Overblog
Follow this blog Administration + Create my blog
VudeJerusalem.over-blog.com

politique

Réformer l'islam ou le combattre ? Pierre Lurçat

August 28 2022, 14:43pm

Posted by Pierre Lurçat

Réformer l'islam ou le combattre ? Pierre Lurçat

(Article paru dans la revue Commentaire, été 2022)

            L’islamisme est-il la “maladie de l’islam”, pour reprendre l’expression de l’écrivain tunisien Abdelwahab Meddeb, ou bien exprime-t-il l’islam authentique, comme le prétendent les islamistes qui se comparent aux “Compagnons du Prophète” ? Ou, pour poser la question autrement, Oussama Ben Laden et ses émules sont-ils de bons musulmans, fidèles aux enseignements de l’islam, ou au contraire des extrémistes qui ont perverti le message du Coran?  Cette question déjà ancienne divise les spécialistes de l’islam contemporain. Mais elle n’intéresse pas seulement les universitaires et les islamologues, car son enjeu n’est pas purement théorique.

 

En effet, si l’islamisme est une hérésie et une déviance par rapport à l’islam authentique, il peut être combattu par tous ceux qui s’opposent à son projet dominateur, en Occident comme au sein des sociétés musulmanes. Et la guerre contre l’islam radical a de bonnes chances de s’achever par une victoire à plus ou moins long terme, comme celles menées contre le fascisme et le nazisme au 20e siècle. Mais s’il exprime l’islam authentique, alors nous sommes véritablement plongés dans un conflit de civilisation, qui peut durer encore pendant des décennies, voir des siècles, et dont l’issue demeure incertaine.

 

            Le nouveau livre de Marie-Thérèse Urvoy apporte des réponses informées à cette question cruciale. Intitulé “Islam et islamisme, frères et ennemis ou frères siamois”, il va chercher la réponse au cœur du texte fondateur de l’islam, le Coran, marqué par une “ambiguïté initiale” que l’auteur qualifie de “tension interne au Coran entre visée spirituelle et ambition d’emprise sur le monde”. La vie même du Prophète permet de comprendre cette dualité. En effet, dans sa période mecquoise, celui-ci est persécuté et se considère comme victime, ce qui l’amène à prêcher la patience et le pardon des offenses. Plus tard, devenu un chef de guerre victorieux, il appelle au djihad physique contre les mécréants, proclamés ennemis de l’islam. L’orientation guerrière du texte coranique apparaît ainsi dans la fameuse Sourate 9, qui appelle au “combat dans le Sentier de Dieu”, expression promise à un brillant (et sanglant) avenir…

 

            Cette transformation s’accompagne de celle d’une religion (dont le livre n’aborde pas la question, fort intéressante, des liens avec le judaïsme, que Mohammad a connu à la Mecque) en un “système juridico-politique militant”. Cette transformation est acceptée par tous, et la violence initiale est admise comme un “mal nécessaire”. L’islam se définissant dès l’origine comme une “communauté” (la fameuse Oumma), se pose la question de savoir qui en fait partie. Dès l’époque du Prophète, des tendances concurrentes se font jour au sein de la nouvelle religion. Ainsi, note l’auteur, apparaissent d’emblée l’opposition entre extrémistes et modérés et la compétence que s’octroient les premiers de proclamer “infidèles” ceux qui refusent de suivre le Prophète dans son hégire, le takfir. “La théorie islamique de la rébellion”, explique l’auteur, “essaie de concilier l’impératif de la communauté et celui de l’ordre”.

 

Dans un chapitre  particulièrement instructif consacré à l’idée de réforme de l’islam, l’auteur montre comment la notion islamique de tajdid fait  à la fois référence au renouveau (au sens de réforme) et à la restauration. Ce double sens paradoxal tient au fait que dans “selon la conception islamique de l’histoire, exprimée dès le Coran, tout l’essentiel pour l’homme a été donné d’emblée et l’histoire n’apporte jamais du nouveau que sous l’aspect d’une dégradation de cette plénitude initiale”. On comprend dès lors l’ambiguïté fondamentale, qui réside au cœur même du projet de “réforme islamique”, mené au tournant du 20e siècle par des penseurs comme Al-Afghani ou Abduh. Ceux-ci, loin d’avoir remis en question les dogmes fondamentaux de l’islam, lui ont simplement permis de s’adapter à la modernité et ont préparé le terrain pour l’apparition du mouvement des Frères musulmans et de ses différents épigones. Une autre différence essentielle tient à l’absence de magistère en islam, contrairement au christianisme. On comprend dès lors comment des musulmans, parfois de fraîche date, peuvent s’instaurer eux-mêmes comme “autorités” et prononcer des fatwas ou appeler au djihad.

 

            “Violence de l’islamisme ou de l’islam lui-même ?”, interroge Urvoy. Le Coran lui-même comporte des versets guerriers et d’autres plus pacifiques, qui correspondent grosso modo aux deux périodes de la vie du Prophète évoquées ci-dessus. Mais la supériorité de l’islam est un pilier essentiel de la croyance musulmane. Un autre problème inhérent à l’islam est le fait qu’il n’admet pas la neutralité, et ne connaît guère l’esprit critique… Cela explique pourquoi les dissidents au sein du monde musulman actuel sont obligés d’abandonner leur foi, devenant ainsi des apostats.

 

Au terme de son analyse érudite et minutieuse, l’auteur répond à la question centrale du livre, en partant du constat que “islamistes et musulmans ordinaires ont le même appareil de références”. Elle rejette la notion d’un “islam des Lumières” – citant au passage les esprits les plus éclairés comme Averroès, partisan avéré du régime almohade fanatique, ou Ibn Khaldum, qui se fait l’apôtre de la terreur. Marie-Thérèse Urvoy ne propose pas de “solution”, mais son diagnostic est sans appel : “L’Occident [est] consumé par le doute sur les valeurs de sa civilisation, ravagé par ses divisions, dévasté par les idéologies d’importation et par celles cultivées par ses propres élites, avide de mythes exotiques – du bon sauvage hier au bon migrant aujourd’hui –, enfin miné par le multiculturalisme obsessionnel”. La force de l'islam/isme est aussi et avant tout la conséquence de la faiblesse de l'Occident.

 

            Pierre Lurçat

 

Islam et islamisme, frères ennemis ou frères siamois, de Marie-Thérèse Urvoy, Artège 2021

 

See comments

Après le discours de Pithiviers : Un psychodrame français, Pierre Lurçat

July 18 2022, 18:13pm

Posted by Pierre Lurçat

Après le discours de Pithiviers : Un psychodrame français, Pierre Lurçat

Article paru sur Causeur.fr

 

En regardant les images de la commémoration de Pithiviers, ce dimanche 17 juillet, on ne pouvait s’empêcher de penser à ce que Shmuel Trigano désignait, dans un livre paru en 2005, comme le « psychodrame français » (1). Il y avait en effet, dans cette commémoration menée de main de maître par Emmanuel Macron – très à l’aise dans sa fonction de grand ordonnateur de cérémonie mémorielle – quelque chose d’un jeu de rôles et d’un théâtre bien huilé, dans lequel chacun tenait sa place, le Président, les époux Klarsfeld, les notables juifs, et jusqu’aux anciens déportés.

