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Le mythe du “génocide du peuple palestinien”, Pierre Lurçat

October 29 2025, 09:30am

Posted by Pierre Lurçat

Le mythe du “génocide du peuple palestinien”, Pierre Lurçat

 

NB J'interviendrai cet après-midi au colloque de Schibboleth à Jérusalem et parlerai du "mythe du génocide à Gaza". Le colloque sera disponible en replay sur la chaîne Youtube du centre Begin en français. PL

Je publie ici un extrait de mon livre Les mythes fondateurs de l’antisionisme contemporain, consacré au mythe du “génocide du peuple palestinien”. A travers les accusations récurrentes de génocide portées contre Israël et son armée, c’est en effet le discours mythique de l’antisémitisme séculaire qui se perpétue. P.L.

 

 

La présentation constante d’Israël et de son armée comme “tuant des Palestiniens” n’est pas une simple accusation polémique. Derrière l’accusation de meurtre délibéré, de “crimes de guerre” et de “génocide”, il y a un véritable discours mythique. Lisons à ce propos les remarques éclairantes de Pierre-André Taguieff, au sujet de l’affaire Al-Dura[1] :

 

Dans la construction du sionisme comme une entreprise génocidaire, les propagandistes font feu de tout bois : après avoir transformé les Palestiniens en symboles des pauvres, des humiliés et des offensés, puis en victimes de “l’impérialisme d’Israël”, ou plus largement d’un “complot américano-sioniste”, ils leur donnent le visage de prétendus “enfants-martyrs”. C’est en effet par assimilation avec la légende du crime rituel juif “que s’est opérée l’exploitation internationale, par toutes les propagandes antisionistes, du prétendu “assassinat par l’armée israélienne du jeune Palestinien Mohammed Al-Dura”.

 

Cette analyse relie de manière très significative l’affaire du petit Mohammed Al-Dura à l’accusation séculaire du “crime rituel”, qui est une des thématiques les plus anciennes de l’antisémitisme. La propagande contemporaine n’a en l’occurrence rien inventé : elle ne fait que recycler constamment des thèmes anciens, qu’elle puise dans l’imaginaire collectif et dans l’arsenal de la propagande antisémite, développé au cours des siècles.

 

Ajoutons qu’on ne saurait comprendre l’acharnement avec lequel les médias français et occidentaux présentent chaque Palestinien tué dans un “affrontement” (le plus souvent alors qu’il était lui-même l’assaillant) comme une “victime innocente”, si on ne tient pas compte de ce ‘subtexte’, ou fondement sous-jacent - conscient ou non - du mythe du crime rituel, à travers le prisme duquel le conflit israélo-arabe est constamment présenté. Ce mythe ancien est apparemment resté présent dans l’inconscient collectif occidental. C’est en faisant cette hypothèse et en gardant à l’esprit ces remarques préliminaires, que nous allons analyser le mythe du “génocide du peuple palestinien”. (...)

 

La filiation historique entre l’antisionisme et l’antijudaïsme

 

En réalité, ce mécanisme d’inversion permanent consistant à vouloir détruire l’adversaire tout en l’accusant de ses propres intentions n’a rien de nouveau. L’historien Georges Bensoussan écrit à ce propos que “tout discours meurtrier impute en effet à sa victime le dessein qu’il nourrit à son endroit[2]”. Pierre André Taguieff analyse également ce mécanisme, auquel il a donné le nom, que nous lui empruntons, d’inversion victimaire, dans ses “trois grands moments historiques”[3] : celui de l’antijudaïsme antique et médiéval, celui de l’antisémitisme moderne, et enfin celui de l’antisionisme contemporain. Cette perspective historique plus large nous permet de comprendre comment le mythe du “génocide du peuple palestinien” s’inscrit dans le droit fil de l’accusation de crime rituel, qu’il reprend à son compte et auquel il donne des formes nouvelles.

 

Un élément essentiel à la compréhension du mythe du génocide et des autres mythes de l’antisionisme contemporain est en effet celui de la filiation historique qui relie ce dernier à l’antisémitisme moderne et à l’antijudaïsme de l’Antiquité et du Moyen-Âge. Ce n’est pas par hasard que les analyses les plus éclairantes de l’antisionisme contemporain ont été faites par des historiens, comme Pierre-André Taguieff, souvent cité dans le cadre de notre ouvrage, et l’historien de l’antisémitisme Léon Poliakov, dont il poursuit les travaux. Un exemple récent nous est donné par le discours de Mahmoud Abbas en décembre 2019, dans lequel il a accusé Israël d’être responsable de la diffusion de drogues au sein de la société palestinienne[4]. En juin 2016, Abbas avait déjà accusé Israël d’empoisonner les puits et l’eau potable bue par les Palestiniens[5].

