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L’État d’Israël est le fruit de la foi messianique, Réponse à S. Avineri - David Ben Gourion

April 29 2025, 13:02pm

Posted by Pierre Lurçat

L’État d’Israël est le fruit de la foi messianique, Réponse à S. Avineri -  David Ben Gourion

Le texte ci-dessous est paru dans la revue Midstream en mars 1966. David Ben Gourion y répondait à un article du professeur Shlomo Avineri, paru dans la même revue, qui l’accusait d’avoir développé un messianisme politique aussi dangereux que celui des dirigeants de la Révolution française. L’intégralité du texte de Ben Gourion figure dans le dernier volume que j’ai récemment publié dans la Bibliothèque sioniste, intitulé En faveur du messianisme, l’Etat d’Israël et l’avenir du peuple Juif. Hag Hatsmaout Saméakh! P. Lurçat

(...) M. Avineri prétend dévoiler le grave danger que recèlerait le messianisme : “Un mouvement messianiste qui parvient au pouvoir, transforme son aspiration à créer de nouveaux horizons moraux en celle de protéger la structure de son pouvoir. Il n’est donc pas étonnant que, après la création de l’État, en 1948, Ben Gourion ait subi un changement tout à fait essentiel”.

            Quelles sont les catastrophes qui se sont déroulées en 1948 ? L’État juif est né ; l’armée de Défense d’Israël a été créée. Les armées arabes, qui avaient envahi le pays dans le but de détruire le jeune État, ont été repoussées et vaincues. Immédiatement après la Guerre d’Indépendance, des élections démocratiques se sont tenues ; un parlement juif a été élu et un gouvernement juif stable a été constitué – pour la première fois dans l’histoire du peuple Juif. Des nouveaux immigrants venus du Yémen et d’Irak, des rescapés des camps allemands, des Juifs du Maroc, de Tunisie, de Pologne, d’Iran et d’Inde sont venus en Israël, et la population juive du nouvel État a doublé en l’espace de quatre ans. L’éducation obligatoire et gratuite a été instaurée pour tous les enfants de six à quatorze ans. Si tout cela découle du “messianisme arrivé au pouvoir”, alors cela veut dire qu’il nous rend de grands services. Je suis disposé à avouer ma culpabilité pour ces “fautes”, même si je ne réclame pas le crédit pour tout cela, car je suis intimement persuadé que l’histoire est la réussite collective des meilleurs représentants de chaque génération. S’il existe une seule chose pour laquelle mon mérite personnel est plus grand que celui des autres citoyens d’Israël, c’est bien l’organisation de l’armée et la formation de son caractère, en tant que bras exécutif des organes officiels élus, à la différence des armées arabes voisines. Mais sans État juif démocratique, et sans aspiration à un État démocratique, je n’aurais pas pu fonder une telle armée.

M. Avineri ne se contente pas de dénoncer ce “messianisme” dangereux. Dans son article, il cite aussi de soi-disant faits, qui s’avèrent inexacts et qui lui sont sans doute parvenus du groupe “Min ha-Yesod[1]” dont il fait partie, créé il y a cinq ans par le cercle des partisans de M. Lavon. [...]

            Du fait que M. Avineri a donné à son article stupéfiant le titre de “la Vengeance du messianisme”, je me sens obligé d’expliquer aux sionistes américains (qui éditent la revue Midstream), quelle est ma position véritable sur la question de la foi messianique. Je suis persuadé que la foi messianique qui a existé au sein du peuple Juif durant des millénaires est une des forces principales qui ont servi à maintenir le peuple Juif en vie, au cours de ses pérégrinations et de ses malheurs, et qu’elle a aussi été un facteur important dans le retour à Sion au cours des dernières générations, lequel a lui-même déclenché la renaissance de l’État d’Israël.

