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Une enquête ouverte sur l'imam de Toulouse pour un prêche incitant à la haine contre les Juifs

June 29 2018, 14:20pm

Posted by Pierre Lurçat

L'imam Mohamed Tatai./ Capture d'écran
L'imam Mohamed Tatai./ Capture d'écran

Le Parquet de Toulouse a été saisi par le préfet de la Haute-Garonne pour des faits susceptibles de constituer "une incitation à la haine" à travers des propos d’un imam de Toulouse diffusés dans une vidéo sur internet. Cette vidéo, sous-titrée en anglais, montre une partie de prêche en langue arabe de Mohamed Tatai, imam de la mosquée d'Emaplot, à connotation antisémite.

 

Il s’agit d’une vidéo d’un prêche datant de fin 2017 dans une salle de prière du quartier Empalot à Toulouse. Elle était occupée provisoirement par la communauté musulmane avant l'ouverture de la grande mosquée, inaugurée samedi dernier à Empalot en présence des autorités de Haute-Garonne. Les propos rapportés par la vidéo font actuellement l’objet d’analyses par les services du ministère de l’Intérieur. D'ores et déjà, plusieurs organisations comme l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) ou la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), ont annoncé qu'elles allaient déposer plainte pour incitation à la haine. 

 

Franck Touboul, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Midi-Pyrénées, qui assistait samedi dernier à l’inauguration de la nouvelle grande mosquée de Toulouse, où était présent Mohamed Tatai, reste prudent : "Rien pour l’heure ne certifie que ces propos ont réellement été prononcés. Je me refuse à croire que Mohamed Tatai en est l’auteur. Je réserve ma position définitive lorsque la vidéo aura été analysée. Si les propos étaient avérés, ce serait une déception immense car samedi, lors de l’inauguration de la mosquée, nous avons parlé avec Mohamed Tatai de tolérance, d’humanisme et de dialogue interreligieux". 

Le SRPJ de Toulouse a été chargé de l’enquête. Il sera chargé de vérifier le contenu et les modalités de cette diffusion. Les propos relayés seront donc traduits dans ce cadre judiciaire par un interprète assermenté. À l’issue de ces premiers actes d’enquête, il sera possible de vérifier la réalité d’un contenu infractionnel.

Le président du conseil régional du culte musulman, Abdellatif Mellouki,  a pris connaissance de la vidéo controversée : "On voit 1'40'' sur un prêche qui dure plus de 40 minutes. J'observe deux coupures, il s'agit donc d'un montage. Il faudrait écouter le prêche entièrement pour se faire une idée. En tout cas je n'ai pas entendu d'appel à tuer les juifs ou alors je ne sais pas parler arabe. Je suis satisfait qu'une enquête ait été ouverte pour faire toute la lumière sur cette affaire". M. Mellouki précise avoir demandé une traduction du film à la grande mosquée de Paris. 

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Demophrénia, de Paul Eidelberg : Israël et la maladie de la démocratie, par Pierre Lurçat

June 28 2018, 05:49am

Posted by Pierre Lurçat

Demophrénia, de Paul Eidelberg : Israël et la maladie de la démocratie, par Pierre Lurçat

 

Demophrénia : Israël et la maladie de la démocratie, par Pierre Lurçat


 

Lorsque l’une des “plus puissantes armées du monde” se retrouve quasiment impuissante, face à quelques dizaines de terroristes armés de cerfs-volants et de ballons incendiaires, chacun peut comprendre que le problème fondamental auquel Israël est confronté aujourd’hui n’est pas militaire, mais avant tout moral. Il s’agit essentiellement d’un problème de perception de soi et d’aveuglement volontaire. On peut le définir dans les termes suivants : Israël ne sait pas comment triompher du Hamas, parce qu’il est dépourvu de la conviction intime, tant morale que politique, que la victoire est possible et nécessaire. Un livre de Paul Eidelberg, paru il y a plus de 20 ans, peut nous aider à comprendre pourquoi.

 

Il est regrettable que le nom de son auteur soit quasiment inconnu du public francophone. Ce spécialiste de philosophie politique, qui a enseigné à l’université Bar Ilan, est en effet un des plus fins observateurs critiques de la vie politique israélienne. Il a grandi aux Etats-Unis, où il a été l’élève de Leo Strauss. Dans un livre autobiographique, il relate comment il a découvert, après son alyah en 1976, à quel point l’université israélienne était perméable aux conceptions occidentales et notamment au relativisme moral, et comment Israël était ainsi amené à douter de la justesse de sa cause face à ses ennemis.

 

La thèse centrale de son livre Demophrenia est que le système démocratique souffre d’une maladie congénitale, qui consiste à traiter comme égales des choses qui ne le sont pas, ou plus précisément à “appliquer les principes démocratiques  d’égalité et de liberté à des conflits idéologiques, dans lesquels une de ces parties rejette ces mêmes principes”. En d’autres termes, et pour dire les choses plus simplement, Eidelberg analyse et critique l’attitude des pays démocratiques, confrontés à des ennemis qui ne le sont pas, qui s'obstinent à les traiter comme s'ils leur étaient semblables.

 

Les exemples sont nombreux dans l’histoire du vingtième siècle, mais c’est le cas d’Israël qui a intéressé le plus Eidelberg. Pourquoi l’Etat juif est-il incapable de vaincre ses ennemis, alors même qu’il jouit d’une supériorité militaire et morale ? Qu’est-ce qui empêche Israël de transformer ses victoires militaires en victoires politiques? Cette question récurrente depuis 1967 a pris une acuité brûlante à l’époque des accords d’Oslo. Les analyses de Paul Eidelberg s’appuient non seulement sur la philosophie politique, qu’il a étudiée à la meilleure école, celle de Leo Strauss, mais aussi sur les sources juives qu’il a reçues de son maître aux Etats-Unis, le rav Chaim Zimmerman.


 

Leo Strauss et Rabbi Chaim Zimmerman

 

La politique des “territoires contre la paix” mise en pratique par les gouvernements israéliens de droite comme de gauche n’était pas seulement, rappelle Eidelberg, une victoire de la ruse arabe et soviétique. Elle était avant tout la conséquence d’un “défaut fondamental de la mentalité démocratique des élites politiques et intellectuelles d’Israël”. Demophrenia est une tentative brillante pour tenter d’analyser et de comprendre ce défaut fondamental. (J’ajoute que je me suis moi-même intéressé à cette question cruciale, et ai tenté d’y apporter des éléments de réponse dans mon livre La trahison des clercs d’Israël, paru en 2016 et écrit avant de connaître les travaux de Paul Eidelberg).

 

Le slogan “les territoires contre la paix”, qui est devenu un leitmotive de la politique israélienne depuis Camp David (rappelons que c’est un gouvernement de droite qui a mis en oeuvre cette politique pour la première fois), repose sur une vision fondamentalement erronée des rapports entre Israël et le monde arabo-musulman. Elle comporte en effet, explique Eidelberg, un mépris et une totale méconnaissance de la culture musulmane et arabe, dans laquelle la notion même de paix (au sens occidental d’une situation durable et idéale) n’existe pas ! *

 

Les “territoires contre la paix” : de Camp David à Oslo


 

Dans des pages éclairantes de son livre, Paul Eidelberg explique ainsi comment l’Occident a cru qu’il était possible de résoudre le conflit israélo-arabe, en lui appliquant les concepts de civilité, de primauté de l’individu sur le groupe et de liberté d’expression - notions inhérentes à la démocratie et essentielles pour notre civilisation, qui n’ont pas d’équivalents dans le monde musulman aujourd’hui. “L’humilité et la mentalité cherchant à s’évader du réel (escapist mentality) des dirigeants sionistes et leur incapacité à répondre de manière appropriée à l’hostilité arabo-islamique est typique de l’humanisme laïque. On pourrait même qualifier cette mentalité de ‘christianisme sécularisé’, car elle prône l’effacement de soi et la bienveillance envers ceux qui vous haïssent”. C’est précisément cette mentalité et cette attitude de fuite du réel qu’il explique par le concept de demophrénie. “Les personnes atteintes de demophrénie ont tendance à s’identifier à leurs ennemis et à céder à toutes leurs demandes”.

