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Israël-Gaza : Comment transformer la victoire militaire en victoire politique ? Pierre Lurçat

March 4 2024, 08:04am

Israël-Gaza : Comment transformer la victoire militaire en victoire politique ? Pierre Lurçat

 

Dans une récente interview sur une chaîne française, l’historien Georges Bensoussan déclarait que “la solution militaire n’existe pas” et que la guerre menée par Israël contre le Hamas n’était “pas gagnable sur le long terme”, car “seule la solution politique est gagnable”. Ces propos convenus répètent un slogan déjà éculé de la gauche israélienne : la “solution ne peut être que politique”, et elle passe par la création d’un État palestinien. Ces slogans continuent ainsi d’être répétés comme un mantra par de nombreux intellectuels – à l’intérieur comme à l’extérieur d’Israël – qui s’obstinent à prétendre apporter des “solutions” dont le 7 octobre a pourtant démontré de manière flagrante la tragique inanité.

       En vérité, la principale leçon que l’on peut déjà tirer de la guerre menée par Israël à Gaza est exactement inverse : premièrement, Israël est en train de remporter une victoire militaire éclatante, qui dément tous les pronostics défaitistes. Deuxièmement, l’État hébreu est tout à fait capable de transformer cette victoire militaire en victoire politique, en dépit des obstacles nombreux qu’il devra pour cela surmonter. Cette transformation de l’essai a en fait déjà commencé.

Une victoire militaire sans précédent

       Le premier constat est celui de la nature sans précédent – au niveau mondial – de la victoire militaire contre le Hamas. Certes, aucun des deux objectifs principaux fixés par le gouvernement israélien (éradication de l’appareil militaire du Hamas et retour des otages) n’est encore atteint. Mais on peut d’ores et déjà dresser un bilan très positif de la guerre la plus longue depuis 1948. Comme l’explique ainsi Edward Luttwak, analyste militaire réputé, la victoire tactique remportée par le Hamas le 7 octobre est en train de se transformer en défaite stratégique face à Israël…

A cet égard, la victoire en cours met à mal un des axiomes de la pensée politique contemporaine, qui s’énonce ainsi : une démocratie ne peut pas gagner la guerre contre un mouvement de guérilla ou contre un mouvement terroriste. Ce “théorème” a souvent été entendu, depuis la guerre du Vietnam et jusqu’aux opérations américaines en Irak et ailleurs. S’il a pu être vrai dans le passé, il s’avère inexact aujourd’hui dans le cas d’Israël, pour une raison très simple : la guerre imposée à Israël par le Hamas ne ressemble aucunement à celles des États-Unis ou de la France, menées dans des pays lointains et sans frontière commune avec eux. 

Une guerre existentielle

Au Vietnam, en Indochine ou en Irak, les armées occidentales affrontaient des ennemis lointains, qui ne menaçaient pas leur existence souveraine. Israël se bat pour sa survie, pour rétablir des frontières sûres et pour restaurer sa souveraineté violée par l’attaque du 7 octobre. Cette différence cruciale explique pourquoi l’État juif déploie des efforts surhumains et fait preuve d’une incroyable capacité de résilience, tant militaire que civile. La guerre existentielle d’Israël contre le Hamas et le Hezbollah n’est pas une guerre coloniale, ni une “guerre inutile” et vouée à l’échec, face à un ennemi qui se battrait pour son indépendance. Elle est une guerre de survie, dans laquelle la seule option est celle de vaincre…

(LIRE LA SUITE dans le dernier numéro d’Israël Magazine, le pionnier de la presse francophone israélienne).

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L’investisseur avisé ne se contente pas de savoir si son investissement sera rentable. Il cherche aussi à investir dans ce qu’il aime, qu’il s’agisse d’art ou d’immobilier. Forts de ce constat, nous allons explorer ensemble les différents quartiers de Jérusalem, capitale d’Israël et du peuple Juif et ville unique au monde, tant par sa richesse spirituelle que par sa diversité humaine, architecturale et culturelle. Après avoir exploré Rehavia, partons à la découverte du quartier pittoresque de Nahalaot… 

Investir dans l’immobilier à Jérusalem : à la découverte de… Nahalaot - VudeJerusalem.over-blog.com

 

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Investir dans l’immobilier à Jérusalem : à la découverte de… Nahalaot

February 28 2024, 15:58pm

Posted by Pierre Lurçat

Vue aérienne de Nahalaot

Vue aérienne de Nahalaot

Investir dans l’immobilier à Jérusalem : à la découverte de… Nahalaot

 

L’investisseur avisé ne se contente pas de savoir si son investissement sera rentable. Il cherche aussi à investir dans ce qu’il aime, qu’il s’agisse d’art ou d’immobilier. Forts de ce constat, nous allons explorer ensemble les différents quartiers de Jérusalem, capitale d’Israël et du peuple Juif et ville unique au monde, tant par sa richesse spirituelle que par sa diversité humaine, architecturale et culturelle.

 

Après avoir exploré Rehavia, partons à la découverte du quartier pittoresque de Nahalaot. Situé entre le centre-ville, le shouk de Mahané Yehouda, Shaaré Hessed et le Gan Sacker, Nahalaot est un quartier animé, à la population bigarrée. On y rencontre à la fois des jeunes couples, des étudiants en art de l'école Betsalel voisine et des habitants âgés. La “mixité sociale” n’est pas un slogan politique à Jérusalem, mais une réalité bien concrète !

 

Certaines rues de Nahalaot font penser à Tel-Aviv, par leur population jeune et par l’atmosphère festive et détendue. Mais les nombreuses synagogues, pour la plupart anciennes, rappellent que nous sommes bien à Jérusalem. Nahalaot a été construit à partir de la fin du 19e siècle, au départ par des habitants de la Vieille Ville de Jérusalem, dans le cadre du processus de la “sortie des murailles” (Yetsia min ha-homot). Son nom dérive de la structure typique du quartier, édifié en plusieurs étapes autour de “sous-quartiers” constitués de plusieurs bâtiments construits autour de cours intérieures. Parmi les “sous-quartiers”, citons Mishkenot Israël ou Mazkeret Moshé (nommé en l’honneur de Sir Moses Montefiore).