 

 
Le mythe du “génocide du peuple palestinien”, Pierre Lurçat

Cette accusation était de toute évidence la remise au goût du jour d’un thème antisémite ancien, largement répandu au Moyen-Age. La légende des “Juifs empoisonneurs” réapparaît ensuite au 16e siècle, sous la plume de Martin Luther, qui affirmait que “si les Juifs pouvaient nous tuer tous, ils le feraient volontiers, certes, spécialement ceux qui exercent la médecine[6]. Plus tard, cette accusation revient sur le devant de la scène à l’époque contemporaine, lors de la tristement célèbre affaire du “complot des Blouses blanches”, orchestré par Staline en janvier 1953. Plus récemment encore, l’accusation d’empoisonnement est formulée à l’encontre d’Israël, lors du décès de Yasser Arafat en novembre 2004, dans un hôpital français.

 

Cet exemple - parmi beaucoup d’autres - permet de comprendre comment fonctionne le discours antisioniste, et plus précisément comment il s’alimente à la source de l’antijudaïsme antique et de l’antisémitisme moderne. Il le fait en puisant dans l’éventail de stéréotypes négatifs concernant les Juifs, qui s’est constitué depuis des siècles. Le discours antisioniste radical, comme le discours antisémite “classique”, fait feu de tout bois : il puise indistinctement dans les accusations antijuives d’origine religieuse, chrétienne notamment. Citons encore Taguieff : “La sécularisation des accusations contre les Juifs, à l’exception de celle de déicide, n’a nullement interrompu, à partir du 18e siècle, le processus de transmission de leurs formes religieuses”[7].

 

De même, pourrait-on dire en extrapolant cette remarque, la sécularisation des accusations contre Israël dans l’antisionisme contemporain n’a pas interrompu le processus de transmission de thèmes antijuifs anciens, comme on le voit dans le discours d’un Mahmoud Abbas accusant Israël (et les rabbins) d’empoisonner les puits des Palestiniens.

 

(Extrait de P. Lurçat, Les Mythes fondateurs de l’antisionisme contemporain, éditions l’éléphant 2021. En vente sur Amazon).

Les mythes fondateurs de l’antisionisme contemporain – Éditions L’éléphant

 

 

[1] La Judéophobie des Modernes, op. cit. p. 300. Le 30 septembre 2000, la chaîne France 2 diffusait des images d’un échange de tirs au carrefour Netsarim, dans la bande de Gaza. Le correspondant Charles Enderlin affirmait que le jeune Mohammed Al-Dura avait été tué par des tirs israéliens. Cette affirmation qui ne reposait sur aucun élément incontestable donna lieu à des accusations contre Tsahal d’avoir délibérément tué Al-Dura. 

[2] In “Antisémitisme et négationnisme dans le monde musulman”, Revue d’histoire de la Shoah no. 180, janv-juin 2004. p. 12.

[3] Pierre-André Taguieff, « Un exemple d’inversion victimaire : l’accusation de meurtre rituel et ses formes dérivées », Argumentation et Analyse du Discours [En ligne] 18/10/2019. http://journals.openedition.org/aad/3500

[4]Abbas accuse Israël d'être à l'origine de la corruption chez les Palestiniens”, i24news.tv, 20/12/2019

https://www.i24news.tv/fr/actu/international/moyen-orient/1576834118-abbas-accuse-israel-d-etre-a-l-origine-de-la-corruption-chez-les-palestiniens

[6] Trachtenberg, Joshua. 1983 [1943]. The Devil and the Jews : The Medieval Conception of the Jew and Its Relation to Modern Antisemitism (New Haven : Yale U. P.) Cité par Taguieff 2019.

