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politique israelienne

Le nouveau Premier ministre d’Israël s’appelle… Binyamin Nétanyahou par Pierre Lurçat

April 10 2019, 11:50am

Posted by Pierre Lurcat

 

Le 9 avril 2019, Daleth bé-Nissan 5778, restera un jour marqué d’une pierre blanche pour le peuple d’Israël. La démocratie israélienne s’y est en effet montrée sous son meilleur jour. Au terme de longues semaines d’une campagne électorale virulente, marquée par des échanges d’insultes, des arguments démagogiques, une désinformation sans précédent et des calomnies quotidiennes, le peuple s’est prononcé. Son verdict est sans appel : il a redonné mandat à Binyamin Nétanyahou pour présider au destin d’Israël. Rappelez-vous bien cette date: elle marque sans doute le début d’une nouvelle ère pour Israël.

 

 

Rappelez-vous bien cette date, car les médias - en France et ailleurs - vont dès demain reprendre leur litanie anti-israélienne, en prétendant que Nétanyahou n’est pas l’élu du peuple et le représentant de la seule démocratie du Moyen-Orient, mais qu’il est un “populiste nationaliste” représentant “l’extrême-droite nationaliste et religieuse”, pour citer un ancien ministre des Affaires étrangères français. L’intervention grossière du président Emmanuel Macron dans la campagne électorale israélienne n’aura été que la partie visible de l’iceberg de la diplomatie française qui s’efforce depuis des lustres, par des moyens visibles ou cachés, d’affaiblir l’Etat juif, au nom d’une politique hostile traditionnelle remontant aux années 1930, que le regretté Michel Darmon qualifiait avec raison de “croisade”, aux relents prononcés d’antisémitisme (1).

 

Rappelez-vous bien cette date, car en Israël même, les médias et les vieilles élites de la gauche vont très vite entamer à nouveau le refrain qu’elles ne cessent de déclamer depuis des mois et des années : “Nétanyahou n’est pas capable de gouverner Israël. Il doit être jugé et condamné”. Après avoir perdu tout espoir de faire tomber Nétanyahou par la voie démocratique, ils vont reprendre leurs manigances pour priver le peuple israélien du résultat de son vote. La Cour suprême - qui est devenue depuis trois décennies le premier pouvoir en Israël - les médias majoritairement acquis à l’opposition, les “élites” des mondes des arts, de la culture et de l’université qui n’ont jamais accepté le “Ma’apa’h” - l’arrivée au pouvoir de la droite en 1977 et surtout celle du successeur de Menahem Begin et d’Itshak Shamir, Binyamin Nétanyahou - vont reprendre leur travail de sape.

 

Mais rien de tout cela ne pourra changer cette réalité simple et dérangeante, que ses ennemis à l’extérieur, et ses adversaires à l’intérieur ont beaucoup de mal à accepter: Nétanyahou est le Premier ministre d’Israël! Il est, comme je l’écrivais il y a quelques semaines, le seul candidat qui peut aujourd’hui diriger Israël. Et ses accomplissements politiques et diplomatiques en font un des meilleurs Premiers ministres qu’a connus Israël depuis 1948. Il est le digne fils du professeur Bentsion Nétanyahou (2).


 

Bentsion Netanyahou et son fils, lors d’une cérémonie en souvenir de Yoni

 

Comme l’écrit avec clairvoyance Caroline Glick, il existe un écart considérable entre l’image de Nétanyahou véhiculée par les médias israéliens et sa personnalité véritable. C’est en effet Binyamin Nétanyahou qui a “transformé Israël en puissance économique et militaire” et a utilisé cette puissance économique pour “asseoir une nouvelle stratégie diplomatique”. Nétanyahou, conclut Glick (4), est le “dirigeant le plus important qu’a connu Israël depuis Ben Gourion” et aussi le plus sous-estimé. Je partage sans réserve le jugement de Caroline Glick, candidate sur la liste de la Nouvelle Droite israélienne, dont on ne sait pas à l’heure où j’écris ces lignes si elle entrera à la Knesset.

 

Mais j’ajouterai à ces mots une chose - cruciale à mes yeux. Si Nétanyahou a montré sa dimension de dirigeant et d’homme politique sur le plan de la diplomatie et de la politique étrangère, tissant des relations d’égal à égal avec les chefs des plus grandes puissances et hissant de fait Israël au rang qui lui revient de puissance sur la scène des nations, il lui reste à accomplir la même chose sur le plan intérieur.

 

Nétanyahou deviendra un des grands dirigeants de l’Etat d’Israël moderne, s’il parvient à résoudre un des problèmes les plus brûlants de la société israélienne, que les grands partis politiques ont largement négligé depuis longtemps : celui de la situation économique et sociale. L’Etat d’Israël, au cours de ses 70 années d'existence, est en effet passé presque sans transition d'un régime économique socialiste à un régime ultra-libéral ou, pour reprendre les termes de Jabotinsky, de « l'esclavage socialiste » au « capitalisme sauvage ». Il reste aujourd'hui à accomplir le programme de Jabotinsky, en édifiant une société plus égalitaire, réalisant ainsi l'idéal de justice sociale de la Bible hébraïque. (3)

 

Rappelez-vous bien la date du 9 avril 2019. Nétanyahou a été réélu pour la cinquième fois à la tête d’Israël. Le petit-fils du rav Nathan Milikovsky, qui adopta le nom de plume de “Nétanyahou” - qui signifie “Dieu nous a donné”, est d’ores et déjà entré dans l’histoire d’Israël.

Pierre Lurçat

NB j'ai commenté les résultats des élections ce matin sur Studio Qualita

https://www.youtube.com/watch?v=KfBnI6rOiVA

Nétanyahou et sa femme Sarah, montrant le sceau biblique qui porte son nom

 

(1) Voir sur ce sujet le livre indispensable de David Pryce-Jones, Un siècle de trahison, La diplomatie française et les Juifs, 1894-2007, Denoël 2007.

(2) Je consacre un chapitre de mon dernier livre à la figure marquante de Bentsion Nétanyahou.

(3) Je renvoie sur ce sujet à mon livre Israël, le rêve inachevé. Editions de Paris 2018.

 

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Pour comprendre Benjamin Nétanyahou : sans fard ni caricature : Quelques liens sur la famille sioniste révisionniste, de Jabotinsky à Nétanyahou, Pierre Lurçat

April 8 2019, 14:06pm

J’ai répondu il y a quelques semaines au livre-brûlot de l’arabisant Jean-Pierre Filiu contre Nétanyahou et contre Israël, qui dresse un portrait caricatural du Premier ministre de l’Etat d’Israël. Entre-temps,  l’actualité nous a rappelé que le “Bibi-bashing” (dénigrement de Bibi) n’était pas l’apanage des ennemis d’Israël. La campagne électorale israélienne, qui touche à sa fin, a débordé hors des frontières de notre pays, y compris dans la communauté juive de France.

 

J’ai été un peu (mais pas trop) surpris de constater que le site Akadem, le “campus numérique juif”, venait ainsi de mettre en ligne une “conférence” (qui est en réalité une courte interview) de l’écrivain israélien A.B. Yehoshua, sous le titre racoleur “Nétanyahou, le Berlusconi israélien”. Que M. Yehoshua n’aime pas Nétanyahou (avec lequel il affirme ne pas vouloir “se trouver dans la même pièce”), c’est son droit le plus strict. Mais pourquoi le Fonds Social Juif unifié et son site Akadem ont-ils trouvé opportun de mettre en ligne ces propos à quelques semaines des élections?


 

Nétanyahou : le “Berlusconi israélien” ou le “refondateur du sionisme”?


 

J’ai proposé au nouveau dirigeant du FSJU, Richard Odier, de mettre en ligne une interview sur le même sujet, dans laquelle j’apporterai un autre son de cloche. En attendant de savoir si ma demande sera entendue, je propose ci-dessous quelques liens concernant Nétanyahou, son père et sa famille politique, et le père fondateur du sionisme de droite, Zeev Jabotinsky. Mon intention n’étant pas d’appeler à voter pour Nétanyahou, mais simplement, comme je l’ai fait récemment dans une série de conférences organisée à l’oulpan Névé Tsedek de Tel-Aviv, de donner aux électeurs - et aux juifs francophones en général, un autre point de vue sur la politique israélienne que celui - biaisé et caricatural - des grands médias, en France et ailleurs.

Pierre Lurçat

 

1) Sur Jabotinsky, le fondateur du sionisme de droite

 

L’excellente émission “Histoires” que Valérie Perez a consacrée à Jabotinsky

https://video.i24news.tv/details/_5857975342001

 

Ma conférence “Qui est Vladimir Jabotinsky?” donnée au centre Émouna à Jérusalem

https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=-jvmZjiSD88

 

“Jabotinsky, pionnier de l’antiracisme en Amérique”

http://vudejerusalem.over-blog.com/2019/01/jabotinsky-pionnier-de-l-antiracisme-en-amerique-pierre-lurcat.html

 

http://vudejerusalem.20minutes-blogs.fr/archive/2012/05/11/reflexions-sur-l-idee-du-yovel-dans-la-pensee-sociale-de-zee.html


 

Le compte-rendu de l’autobiographie de Jabotinsky traduite en français sur le site du CRIF

http://www.crif.org/fr/alireavoiraecouter/Vladimir-Zeev-Jabotinsky-Histoire-de-ma-vie-Editions-les-Provinciales-traduit-de-l-hebreu-par-Pierre-I-Lur

 

 

2) Sur la famille Nétanyahou et sur le professeur Bentsion Nétanyahou

 

“Bentsion Nétanyahou et le combat politique pour la création de l’État juif”

http://vudejerusalem.20minutes-blogs.fr/archive/2013/04/18/bentsion-netanyahou-et-le-combat-politique-pour-la-creation1.html#more

 

“Une lettre de Jabotinsky au rav Milikovski, grand-père de Nétanyahou”

http://www.terredisrael.com/infos/une-lettre-de-jabotinsky-au-rav-milikovski-grand-pere-de-netanyahou-par-pierre-itshak-lurcat/

 

Bentsion Netanyahou et son fils, lors d’une cérémonie en souvenir de Yoni

 

3) Sur Benjamin Nétanyahou et la politique israélienne

 

“Qui est véritablement Benjamin Nétanyahou?” - Recension du livre d’Anshel Pfeffer,

http://vudejerusalem.over-blog.com/2018/11/qui-est-veritablement-binyamin-netanyahou-par-pierre-lurcat-bibi-la-vie-et-l-epoque-turbulente-de-benjamin-netanyahou.html

 

“Nétanyahou et l’Iran : le secret d’un combat pour la survie d’Israël”

http://frblogs.timesofisrael.com/netanyahou-et-liran-le-secret-dun-combat-pour-la-survie-disrael/

“Droit, morale et politique : Trois réflexions sur Binyamin Nétanyahou et l’avenir d’Israël”

http://vudejerusalem.over-blog.com/2019/03/droit-morale-et-politique-trois-reflexions-sur-binyamin-netanyahou-et-l-avenir-d-israel-pierre-lurcat.html

 

Je renvoie également aux livres suivants

 

Bensoussan, Georges. Une histoire intellectuelle et politique du sionisme, Fayard

 

Eytan, Freddy. Bibi, le réveil du faucon : Portrait biographique de Benjamin Netanyahou, Editions Alphée 2011.

 

Jabotinsky, Histoire de ma vie, Les provinciales

 

Nétanyahou, Yoni. Les lettres de Yoni Netanyahu: Le commandant de l'Opération Entebbe

et à mon dernier livre :

Lurçat, Pierre. Israël, le rêve inachevé. Editions de Paris 2018.