Il y avait aussi, osons-le dire, quelque chose d’indécent à entendre Emmanuel Macron se dire « très heureux » (sic) d’être là et parler, avec une émotion et une emphase dignes d’un grand acteur, de la déportation des Juifs de France, devant un parterre conquis d’avance. Non certes, que son émotion soit simulée. Non, l’indécence n’était pas celle du Président, ni celle des notables juifs, ces « grands prêtres de la nouvelle sacralité » (Trigano). Elle tenait à une réalité politique objective, qui se perpétue depuis plusieurs décennies, cette réalité politique qu’on désigne comme le « devoir de mémoire » ou de « vigilance » et que Trigano avait analysée comme « l’assignation victimaire des juifs découlant du devoir de mémoire ».

Le nouvel antisémitisme et l’ensauvagement de la France

Emmanuel Macron a en effet beau jeu de dénoncer l’antisémitisme qui « persiste, s’obstine et revient », citant Zola à peu de frais. Car en réalité, que fait la France et que font ses dirigeants contre l’antisémitisme ? Ils ne font même pas le minimum, qui consisterait à le dénoncer nommément, en identifiant ses auteurs véritables, et à le réprimer efficacement. Au-delà des « effets d’annonce grandiloquents » (pour lesquels Macron est particulièrement doué, reconnaissons-le), rien n’est fait contre cet « antisémitisme nouveau qui insulte et blesse et qui, lorsqu’il tue, s’épargne les assises et appelle à la haine sur les réseaux sociaux », comme l’écrit très justement Georges Bensoussan (2). Si ce « nouvel antisémitisme » s’épargne les assises, c’est parce qu’il jouit en France d’une totale impunité.

 

G. Bensoussan

G. Bensoussan

Mais cette impunité ne tient pas, comme on le croit parfois, à l’identité des victimes, mais bien plutôt à celle des assassins. Car les crimes contre  des Français non-Juifs sont tout autant passés sous silence, comme le rappelle utilement le dernier numéro du magazine Causeur. Il est plus facile pour les dirigeants de cette France ensauvagée de venir étaler leur émotion à Pithiviers, que de lutter contre la vague d’attaques au couteau qui frappe tous les Français, Juifs ou non. Il est plus facile de faire de Vichy un enjeu électoral et politique, avec la contribution d’une députée de LFI, que de reconnaître que ce débat historique n’a aucune importance pour la situation réelle des Juifs dans la France d’aujourd’hui et pour la situation des Français en général

La France et Israël

L’hypocrisie et l’indécence ne s’arrêtent pas là. Elles concernent un autre sujet, tout aussi essentiel. Celui du terrorisme palestinien, de l’incitation à la haine antijuive dans les manuels scolaires palestiniens et du négationnisme palestinien (3), que la diplomatie française finance et qu’elle encourage. Macron a beau jeu de citer Jacques Chirac, qu’il imite non seulement à Pithiviers, mais aussi à Jérusalem, lorsqu’il suscite un faux esclandre pour plaire à ses bailleurs de fonds arabes. Oui, la France d’Emmanuel Macron est tout aussi hypocrite que celle de Jacques Chirac et que celle de François Mitterrand, quand elle encense les Juifs morts, tout en soutenant à bout de bras Mahmoud Abbas et en menant sa politique hostile à Israël, sous couvert de soutenir le “processus de paix”. La diplomatie française demeure, quoi qu’en dise Emmanuel Macron, hostile au peuple Juif vivant à Sion et à Jérusalem, capitale d’Israël contre laquelle elle mène une nouvelle « croisade », aujourd’hui comme hier.

Pierre Lurçat

1. S. Trigano, Les frontières d’Auschwitz, Librairie générale française 2005.

2. G. Bensoussan, Le Figaro 16.7.2022.

3. Rappelons que Mahmoud Abbas est l’auteur d’une thèse de doctorat intitulée “La connexion secrète entre le sionisme et le nazisme”, dans laquelle il remet en cause l’existence des chambres à gaz.

See comments

Le Conseil d’Etat et l’antisionisme : un nouveau Statut des Juifs en France ? Pierre Lurçat

May 10 2022, 07:38am

Logo du “Comité Palestine Vaincra”, affiché sur son site

Logo du “Comité Palestine Vaincra”, affiché sur son site

Une version abrégée de cet article est parue sur Causeur.fr

 

Dans l’actualité des lendemains d’élection présidentielle, la nouvelle est passée quasiment inaperçue : le Conseil d’État, statuant en référé, a invalidé vendredi 29 avril la décision du Ministère de l’Intérieur de dissoudre deux associations propalestiniennes radicales, le “Collectif Palestine Vaincra” et le “Comité Action Palestine”. Au-delà de son aspect purement judiciaire, cette décision illustre le double discours de la France au sujet du conflit israélo-arabe et de ses retombées en France.

 

 

C’était le 25 février dernier : à quelques heures du traditionnel dîner du CRIF, le ministre de l’Intérieur annonçait sa décision de dissoudre deux associations propalestiniennes radicales, en raison de leurs appels “à la haine, à la discrimination et à la violence” et de leur soutien affiché à des actes terroristes. Un rapide coup d’œil sur le site Internet du Collectif Palestine Vaincra permet de comprendre que la décision du ministre Darmanin était pleinement justifiée sur le plan des faits.

 

Celui-ci affirme en effet soutenir “la lutte du peuple palestinien contre le sionisme, l’impérialisme et les régimes réactionnaires arabes pour la libération de toute la Palestine de la mer au Jourdain (ce qui est confirmé par le logo sur lequel l’État d’Israël est entièrement effacé) et soutenir “la Résistance qui est le seul moyen pour le peuple palestinien de reconquérir ses droits historiques et légitimes. Nous la soutenons sous toutes les formes qu’elle juge nécessaire et légitime, y compris armée”.

 

On ne saurait être plus explicite. Ce soutien sans faille et sans tabou s’accompagne de campagnes menées sur le territoire français en faveur du boycott d’Israël, de la libération de terroristes condamnés et emprisonnés en Israël et de la cause palestinienne en général. La rhétorique du Comité Action Palestine est largement similaire, avec des communiqués mettant en cause la politique de la France “aux ordres de ses maîtres sionistes" et autres déclarations du même acabit. Parmi les “partenaires” du Collectif figure en bonne place le mouvement terroriste FPLP, branche de l’OLP d’obédience marxiste dont la phraséologie du Collectif s’inspire manifestement.

 

Dans ces circonstances, la décision du Conseil d’État s’apparente à un blanc-seing offert aux associations propalestiniennes les plus radicales, pour poursuivre leurs activités sur le sol français, au nom de la “liberté d’expression”. La lecture des deux décisions en référé est instructive. On y apprend notamment que le Collectif a prétendu devant le Conseil d’État que sa charte “faisait état de son soutien à la cause palestinienne sans prôner la violence ou la lutte armée”, alors même que cette charte affirme soutenir la “résistance” palestiniennesous toutes les formes qu’elle juge nécessaire et légitime, y compris armée”.