 

Analysant l’attitude de plusieurs gouvernements israéliens depuis 1948 face à l’hostilité arabe, Paul Eidelberg écrit encore : “le gouvernement d’Israël est paralysé par des contradictions exacerbées. Il tente d’échapper à l’anarchie en recourant à la logique de la symétrie [entre Israël et ses ennemis]. Mais la réalité, celle de l’islam, se refuse à conclure la paix avec ce gouvernement demophrénique. Les actes occasionnels d’auto-affirmation de ce dernier apparaissent comme des flashes “d’assymétrisation”, dans un monde plongé dans une ‘unité symétrique’. Isolé dans un océan d’hostilité arabe, Israël s’extasie sur son image au sein du monde démocratique. L’ironie atteint des proportions bibliques : du fait que le gouvernement demophrénique d’Israël ne peut pas fonder sa politique envers les Arabes sur la vérité, il est constamment la victime de mensonges. Aspirant à l’acceptation des nations, Israël est condamné sans relâche par les Nations unies”.

 

Incendie à la frontière de Gaza


 

Ces lignes écrites il y a plus de vingt ans ans n’ont rien perdu de leur actualité. Les récents événements à la frontière de Gaza illustrent parfaitement le concept de demophrénie créé par Eidelberg pour décrire l’attitude du gouvernement israélien (qu’il s’agisse de celui d’Itshak Rabin à l’époque, ou de B. Nétanyahou aujourd’hui). Face à des ennemis voués à sa destruction, Israël continue, aujourd’hui comme hier, de tergiverser et d’hésiter entre inaction et auto-défense, entre l’attentisme et la riposte, entre la volonté illusoire de plaire aux nations et la nécessité impérieuse de contre-attaquer et de vaincre ses ennemis.

 

Pierre Lurçat

 

*  Voir sur ce sujet, en français, les analyses classiques de B. Lewis, Le langage politique de l’islam, d’Emmanuel Sivan, Mythes politiques arabes, et bien entendu les travaux pionniers de Bat Ye’or.

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De l’affaire Klinberg à l’affaire Gonen Segev : Ces Israéliens qui ont trahi leur pays, par Pierre Lurçat et Philippe Karsenty

June 27 2018, 07:32am

Posted by Pierre Lurçat et Philippe Karsenty

En Israël, l’affaire Gonen Segev, qui a éclaté la semaine dernière, a fait l’effet d’une bombe médiatique. Cet ancien ministre de l’Energie du gouvernement Rabin en 1995, qui avait déjà défrayé la chronique lors de plusieurs affaires de fraude et de trafic de drogue, vient d’être arrêté par le Shin-Beth, le service de sécurité intérieure israélien, et inculpé d’espionnage en faveur de l’Iran. Segev n’est certes pas le premier Israélien accusé d’espionnage en faveur d’un pays ennemi. Mais il est sans doute, de tous les espions qui ont trahi Israël, le plus cupide.

 

Ce n’est pas la première fois qu’Israël connaît de retentissantes affaires d’espionnage. Parmi les plus fameuses, citons l’affaire Mordehaï Vanunu, enlevé à Rome par un commando du Mossad et condamné à 18 ans de prison pour avoir dévoilé des secrets nucléaires, ou celle de Marcus Klinberg, condamné à 20 ans de réclusion pour espionnage au profit de l’Union soviétique.

 

 

Dans les années 1950, l’espionnage en faveur de l’URSS était suffisamment répandu en Israël pour que le légendaire patron du Mossad, Isser Harel, en fasse une des priorités de son service de contre-espionnage. C’est sous sa direction, selon certaines sources, que le Mossad mit la main sur le fameux “rapport Khrouchtchev” exposant les crimes de Staline, qui marqua le début de la déstalinisation. Le rapport, obtenu par le journaliste polonais Wiktor Grajewski, fut ensuite transmis à la CIA et publié dans les colonnes du New York Times.

 

Klinberg a espionné pendant 30 ans en faveur de l’URSS, transmettant notamment des secrets militaires sur les armes chimiques et biologiques qui ont abouti entre les mains de la Syrie, le principal ennemi d’Israël à l’époque. Condamné à 20 ans de prison en 1983, il a été libéré en 1998 et a fini ses jours en France, où il demeurait chez sa fille, Sylvia Klinberg. L’histoire de l’espion du KGB Marcus Klinberg a en effet une dimension française : son petit-fils, Ian Brossat, est conseiller de Paris, maire-adjoint d’Anne Hidalgo en charge du logement et future tête de liste du Parti Communiste Français aux élections européennes de 2019. Il a publié récemment une biographie de son sulfureux grand-père, pour lequel il ne tarit pas d’éloges, intitulée L’espion et l’enfant.

 

 

Dans l’affaire Gonen Segev, par contre, il n’est point question d’affinités idéologiques, mais d’appât du gain et de cupidité. L’ancien ministre de l’Energie est entré en contact avec l’ambassade iranienne au Nigéria en 2012, où il s’était installé après avoir purgé une peine de cinq ans de prison pour avoir fait entrer en Israël plusieurs milliers de comprimés d’Ecstasy cachés dans des boîtes de chocolat, ce qui lui a valu le surnom de “Monsieur M&Ms”. Selon les informations qui ont filtré dans la presse israélienne, Segev a transmis aux Iraniens des renseignements sur des sites sensibles en Israël, et s’est même rendu à deux reprises en Iran pour rencontrer ses officiers traitants.

 

Au-delà même de ces révélations fracassantes, l’affaire Segev ravive en Israël de vieilles blessures mal cicatrisées. L’ancien ministre de l’Energie dans le gouvernement Rabin, entre 1995 et 1996, était en effet un des deux députés qui ont rendu possible le vote des accords d’Oslo, très controversés en Israël à l’époque. Membre du parti de droite Tsomet, fondé par l’ancien chef d’état-major Rafaël Eitan, Segev avait fait défection avec son colistier, Alex Goldfarb, pour soutenir le gouvernement Rabin-Pérès à un moment crucial, en échange de la promesse d’un portefeuille ministériel.

 

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Segev avec Itshak Rabin

 

Aux yeux de beaucoup d’Israéliens, Segev n’est pas seulement un traître à son pays. Il incarne une forme de corruption politique que certains rendent responsables de beaucoup des problèmes sécuritaires auxquels leur pays est aujourd’hui confronté. Comme l’écrit Martin Sherman, ancien conseiller du Premier ministre Itshak Shamir : “Sans Segev, il n'y aurait pas eu les accords d'Oslo, et sans Oslo il n'y aurait pas eu de deuxième Intifada, il n'y aurait pas eu de désengagement de Gaza, pas de prise du pouvoir du Hamas à Gaza, pas de tunnels de la terreur, pas d'arsenal de roquettes redoutables visant les villes israéliennes et les villes éloignées de Gaza”.

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Chanter la Hatikva dans les universités est vital pour Israël, Daniel Gordis

June 21 2018, 13:30pm

Posted by Daniel Gordis

Chanter la Hatikva dans les universités est vital pour Israël, Daniel Gordis

 

Daniel Gordis, vice-président et chercheur à la Faculté Shalem de Jérusalem, note avec inquiétude que certaines universités israéliennes ont renoncé à chanter la Hatikva, l’hymne national israélien. Pour lui, "l'ouverture intellectuelle ne doit pas conduire à l'abaissement de soi. Prendre soin des Arabes ne doit pas se faire au détriment de l’engagement à reconstruire le peuple juif dans sa patrie ancestrale". 