 


 

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La ”Nouvelle droite” : un espoir pour la politique israélienne? Pierre Lurçat

April 5 2019, 14:54pm

Posted by Pierre Lurçat

 

L’hébreu moderne comporte deux mots différents signifiant politique. Le premier, “politika”, est un emprunt au grec. Le second, “médiniout”, est le terme hébraïque dérivé du mot ”médina” qui signifie l’Etat. S’ils semblent à première vue interchangeables, il apparaît néanmoins que le premier est le plus couramment employé pour désigner la politique de tous les jours, ou “politique politicienne”, tandis que le second est réservé au signifiant plus noble, celui que le français désigne par “grande politique” - à savoir, la politique au sens de projet stratégique, et non de simple gestion courante.

 

La différence entre ces deux sens est encore plus flagrante en hébreu lorsqu’on parle de l’homme politique. Le “politikaï” - c’est le politicien, celui qui s’occupe de choses politiques comme d’autres s’occupent de leur portefeuille d’actions ou de leur voiture : toutes choses honorables par ailleurs, mais qui ont peu à voir avec la grande politique. Le “medinaï”, lui, est un homme politique au sens plein et entier du terme. Il ne vit pas de la politique, mais pour la politique, c’est-à-dire pour appliquer un projet et des idées, bonnes ou mauvaises, mais jamais dans le seul but de perdurer et de garder le pouvoir à tout prix.

 

On comprendra aisément que les médias israéliens emploient à tour de bras le mot “politikaï”, tandis que celui de “médinaï” semble avoir disparu du lexique politique depuis de nombreuses années. Cela n’est guère étonnant, depuis que la politique a été largement dépréciée par les politiciens eux-mêmes, surtout depuis les accords d’Oslo (votés à une voix près, celle d’un politicien acheté au prix d’une Mitsubishi). Des politiciens comme Ehoud Olmert, Ehoud Barak, Tsipi Livni ou Yaïr Lapid ont largement contribué au discrédit actuel de la classe politique en Israël.


 

Tsippi Livni et Ehoud Olmert : le discrédit de la politique

 

Et Benjamin Nétanyahou? Comme je l’écrivais il y a quelques semaines, celui-ci demeure à de nombreux égards une énigme (1). Le 14e Premier ministre israélien, qui est en passe de ravir à David Ben Gourion le record de longévité à ce poste, est tantôt décrit comme un modèle de pragmatisme – voire d’opportunisme politique – tantôt comme un idéologue de droite. Malgré ses qualités d’homme d’Etat et ses succès indéniables, notamment dans les domaines de l’économie et de la politique étrangère, Nétanyahou n’a pas entièrement réussi à s’imposer comme l’inspirateur d’une véritable politique, au sens le plus noble du terme.

 

Dans ce contexte, Naftali Bennett et Ayelet Shaked incarnent une nouvelle génération, et surtout un nouveau modèle d’homme (et de femme) politiques. Tout d’abord en raison de leur parcours individuel. Tous deux ont été pendant longtemps des alliés fidèles de Benjamin Nétanyahou (Ayelet Shaked a dirigé son cabinet, alors qu’il était le chef de l’opposition entre 2006 et 2008, et c’est elle qui a recruté Naftali Bennett pour diriger l’état-major de campagne de Nétanyahou). Ils ont tous eux créé le mouvement politique “Les Israéliens” en 2012, aux côtés du rabbin Avihaï Rontski (ancien aumônier militaire de Tsahal, récemment décédé), avant de rejoindre le parti du Bayit Hayehudi (“Foyer juif”) dont Naftali Bennett a pris la tête en 2016.


 

Ayelet Shaked et Naftali Bennett

lors de leur conférence de presse samedi soir


 

L’annonce dramatique faite par Shaked et Bennett samedi soir, de leur départ du Bayit Hayehudi et de la création d’un nouveau parti, Hayamin hahadah (“la Nouvelle droite”) est conforme à leur idéologie et à leur itinéraire politique jusqu’alors. Contrairement à de nombreux politiciens, dont les exemples les plus frappants sont Ariel Sharon (fondateur de l’éphémère parti Kadima) ou Tsippi Livni, actuelle dirigeante de l’opposition après avoir quitté le Likoud pour rejoindre Kadima, puis un très éphémère parti au nom aussi vide que son contenu, Hatenua (“le mouvement”), Shaked et Bennett n’ont jamais pratiqué l’opportunisme politique ni fait défection pour des raisons purement électoralistes ou carriéristes. Tout leur engagement atteste d’une fidélité à des principes fondateurs, qu’ils ont défendu avec constance et acharnement depuis le début de leur engagement politique. (2)

 

Avishai Rontski z.l.

 

Ce n’est pas un hasard s’ils ont choisi, samedi soir, lors de leur annonce dramatique, d’évoquer le nom du rabbin Avishaï Rontski, aux côtés duquel ils avaient fondé le mouvement “les Israéliens” au début de leur parcours politique. Rontski est en effet celui qui a le plus oeuvré pour faire de Tsahal une armée juive au plein sens du terme, grâce au département “Une conscience juive pour une armée victorieuse” qu’il avait créé (3). C’est dans le même esprit d’ouverture et de fidélité à la tradition qu’Ayelet Shaked et Bennett ont eux aussi voulu imprimer leur marque sur la politique israélienne.

 

Le travail accompli par Ayelet Shaked au ministère de la Justice (et, dans une moindre mesure, celui de Bennett en tant que ministre de l’Education) attestent qu’ils sont tous les deux des hommes politiques de conviction, et non des politiciens à idéologie variable (comme les exemples cités plus haut). Le combat mené par Shaked contre l’establishment judiciaire et contre l’activisme judiciaire de la Cour suprême, qui s’est érigée depuis deux décennies en “pouvoir suprême”, au mépris de la loi et de la démocratie (4), est sans doute une des réalisations les plus importantes du dernier gouvernement de Benjamin Nétanyahou. L’avenir dira si la Nouvelle droite parviendra à incarner véritablement l’espoir d’une politique véritablement de droite et authentiquement juive, pour le bien de l’Etat d’Israël.

 

Pierre Lurçat

 

(1) “Qui est véritablement Benjamin Nétanyahou”? http://vudejerusalem.over-blog.com/2018/11/qui-est-veritablement-binyamin-netanyahou-par-pierre-lurcat-bibi-la-vie-et-l-epoque-turbulente-de-benjamin-netanyahou.html

(2) Voir à ce sujet la plateforme du mouvement “Les Israéliens” créé en 2012, qui est pour l’essentiel identique aux idées qu’ils défendent jusqu’à aujourd’hui.

(3) Je renvoie à mes nombreux articles sur ce sujet crucial, et notamment ici : “Comment la gauche israélienne est devenue une minorité tyrannique”.

(4) J’évoque la figure et l’action du rabbin Rontski dans mon livre La trahison des clercs, La Maison d’édition 2016.

 

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Mon dernier livre, Israël, le rêve inachevé, vient de paraître aux éditions de Paris/Max Chaleil.

“Un travail intéressant. Une réflexion nécessaire et utile”.

Jean-Pierre Allali, Crif.org

 

“L’auteur, amoureux d’Israël et vivant à Jérusalem, nous permet de mieux connaître la société israélienne dans toute sa diversité et de comprendre un peu plus ce qu’elle traverse et vit, afin que son rêve inachevé continue envers et contre tout”.

Alain Sebban

 

“Ce livre est un « must-read » pour tous ceux qui s’intéressent aux géants de l’Histoire juive contemporaine, à leur biographie, leurs sacrifices, leurs œuvres, leurs dilemmes, leurs accomplissements”.

Thérèse Zrehen-Dvir

 

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Aharon Barak et la religion du droit (I) : Le fondamentalisme juridique au cœur du débat politique israélien actuel, Pierre Lurçat

March 24 2019, 16:39pm

“La terre entière est emplie de droit”

Aharon Barak

 

A l’approche des élections du 9 avril prochain, le débat public israélien semble parfois se résumer à un affrontement entre ceux qui croient encore que l’avenir politique d’Israël doit se décider dans les urnes, et ceux qui pensent qu’il doit être tranché par le procureur de l’Etat et par les autres membres de l’establishment judiciaire. Ou, pour dire les choses en d’autres termes, entre ceux qui croient encore que la démocratie représente le pouvoir du peuple, et ceux qui prétendent ‘remplacer le peuple’ (comme l’avait déclaré sans la moindre ironie Gideon Levy dans les colonnes du quotidien Ha’aretz, après les dernières élections) pour confier le pouvoir aux “élites éclairées”, mieux à même selon eux de décider de l’avenir de notre pays (1).

 

Pour comprendre comment le droit en général, et la Cour suprême en particulier, ont acquis la place qu’ils occupent aujourd’hui dans la vie publique et politique israélienne, il faut se pencher sur la figure de celui qui a - de l’avis de ses partisans comme de ses contempteurs - rempli le rôle le plus important au cours des trois dernières décennies pour modeler le visage des institutions et de la démocratie israélienne tout entière. Je veux parler du juge Aharon Barak, qui fut le huitième et le plus influent président de la Cour suprême et le père de la “Révolution constitutionnelle”. Dans les lignes qui suivent, je voudrais m’attacher à un aspect bien particulier de la doctrine juridique et de la philosophie d’Aharon Barak : sa dimension “religieuse”.

 

Si cette expression peut sembler étonnante a priori, elle ne surprendra pas les observateurs attentifs de la vie politique israélienne, qui connaissent le zèle quasi-religieux animant certains militants de la lutte contre la “coercition religieuse” (expression qui recouvre souvent toute manifestation publique du caractère juif de l'État d'Israël). Celui-ci s'inscrit dans un phénomène plus général, que le philosophe russe Boulgakov avait décrit au sujet des révolutionnaires russes d'origine juive, notant qu'ils étaient mus par une ferveur presque mystique et qu’ils avaient trouvé dans l’idéologie marxiste un substitut au judaïsme, qu’ils avaient abandonné et trahi (2).

 

Selon Menahem Elon - qui fut le principal adversaire de Barak au sein de la Cour suprême -  et selon d’autres juristes israéliens éminents, il ne fait aucun doute que le juge Aharon Barak est animé par un esprit révolutionnaire, quasiment religieux. “Barak pense que ‘la terre entière est emplie de droit. Il n’existe pas à ses yeux de vide juridique, et toute action que nous menons comporte selon lui un aspect juridique. Cette conception correspond à une vision du monde religieuse, et non à une conception juridique. L’expression employée par Barak, “Toute la terre est emplie de droit” est calquée sur l’expression tirée de la prière juive, “Toute la terre est emplie de Sa gloire”. Selon Barak, le système judiciaire présente un caractère religieux, qui intègre toute l’expérience humaine…” (3)


 

Aharon Barak - le “grand-prêtre” des élites laïques israéliennes

 

Le jugement porté par Menahem Elon rejoint celui de Menahem Mautner, ancien doyen de la faculté de droit de Tel-Aviv. Dans son livre Le déclin du  formalisme et l’essor des valeurs dans le droit israélien (4), Mautner établit une comparaison en apparence étonnante entre le droit en Israël aujourd’hui et l’église dans la société catholique autrefois. “Le droit dans les sociétés laïcisées, écrit-il, remplit la même fonction que remplissait l’église dans les sociétés religieuses”. Selon Mautner, le conflit culturel interne à Israël n’est plus ainsi, comme on le décrit souvent, un conflit entre les tenants du “fondamentalisme religieux” et les partisans d’une démocratie laïque et éclairée. Il est devenu, ces dernières décennies, un conflit entre deux fondamentalismes : un “fondamentalisme religieux” et un “fondamentalisme juridique” laïc (5).