 

On reste sidéré qu’un mensonge aussi flagrant ait pu convaincre les membres éminents de la plus haute juridiction administrative française. Les juges du Conseil d’État savent-ils lire ? La position du Conseil d’État est exactement à l’opposé de celle que défend le ministre de l’Intérieur, mais également le président de la République Emmanuel Macron, qui a régulièrement affirmé que l’antisionisme était une forme d’antisémitisme.

 

La même dissonance se retrouve à l’égard de l’appel au boycott d’Israël, que le Conseil d’Etat considère comme légitime, affirmant que « l’appel au boycott, en ce qu’il traduit l’expression d’une opinion protestataire, constitue une modalité particulière d’exercice de la liberté d’expression et ne saurait par lui-même, sauf circonstances particulières établissant le contraire, être regardé comme une provocation ou une contribution à la discrimination, à la haine ou à la violence envers un groupe de personnes ». Cette affirmation contredit des dispositions de loi très claires qui font de l’appel au boycott une infraction pénale, comme le rappelait récemment le CRIF.

Comment comprendre dès lors ce double discours des autorités politiques et judiciaires françaises sur ce sujet ? Comme le rappelle Yves Mamou dans un livre récent (Le grand abandon, Les élites françaises et l’islamisme), ce sont les élites - et notamment les grands corps de l’État - qui sont le plus en pointe pour soutenir l’islamisme et pour laisser émerger sur le territoire français une “nation musulmane”, dont les valeurs sont contraires à celles de la République. La décision du Conseil d’État corrobore cette analyse.

 

Comme dans l’affaire Sarah Halimi, la justice française, jusque dans ses plus hautes instances, s’avère être le “maillon faible” dans la lutte contre l’antisionisme et l’antisémitisme, et pour le respect des principes républicains et de l’État de droit menacé par l’islam radical et ses soutiens. Les belles proclamations dans le sens contraire du président Macron ne modifient en rien cette triste réalité. La décision du Conseil d’Etat dans cette affaire confirme l’impression donnée par la Cour de cassation dans l’affaire Halimi : aux yeux des plus hautes instances de la justice française – dans sa branche judiciaire comme dans sa branche administrative – l’antisionisme/antisémitisme ne sont plus aujourd’hui une circonstance aggravante, mais bien une circonstance atténuante ! Cette sinistre réalité qui émerge sous nos yeux ressemble de plus en plus à un nouveau « Statut des Juifs » en France.

P. Lurçat

Manifestation contre Israël (source : site du Collectif Palestine vaincra)

Manifestation contre Israël (source : site du Collectif Palestine vaincra)

See comments

La guerre en Ukraine et la souffrance des poissons, Pierre Lurçat

March 2 2022, 08:18am

Posted by Pierre Lurçat

Des militaires ukrainiens se préparent à la riposte dans la région de Lougansk

Des militaires ukrainiens se préparent à la riposte dans la région de Lougansk

1.

Après plusieurs décennies de calme à l’intérieur des frontières de l’Europe, l’invasion russe en Ukraine a fait l’effet d’un coup de canon dans un ciel serein. Ce qui a volé en éclats avec l’offensive militaire russe est avant tout le rêve utopique d’une “paix perpétuelle”, sur lequel repose largement l’idée européenne née après 1945… Pour comprendre comment l’Europe a pu se laisser endormir ainsi, il suffisait de lire la “Une” du quotidien Le Monde daté du 25 février, consacrée à l’invasion russe de l’Ukraine, juste en dessous de laquelle se trouvait un article portant ce titre presque surréaliste : “Briser le silence sur la souffrance des poissons”.

 

 

Ce que signifie cette juxtaposition digne de Prévert, c’est que l’Europe est aujourd’hui largement coupée des réalités du monde, après avoir longtemps vécu dans une sorte d’utopie, où les sujets véritables (guerre, immigration, islam…) étaient le plus souvent escamotés, au bénéfice de débats idéologiques (Wokisme, féminisme radical, etc.) ou d’innocentes utopies, comme la question de la souffrance animale. De ce point de vue, les événements dramatiques actuels sont l’occasion de redescendre sur terre et de revenir à la dure réalité.

 

 

2.

“Est-ce bon pour les Juifs?” A la vieille question qui accompagne chaque événement de l’histoire mondiale, les réponses ne sont aujourd’hui pas unanimes. Un argument que l’on entend souvent ces derniers jours consiste à attribuer aux Ukrainiens actuels les crimes de leurs grands-parents. Vladimir Poutine ne s’est pas privé d’utiliser ce vieux poncif de la politique communiste, hérité de l’Union soviétique (n’oublions pas qu’il fut agent du KGB pendant de longues années, celles de sa formation idéologique), en interpellant sans vergogne  les Occidentaux : “Vous soutenez les nazis?”

 

Poutine, une petite personne qui se prend pour un grand empereur" - rts.ch  - Monde

Poutine officier du KGB

 

La question de l’attitude du peuple ukrainien pendant la Shoah est un sujet important, mais qui n’a aucun rapport avec le conflit actuel (de même que la question de Vichy ne devrait pas jouer un quelconque rôle dans le débat électoral français). Les régimes qui transforment l’histoire en enjeu idéologique et politique ne sont en général pas des régimes démocratiques, ou bien ce sont des démocraties gangrenées par l’idéologie dominante, ou par d’autres maladies actuellement très répandues.

 

En 1914, alors que le souvenir des pogromes d’Ukraine et de Russie était encore très vivace, Jabotinsky eut l’intuition que le mouvement sioniste devait s’allier avec l’Angleterre et la Russie contre les empires centraux, pour faire avancer la cause sioniste. Cette intuition s’avéra entièrement fondée, mais il eut beaucoup de mal à la faire accepter par les autres dirigeants juifs, foncièrement hostiles à toute alliance avec la Russie honnie. Ce que démontre cet exemple – parmi de nombreux autres – c’est que le souvenir des malheurs passés du peuple Juif ne doit pas servir de boussole exclusive pour déterminer sa politique au jour le jour.

 

3.

Ce qui nous amène à la position d’Israël dans le conflit en Ukraine. La valse-hésitation des dirigeants israéliens en dit long – au-delà de l’amateurisme démontré par le gouvernement Lapid-Bennet sur beaucoup de sujets – sur  la difficulté pour l’Etat juif de faire la part de ses intérêts géostratégiques et de ses choix politiques dans la guerre actuelle… J’avoue ne pas être entièrement convaincu, ni par les tenants d’un soutien inconditionnel d’Israël à l’Ukraine, ni par ceux d’une politique exclusivement guidée par les seuls intérêts géostratégiques et militaires d’Israël.

 

A cet égard, toute l’intelligence d’une politique étrangère digne de ce nom consiste à trouver l’équilibre entre ces différents intérêts et à ne pas adopter une ligne de conduite qui ferait totalement fi des arguments moraux, ou qui négligerait entièrement la Realpolitik. Comme je l’expliquais lors d’un colloque à Jérusalem consacré à la “politique extérieure juive d’Israël” (1), la politique étrangère d'Israël doit trouver la voie étroite et le juste milieu entre la morale pure et une politique qui “aurait les mains propres parce qu’elle n’aurait pas de mains” d’un côté, et la Realpolitik totalement froide et dénuée de considérations morales de l’autre (2).