« Année après année, une université israélienne annonce que l'une de ses facultés ne chantera pas la Hatikva. Cette année, c’est l’université de Tel Aviv qui a fait cette annonce. L'an dernier, c'était l'Université hébraïque de Jérusalem, et quelques années plus tôt, l'Université de Haïfa. La raison invoquée, sans surprise, était que les professeurs des facultés de sciences humaines ne voulaient pas mettre les diplômés arabes ou leurs familles dans une situation… inconfortable. C’est un argument dangereux. Les Arabes israéliens savent bien qu'ils vivent dans un État juif. Et malgré toute la complexité qu'implique pour unArabe de vivre dans un État expressément juif, personne ne doit être surprisque l'hymne national soit chanté lors d'une cérémonie de remise des diplômesdans une université publique. Lorsque Dorit Beinisch a démissionné de la Cour suprême en 2012, les juges se sont réunis, et à l'issue d'une soirée émouvante au cours de laquelle elle a évoqué la mort de ses grands-parents pendant laShoah, ils ont chanté la Hatikva.
L'un des juges présents était Salim Joubran, un Arabe israélien. Les caméras de l'événement l'ont montré se tenant debout, respectueusement, mais ne chantant pas. Comme on pouvait s'y attendre dans la société israélienne, certains dirigeants de droite vilipendèrent Joubran, mais la plupart des Israéliens eurent de la sympathie pour lui et de l’admiration pour la dignité avec laquelle il se comporta. Après tout, de nombreux Israéliens se demandaient pourquoi un Arabe israélien (chrétien maronite) chanterait un hymne qui commence par : "Tant que le coeur intérieur, une âme juive aspire" et continue "Notre espoir n'est pas encore perdu, d’être une nation libre dans le pays de Sion... » Même les autres juges, y compris les conservateurs, prirent la défense de Joubran. "Les citoyens arabes ne devraient pas être tenus de chanter des mots qui ne parlent pas à leurs coeurs et ne reflètent pas leurs racines", déclara le juge Elyakim Rubinstein.
Les étudiants arabes diplômés des universités financées par l'Etat pourraient donc suivre le modèle de Joubran, et s'ils veulent demander (de façon légitime) à Israël d'être plus attentifs à ses minorités, ils seraient bien mieux avisés de rester silencieux pendant la Hatikva, que de se joindre au chant d'Arik Einstein "Vous et moi changerons le monde" (que la faculté des sciences humaines de l'Université de Tel Aviv a choisi de chanter au lieu de Hatikva) où ils ne furent pas du tout remarqués.

Le fait de ne pas chanter la Hatikva lors d’une cérémonie universitaire nationale prend ses racines dans un phénomène plus ancien que l'Etat lui-même. Judah Magnes, qui fut le premier recteur de l'Université hébraïque et, plus tard, président de cette université, futl'un des leaders du mouvement Brit Shalom, un mouvement qui s'opposa largement à la création d'un Etat juif. Pourtant, l’idée d’un Etat binational (comme l'histoire des juifs en Afrique du Nord le dira plus tard) fut un pétard mouillé. Comment une minorité juive aurait-elle vécu dans un tel Etat ? Certains décideurs sionistes trouvèrent l'idée si absurde qu'ils ne crurentjamais que Magnes et ses collègues avaient réellement l'intention de créer un État binational. Au contraire, déclara Berl Katznelson, parmi les géants intellectuels du sionisme ouvrier, l'idée d'un Etat binational n'était autre qu'un subterfuge. Brit Shalom, pensait-il, cherchait vraiment la création d'un Etat arabe. Que l’interprétation de Katznelson soit correcte ou non, elle indique à quel point Magnes était loin du courant principal, ce qui explique le fait que Magnes ait servi pendant de nombreuses années à la direction de l'Université hébraïque.
Plus étonnant encore que le fait que les facultés des sciences humaines aient décidé de ne pas chanter la Hatikva, c'est la nonchalance relative des Israéliens qui ont appris cette nouvelle. Peut-être considèrent-ils que les universitaires ne sont pas à prendre au sérieux, qu’ils sont une classe intellectuelle complètement déconnectée du peuple. Peut-être. Mais la nonchalance est dangereuse, car elle permet de légitimer la délégitimation de l'idée fondatrice d'Israël, la création d'un État qui serait spécifiquement dédié à l'épanouissement d'un peuple, le peuple juif.
Regarder Israël à travers un objectif américain, jeffersonien, c'est voir un pays étrange. Mais c'est justement cela. Israël n'a jamais été destiné à être une démocratie libérale créée à partir du moule américain. C'est une démocratieethnique, quelque chose d'entièrement différent. Les premiers mots de la Déclaration d'Indépendance que Jefferson écrivit furent "Quand, au coursdes événements humains", tandis que la déclaration d'Israël commence par"En terre d'Israël, le peuple juif est né". Tout le reste n’est que commentaire.

Alors oui, il sera toujours difficile d'être un Arabe dans un Etat juif, cela oblige à la fois les Arabes et les Juifs à avoir une pensée créative nuancée. Abandonner l'hymne, c'est admettre qu'on ne peut plus défendre l'idée de ce qu'est ce pays. Abandonner la Hatikva, c'est oublier volontairement le désir de liberté qui a propulsé le sionisme, à l’origine de la création de notre Etat. Abandonner l'hymne, ce n'est pas être inclusif, mais détruire l'idée même pour laquelle Israël existe. Une fois que cette idée aura disparu, pour quel motif resterions-nous ici ? Quand les institutions israéliennes d'enseignement supérieur expriment un malaise apparent avec l'idée d'un Etat juif que notre hymne incarne, ce n'est pas un vague écho, mais une menace pour la pérennité de l’ethos national et la survie du pays. "Mais que pouvons-nous faire ?" répondent les administrateurs des universités. La faculté a voté et la haute administration dit qu'elle n'a aucun contrôle sur ces décisions facultaires. C'est peut-être vrai, mais leur réponse révèle un aveuglement conscient face à ce que les politologues appellent le «soft power».

 

La réponse, au moins pour certains d'entre nous, fut de créer une institution d'enseignement supérieur intellectuellement ouverte, politiquement diversifiée et, sans réserve, sioniste. Lorsque nous avons lancé la faculté Shalem il y a cinq ans, nous avions parié que si les étudiants les plus brillants d'Israël se réunissaient pour lire ensemble Homère et Platon, Aristote et Maïmonide, les journaux fédéralistes et les grands penseurs sionistes, nouspourrions aider à créer la génération des futurs dirigeants israéliens qui ne prendraient pas refuge derrière des slogans sionistes fatigués, mais qui pourraient s'engager dans un discours continu sur la liberté et l'appartenance, le particularisme tempéré par l'universalisme, la fierté nationale jamais en contradiction avec la sensibilité morale.
 

L'ouverture intellectuelle ne doit pas conduire à l'abaissement de soi. Prendre soin des Arabes ne doit pas se faire au détriment d'un engagement à réinventer et reconstruire le peuple juif dans sa patrie ancestrale. C'est pourquoi, le 28 juin, lorsque nos élèves et leurs familles se rassembleront pour les exercices de début de Shalem, nous chanterons la Hatikva avec fierté en assumant toute la complexité que cela représente.

Son livre le plus récent est « Israel: A Concise History of a Nation Reborn ».

 

          Source Thetimesofisrael

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Israël face au Hamas : Samson enchaîné, Pierre Itshak Lurçat

June 20 2018, 09:44am

Posted by Pierre Lurçat

Les événements actuels à la frontière avec Gaza ont un goût amer de déjà-vu pour beaucoup d'Israéliens... Au sentiment d'impuissance et de désolation face aux incendies répétés de nos champs et aux agressions contre les habitants des localités avoisinantes, qui demeurent impunies, se mêle celui d'une incompréhension face à l'attitude de l'armée et du gouvernement. Dans ce contexte, je remets en ligne l'article écrit durant l'opération "Colonne de nuée", en novembre 2012, qui exprimait ce sentiment. P.L.