[7] Pierre-André Taguieff, « Un exemple d’inversion victimaire : l’accusation de meurtre rituel et ses formes dérivées », 2019 https://journals.openedition.org/aad/3500#bodyftn11

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Dans la bibliothèque de mon père (VI) : Vassili Grossman et le secret de l’âme russe. A propos de Vie et Destin

October 20 2025, 07:46am

Posted by Pierre Lurçat

Vassili Grossman correspondant de guerre

Vassili Grossman correspondant de guerre

A la mémoire de mon père

Niftar le 28 Tichri 5773

« Sérioja, qui, toute sa vie, avait vécu dans un milieu d’intellectuels, se rendait compte maintenant que sa grand-mère avait raison quand elle affirmait que les gens simples, les ouvriers étaient des gens bien ».

 

 

Dans la présentation de son dernier livre, De la science à l’ignorance, publié en 2003, mon père explicitait le fil conducteur de sa réflexion comme étant celui de la “science et [du] totalitarisme”. Il y indiquait l’idée la plus dangereuse à ses yeux, à laquelle ont conduit les sciences contemporaines : celle de la négation de l’humain, défendue par des biologistes comme par des physiciens. Et il reliait explicitement cette conception à celle des nazis, en citant un passage du grand livre de Vassili Grossman, Vie et Destin, celui où l’écrivain soviétique décrit l’arrivée des prisonniers juifs à Auschwitz et leurs derniers instants dans les chambres à gaz.

 

            J’ai déjà mentionné dans ces colonnes une phrase de Vie et Destin, qui relie précisément le thème de la science à celui du totalitarisme : “Le siècle d’Einstein et de Planck était aussi le siècle d’Hitler… Il y a une ressemblance hideuse entre les principes du fascisme et les principes de la physique moderne”. En y repensant aujourd’hui, je me dis que ce “fil conducteur” n’était pas seulement celui du dernier livre de mon père, mais également celui de toute la réflexion menée pendant plusieurs décennies de sa vie adulte, depuis qu’il s’était éloigné du communisme (dans des circonstances qu’il faudrait un jour raconter) et qu’il avait entamé progressivement sa réflexion philosophique et sa critique de la science, à laquelle il allait consacrer le restant de sa vie.

 

            Or, ce fil conducteur est justement un élément important dans le grand roman de Vassili Grossman, où il apparait à travers la figure du physicien Strum. Personnage principal du roman, Victor Pavlovitch Strum est sans doute l’alter ego de Grossman lui-même. C’est d’ailleurs un des aspects les plus intéressants du roman, dans lequel Vassili Grossman a mis beaucoup de lui-même, de ses déconvenues et de ses réflexions concernant l’histoire de l’URSS et la nature de son régime politique…

 

A l’époque où mon père me parlait de Vie et destin, je n’avais pas lu le grand roman et ce n’est que bien plus tard, des années après le décès de mon père, que je l’ai découvert. Je n’ai pas de souvenir précis de ce que mon père m’en disait, dans ses lettres ou dans nos conversations de vive voix, et je n’ai pas non plus conservé l’exemplaire du livre annoté de sa main, ni en français, ni en russe. Il ne me reste donc qu’à tenter de comprendre par moi-même, en lisant et en relisant le livre de Vassili Grossman, les raisons multiples pour lesquelles mon père l’affectionnait tellement.

 

Un séjour à Moscou en 1937

 

            Le thème principal tout d’abord : mon père était né en 1927, et était donc adolescent pendant la guerre. Certains des événements décrits dans Vie et destin étaient donc pour lui un élément du grand puzzle de sa propre existence, et pas seulement une page d’histoire, tragique et héroïque… Il avait sans doute gardé des souvenirs – même imprécis et fragmentaires – du siège de Stalingrad, ou des autres épisodes de la “grande guerre patriotique” décrits dans le roman de Grossman. Mais ces événements et les personnages du livre n’éveillaient pas seulement en lui les souvenirs de la période de la guerre, qui avait marqué son adolescence (mon grand-père avait été interné pour faits de résistance). Ils suscitaient aussi de toute évidence d’autres souvenirs plus anciens, datant de son séjour à Moscou dans les années 1930, où il avait accompagné ses parents.

 

André Lurçat, mon grand-père, avait été invité à Moscou en 1934, en tant qu’architecte sympathisant du parti communiste et son séjour avait duré trois ans, jusqu’en 1937. Pour mon père, ces années moscovites furent une expérience enrichissante, dont il garda le souvenir toute sa vie durant. Il les a relatées dans un texte que j’ai publié dans ces colonnes, où il évoque avec humour et émotion ces trois années pleines de découvertes. Pour l’enfant de la bourgeoisie intellectuelle parisienne, ce séjour moscovite fut l’occasion inespérée de sortir du cocon d’une enfance choyée et d’apprendre bien des choses sur la vie… Même s’il ignorait tout, étant âgé de 7 à 10 ans, du contexte politique plus vaste et ne pouvait soupçonner tout l’arrière-plan tragique de ses aventures d’enfant parisien exilé à Moscou.