 

De quoi s’agit-il précisément, et comment comprendre cette expression de “fondamentalisme juridique” dans la bouche de Mautner, qui se définit lui-même comme un membre des élites laïques libérales (au sens américain du mot liberal) ? En quoi ce concept permet-il de mieux saisir les enjeux du conflit actuel entre la Cour suprême et la Knesset, ou plus précisément entre les partisans de “l’activisme judiciaire” (concept qu’il nous faudra définir et préciser) et ses opposants?

 

La conception du droit d’Aharon Barak : un totalitarisme juridique

 

Pour comprendre les enjeux de la conception du droit que le juge Barak a insufflée dans le système judiciaire israélien, désignée communément comme “activisme judiciaire”, il faut analyser sa conception du rôle du juge. Selon sa biographe Naomi Levitsky, “dès son entrée en fonction (comme juge à la Cour suprême), le juge Barak a considéré la Cour suprême comme le gardien des murailles du pouvoir, et non pas seulement comme un organe ayant pour fonction de trancher des litiges entre deux parties”. Comme il l'a précisé dans un livre d'entretiens, paru après son départ à la retraite (6), le juge Barak considère que le président de la Cour suprême a notamment pour fonction de “protéger le système judiciaire” contre les pouvoirs législatif et exécutif. Cette conception est étroitement liée à l’idée qu’il se fait du pouvoir, explique Levitsky, car “à ses yeux, le pouvoir ne détient aucune légitimité propre, sinon celle qu’il tire du peuple et de la loi. Les compétences du pouvoir sont définies et limitées par la loi” (7).

 

La Cour suprême d’Israël

 

Cette définition, prise à la lettre, pourrait sembler anodine et banale. En réalité, cependant, Barak soumet entièrement la légitimité (et l’activité) du pouvoir (exécutif ou législatif) à la loi, que seuls les juges sont à même d’interpréter. A ce titre, les juges sont bien l’autorité suprême, devant laquelle doivent s’incliner tant les dirigeants élus du peuple que les législateurs. Ainsi,  le juge Barak n’est pas seulement intervenu pour protéger le pouvoir judiciaire contre les pouvoirs exécutif et législatif. En réalité, sa politique d’interventionnisme judiciaire a contraint la Knesset et le gouvernement à se défendre contre la suprématie de la Cour suprême dans la vie politique et publique. (A SUIVRE)

 

Notes

1. Le concept d’élites éclairées est au centre de la doctrine juridique du juge Barak, qui en a fait un élément essentiel de sa révolution constitutionnelle. Je renvoie sur ce point à mon article “Comment la gauche israélienne est devenue une minorité tyrannique”.

2. Cité par Raya Epstein, Post-Zionism and Democracy, in Israel and the Post-zionists, A nation at risk, ed. Shlomo Sharan, Sussex Academy Press.

3. Cité par Naomi Levistky, Your Honor (hébreu), Keter 2001.

4. Paru en hébreu en 1993. Il a notamment publié depuis Law and the Culture of Israel, Oxford University Press 2011.

5. Cette réflexion rejoint celle de Pierre Manent, dans son Cours de philosophie politique : le droit, censé résoudre les litiges entre personnes privées (ou entre les particuliers et l’administration, s’agissant du droit administratif ou public) a de plus en plus tendance à devenir un système de valeurs.

6. A. Bendor et Z. Segal, The Hat Maker [hébreu], Kinneret Zmora-Bitan 2009.

7. Naomi Levitsky, Kevodo (Your Honor) [hébreu], Keter, 2001.

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Mettre fin au gouvernement des juges et rendre le pouvoir au peuple israélien, Pierre Lurçat

March 19 2019, 18:47pm

Posted by Pierre Lurçat

Je remets en ligne cette analyse, à l’occasion de la récente décision de la Cour suprême d’invalider la candidature de l’ancien député Michael Ben Ari (tout en validant celle du parti arabe radical Balad) et de la réaction de la ministre de la Justice Ayelet Shaked, qui a annoncé le plan de son parti La Nouvelle Droite pour juguler le pouvoir exorbitant que s’est arrogée la Cour suprême depuis l’époque du juge Aharon Barak. Sujet essentiel qui n’a pas fini d’occuper le débat politique israélien. P.L.

 

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Lors d’une récente conférence à Jérusalem, j’expliquai comment la Cour suprême était devenue le “premier pouvoir” en Israël, depuis la Révolution constitutionnelle inaugurée par le juge Aharon Barak au début des années 1990. Mon intervention donna lieu à deux réactions opposées : la première, celle d’un avocat français à la retraite, mit en question mes critiques de l’interventionnisme de la Cour suprême, faisant valoir que la Cour suprême était la garante de l’Etat de droit. La seconde, celle d’un membre de l’auditoire non-juriste, abonda dans mon sens en faisant remarquer que les juges n’étaient pas élus.

 

La réflexion de cet auditeur était en l’occurrence plus pertinente que celle du juriste : elle concerne en effet un aspect essentiel, et rarement évoqué, de la polémique liée à l’interventionnisme grandissant de la Cour suprême israélienne dans la vie publique de notre pays : le fait que le “pouvoir judiciaire” (notion en elle-même problématique) jouit d’une légitimité moindre que celle des pouvoirs législatif et exécutif, ce qui ne l’empêche pas de se comporter actuellement comme s’il était le premier - voire le seul - pouvoir.

 

 

Au cours des six derniers mois, nous avons ainsi vu la Cour suprême israélienne intervenir de façon régulière et massive dans le débat et la vie politiques, en annulant plusieurs lois de la Knesset, qui portaient sur des questions politiques et économiques de premier plan (loi sur l’expulsion des clandestins, loi sur la taxation du troisième appartement, loi sur la conscription des Juifs orthodoxes, etc.) Ce faisant, la Cour suprême s’est instaurée en premier pouvoir, c’est-à-dire en véritable “gouvernement des juges”, ce qui représente la négation des fondements de toute démocratie authentique.

 

Comme le rappelle Pierre Manent, spécialiste de philosophie politique, dans des pages très éclairantes d’un ouvrage paru il y a une quinzaine d’années *, la notion d’Etat de droit et celle de séparation des pouvoirs qui en découle, donnent lieu à de fréquentes fausses interprétations. En particulier, écrit-il, “On se trompe souvent sur la thèse de Montesquieu, ou on s’en fait une idée confuse. Il n’y a pas pour lui le pouvoir judiciaire. La forme et la fonction de celui-ci dépendent du régime politique. Dans le régime monarchique, dans la France du temps de Montesquieu, il importe que le judiciaire soit véritablement un pouvoir distinct et consistant, faute de quoi le régime serait despotique… Dans le régime républicain moderne, la fonction et la nature du judiciaire sont toutes différentes. La liberté y est produite et garantie par le jeu des deux autres pouvoirs (législatif et exécutif, P.L.) et par les effets que ce jeu induit. Le judiciaire n’y est donc pas le gardien de la liberté, comme il l’était dans la monarchie. Et même, pour aider à la liberté, il doit en quelque sorte disparaître comme pouvoir”.

 

 

La réflexion de P. Manent prend tout son sens lorsqu’on observe la situation israélienne et le déséquilibre des pouvoirs, qui existe depuis la “Révolution constitutionnelle” du juge Aharon Barak. Loin de "disparaître comme pouvoir", la Cour suprême y occupe aujourd'hui tout l'espace politique, s'imposant comme le premier pouvoir avec un mépris souverain pour tous ses adversaires. Cette situation a atteint actuellement son paroxysme, avec l’annulation de lois de la Knesset par la Cour suprême, qui est presque devenue l’activité quotidienne des juges siégeant à Jérusalem. Il n’est pas inutile de rappeler à ce sujet comment les Pères fondateurs et auteurs de la Constitution américaine définissaient les conditions de l’annulation d’une loi par un tribunal : “le pouvoir donné à une cour de déclarer nuls les actes législatifs ne peut se fonder que sur la supériorité de la Constitution, c’est-à-dire sur la souveraineté populaire, déclarée dans la Constitution” (Le Fédéraliste no. 78 cité par P. Manent, op. cit.)

 


 

Or dans le cas israélien, non seulement nous n’avons pas de Constitution fondant un tel pouvoir d’annulation des lois de la Knesset par les tribunaux, mais le recours aux Lois fondamentales (Loi fondamentale sur la Liberté et la Dignité de l’homme, entre autres) par la Cour suprême, depuis Aharon Barak, pour justifier l’annulation de lois votées par la Knesset ne repose pas sur la souveraineté populaire, exprimée dans l’adoption d’une Constitution formelle (comme celle des Etats-Unis), mais uniquement sur l’interprétation entièrement novatrice que le juge Barak a donnée aux lois fondamentales de 1992, en inférant de ces lois un pouvoir de “contrôle judiciaire” élargi, qui n’a jamais existé auparavant et n’a jamais été soumis au vote du peuple israélien.

 

En d’autres termes : le pouvoir d’annulation des lois est une invention des juges, soutenue par une partie de la “doctrine” (c’est-à-dire de l’université, mais également contestée par d’éminents juristes) et de certains médias, qui n’a jamais obtenu la sanction du vote populaire. La situation actuelle peut ainsi se définir comme un véritable “putsch judiciaire”, par lequel la Cour suprême s’est placée au-dessus des pouvoirs exécutif et législatif, au mépris de toutes les règles de la démocratie, réduisant quasiment à néant la souveraineté populaire pour instaurer un gouvernement des juges. Nous avons atteint le point de non-retour : il est impératif et urgent de mettre fin à cette situation pour redonner le pouvoir au peuple et à ses élus.

 

 

Aharon Barak

 

L’incroyable hybris de la nouvelle présidente de la Cour suprême, Esther Hayot est apparue, comme l’a rapporté Caroline Glick, dans un récent discours devant l’Ordre des avocats, au cours duquel Hayot a comparé le pouvoir des juges en Israël… et le pouvoir du Créateur de l’univers! Il ne s’agissait pas d’une simple métaphore. Aharon Barak lui-même avait déclaré que “tout est justiciable” (מלוא כל הארץ משפט) pour justifier son interventionnisme judiciaire, en reprenant délibérément une expression tirée de la prière juive. Comme l’avait bien remarqué le juge Menahem Elon, adversaire résolu d’Aharon Barak, la conception du droit de ce dernier est quasiment “religieuse”...** En réalité, seul le Juge suprême (שופט כל הארץ) peut se prévaloir de juger toute chose. Puisse-t-il éclairer nos dirigeants pour mettre fin à cette situation et “rétablir nos juges comme autrefois”! שנה טובה וגמר חתימה טובה


Pierre Lurçat

 

*  P. Manent, Cours familier de philosophie politique, Fayard 2002, p. 289-290.

** C’est une religion laïque, à l’instar du communisme, dont Barak partage le caractère totalitaire.

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Droit, morale et politique : Trois réflexions sur Binyamin Nétanyahou et l’avenir d’Israël, Pierre Lurçat

March 7 2019, 15:34pm

Droit, morale et politique :  Trois réflexions sur Binyamin Nétanyahou et l’avenir d’Israël, Pierre Lurçat

 

Au lendemain de l’annonce dramatique de la procédure d’inculpation visant le Premier ministre Binyamin Nétanyahou, l’impression générale était que la campagne menée depuis des années contre lui et contre sa famille venait enfin de déboucher sur un résultat concret et que sa chute n’était plus qu’une question de temps. Mais au-delà des titres racoleurs de la presse, qu’en est-il véritablement des accusations qui pèsent sur lui? Nétanyahou est-il vraiment l’homme corrompu que décrivent les médias israéliens - souvent repris par la presse internationale - faisant fi de la présomption d’innocence et de tous les principes du droit au nom desquels ils prétendent s’exprimer?