Pierre Lurçat

 

1. Colloque en ligne sur le site Akadem,

https://akadem.org/sommaire/colloques/israel-un-etat-juif-dans-l-arene-internationale/la-politique-exterieure-juive-d-israel-20-06-2019-112402_4842.php

2. Comme l’écrivait Emmanuel Lévinas dans un texte intitulé “Politique après!”, publié dans le numéro spécial de la revue Les Temps modernes consacré au colloque israélo-palestinien de mars 1979 : “N’y aurait-il donc rien à chercher entre le recours aux méthodes dédaigneuses de scrupules dont la Realpolitik fournit le modèle et la rhétorique irritante d’un imprudent idéalisme, perdu dans des rêves utopiques, mais tombant en poussière au contact du réel…?”

Raïssa et Emmanuel Levinas avec leur fils Michaël au début des années 60

Raïssa et Emmanuel Levinas avec leur fils Michaël au début des années 60

See comments

Le “signe juif” au cœur de la campagne présidentielle?, Pierre Lurçat

January 25 2022, 13:54pm

Posted by Pierre Lurçat

Emmanuel Macron aux côtés de Benjamin Stora, de Jack Lang et du rabbin Korsia lors de l’inauguration de l’exposition à l’IMA

Emmanuel Macron aux côtés de Benjamin Stora, de Jack Lang et du rabbin Korsia lors de l’inauguration de l’exposition à l’IMA

 

Dans un article publié il y a une vingtaine d’années[1], le sociologue Shmuel Trigano analysait ce qu’il qualifiait de “signe juif de la politique française”, défini comme l’utilisation de la Shoah et du signe juif en général, à des fins politiques et politiciennes. “L'invocation répétée de la Shoah, source de moralisation universelle”, expliquait-il, “a contribué à la naissance d'un nouveau sacré qui a conféré au signe juif une valeur éthique absolue. Simultanément, la citoyenneté du juif français s'est vue construite comme modèle de l'intégration républicaine (I'envers de Vichy) offert en exemple aux immigrés : le signe juif, symbole de la République. Ces deux figures sont nées sans doute en écho au refoulé de l'Occupation dans la mémoire collective et à I'inquiétude née d'une immigration massive”.

 

Vingt ans plus tard, cette analyse n’a pas pris une ride. Au contraire : les récentes déclarations du président-candidat Emmanuel Macron sur Vichy et les Juifs ou celles sur les “Juifs d’Orient” (titre d’une exposition qu’il a récemment inaugurée à l’Institut du Monde arabe) et les polémiques permanentes autour de propos du candidat Eric Zemmour sur les mêmes sujets montrent que le “signe juif” est, une fois de plus, un élément central de la politique française, placé au cœur de la campagne pour l’élection présidentielle.


Paradoxalement, comme le constatait Trigano à l’époque, ce “signe juif” ne coïncide pas nécessairement avec la condition vécue des Juifs. L’expérience des vingt dernières années montre qu’il ne coïncide pas du tout avec elle… Au contraire, on pourrait dire - et c’est l’hypothèse que nous voudrions avancer ici - que l’utilisation du signe juif est d’autant plus marquée et flagrante que leur condition réelle se dégrade. Ou, pour dire les choses en d’autres termes, plus le “Juif réel” devient persona non grata dans la France d’aujourd’hui, plus son double symbolique est omniprésent et célébré dans le discours politique et médiatique.

Ainsi, alors que le “Nouvel antisémitisme” connaît un pic jamais atteint et que des Français de confession juive sont - pour la première fois depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale - assassinés en France parce qu’ils sont Juifs (Sébastien Sellam, Ilan Halimi, Mireille Knoll, Sarah Halimi, etc.), le président Emmanuel Macron célèbre, en inaugurant l’exposition sur “Les Juifs d’Orient” à l’institut du Monde arabe, le “vivre ensemble” (expression calquée de l’espagnol convivencia, terme qui a été utilisé pour décrire la soi-disant “coexistence judéo-musulmane” dans l’Espagne sous domination de l’islam[2]), l’hospitalité (en terre d’islam), les “influences mutuelles”, etc. Autant de thèmes idéologiques qui doivent permettre de réaffirmer son credo politique de la “France plurielle”, à la veille de l’élection présidentielle.

 

Dans ce discours politique et idéologique, les Juifs sont doublement mobilisés par le président Macron. Ils le sont à titre de “Juifs modèles”, représentants de la “communauté juive”, comme lorsque le grand-rabbin Haïm Korsia se tient aux côtés d’Emmanuel Macron et de Jack Lang pour apporter son tampon de "cacherout républicaine” à l’exposition de l’Institut du monde arabe. Et ils le sont en tant que “Juifs symboliques”, quand Macron célèbre le “peuple juif, mémoire de l’humanité”, expression qui tend à reléguer l’histoire juive concrète dans un passé immémorial. Ce discours enjoliveur a pour fonction de mobiliser le signe juif, en célébrant un passé juif idéalisé, tout en faisant oublier la condition terrible des Juifs réels dans la France actuelle.

 

De même, lorsqu’Emmanuel Macron se tient, entouré de Serge et de Béate Klarsfeld, devant la stèle en mémoire des déportés juifs à Vichy, pour effectuer “un double geste mémoriel” selon l’expression de certains médias, il mobilise là encore le “signe juif” à des fins politiques et politiciennes (pour contrer la campagne d’Eric Zemmour, comme l’explique Le Monde). Dans les deux cas, les "Juifs modèles" que sont les époux Klarsfeld ou le rabbin Korsia servent non seulement de faire valoir au président de la République candidat à sa réélection, mais ils servent aussi de "témoins" de moralité, au service d'une entreprise de récupération politique de l'histoire et de négation de la réalité de la condition juive.

 

Que cette utilisation du "signe juif" ait commencé à l'époque du Président François Mitterrand n'est évidemment pas fortuit. Celui-ci était en effet l'homme politique qui a le plus exploité la présence de personnalités juives, dont il aimait à s'entourer pour jeter un voile opaque sur ses véritables intentions et motivations. Le seul président de l'histoire politique française qui était un authentique homme d'extrême droite, ancien cagoulard décoré de la Francisque, devenu "socialiste" par pur opportunisme, a pu ainsi s'acheter une réputation d'ami des Juifs qui perdure jusqu'à ce jour.

Mitterrand avec Pétain, 1942

Plus tard, Jacques Chirac a poursuivi sur cette voie, en prononçant son fameux discours du Vel d'Hiv, tout en vendant à Saddam Hussein l'arme nucléaire qui aurait pu effacer Israël de la carte, sans la décision de Menahem Bégin de détruire Osirak… l'acte bien réel et concret de la diplomatie française pro-arabe était ainsi contrebalancé, et pour ainsi dire effacé, par le geste symbolique du président Chirac, décrit jusqu'à aujourd'hui comme très philosémite.

 

La politique française continue aujourd'hui de se servir du signe juif, avec la coopération active des Juifs-modèles, les Klarsfeld, Attali, Jack Lang,  etc. (la liste est longue), sous la présidence d'Emmanuel Macron. Au-delà même de cette duplicité fondamentale de la politique française, le signe juif a pour fonction principale de focaliser le débat public et de discréditer les adversaires du pouvoir en place, en tenant lieu d'exutoire symbolique et de cache-misère, qui dissimule tant bien que mal la réalité de la condition juive, dont la dégradation apparemment irréversible est acceptée comme un fait accompli. Les Juifs-modèles célèbrent ainsi le mensonge du "vivre ensemble", en occultant la réalité du nouveau statut des Juifs, celui de la dhimma, aujourd'hui rétablie en France.