 

L’envers du décor soviétique et la bêtise des intellectuels

 

            Ce n’est que bien plus tard, ayant entretemps épousé ma mère et découvert à la fois les horreurs du communisme et “l’aspect juif” des fréquentations de ses parents à Moscou, que mon père entrevit pleinement l’envers du décor de ce séjour en Union soviétique. Lorsqu’il lut les Entretiens avec Anna Akhmatova de Lydia Tchoukovskaïa, mon père découvrit ainsi que l’auteur du livre sur les rayons X pour lequel il s’était passionné lors de son séjour à Moscou était un physicien juif, Matvei Bronstein, qui sera fusillé en 1937 (l’année où mon père rentra à Paris).  “Merci, Mitia Bronstein, d’avoir écrit ces livres généreux. Merci, Lydia Tchoukovskaïa, d’avoir préparé le manuscrit avec tant de compétence, d’avoir (j’imagine) corrigé les épreuves avec tant de soin : il me semble bien qu’il n’y a aucune faute. Et veuillez nous pardonner notre bêtise, vous deux et tant d’autres”.

 

            Dans ces lignes écrites par mon père à plusieurs décennies de distance (sans doute dans les années 1970), je trouve une des clés de son attachement pour Vassili Grossman : celle de la “bêtise” des intellectuels qui furent un temps séduits par le communisme, comme lui, avant d’en comprendre toute l’horreur et les crimes. Il ne fait aucun doute à mes yeux que mon père s’identifia dans une certaine mesure au personnage de Strum, physicien communiste qui prend progressivement conscience de l’horreur du régime soviétique (et qui est, comme je l’ai dit, l’alter ego de Grossman lui-même).

 

            Mais il serait réducteur d’expliquer l’affection particulière que mon père vouait à Vie et destin par ces seuls aspects politiques, aussi importants soient-ils. Car le roman de Vassili Grossman est d’une telle richesse qu’il l’avait de toute évidence séduit pour d’autres raisons également. La langue tout d’abord : mon père l’avait lu en russe (ainsi qu’en français) et c’était un des rares livres – aux côtés de recueils de poésie et d’ouvrages de physique – qu’il lisait dans cette langue apprise dans l’enfance. Je ne reprendrai pas à mon compte le poncif qui veut que la traduction n’égale jamais l’original, car je sais bien que certains traducteurs sont aussi doués que les écrivains qu’ils traduisent (voir dans ces colonnes l’exemple de Madeleine Neige, traductrice de David Shahar). Mais j’imagine le plaisir tout particulier que mon père trouvait, alors qu’il était un adulte déjà avancé dans la vie, à retrouver sous la plume de Grossman la langue russe qu’il avait chérie étant enfant.

 

Le petit peuple russe et la beauté de la vie militaire

 

            Un autre élément, qui découle de celui-ci, fut sans doute la redécouverte de cette “âme russe” à laquelle mon père avait goûté étant enfant à Moscou, et aussi de ce petit peuple qui est un des “héros” du livre de Grossman. “Sérioja, qui, toute sa vie, avait vécu dans un milieu d’intellectuels, se rendait compte maintenant que sa grand-mère avait raison quand elle affirmait que les gens simples, les ouvriers étaient des gens bien”. Ces phrases tirées de Vie et destin parlaient sans doute à mon père, qui avait grandi dans une famille d’intellectuels et d’artistes, avait étudié à l’école normale supérieure et fait toute sa carrière professionnelle au CNRS, mais dont un des meilleurs amis de jeunesse était un paysan viticulteur, à qui il rendait visite régulièrement en ramenant à chaque visite des pots de miel de plusieurs kilos.

