mouvements islamistes contemporains… Hypothèse que j’ai empruntée à de nombreux auteurs, experts du sujet et auteurs d’ouvrages de référence sur les Frères musulmans et sur l’islam radical.

 

Mais depuis lors, et surtout depuis le 7-Octobre, j’ai dû me rendre à l’évidence : la violence est intrinsèque à l’islam, car elle découle de sa vision la plus enracinée et la plus authentique du sacré, et non d’une quelconque dérive contemporaine… La meilleure “preuve” (si besoin était) est le fait terrible – et quasiment occulté par les médias occidentaux – que les horreurs du 7-Octobre ont été commises principalement par des civils de Gaza, ces mêmes civils que leurs voisins juifs habitant les kibboutz frontaliers emmenaient en Israël pour y bénéficier de soins médicaux… Humains, trop humains!

 

A cet égard, Abdelwahab Meddeb s’est trompé : l’islamisme n’est pas la “maladie de l’islam”, mais bien la forme contemporaine de l’islam le plus authentique, tel qu’il s’est développé depuis les origines. Comment comprendre ce rapport étroit entre violence et sacré ? Pour tenter d’apporter une réponse à cette question cruciale, il faut se souvenir que dans l’islam, comme cela a été rappelé depuis le 7-Octobre, il n’existe pas de valeurs autonomes et universelles, et pas d’impératif moral catégorique, philosophique ou religieux. Tout musulman doit se conforter aux préceptes et à l’exemple du Prophète… Or, c’est là que le bât blesse, le Prophète n’était pas – comme Moïse ou Jésus – un homme de paix ou un simple prédicateur, mais avant tout un chef de guerre, cruel et barbare.

 

Deuxième rappel historique, l’islam – comme l’a bien montré Dominique Urvoy – est traversé par une ambivalence fondamentale, entre un narratif triomphant (celui du Coran de Médine) et un narratif victimaire (celui de La Mecque). Or ce “double discours” persiste jusqu’à nos jours. Quand le Hamas attaque Israël, il prétend se “défendre” (tout comme Hitler affirmait se “défendre” contre le soi-disant “péril juif”). Et la porte-parole du Hamas en France, Rima Hassan, explique elle aussi que les exactions et les crimes du Hamas sont “conformes au droit international”, puisque celui-ci autorise les peuples colonisés à “se défendre”... (à suivre…)

P. Lurçat

 

NB Mon nouveau livre, L’étoile et le poing, Histoire secrète de l’autodéfense juive en France depuis 1967, sort ces jours-ci. Il est disponible sur Amazon et B.O.D.

Qui a tué François Duprat, le fondateur du Front national ? Les mouvements juifs d'autodéfense se sont-ils imposés des limites dans le recours à la violence ? Quels étaient leurs liens avec les époux Serge et Béate Klarsfeld ? Le combat contre l'extrême droite néonazie était-il justifié ? Les mouvements juifs ont-ils été protégés par le pouvoir politique, notamment à l'époque de François Mitterrand ? Ont-ils été manipulés dans un but politique ? Autant de questions auxquelles vous trouverez des réponses en lisant L'étoile et le poing - Histoire secrète de l'autodéfense juive en France depuis 1967.

 

Mon premier livre sur l'islam, paru en 2005

Mon premier livre sur l'islam, paru en 2005

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L’islam, la violence et le sacré : trois explications, Pierre Lurçat

April 24 2022, 07:51am

Posted by Pierre Lurçat

Emeutiers palestiniens en chaussures à l'intérieur de la mosquée Al-Aqsa

Emeutiers palestiniens en chaussures à l'intérieur de la mosquée Al-Aqsa

L’islam, la violence et le sacré : trois explications, Pierre Lurçat

 

L’observateur attentif de l’actualité, en France, en Israël ou ailleurs, n’aura pas manqué de constater que le mois du Ramadan, mois le plus sacré du calendrier musulman, est aussi celui qui est marqué chaque année par une vague de violences. Ce “secret” est évidemment bien gardé par la plupart des médias et des hommes politiques occidentaux, qui préfèrent s’afficher lors de repas de l’Iftar et faire des déclarations d’amitié et de “dialogue interreligieux”. Mais ce n’est pas sur la question de cette attitude – marquée par l’hypocrisie ou par la condescendance – que je voudrais m’interroger ici.

 

Une question plus essentielle encore est en effet de savoir comment s’explique ce lien entre violence et sacré. Est-il intrinsèque à l’islam et peut-il dans ce cas être modifié ? Les images d’émeutiers lançant des projectiles incendiaires depuis la mosquée Al-Aqsa sur le Mont du Temple, et même à l'intérieur de la mosquée, auraient dû soulever l’étonnement des médias français, si seulement ils les avaient diffusées. Comment comprendre que des musulmans puissent eux-mêmes profaner l’endroit qu’ils disent considérer comme sacré, au nom de leur opposition irréductible à l’Etat d’Israël?

 

La première réponse possible est qu’il ne s’agit pas de l’islam tout entier, mais d’une branche bien particulière de l’islam – à savoir, l’islam politique des Frères musulmans, dont sont issues les principaux mouvements islamistes (du Hamas à Al-Qaïda), comme je l’ai montré dans mon livre Le sabre et le Coran. De fait, la plupart des attentats terroristes à notre époque émanent de mouvements radicaux qui partagent tous une vision particulière de la religion musulmane, mobilisée au service d'objectifs politiques et dans laquelle le Djihad a été érigé en “sixième pilier”’ de l’islam. Quoique juste, cette réponse est loin d’épuiser le sujet.

 

Une autre réponse est donnée par Marie-Thérèse Urvoy dans un livre récent *. Le Coran lui-même, explique-t-elle, est marqué par une “ambiguïté initiale" et par une “tension interne entre visée spirituelle et ambition d’emprise sur le monde”. La vie même du Prophète permet de comprendre cette dualité. En effet, dans sa période mecquoise, celui-ci est persécuté et se considère comme victime, ce qui l’amène à prêcher la patience et le pardon des offenses. Plus tard, devenu un chef de guerre victorieux, il appelle au djihad contre les mécréants, proclamés ennemis de l’islam. L’orientation guerrière du texte coranique apparaît ainsi dans la fameuse Sourate 9, qui appelle au “combat dans le Sentier de Dieu”, expression promise à un brillant (et sanglant) avenir.

 

La troisième réponse tient à ce que René Girard appelle – dans son livre La violence et le sacré – le “désir mimétique”, qui engendre la violence dans les sociétés primitives. A de nombreux égards, l’islam n’a pas réussi à dépasser cette étape de l’histoire commune aux grandes religions, et reste jusqu’à ce jour empêtré dans une vision binaire du monde, où la violence demeure la clé d’appréhension et de résolution des conflits. Comment l’islam, auquel la notion même d'histoire est largement étrangère, pourra-t-il évoluer et faire son aggiornamento? La réponse appartient aux musulmans eux-mêmes. Quant à l’Occident, il devrait soutenir toutes les forces progressistes et réformistes authentiques au sein du monde musulman, au lieu de chercher des alliances contre nature avec les Frères musulmans et leurs épigones.

Pierre Lurçat

 

* Islam et islamisme, frères ennemis ou frères siamois? Editions Artège 2022. Ma recension détaillée du livre de M.-T. Urvoy paraîtra dans le prochain numéro de la revue Commentaire.

L’islam, la violence et le sacré : trois explications, Pierre Lurçat

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