 

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Alors que l’opération 'Colonne de nuée' vient de s’achever en queue de poisson, par un illusoire cessez-le-feu hâtivement conclu par Israël, apparemment sous la pression internationale, on peut d’ores et déjà tirer quelques leçons de ce nouveau round d’affrontement avec le Hamas.

Les prouesses technologiques de l’armée et des sociétés de défense israéliennes, qui ont abouti au système « Kipat Barzel » (« Dôme d’acier ») ont heureusement permis de réduire le nombre de victimes en Israël, malgré la quantité de missiles tirés depuis Gaza, mais ce fait indiscutable ne doit pas nous empêcher de regarder la réalité en face : Israël est aujourd’hui constamment sur la défensive, même quand son aviation attaque à Gaza, et la capacité du Hamas d’atteindre la plaine côtière et le cœur de Tel-Aviv constitue indéniablement, quoiqu’en disent nos dirigeants, une immense victoire symbolique et psychologique pour nos ennemis !

 

Dans le bruit incessant des commentaires des médias israéliens (trop souvent péremptoires et défaitistes) qui ont accompagné les hostilités, on a pu entendre quelques observations pertinentes, et notamment celle d’un chercheur du Centre d’études moyen-orientales d’Ariel, le Dr Eyal Levin, dont les travaux portent sur la « résilience nationale » (‘hossen léoumi) : « Le système Dôme d’acier n’exprime pas notre résilience nationale, mais au contraire notre faiblesse », a-t-il dit en substance. Et le député Likoud Yariv Levin a ajouté fort à propos que pour savoir ce qu’était la résilience nationale, il fallait regarder jadis les habitants du Goush Katif…

 

 

La situation actuelle, dans laquelle une organisation terroriste islamiste qui a assis sa domination sur une bande de terre réduite parvient à terroriser et à faire vivre dans des bunkers plus d’un million de citoyens israéliens, sans que l’armée « la plus puissante du monde » ne puisse faire cesser définitivement les tirs de roquettes, illustre la réalité paradoxale dans laquelle Israël s’est enfermé depuis plus de deux décennies (c’est-à-dire depuis la 1ère Guerre du Golfe), réalité que l’on peut décrire par une métaphore : celle de Samson enchaîné...

 

 

 

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Comme Samson dans la Bible, Israël est un géant théoriquement capable d’anéantir ses ennemis, mais dont la force est neutralisée, pour des raisons essentiellement politiques et psychologiques. Notre peuple est incroyablement fort, et il a fait montre pendant la semaine de guerre écoulée d’une admirable capacité de résistance sous les missiles, dont aucun autre peuple n’a donné d’exemple depuis le Blitz sur Londres… Mais notre État et ses dirigeants, eux, font souvent preuve d’une grande faiblesse et d’une impuissance tragique, et la réussite relative du système Dôme d’acier parvient difficilement à masquer l’incapacité de Tsahal à empêcher que l’arrière devienne le front et que les civils se trouvent aujourd’hui en première ligne, d’Ashqélon à Rishon-le-Tsion.

 

Israel, Hamas, gaza, Colonne de nuéeCet échec incommensurable interroge les fondements mêmes du projet sioniste, tel qu’il a été formulé par l’un des plus grands théoriciens de la Renaissance nationale juive, Zeev Jabotinsky, dans son article fameux « La muraille d’acier » (Kir Habarzel), qui préfigurait la doctrine stratégique de Tsahal avant même la proclamation de l’Etat d’Israël. Or « Kipat Barzel » n’est pas la continuation du « Kir Habarzel », mais il en est la négation ! Car au lieu de dissuader nos ennemis, nous les avons laissés nous terroriser et nous faire vivre dans une permanente insécurité.

La capacité de dissuasion de Tsahal a été gravement atteinte ces dernières années, au Nord avec la fuite déguisée en « retrait » du Liban ordonnée par Ehoud Barak, et au Sud avec le crime inexpiable commis par Ariel Sharon, dans les ruines du Goush Katif. Pour la restaurer un jour, il faudra reconquérir la bande de Gaza et rétablir la souveraineté israélienne de la Mer au Jourdain (et plus tard, peut-être, sur les deux rives du Jourdain !). En attendant ce jour, nous pouvons seulement nous défendre, comme Samson enchaîné, par des coups d’éventail contre les piqûres de guêpe de notre ennemi, au lieu de nous dresser de toute notre stature pour l’écraser et l’anéantir.

Pierre Itshak Lurçat

 PS J’ajoute quelques mots à ces réflexions écrites mercredi sous l’emprise de l’immense déception engendrée par le « cessez-le-feu». Sans revenir sur ce que j’écris plus haut, l’opération Colonne de Nuée aura surtout servi à montrer l’incroyable capacité de résistance de l’arrière israélien, des civils, hommes, femmes et enfants : en un mot, du peuple d’Israël ! Nos dirigeants sont loin d’être parfaits, mais notre peuple, lui, est « koulo téhélet » כולו תכלת, il est tellement beau et fort... עם ישראל חי !

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Tsahal applique-t-elle trop bien le droit de la guerre face au Hamas ? Pierre Lurçat

June 17 2018, 07:47am

Posted by Pierre Lurçat

 Tsahal applique-t-elle trop bien le droit de la guerre face au Hamas ? Pierre Lurçat

Le paradoxe de la guerre imposée à Israël par le Hamas à Gaza est que c'est Tsahal qui cherche constamment à minimiser le nombre de victimes palestiniennes, alors que le Hamas cherche cyniquement à les maximiser. Malgré cela, c'est Israël qui est accusé, à tort, de violations du droit international. En réalité pourtant, Israël se conduit souvent d'une manière excessivement éthique et morale, face à des ennemis inhumains, et perd de vue l'objectif premier de toute armée : protéger ses citoyens et leurs biens.

 

Une enquête de l’hebdomadaire américain Weekly Standard met en lumière les pratiques véritables de l’armée israélienne à Gaza, bien loin des accusations propagées par des ONG israéliennes radicales et relayées par la presse française. En mai 2015, le journal Le Monde avait ainsi consacré sa « Une » et plusieurs pages intérieures à ce qu’il qualifiait de « dérive morale de l’armée israélienne ». Cet article n’était pas isolé, mais faisait partie d’une véritable offensive médiatique contre l’armée israélienne dans les médias français, à l’occasion de la publication d’accusations de « crimes de guerre » émanant de l’association israélienne « Breaking the Silence ». Un expert allemand en droit de la guerre, le professeur Wolff Heintschel von Heinegg, affirme pourtant que Tsahal, en s’efforçant à tout prix de minimiser le nombre de victimes civiles dans le camp adverse, crée un « précédent déraisonnable pour les autres pays démocratiques » en fixant des normes éthiques impossibles à respecter. Qui dit vrai, le quotidien du soir français, ou l’expert allemand ?

De l’affaire Al-Dura à la guerre de Gaza

 

En 2008, l’historien américain Richard Landes avait analysé l’affaire Al-Dura comme une version moderne de l’accusation de crime rituel portée contre les Juifs. En réalité, comme l’avaient déjà montré avant lui d’autres observateurs avertis du conflit israélo-arabe, cela fait des décennies que l’attirail des stéréotypes antijuifs les plus anciens a été remis au goût du jour pour démoniser Israël et en faire une version moderne de Shylock . Les méthodes de la propagande arabe et palestinienne contre Israël ont en effet souvent été empruntées aux deux écoles les plus performantes en la matière : Berlin et Moscou. L’historien de l’antisémitisme Léon Poliakov l’avait montré jadis, dans un petit livre très éclairant écrit fiévreusement, au lendemain de la première guerre du Liban de 1982 . Un des ressorts de cette propagande est le procédé de l’inversion, consistant à accuser l’ennemi de ses propres tares.