            La vision messianique représente à mes yeux la vision des prophètes concernant la rédemption du peuple Juif. Ces prophètes ont élaboré une conception morale de l’histoire, qui n’a pas d’équivalent dans la littérature mondiale, ni avant eux, ni après. Les prophètes d’Israël ont déchiffré la signification la plus profonde du processus de l’histoire humaine, comme nul ne l’avait fait avant eux. La justice, la vérité et la paix étaient à leurs yeux les valeurs les plus élevées et les plus sacrées. Ils ont refusé de se prosterner devant les idoles d’argent et d’or, et se sont vivement opposés, avec toute leur vigueur prophétique, à l’exploitation des pauvres et à l’oppression des êtres humains. Aucune nation ne portera l’épée contre une autre, ont-ils affirmé, et nul n’apprendra plus l’art de la guerre. Ils ont entrevu un avenir dans lequel les hommes ne commettraient plus aucune faute, et la rédemption d’Israël faisait partie intégrante de leur conception du monde messianique. Ils ont exigé – à juste titre – que leur peuple devienne meilleur, et ils ont prophétisé que notre peuple deviendrait la lumière des nations. La crainte exprimée par le professeur Talmon et par ses disciples que la foi messianique conduise à la tyrannie ou à la dictature provient d’une lecture erronée et trompeuse de l’histoire. La Révolution française a été une bénédiction pour l’humanité. En l’absence de foi messianique, les trois dernières générations de notre peuple n’auraient pas pu accomplir ce qu’elles ont fait.

            L’État d’Israël est le fruit de la foi messianique, mais il est encore à ses débuts. Le temps n’est pas encore venu de nous reposer et de profiter de ses accomplissements. Nous avons besoin de cette foi afin de poursuivre notre combat.

 


[1] Min ha-Yesod (“depuis le fondement”) est un club de réflexion créé en 1962 au sein du parti travailliste par des opposants à Ben Gourion, à la suite de l’affaire Lavon.

 

Pierre Lurçat nous fait découvrir une facette méconnue du fondateur de l’Etat d’Israël

 

Antoine Mercier, Mosaïque

 

Le passionnant texte de Ben Gourion a presque 70 ans, mais les questions qu’il pose sont toujours d’actualité et ses réponses donnent encore à réfléchir.

Liliane Messika, Mabatim


D. Ben Gourion, En faveur du messianisme, L’Etat d’Israël et l’avenir du peuple Juif. La bibliothèque sioniste, éditions l’éléphant 2024. 99 p. 12,66 EUR. Disponible sur Amazon, B.O.D. et sur commande en librairie.

 

L’État d’Israël est le fruit de la foi messianique, Réponse à S. Avineri -  David Ben Gourion

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L'histoire occultée de la révolte du ghetto de Varsovie

April 17 2025, 06:39am

Posted by Moshe Arens

Jeunes du Betar, Varsovie 1938

Jeunes du Betar, Varsovie 1938

 

La révolte du ghetto de Varsovie est devenue, à juste titre, le symbole de la résistance juive armée au nazisme et elle occupe une place essentielle dans la mémoire juive, tant en Israël qu’en diaspora. Pourtant, l’historiographie de cet épisode demeure encore, 80 ans après, sujette à une occultation liée à des raisons politiques. En effet, alors que tout le monde connaît le nom de Morde’hai Anielewicz et de l’Organisation Juive de Combat (OJC), la plupart ignorent celui d’un autre héros de la révolte du ghetto, Pavel Frenkel, et de l’organisation dissidente qu’il dirigeait, la ZZW (Union militaire juive), affiliée au Bétar.

Ghetto Varsovi, Betar, Pavel FrenkelGhetto de Varsovie, avril 1943 : une histoire occultée, interview de Moshé Arens

Moshé Arens, ancien ministre de la Défense israélien et ancien Bétari, a consacré un livre important à cet aspect occulté de l’histoire, sous le titre « Flags Over the Warsaw Ghetto - The Untold Story of the Warsaw Ghetto Uprising » (Gefen Books 2011). Dans une rare interview en français, accordée au journaliste Roland Süssmann, en 2006, il expliquait les raisons qui l’ont mené à consacrer plusieurs années aux recherches qui ont abouti à ce livre. Extraits.

R. Süssmann : « Qui étaient les premiers insurgés ? »

Moshé Arens : « Des jeunes qui avaient eu le courage, la vision et l’audace d’imaginer qu’une forme de résistance pouvait être envisagée et organisée… En fait, il existait deux mouvements de résistance : le premier, connu sous les initiales polonaises « Z.O.B. » (en français, O.J.C., Organisation juive de Combat), dirigé par Morde’hai Anielewicz qui avait alors 23 ans, et le second, désigné par les lettres capitales polonaises ZZW (« Irgoun Hazwaï Hayehoudai », union militaire juive), dirigé par Pavel Frenkel, également âgé de 23 ans. L’OJC comptait des membres issus de pratiquement toutes les organisations juives, y compris du Bund [N.d.R. Parti socialiste juif, non sioniste], des mouvements sionistes et même des communistes.