Pierre Lurçat

Article paru sur le site Menora.info

_____________________________________________________________________

 

Un événement éditorial : La maison de mon père, de Golda Meir

 

Pierre Lurçat présente le livre au micro de Cathy Choukroun sur RADIO QUALITA

 

https://www.youtube.com/watch?v=T5aGrpsaHI4

 

Une des plus grandes dames de la scène politique israélienne…”

Ilana Ferhadian, RADIO J

 

https://www.youtube.com/watch?v=iiJLxxXn3-M




 

En 1972 paraissait en Israël le premier livre autobiographique rédigé par Golda Meir, qui était alors Premier ministre depuis plusieurs années. Ce texte, publié en français pour la première fois, couvre la partie de la vie de l’auteur qui s’étend de son enfance en Russie et de sa jeunesse en Amérique, à son séjour au kibboutz Merhavia, dans les années 1920. On y découvre, outre l’autoportrait de celle qui allait devenir la première femme Premier ministre de l’État d’Israël, la description fidèle et sans fioritures d’une génération tout entière, celle des pionniers de la Troisième Alyah (1921-1924). 

 

La maison de mon père, traduction et présentation de Pierre Lurçat, éditions Books on Demand

 

Les demandes de service de presse (papier ou numérique) doivent être adressées à

Noémie Machner

+33 (0)1 53 53 14 89

presse@bod.fr

avec en copie 

editionslelephant@gmail.com

 

 

 

[2] Voir à ce sujet S. Trigano, “La convivencia”, de la modernité à la post-modernité, Pardès no. 67.

Emmanuel Macron entouré des époux Klarsfeld à Vichy, (photo AFP)

Emmanuel Macron entouré des époux Klarsfeld à Vichy, (photo AFP)

See comments

Un phare pour les Juifs de France et pour Israël : Hommage à Jacques Kupfer (1946-2021)

December 31 2021, 10:23am

Posted by Pierre Lurçat

 

L’histoire du militantisme juif en France reste à écrire. Un des chapitres les plus importants de cette histoire a été écrit par Jacques Kupfer, ancien Netsiv Betar et président du Herout de France, disparu il y a tout juste un an aujourd'hui, le 27 Téveth 5780. Né en 1946, Jacques Kupfer a non seulement été le moteur de l'engagement sioniste de plusieurs générations de militants juifs de France, à travers les multiples organisations qu'il a fondées et dirigées, mais il a également servi de phare pour une communauté juive souvent désorientée et qui a traversé de multiples épreuves, depuis les années 1960 et jusqu'à nos jours.



 

J. Kupfer en uniforme du Betar

 

Contrairement au tableau édifiant souvent dressé de l'histoire des Juifs en France depuis 1945, celle-ci n'est en effet nullement un long fleuve tranquille ou une “success story”. En réalité, on peut la décrire comme la remise en question progressive de l'intégration réussie du judaïsme français, tant par la politique étrangère de la France que sur le plan intérieur. Dans ce contexte, le judaïsme officiel a souvent choisi une attitude de résignation, d'acceptation et pour finir de dhimmitude. Les institutions juives de France, avec quelques rares exceptions, ont dans la plupart des cas accepté ainsi comme un fait accompli la politique arabe de la France et ses conséquences. On en donnera pour illustration le fait que les grandes manifestations pour Israël des années 1970 et 1980 se sont progressivement taries, au point que la France est devenue l'un des rares pays où il est aujourd'hui quasiment interdit de manifester publiquement son soutien à Israël.

 

Dans ce contexte de dhimmitude grandissante, Jacques Kupfer faisait exception. Le Betar et le Herout de France qu’il dirigeait ont levé haut le drapeau d'Israël en France, sans jamais craindre les réactions de nos ennemis, ou celles des autorités françaises. Jacques Kupfer a écrit, avec les militants des organisations qu'il dirigeait, certaines des pages les plus glorieuses du judaïsme de France, celles de la mobilisation pour les Juifs d'URSS, du combat et de l'activisme sans faille pour Israël et contre l'antisémitisme de tous bords.

 

Mais Jacques Kupfer n'était pas seulement un chef et un.dirigeant politique lucide et charismatique. Il était véritablement un phare, qui a éclairé et accompagné le.judaïsme de France, en lui montrant toujours la direction ultime, celle du retour à Sion. Tous n'ont pas fait leur Aliyah, mais tous savaient que leur avenir était en Israël. Ce combat s'est poursuivi en Israël, où Kupfer a poursuivi son œuvre de militantisme politique, notamment à travers le Yom.Hebron et à travers Israël forever, organisation militante aujourd’hui dirigée par sa fille, Nili Kupfer Naouri.

 

Jacques Kupfer lors d’une manifestation d’Israël Forever

 

De toutes ses multiples réalisations et parmi toutes les fonctions qu’il a occupées - au sein des institutions sionistes notamment - celle qui lui était la plus chère était d’avoir dirigé le Betar, en tant que “Netsiv Betar”. Si l’on veut tenter de comprendre un tant soit peu qui était Jacques Kupfer, il faut lire le portrait que dresse le fondateur du Betar, Zeev Jabotinsky, du colonel Patterson, commandant de la Légion juive, dans son autobiographie. Patterson, écrit-il, se sentait chez lui dans le monde de la Bible hébraïque. Ehoud et Ifta’h, Gideon et Shimshon, David et Avner – à ses yeux étaient vivants, ils étaient des amis personnels, presque ses camarades et ses voisins du club de cavalerie de la rue Piccadilly. Je m’en réjouis, l’illusion biblique permet parfois de masquer l’absence de beauté de l’existence galoutique…”.

 

Ces lignes s’appliquent parfaitement à Jacques Kupfer, qui a lui aussi consacré une grande partie de sa vie à la cause juive et sioniste dans la Galout de France, dont l’absence de beauté n’a rien à envier à celle de la Russie évoquée par Jabotinsky. Mais, aux yeux de Jacques Kupfer, comme à ceux du colonel Patterson, l’existence galoutique était transfigurée par la présence des héros de la Bible hébraïque et de ceux de la Renaissance d’Israël, des pionniers de la “Hityashvout” - l’implantation juive - en Judée et en Samarie, au Goush Katif et à Hébron, des combattants de l’Etsel et du Lehi, des “Olé ha-Gardom”, les jeunes combattants de l’Irgoun et du Lehi pendus par les Anglais et de tous ces héros qui étaient véritablement vivants et qui étaient “des amis personnels”, pour Jacques Kupfer et - à travers lui - pour nous tous.

 

Yom Hébron

 

L’histoire du militantisme juif en France reste à écrire. Il reste notamment à écrire comment, malgré la politique arabe de la France, axe essentiel de sa politique étrangère devenue aujourd’hui un axe de sa politique intérieure et malgré l’hostilité insondable des dirigeants français envers Israël - qu’ils parviennent très mal à dissimuler par leurs proclamations d’amitié mensongères - le mouvement sioniste jabotinskien en France a levé haut la bannière d’Israël et a écrit une page glorieuse de l’histoire juive. Que le souvenir de Jacques Kupfer soit béni et qu’il continue d’éclairer et de guider le judaïsme de France et le peuple d’Israël.