 

            Dans Vie et destin, ces gens simples dont la grand-mère de Sérioja loue les qualités morales sont des ouvriers et simples soldats. A travers la description qu’en donne Grossman transparaît un autre thème important, auquel mon père avait sans doute été sensible : celui de la camaraderie masculine, qui est un aspect important de la vie militaire. Mon père l’évoquait parfois lorsqu’il me parlait de son service militaire dans les Transmissions, en France et en Allemagne. Pour en donner une idée, tirée de la plume d’un auteur bien différent, je citerai ces lignes de Vladimir Jabotinsky : “En vérité, seule la guerre est laide. La vie militaire, en tant que telle, possède de nombreux très beaux aspects, pour lesquels on éprouve généralement de la nostalgie, sans être hélas capables de les réaliser entièrement. Il y a tout d’abord, la camaraderie des soldats, la simplicité spartiate, l’égalité entre les riches et les pauvres[1].

 

            Cette beauté de la vie militaire, qui contraste avec la laideur de la guerre, apparaît à de nombreux endroits du roman de Grossman, tout comme l’égalité entre riches et pauvres mentionnée par Jabotinsky. Mon père, qui avait connu la camaraderie des soldats, la simplicité spartiate de la vie militaire et l’égalité entre riches et pauvres (thème auquel il n’était pas moins sensible que Jabotinsky), avait sans nul doute retrouvé dans la lecture de Vie et destin ces éléments de la vie soviétique qu’il avait connue à Moscou, étant enfant. Ainsi, la lecture du grand roman de Vassili Grossman lui permit de retrouver à la fois – de manière paradoxale – la beauté de cette âme russe qui subsistait dans l’Union soviétique où il avait vécu pendant la pire période du stalinisme triomphant, et la séduction mensongère du communisme auquel il avait adhéré bien plus tard, avant d’en comprendre les dangers et les crimes.

Pierre Lurçat

 

 

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[1] Extrait de “Militarisme”, article publié originellement en yiddish dans le Haynt, Varsovie, 25 janvier 1929. Traduction depuis la version en hébreu publiée par Y. Nedava.

François Lurçat z.l. (1927-2012)

François Lurçat z.l. (1927-2012)

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Le “jugement de Gaza” ou la victoire métaphysique d’Israël - Pierre Lurçat

October 16 2025, 10:58am

Posted by Pierre Lurcat

Le “jugement de Gaza” ou la victoire métaphysique d’Israël - Pierre Lurçat

 

Comme l’écrivait Emmanuel Shiloh dans les colonnes de Besheva le mois dernier, “L’année 5786 sera celle du jugement de Gaza… Si nous n’asséchons pas jusqu’au bout le marécage empoisonné de Gaza, il continuera d’engendrer de nombreux moustiques agressifs et dangereux. Si ceux qui ont commis à notre encontre le massacre terrible du 7-Octobre parviennent à rester debout au terme de deux ans de guerre, cela sera un signe pour tous ceux qui nous veulent du mal de préparer le prochain massacre. Gaza, qui a amené sur Israël la plus grande catastrophe de son histoire, doit devenir un exemple, un avertissement de la fin attendue pour tous ceux qui fomentent de nous attaquer et de nous anéantir”. Oui, tout comme Carthage selon les mots de Caton l’ancien, « Delenda est Gaza », Gaza doit être détruite, pour que nos ennemis sachent à quoi s’en tenir à l’avenir s’ils s’avisaient de réitérer leurs crimes !

La guerre terrible déclenchée par le Hamas il y a deux ans signifie aussi, comme l’a observé le rabbin Oury Cherki, l’irruption d’un événement biblique en pleine modernité. C’est d’ailleurs l’une des raisons de l’incompréhension fondamentale d’une partie des “élites” occidentales envers la politique israélienne depuis le 7-Octobre : Israël se bat non seulement pour gagner la guerre, mais aussi pour réintroduire dans la vie politique internationale des normes morales, qui en sont aujourd’hui largement absentes. Israël affronte en effet “l’axe du mal”, et cette expression n’est nullement une figure de style ou une métaphore.

Elle désigne très exactement ceux qui voient en Israël un ennemi à éradiquer et qui – de Gaza à Téhéran et du Yémen au Liban – tentent par tous les moyens de mettre à exécution leurs sinistres desseins. Face à cet axe du mal, et face au Mal absolu incarné par le Hamas et ses alliés, Israël représente le Bien absolu et le phare d’une humanité qui doute d’elle-même et de ses valeurs. C’est pourquoi la victoire d’Israël ne sera pas seulement une victoire militaire et stratégique, qui est déjà en passe de remodeler la région tout entière.