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Pavel FRENKEL - Il n'existe aucune photo de lui...

 

Le ZZW était avant tout composé des membres du Bétar, ainsi que d’un certain nombre de personnes désirant combattre les Allemands et qui possédaient des armes. Il est donc important de souligner que, contrairement à ce qui est généralement admis, la révolte juive du ghetto de Varsovie n’a pas été conduite par une seule organisation, mais par deux, ce qui n’enlève évidemment rien à la bravoure et à la grandeur de Morde’hai Anielewicz et de ses hommes.

R.S. Le Bétar a-t-il joué un rôle important dans la révolte ?

M.A. Entre le 19 et le 28 avril 1943, la bataille la plus importante de la révolte a été menée sur la place Workanowsky sous le commandement de Pavel Frenkel. A l’issue de la première journée de conflit, ayant repoussé les Allemands, les combattants du Bétar ont hissé les drapeaux sionistes (celui d’Israël aujourd’hui) et de la Pologne sur le plus haut bâtiment du quartier. Les Allemands ont tenté de les déloger, estimant qu’il s’agissait d’un symbole dangereux car ils pouvaient être vus depuis de nombreux endroits de Varsovie. Himmler a alors téléphoné à Jürgen Stroop pour qu’il liquide le ghetto et surtout qu’il mette tout en œuvre pour enlever ces drapeaux. La bataille a fait rage pendant quatre jours avant que les Allemands, plus fort en nombre et en armes, gagnent la partie…

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Emilka Kossower, combattante du ZZW

 

R.S. Combien de personnes étaient membres du groupe de Frenkel ?

M.A. Les deux organisations réunies ne comptaient pas plus de 300 personnes. Ce qui déterminait le nombre de combattants, c’était la quantité d’armes dont chaque organisation disposait. L’arme la plus répandue était le pistolet, qui était opposé aux armes automatiques, à l’artillerie légère et aux petits tanks de l’armée allemande.

 

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Militants du Betar de Varsovie, 1938

Le ZZW était avant tout composé des membres du Bétar

R.S. Comment expliquez-vous que les deux organisations de révolte ne se soient pas réunies?

M.A. L’OJC était avant tout constituée d’organisations de gauche de tendance socialiste et marxiste, y compris le Bund, organisation juive socialiste antisioniste. D’ailleurs, les membres du Bund se sont joints à l’OJC très tard ; ils ne souhaitaient pas participer à une organisation de combat juive, mais seulement socialiste, incluant des socialistes polonais. Cela démontre à quel point d’anciennes idéologies étaient encore prédominantes dans les esprits à l’intérieur du ghetto de Varsovie, même après la grande vague de déportations…

 

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Toutes ces tendances estimaient que le Bétar n’était constitué que d’un groupe de ‘fascistes’, perpétuant ainsi la division qui existait déjà entre Jabotinsky et les sionistes socialistes. En fait, le Bétar a été exclu dès le début de l’organisation des groupes de résistance. Dans les semaines précédant le début de la révolte, après que la majorité de la communauté juive ait été déportée, il avait été question d’unification, mais l’idée de s’adjoindre des hommes considérés comme ‘fascistes’ était inacceptable pour l’OJC. Comme Frenkel et ses hommes disposaient d’un armement plus important, les représentants de Morde’hai Anielewicz leur avaient proposé de se joindre à eux non pas en tant que groupe, mais à titre individuel. Les hommes de Frenkel ayant un entraînement militaire supérieur aux membres de l’OJC, une telle offre était inacceptable pour eux ! Au vu des circonstances, toute cette affaire semble assez étonnante, car les Allemands ne faisaient pas de distinction entre les différents révoltés…

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R.S. Comment Pavel Frenkel a-t-il terminé sa vie ?

M.A. La majorité de ses camarades sont tombés pendant la bataille de la place Woranowsky. Frenkel a survécu et réussi, accompagné de quelques combattants, à quitter le ghetto. A la fin de la révolte il s’est caché dans Varsovie et a été découvert par les Allemands au courant du mois de juin 1943. Une bataille sérieuse a alors été engagée, au cours de laquelle il a été tué avec tous ses hommes.