 

Une campagne menée depuis des années contre Binyamin Netanyahou et sa famille


 

1) Le mensonge du droit : ‘summum jus’, summa injuria

 

Du point de vue strictement juridique, comme l’a écrit le professeur Dershowitz, autorité en la matière, représentant éminent de la fraction de la gauche juive américaine restée fidèle à Israël (et soutien traditionnel du parti démocrate aux Etats-Unis), “les relations entre le monde politique et les médias - et entre les politiciens et les rédacteurs en chef - sont trop nuancées et complexes pour être soumises à la main de fer du droit pénal”. “Renverser un Premier ministre dûment élu sur le fondement de l’application sans précédent d’une loi pénale large et extensible met en danger la démocratie”(1).

 

Mais les arguments juridiques, aussi fondés soient-ils, n’épuisent pas le débat autour des procédures visant le Premier ministre. Celles-ci mêlent en effet de manière inextricable le droit, la morale et la politique politicienne. L’appareil juridique n’est, ici comme ailleurs, qu’un outil au service d’une croisade politique, comme l’ont démontré les manifestants qui se sont réunis, semaine après semaine, devant le domicile du procureur de l’Etat Avishaï Mandelblit, pour l’appeler à inculper Nétanyahou, par une campagne de pression sans précédent et contraire à tous les principes de l’Etat de droit et de la démocratie.

 

Si les opposants à Nétanyahou avaient véritablement pour préoccupation première la justice et la morale -  et cette critique vise tout autant les responsables de la police et de la justice qui se sont acharnés contre lui ces dernières années - ils ne pratiqueraient pas la politique du “deux poids deux mesures” de manière aussi éhontée. Car la corruption politique n’est pas un phénomène nouveau en Israël.

 

Où étaient ses pourfendeurs, durant les affaires qui ont égrené la vie politique israélienne pendant des décennies, depuis “l’île grecque” d’Ariel Sharon, la “Mitsubishi” de Gonen Segev (aujourd’hui emprisonné pour trahison au profit de l’Iran) et jusqu’aux affaires mêlant Ehoud Olmert? A l’époque, ils ont “rempli d’eau leur bouche”, dans le meilleur des cas, quand ils n’ont pas soutenu les dirigeants incriminés - Ariel Sharon notamment - au nom de leurs intérêts politiques étroits et de leur idéologie. Pour promouvoir les accords d’Oslo ou le “retrait” de Gaza, tous les moyens étaient bons. La fin justifiait les moyens.

 

Synagogue détruite au Goush Katif - quand la fin justifiait les moyens


 

2) Le mensonge de l’argument moral

 

Ce même double standard moral est apparu ces derniers jours, quand la gauche israélienne et ses puissants alliés médiatiques ont lancé une nouvelle campagne contre Nétanyahou, accusé de s’être “allié aux kahanistes”.. En réalité, il n’y a là aucune alliance, mais le simple jeu normal de la politique, qui a amené les partis de la droite religieuse à s’unir, pour éviter de rejouer le scénario de 1992, quand la dispersion des voix de droite avait conduit à la défaite électorale, suivie par la catastrophe des accords d’Oslo.

 

Contrairement à ce qu’écrit le correspondant du journal Le Monde, faisant feu de tout bois contre Nétanyahou, celui-ci n’a pas “abattu l’interdit qui isolait les héritiers du rabbin Meir Kahane”. Cette affirmation comporte deux erreurs au moins. La première est que le parti Otsma yehoudit n’est frappé aujourd’hui d’aucun interdit par la commission électorale, ni par la Cour suprême (la même Cour qui avait invalidé la liste Kach en 1988) (2). Au contraire, son dirigeant Michaël Ben-Ari a déjà siégé à la Knesset, dans les années 2009-2013 et il s’y est fait remarquer comme un député professionnel, qui entretenait des relations amicales dans tous les partis.

 

Michael Ben Ari lors d’une interview à la Knesset

 

Quant à un prétendu interdit moral visant les héritiers du rabbin Kahana, ceux qui crient aujourd’hui au scandale et prétendent incarner la “conscience morale” de la politique sont restés étonnamment muets, lorsque des députés arabes soutenaient ouvertement les attentats du Hamas et le Hezbollah au sein même de la Knesset… Rappelons que lorsque la députée Zoabi monta à bord du Marmara, navire affrété par une organisation terroriste turque proche des Frères musulmans, et que la Knesset vota la levée de son immunité parlementaire, le procureur de l’Etat décida en 2011 de clore l’enquête la visant. En 2014, elle fit l’éloge des terroristes assassins de trois adolescents israéliens. La commission électorale décida de l’exclure des élections à la Knesset de 2015, décision qui fut annulée par la Cour suprême (3).

 

L’ex députée Hanin Zoabi - un soutien ouvert aux terroristes et aux assassins


 

3) L’intérêt supérieur de la nation

 

En fin de compte, l’électorat israélien, dans son immense majorité, n’est pas dupe des argumentations juridiques et morales tendancieuses. Il sait bien que la question véritable, la seule qui importe, est de savoir si Nétanyahou est digne de rester en fonction, et si un autre candidat valable est en mesure de le remplacer. A cet égard, la réponse demeure aujourd’hui la même qu’il y a six mois ou trois ans. Nétanyahou est - de loin - le seul candidat qui peut aujourd’hui diriger Israël. Ses accomplissements politiques et diplomatiques en font un des meilleurs Premiers ministres qu’a connus Israël depuis 1948. Comme l’écrit avec clairvoyance Caroline Glick, il existe un écart considérable entre l’image de Nétanyahou véhiculée par les médias israéliens et sa personnalité véritable.

 

C’est en effet Binyamin Nétanyahou qui a “transformé Israël en puissance économique et militaire” et a utilisé cette puissance économique pour “asseoir une nouvelle stratégie diplomatique” qui a permis le “retour d’Israël en Afrique, après quarante ans d’absence” sur le continent noir. Nétanyahou, conclut Glick (4), est le “dirigeant le plus important qu’a connu Israël depuis Ben Gourion” et aussi le plus sous-estimé. Le principal reproche qu’on peut lui faire aujourd’hui, alors que son destin politique et celui d’Israël sont en jeu, à quelques semaines des élections, est de n’avoir jamais préparé sa succession, préférant écarter tous ceux qui pouvaient s’épanouir et grandir dans son entourage.

Pierre Lurçat

 

(1) https://www.jpost.com/Israel-News/Alan-Dershowitz-publishes-open-letter-to-A-G-defending-Netanyahu-581888 C’est moi qui souligne.

(2) Au moment où nous écrivons ces lignes, la Commission électorale a validé la candidature de Michael Ben Ari, après que  le procureur de l’Etat se soit exprimé en faveur de l’invalidation de sa candidature.

(3) Dans la même décision, la Cour suprême autorisa le député de droite Baruch Marzel à se présenter.

(4) http://carolineglick.com/considering-netanyahus-transformational-leadership/

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L’espion du Shin Bet, mon mari qui ne m’aimait pas, Par Jacob MAGID

March 7 2019, 08:11am

Posted by Jacob MAGID

Avishai Raviv

Avishai Raviv

Un témoignage glaçant sur la réalité de la "section juive" du Shin Bet. A lire et à méditer. La "section juive" (qui rappelle la tristement célèbre Yevsektsia...) doit être supprimée. P.L

 

À l’automne 1986, Riki Eyal et son futur mari passaient un tête-à-tête sur la plage de Tel Aviv lorsque celui-ci lui a posé une question étrange.

« Si tu savais que quelqu’un était un informateur du Shin Bet, tu l’épouserais ? » demanda Amit Amit (ce n’est pas son vrai nom). Il se référait spécifiquement aux personnes recrutées par la division dite juive du service de sécurité pour recueillir des renseignements sur les ultra-nationalistes israéliens.

« Bien sûr que non, répondit Eyal en toute honnêteté, se demandant si son fiancé testait sa loyauté envers la cause des militants d’extrême droite, dont beaucoup étaient ciblés par le Shin Bet dans leur implantation à Kiryat Arba.

La conversation a rapidement changé de sujet. Il faudra de nombreuses années avant qu’elle ne réfléchisse à nouveau à la question.

« Malheureusement, ma réponse n’avait servi à rien », a déclaré Eyal, 52 ans, dans une récente interview accordée au Times of Israel depuis sa maison d’Arad, dans le sud du pays. « Le Shin Bet l’avait déjà recruté, et il travaillait comme informateur ».

Riki Eyal se tient devant la porte de sa maison à Arad, en janvier 2019. (Johanna Chisholm/Times of Israel)

Quatre ans plus tard, Amit, dont le vrai nom est interdit de publication, a révélé à sa femme qu’il faisait partie du Shin Bet et a promis de quitter l’agence. En réalité, cependant, il n’est pas parti et a continué à recevoir des paiements secrets pour son travail du Shin Bet – des fonds qu’il n’a jamais partagés avec sa famille.

En 2001, Eyal s’est séparé d’Amit, et ils ont divorcé par la suite. Mais au cours des quelque 15 années qu’ils ont passées ensemble, elle a subi des mauvais traitements sous diverses formes et a élevé sept enfants dans la pauvreté la plus totale, a-t-elle raconté.

Son histoire est une étonnante saga de souffrance et de subterfuge, ce dernier étant quelque chose que le Shin Bet justifierait sans doute comme essentiel aux raisons d’État dans sa lutte contre le terrorisme juif. Mais pour Eyal, ce « plus grand bien » s’est traduit par le fléau de sa vie et de celle de sa famille.

L’agence de renseignement a-t-elle spécifiquement ordonné aux informateurs de se marier avec des habitants de communautés telles que Kiryat Arba afin de recueillir des renseignements ? Le Shin Bet dit que non. Mais le service de sécurité était-il conscient de la destruction des familles causée par la tromperie d’agents comme Amit ? Eyal affirme que la réponse est un oui sans équivoque.

Eyal a raconté son histoire pour la première fois en 2004, mais ce n’est que maintenant qu’elle commence à prendre de l’importance grâce à un documentaire présenté le mois dernier par le radiodiffuseur public Kan. Après avoir interviewé Eyal, le Times of Israel a contacté Amit pour tenter d’entendre sa version. Bien qu’il ne nie pas avoir travaillé comme informateur, il a raccroché le téléphone avant que d’autres questions ne puissent lui être posées.

Eyal, qui conduit maintenant un taxi pour essayer de rembourser les dettes laissées par Amit, n’avait pas grand-chose à dire sur la « misère » de son mariage, mais elle a quand même dit très clairement que ses reproches allaient bien au-delà de son ex-mari – jusqu’au sommet du service de sécurité qui l’avait recruté pendant son service militaire.

« Le sous-fifre ne m’intéresse pas. Je veux le commandant », dit-elle fermement. « Mon ex-mari n’était qu’un pion dans tout ça. Ils ont tout dirigé et étaient pleinement conscients de notre situation à la maison ».

Selon Eyal, l’agence a ciblé Kiryat Arba, une implantation à l’idéologie bien ancrée près de Hébron, et savait à tout le moins que ses informateurs épouseraient des résidentes sans révéler à leurs épouses qu’ils travaillent pour le Shin Bet. Lorsqu’elle a essayé de divorcer d’Amit après avoir découvert la vérité au sujet de son travail secret, le Shin Bet a mis le couple en consultation matrimoniale « bidon » où elle a subi des pressions pour que la relation se poursuive.

Des policiers arrêtent un juif orthodoxe soupçonné d’incitation à la violence après avoir brandit une affiche de l’extrémiste de droite Meir Kahane, dans l’implantation juive de Kiryat Arba, en Cisjordanie, le 3 mars 2007. (Michal Fattal/Flash90)

En 2004, elle a poursuivi le Shin Bet en dommages-intérêts, réussissant finalement à obtenir une petite somme – « des cacahuètes par rapport à ce que mes enfants et moi avons vécu. Ils avaient une machine bien huilée d’avocats et nous avons été contraints d’accepter ».