Une victoire métaphysique

Cette victoire sera également une victoire morale et spirituelle, et pour ainsi dire métaphysique : victoire du judaïsme, qui éclaire et embellit notre monde, sur les barbares de l’islam le plus rétrograde, victoire du peuple qui sanctifie la vie contre ceux qui sanctifient la mort, victoire de l’esprit et du D.ieu d’Israël contre le “Dieu” maléfique de ceux qui s’en sont pris de manière abominable au peuple Juif, porteur de l’Alliance et de la Parole divine. La victoire d’Israël contre le Hamas et ses alliés inaugurera peut-être, comme je l’espère avec beaucoup d’autres, une nouvelle ère dans l’histoire de l’humanité.

Elle pourrait ainsi signifier que la voix d’Israël – porteuse du message biblique et du Décalogue tellement bafoué au cours des siècles – serait désormais à même d’être mieux écoutée et d’être entendue… L’instauration d’un véritable sanctuaire et d’une sécurité authentique pour les Juifs sur leur terre retrouvée serait ainsi concomitante du retour de la Parole divine – et de la parole en général – dans un monde soumis au règne mensonger de l’image, comme l’explique bien Jacques Dewitte dans sa belle préface à ce livre.

Alors que le monde entre dans l’année 5786 du calendrier juif, souhaitons que cette nouvelle année soit celle de la victoire d’Israël sur ses ennemis et du rétablissement de la souveraineté israélienne sur tout l’espace compris entre la Mer Méditerranée et le Jourdain (qui ne représente qu’une des deux rives de la Palestine mandataire historique, promise aux seuls Juifs par la Déclaration Balfour), prélude à la reconstruction du Temple de Jérusalem, qui sera une bénédiction pour tous les peuples de la terre. Jusqu’à la victoire, Ad Hanitsa’hon !

Jérusalem, octobre 2025/Tichri 5786

 

Extrait de mon nouveau livre Jusqu’à la victoire ! La plus longue guerre d’Israël - Chroniques 2023-2025, qui vient de paraître aux éditions l’éléphant. Préface de Jacques Dewitte. Disponible pour l’instant sur Amazon uniquement.

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 Avec ce livre, Pierre Lurçat a véritablement cherché à « penser l’événement » : face à la réalité nouvelle du 7 octobre, mettre en question plusieurs notions héritées qui en entravent la compréhension et empêchent d’y faire face, mettre en place un nouvel appareil intellectuel et spirituel” 

Jacques Dewitte 

 

Le “jugement de Gaza” ou la victoire métaphysique d’Israël - Pierre Lurçat

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Mitterrand-Bousquet : Le théâtre du mensonge et de l’oubli de Robert Badinter, Pierre Lurçat

October 9 2025, 12:40pm

Posted by Pierre Lurçat

NB Je republie cet article à l'occasion de la "panthéonisation" de Robert Badinter. Quoi que l'on pense de l'abolition et des autres domaines de son action, l'affaire du Vel d'Hiv relatée ci-dessous restera à mes yeux une tache indélébile sur la statue du grand homme, ce qui ne justifie évidemment pas l'acte imbécile des profanateurs de sa tombe. J'invite mes lecteurs à écouter l'excellente interview de Michel Onfray qui évoque lui aussi le Vel d'Hiv. Merci M. Onfray de votre lucidité et de votre courage! P.L.

 

A l’âge canonique de 93 ans, Robert Badinter fait de nouveau parler de lui ces jours-ci. Infatigable, il vient de publier un recueil de théâtre, incluant une pièce intitulée “Cellule 107”, dans laquelle il imagine un dialogue entre Pierre Laval et René Bousquet, l’organisateur de la rafle du Vel d’Hiv. “Robert Badinter fait parler des fantômes”, écrit l’Express, donnant la parole à l’ancien garde des Sceaux, qui déclare que “le théâtre est une leçon d’humilité”... J’ai vainement cherché dans les nombreux échos médiatiques de “Cellule 107” la trace d’une quelconque humilité, et surtout celle d’un autre fantôme, que Robert Badinter semble avoir enterré dans l’oubli le plus total… Celui de François Mitterrand, qui fut à la fois - à des époques différentes - l’ami de Badinter et celui de Bousquet.

 

J’ai déjà raconté, il y a quelque temps, comment le “cri de colère” de Badinter contre l’antisémitisme m’avait remémoré un autre “cri de colère” de Robert Badinter, auquel j’avais assisté en première ligne. 