Extraits d’une interview à Shalom Magazine, automne 2006. L’intégralité de l’interview peut être consultée sur Internet à l’adresse http://www.shalom-magazine.com/pdfs/46/Fr/ ARENS%20FR_46.pdf.

 

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Infiltrés chez les néo-nazis de la FANE - Un dîner d’anniversaire d’Adolf Hitler… le soir de Pessa’h !

April 15 2025, 16:58pm

Posted by Pierre Lurçat

Infiltrés chez les néo-nazis de la FANE - Un dîner d’anniversaire d’Adolf Hitler… le soir de Pessa’h !

(Extrait de mon livre L’étoile et le poing, Histoire secrète de l’autodéfense juive en France depuis 1967)

Dans les années 1970 et au début des années 1980, les mouvements néo-nazis sont une préoccupation constante pour les militants juifs et sionistes activistes, qui les considèrent comme la menace la plus réelle pour la communauté juive en France. Pendant plusieurs années, Eliaou, Moshé et leurs camarades travaillent sur le « dossier » de la mouvance néo-nazie en France, et notamment sur une organisation qui va bientôt être au cœur de l'actualité, la FANE.

 

La Fédération d'action nationale et européenne (FANE) est un groupuscule d'extrême-droite français ouvertement national-socialiste, fondé le 8 avril 1966 et dirigé par Mark Fredriksen, employé de banque converti à l'activisme en faveur de l’Algérie française après son service militaire effectué dans les paras. Plusieurs fois dissoute dans les années 1980, la FANE contribue à diffuser en France les thèses négationnistes. Pour évoquer ce sujet, j'ai rencontré Moshé, ancien shalia'h (responsable) du Betar à Paris et ami de longue date. Notre entretien a lieu à la terrasse d'un café à Jérusalem :

« Quand je suis rentré en France, en vacances, en 1980, mes amis étaient toujours occupés par la FANE… Ils voulaient qu’on aille poser des micros dans leur local. Je leur ai dit qu’il suffisait d’infiltrer quelqu’un ! Comme je venais de faire l’armée en Israël, je pensais que cela n’était pas plus dangereux que d’être soldat… », me raconte Moshé, ajoutant que « c’est la différence entre un Juif de diaspora et un Hébreu ». Sitôt dit, sitôt fait : Moshé devient « Philippe », militant ultra-nationaliste dans les rangs de la FANE… Ses yeux brillent encore lorsqu’il évoque ces événements, qui remontent à plus de trente ans.

 

« Pour entrer dans les rangs d’un mouvement néo-nazi il fallait que je me constitue une nouvelle identité. Physiquement cela ne posait pas de problème, car j’ai le type ‘aryen’ (il sourit…) Mais il me fallait absolument des nouveaux papiers d’identité ! J’ai emprunté la carte d’identité d’un jeune militaire, qu’on avait ‘braqué’ à la sortie de son domicile, à 6 heures du matin, avec une arme à feu. J’avais trouvé son nom dans l’annuaire et parlé au téléphone avec sa femme, qui avait gobé tout ce qu’on lui racontait. ‘Je vous appelle de la part de l’adjudant !’

Un dîner d’anniversaire d’Adolf Hitler… le soir de Pessa’h !

Je me souviens très bien de la première réunion à laquelle j’ai participé. Il y avait toutes sortes de gens : un intello, un ancien légionnaire, un flic... Cela a un peu démystifié l’image que je me faisais des néo-nazis. Malgré tout, quand j’avais peur d’être démasqué, je pensais à la Shoah… Plus tard j’ai dîné avec Mark Fredriksen… j’ai dîné plusieurs fois avec ces nazis. J’ai même mangé du jambon. Un soir, je me trouve nez-à-nez avec Yves Jeanne, un vétéran de la Deuxième Guerre mondiale. Il me racontait ses souvenirs de la Division Charlemagne ! »

 

Ancien Waffen-SS français, Jeanne a dirigé dans les années 1960 l’Internationale néonazie fondé en 1962 sous le nom de World Union of National Socialists (Union mondiale des nationaux- socialistes). « Il avait des tendances homosexuelles, ce qui me mettait mal à l’aise, et il faisait toujours des plaisanteries du genre ‘A Dachau les Juifs mangeaient mieux que moi'. Je suis rentré chez moi à 5 heures du matin, je n’ai pas dormi de la nuit… J’ai tellement été choqué par cette rencontre que pendant plusieurs jours, j’avais peur de rester en groupe avec d’autres Juifs ! »

