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theorie du genre

Yom Kippour 2023, Tel-Aviv : cette religion “progressiste” fanatique qui abhorre le judaïsme

September 27 2023, 08:37am

Posted by Pierre Lurçat

Manifestation progressiste en Israël

Manifestation progressiste en Israël

Le progressisme au nom duquel des Juifs pétris de certitudes ont interdit la prière du Yom Kippour à Tel-Aviv n’est que la dernière en date des idéologies laïques monstrueuses, qui ont fait plus de victimes que toutes les guerres de religion.

 

1.

 

Une image d’Epinal, héritée des Lumières, présente la laïcité comme rejetant l’obscurantisme religieux, au nom de l’humanisme, de la tolérance et de l’amour universel. La réalité, hélas, n’est pas toujours conforme à cette belle image. Dans l’histoire juive, en particulier, nombreux furent ceux qui rejetèrent le “joug des mitsvot” pour accepter un autre joug, tout aussi contraignant, et pour adhérer à de nouvelles “religions” (politiques ou civiles) souvent destructrices et parfois sanguinaires.

 

Ce furent le communisme, dont le nombre des victimes dépasse (en millions) celui du nazisme, ou le maoïsme - qui rivalisa avec ses deux “grands frères” dans l’horreur (voir le beau roman qu’Evelyne Tschirhart a consacré au “Soleil rouge”). Le nazisme, le communisme et le maoïsme – trois idéologies laïques opposées à toute notion de Dieu – ont fait plus de morts au vingtième siècle que toutes les guerres de religion des siècles passés. La dernière en date de ces religions destructrices s’appelle le progressisme, et si elle n’a pas encore fait couler autant de sang que ses aînées, tous les “espoirs” sont à cet égard, hélas, permis, si l’on en juge par la radicalité de son discours et de son idéologie.

 

2.

 

C’est dans ce contexte que s’inscrit la dernière bataille en date du Kulturkampf israélien, celle qui a vu des Juifs laïcs tel-aviviens interdire manu militari un office public de Kol Nidré, place Dizengoff. Il n’est pas anodin que ces “byrionim” aient choisi le Kol Nidré, qui est sans doute la prière qui traduit le mieux l’esprit de tolérance et d’ouverture du judaïsme ; en appelant à “autoriser la prière aux Juifs qui transgressent la loi”. C’est précisément dans cet esprit juif d’ouverture et de tolérance que l’organisation Rosh Yehudi, créée après l’assassinat d’Itshak Rabin dans un but de rapprochement, organise chaque année cet office de Kippour.

 

Mais face aux adeptes de la religion progressiste, aucun esprit de tolérance n’est de mise. Comme l’expliquait hier midi sur Galei Tsahal un journaliste (dont le nom m’échappe), cet incident aura permis de dissiper tout malentendu concernant le soi-disant esprit de “libéralisme” et de “tolérance” de la ville de Tel-Aviv et de ses dirigeants actuels, et notamment de son maire, Ron Huldaï. Leur “tolérance” est du même acabit que celle du grand Voltaire, auteur du slogan “écrasons l’infâme” et lui aussi, ennemi déclaré du judaïsme religieux.

 

3.

 

Cette nouvelle croisade progressiste, déclenchée le soir de Kippour, ne s’inscrit pas seulement dans l’histoire déjà ancienne de l’antagonisme laïcs-religieux en Israël. En réalité, il s’agit de la version locale d’un conflit bien plus vaste, qui oppose le judaïsme – en tant que représentant par excellence des valeurs conservatrices, traditionnelles et religieuses – d’un côté, et la nouvelle religion progressiste de l’autre. C’est un véritable conflit de civilisations, comme celui qui opposa Israël à l’empire séleucide à l’époque de Hannoukah.

 

Il n’est évidemment pas anodin que le prétexte choisi pour allumer l’étincelle de ce dernier round ait été la question de la non-mixité dans l’espace public, qui renvoie à celle, plus vaste, de la séparation des sexes et de la liberté sexuelle, dont la religion progressiste a fait son étendard (aux couleurs de l’arc-en-ciel, ce qui pose évidemment question, quand on se souvient de ce que signifie ce symbole dans la tradition juive). Dans l’esprit des adeptes du progressisme, il est impératif d’occuper l’espace public et d’y imposer leurs “valeurs” (comme lors des manifestations provocatrices à Bné Braq ou de la “Gay Pride” à Jérusalem). Dans ce nouveau conflit idéologique, c'est le judaïsme qui l’emportera, une fois de plus.

P. Lurçat

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L’idéologie du genre : un néo-totalitarisme? Pierre Lurçat

February 8 2023, 09:06am

Posted by Pierre Lurçat

 L’idéologie du genre : un néo-totalitarisme? Pierre Lurçat

 

Un trait caractéristique du néo-totalitarisme, tel que nous le voyons s'épanouir actuellement, est précisément qu’il parvient à modifier la nature humaine de manière objective, alors même qu’il repose presqu’entièrement sur un nouveau discours. Comme l'explique Shmuel Trigano, analysant l'idéologie post-moderne, « toutes les figures du réel se voient désormais anéanties… c'est le concept même d'Homme qui se voit dénié[1] ». Dire que l’homme et la femme sont des « inventions » aboutit ainsi à créer une réalité nouvelle, dans laquelle le sexe biologique peut effectivement être modifié, voire aboli… Pour s’en convaincre, il suffit de voir les méfaits du discours du genre et de la propagande transgenre dans l’école, lieu par excellence où pénètrent tous les discours totalitaires[2]. Lorsque des jeunes adolescents prétendent « découvrir leur identité de genre » ou changer de sexe pour adapter leur identité biologique à leur vécu de genre, ils créent effectivement une nouvelle réalité objective[3].