 

 

Dans la guerre que le Hamas a imposée à Israël, on assiste ainsi à une inversion constante, l’État juif étant accusé de tuer délibérément des civils, alors qu’il cherche par tous les moyens à minimiser le nombre des victimes à Gaza, notamment en prévenant à l’avance les habitants des immeubles bombardés, tandis que le Hamas cherche ouvertement à multiplier leur nombre, au mépris de la vie de ses concitoyens, transformés en boucliers humains. Comme l’a écrit le colonel britannique Richard Kemp, ancien commandant des forces armées britanniques en Afghanistan, « l’armée israélienne a développé des mesures extrêmement sophistiquées pour minimiser les victimes civiles au cours de ses attaques contre des cibles militaires légitimes ». Le Hamas, de son côté, a fait de l’utilisation des boucliers humains un « élément central de sa stratégie », et « la totalité des victimes civiles palestiniennes dans ce conflit [à Gaza] résultent de l’agression terroriste menée depuis Gaza contre Israël  ».


 

Un avocat derrière chaque soldat ?

 

La récente enquête du Weekly Standard a ainsi montré comment Tsahal avait soumis les décisions opérationnelles de ses officiers sur le terrain à l’approbation – en temps réel – d’avocats spécialistes du droit de la guerre, ces derniers devant valider chaque cible potentielle au regard du risque de faire des victimes civiles chez l’ennemi. Cette procédure, inédite dans les conflits opposant des pays démocratiques à des régimes totalitaires et à des organisations terroristes djihadistes, devait permettre, dans l’esprit des dirigeants israéliens, de réduire les critiques contre Tsahal sur la scène internationale et dans l’arène médiatique. Le résultat n’a pas été très convaincant, à l’aune des répercussions du conflit à Gaza de l’été 2014 et de ses retombées dans la presse française et internationale.

 

Mais le plus étonnant, dans la passionnante enquête de Willy Stern publié dans le Weekly Standard, n’est sans doute pas là. Il ressort en effet de son reportage que l’armée israélienne a essuyé les critiques de plusieurs spécialistes du droit international, en raison de la trop grande attention portée au nombre de victimes civiles à Gaza et des précautions inouïes prises pour le diminuer. En d’autres termes, Tsahal en ferait trop, ce qui risque selon ces experts de créer des nouvelles normes impossibles à respecter pour les pays occidentaux en guerre contre la menace terroriste islamiste…


 

Un précédent déraisonnable

 

Le professeur de droit allemand von Heinegg, expert en droit militaire à l’université européenne de Viadrina à Frankfurt, s’est ainsi plaint devant un parterre d’officiers israéliens que Tsahal créait un « précédent déraisonnable pour les autres pays démocratiques confrontés à des guerres asymétriques contre des acteurs non étatiques brutaux, qui violent le droit international ». Le comble de l’absurde est ainsi atteint : Israël cherche à minimiser à tout prix le nombre des victimes palestiniennes (y compris au prix de la vie de ses propres soldats, exposés inutilement à des risques accrus en affrontant le Hamas sur le terrain, au lieu de mener des attaques aériennes comme le font les autres armées occidentales dans des situations similaires), tandis que le Hamas cherche à le maximiser. Lors des combats meurtriers à Sadjaya, au nord de Gaza, les autorités militaires israéliennes avaient averti à l’avance leurs ennemis de l’entrée de Tsahal dans le village, pour permettre aux civils de l’évacuer.

 

Or, aucune règle du droit international des conflits armés n’oblige un pays à prendre de telles précautions pour minimiser les pertes civiles de l’ennemi, en mettant en danger ses propres soldats. Malgré cela, Israël est critiqué par les pays occidentaux, qui lui reprochent tantôt de commettre des « crimes de guerre » et tantôt d’en faire trop pour respecter les normes du droit de la guerre. Au lieu d’enseigner aux Occidentaux comment combattre le terrorisme (on se souvient du titre d’un livre écrit il y a plusieurs décennies par Benjamin Nétanyahou, alors ambassadeur d’Israël aux Nations Unies : Terrorism, How the West Can Win ), Israël donne au monde entier des leçons d’hyper-moralisme et de judiciarisation de la guerre poussée à l’extrême, les officiers étant désormais soumis aux décisions des avocats en pleine guerre.

 

Une des leçons de l’enquête du Weekly Standard, qui ne fait qu’effleurer ce sujet capital et lourd de conséquences, est que le regard que le monde porte sur Israël ne dépend pas tant des actions de Tsahal sur le terrain, que de la conscience que les soldats et les dirigeants israéliens ont d’agir de manière morale et juste. Plus les dirigeants israéliens doutent de la justesse de leur cause, plus ils portent le flanc aux critiques les plus injustifiées, comme ce fut le cas lors des dernières guerres à Gaza contre le Hamas. A l’inverse, plus Israël affiche sa certitude de combattre pour sa survie en tant que collectivité nationale et pour défendre la vie de ses citoyens, plus le monde le comprendra.

 

(Extrait de mon livre La trahison des clercs d'Israël, La Maison d'édition 2016).

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Prochaine formation à l'examen d'agent immobilier à Jérusalem / Tel-Aviv

June 13 2018, 10:10am

Formation à l’examen d’agent immobilier israélien

Session août-septembre 2018 – Tel Aviv 

 

La prochaine formation à l'examen d'agent immobilier aura lieu du 28 août au 5 septembre à Tel-Aviv, en vue de l’examen d’agent immobilier israélien qui se tiendra le 23 octobre 2018. Au terme de la formation et après avoir réussi l’examen, les élèves pourront obtenir la carte professionnelle permettant d’exercer la profession d’agent immobilier (metave’h) en Israël, dans une agence ou à leur compte.

 

J’ai mis en place cette formation depuis 2006 en Israël, et j’ai préparé plusieurs centaines d’Olim francophones (avec un taux de réussite dépassant 75%) à l’examen organisé par le ministère israélien de la Justice, seul habilité à délivrer la carte professionnelle. Important : il n’est pas nécessaire d’être israélien pour travailler comme agent immobilier en Israël !

 

Niveau d'hébreu exigé

Cet examen est un examen théorique portant sur le droit israélien, qui a lieu 4 fois par an en Israël. Il s’agit d’un QCM (questionnaire à choix multiple), ce qui signifie qu’il n’est pas indispensable de savoir écrire en hébreu. Il n'est pas non plus nécessaire d'avoir un très bon niveau de lecture pour suivre le cours. Un niveau moyen est suffisant, à condition de fournir un travail personnel en plus des cours de préparation.

 

Pour plus d’informations, n’hésitez pas à me contacter par email pierre.lurcat@gmail.com ou par téléphone au 050 286 5143 ou 06 80 83 26 44  (France).

       

Pierre Lurçat, avocat au barreau israélien, spécialiste de la formation aux examens de droit

 

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Pinkwashing : histoire d’un mot Comment les méchants sionistes ont repeint en rose Tel-Aviv la blanche, Pierre Lurçat et Philippe Karsenty

June 10 2018, 17:00pm

Posted by Pierre Lurçat, Philippe Karsenty

Pinkwashing : histoire d’un mot   Comment les méchants sionistes ont repeint en rose Tel-Aviv la blanche, Pierre Lurçat et Philippe Karsenty

Alors que la Gay Pride bat son plein à Tel-Aviv, pour la vingtième année consécutive, un nouveau mot est entré dans le vocabulaire politique contemporain. “Pinkwashing” (“laver en rose”). A l’origine, cette expression d’origine américaine désigne le fait pour une entreprise de se donner à peu de frais une couleur rose et sympathique, en se prévalant abusivement de son soutien à la recherche sur le cancer du sein. Celle-ci est en effet traditionnellement associée, aux Etats-Unis, à la couleur rose. Mais le mot a récemment acquis une signification nouvelle, et tout aussi polémique. Il désigne maintenant l’utilisation que ferait l’Etat d’Israël de la cause homosexuelle pour améliorer son image, largement ternie par “l’occupation” et les affrontements récurrents avec le Hamas dans la bande de Gaza.