 

Du point de vue de l’investisseur, Nahalaot est une valeur montante, car les prix au mètre carré ne cessent de grimper, atteignant aujourd’hui jusqu’à 60 000 NIS / m2.  Idéalement situé à l’entrée de la ville, proche de la station de train et du nouveau quartier d’affaires en construction Ajoutons que le quartier conserve sa structure originelle et n’est pas défiguré par des tours et immeubles en hauteur.  Acheter à Nahalaot est certainement un bon investissement.

 

P. Lurçat - 050-2865143

pierre.c21jer@gmail.com

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5 rehov Marcus, Talbieh, Jérusalem

 

A VENDRE POUR INVESTISSEMENT

Dans le quartier pittoresque de Nachlaot, à proximité du centre-ville et du Gan Sacher.

Appartement de 3,5 pièces avec 84 mètres carrés de surface habitable plus deux balcons.

Actuellement divisé en deux unités qui sont louées. Quatre orientations.

Situé au premier étage sans ascenseur dans un bel immeuble en pierre.

Possibilité d’acheter l’appartement au-dessus, duplex situé aux étages 2 et 3.

P. Lurçat - 050-2865143 - pierre.c21jer@gmail.com

TERRAIN A CONSTRUIRE
Au cœur de Nahalaot, dans une petite rue pittoresque à deux pas du marché de Mahané Yehouda, terrain de 170 m2 actuellement occupé par 2 anciennes maisons. Permis de construire pour un immeuble de 515 m2 sur 5 étages. Prix disponible sur demande

P. Lurçat - 050-2865143 - pierre.c21jer@gmail.com

MAISON PRIVEE AU COEUR DE NAHALAOT

Dans une petite ruelle à proximité de la rue Betsalel, une maison privée sur 3 étages + Mamad au sous-sol. 7 pièces, très clair, construction de haut niveau. Prix demandé : 8 900 000 NIS.

P. Lurçat - 050-2865143 - pierre.c21jer@gmail.com

 

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Où était l’armée de l’air le 7 octobre? Ces “Gatekeepers” qui ont laissé entrer l’ennemi (III)

February 26 2024, 15:33pm

Un sentiment de supériorité et d'invincibilité

Un sentiment de supériorité et d'invincibilité

 

Au cours des mois qui ont précédé le 7 octobre, on a entendu à plusieurs reprises des officiers supérieurs de Tsahal, y compris des anciens généraux et chefs d’état-major, affirmer sans sourciller qu’ils n’obtempéreraient pas aux ordres du gouvernement de B. Nétanyahou. Le summum de ces appels à l'insubordination a été atteint lorsque des pilotes et des anciens dirigeants de l'armée de l'air ont affirmé qu’ils n’obéiraient pas aux ordres, y compris pour attaquer l’Iran et sa capacité nucléaire ! Or, le jour fatidique du 7 octobre, l’armée de l’air était aux abonnés absents… Y a-t-il un lien entre cette absence tragique et les appels à l’insubordination qui l’ont précédée ? Et si oui, quel est-il ? Troisième volet de notre série d’articles consacrés aux “Gatekeepers” qui ont failli dans leur mission de défense d’Israël.

 

Pourquoi le 7 octobre ? Ces “Gatekeepers” qui ont ouvert la porte à l’ennemi (I), Pierre Lurçat - VudeJerusalem.over-blog.com

Pourquoi le 7 octobre ? (II) Ces “Gatekeepers” qui ont oublié qui était l’ennemi, Pierre Lurçat - VudeJerusalem.over-blog.com

 

Une des questions les plus obsédantes que se posent des millions d'Israéliens et de Juifs à travers le monde depuis le 7 octobre est celle de savoir où était Tsahal, lorsque les hordes barbares de Gaza ont envahi le territoire israélien. Il ne s'agit pas d'une question théorique ou théologique, comme celle de savoir où était D.ieu pendant la Shoah… Non, il s'agit d'une question très simple et concrète. Où était Tsahal, où étaient ses chefs et ses officiers, et pourquoi ont-ils mis plusieurs heures avant de réagir, alors même que des centaines de soldats et de civils avaient déjà, eux, réagi et affluaient vers la frontière de Gaza ?

 

Cette question obsédante se pose avec une acuité décuplée s'agissant de l'armée de l'air, considérée depuis plusieurs décennies comme le fleuron de l'armée israélienne et devenue le pilier de sa doctrine stratégique de défense depuis 1967. Où était l'armée de l'air, pourquoi aucune escouade n'est-elle venue bombarder les hordes du Hamas et leurs supplétifs, pourquoi pas un seul avion n'était dans le ciel au-dessus de Gaza, à l'heure fatidique où des milliers de citoyens sans défense étaient attaqués ? La réponse définitive sera sans doute, espérons-le, donnée un jour par une commission d'enquête.  Une série documentaire de la chaîne publique Kan11 permet d’ores et déjà d’apporter des éléments de réponse.

 

Ha-Ahat” (“The One”) relate l'histoire d'une unité de l'armée de l'air, l'escouade 201, en octobre 1973. Le reportage nous plonge dans la vie quotidienne des pilotes pendant les heures critiques de la guerre de Kippour. On y découvre leur courage qui confine parfois à l’héroïsme (ainsi, un des pilotes fait prisonnier raconte avoir dit à un pilote égyptien, rencontré après la guerre : “vous avez utilisé de l’électricité (pour nous torturer) et nous avez brisé des cannes sur le dos, et nous n’avons rien dit… Je vais te révéler un secret : ‘Si vous m’aviez chatouillé, j’aurais tout raconté !”). Mais on découvre aussi leurs faiblesses et leur sentiment de supériorité et d'invincibilité, qui se mêle aux remords éprouvés après l’opération au cours de laquelle ils ont descendu par erreur un avion civil libyen, qui avait pénétré l’espace aérien d’Israël. La journaliste Sima Kadmon – elle-même ancienne soldate de l’unité – se focalise sans cesse sur les remords et sur le sentiment de culpabilité, comme si c’était l’aspect le plus important dans le vécu de ces soldats d’élite.