 

Quelques semaines plus tard, Moshé est invité au dîner du 20 avril, date anniversaire d’Adolf Hitler. Manque de chance, cela tombe le soir de Pessa’h, la Pâque juive, fête la plus importante du calendrier juif. « Je suis allé voir le grand-rabbin de Paris pour lui demander l’autorisation de passer Pessa’h avec les nazis », me raconte-t-il avec une nuance ironique dans la voix. Réponse du rabbin : « pas question ». Moshé se conformera à cet avis autorisé…”

 L’étoile et le poing, Histoire secrète de l’autodéfense juive en France depuis 1967, éditions L’éléphant/B.O.D. 2025, 320 pages, 25 EUR. Disponible sur Amazon, sur commande dans toutes les librairies et au centre Begin de Jérusalem.

____________________________________________________________

Un ouvrage historique important dont le thème redevient d'actualite.

Emmanuelle Adda, Accueil - Actualité Juivehttps://www.actualitejuive.com/

Dans ce livre intitulé L’Étoile et le Poing Pierre Lurçat retrace une histoire très peu étudiée, soit le militantisme juif activiste.

Olivier Ypsilantis, Zakhor Online

 

Infiltrés chez les néo-nazis de la FANE - Un dîner d’anniversaire d’Adolf Hitler… le soir de Pessa’h !

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Les quatre fils de la Haggada vus par Jabotinsky

April 11 2025, 04:17am

Posted by Jabotinsky

 Les quatre fils de la Haggada vus par Jabotinsky

Ce texte, initialement publié à Pessah 1911 par le grand dirigeant sioniste, illustre la relation riche et complexe que Jabotinsky entretenait à l’égard de la Tradition juive et son amour profond pour le peuple d'Israël. Sur ce sujet, je renvoie le lecteur au premier volume des Ecrits sionistes qui viennent d’être réédités dans la Bibliothèque sioniste.

J’ai récemment évoqué l’actualité de Jabotinsky au micro d’Antoine Mercier. Hag Saméakh!

 

"Il existe une coutume juive ancestrale, lorsque l’on raconte la Sortie d’Egypte pendant la “nuit du Seder”, de considérer quatre fils, tous différents : le sage, le méchant, le naïf et celui qui ne sait pas interroger. Et il convient de répondre à chacun dans cet ordre, selon son caractère et sa faculté de compréhension.

 

Le fils sage fronce avec curiosité son front saillant, interroge de ses grands yeux et s’efforce de comprendre. Pourquoi les Egyptiens aimaient-ils tout d’abord nos ancêtres, les accueillaient à bras ouverts, puis se sont mis à les opprimer et à les maltraiter?...

 

Le second fils, le méchant, est assis avec nonchalance, croisant les jambes, montrant les dents d’un air moqueur et demande : “Quels sont ces coutumes et ces souvenirs bizarres que vous évoquez? Il aurait mieux valu oublier ces bêtises!”

 



 

Le troisième fils est innocent. Ses yeux expriment la droiture. Il ne fait pas partie de ceux qui aiment interroger, cherchant des contradictions. Le monde est simple à ses yeux ; il aime croire avec une foi primitive. A cet égard, Samson aussi était un homme innocent… “Père ! demande-t-il, Père! Quand notre situation s’améliorera-t-elle?”

 

Parle lui de la jeunesse juive dans les collèges de Berlin et de Vienne, de ces fils de commerçants juifs assimilés, qui portent avec fierté sur la poitrine les couleurs nationales : blanc, comme la neige dans notre “vallée des pleurs” ; bleu, comme vous, horizons enchanteurs ! Jaune, comme notre disgrâce.

 

Raconte lui comment le dramaturge parisien à succès et l’aubergiste pauvre de Galicie, habitué à trembler de peur face au “Pan” polonais, proclament à la face du monde: “Je suis Juif !”. Parle lui de ces poètes extraordinaires qui écrivent désormais dans notre langue, et combien celle-ci est belle et riche, et combien est heureux le peuple qui possède une telle langue…

 

Jabotinsky avec sa femme et leur fils Eri.