 

 

 

Selon cette théorie, très en vogue depuis quelques années dans la mouvance pro-palestinienne, c’est l’ancienne ministre des Affaires étrangères d’Israël, Tsippi Livni, qui aurait eu cette idée géniale. Selon le journaliste et militant Jean Stern, auteur d’un livre sur le sujet*, intitulé Mirage gay à Tel-Aviv, Livni “ancien agent du Mossad, n’ignorait rien des problèmes d’image de son pays. Elle a mis en place une cellule ‘Brand Israël’, avec des grandes agences… C’est devenu très vite la ville de la fête, la ‘ville qui ne dort jamais’, et plusieurs diplomates leur ont dit qu’il y avait un modèle de ville gay à vendre… A cette époque, il y avait 700 ou 8000 touristes gays étrangers pour la Gay Pride. En 2017, c’était plus de 35 000”.

 

Cette explication, qui ressemble beaucoup à une théorie du complot (“le Mossad a attiré des gays à Tel-Aviv pour redorer l’image d’Israël…”), peut faire sourire. Mais dans la mouvance LGBT radicale, on y croit dur comme fer. Il suffit de taper sur un moteur de recherche le mot “pinkwashing” pour tomber sur des articles expliquant avec conviction comment Israël a “instrumentalisé les droits des homosexuels”, pour détourner l’attention internationale de ses violations des droits de l’homme.

 

 

Manifestation contre le “Pinkwashing” à Vancouver

 

Selon Jean Stern, ancien fondateur du magazine Gai-Pied, le “mirage gay” consiste à vendre aux Occidentaux une “vitrine gay” de la société israélienne, très différente de la réalité. Cette stratégie s’incarne par exemple dans le phénomène Dana International, la chanteuse trans candidate à l’Eurovision en 1998, qui “donne le top départ d’une imagerie gay nourrie de clins d’oeil orientalisants, qui va compléter celle du soldat de Tsahal, du paysan socialiste du kibboutz ou du steward d’El Al”. Mais derrière cette campagne de marketing politique, assure Stern, “Israël poursuit avec le gay-friendly ce qu’il a entrepris depuis 1948 : effacer les Arabes de Palestine”.


Cette rhétorique virulente et sans nuance a conquis du terrain dans le milieu le premier concerné : la mouvance LGBT. Tout récemment à Grenoble, lors de la “marche des fiertés” (Gay Pride locale) le 26 mai dernier, un char commercial a ainsi été attaqué par des militants anti-israéliens, au prétexte qu’il diffusait sur un écran géant des vidéos faisant la promotion de la Gay Pride de Tel-Aviv. Voici le récit qu’en fait un compte-rendu publié sur le site militant grenoblois CRIC-Grenoble.info, signé d’un obscur collectif “Transpédégouines contre le pinkwashing en soutien à la Palestine” (ça ne s’invente pas...) :

 

Des camarades sont allé-e-s discuter avec les personnes du char pour leur parler du pinkwashing, de la propagande d’Israël, et du fait que passer ce genre de vidéos n’est pas anodin. Ce à quoi à été répondu que : « C’est trop bien Tel Aviv », « J’ai passé les meilleures vacances de ma vie et je fais pas de politique ». On comprend, à la lecture de ces lignes, le mur d’incompréhension qui sépare les militants anti-israéliens des homosexuels de base, qui font faire la fête à Tel-Aviv et ne “font pas de politique”. Ils se font ainsi, à leur corps défendant, nous expliquent Jean Stern et consorts, les complices de la “politique répressive de l’Etat colonialiste d’Israël”, et de sa campagne de Pinkwashing…

Le conflit israélo-palestinien a ainsi réussi à diviser durablement la mouvance LGBT, qui se déchire désormais autour de sujets en apparence très éloignés de la question gay, comme le conflit à Gaza ou le boycott d’Israël. Dernière victime en date : le festival du film LGBT de Tel-Aviv, dont plusieurs invités ont annoncé leur désistement, apparemment à l’instigation de la campagne de boycott du BDS. Le pinkwashing, on le voit, n’a pas fini de faire parler de lui.

* Jean Stern, Mirage gay à Tel-Aviv, Libertalia 2017.

 

 
 
 
Zone contenant les pièces jointes

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Juin 67 : comment la gauche israélienne a imposé son narratif sur la Guerre des Six jours

June 5 2018, 20:17pm

Posted by Pierre Lurçat

Juin 67 : comment la gauche israélienne a imposé son narratif sur la Guerre des Six jours

Dès le lendemain de la Guerre des Six Jours, la gauche israélienne a créé son propre “narratif” au sujet de la guerre, dans un livre fameux, Sia’h Lohamim (“Paroles de combattants”) qui s’est imposé dans une certaine mesure comme un discours officiel israélien concernant les événements de mai-juin 1967.

Dans ce livre, des soldats issus pour la plupart des kibboutzim des mouvements de la gauche et de l’extrême-gauche (Hashomer Hatzaïr), expriment leurs doutes et leur désarroi après la victoire et relatent les dilemmes moraux auxquels ils ont été confrontés pendant la guerre.

Ce document avait été distribué à l’époque par le ministère des Affaires étrangères aux représentations diplomatiques israéliennes à l’étranger, dans le but de montrer le “visage humain” de l’armée israélienne.

Mais ce narratif humaniste, souvent émouvant mais pétri de culpabilité, reposait sur un mensonge par omission, qui a été depuis lors exposé au grand jour.

Une partie significative des témoignages des soldats recueillis lors de la réalisation de ce document ont en effet été écartés et censurés, car ils ne correspondaient pas aux opinions politiques mises en avant par les auteurs de “Voix de combattants”.

Les voix censurées étaient notamment celles de soldats issus de la Yeshiva Mercaz Harav à Jérusalem, institution phare du sionisme religieux, qui exprimaient leur joie après la victoire miraculeuse, la réunification de Jérusalem et le retour du peuple d’Israël dans le coeur de sa patrie ancestrale.

Le 1 juin 1967: le meilleur ami de l’homme. Des soldats avec leurs chiens dans le Néguev. Crédit: GPO

Le 1 juin 1967: le meilleur ami de l’homme. Des soldats avec leurs chiens dans le Néguev. Crédit: GPO

L’occultation délibérée de ces témoignages, non conformes au narratif de la gauche kibboutzique, s’inscrivait dans une tentative d’écriture d’une “histoire officielle” de la Guerre des Six Jours, dans un sens idéologique bien particulier.

Comme le rapporte Gilad Zweik (1), les auteurs de “Voix de combattants”, parmi lesquels l’écrivain Amos Oz, éprouvaient un mépris non dissimulé pour les sentiments de joie exprimés par la majorité des Israéliens au lendemain de la victoire de juin 1967.

Evoquant son camarade Micha Heyman, tué pendant les durs combats de la “Colline des munitions” à Jerusalem, Amos Oz déclare ainsi que “de son point de vue, on aurait pu dynamiter le Kotel pour sauver Michi”. Un autre soldat interrogé dans le livre déclare que les “sonneries de Choffar [du rav Goren devant le Kottel libéré] lui faisaient mal à la tête…”

On comprend, en lisant ces lignes, que la question de la souveraineté juive à Jérusalem (sans même parler de la Judée et de la Samarie) est tout autant, voire plus, une question intérieure israélienne et juive, qu’une question de droit et de politique internationale.