 

Un des moments clés du reportage est ainsi celui où un des pilotes exprime son sentiment à l’égard du gouvernement actuel (la série a été diffusée en septembre 2023). Lorsque Sima Kadmon lui demande ce qu’il répondrait à son petit-fils, s’il lui demandait s’il doit être incorporé dans l’armée, il répond sans hésiter : “Je lui dirais, mon cher petit-fils, je veux te dire qu’il n’est pas bon de mourir pour notre patrie… Et je souhaite que tu protèges ta vie. Et si tu dois prendre des risques pour ta vie, que cela soit pour la paix et pas pour la guerre…”. La journaliste insiste, en remarquant que c’est un message très troublant pour un jeune homme qui s’apprête à entrer dans l’armée… L'ancien pilote répond alors qu’il sait parfaitement ce que signifie qu’il n’est pas bon de mourir pour sa patrie. Car, explique-t-il, “notre pays a changé de visage. Ce n’est pas le pays duquel nous décollions alors…

 

Cette déclaration sans ambages d’un pilote n’est pas un acte isolé. Elle représente un état d’esprit hélas très présent au sein de ces anciennes élites de l’armée de l’air, qui ont subi en octobre 1973 un traumatisme dont elles ne se sont jamais remises. Ces anciennes élites ont joué un rôle clé – notamment à travers le mouvement “Ahim Laneshek” (Frères d'armes) – dans les manifestations incessantes qui ont prétendu faire tomber le gouvernement démocratiquement élu de l’Etat d’Israël, au cours des mois de luttes fratricides qui ont précédé le 7 octobre. A cet égard, elles portent une part de responsabilité dans ce qui s’est produit le jour fatidique de Simhat Torah.

 

La bonne nouvelle est toutefois que, même si l’armée de l’air était aux abonnés absents le 7 octobre, pour des raisons qui demeurent inexpliquées à ce jour, et même si une partie des élites au sein même de Tsahal a adopté un discours post-sioniste et anti-démocratique, à l’instar de ce pilote de l’unité 201, la jeunesse d’Israël, dans son immense majorité, reste profondément sioniste et continue de penser qu’il est “bon de mourir pour sa patrie”. Elle l’a prouvé le 7 octobre et continue de le démontrer chaque jour de la guerre la plus longue qu’Israël a connue depuis 1948.

P. Lurçat

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Les civils de Gaza sont-ils vraiment “innocents”? P. Lurçat

February 21 2024, 12:56pm

Posted by Pierre Lurçat

Les civils de Gaza sont-ils vraiment “innocents”? P. Lurçat

 

Aucune population civile ne peut être tenue pour non responsable du pouvoir qu’elle s’est choisie. Il y a des résistants et des opposants dans tous les régimes totalitaires, y compris les plus cruels, comme l’Allemagne nazie, où Hitler a échappé à plusieurs tentatives d’assassinat. On attend toujours de voir se lever des gazaouis opposés au Hamas… Extrait d’un article paru dans Israël Magazine.

 

La guerre actuelle montre les limites et les ambiguïtés de la notion de “civils innocents” dans le cas des habitants de Gaza. Comme l’ont en effet rapporté des dizaines de soldats et d’officiers présents dans la bande de Gaza, la plupart des civils s’identifient, dans une mesure plus ou moins grande, au Hamas et à ses objectifs. En réalité, la notion même de “civils non impliqués” est étrangère à la doctrine du djihad dans l’islam, doctrine dans laquelle les habitants de Gaza sont éduqués et qu’ils appliquent. Le djihad est en effet devenu à l’époque contemporaine – sous l’inspiration des théoriciens de l’islam radical – une obligation individuelle (fard ‘ayn) qui s’applique à tous.

 

Pratiquement, cela se traduit dans le fait que la plupart des assaillants du 7 octobre n’étaient pas des terroristes du Hamas portant un uniforme, mais bien des civils de Gaza, qui se sont joints à la razzia et aux exactions perpétrées contre Israël. Ce constat est lourd de conséquences, et il ne doit pas être oublié, sous peine de commettre une erreur d’appréciation cruciale. La guerre actuelle n’oppose en effet pas seulement Israël au Hamas, mais bien à Gaza et à sa population. Ce constat a été confirmé sur le terrain par le fait que des armes et des munitions ont été trouvées dans la plupart des maisons de Gaza, y compris cachées sous les lits d’enfants…

 

Comme le rapportait récemment le journaliste de la 13e chaîne et soldat de réserve Roï Yanovsky, “Dans tous les quartiers où nous avons été, il y a des sites militaires du Hamas avec des armes, des tunnels, des explosifs, des rampes de lancement de roquettes et tout cela dans les maisons. Dans certaines, se trouvent des ouvertures dans les murs pour passer d’un bâtiment à un autre. Les habitants de Gaza qui vivent dans ces zones de guerre, le savent. Ils ont reçu une quantité innombrable d’avertissements les appelant à évacuer, bien avant que Tsahal n’entame son offensive terrestre. Ceux qui ont décidé de rester sont soit des hommes du Hamas, soit des gens qui ont pris cette décision en sachant que les lieux étaient étaient utilisés par le Hamas et donc une zone de combat”[1].

 

            Ce que signifie ce témoignage éloquent, c’est que la plupart des civils de Gaza sont loin d’être “innocents”. Ils ont en fait pris fait et cause pour le Hamas et sont ainsi devenus ses supplétifs. Comme l’explique encore Yanovsky, “le cercle qui permet au Hamas d’agir est beaucoup plus large que ses dizaines de milliers de terroristes. L’idéologie du Hamas se trouve dans toutes les maisons, dans les tableaux, dans les documents de propagande. Le Hamas à Gaza c’est comme Messi en Argentine”. Ou, pour dire les choses autrement, les terroristes du Hamas sont à Gaza comme “un poisson dans l’eau”, selon l’expression du président Mao Zedong. Aucune population civile ne peut être tenue pour non responsable du pouvoir qu’elle s’est choisie. Il y a des résistants et des opposants dans tous les régimes totalitaires, y compris les plus cruels, comme l’Allemagne nazie, où Hitler a échappé à plusieurs tentatives d’assassinat. On attend toujours de voir se lever des gazaouis opposés au Hamas…

© Pierre Lurçat / Israël Magazine

 

(Extrait d’un article paru dans le dernier numéro d’Israël Magazine, pionnier de la presse francophone israélienne).

Retrouvez mes dernières conférences et interviews sur ma chaîne YouTube.