Environ une décennie s’est écoulée depuis la conclusion de l’accord, et Eyal dénonce toujours le Shin Bet, une organisation largement considérée par les Israéliens comme l’un des piliers de la sécurité de l’Etat. « Ils ont ruiné ma vie. Les dommages émotionnels et financiers me suivent encore aujourd’hui », dit-elle. « Ce qu’ils ne réussiront jamais à faire, cependant, c’est me faire taire ».

Pour Eyal, il ne fait aucun doute que le Shin Bet a énormément bénéficié de l’intégration complète d’Amit dans l’implantation de Kiryat Arba, où elle s’était installée quelques mois seulement avant de le rencontrer.

« J’ai vécu un mensonge », a ajouté Eyal. « Je n’étais pas seulement mariée à un homme que je ne connaissais pas, mais il a amené avec lui – chez moi – une organisation qui m’a exploitée de la manière la plus cynique qui soit ».

De plus, Eyal affirme que son histoire est loin d’être unique et qu’il y a des « dizaines » d’autres femmes qui, à leur insu, étaient et sont mariées à des hommes qui travaillent pour recueillir des renseignements sur leurs voisins, amis et même famille.

Le service de sécurité, ainsi que d’anciens agents qui ont pris la parole pour sa défense, ont déclaré, en réponse aux plaintes d’Eyal, qu’elle avait épousé Amit, et non le Shin Bet, et que ses reproches étaient mal dirigés quant à ses expériences passées. De plus, ont-ils fait valoir, le cas d’Eyal était une exception, une histoire très différente de celle vécue par la plupart des familles dans lesquelles un conjoint est employé par l’agence de renseignement.

 

L’agence a investi des ressources considérables dans la lutte contre le terrorisme juif à Kiryat Arba, qui a servi en quelque sorte de plaque tournante pour le Jewish Underground, au début des années 1980. Le groupe a été démasqué en 1986 après que le Shin Bet a intercepté une tentative des membres du groupe d’incendier cinq bus arabes à Jérusalem-Est. Quinze membres du groupe, au nombre de 29 au total, ont été condamnés et ont purgé des peines de prison. L’un des dirigeants du groupe fondamentaliste était Moshe Livni, un résident de Kiryat Arba.

En 1984, les forces de sécurité ont fait une descente dans la ville et ont trouvé une cache d’armes militaires et d’explosifs que le Jewish Underground avait l’intention d’utiliser pour faire sauter le Dôme du Rocher. Dix ans plus tard, Baruch Goldstein, médecin et résident de Kiryat Arba, massacrera 29 Palestiniens en prière au Tombeau des Patriarches à Hébron, non loin de là.

Riki Eyal (à gauche) pendant son mariage avec Amit (nom fictif) en février 1987. (Autorisation)

Ciblée depuis le début ?

Eyal a rencontré Amit peu après son arrivée à Kiryat Arba au début de 1986. Elle avait 19 ans et il avait trois ans de plus. Elle était amoureuse d’un autre jeune homme à l’époque, mais il avait mis fin à la relation après trois ans.

« J’avais le cœur brisé quand je suis arrivé à Kiryat Arba et je suis sûr qu’Amit le savait. Il en a peut-être même profité », suppose Eyal.

Elle parlait sur un ton constamment défensif, et ses sourcils bruns et fins se fronçaient souvent sous sa frange en se souvenant des détails précis de son passé. Son pull en laine bleue se fondait avec le canapé du salon où nous étions assis.

Eyal raconte une conversation qu’elle a eue il y a quelques années avec son premier petit ami, qui s’est demandé à haute voix si les deux avaient été ciblés par Amit. Bien qu’Eyal ait refusé de révéler l’identité de son petit ami, elle a déclaré qu’il avait été l’un des trois adolescents recrutés par le militant d’extrême droite Yoel Lerner pour une opération visant à faire sauter le Dôme du Rocher. Lerner a été arrêté et envoyé en prison, tandis que les trois mineurs qu’il a enrôlés ont reçu une tape sur les doigts et ont été renvoyés chez eux sans être punis.

Eyal avait grandi dans la même rue que Lerner, et habitaient en face l’un de l’autre dans la Vieille Ville de Jérusalem et passait régulièrement du temps avec sa famille. Elle a également fait partie pendant une brève période du mouvement de jeunesse Hashmonaïm, qui était influencé par l’idéologie du rabbin Meir Kahane. Le parti d’extrême droite Kach du rabbin a été interdit en Israël en vertu de lois antiterroristes dans les années 1980.

Cependant, Eyal a rejeté catégoriquement l’idée qu’elle avait été radicalisée, expliquant que son lien avec les ultra-nationalistes découlait de son intérêt pour un garçon qu’elle aimait.

Yoel Lerner, 63 ans, lit chez lui dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 7 septembre 2004. (AP Photo/Lefteris Pitarakis)

Bien qu’elle souffrait d’avoir été éconduite par son premier amour, elle a admis avoir été séduite par Amit, qui ne ressemblait pas aux autres garçons arrivant dans le village pour étudier à la yeshiva toute proche.

« Il avait de longs cheveux bouclés, une boucle d’oreille et un aspect très mature », se souvient Eyal.

Comme elle le dit, Amit a poursuivi cette « adolescente encore sous le choc » et les deux se sont fiancés seulement trois mois après leur rencontre – ce qui n’est pas rare pour les couples de la communauté religieuse dans laquelle ils vivaient.

Le couple s’est marié en février 1987, bien que la propre mère d’Eyal n’ait pas assisté au mariage. « Elle ne l’approuvait pas du tout. Elle sentait que quelque chose n’allait pas, mais était incapable de le dire avec précision », se souvient sa fille.

« Ne pose pas de questions »

Eyal a dit qu’à l’époque, tout ce qu’elle désirait, c’était de pouvoir construire un foyer et fonder une famille « comme tout le monde ».

Neuf mois après son mariage, elle a donné naissance à son premier enfant. Son deuxième a suivi un an plus tard.

Et pourtant, au fur et à mesure que la famille s’agrandissait, ce dont elle se souvenait le plus, c’était « un sentiment de solitude totale ».

Selon Eyal, Amit n’était presque jamais à la maison. « Il disparaissait pendant des heures et des heures, parfois des jours entiers, sans dire où il allait ».

Quand elle commençait à poser des questions, Amit lui donnait des réponses vagues sur le fait qu’il était occupé au travail. « Mais l’argent ne rentrait pas ! » déplora Eyal.

Il n’a pas fallu longtemps avant que des questions innocentes sur ses allées et venues ne commencent à agacer profondément Amit, et bientôt la seule réponse qu’elle obtenait de lui a été un ferme : « Ne pose pas de questions ».

Alors qu’il y avait beaucoup de choses qu’elle ignorait sur son mari, elle comprit qu’il traînait dans les cercles les plus « extrémistes » de Kiryat Arba.

Riki Eyal photographiée vers 1993. (Autorisation)

« Je sais qu’il s’est lié d’amitié avec de jeunes militants qui ont été arrêtés par la suite. Je sais qu’il a quitté la maison et quand il est rentré le matin, il y avait un reportage à la radio sur l’incendie du champ d’un Arabe à Halhoul », a expliqué Eyal, faisant référence à un village palestinien adjacent à Hebron.

La « révélation »

Alors qu’ils étaient mariés depuis presque trois ans, Amit est rentré un jour à la maison et a dit à sa femme qu’ils avaient une réunion à laquelle ils devaient assister à Jérusalem.

Deux hommes les attendaient lorsqu’ils sont arrivés à leur chambre d’hôtel, et Eyal a compris plus tard qu’ils étaient les responsables du Shin Bet d’Amit.

Ils saluèrent chaleureusement Eyal et commencèrent immédiatement à faire l’éloge de son mari. « Il protège notre peuple. Il veille à ce qu’il ne soit pas en danger », lui ont-ils dit à plusieurs reprises se souvient-elle.

Selon Eyal, les mots « Shin Bet » n’ont jamais été prononcés pendant la réunion. Ce que les agents ont dit au couple, c’est qu’il leur était interdit d’avoir de l’argent sur leur compte bancaire, pour ne pas éveiller les soupçons de leurs voisins.

Un Israélien armé tient un enfant dans les bras dans l’implantation de Kiryat Arba, en Cisjordanie, le 3 mars 1994, en attendant qu’un bus les emmène à Jérusalem. (AP Photo/Eyal Warshawsky)

C’était au plus fort de la Première Intifada et, tout en essayant de mettre fin au terrorisme palestinien contre des cibles israéliennes, le Shin Bet travaillait également avec des dizaines d’informateurs juifs dans toute la Cisjordanie pour recueillir des renseignements sur d’éventuelles attaques de représailles des Juifs contre des Palestiniens.

« Puis, il y a eu une intense atmosphère de méfiance à Kiryat Arba. Tout le monde soupçonnait son voisin d’être un informateur du Shin Bet », se souvient Naftali Werzberger, un ancien résident de l’implantation et avocat qui a par la suite représenté Eyal dans sa plainte contre le service de renseignement.

A l’époque, Kiryat Arba comptait environ 3 000 habitants, laïcs et religieux, mais ce dernier groupe dominait la cité urbaine et comptait des militants nationalistes radicaux recherchés par le Shin Bet pour leurs activités terroristes contre les Palestiniens en réponse aux attaques terroristes meurtrières visant les Israéliens. Lors d’une de ces attaques, en 1980, six étudiants de la yeshiva ont été abattus alors qu’ils regagnaient Kiryat Arba en revenant du lieu saint du Tombeau des Patriarches à Hébron.

M. Werzberger a déclaré qu’un certain nombre de membres de la communauté étaient au courant, avec une grande certitude, du travail d’Amit en tant qu’informateur. « Mais il s’agissait encore de rumeurs et nous ne savions pas ce qui se passait derrière des portes closes. Il ne revenait à personne de s’immiscer dans la vie du couple ».

Eyal a dit qu’elle avait quitté la réunion à Jérusalem profondément perturbée, mais qu’elle ne comprenait toujours pas pleinement la signification et les ramifications de qui étaient ces hommes et ce qu’ils lui demandaient.

À ce moment-là, la jeune mère avait de la difficulté à nourrir ses enfants, comptant beaucoup sur des colis de produits de base que les voisins laissaient périodiquement à leur porte.

Peu après avoir eu son troisième enfant en 1990, son état mental a commencé à se détériorer. « Je n’avais personne à qui parler de ce que je vivais. Que pouvais-je faire ? Se pointer chez une amie et lui dire que je pense que mon mari est un informateur du Shin Bet ? »

La solitude l’a menée à faire une tentative de suicide. « Je me suis mis une arme à feu dans la bouche mais à chaque fois que j’essayais d’appuyer sur la gâchette, ma fille commençait à gémir dans la pièce à côté », se rappelle Eyal.

Alors qu’elle raconte les points les plus obscurs de son mariage, sa voix s’affaiblit et son corps se balance doucement, comme malgré elle. Elle a les mains agrippées à ses genoux. L’intensité de ces souvenirs semble l’empêcher de seulement s’enfoncer sur le canapé au cours de cet entretien qui aura duré trois heures et demi.

Eyal a ensuite demandé le divorce à son époux. Amit a initialement accepté, revenant au domicile familial le lendemain et disant à son épouse qu’ils iraient plutôt consulter une conseillère conjugale.

Dvir Kariv, ancien agent de la Division juive [Jewish Division] du Shin Bet de 1994 à 2012, confirme que le service de sécurité finance des consultations avec des conseillers conjugaux pour ses informateurs lorsque c’est nécessaire, stipulant que ces conseillers travaillent indépendamment de l’agence. « C’est dans l’intérêt du Shin Bet que les relations conjugales là-bas soient saines », explique-t-il.