Dans ce contexte, il convient d’observer qu'une large partie de la gauche israélienne a adopté aujourd’hui le narratif jadis minoritaire, défaitiste et auto-accusateur, des combattants de l’Hashomer Hatzaïr (2).

Mais alors que ces derniers, en tant que soldats et patriotes israéliens, exprimaient leurs critiques et leurs doutes à destination du public israélien en priorité, leurs héritiers actuels adressent leurs attaques contre le gouvernement et l’armée d’Israël au public international, se transformant en dénonciateurs de leur propre peuple devant le tribunal des nations (*).

(1) Dans son article “Voix de combattants, les bobines oubliées, une manipulation transparente”, Mida 8.7.2015, http://mida.org.il/)

(2) Un recueil de témoignages d’habitants des kibboutz de l’Hashomer Hatzaïr récemment publié en Israël montre comment les jeunes de ce mouvement sioniste-socialiste d’orientation pro-soviétique parvenaient à concilier, non sans difficultés et au prix de contradictions parfois insurmontables, leur admiration pour la “patrie du socialisme” et son dirigeant Joseph Staline, et leur engagement sioniste.

* Sur ce sujet, je renvoie à mon livre, “La trahison des clercs d’Israël”, La Maison d’édition

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« Vive le travail » d’Évelyne Tschirhart : un plaidoyer pour une réhabilitation du travail

June 4 2018, 10:21am

Posted by Pierre Lurçat, Evelyne Tschirhart

« Vive le travail » d’Évelyne Tschirhart : un plaidoyer pour une réhabilitation du travail

« Vive le travail » d’Évelyne Tschirhart : un plaidoyer pour une réhabilitation du travail

À l’heure de la contestation toujours plus répandue du travail, d’inspiration néo-marxiste ou sociologisante, il peut paraître osé ou provocateur de faire l’éloge du travail. C’est le pari que relève Evelyne Tschirhart, professeur honoraire d’arts plastiques et auteur de plusieurs ouvrages sur l’éducation (parmi lesquels L’école à la dérive et Des élèves malades de l’école, éditions de Paris/ Max Chaleil) mais aussi d’un roman et de livres de photos. Dans son dernier livre intitulé Vive le travail ! Des hommes et des femmes parlent de leur métier, elle donne la parole à des hommes et des femmes venus d’horizons très divers, dont le point commun est l’amour de leur(s) métier(s). Ce livre n’est pas un essai, mais un recueil de témoignages qui permet de découvrir un autre visage de la France d’aujourd’hui.

 

P.L.Evelyne Tschirhart, pourquoi avez-vous écrit ce livre ?

E.Tschirhart : L’idée m’est venue un peu par hasard, lors d’un déjeuner avec un voisin qui avait été entrepreneur dans le bâtiment. Ce qu’il racontait était passionnant et je lui ai demandé s’il accepterait une interview plus détaillée. Il n’a pas hésité. J’ai ainsi appris beaucoup de choses que j’ignorais sur le monde du travail. Par la suite, j’ai cherché d’autres personnes ayant travaillé ou travaillant dans différents secteurs et qui avaient envie de s’exprimer sur leur métier. J’avais élaboré un questionnaire qui servait de trame pour les guider. Tous se sont prêtés à mes questions avec enthousiasme.

Par-delà les différences entre les personnes que vous avez rencontrées, quels traits communs   ressortent de leurs itinéraires ?

E.Tschirhart : Bien que différentes quant à leur personnalité, ces personnes ont manifesté une vraie passion pour leur métier, même quand elles ont dû changer de voie. Créer, se dépasser est un leitmotiv qui revient dans chacun de ces récits. Pourtant, leurs parcours n’ont pas été sans difficultés mais ils n’ont pas renoncé. Ce qui m’a frappé aussi c’est leur attachement à la liberté : liberté d’entreprendre, de se dépasser. Ils mettaient un point d’honneur à réussir dans le domaine de leur choix. Ensuite, ils n’ont pas abdiqué face aux difficultés et j’ai pu constater concrètement à quel point l’Etat est un frein puissant dans le monde de l’entreprenariat. Charges trop lourdes qui dissuadent l’embauche, RSI abusif, lourdeurs administratives, code du travail indigeste, loi sur les 35 heures aberrantes particulièrement dans les structures hospitalières. Difficulté enfin à trouver des jeunes motivés pour le travail. Pourtant, tous ont dit ne rien regretter.

P.L. Vous critiquez une politique de découragement de l’entreprise et du travail qui « ridiculise le goût de l’effort » en « privilégiant une politique de loisirs et une société festive ». À qui s’adresse cette critique ?

E.Tschirhart : Le goût de l’effort s’apprend d’abord au sein de la famille puis à l’école. On sait que beaucoup de familles sont très permissives à l’égard de leurs enfants. La société festive valorise le plaisir et l’hédonisme en général. Or, l’école elle aussi a démissionné. Plus de devoirs à la maison, plus de punitions, passage automatique d’une classe à l’autre, ne pas ennuyer les élèves, apprendre de façon ludique et si possible dans l’interdisciplinarité ! Je rapporte dans mon prochain livre sur l’école une anecdote assez saisissante lue dans « Une France soumise » de Georges Bensoussan : Une inspectrice visitant une classe de Français dit à l’enseignante : « S’ils n’ont pas envie de lire, n’insistez pas » ! Cela dit tout du mépris de l’institution à l’égard des élèves…

C’est la gauche qui a détruit l’école de la transmission des savoirs, poussée par les pédagogistes à l’idéologie fumeuse. La droite, par lâcheté, n’a rien fait pour redresser la barre. Par ailleurs, l’enseignement professionnel a été laissé pour compte et on a encouragé les élèves, quel que soit leur niveau, à poursuivre des études longues, si possible jusqu’à l’université. On a vu le résultat : des cohortes de jeunes sans diplôme et sans travail ! Les enseignants – beaucoup se revendiquent de la gauche, sont en majorité hostiles à l’entreprise et aux patrons. L’économie ne les intéresse pas et c’est ainsi qu’un grand nombre de jeunes sont orientés par défaut. Il faut avoir de la pugnacité, quand on est jeune et qu’on a une idée du métier qu’on veut faire, pour s’orienter dans une formation artisanale ou professionnelle.

En abaissant les exigences, en obligeant les professeurs à ne plus faire cours mais à laisser l’élève construire son savoir, l’Education nationale, c'est-à-dire l’Etat, porte une lourde responsabilité dans la détérioration criminelle de notre enseignement. Sous le quinquennat Hollande, il importait surtout à l’Etat socialiste de formater un homme nouveau afin que les élèves, dès leur plus jeune âge, soient éduqués aux idées progressistes du LBTG et de la lutte contre les discriminations et pour l’égalité des sexes !

P.L. Vous citez aussi la romancière américaine d’origine russe Ayn Rand, dont les romans, notamment « Atlas Shrugged » (La grève), ainsi que La source vive sont des best-sellers aux Etats-Unis, et que certains présentent comme les livres de chevet du Président Donald Trump. Pensez-vous que l’élection de Donald Trump marque un retour aux valeurs des pères fondateurs des Etats-Unis, et une telle évolution est-elle possible en France ? Comment réhabiliter le travail en France ?

E.Tschirhart : J’ai lu Ayn Rand lorsque ses livres ont été traduits en France en 2011, aux éditions « Les Belles Lettres ». Ce fut une révélation ! La grève, comme La source vive sont un hymne à la beauté du travail, à l’intelligence créatrice, à l’égoïsme bien compris et à la liberté. C’est la foi en l’individu qui préfère la liberté et le risque à l’asservissement. Et ce qui est parfaitement montré, de façon romanesque, c’est la nocivité de ceux qui veulent le bien de l’humanité en annihilant la responsabilité des hommes pour en faire des assistés. Evidemment, cet assistanat a un prix ! Il faut faire allégeance au gouvernement qui est là pour s’occuper de vous, tout au long de la vie en échange de votre docilité électorale. Comme vous le rappelez, Ayn Rand a vécu sous l’ère soviétique et elle savait que ceux qui veulent faire votre bonheur vous enfoncent dans le malheur.