[1] Témoignage traduit sur le site LPH INFO

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De la “conceptsia” 1973 à la “conceptsia” 2023 Pierre Lurçat

February 9 2024, 10:38am

Posted by Pierre Lurçat

De la “conceptsia” 1973 à la “conceptsia” 2023 Pierre Lurçat

NB J’évoque la “Conceptsia” derrière les événements du 7 octobre au micro d’Antoine Mercier sur Mosaïque.

La « conceptsia » ou la cause profonde de l’échec sécuritaire du 7 octobre (youtube.com)

 

Les événements terribles survenus le samedi matin du 6 octobre 2023, jour de Simhat Torah, font écho à d’autres événements terribles survenus cinquante ans jour pour jour auparavant, le 6 octobre 1973. D’une guerre à l’autre, d’une “surprise” à une autre, pourquoi et comment Tsahal est-elle retombée dans le piège de l’ennemi, et quelles leçons peut-on en tirer pour l’avenir?

 

Une sinistre coïncidence

 

Dans le film Le fortin (“Stronghold”), qui décrit l’attaque égyptienne sur le canal de Suez en octobre 1973, on assiste - à travers les yeux des soldats israéliens - à la traversée du canal par l’armée égyptienne et à l’encerclement du fortin de la ligne Bar Lev. A ces images dramatiques se superposeront désormais celles, encore bien plus terribles, de l’invasion des localités du pourtour de la bande de Gaza par les terroristes du Hamas en octobre 2023. En choisissant pour lancer son offensive la journée de Simhat Torah, le Hamas (et l’Iran qui l’arme et l’inspire) a fait preuve d’une double perfidie. Le choix de cette date était à la fois un coup porté à l’euphorie de la fête juive et une atteinte au moral d’un pays marquant l’anniversaire d’une autre “surprise” militaire. 

 

Israël, qui a vécu pendant cinquante ans dans le souvenir et le traumatisme de la guerre de Kippour, devra désormais vivre avec le double traumatisme d’une double agression, survenue à la même date quasiment, à un demi-siècle d’intervalle. Mais au-delà du traumatisme, cette sinistre coïncidence interroge aussi, et surtout, la capacité de Tsahal et de l’échelon politique de tirer les leçons des échecs de la guerre de Kippour, qu’on désigne depuis 1973 par le terme de “me’hdal” (“l’échec”). L’échec d’octobre 2023 se superpose à celui de 1973, et la question des responsabilités et des échecs passés devient encore plus lancinante.

 

La “surprise” de 1973 et celle de 2023

 

En 2023 comme en 1973, Israël a été pris de court par une offensive menée de main de maître par un ennemi bien préparé, surentraîné et sachant exactement ce qu’il veut. Face à la détermination de l’ennemi, égyptien en 1973 et gazaoui en 2023, l’armée israélienne s’est trouvée en position de faiblesse, désorganisée et a mis un temps précieux à réagir et à riposter. La “surprise” de l’attaque a pris de court l’appareil sécuritaire et l’establishment militaire israéliens, qui se sont trouvés pris au dépourvu, révélant un état d’impréparation totale.

 

A de nombreux égards, la “surprise” du 7 octobre 2023 est encore plus terrible que celle d’octobre 1973. A l’époque, il s’agissait d’une offensive militaire en bonne et due forme, menée par des armées régulières sur des champs de bataille. Si le choc de Kippour a été si traumatisant pour la conscience israélienne, c’est parce qu’il renvoyait dans l’imaginaire collectif aux images d’un passé juif immémorial, auquel le sionisme pensait avoir mis fin. Dans la doctrine sioniste classique, le Juif de l’exil, victime impuissante, était en effet une figure d’un passé révolu. Or, c’est ce passé révolu que les images terribles d’octobre 1973 ont fait ressurgir dans la psyché israélienne.

 

En octobre 2023, ce traumatisme collectif a été encore plus fort, parce que nous avons subi une attaque menée comme une offensive militaire bien coordonnée (par terre, mer et air), de la part d’une milice surentraînée par une puissance militaire (l’Iran), mais dirigée autant, voire plus contre la population civile que contre les soldats. C’est cette dimension pogromiste qui a “surpris” l’armée et la société israéliennes, qui s’étaient habituées à penser, nourris par les illusions mortifères de plusieurs décennies de discours pacifistes, que le Hamas était un ennemi “classique”, partageant grosso modo les mêmes valeurs que nous…

P. Lurçat

Article paru dans Israël Magazine ©. 

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Investir dans l’immobilier à Jérusalem : à la découverte de… Rehavia

February 5 2024, 10:03am

Posted by Pierre Lurçat

Immeuble typique de Rehavia

Immeuble typique de Rehavia

 

L’investisseur avisé ne se contente pas de savoir si son investissement sera rentable. Il cherche aussi à investir dans ce qu’il aime, qu’il s’agisse d’art ou d’immobilier. Forts de ce constat, nous allons explorer ensemble les différents quartiers de Jérusalem, capitale d’Israël et du peuple Juif et ville unique au monde, tant par sa richesse spirituelle que par sa diversité humaine, architecturale et culturelle.


A tout seigneur, tout honneur ; nous commencerons cette visite par le quartier de Rehavia, un des quartiers d’habitation modernes qui se sont développés à l’époque du “Nouveau Yishouv”, pendant les années 1920-1930. C’est en effet il y a tout juste un siècle que Rehavia a acquis ses lettres de noblesse, en devenant le quartier où s’installèrent les professeurs de l’université hébraïque et de nombreux dirigeants du mouvement sioniste. On peut encore y voir aujourd’hui la maison Ussishkin, l’institut Yad Ben-Zvi ou le Gymnasia (lycée), parmi de très nombreux autres bâtiments historiques.

 

Pour l’acheteur qui veut investir à Jérusalem, Rehavia reste jusqu’à aujourd’hui une valeur sûre, d’autant que le quartier est en pleine modernisation. Les vieux immeubles au charme un peu désuet sont rénovés, parfois remplacés par des bâtiments modernes et rutilants. Les prix à Rehavia demeurent légèrement moins élevés que dans les quartiers avoisinants de Talbieh au sud-est et de Shaaré Hessed au nord. A noter : le caractère du quartier évolue avec l’arrivée d’une population plus religieuse, notamment anglophone (et aussi francophone).