Eyal rejette ce point de vue. « Ils ne se sont intéressés qu’à la poursuite de mon mariage, aucunement de mon bien-être », a-t-elle dit.

La jeune mère attendait alors son quatrième enfant. Le conseiller lui dit qu’une grossesse n’est pas le moment souhaitable pour évoquer des sujets graves comme l’est le divorce.

‘Est-ce que tu veux que je quitte le Shin Bet ?’

Vers la fin des années 1990, Amit s’est approché d’Eyal en lui soumettant la proposition d’installer la famille au sein de l’implantation de Susya, dans le sud de la Cisjordanie, où il serait gardien de la sécurité sur un site archéologique situé aux abords de la communauté.

Eyal a d’abord refusé, ne souhaitant pas vivre sur une colline isolée, à l’écart du reste de l’implantation.

Riki Eyal à son domicile d’Arad, au mois de janvier 2019 (Crédit : Johanna Chisholm/Times of Israel)

« Est-ce que tu veux que je quitte le Shin Bet ? », a alors riposté Amit. C’était la première fois que son mari prononçait ses mots devant elle.

Espérant que ce déménagement offrirait à la famille une opportunité de changer radicalement d’existence, Eyal a rapidement répondu : « Oui ».

Et ils se sont installés à Susya – mais pas, comme elle le croyait initialement, en raison de son départ du Shin Bet. « Ce que j’ai appris seulement récemment, c’est qu’il a voulu partir de Kiryat Arba parce que sa couverture avait été percée à jour », a expliqué Eyal. « Mais à ce moment-là, il m’a dit qu’il partait du Shin Bet et je l’ai cru. »

Au cours des trois années qui ont suivi, la famille a parcouru les implantations du sud de la Cisjordanie en proie à une situation financière précaire.

Tandis qu’Eyal aura essayé plusieurs formes de contraceptifs – pilules et implants compris – et qu’elle aura même procédé à un avortement manqué, elle n’a jamais pu s’empêcher de tomber enceinte. « Après mon deuxième enfant, toutes les grossesses que j’ai eues sont arrivées alors que je prenais une forme ou une autre de contraceptif ».

Lorsqu’elle a donné naissance à son quatrième enfant, a raconté Eyal, elle a supplié les infirmières de l’emmener loin d’elle. « Le pauvre ! Qu’est-ce que j’allais faire avec lui ? Nous vivons dans une minuscule caravane et nous traversions un hiver glacé ».

« Mais les médecins et mon mari ont dit que tout irait bien. Bien sûr, cela n’a pas été le cas ».

Il y avait une atmosphère intense de soupçons à Kiryat Arba à cette époque. Chacun soupçonnait son voisin d’avoir été un informateur au Shin Bet.

Elle partage un autre souvenir douloureux : Le jour où l’une de ses petites filles, encore jeune, s’est approchée, demandant un morceau de fruit. « J’ai dû la regarder dans les yeux et lui dire que je n’avais rien à lui donner. C’est un sentiment que je ne pourrai jamais oublier ».

Au cours de cette période, Eyal raconte qu’elle recevait encore régulièrement des appels téléphoniques du responsable d’Amit, qui souhaitait lui parler. Elle trouvait étrange que l’agent soit encore en contact avec ce dernier alors qu’il avait cessé de travailler au service de sécurité, mais elle transmettait toutefois les messages qu’il laissait à son époux.

« J’étais tellement naïve alors, c’en était presque criminel », réfléchit-elle. « En même temps, je ne peux pas juger – et je ne jugerai pas – celle que j’étais alors ».

« Je grandissais et j’élevais des enfants en même temps. Ma vie entière se passait dans les couches, les biberons, je ne dormais pas la nuit, j’allaitais et je donnais les soins pendant la journée. Je n’avais pas le temps de penser aux agents du Shin Bet ou aux conspirations », dit-elle rapidement.

Une Palestinienne et ses enfants recherchent de la nourriture et des métaux dans les déchets de l’implantation de Kiryat Arba, le 15 juillet 1996 (Crédit : Nati Shohat Flash90)

En 1993, Eyal et son mari ont déménagé avec leurs cinq enfants à Nehusha, une petite communauté religieuse du centre du pays. Avant leur arrivée, le comité des admissions de la ville est allé voir Eyal pour lui faire part de certaines préoccupations concernant le passé de son mari.

« Je leur ai innocemment assuré qu’il n’avait été employé par l’agence que pendant quelques années, mais qu’il l’avait quitté depuis un certain temps déjà. »

La famille a été acceptée dans la communauté.

Un an plus tard, un militant ultra-nationaliste nommé Yehoyada Kahalani s’est caché chez eux pendant plusieurs jours, sans aucune explication de la part d’Amit, qui l’avait fait venir.

Peu après le départ de Kahalani, Eyal a appris aux informations que lui et son frère avaient été arrêtés pour tentative de meurtre sur un Palestinien aux abords de Jérusalem.

Eyal a commencé à assembler les pièces du puzzle, réalisant peu à peu que son mari était toujours impliqué dans le Shin Bet, mais que cette idée ne s’était toujours pas concrétisée dans sa tête.

Tout s’écroule entièrement

En 2001, après que le couple a eu son septième enfant, ce qui restait du mariage s’est effondré.

« Le comportement agressif d’Amit a tourné à la violence contre moi et les enfants », dit Eyal. « J’étais une femme battue. Pas dans le sens où il me battait tous les jours, mais sous toutes ses formes – physique, émotionnelle et financière ».

Un jour, Amit s’est mis tellement en colère pendant qu’il conduisait qu’il a accéléré en direction d’une falaise déserte en Cisjordanie, est sorti du véhicule pendant qu’il oscillait sur le bord et en laissant sa femme et sa jeune fille assises à l’intérieur.

J’étais si naïve à l’époque, c’était presque criminel. En même temps, je ne peux pas et ne veux pas juger la personne que j’étais alors

« J’ai raconté cette histoire à une conseillère juridique de l’ONG Yad Sarah, en lui demandant si elle considérait que c’était de la violence de la part d’Amit. Elle m’a regardé en état de choc et m’a crié : « Vous me parlez de violence ? Ce que vous décrivez est une tentative de meurtre ! » Eyal a admis qu’elle n’avait pas réalisé le degré de violence que sa famille subissait.

Peu de temps après, cette mère de sept enfants, âgée de 34 ans à l’époque, a décidé qu’elle ferait un test une fois pour toutes pour déterminer si les problèmes de son mariage avaient quelque chose à voir avec elle. « C’était un jeudi soir et j’ai décidé de nettoyer la maison jusqu’à ce qu’elle soit absolument propre. J’ai fait prendre un bain aux enfants et je les ai préparés pour aller au lit tôt. »

 

LIRE LA SUITE SUR https://fr.timesofisrael.com/lespion-du-shin-bet-mon-mari-qui-ne-maimait-pas/?utm_source=A+La+Une&utm_campaign=a-la-une-2019-03-06&utm_medium=email

 

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Message de Binyamin Netanyahou à la Nation après sa mise en examen (texte intégral)

March 1 2019, 08:01am

Message de Binyamin Netanyahou à la Nation après sa mise en examen (texte intégral)

“J’ai rencontré hier à Moscou le president russe Vladimir Poutine et je lui ai dit que nous continuerons à agir avec détermination contre l’Iran et sa tentative de s’installer durablement en Syrie. Je remercie mon ami le président Poutine qui a accepté mes propos.

Lorsque je suis revenu en Israël j’ai entendu les déclarations du président Trump. Il a salué je cite: ‘le leadership fort, intelligent et déterminé avec lequel je dirige l’Etat d’Israël’. Je remercie mon ami Donald Trump pour ses paroles et pour son soutien sans faille à Israël. Ce lien particulier avec ces deux grandes puissances ne va pas de soi. Je le construis depuis de longues années et il nous aide à assurer notre avenir et notre sécurité. A protéger notre pays. La politique que je mène avec mes amis capables et expérimentés du Likoud nous a permis qu’Israël vive la meilleure décennie de son histoire. Dans l’économie, dans la politique étrangère, dans la sécurité et dans tous les domaines. Nous avons trannsformé Israël en puissance mondiale montante mais sans pour cela faire des concessions dangereuses, sans baisser la tête. Nous avons fait cela en renforçant constamment notre puissance.

La gauche sait très bien qu’avec de pareils succès elle ne pourra pas nous battre dans les urnes. Alors, depuis trois ans, elle se livre à une véritable persécution politique, une chasse à l’homme sans précédent dans un seul but: faire tomber le gouvernement de droite sous ma direction et de former un gouvernement de gauche dirigé par Lapid et Gantz. Ils ont exercé de constantes et lourdes pressions, je dirai presque inhumaines, sur le conseiller juridique du gouvernement afin qu’il annonce son intention de me mettre en examen sous condition d’audition alors qu’il est clair qu’il n’y a rien dans le dossier. L’objectif principal: influer sur les élections tout en sachant que ce château de cartes finira par s’écrouler après les élections. Et comme le conseiller juridique est finalement un être humain, il s’est laissé convaincre par les pressions de la gauche. Je veux vous dire qu’il s’est passé aujourd’hui quelque chose de particulièrement grave qui porte atteinte à la démocratie israélienne: pour la première fois dans l’histoire de l’Etat d’Israël, on entamne un processus d’audition peu de temps avant des élections. Chaque citoyen comprend qu’il s’agit d’un timing scandaleux destiné à faire tomber un gouvernement de droite et mettre à la place un gouvernement de gauche. Il n’y a pas d’autre explication à cette obstination à vouloir le faire maintenant, à tout prix, encore avant les élections. C’est là leur intention, en inondant la population de calomnies ridicules me concernant sans que me donner la possibilité de les réfuter avant les élections, mais seulement après. Mais n’ayez aucun doute là-dessus, je les réfuterai toutes, du début à la fin.

Il ne faut pas que cette pression influe sur les élections. Je sais que cela n’influencera pas la majorité d’entre les électeurs du Likoud, dont les médias méprisent d’ailleurs la sagesse. Mais il suffit que cela en influence une petite partie pour que cela amène la gauche au pouvoir.

Benjamin Netanyahu 2018.jpg

Que se passe-t-il maintenant dans les médias? Et cela va continuer! Emissions spéciales, exultations dans les studios. Je ne me souviens pas d’une époque où la gauche ait été aussi heureuse. On fabrique des dossiers de toutes pièces. On se souvient des dossiers fabriqués contre le ministre de la Justice de droite Yaakov Neeman?s héros d’Israël Rafaël Eitan ou Avigdor Kahalani. Les médias les avaient détruits et on exultait dans les studios de télévision. Et des ‘actes d’accusation détaillés’ avaient été émis contre eux. Il y avait des ‘témoins’, il y avait des ‘preuves’. Tout cela ne veut absolument rien dire. Et vous souvenez-vous comment cela s’est terminé, comme dans tant d’autres cas également? Cela s’est terminé avec rien var il n’y avait rien! Tout comme ce sera le cas pour moi.