 

Le “cri de colère” de Robert Badinter contre les Juifs

 

C’était en juillet 1992. J’étais alors un jeune Juif de 25 ans, et je dirigeais le mouvement des étudiants sionistes Tagar, tout en préparant mon alyah. Ce jour-là, nous étions venus au Vel d’Hiv, lieu de sinistre mémoire, pour interpeller le président de la République, François Mitterrand. Nous avions distribué un tract, en pointant l’ambiguïté de la position de Mitterrand vis-à-vis du régime de Vichy et son refus de reconnaître la responsabilité de l’État français (et, accessoirement, de mettre fin à la tradition de dépôt d’une gerbe sur la tombe du maréchal Pétain, à l’île d’Yeu). A nos yeux, comme à ceux des anciens déportés et survivants de la Shoah qui étaient venus se recueillir en ce lieu symbolique, il était scandaleux que le président de la République puisse venir au Vel d’Hiv dans ces conditions.

 

Quand François Mitterrand est arrivé sur les lieux, il a été accueilli par des huées, des sifflets et des cris : “Mitterrand à Vichy!”. Robert Badinter, le visage contorsionné par un rictus de haine, a alors prononcé un discours d’une extrême violence, tout entier dirigé contre… les militants juifs, qui lui avaient “fait honte”! A la sortie de la manifestation, j’ai été interpellé par deux policiers en civil, et j’ai passé la  nuit au poste, accusé “d’insulte au président de l’État”. Si je relate aujourd’hui ce souvenir, c’est parce qu’il me semble significatif de cette période de l’histoire de France et des Juifs en France, et qu’il est important de ne pas déformer la mémoire de cette période.

 

Au-delà de la personne de Robert Badinter, qui n’importe guère, c’est en effet le bilan d’une époque historique et d’une politique qui sont en jeu. Les années Mitterrand resteront, dans l’histoire des Juifs de France comme dans l’histoire française en général, celles d’une grande confusion morale et politique. Celui qui a su s’entourer de nombreux ministres et amis juifs était resté également fidèle à ses amitiés de jeunesse, tissées à l’époque du régime de Vichy, ayant “conservé sa sympathie à René Bousquet”, comme il l’avoua sans honte à Pierre Péan (1). Or, si le procès de Vichy a depuis longtemps été fait en France, notamment grâce aux efforts incessants des époux Klarsfeld et des FFDJF, mais aussi d’autres militants juifs de la mémoire, il reste à écrire l’histoire d’une période cruciale pour comprendre le déclin de la France (et celui de la communauté juive française).

 

Robert Badinter et François Mitterrand 

 

Beaucoup des éléments essentiels de ce déclin se sont mis en place pendant les années Mitterrand. Ainsi, le “Nouvel antisémitisme”, apparu sur le devant de la scène publique lors de “l’Intifada des banlieues”, au début des années 2000, a été décrit dans deux livres importants : La nouvelle judéophobie, de Pierre-André Taguieff, et Les territoires perdus de la République de Georges Bensoussan. Si l’on prend la peine de relire les témoignages de professeurs réunis par ce dernier, on constatera que les phénomènes qu’ils décrivent sont apparus au début des années 1990, pendant le deuxième mandat de François Mitterrand. C’est en effet à cette époque - celle de SOS Racisme et de l’idéologie antiraciste triomphante - qu’a émergé cette configuration monstrueuse qu’Alain Finkielkraut devait décrire, bien plus tard, comme un “antiracisme antisémite”. 

 

Pour comprendre comment la France est devenue ce qu’elle est aujourd’hui, pour comprendre l’assassinat de Sarah Halimi et l’attitude de la justice française à son égard (justice dont Badinter prétend aujourd’hui qu’elle est “incorruptible”...), pour comprendre comment l’antisémitisme a pu ressurgir avec une telle intensité et une telle violence, il faut aussi se rappeler qui était vraiment François Mitterrand, l’ami fidèle de René Bousquet, qui s’est entouré de Juifs et d’anciens vichyssois. Car c’est dans la confusion morale et politique des années Mitterrand qu’est né le Nouvel antisémitisme actuel.