 

Le quatrième fils ne sait pas interroger. Il assiste au “seder” avec politesse et fait ce qu’on attend de lui, et il ne lui vient pas à l’idée de demander pourquoi ni comment… Sur ce point, je suis en désaccord avec la Haggada. La curiosité est une chose précieuse, mais il existe parfois une sagesse encore plus grande, un sens suprême, par laquelle l’homme accepte les choses transmises du passé comme allant de soi, sans demander quelles en sont les raisons et les conséquences. Cette sagesse doit être préservée.

 

Cette sagesse est avant tout celle de l’homme des foules juives. Le Juif plein d’amertume, pauvre d’apparence, cordonnier, tailleur, marchand ambulant, drapier, scribe, petit épicier… Celui qui gémit et qui lutte pour sa subsistance, mais le soir du shabbat, ce sont lui et ses semblables qui remplissent les synagogues… Il agonise mais ne meurt pas, va à sa perte mais n’est pas perdu, et s’attache aux mitsvot comme l’ont fait ses ancêtres, presque sans y penser, avec indifférence, avec cette foi inconsciente qui est sans doute plus chère à Dieu que l’extase.

 

Selon la tradition, tu dois raconter à ce fils tout ce qu’il ne sait pas demander. Mais à mon avis, il vaut mieux que le père aussi se taise, se contente d’embrasser le front - sans dire un mot - de ce fils, qui fait partie des plus fidèles parmi les gardiens de notre foi sacrée".

Z. Jabotinsky

 

N.d.T. Publié en russe dans les Odeyskaïa Novosti, avril 1911.

 

 

 

 

 

 

 Disponible sur Amazon, à la librairie du Foyer de Tel-Aviv et au centre Begin de Jérusalem

Disponible sur Amazon, à la librairie du Foyer de Tel-Aviv et au centre Begin de Jérusalem

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“Coup d’Etat des juges” : la situation en Israël bien pire que celle de la France

April 4 2025, 12:03pm

Posted by Pierre Lurçat

La Knesset : dans une démocratie, le seul maître est le peuple.

La Knesset : dans une démocratie, le seul maître est le peuple.

Ivan Rioufol a raison de dénoncer – dans les colonnes de Causeur – le “coup d’Etat des juges”, qui font fi du processus électoral démocratique. De son côté, Elisabeth Lévy se demande s’il faut “avoir peur de la Justice en expliquant que les hommes politiques ne doivent pas être jugés plus sévèrement que les autres. En tant qu’Israélien observant de loin la vie politique française, je ne peux que lui donner raison. Mais j’ajoute que la situation en Israël est encore bien plus grave.

 

La justice israélienne est en effet allée plus loin qu’aucune autre démocratie occidentale, en confisquant le pouvoir du peuple pour instaurer une véritable “juristocratie”. La Cour suprême, en particulier depuis l’époque du juge Aharon Barak, est ainsi devenue la plus activiste au monde. Elle s’autorise aujourd’hui à annuler non seulement les actes de l’administration et les décisions gouvernementales ou sécuritaires (en restreignant la capacité de l’armée de combattre le terrorisme), mais également à retoquer les lois, y compris les lois fondamentales au statut supra-législatif.

 

Cette évolution est commune à l’ensemble des pays démocratiques. Mais ce qui rend la situation plus préoccupante encore en Israël est le fait que nous n’avons pas de véritable Constitution. Or, c’est précisément en abusant de ce vide juridique et constitutionnel que le juge Barak a prétendu “créer” de toutes pièces une “Constitution”, en se fondant sur deux lois fondamentales votées en catimini par la Knesset en 1992, dont il a prétendu qu’elles devaient servir à exercer un contrôle de constitutionnalité le plus étendu[1]. “C’est l’unique Constitution au monde qui est née de la décision d’un tribunal”, avait alors ironisé le juge Moshe Landau, ajoutant : “Elle est sortie du tribunal comme une déesse grecque, Pallas Athéna, est sortie du front de Zeus”.

 

Depuis lors, le pouvoir exorbitant de la Cour suprême et des pouvoirs non élus en général n’a fait que croître, au détriment de celui de l’exécutif et du législatif, réduit à une véritable peau de chagrin. “Il nous est interdit d’empiéter sur le domaine du législateur”, avait déclaré le premier Président de la Cour suprême, Moshe Zamoura, en 1948. Aharon Barak a fait exactement le contraire, donnant naissance à une “monstruosité” juridique : une Cour suprême exerçant le contrôle de constitutionnalité le plus étendu au monde, en l’absence de Constitution véritable.