Pierre Lurçat

 

J’ai évoqué ce matin la personne et l’action de Jacques Kupfer au micro d’Ilana Ferhadian sur Radio J

https://www.radioj.fr/podcast/linvite-dilana-ferhadian-107/

 

See comments

Après le meeting de Villepinte - Zemmour : le "petit Juif berbère" contre les barbares

December 12 2021, 09:19am

Après le meeting de Villepinte - Zemmour : le "petit Juif berbère" contre les barbares

 

A ceux qui sont censés lutter contre le Diable, tout est permis.

Et le Diable n’a plus qu’un visage : le “fascisme”.

 

P. A. Taguieff (1)

1.

 

La “mue” du candidat Zemmour a bien eu lieu. Le journaliste – que de nombreux médias s’obstinent à qualifier de “polémiste d’extrême-droite” – a réussi sa transformation en candidat officiel, et sa prestation à Villepinte, sa prestance, sa posture et son discours étaient bien ceux d’un candidat à l’élection présidentielle et d’un homme politique. N’en déplaise aux médias de gauche, qui ont fait leurs choux gras de quelques incidents ayant émaillé la soirée, celle-ci était de l’avis de tous les observateurs impartiaux, une réussite. Bien entendu, cela ne va pas modifier fondamentalement l’attitude de la plupart des médias et des commentateurs politiques en France, qui s’en tiennent au discours convenu, celui de l’anti-zemmourisme primaire.

 

Celui-ci a atteint de nouveaux sommets de ridicule et d’emphase ces derniers jours. Ainsi, quand le ministre Darmanin qualifie d’ignoble le clip vidéo de campagne de Zemmour, il montre que le sens des mots s’est dévalué, au point qu’ils ne veulent plus dire grand-chose (dans sa bouche en tout cas). J’ai eu beau visionner plusieurs fois cette vidéo, je m’interroge toujours sur ce qu’on peut y trouver d’ignoble, c’est-à-dire, au sens propre, de “moralement bas” ou “d’une laideur affreuse”… Sauf peut-être les images de ces voyous encagoulés, attaquant des passants dans la rue et de cet “ensauvagement” de la société française depuis plusieurs décennies.

 

 

2.

 

Le pari politique d’Eric Zemmour, celui de réunir au sein de sa base électorale deux France qui s’ignorent et qui n’ont pas beaucoup en commun : celle des “petits Français blancs” victimes du “Grand Remplacement” et du “Grand Déclassement” – pour reprendre sa terminologie – et celle de la bourgeoisie catholique traditionnelle, est loin d’être gagné. Les représentants de cette seconde France étaient apparemment plus nombreux à Villepinte que ceux de la première. De la réussite de ce pari dépend grandement la réussite électorale du parti d’E. Zemmour, qu’il est difficile de prévoir aujourd’hui.

 

Mais il est certain que les grands thèmes de sa campagne, égrenés dans son “Serment de Villepinte”, sont chers à la fois aux membres de cette première France et à ceux de la seconde. Car tous sont attachés à l'histoire et à la grandeur passée de leur pays, qu’ils souhaitent voir restaurer, pour des raisons parfois différentes. Que le rassembleur de ces deux France soit un “petit Juif berbère” (selon l'expression de l’intéressé lui-même) est une ironie de l’Histoire, qui fait penser au mot fameux prêté au général De Gaulle, “à Londres, j’attendais la France des églises, j’ai vu venir celle des synagogues”.

 

3.

 

Il y avait plusieurs moments d’émotion palpable dans le discours d’Eric Zemmour à Villepinte. Celui où il évoquait ses parents, et surtout sa mère, qui lui  a inculqué l’amour de la France et de son histoire. Bien entendu, c’était un discours politique, mené de main de maître par un homme qui pratique les médias depuis plusieurs décennies et qui sait manier le langage. Mais c’était aussi un discours de sincérité ; la profession de foi de quelqu’un qui, comme il l’a expliqué de manière convaincante, ne serait jamais entré dans l’arène politique, s’il n’avait éprouvé le sentiment d’une urgence. Et l’urgence, c’est bien celle de redresser et de “sauver” la France, n’en déplaise aux éditorialistes de Libération et du Monde.

 

Ceux qui scrutent la moindre phrase d’Eric Zemmour pour déterminer avec une fausse érudition si elle est plutôt “maurassienne” ou plutôt “barrésienne”, montrent qu’ils n’ont rien compris aux vrais sujets qui préoccupent la grande majorité des Français. Car le discours de Villepinte n’était pas tourné vers le passé et vers la nostalgie d’une France disparue, mais bien vers l’avenir. Et à cet égard, comme l’a dit Alain Finkielkraut, on peut ne pas partager les références littéraires ou politiques d’Eric Zemmour, mais on ne peut rester insensible au constat qu’il fait, d’une France en déclin et en danger

Pierre Lurçat.

1. P. A. Taguieff, Du Diable en politique, Réflexions sur l’antilepénisme ordinaire.

(Article paru sur le site Causeur.fr)

De Gaulle passant en revue les premiers éléments de la France libre, Londres

De Gaulle passant en revue les premiers éléments de la France libre, Londres

See comments

Zemmour, la France et l’Orient simplifié

November 13 2021, 21:27pm

Posted by Pierre Lurçat et Philippe Karsenty

Réconcilier la France avec son passé et tout faire pour préserver son avenir, ce programme justifie aux yeux d’Éric Zemmour quelques entorses à la vérité historique et au langage trop lisse de ses adversaires politiques. Oui, il y a bien du Donald Trump en lui, car tout comme ce dernier voulait « Make America Great Again », Éric Zemmour affirme que la « France n’a pas dit son dernier mot ».

Article paru dans Causeur

 

Une tribune libre de Philippe Karsenty et Pierre Lurçat

 


Au micro de Jean-Marc Morandini sur CNews, Éric Zemmour déclarait à son interlocutrice, une Franco-marocaine voilée de Drancy, « La France, c’est sacré ». Ces mots ne sont pas un slogan électoral : ils définissent le cœur de l’identité – et aussi du programme électoral – d’Éric Zemmour. Que ce programme soit incarné par un Français né de parents juifs d’Algérie est à la fois symbolique et anachronique. Oui, il y a sans doute quelque chose d’anachronique dans le discours de Zemmour, que ses détracteurs dépeignent injustement comme un « nostalgique de Pétain ».

Les juifs aussi ne s’assimilent plus vraiment

Anachronique, son éloge d’une assimilation sans partage, à laquelle n’adhèrent plus les représentants officiels du judaïsme français. Anachronique, et pourtant terriblement actuel. Pendant que les grands médias et tous ceux qui prétendent parler au nom du « camp du Bien » se délectent de comparaisons abusives et de « reductio ad hitlerum », expliquant doctement comment Zemmour entend « réhabiliter Vichy » et absoudre la France de tous ses crimes, celui-ci aborde, sans complexes et avec un langage que certains comparent à celui de l’ex-président des États-Unis Donald Trump, la réalité bien tangible de la vie quotidienne de millions de Français. Des Français écrasés d’impôts et humiliés dans leur fierté nationale, qui ne se reconnaissent plus dans le discours politique dominant, dont sont tellement absents les sujets tabous de l’immigration, de l’islam et de l’identité nationale.