 

Du point de vue de l’investisseur, cela a deux conséquences notables. La première est la multiplication des projets de rénovation urbaine (Tama 38 notamment) et l’embellissement des immeubles. La seconde est la poussée vers le haut sur les prix, qui n’est évidemment pas propre à ce quartier. Conclusion : acheter à Rehavia est un bon investissement, sans risque et qui peut s’avérer très rentable. C’est aussi, last but not least, un quartier où il fait bon vivre !

 

P. Lurçat - 050-2865143

pierre.c21jer@gmail.com

Century21

5 rehov Marcus, Talbieh, Jérusalem

 

Investir dans l’immobilier à Jérusalem : à la découverte de… Rehavia

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1942-2024 : Yaïr Stern, le poète combattant du Léhi, par Pierre Lurçat

February 4 2024, 09:41am

Posted by Pierre Lurçat

 

Il y a tout juste 82 ans, Avraham Stern – plus connu sous le nom de guerre de « Yaïr » - mourrait à Tel-Aviv, abattu par la police britannique dans l’appartement du quartier de Florentine où il se cachait. Le chef du Léhi n’était pas seulement un combattant et un dirigeant de l’ombre : c’était avant tout un poète, qui avait étudié les lettres classiques à l’université hébraïque et auquel un brillant avenir était promis… Mais Yaïr ne voulait pas devenir professeur. Il avait fait vœu de donner sa vie à la lutte pour l’indépendance d’Israël : « Tu m’es consacrée, ô ma patrie », écrivait-il dans un poème fameux. Il refusa pendant de longues années de convoler en justes noces avec sa compagne, Roni, sachant qu’elle n’aurait pas la chance d’être son épouse pour très longtemps… Le 12 février 1942, Stern tombait sous les balles anglaises, et « Yaïr » entrait dans la légende. Retour sur une figure héroïque et méconnue.

Né le 23 décembre 1907 à Souwalki, en Pologne, Avraham est le fils de Mordehaï Stern, dentiste et de Léa, sage-femme. Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, son père reste en Pologne, prisonnier des Allemands, tandis que sa mère s’enfuit avec ses enfants en Russie, où ils passeront plusieurs années. Le jeune Avraham va ainsi s’imprégner de l’atmosphère particulière de la « patrie du socialisme », en pleine Révolution, et il sera membre d’un groupe de pionniers communistes. Lorsqu’il rentre en Pologne, en 1921, il maîtrise la langue russe, en plus de l’hébreu et du polonais, dans lequel il lit les poètes de la littérature romantique polonaise. Mais l’adolescent juif épris de lettres est déjà habité par une autre passion, dévorante, qui va l’emmener loin des paysages d’Europe orientale dans lesquels il a grandi : le sionisme. C’est ainsi qu’à dix-huit ans, il émigre en Eretz-Israël et s’installe à Jérusalem.

A cette époque, en 1925, l’université hébraïque est encore une institution modeste, qui vient tout juste d’ouvrir ses portes sur le mont Scopus. C’est là qu’Avraham entame ses études de lettres classiques (grecques et latines). Très vite, il est remarqué par ses professeurs, excellant en toutes les matières. Dénué de moyens, il vit d’une modeste bourse et de cours privés qu’il donne à des lycéens. Mais, loin de s’enfermer dans la tour d’ivoire des études, Stern rejoint une association étudiante sioniste, « Houlda ». En 1929, alors que les émeutes arabes viennent d’éclater, il s’enrôle dans la Haganah et prend part à la défense de Jérusalem. Lors de la scission au sein de la Haganah, en 1931, il s’engage dans les rangs de l’Irgoun, aux côtés de David Raziel. Yaïr dirige l’organe du mouvement clandestin, Hametsouda, où il publie ses premiers poèmes et notamment le fameux « Soldats anonymes » qui deviendra après sa mort l’hymne du Léhi.

 

Yair et sa femme Roni

Devenir professeur, ou mourir en combattant ?

En 1932, Stern achève ses études à Jérusalem et part à Florence pour y faire un doctorat sur « Eros dans la poésie grecque ». Comme Jabotinsky, son aîné, il subit l’influence des dirigeants italiens du Risorgimento. Mais la beauté de l’Italie ne lui fait pas oublier Sion ! Ainsi, lorsque sa compagne, Roni, lui fait part de l’offre alléchante de l’université hébraïque, qui lui propose de devenir professeur à Jérusalem, il refuse sans hésiter, déclarant qu’il préfère « mourir comme soldat anonyme que devenir un professeur fameux pendant cinquante ans… » Prémonition ou prophétie ? Dès cette époque, les poèmes de « Yaïr » sont marqués par une vision saisissante de la catastrophe qui approche, mais aussi de son destin personnel. « Aujourd’hui j’écris avec le stylo, demain avec l’épée - Aujourd’hui avec l’encre, demain avec mon sang  - Aujourd’hui sur le papier, demain – sur le dos de l’homme ». Comme Jabotinsky et d’autres, il pressent la Shoah. A la demande de David Raziel, commandant de l’Irgoun, il se rend à Varsovie pour acheter des armes.

 

Lorsqu’il rentre en Eretz-Israël, en 1934, il renonce définitivement à sa carrière littéraire pour se vouer corps et âme au combat pour l’indépendance d’Israël. Pourtant, il continue d’écrire des poèmes, se considérant comme un poète-combattant, comme il l’écrit dans ces lignes : « Les Cieux nous ont donné le Livre et l’épée – Le destin a tranché : Soldat et poète ». En 1938, il retourne en Pologne pour organiser des cellules secrètes de l’Irgoun, embryon d’une future armée juive qui devra libérer la Palestine mandataire du joug anglais, conformément au projet du mouvement sioniste révisionniste, dont l’Irgoun est la branche militaire. Mais la guerre va bouleverser tous ces plans… La publication du « Livre blanc » de mai 1939, par lequel l’Angleterre interdit toute émigration juive en Eretz-Israël, convainc une grande partie des militants de l’Irgoun que l’alliance avec la Grande-Bretagne a définitivement pris fin. Aussi après la mort de « Jabo » (août 1940), alors que le Betar et l’Irgoun se trouvent orphelins, Yaïr publie les « Onze Principes de la Renaissance », document constitutif d’une nouvelle organisation, les Combattants pour la Liberté d’Israël, plus connue sous son acronyme, Léhi. Le dernier des 18 principes est la reconstitution du Temple de Jérusalem. 