 

Le pouvoir sans limite de la Cour suprême la plus activiste au monde relève en fait, comme l’avait observé Pierre Manent, d’un véritable “pouvoir spirituel” (que le politologue israélien Menahem Mautner a qualifié quant à lui de “fondamentalisme laïc”). C’est ce pouvoir exorbitant que beaucoup souhaitent aujourd’hui limiter en Israël, pour rappeler aux juges et à tous ceux qui l’auraient oublié que dans une démocratie, le seul maître est le peuple.

P. Lurçat

 

NB Cet article a été proposé au site Causeur qui a refusé de le publier, son rédacteur en chef étant un « anti-Bibi » résolu qui ne supporte pas la contradiction. La devise du magazine – auquel je contribue depuis plusieurs années – « Surtout si vous n’êtes pas d’accord », ne veut donc rien dire, hélas, quand il est question de la politique israélienne !

 

[1] Je renvoie à mon livre Quelle démocratie pour Israël ? Gouvernement du peuple ou gouvernement des juges ? Editions l’éléphant 2023 pour un exposé plus complet de ce processus.

“Coup d’Etat des juges” : la situation en Israël bien pire que celle de la France

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Rencontres israéliennes: Me Ephraim Demri, l’avocat-bouclier des soldats de Tsahal

April 3 2025, 11:56am

Posted by Pierre Lurçat

Rencontres israéliennes: Me Ephraim Demri, l’avocat-bouclier des soldats de Tsahal

A lire dans le dernier numéro d'Israël Magazine qui vient de paraître: l'entretien exclusif que m'a accordé Me Ephraim Demri, l'avocat qui est au coeur des affaires les plus brûlantes de l’actualité! Affaire Feldstein, défaillances du Shin-Beth avant et après le 7 octobre, haine de Nétanyahou qui aveugle les dirigeants des services de sécurité et de l’armée, etc. Extraits:

Ma rencontre avec Me Ephraim Demri se déroule dans les salons de l’hôtel du Théâtre à Jérusalem. Il a beaucoup fait parler de lui ces derniers mois, étant au cœur de nombreuses affaires très médiatisées qui ont défrayé la chronique. Celle des soldats de Sde Teiman, accusés à tort d’avoir “violé” un terroriste arabe du 7 octobre, ou celle du “Meraguel”, le mystérieux espion arrêté au cœur d’une base ultrasecrète de Tsahal quelques semaines après le 7 octobre, dans des circonstances mystérieuses.

Homme affable et volubile, il a grandi à Tibériade, au sein d’une famille juive tunisienne passée par Marseille, avant de “monter” en Israël en 1958. Son cabinet s’occupe de droit pénal et a notamment défendu le rabbin Eliezer Berland, ou des escrocs franco-israéliens dont il préfère ne pas donner le nom. Sa clientèle comporte aussi des hommes politiques de tous bords. Nous évoquons tout d’abord l’affaire des soldats poursuivis pour “violences” contre des terroristes du Hamas.

Pierre Lurçat : Comment trouvez-vous le temps de défendre pro bono* des soldats de Tsahal ?

Ephraim Demri : Les soldats passent avant tout. Si un soldat me téléphone maintenant et qu’il a besoin d’être défendu, je quitte tout pour m’occuper de lui. Lorsque la femme d’un des soldats arrêtés à Sde Teiman est venue me voir, elle m’a dit qu’elle voulait que je sois son avocat. J’ai représenté cinq des dix soldats interpellés. Deux ont été inculpés.

P.L. Tous les soldats ont été libérés depuis ?

E.D. Oui. Cinq soldats ont été accusés de violences sexuelles envers des terroristes du 7 octobre. Par la suite il s’est avéré que le film vidéo qui les incriminait était fabriqué…

P.L. Au début, le tribunal pensait que le film était authentique ?

E.D. Oui, et je vais vous expliquer pourquoi. Les juges militaires font confiance au procureur militaire, car 90% d’entre eux viennent du cabinet du procureur militaire. Ils partent du présupposé que ce que dit le procureur est vrai. Durant l’arrestation d’un des soldats, le représentant du procureur a expliqué qu’il détenait des preuves confidentielles.

La suite dans le prochain numéro d'Israel Magazine

https://israelmagazine.co.il/

Photo : PL Pierre Lurcat

 

 
Rencontres israéliennes: Me Ephraim Demri, l’avocat-bouclier des soldats de Tsahal

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