 

Détruire les fondements de l'humanité

 

            Ce paradoxe d’un discours créateur de réalité, qui triomphe sans aucune contrainte étatique, avait été entre-aperçu dès 1946 par Aldous Huxley. Celui-ci écrivait ainsi que « le gouvernement au moyen de triques et de pelotons d’exécution, de famines artificielles et de déportations en masse » était « non seulement inhumain » mais aussi inefficace. Il évoquait aussi « l’application aux êtres humains des recherches futures en biologie, en physiologie et en psychologie »[4]. Huxley est sans doute un des premiers penseurs à avoir compris que le néo-totalitarisme s'attaquerait aux mécanismes de la filiation et ce faisant, aux fondements de l'identité humaine.

 

            Dans ces conditions, le combat contre ce néo-totalitarisme ne peut se contenter de dénoncer son discours et son idéologie comme émanant d’un projet totalitaire, utopique et délirant. Le projet d’abolir la différence sexuelle – au nom de l’idéologie totalitaire du « genre », « dernier grand message idéologique de l’Occident [5]» – est certes fou, mais sa folie est d’autant plus dangereuse qu’elle est réalisable et qu’elle connaît déjà un début de réalisation. Le plus grand danger du projet totalitaire actuel réside ainsi dans sa capacité à modifier la nature humaine et à imposer à l’humanité une nouvelle définition de l’homme, envers et contre tout (y compris contre la réalité objective de la nature humaine).

 

C'est pourquoi il est illusoire de croire qu’il suffit d’opposer au discours totalitaire la réalité objective ; car comme l’avait bien vu Arendt, « pour continuer à exister, la réalité objective elle-même dépend de l’existence du monde non-totalitaire ». Or celle-ci repose en dernière alternative, comme l'explique Arendt – citant Saint Augustin, auquel elle avait consacré sa thèse de philosophie – sur la notion de commencement qu'on retrouve dans le récit biblique de la Création. « Politiquement, il [ce nouveau commencement] est identique à la liberté de l'homme. Initium ut esset homo creatus est – « pour qu'il y eût un commencement, l'homme fut créé », dit Saint Augustin [6]». L'homme est érigé par le récit biblique en joyau de la Création, à laquelle il donne son sens (comme l'exprime le mot hébreu de Berechit que saint Augustin traduit par Initium).

 

Il n'est pas anodin que l'une des réponses apportées par Hannah Arendt au système totalitaire se fonde précisément sur le récit de la Genèse dans la Bible hébraïque, lu à travers le commentaire de Saint Augustin, qui voyait dans l’hébreu la « langue humaine des origines »[7]. Tout comme il est loin d'être anodin que le projet totalitaire actuel de remodeler l'identité humaine s'en prenne justement à la différence sexuelle, élément clé du récit biblique de la Genèse, au fondement de la civilisation occidentale. Rendant compte du livre d’Arendt en 1953, Eric Voegelin formulait l’hypothèse que « la véritable ligne de partage dans la crise contemporaine ne passe pas entre les libéraux et les totalitaires, mais entre les partisans d’une transcendance philosophique ou religieuse d’un côté, et les adeptes sectaires de l’immanentisme, libéraux ou totalitaires, de l’autre »[8]. Ce faisant, Voegelin se rangeait lui aussi du côté de ceux qui voient dans le totalitarisme une idéologie, bien plus qu’un régime politique.

 

Fin du totalitarisme ?

 

            Dans son compte-rendu du livre d’Hannah Arendt, Raymond Aron accepte avec quelques nuances sa caractérisation de « l’essence du totalitarisme », tout en y ajoutant une question essentielle à ses yeux : « Quelle est la durée promise au totalitarisme ? ». La réponse à cette question, que ni lui ni Arendt ne pouvaient apparemment prévoir à leur époque, est que le totalitarisme en tant qu’idéologie et en tant que projet a survécu aux régimes totalitaires meurtriers du vingtième siècle, nazi et soviétique. L’URSS a en effet disparu, tout comme l’Allemagne nazie, mais leur projet monstrueux d’édifier un « Homme nouveau » n’a non seulement pas disparu, mais prospère et se développe aujourd’hui au cœur même des sociétés démocratiques. L'idéologie totalitaire, qui prétend transformer la nature humaine est ainsi, hélas, bien vivante et plus menaçante que jamais.

 

[1] S. Trigano, La nouvelle idéologie dominante, Hermann 2012 p. 27-28.

[2] La pénétration de l’idéologie dans l’école, notamment par le biais de l’éducation sexuelle avait été analysée par Liliane Lurçat dans son livre prémonitoire, Vers une école totalitaire ? L’enfance massifiée à l’école et dans la société, éd. François-Xavier de Guibert 1998.

[3] Voir C. Masson et C. Eliacheff, La fabrique de l’enfant transgenre, éd. de l’Observatoire 2022.

[4]A. Huxley, Le meilleur des mondes, préface de 1946.

[5] Eric Marty, Le sexe des Modernes, Pensée du neutre et théorie du genre, Seuil 2021, p. 11.

[6] H. Arendt, Les origines du totalitarisme, op. cit., p. 838.

[7] Voir Maurice Olender, Les langues du Paradis, Seuil 1989, p. 13.

[8] E. Voegelin, « The Origins of Totalitarianism », Review of Politics, janvier 1953, traduit en français dans Les origines du totalitarisme, op. cit., p. 958 s.

(Extrait de mon article "Actualité du débat sur la nature du totalitarisme : Arendt, Aron, Voegelin" publié dans la dernière livraison de la revue Pardès qui vient de paraître)

 L’idéologie du genre : un néo-totalitarisme? Pierre Lurçat

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