 

Contrairement à l’Irgoun et à la Haganah, qui ont conclu une trêve avec l’Angleterre au nom de la lutte contre l’Allemagne nazie, le Léhi considère que la libération de la patrie passe avant le combat contre le nazisme. Cette attitude jusqu’au-boutiste vaudra aux hommes du Léhi la haine féroce des autres mouvements clandestins, qui iront jusqu’à dénoncer les soldats de Yaïr aux autorités anglaises. Lorsque le Léhi abat trois membres de la police britannique, en janvier 1942, les Anglais lancent une chasse à l’homme contre Yaïr, dont la tête a été mise à prix. Le 12 février, l’ennemi public numéro 1 est cerné, dans l’appartement de la rue Mizrahi à Tel-Aviv, et un inspecteur de police anglais l’abat à bout portant en prétendant qu’il aurait tenté de s’enfuir… Avraham Stern est mort, le mouvement qu’il a créé est décapité et ses hommes sont pourchassés et dénoncés aux Anglais. Mais la légende de « Yaïr » est bien vivante ! 

 

  Le fils de Yair, qui porte son nom, entouré d’I. Shamir et de N. Yellin Mor, lors de la première  hazkara publique de son pèreen 1949

 

Un musée perpétue aujourd’hui la figure de Yaïr, à Tel-Aviv, dans la maison même où il a trouvé la mort (rebaptisée rue Stern), en plein quartier de Florentine. Par une curieuse ironie de l’histoire, le poète qui avait renoncé à ses études gréco-latines dans la ville de Florence est tombé en combattant à Tel-Aviv, dans un quartier portant le nom de David Florentine, Juif grec qui avait acheté le terrain…  Deux ans après la mort de Yaïr, le Léhi est reconstitué sous la direction d’un triumvirat (Nathan Yelin-Mor, Israël Eldad et Itshak Shamir, futur Premier ministre d’Israël), et le combat reprend contre l’occupant anglais, sans répit et sans pitié… L’assassinat de Lord Moyne au Caire en 1944 et les autres actions d’éclat menées par le Léhi jusqu’en 1948 joueront un rôle essentiel dans la fin du mandat britannique. Le reste appartient à l’histoire d’Israël.

Pierre Lurçat
 

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Pourquoi le 7 octobre ? (II) Ces “Gatekeepers” qui ont oublié qui était l’ennemi, Pierre Lurçat

February 1 2024, 09:25am

Posted by Pierre Lurçat

Ami Ayalon avec Itshak Rabin

Ami Ayalon avec Itshak Rabin

 

Comment les « Gatekeepers » ont-il pu méconnaître à ce point les intentions et le mode de pensée de nos ennemis ? Et pourquoi sont-ils tellement ignorants et méprisants à l’égard de la tradition d’Israël, ou plus précisément, pourquoi la considèrent-ils comme un danger et comme une menace sécuritaire, voire existentielle pour Israël ? Ce sont en fait les deux facettes d’une seule et même question. Deuxième volet de notre analyse consacrée aux « Gatekeepers », ces responsables des services de sécurité et de l'armée qui portent la responsabilité de l'échec colossal du 7 octobre. P.L. (Premier volet : Pourquoi le 7 octobre ? Ces “Gatekeepers” qui ont ouvert la porte à l’ennemi)

 

Si Israël, comme le pensent Ami Ayalon et tous ceux qui lui ressemblent, n’a vocation à être qu’un Etat occidental et une « démocratie libérale », alors effectivement, la question des droits de l’Homme est essentielle et c’est à l’aune du respect par Israël des « droits » de ses ennemis que peut se mesurer la réussite du projet sioniste. Cette hypothèse implicite n’est quasiment jamais remise en question, sinon sur le mode de la peur apocalyptique que suscite chez eux toute éventualité qu’Israël se transforme en autre chose[1]. Cette peur est explicitée par Ayalon sur la page de présentation de son livre au titre éloquent, Friendly Fire, How Israel became its own worst enemy, sur le site de l’université de Tel-Aviv.

 

 « Si Israël devient une dystopie orwellienne », écrit Ayalon, « ce ne sera pas grâce à une poignée de théologiens qui nous entraînent dans un sombre passé. La majorité laïque nous y conduira, motivée par la peur et propulsée par le silence ». Dans cette affirmation capitale, on trouve les deux credos fondamentaux de la gauche laïque pacifiste qu’il incarne : toute affirmation d’une identité juive israélienne dans le domaine public équivaut à un « retour à un sombre passé », et seule la « majorité laïque » peut empêcher ce scénario cauchemardesque.

 

Cette peur fantasmatique de la dimension collective du judaïsme est celle qui a animé les manifestations de l’avant 7 octobre, qu’Ayalon espère voir bientôt reprendre, avec la participation des 300 000 soldats qui se battent à Gaza. Aux yeux d’Ami Ayalon, le combat contre le Hamas est secondaire ; il ne doit pas effacer le combat prioritaire, celui pour l’identité d’Israël. C’est dans ce contexte qu’il appelle, aujourd’hui comme hier, à la création d’un Etat palestinien, sans se poser la question du danger que celui-ci représenterait pour Israël : « ll faut se battre pour un Etat palestinien, non parce que nous aimons les Palestiniens, mais pour notre sécurité et pour sauver notre identité ».

 

On comprend dès lors pourquoi Ami Ayalon, comme d’autres membres de l’establishment militaire israélien qui n’ont pas vu venir le 7 octobre, n’a pas changé d’un iota son discours depuis cet événement. A ses yeux, le 7 octobre et la guerre contre le Hamas ne sont qu’une parenthèse, qu’il faut s’empresser de refermer pour reprendre le combat intérieur, pour « sauver notre identité » (à savoir, celle d’un Etat laïque occidental dans lequel le judaïsme serait relégué à la sphère privée). Cette priorité du « combat intérieur » est la clé qui permet de comprendre la cécité d’Ayalon et des autres « Gatekeepers » partageant sa vision du monde face à la menace existentielle du Hamas et des autres ennemis radicaux du peuple Juif. Elle procède de la confusion – très répandue au sein de la gauche israélienne – entre l’adversaire et l’ennemi.