 

Concernant Donald Trump, tellement agoni d’insultes et de mépris par nos « élites », j’ai le sentiment que son expérience d’entrepreneur qui a réussi le disqualifiait dès le départ, car il n’appartient pas à cette bureaucratie politique et médiatique qui se retranche derrière les belles idées de « solidarité » pour anesthésier le peuple qu’elle méprise, tandis qu’elle tient les manettes du pouvoir pour son profit. Le peuple américain a répondu en élisant Donald Trump. On dirait bien qu’il a plébiscité l’audace, le courage, le bon sens et la liberté. En ce sens, Donald Trump fait revivre les idéaux des Pères fondateurs qui préconisaient le moins d’Etat possible, la liberté d’entreprendre et la protection des biens et des personnes. « America first » c’est un égoïsme bien compris ! Nous devrions en prendre de la graine ! Pour réhabiliter le travail en France, il faudrait que l’Etat se désinvestisse de l’économie. Il est le principal frein à la situation désastreuse que nous connaissons ; il asphyxie ceux qui veulent créer des richesses en les taxant de charges et d’impôts iniques, en leur imposant des règles tatillonnes au prétexte qu’il faut protéger les salariés et les sans emploi. Les timides réformes vers plus de libéralisme de Macron sont contrecarrées par des mesures inverses et un matraquage d’impôts sans précédent sur les classes moyennes. Toujours au nom de la solidarité !

P.L. De manière concomitante à la dévalorisation du travail, on assiste aujourd’hui au développement d’une forme de travail sous-payé et d’une nouvelle classe sociale de « working poors » (travailleurs pauvres) dont le salaire ne leur permet pas de vivre   décemment. Est-ce que les excès du capitalisme ne sont pas tout autant responsables de la crise du travail que les politiques d’inspiration socialiste ?

E.Tschirhart : Sans entrer dans le détail, il semble que la persistance d’une nouvelle pauvreté laborieuse est le plus souvent le résultat d’un ensemble de politiques publiques. En France, on a développé le travail à temps partiel ainsi que des emplois à très faible rémunération horaire, c'est-à-dire proche du Smic, et créé les emplois instables que sont les CDD. Ce sont ces facteurs qui ont contribué à l’apparition et la persistance de la pauvreté laborieuse. Encore une fois ce n’est pas le capitalisme qui est en cause mais essentiellement les politiques de l’emploi des pouvoirs publics, dont le but est de faire artificiellement baisser le chômage. Derrière de bonnes intentions le mal qu’on croit combattre ne fait que s’amplifier.

P.L. Plusieurs des personnes que vous avez interviewées parlent de la difficulté d’être entrepreneur en France et des multiples obstacles à la création et à la pérennité des petites et moyennes entreprises. Au-delà des obstacles bureaucratiques et fiscaux, y a-t-il des raisons plus profondes à ce phénomène ?

E.Tschirhart : On peut dire que les charges sociales, les impôts mais aussi les risques encourus par les entrepreneurs sont le plus grand obstacle à l’entreprenariat. Si les salariés sont aidés par des allocations chômage, par exemple, le petit patron ne peut compter que sur lui-même. Beaucoup doivent couvrir des impayés lorsque le client s’évapore dans la nature. Cela arrive ! Beaucoup de micro-entreprises sont créées chaque année mais peu résistent au matraquage fiscal, dès lors qu’elles passent en société. Il faut donner beaucoup d’heures de travail pour vivre à peu près correctement et il en résulte un impact sur la vie de famille. Et puis l’idéologie ambiante pousse les jeunes à rêver de la sécurité de l’emploi. Devenir fonctionnaire est devenu pour certains la panacée. C’est un cercle vicieux. Notre système a fini par tuer l’audace, le désir de prendre des risques, de se dépasser, de chercher avant tout la qualité. La grandeur de l’homme peut se mesurer aussi dans l’amour du métier. J’aurais tendance à dire que l’Etat décourage le travail bien fait et le pervertit. Milton Friedman, citant de grands découvreurs écrit dans son introduction à « capitalisme et liberté » :  

À la source de leurs exploits, il y a le génie individuel, de vigoureuses convictions minoritaires et un climat favorable à la variété et à la diversité. » On peut constater que plus l’Etat est intrusif, moins il permet l’éclosion des capacités individuelles.

P.L. Un des constats qui ressort de votre livre est le rôle pervers des syndicats qui, loin de défendre les salariés, sont surtout mus par leurs intérêts particularistes et politiques et qui « roulent pour eux-mêmes ». S’agit-il d’un phénomène spécifique à la France ? Peut-on envisager une autre forme de syndicalisme, plus conforme à la vocation de défense des salariés ?

E.Tschirhart : Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les syndicats de « lutte de classe » ont perverti le rôle légitime de la défense des salariés. Cela est propre à la France plus qu’ailleurs en Europe, du moins dans la durée. C’est lié aux relations incestueuses entre les syndicats comme la CGT et les partis dont ils sont la courroie de transmission, comme le parti communiste. Aujourd’hui les syndicats ne représentent plus grand-chose en nombre d’adhérents mais ils ont du mal à se défaire de leur idéologie qui consiste à voir dans le patronat l’ennemi à abattre. Cela évolue mais trop lentement. On le voit avec les conflits actuels de la SNCF et celui d’Air France. Le résultat est simple à comprendre : nous devrons payer les pots cassés ! Le syndicalisme devrait être le partenaire de l’entreprise pour le bien de celle-ci et celui des travailleurs qui ont un intérêt commun dans la bonne marche de celle-ci.

P.L. Vous écrivez que c’est dans les pays totalitaires qu’on travaille le moins. Vous avez publié un livre intitulé « Deuxième retour de Chine ». Quel est votre expérience du totalitarisme chinois ?

E.Tschirhart : Il serait trop long ici de développer cette expérience de deux ans et demi passés en Chine pendant la révolution culturelle. Dans mon domaine, celui de l’enseignement, je peux dire que l’envoi des jeunes étudiants à la campagne (professeurs inclus) pendant cinq ans fut un gâchis épouvantable et eut des répercussions dramatiques sur la production et les compétences des « jeunes instruits » qui ne l’étaient plus du tout. La peur de mal penser était omniprésente et donc interdisait la moindre initiative de la part des individus. J’ai assisté à des réunions politiques dans l’Institut où je travaillais où les personnels, toutes catégories confondues, étaient assommés de réunions politiques organisées par le parti. Des heures prises sur le temps des cours, des heures perdues où les femmes apportaient leur tricot afin de ne pas perdre complètement leur temps. Cela s’appelait « la politique au poste de commandement » ! La production dans les usines passait au second plan, laissant le pas au catéchisme en vigueur, à savoir l’étude du petit livre rouge et les récoltes pourrissaient dans les campagnes pendant que les paysans étaient astreints aux évocations du passé ! Un passé convoqué inlassablement pour mettre en valeur les bienfaits du socialisme. Les innovations dans le secteur de la production ne pouvaient se réaliser que dans le cadre de la politique impulsée par le Parti. On a vu comment Mao avec sa lubie des hauts fourneaux dans les campagnes (pour produire de l’acier et rivaliser avec les puissances occidentales et l’Union soviétique), a déclenché une terrible famine tuant ainsi plusieurs millions de personnes. Toujours pour « servir le peuple » !

Cette expérience m’a fait comprendre que seule la liberté individuelle est créatrice de richesses et de dignité pour l’individu.

Propos recueillis par Pierre Lurçat

 

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