Il y a encore quelque chose que je tiens à vous dire et que je n’ai pas encore dites. Dans cette chasse à l’homme contre moi, ils n’ont renoncé à aucun moyen. Ils se sont acharnés et s’acharnent encore contre mon épouse, contre mon fils. Ils ont fait vivre un enfer à ma famille depuis trois ans. Ils ont commencé en tentant de nous coller, à mon épouse et à moi-même six cas de corruption. C’est un château de cartes qui s’écroule. Maintenant déjà, avant l’audition, avant même que je ne prenne la parole ou que présente les documents qui réfutent tout cela, cinq accusations sur les six ont déjà été balayées. Et cela va continuer, les dossiers seront vides et s’évaporeront comme de la poussière. Ils s’avèreront vides lorsque je pourrai enfin être confrontés aux témoins d’Etat qui ont produits de faux-témoignages contre moi pour sauver leur peau. Ils sont d’ailleurs accusés de choses qui ne me concernent même pas. Mais on leur a dit: ‘Où vous trouvez des accusations contre Netanyahou ou c’est vous qui irez en prison. Les dossiers s’écrouleront car je ferai comparaître des dizaines de témoins qui curieusement n’ont jamais été sollicités. Ils s’écrouleront lorsque je présenterai tous les documents et protocoles qui prouvent que j’ai agi en toute légalité. Il ne restera même pas le souvenir de toutes ces accusations. Dans les dossiers fabriqués 1000, 2000 et 4000, tout est mensonger. Ils ont transformé tout ce qu’ai fait ou dit en infraction pénale. Il y a tant d’exemples, mais je les fournirai lors de l’audition.

Le Prof. Alan Dershowitz, l’un des plus grands juristes au monde, a déclaré que les dossiers 1000 et 2000 sont des dangers pour la démocratie et pour l’équilibre entre le journalisme et la police, entre le gouvernement et les journalistes. Il dit que c’est un fait sans précédent dans l’histoire du droit en Israël mais aussi du droit international de considérer une couverture médiatique favorable comme une forme de corruption. Il faut que vous compreniez bien ce qu’ils entendent lorsqu’ils parlent de corruption. Ils ne parlent pas d’argent, d’enveloppes. d’espèces, ils parlent de 2,5 articles sur le site Walla parmi un océan d’articles hostiles à mon égard. Il est absurde de prétendre que j’ai pris le contrôle de Walla. Ce site a été et reste un site d’extrême gauche qui m’est très hostile. Allez sur Google et regardez par vous-mêmes. Quel est le premier dirigeant dans l’Histoire qui est accusé de corruption pour une couverture médiatique positive ? Moi, Binyamin Netanyahou, l’homme politique le plus Sali par les médias israéliens ! Il est intéressant que l’on ne fasse pas la même chose à d’autres politiciens qui ont bénéficié d’une couverture médiatique très flatteuse de la part de Yediot Aharonot en contrepartie de leur soutien à la loi de fermeture du journal Israël Hayom, ce qui aurait rapporté des millions à Noni Moses (ndlr : propriétaire de Yediot Aharonot).

Faisons maintenant un exercice de réflexion : quelqu’un peut-il m’expliquer si l’on admet qu’une couverture médiatique est de l’ordre de la corruption, pourquoi n’a-t-on jamais interrogé Yaïr Lapid à propos des dizaines d’entrevues secrètes qu’il a eues avec Noni Moses, pour le soutien de son parti à la fermeture d’Israël Hayom et la couverture médiatique élogieuse dont il a bénéficié? Je vous le dis, et essayez de me comprendre : moi qui ai stoppé cette loi, je suis mis en accusation, et eux n’ont même pas été interrogés! Le monde à l’envers! A moins que la réponse soit: une couverture médiatique constitue un acte de corruption uniquement si vous vous appelez Netanyahou!

Qu’en est-il du dossier 1000 ? Ils ont utilisé des centaines de millions de la poche des contribuables pour une enquête, et qu’ont-ils trouvé ? Des cigares, des plateaux-repas, des broutilles. Les montants ont été gonflés et ils ont compté les bouteilles de champagnes et les cigares que Miltshin a acheté pour son compte et ils ont tout mis sur le mien ! Pour l’ancien Premier ministre Olmert, qui avait reçu des stylos de luxe pour plus d’un million de shekels, de la part d’hommes d’affaires, le conseiller juridique de l’époque avait considéré qu’il n’y avait pas lieu d’ouvrir une enquête. Vous avez compris le principe : pas de Bibi, pas d’enquête ! Il y a aujourd’hui une pression énorme de la part des médias, de la gauche ainsi que de fonctionnaires juridiques afin de publier des accusations mensongères encore avant les élections.

D’après les médias, les deux procureurs qui ont adopté une ligne extrême contre moi ont été Shaï Nitzan et Liat Ben-Ari. Nouvel exercice de réflexion : comment expliquer que Liat Ben-Ari, qui a poussé le conseiller juridique à annoncer sa décision avant les électionms, avait fait stopper en 2013 les enquêtes contre Tsipi Livni en arguant qu’il s’agirait d’une ingérence dans le processus électoral? Et Shaï Nitzan, qui s’est acharné contre les hommes de droite ? Il y a une loi pour tout le monde, et une loi pour le Premier ministre Binyamin Netanyahou. Il y a des normes électorales pour tout le monde, et il y a des normes électorales pour Netanyahou et le Likoud.

Je vous le redis, citoyens d’Israël, tout ce château de cartes finira par s’écrouler. J’en suis absolument convaincu. J’en suis convaincu à 4000% ! J’ai l’intention de vous servir et de servir l’Etat d’Israël comme Premier ministre pendant de longues années encore, et ne croyez pas à toutes les manipulations. J’ai l’intention de vous servir encore longtemps, mais cela dépendra de vous et non pas de fonctionnaires, de studios de télévision, de journalistes ou commentateurs politiques. Cela dépendra uniquement de vous, citoyens d’Israël.

Ne laissez pas cette chasse à l’homme vous perturber. Ce scrutin se joue entre un parti de gauche faible avec Lapid et Gantz, avec les partis arabes et un gouvernement de droite fort sous ma direction et celle du Likoud. De très nombreux d’entre vous viennent vers nous ces derniers jours et nous disent : ‘Bibi, nous sommes avec vous et avec Sarah!’ ‘Ne craquez pas!’ Je leur réponds : ‘Je ne craquerai pas. Ils me demandent d’où je tire ma force?Alors je leur répond: ‘Je tire ma force de trois sources. De ma chère et merveilleuse famille qui est la colonne vertébrale de ma vie. Ensuite, de la certitude que ces accusations contre moi sont sans fondement et que la vérité, et enfin de vous, chers citoyens d’Israël, qui me soutenez et m’encouragez afin que je continue à diriger ce pays pour notre avenir à tous ».

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Photo Tomer Neuberg / Flash 90

SOURCE https://lphinfo.com/message-de-binyamin-netanyahou-a-la-nation-apres-sa-mise-en-examen-texte-integral/

Conférence exceptionnelle le 3 mars 2019 à Tel-Aviv:


Elections israéliennes 2019: Connaître le passé, comprendre le présent et réfléchir au futur

“La contestation de l'Etat juif par les élites israéliennes”

 

9 avril 2019

?

 

Une conférence pour tout savoir des institutions israéliennes, du sionisme politique, des grands hommes à l’origine de ce projet (Herzl, J‎abotinsky, Ben Gourion…) et de l'histoire des partis politiques israéliens de 1920 à aujourd’hui.


Une conférence animé par Pierre Lurçat, essayiste et traducteur, auteur de plusieurs essais sur le sionisme, Israël et l'islam radical.

Son dernier ouvrage "Israël, le rêve inachevé" est paru en novembre 2018 aux Editions de Paris.

Date : 3 mars 2019
Horaire : 20h - 22h
Lieu : Ulpan Neve Tzedek, 7 Lilienblum Tel Aviv


Entrée : 20 shekels


Inscriptions auprès de Déborah Pewzer : 052 67 69 746




03/03/19 - 3e conférence : “La contestation de l'Etat juif par les élites israéliennes”

 

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Qui est véritablement Binyamin Nétanyahou ? par Pierre Lurçat - Bibi, la vie et l’époque turbulente de Benjamin Netanyahou

November 28 2018, 08:25am

Posted by Pierre Lurçat

Qui est véritablement Binyamin Nétanyahou ? par Pierre Lurçat - Bibi, la vie et l’époque turbulente de Benjamin Netanyahou

 

L’éditorialiste de Makor Rishon Haggai Segal rapportait vendredi dernier l’anecdote suivante. L’ancien Premier ministre israélien Itshak Shamir lui avait dit, au cours de son mandat, que le jour où le journal Ha’aretz ferait son éloge, il aurait  de quoi s’inquiéter… Ce jour est venu, non pas pour Itshak Shamir - demeuré un modèle de fermeté face aux pressions intérieures et extérieures (notamment à l’époque du président Georges W. Bush), mais pour l’actuel Premier ministre, Benjamin Nétanyahou. Ce dernier a en effet été qualifié la semaine dernière, dans les colonnes du journal des élites israéliennes, “d’homme de paix” et d’un “des dirigeants les plus anti-guerre que nous ayions connus” en Israël.

 

L’auteur de ce éloge inattendu n’était autre que Gideon Levi, éditorialiste du Ha’aretz et une des voix les plus radicales de l’extrême-gauche israélienne. Cela n’empêche pas les médias internationaux de continuer à présenter Nétanyahou comme un empêcheur de paix et son gouvernement comme “le plus à droite que l’Etat d’Israël ait jamais connu...” Au-delà des qualificatifs - souvent erronés ou excessifs - que les médias utilisent à son endroit, il est vrai que Nétanyahou demeure à de nombreux égards une énigme. Le 14e Premier ministre israélien, qui est en passe de ravir à David Ben Gourion le record de longévité à ce poste, est tantôt décrit comme un modèle de pragmatisme - voire d’opportunisme politique - tantôt comme un idéologue de droite. Qui est-il vraiment?


 

La biographie que lui a consacré le journaliste Anshel Pfeffer (1) apporte des éléments de réponse à cette question, qui continue de tarauder les meilleurs observateurs de la scène politique israélienne depuis plus de deux décennies. En tant que contributeur du quotidien Ha’aretz - qui n’épargne pas le Premier ministre et sa famille - Pfeffer a réussi à écrire une biographie équilibrée, en évitant de tomber dans l’excès ou dans la caricature. Il décrit ainsi, dans les premiers chapitres de son livre, l’environnement dans lequel a grandi Benjamin, ses deux frères Ido et Yoni (qui trouvera la mort lors de l’opération héroïque de sauvetage des otages à Entebbé), et leurs parents, le professeur Bentsion Nétanyahou et sa femme.

 

L’auteur relate avec talent l’ascension politique de Nétanyahou, d’abord au sein de l’ambassade d’Israël aux Etats-Unis, où il devient le protégé de Moshe Arens, puis en tant qu’ambassadeur aux Nations-Unis, en 1984, où il se fait remarquer pour ses talents de diplomate et d’orateur hors-pair. Dès cette époque, le jeune Benjamin Nétanyahou fait en effet preuve de dons exceptionnels pour la “hasbara” (terme difficile à traduire qui désigne la capacité de défendre une politique), à la tribune et dans les coulisses des Nations unies. Pfeffer rapporte ainsi la manière dont “Bibi” utilise des éléments visuels pour appuyer son argumentation, n’hésitant pas à projeter un film  montrant un diplomate tentant vainement de téléphoner au Liban pour illustrer l’état d’anarchie régnant dans le pays. Trente ans plus tard, il utilisera des moyens similaires pour démontrer au monde entier la duplicité de l’Iran.

 

A l’ONU - un don incontestable pour la “hasbara”


 

La qualité majeure de Benjamin Nétanyahou , tel qu’il ressort du livre d’Anshel Pfeffer, est incontestablement celle d’animal politique. Doté d’un charisme exceptionnel, il sait manoeuvrer à travers les écueils de la politique intérieure israélienne, et fait montre d’une capacité d’analyse et de compréhension rarement égalées par ses pairs. Issu d’une famille jabotinskienne réputée, mais relativement à l’écart de la vie politique du fait de son exil aux Etats-Unis, Nétanyahou parvient à doubler plusieurs concurrents parmi les “Princes du Likoud” - et notamment David Lévy, qui deviendra un rival féroce.