 

“Repenser l’ennemi” ?

 

C’est ainsi qu’il faut comprendre l’affirmation d'Ayalon – étonnante en apparence – selon laquelle il convient de « repenser l’ennemi », ou la phrase sibylline sur sa page du site de l’université de Tel-Aviv (où il est professeur émérite du département d’histoire du Moyen Orient et d’Afrique) selon laquelle « En tant que chef de l’agence de sécurité du Shin Bet, il a acquis de l’empathie pour ‘’l’ennemi’’ ». Si le mot ennemi est placé entre guillemets, cela signifie que, dans l’univers conceptuel où évoluent Ayalon et les autres membres de l’establishment qui partagent ses idées, le concept même d’ennemi a disparu

 

Le Hamas n’est donc pas à leurs yeux un ennemi irréductible d’Israël et des Juifs, comme l’ont cru des millions d’Israéliens au lendemain du 7 octobre (et bien avant, pour les plus lucides d’entre eux). Non, explique Ayalon (après le 7 octobre !) : « Nous ne faisons pas la guerre aux Palestiniens. Il y a des Palestiniens qui soutiennent le Hamas. Ils ne le font pas parce qu’ils adhèrent à l’idéologie religieuse du mouvement, mais parce qu’ils voient le Hamas comme la seule organisation qui se bat pour leur liberté et la fin de l’occupation israélienne… »

 

Citation éloquente et presque sidérante, dans la cécité qu'elle exprime envers la situation actuelle à Gaza, telle que la décrivent des dizaines de témoignages concordants de soldats et d'officiers qui y combattent. Non, le soutien au Hamas n'est pas comme le décrit Ayalon, celui à une organisation qui « se bat pour leur liberté », selon la vision occidentale totalement mensongère du « combat pour la libération nationale » du « peuple palestinien » (discours inventé de toutes pièces lors de la création de l’OLP, avec le soutien actif de l’URSS). Comme l’ont rapporté les soldats depuis Gaza, le soutien au Hamas procède d’une adhésion totale à son discours apocalyptique et radicalement antijuif, discours profondément enraciné dans la culture de l’islam.

 

Ainsi, il s’avère que la cécité des « Gatekeepers » face à la menace existentielle du Hamas n’est qu’un élément de leur cécité plus générale envers toute notion d’un ennemi musulman irréductible. Dans leur vision du monde idéologisée, le seul « ennemi » qui mérite d’être combattu est l’ennemi intérieur, à savoir les Juifs nationalistes/religieux/messianistes, comme en atteste la récente campagne de Fake News sur la soi-disant « violence des colons », ou encore les déclarations de l’écrivain Haïm Beer sur ce sujet. Obnubilés par leur idéologie et par leur obsession de la guerre fratricide, les « Gatekeepers » d’Israël ont laissé l’ennemi véritable bâtir sa force militaire et pénétrer le territoire souverain de l’Etat juif. (à suivre…)

 

P. Lurçat

 

 

[1] Alors que le mouvement sioniste, pour ne parler que de l’histoire récente, a toujours été traversé par un débat intérieur sur la nature du projet sioniste et sur l’identité de l’Etat qu’il voulait fonder.

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Pourquoi le 7 octobre ? Ces “Gatekeepers” qui ont ouvert la porte à l’ennemi (I), Pierre Lurçat

January 26 2024, 07:06am

Posted by Pierre Lurçat

Ami Ayalon (au centre)

Ami Ayalon (au centre)

 

Comment les “Gatekeepers”, ces gardiens de la sécurité d’Israël et ces grands soldats, se sont-ils mués en promoteurs de slogans pacifistes aussi simplistes, et presque puérils, que “c’est avec ses ennemis qu’on fait la paix” ? Et quelle est leur responsabilité dans l’échec colossal du 7 octobre ? Premier volet.

 

Le 24 janvier, alors qu’Israël pleurait et enterrait les morts du terrible accident militaire de la veille, deux Israéliens publiaient chacun une tribune dans le quotidien Le Monde, connu pour son hostilité endémique envers l’Etat juif. Le premier, Elie Barnavi, expliquait pourquoi, après s’être opposé pendant les 100 premiers jours de la guerre à un “cessez-le-feu immédiat”, il avait fini par rejoindre le camp des défaitistes, qui affirment que “la guerre s’enlise” et qu’Israël ne peut pas gagner face au Hamas. Le second, Ami Ayalon, va encore plus loin dans le défaitisme : il explique tout simplement que la victoire est impossible et qu’Israël doit “repenser le concept d’ennemi”.

 

Ami Ayalon n’est pas simplement un intellectuel comme Barnavi. Ancien commandant de la Marine, il a été le patron du Shin-Beth (service de sécurité intérieure) entre 1996 et 2000. En 2012, il a participé activement au documentaire de Dror Moreh, The Gatekeepers (“Les gardiens”), dans lequel plusieurs anciens dirigeants du Shin-Beth évoquaient leurs problèmes de conscience et donnaient leur point de vue sur le conflit israélo-arabe. Ce film, tout comme la récente interview d’Ayalon dans Le Monde, permettent de comprendre l’univers conceptuel d’une large partie de l’establishment sécuritaire israélien depuis au moins trois décennies. On y découvre ce que pensent ceux qui – plus que tout autre secteur de la vie publique en Israël – portent la responsabilité de l’échec colossal du 7 octobre.

 

A ce titre, il faut écouter et lire ce que dit Ayalon. Il incarne un visage de l’Israël laïc, de gauche et pacifiste, dont l’influence sur les décisions essentielles pour le pays est inversement proportionnelle à son poids électoral (Ami Ayalon a été membre du Parti travailliste, aujourd’hui moribond). On y découvre surtout les valeurs et le mode de pensée de ces anciennes élites qui continuent, en grande partie, à modeler la politique d’Israël. Ayalon, soldat d’élite qui a pris part à toutes les guerres d’Israël entre 1967 et la première Intifada, a commandé la prestigieuse “Shayetet”, unité d’élite de la marine. A cet égard, on peut le comparer à Ehoud Barak, Ariel Sharon, Yitshak Rabin, ou bien d’autres grands soldats qui ont “tourné casaque”, pour devenir des promoteurs de “plans de paix” tous aussi foireux les uns que les autres, des accords d’Oslo aux retraits de Gaza et du Sud-Liban qui ont installé le Hamas et le Hezbollah aux portes d’Israël.