A lire aussi, Elisabeth Lévy: Z le maudit

En réalité, pour appréhender le discours d’Éric Zemmour et comprendre les raisons de son succès, il faut se départir des clichés de la doxa médiatique, pour tenter d’entendre ce qu’il dit de la France – qu’il a mise au cœur du débat électoral, comme l’a observé Alain Finkielkraut – et ce qu’il dit aux Français. Le clivage qui s’est instauré depuis quelques semaines entre une France pro-Zemmour et une France anti-Zemmour, clivage qui a déjà donné lieu à de violentes manifestations des mal-nommés « Antifa », n’oppose pas « droite » et « gauche », concepts qui ont perdu depuis longtemps une grande partie de leur pertinence politique.

Anywheres contre Somewheres

Ce clivage oppose ce que l’essayiste britannique David Goodhart appelle les « gens de partout » (Anywheres) et le « peuple de quelque part » (Somewheres). Zemmour incarne de toute évidence ces Français qui se sentent appartenir à la terre de France et à son histoire et qui – pour reprendre ses propres termes – croient encore au Destin français, tout en se sentant exilés dans leur propre pays et en souffrant de voir bafouer les symboles de la France et ses représentants, lorsque son drapeau est piétiné ou que ses policiers sont agressés et insultés. Sa dénonciation du « Grand remplacement » est partagée par tous ceux qui le vivent au jour le jour.

Et les Français juifs ? Ils sont eux aussi, à l’instar de l’ensemble des Français, partagés entre les deux camps, celui des « gens de partout » et celui du « peuple de quelque part ». Zemmour, qui se dit « non sioniste » mais « pas antisioniste », a prononcé sur i24 des déclarations concernant Israël qui font de lui le plus pro-Israélien de tous les hommes politiques français, en déclarant qu’il n’y aurait pas d’État palestinien et que Jérusalem était la capitale d’Israël. Foulant aux pieds les principes de la politique arabe de la France depuis des lustres, il a montré que son patriotisme français n’était pas contradictoire avec une amitié véritable entre la France et Israël, bien au contraire (même s’il n’a apparemment pas vraiment pris la mesure de la menace iranienne).

A lire aussi, David Goodhart: Royaume-Uni: «Il est beaucoup plus facile de parler de l’immigration aujourd’hui qu’il y a vingt ans»

Ce qui n’empêche pas certains – et notamment le grand-rabbin de France Haïm Korsia – de l’accuser d’être « antisémite » après avoir mis en doute sa judéité. Ce faisant, ce dernier sort de sa fonction de rabbin pour devenir un acteur politique. Pour comprendre cette situation, il faut se rappeler que la politique française repose largement sur ce que le sociologue Shmuel Trigano appelle « l’adoration du corps de la victime », qui va de pair avec l’hostilité au peuple Juif vivant. C’est la même France officielle, qui depuis 25 ans verse ainsi des larmes de crocodile sur les victimes de la Shoah, tout en développant des politiques hostiles à Israël et en soutenant les organisations terroristes comme le Hamas et le FPLP, qui sont les pires assassins de Juifs des temps modernes.

Il faut alors se rappeler des mots de Jacques Chirac, en juillet 1995, s’apitoyant sur les Juifs morts de la Shoah pour mieux condamner et diaboliser ensuite les Juifs vivants en Israël, qui cherchaient à se défendre contre les organisations terroristes palestiniennes. Oint de son blanc-seing de défenseur des Juifs morts, Jacques Chirac se sentait alors d’autant plus libre d’armer ceux qui voulaient détruire l’État d’Israël. Il n’est pas étonnant de retrouver aujourd’hui du côté des anti-Zemmour des chiraquiens qui n’ont jamais su, ou voulu, s’opposer à ses politiques hostiles à Israël. Comme Haïm Korsia, qui a fait préfacer un de ses livres par Jacques Chirac, ou comme Frédéric Salat-Baroux, qui a embrassé le chiraquisme au point d’épouser la fille de l’ancien président.

Chirac à Jérusalem en 1996

C’est sans doute aussi pour dénoncer cette contradiction que le candidat Zemmour ne s’encombre d’aucun « politiquement correct » quand il aborde le sujet de Vichy. Réconcilier la France avec son passé et tout faire pour préserver son avenir, ce programme justifie aux yeux d’Éric Zemmour quelques entorses à la vérité historique et au langage trop lisse de ses adversaires politiques. Oui, il y a bien du Donald Trump en lui, car tout comme ce dernier voulait « Make America Great Again », Éric Zemmour affirme que la « France n’a pas dit son dernier mot ». Seul l’avenir nous dira s’il permettra de « Restaurer la grandeur de la France ».

Ph. Karsenty et P. Lurçat

 

See comments

Débattre au bord du gouffre ou perpétuer la France : Trois réflexions sur le phénomène Zemmour, Pierre Lurçat

November 4 2021, 15:37pm

Posted by Pierre Lurçat

 

Il faut écouter la longue interview que le presque-candidat Éric Zemmour a accordée à Benjamin Petrover sur i24 News. Il y dévoile plusieurs éléments importants de sa vision du monde, et se livre à un débat passionnant avec le philosophe Alain Finkielkraut. En tant qu’Israélien et que sioniste, je suis évidemment très éloigné de ses conceptions et je ne pense pas, comme je l’ai écrit ici, que les Juifs soient concernés collectivement par le destin français. Mais on ne peut pour autant se désintéresser entièrement de l’avenir d’un pays qui abrite la deuxième communauté juive du monde en dehors d’Israël, et qui est aussi le pays où nous avons grandi.

 

1. Zemmour antisémite? La double erreur du rabbin Korsia

 

En qualifiant Éric Zemmour de “Juif antisémite”, le grand rabbin Haïm Korsia a commis une double erreur. Erreur factuelle, car rien ne permet de qualifier ainsi M. Zemmour, indépendamment de ce que l’on pense de ses opinions et de ses engagements. Erreur politique surtout, car il est dangereux de transformer le débat qui oppose aujourd’hui une France pro-Zemmour et une France anti-Zemmour en débat judéo-juif. Éric Zemmour est aujourd’hui candidat (pas encore déclaré) à l’élection présidentielle, il n’est pas candidat à la présidence du CRIF ou du Consistoire. 

 

Le rabbin Korsia, avec Emmanuel Macron

 

Les institutions juives de France, comme je l’ai dit ce matin au micro de Daniel Haïk, seraient bien inspirées de faire preuve d’un peu de réserve et d’intelligence politique, au lieu de foncer tête baissée dans un débat intra-communautaire dont rien ne peut sortir de bon pour les Juifs. D’autant plus que la position sur laquelle se tient Éric Zemmour, celle du “Français de confession juive”, était celle que défendaient autrefois ces mêmes institutions juives - Consistoire et CRIF - qui ont depuis adopté la logique du communautarisme, pour le meilleur et pour le pire. Le communautarisme a certes permis au judaïsme français de vivre et de s’épanouir pendant plusieurs décennies. Mais il a aussi tenu lieu de dangereux précédent, en créant une brêche dans laquelle se sont engouffrés les tenants d’un islam de France, qui n’a rien à voir avec le judaïsme et encore moins avec le franco-judaïsme.