 

Un animal politique

 

Dans des pages intéressantes de son ouvrage, Pfeffer montre les rapports ambivalents entre Bibi et Itshak Shamir, qui le considère comme superficiel et incapable de résister aux pressions. Un des chapitres les plus instructifs est celui qui retrace le premier mandat de Nétanyahou, arrivé au pouvoir contre toute attente, en 1996, au lendemain de l’assassinat d’Itshak Rabin (au sujet duquel Pfeffer dissipe la calomnie voulant que Bibi ait participé à des manifestations “incitant” au meurtre…(2) A l’âge de 46 ans, il devient le plus jeune Premier ministre israélien depuis 1948.

 

Quelle a été l’influence de sa famille sur Bibi? Sur ce point crucial - que j’aborde dans mon dernier livre, dans un chapitre consacré à Bentsion Nétanyahou (3) - l’auteur apporte des éléments de réponse intéressants. Ainsi, on découvre comment “Bibi” a souffert du sentiment d’insatisfaction que son père éprouvait à son égard. “”Il aurait sans doute fait un meilleur ministre des Affaires étrangères que Premier ministre”, dira un jour Bentsion de son fils, pour la plus grande joie de ses adversaires. Le dernier chapitre du livre s’intitule, de manière éloquente, “Stuck on top”, “coincé au sommet”.

 

Bentsion Netanyahou et son fils, lors d’une cérémonie en souvenir de Yoni


 

A l’heure où ces lignes sont écrites, “Bibi” donne toujours l’impression d’être irremplaçable, y compris aux yeux de ses plus farouches adversaires. L’impuissance qu’il a manifestée face au Hamas au cours des derniers mois pose, une fois de plus, la question de sa succession. Car au-delà de ses succès - en diplomatie notamment et en économie - les “années Bibi” auront aussi été celles d’une lente et irrésistible érosion de la force de dissuasion de Tsahal, après les retraits de Gaza et du Sud-Liban aux conséquences désastreuses, orchestrés par deux de ses prédécesseurs, Ariel Sharon et Ehoud Barak.

 

Bien entendu, Nétanyahou n’est pas le seul responsable de cet état de fait préoccupant. A plusieurs reprises, il s’est opposé à l’establishment militaire et sécuritaire - notamment sur le dossier iranien - pendant ses deux derniers mandats, comme le rapporte Pfeffer. Ce sont souvent les chefs de l’armée, du Mossad et des autres services de sécurité qui ont freiné les initiatives militaires, contre l’Iran et contre ses bras armés que sont le Hezbollah et le Hamas. Qui saura ramener à Israël son indispensable force de dissuasion militaire d’antan? La question reste ouverte.

Pierre Lurçat

 

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Pierre Lurçat pour Dreuz.info.

 

Notes

(1) Anshel Pfeffer, Bibi: The Turbulent Life and Times of Benjamin Netanyahu: Basic Books 2018.

(2) Rappelons que le fameux poster représentant Itshak Rabin z.l en uniforme S.S. était la création de l’agent du Shabak, Avishaï Raviv.

(3) Mon dernier livre, Israël le rêve inachevé, Quel Etat pour le peuple juif?, vient de paraître aux éditions de Paris/Max Chaleil.

Je parle du livre sur Dreuz.info au micro de Jean-Patrick Grumberg : https://www.dreuz.info/2018/11/27/interview-pierre-lurcat-a-propos-de-son-dernier-livre-israel-le-reve-inacheve-le-juif-apprend-toujours-par-les-catastrophes/

 

 

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Comment la gauche israélienne est devenue une minorité tyrannique, par Pierre Lurçat

February 5 2018, 08:07am

Posted by Pierre Lurçat

Comment la gauche israélienne est devenue une minorité tyrannique, par Pierre Lurçat

Comment la gauche israélienne est devenue une minorité tyrannique, par Pierre Lurçat

 

La situation politique actuelle en Israël, aux Etats-Unis, en France et dans d’autres pays occidentaux présente de nombreuses similitudes. La coupure grandissante entre le peuple et les “élites”, l’attitude des grands médias - qui se donnent de plus en plus pour mission de dire ce qu’il faut penser, au lieu de se contenter plus modestement d’informer - et la décrépitude des partis de la gauche historique (PS et PC en France, parti travailliste en Israël) ; ces différents phénomènes ont évidemment des causes diverses et multiples, qui varient selon les pays concernés. Il semble toutefois qu’on peut leur trouver des racines communes, en partant de l’exemple israélien.

 

 

Rendant hommage au poète et écrivain Haïm Gouri, décédé la semaine dernière, le journaliste Nahum Barnéa écrivait dans les colonnes de Yediot Aharonot les lignes suivantes: “Gouri était notre dernier poète national. Non parce qu’il n’existe pas, et n’existera plus de poètes et d’écrivains de qualité après lui, mais parce qu’il n’y a plus de consensus national, de solidarité interne et de dirigeants capables d’apprécier l’oeuvre d’un poète”. Ce diagnostic comporte une part de vrai : le consensus national a certes été mis à mal ces dernières années, et le sentiment que Gouri (et d’autres) incarnaient un “Bel Israël” en voie de disparition est partagé par beaucoup. Mais les mots de Barnéa attestent aussi d’une grande hypocrisie. Car s’il n’existe plus de consensus national aujourd’hui en Israël, c’est largement du fait du travail de sape entrepris depuis des années par le courant politique auquel Nahum Barnéa appartient - la gauche - qui s’efforce par tous les moyens d’ôter toute légitimité au gouvernement, aux idées et aux réalisations de tous ceux dont il ne partage pas le point de vue.

 

Une des dernières illustrations de ce travail de sape nous est donnée par l’article publié  par le juge Aharon Barak, dans le même numéro du journal où écrit Nahum Barnéa. Aharon Barak est un des hommes qui a assumé le rôle le plus déterminant, au cours des dernières décennies, pour modeler le visage de la société et des institutions israéliennes. Il est celui qui est parvenu, au moyen de la “Révolution constitutionnelle” dont il a été l’instigateur et le principal maître d’oeuvre, à transformer la Cour suprême d’Israël en premier pouvoir, aux mains d’une élite post-sioniste, comme je l’ai décrit (1). Barak, en tant que “grand-prêtre” de la minorité ultra-laïque de gauche, a ce faisant réussi à donner aux anciennes élites, aujourd’hui minoritaires dans l’opinion et à la Knesset, l’illusion qu’elles pouvaient continuer à gouverner et à régner sans partage, comme avant le “Ma’apah” de 1977 (l’arrivée au pouvoir de Menahem Begin).

 

Aharon Barak - le “grand-prêtre” des élites laïques post-sionistes


 

Le pouvoir exorbitant de la Cour suprême israélienne

 

En réalité, grâce à Barak et à quelques autres (dont fait aussi partie Nahum Barnéa), les élites de la gauche post-sioniste, de plus en plus coupées du peuple - auquel elles vouent souvent un mépris non dissimulé, comme en témoigne leur attitude actuelle dans le débat sur les immigrants clandestins à Tel-Aviv - s’efforcent d’empêcher les gouvernements de droite qui se sont succédés depuis 1977 (à l’exception de l’intermède d’Oslo entre 1992 et 1996) d’exercer le pouvoir. C’est précisément pour “rendre le pouvoir au peuple” et à ses élus que l’actuelle ministre de la Justice, Ayelet Shaked, et quelques autres, s’emploient aujourd’hui à restreindre le pouvoir exorbitant que s’est octroyé la Cour suprême, depuis la présidence d’Aharon Barak. Comme l’écrit Shaked, il faut “préserver la séparation du pouvoir et le gouvernement de la majorité”, pour éviter qu’Israël ne soit soumis à une “minorité tyrannique”.

 

Le mépris affiché par Aharon Barak pour ses opposants, y compris au sein de l’establishment judiciaire, illustre la manière dont les élites de la gauche israélienne se sont détachées de l’idéal démocratique. Comme l’écrit Ayelet Shaked dans sa réponse à Aharon Barak, il est “attristant de constater qu’à vos yeux, le monde se divise entre ceux qui partagent votre point de vue et ceux qui ne comprennent rien”. Convaincu d’être le représentant des “élites éclairées” (concept que le juge Barak a forgé et utilisé dans ses décisions à la Cour suprême), il se soucie peu de convaincre ses opposants ou de savoir que la majorité des Israéliens ne pensent pas comme lui. L’essentiel est que ses idées puissent continuer de régner au sein du pouvoir judiciaire et d’exercer leur influence sur la vie publique.

 

Ayelet Shaled : rendre le pouvoir au peuple.


 

Dans la doctrine d’Aharon Barak, qualifiée par Menahem Mautner de “fondamentalisme juridique”, la légitimité et l’activité du pouvoir - exécutif ou législatif - sont entièrement soumises à la loi, que seuls les juges sont à même d’interpréter. A ce titre, les juges sont à ses yeux l’autorité suprême, devant laquelle doivent s’incliner tant les dirigeants élus du peuple que les législateurs. Ce qu’il prétend aujourd’hui être un “danger pour la démocratie israélienne” n’est en réalité que l’exercice légitime du pouvoir par le gouvernement et par la Knesset, qui tentent tant bien que mal de retrouver leurs prérogatives, rognées par deux décennies d’activisme judiciaire et de négation de la séparation des pouvoirs.

 

De la gauche libérale à la gauche totalitaire

 

Pour comprendre comment une conception des institutions et de l’équilibre des pouvoirs aussi éloignée des principes fondateurs de la démocratie a pu s’imposer aussi largement en Israël, il faut la resituer dans l’histoire politique des quarante dernières années, et plus précisément dans l’évolution de la gauche israélienne. Celle-ci, qui a participé de manière déterminante à la construction de l’Etat pendant la période du Yishouv et les premières décennies après 1948, est devenue dans les années 1990 (époque des accords d’Oslo et de la Révolution constitutionnelle) une force destructrice, animée par un esprit nihiliste et dévastateur (2).

 

Comme l’expliquait il y a une dizaine d’années la politologue Raya Epstein, dans un ouvrage consacré au post-sionisme, la gauche israélienne a en effet largement renoncé au modèle de la démocratie libérale, pour adopter celui de la démocratie totalitaire, à savoir un régime idéologique reposant sur l’hypothèse d’une vérité unique. Ce régime idéologique, qu’on pourrait aussi définir comme celui de l’idéologie dominante, est selon Epstein “l’antithèse totale du judaïsme religieux, de l’identité juive en général, de la démocratie libérale et du sionisme”. (3) L’analyse de Raya Epstein porte uniquement sur le cas israélien, mais on peut l’appliquer à celui d’autres pays occidentaux, en proie à une évolution similaire. Dans tous les pays où la gauche, en perte de vitesse, a perdu l’espoir de regagner le pouvoir par les urnes (seule manière d’accéder au pouvoir en démocratie…) elle est tentée de renoncer au modèle de la démocratie libérale pour revenir à celui de la gauche totalitaire, qui n’a jamais totalement disparu de son univers idéologique. Ou comme le disait Bertolt Brecht, de vouloir “dissoudre le peuple” pour en élire un autre.

 

Pierre Lurçat

 

(1) Je renvoie à mon récent article Les dangers du “fondamentalisme juridique” en Israël aujourd’hui” et au chapitre 13 de mon livre La trahison des clercs d’Israël, La Maison d’édition.

(2) Sur ce sujet, voir l’analyse détaillée de Y. Hazony, L’Etat juif, Sionisme, post-sionisme et destins d’Israël, traduction française de Claire Darmon, édition L’éclat 2007.

(3) Raya Epstein, “Postzionism and democracy”, in Israel and the Post-Zionists, Sh. Sharan (éd), Sussex Academic Press 2003.

 

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