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cinema

Le rêve américain, d’Ayn Rand à Brady Corbet

March 14 2025, 15:48pm

Posted by Pierre Lurçat

Le rêve américain, d’Ayn Rand à Brady Corbet

(Article paru dans Causeur.fr)

 

Ce qui rend le film The Brutalist si parlant et si fort, au-delà de ses qualités artistiques et cinématographiques, c’est son sujet à la fois tellement universel et tellement américain (et juif américain). Analyse d’un succès pleinement justifié.

 

Parmi les très nombreux articles portant sur The Brutalist, le film primé et acclamé de Brady Corbet – acteur et réalisateur américain dont c’est le troisième film – très peu ont prêté attention à une possible source d’inspiration : le roman d’Ayn Rand La source vive (The Fountainhead). Publié aux Etats-Unis en 1943, ce roman fut le premier grand succès de la romancière américaine et il fut adapté à l’écran en 1949 par King Vidor, avec Gary Cooper et Patricia Neal dans les rôles principaux.

 

La source vive raconte l’histoire d’un architecte individualiste et rebelle, dans le New York des années 1920. Son titre fait écho à une citation d’Ayn Rand : “L'ego de l'Homme est la source vive du progrès humain”. Née en 1905 dans une famille juive de St-Pétersbourg, nourrie de littérature russe et française, Rand avait émigré aux Etats-Unis en 1925. Sa philosophie individualiste et son éloge de “l’égoïsme rationnel” en ont fait une égérie des courants libertariens. Certains commentateurs décèlent aujourd’hui son influence dans la politique économique de Donald Trump.

 

Malgré la ressemblance des thèmes du film de Corbet et du roman de Rand, la romancière juive américaine et le héros du “Brutalist” incarnent pourtant une facette bien différente de l’histoire des immigrants juifs aux Etats-Unis. Le parcours d’Ayn Rand est en effet une “success story” sans faute. La jeune fille juive, arrivée à l’âge de 20 ans dans son nouveau pays, y connaît une réussite impressionnante, à la fois littéraire, commerciale et intellectuelle (au point que son roman le plus connu, La Grève, est parfois cité comme le livre le plus influent après la Bible). Des chefs d’Etat aussi différents que Ronald Reagan, Hillary Clinton ou Donald Trump se réfèrent à elle.

 

The Brutalist, de son côté, relate plutôt la “face sombre” du rêve (juif) américain. Lorsque Laszlo Toth, le héros du film, débarque à Ellis-Island, il a derrière lui un parcours réussi d’architecte à Budapest, mais sa carrière est brisée par le nazisme. Rescapés de Dachau et de Buchenwald, lui et sa femme finiront par se retrouver aux Etats-Unis, après des années de séparation. Au-delà du traumatisme durable de la Shoah, c’est surtout l’ambivalence de l’attitude américaine envers les Juifs qui est relatée avec talent par le film de Corbet. L’admiration que voue à Toth son bienfaiteur Harrison von Buren se double en effet d’un mépris à peine voilé, qui culmine dans la scène marquante du viol en Italie.

 

Grand film à petit budget, porté par l’excellent acteur Adrien Brody (Le pianiste), The Brutalist raconte l’histoire universelle du combat pour la vie et pour la survie, dans un environnement étranger et souvent hostile. Comme l’expliquait Le Corbusier, à propos du courant architectural “brutaliste” – qui donne au film son titre – “l’urbanisme est brutal parce que la vie est brutale”. Mais le film de Corbet réussit à décrire cette brutalité avec retenue et de manière subtile. Son succès planétaire bien mérité est la preuve que le cinéma a encore et toujours quelque chose à nous dire.

P. Lurçat

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Quand le cinéma israélien découvre la réalité des habitants du Sud du pays

January 3 2020, 09:51am

Posted by Pierre Lurçat et Judith Assouly

Quand le cinéma israélien découvre la réalité des habitants du Sud du pays

Ha Soussita shel Herzl est un film israélien original et émouvant, qui permet de découvrir des réalités rarement abordées dans le Septième Art israélien. Trop souvent, le cinéma israélien se complaît dans une vision “universaliste”, ou encore cède à la tentation de l’autocritique - au lieu de revendiquer le narratif propre à Israël.

 

C’est le grand mérite du film de David Kriner de faire (sans doute pour la première fois) un film qui parle de Sderot, de la vie sous les roquettes du Hamas et de ces réalités quotidiennes que la plupart des Israéliens (sans parler du reste du monde) ignorent. 

 

Son film permet de découvrir une réalité méconnue et aborde pour ainsi dire un “continent” inexploré de la vie en Israël, à une heure de route de Tel-Aviv : le Sud, Sderot, “Otef Azza”...

 

Comme l’a déclaré l’acteur principal du film, Miki Léon, “Tel Aviv ressemble à une bulle, à un pays dans le pays”.

 

Mais ce n’est pas le seul mérite du film (que de montrer cette réalité) : c’est aussi une belle histoire de paternité et d’apprentissage de la vie, basée sur l’histoire personnelle du réalisateur et scénariste, David Kriner, qui a lui-même enseigné le cinéma à Sderot, comme le héros du film. 

 

Le thème du cinéma permet aussi d’aborder les rapports entre le cinéma et la vie, entre le cinéma et la réalité. Les jeunes adolescents rebelles, avec lesquels le professeur de cinéma parvient à établir une relation de confiance, veulent décrire leur vie dans ce qu’elle a de plus dur. Yigal leur apprend le cinéma, et il reçoit en échange une belle leçon de vie et d’espoir.

 

VOIR la suite dans l’émission Cultura’Sion ici https://www.youtube.com/watch?v=rvjX60bA1m

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Découvrez mon blog consacré au cinéma israélien

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