 

2. Le sionisme d’Éric Zemmour et celui de Léon Blum

 

En déclarant sur i24 que Jérusalem est la capitale d’Israël (et en faisant cette déclaration, répétons-le, en tant que candidat à la magistrature suprême de la République française), Éric Zemmour s’inscrit dans une tradition philo-sioniste française, qui n’a rien à voir, quoiqu’en disent les historiens patentés, avec Barrès ou Maurras. Cette tradition est celle de Léon Blum, qui déclarait "Je suis un Français - fier de son pays, fier de son histoire, nourri autant que quiconque, malgré ma race, de sa tradition." Déclaration à laquelle Zemmour pourrait souscrire entièrement. 

 

Blum, Français fier de son pays, était aussi fier de son judaïsme et il s’engagea résolument en faveur de l’idée sioniste, comme le rappelle André Blumel dans un article passionnant (1). C’est dans cette tradition de patriotisme français philo-sioniste que s’inscrit Éric Zemmour, même s’il est politiquement très éloigné d’un Léon Blum. Ajoutons que les caricatures qui le visent rappellent aussi celles qui visaient jadis le Premier ministre Léon Blum...

 

La mémoire de Léon Blum honorée au kibboutz Kflar Blum

 

3. Débattre de l’histoire de France au bord du gouffre?

 

Il est consternant de lire les nombreuses tribunes d’historiens plus ou moins sérieux, qui publient dans les colonnes du journal Le Monde leurs savantes dissertations sur l’histoire de Vichy ou sur l’affaire Dreyfus, en se livrant à de futiles comparaisons (2).  L’affaire Dreyfus, est-il besoin de le rappeler, est terminée depuis plus d’un siècle. On se demande quel malin plaisir les médias français trouvent à raviver de vieilles blessures nationales guéries depuis longtemps et à souffler sur les braises pour ranimer de vaines polémiques. La France excelle dans les vaines polémiques.

 

Mais le phénomène Zemmour mérite mieux que les débats judéo-juifs ou que les querelles d’historiens. Comme l’affirme Alain Finkielkraut, que personne n’ira suspecter d’antisémitisme, Zemmour a le mérite de la sincérité et surtout celui d’avoir remis la France au coeur du débat électoral. Que la France soit aujourd’hui au bord de la guerre civile ou qu’elle y soit déjà plongée, le temps n’est plus aux vaines polémiques.

 

La France au coeur de la campagne présidentielle : Éric Zemmour

 

Comme le rappelle Éric Zemmour à Alain Finkielkraut, dans leur débat télévisé sur i24, on aimerait parler longuement de littérature, de l’histoire de France et de tous ces sujets chers aux Français juifs qu’ils sont, mais l’heure est trop grave pour se dérober aux questions tellement plus urgentes et essentielles. On ne débat pas de poésie au bord du gouffre. “Aujourd’hui il faut (choisir entre) vivre ou mourir” conclut Zemmour face à Finkielkraut qui acquiesce, avec des mots qui évoquent les versets du Deutéronome.”Tu choisiras la vie, afin que tu vives, toi et tes descendants”. Zemmour, on le voit, n’est pas si éloigné du judaïsme qu’on ne pourrait le croire.

P. Lurçat

1. Voir http://judaisme.sdv.fr/perso/lblum/bl-sion.htm

2. Georges Bensoussan a répondu de manière convaincante à l’une de ces tribunes, en réfutant les comparaisons entre le discours de Zemmour et les discours fascistes. Voir https://www.causeur.fr/antisemitisme-communautarisme-edouard-drumont-eric-zemmour-polemique-2-166616


 

See comments

Chroniques citoyennes d’un suicide programmé, d’Evelyne Tschirhart

July 11 2021, 14:25pm

Posted by Pierre Lurçat

J’avais beaucoup aimé Le Tranchant de la lumière, d’Evelyne Tschirhart. Professeur honoraire d’art plastique, peintre et photographe, elle a publié plusieurs ouvrages sur l’état de l’école en France. Son dernier livre, Chroniques citoyennes d’un suicide programmé, élargit la cible en abordant les différents domaines de la décadence française. Son diagnostic est clair, son style plein de verve et d’humour.

 

Depuis une trentaine d’années, voire plus, notre pays s’enlise dans l’abandon de son identité : celle de la famille, de la religion, de la culture, pour laisser la place à une société multiculturelle vouée à la décadence politique, au profit d’un totalitarisme encore feutré, mais où la violence fait force de loi”.

 

Pour illustrer ce constat, que de nombreux observateurs ont fait depuis plusieurs décennies, l’auteur aborde des sujets aussi divers que l’enseignement (qu’elle connaît bien pour avoir été institutrice puis professeur), les moeurs, l’islam ou l’art contemporain. Ce livre réunit des chroniques parues depuis une dizaine d’années dans différents médias et revues français.



 

 

Le livre s’ouvre sur cette anecdote rapportée par Allan Bloom en 1985, qui n’a rien perdu de sa pertinence : “Quand j’ai commencé à prendre conscience du déclin de la lecture, c’est-à-dire vers la fin des années soixante, j’ai pris l’habitude de demander aux élèves... quels étaient les livres qui comptaient vraiment pour eux. La plupart d’entre eux demeuraient muets… La notion de livres considérés comme des compagnons de route leur est étrangère” (in L’âme désarmée, essai sur le déclin de la culture générale).

 

Comme souvent, les observateurs américains les plus lucides (parmi lesquels on peut citer, outre Allan Bloom, le nom de Neil Postman) ont décrit une réalité qui a depuis gagné les autres continents. L’originalité du livre d’Evelyne Tschirhart est de relier le déclin de l’enseignement et de la culture générale à d’autres sujets, apparemment différents, en montrant comment ils participent du même phénomène.
 

Evelyne Tschirhart

 

Ainsi de l’art contemporain (AC), cet “art du vide” dont elle montre les présupposés idéologiques en critiquant avec humour ses thuriféraires. La partie du livre consacrée à l’islam contient des réflexions importantes, de même que celle sur l’enseignement. L’auteur rapporte des anecdotes tirées de son expérience, comme cet échange ubuesque entre une jeune prof s’adressant ainsi à ses élèves : “Taisez-vous, vous me faites ch…”, pour se voir répondre : ”M’dame, ça se fait pas, et le respect alors!”.

 

Pour un lecteur israélien, la lecture du livre d’Evelyne Tschirhart procure un double sentiment. Celui que notre pays partage beaucoup des travers analysés en France, tout d’abord. Mais aussi celui que notre sort est malgré tout plus enviable, car - pour reprendre une métaphore du rav Kook - les maux et les épreuves que nous subissons en Israël sont les “douleurs de l’enfantement”, tandis que celles de la France sont visiblement les “douleurs de l’agonie”. Un livre salutaire.

Pierre Lurçat

 

E. Tschirhart, Chroniques citoyennes d’un suicide programmé, éditions de Paris/Max Chaleil 2021.

 

See comments

<< < 1 2 3 > >>