 

Le “Nouvel antisémitisme”, fruit tardif des années Mitterrand

 

Et Robert Badinter? Il a crié sa honte face aux militants juifs de la mémoire, mais il n’a jamais eu honte des fréquentations de Mitterrand, de la francisque et de la gerbe déposée chaque année à l’île d’Yeu, sur la tombe du maréchal Pétain. Au contraire, il s’est obstiné jusqu’à tout récemment à nier l’évidence  - l’amitié entre Mitterrand et Bousquet - pour sauver le souvenir de sa propre amitié avec François Mitterrand (2). Il n’est pas le seul dans ce cas : la plupart des “Juifs de cour” qui entouraient Mitterrand ont, à des degrés divers, préféré sauver le souvenir de leur amitié et ne pas se dédire, plutôt que d’affronter leurs erreurs et celles de leur mentor et ami. Je ne citerai pas leurs noms, connus de tous. Mais leur responsabilité est grande, face à l’histoire du judaïsme français et face à son inquiétante situation actuelle. 

 

 

Dans un petit livre tiré d’une émission de télévision intitulé Mitterrand à Vichy, Serge Moati donne ainsi la parole à Pierre Moscovici, qui rappelle l’ostracisme dont il a été victime au Parti socialiste, après avoir dit son écoeurement en apprenant les révélations du passé vichyssois de Mitterrand. Robert Badinter, de son côté, fait la promotion de son nouveau livre, en évitant soigneusement de mentionner le nom de son ancien mentor, celui qui fut “l’ami” des Juifs de Cour tout en gardant intacte jusqu’à son dernier jour son amitié à René Bousquet, l’ordonnateur de la grande Rafle du Vel d’Hiv. L’ancien garde des Sceaux cultive ainsi un oubli bien utile, en prétendant faire “oeuvre de mémoire”... La mémoire de M. Badinter est, en l’occurrence, très sélective.

Pierre Lurçat

 

(1) Auteur du livre qui déclencha le scandale, Une jeunesse française, paru chez Fayard en 1994.

(2) Voir “François Mitterrand n’entretenait pas de relation avec Bousquet à Vichy”, interview donnée au journal Le Monde 11.5.2011 https://www.lemonde.fr/idees/article/2011/05/05/robert-badinter-il-n-entretenait-pas-de-relations-avec-bousquet-a-vichy_1517403_3232.html




 

Mitterrand (à droite) et le maréchal Pétain, octobre 1942

 

 

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PARUTION DU LIVRE : “JUSQU’A LA VICTOIRE!” La plus longue guerre d’Israël - Chroniques 2023-2025

October 6 2025, 09:11am

Posted by Pierre Lurçat

PARUTION DU LIVRE : “JUSQU’A LA VICTOIRE!” La plus longue guerre d’Israël - Chroniques 2023-2025
Chers amis, 
 
J'ai le plaisir de vous annoncer la parution de mon nouveau livre,
 
Hag Saméakh!
 
 
 

Avec ses chroniques et avec ce livre, Pierre Lurçat a véritablement cherché à « penser l’événement » : face à la réalité nouvelle du 7 octobre, mettre en question plusieurs notions héritées qui en entravent la compréhension et empêchent d’y faire face, mettre en place un nouvel appareil intellectuel et spirituel” 

Jacques Dewitte


La plus juste des guerres imposées à Israël par ses ennemis est aussi la plus longue et la plus difficile. Ces chroniques, parues entre octobre 2023 et septembre 2025, tentent de refléter aussi fidèlement que possible l'état d'esprit et l'opinion publique d'Israël, tant dans ses divisions que dans l'unité fondamentale de l'après 7-Octobre. Elles n'éludent aucune question: ni celle des responsabilités du terrible échec du 7-Octobre, ni celle de la folie auto-accusatrice du camp "Tout sauf Bibi", qui sape les fondements de l'unité nationale retrouvée dans le sang et les larmes. Mais elles expriment surtout l'optimisme et la vitalité incroyables d'une société qui sait pourquoi elle combat et qui est prête à payer le prix de sa survie et de sa victoire nécessaire. Cette combativité que bien des pays occidentaux lui envient est le secret de sa résilience. 

 

Préface de Jacques Dewitte.


Disponible sur Amazon et bientôt dans toutes les bonnes librairies!
 

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Éditeur ‏ : ‎ L'éléphant/B.O.D

Date de publication ‏ : ‎ 3 octobre 2025

Langue ‏ : ‎ Français

Nombre de pages de l'édition imprimée  ‏ : ‎ 382 pages

ISBN-10 ‏ : ‎ 2322637564

ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2322637560

Poids de l'article ‏ : ‎ 649 g

Dimensions ‏ : ‎ 15.24 x 2.21 x 22.86 cm


 

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