 

Des grands soldats devenus pacifistes

 

Comment ces “Gatekeepers”, ces gardiens de la sécurité d’Israël et ces grands soldats se sont-ils mués en promoteurs de slogans pacifistes – aussi simplistes et presque puérils – que “C’est avec ses ennemis qu’on fait la paix” ? Ayalon apporte des éléments de réponse à cette question cruciale, qui interroge l’histoire récente d’Israël mais aussi son avenir. Quand le journaliste lui demande si le retrait d’une partie des troupes israéliennes de Gaza signifie un tournant dans la guerre, il lui répond : “Je crois que cette question va bien au-delà des détails de cette campagne militaire. Au fond, quelle est la situation ? Notre problème réside dans la tension entre la terreur et les droits de l’homme. Toutes les démocraties libérales sont confrontées à un conflit entre violence terroriste et droits fondamentaux”.

 

Cette réponse qui peut sembler anodine met en évidence un aspect crucial du débat intérieur israélien et de la vision du monde de cet establishment sécuritaire et militaire, dont Ayalon est la parfaite incarnation : leur incapacité de penser Israël autrement que dans le cadre conceptuel de l’Occident et de la démocratie libérale, qu’ils voudraient que l’Etat juif incarne. Ce point essentiel permet à la fois de comprendre leur attitude envers les ennemis d’Israël (“Nous renonçons donc aux droits d’une minorité dans l’idée que nous allons combattre le terrorisme. Et nous ne comprenons pas qu’un jour, sans doute, nous allons nous féliciter d’avoir tué des bad guys, mais que nous aurons perdu notre identité”) et leur vision de ce qu’est et de ce que doit être Israël.

 

En décrivant le conflit entre Israël et ses ennemis selon le modèle réducteur de l’affrontement entre les démocraties et le terrorisme, l’ancien patron du Shin-Beth montre qu’il n’a pas compris une dimension importante du conflit, qui est apparue le 7 octobre dans sa criante évidence. Le Hamas, contrairement à Al-Qaïda, n’a pas seulement voulu tuer des Juifs et porter un coup symbolique à Israël (comme les terroristes du 11 septembre). Il a voulu (et réussi de manière partielle et momentanée) envahir le territoire israélien pour le conquérir.

 

Cette dimension territoriale propre à l’islam est, paradoxalement, un aspect crucial de ce qui échappe aux “Gatekeepers” devenus pacifistes, comme à l’ensemble du “camp de la paix” israélien. Ceux qui prétendaient échanger “les territoires contre la paix” s’avèrent ainsi les promoteurs d’une vision totalement inadéquate du conflit, dont leur “impensé” occulte bien des aspects essentiels. Dans la suite de cet article, nous verrons comment cet impensé concerne également l’identité juive de l’Etat d’Israël. (à suivre…)

Pierre Lurçat

 

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Une étincelle d’hébreu : “Bé-Damayikh Hayyi” - Quand la Bible et Naomi Shemer éclairent notre quotidien, P. Lurçat

January 23 2024, 08:49am

Posted by Pierre Lurçat

Une étincelle d’hébreu :  “Bé-Damayikh Hayyi” - Quand la Bible et Naomi Shemer éclairent notre quotidien, P. Lurçat

 

 

C’est le génie de la langue hébraïque de rester toujours jeune. Elle est, pourrait-on dire, la langue antique et jeune du peuple éternel, de retour sur sa terre retrouvée. Pour illustrer ce phénomène sui generis, j’ai choisi le texte d’une chanson de Naomi Shemer, qui résonne de manière tragique avec l’actualité terrible de ce matin. “Bé-Damayikh Hayyi” est une des dernières chansons écrites par la grande Naomi Shemer. Elle porte en titre le fameux verset du prophète Ezechiel – que chaque Juif connaît au moins pour l’avoir entendu lors de la cérémonie de la Brith Mila – “Vis dans ton sang”.

 

Ce verset, rappelle Avraham Zigman dans le très beau livre qu’il a consacré à l’œuvre de Naomi Shemer[1], est la parole adressée par Dieu, par la voix du prophète Ezechiel, à Jérusalem. “L’obligation de ‘vivre dans le sang’ n’a malheureusement pas changé depuis l’époque du prophète et jusqu’à nos jours, car l’histoire du peuple Juif baigne dans le sang”, écrit encore Zigman. C’est sans doute la raison pour laquelle les mots de la Bible nous sont tellement proches, ces jours-ci plus encore que d’habitude.

 

Les mots antiques me donnent de la force, dans les voix anciennes je puise un réconfort” : c’est ainsi que Naomi Shemer décrit sa relation intime avec l’hébreu de la Bible, dans la chanson Bé-Damayikh Hayyi. On ne saurait mieux décrire ce que de nombreux Juifs en Israël et à travers le monde trouvent actuellement dans le Livre des Livres (Sefer ha-Sefarim), depuis le début de la guerre qui a commencé le jour de Simhat Torah, où nous avons repris la lecture du Livre de Berechit. Personnellement, la lecture de la section hebdomadaire de la Bible m’éclaire plus sur la guerre que bien des commentaires savants entendus à la radio, et je suis certain de ne pas être le seul dans ce cas.

 

La Bible n’est pas seulement le récit de notre histoire nationale et le trésor que nous avons légué à l’humanité (qui a encore tant de mal à le lire et à le comprendre). Elle est aussi le Livre dans lequel nous trouvons la clé des événements que nous vivons et aussi, avec l’aide de D., la capacité d’endurer les difficultés de notre histoire. “Et soudain, un arc-en-ciel apparaît au-dessus de ma tête, un éventail coloré se déploie, annonciateur de vie et d’espoir, de paix, de tranquillité et de Hessed”. Que les mots de Naomi Shemer nous donnent la force et la persévérance, et que D.ieu protège nos soldats, ramène nos captifs et console nos familles endeuillées !

P. Lurçat

 

 

[1] Midrash Naomi, Les sources juives de la poésie de Naomi Shemer, Yad Ben Tsvi 2009.

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