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jabotinsky

La rédemption sociale : Éléments de philosophie sociale de la Bible hébraïque, par Vladimir Zeev Jabotinsky

June 13 2021, 12:44pm

Posted by Jean Pierre Allali

La rédemption sociale : Éléments de philosophie sociale de la Bible hébraïque, par Vladimir Zeev Jabotinsky

NB le livre La rédemption sociale de Jabotinsky est en vente à la librairie du Foyer de Tel-Aviv et chez Vice-Versa à Jérusalem. Ainsi que sur Amazon.

Pour le commun des mortels, le nom de Jabotinsky renvoie à la droite israélienne la plus dure. Et pourtant ! En lisant ce petit livre plein d’enseignements, on ne peut pas éviter de se dire : « Mais, finalement, Jabo, c’était un socialo ! ».

Né à Odessa en 1880, celui qui sera le fondateur du Bétar et de la Légion Juive, est mort à New York en 1940. Tel Moïse, il n’aura pas foulé la terre de l’État juif indépendant qu’il appelait de ses vœux.

On découvre que c’est lors de ses années de jeunesse passées à Rome que Jabotinsky va être exposé aux conceptions socialistes par le biais de son professeur, Antonio Labriola et du criminologue  Enrico Ferri. Il continuera de côtoyer les idées socialistes alors que, journaliste, il était chargé de couvrir les séances parlementaires de la Chambre des Députés au Palais Montecitorio de Rome. Dans son « Histoire de ma vie », il raconte : « À la tête de la gauche se trouvait le groupe parlementaire socialiste auquel je me joignis en pensée même si je n’y suis jamais entré de manière officielle… ».

Dans la pratique, Jabotinsky, est finalement déçu par « le contenu égoïste du concept de classe » et c’est dans la Torah qu’il trouvera le fondement de toute sa philosophie économique et sociale. Pour lui, la rédemption sociale de l’humanité qu’il espère avec, notamment la disparition de la pauvreté, repose sur le « Tikoun Olam », (Réparation du Monde). Un programme basé sur les « Cinq Mem ». Sans oublier le principe du « Yovel », le jubilé, « une tentative visant à instaurer un principe contraignant de révolutions sociales périodiques ». Les « Cinq Mem », ce sont « Mazon », « Maon », « Malbouch », « Moreh » er « Marpeh », c’est-à-dire : la nourriture, le logement, l’habillement, la possibilité d’éduquer ses enfants et celle de se soigner en cas de maladie..

Autre principe biblique rappelé par Jabotinsky, celui du « Péa ». « Quand vous moissonnerez la récolte de votre pays, tu laisseras la moisson inachevée au bout de ton champ » (Lévitique, 19-9).

Sans oublier l’essentiel : le principe juif du shabbat qui, tout compte fait, est à l’origine de la législation sociale moderne.

Très en avance sur son époque et véritablement prémonitoire, Jabotinsky envisage une ère où le robot remplacera l’homme pour une grande partie des tâches quotidiennes, entraînant une baisse drastique des heures de travail hebdomadaires.

Dès lors, « La crise de notre époque n’est pas tant, en réalité, une crise du « capitalisme », qu’elle n’est avant tout une crise du prolétariat. La machine rend l’ouvrier de plus en plus inutile… ».

Bref, se demande Jabotinsky : « Qu’est-ce qui est préférable ? Prévenir la misère ou bien la réparer ? »

Un petit livre. Mais quel souffle ! Remarquable !

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions de la Bibliothèque Sioniste. Présentation, traduction et notes de Pierre Lurçat. 64 pages.

http://www.crif.org/fr/content/lectures-de-jean-pierre-allali-la-r%C3%A9demption-sociale-%C3%A9l%C3%A9ments-de-philosophie-sociale-de-la

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CONFÉRENCE EN LIGNE - JEUDI 3 JUIN 19H00 - L’Etat juif selon Jabotinsky

June 3 2021, 07:59am

Posted by Pierre Lurçat

Après le succès de la première conférence de Pierre Lurçat sur Zeev Jabotinsky, l’OSM  l'invite à nouveau pour mieux vous faire connaître cet important dirigeant sioniste.

The Israeli Right: From Jabotinsky to Netanyahu - The Tikvah Fund

73 ans après la proclamation de l’État d’Israël, la question des liens entre État et religion et entre Juifs laïcs et religieux continue d'interpeller le public israélien. 

 

Jabotinsky, outre ses idées sur la politique et l'économie, a aussi élaboré une réflexion approfondie sur sa vision du futur État juif, et sur la place que la tradition juive devait y occuper. Sur ce sujet crucial, comme sur d’autres, sa réflexion est plus actuelle que jamais.

 

Rendez-vous jeudi 3 juin à 19h (FR) -  

 

INSCRIPTIONS http://bit.ly/Jabontinsky_et_la_religion

 



 

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Penser la guerre de Gaza (I) :  sortir de l'illusion technologique et retrouver les valeurs de Tsahal, Pierre Lurçat

May 23 2021, 07:37am

Posted by Pierre Lurçat

 

Le dernier round des hostilités à Gaza s’est terminé comme les précédents, en queue de poisson. La “victoire” tactique et ponctuelle de l’élimination de plusieurs chefs du Hamas et du Djihad islamique est largement effacée et rendue dérisoire par la défaite stratégique à long terme, que constitue la transformation de la moitié du territoire d’Israël et de sa population en vaste champ de bataille, offert aux missiles tirés de Gaza, sans riposte effective, sinon la protection du Dôme d’acier. Dans cette série d’articles, nous voudrions esquisser une réflexion approfondie pour penser la guerre à Gaza, en la resituant dans le contexte de l’évolution de la doctrine militaire israélienne et des valeurs qui la sous-tendent.

 

Dans leur livre sur la guerre d’Indépendance, publié en 1960 (1), Jon et David Kimhi ont cette remarque éclairante, au sujet de l’issue de la guerre de 1948. “A bien des égards, les combats eux-mêmes n’ont joué qu’un rôle secondaire dans la guerre de Palestine. Ce qui a été le plus important, c’est l’affrontement des volontés”. Cette phrase semble faire écho à un verset bien connu du prophète Zachariah : “Ni par la force, ni par la puissance, mais bien par mon esprit”. Pendant des décennies, les dirigeants de l’armée et de l’Etat d’Israël avaient bien conscience que le principal élément de la force de Tsahal, face à des ennemis plus nombreux et souvent mieux armés, était l’esprit combatif, la motivation et la conscience de ses soldats qu’ils étaient obligés de vaincre. “Eyn brera!”


 

Le drapeau israélien hissé à Eilat

 

Paradoxalement, cette force intérieure a décru, au fur et à mesure que se développait la puissance technologique de Tsahal (2). Nous sommes arrivés aujourd’hui à un stade où les prouesses technologiques pallient difficilement l'effritement de la volonté de vaincre, et ne sont parfois plus un élément de la force de Tsahal, mais bien plutôt un élément de sa faiblesse… Un des premiers à avoir compris ce paradoxe est un chercheur du Centre d’études moyen-orientales de l’université d’Ariel, Eyal Levin, dont les travaux portent sur la “résilience nationale” (‘hossen léoumi) : “Le système Dôme d’acier n’exprime pas notre résilience nationale, mais au contraire notre faiblesse”, disait-il en substance, au lendemain de l’opération “Colonne de nuée” (Amoud Anan) de novembre 2012. Ce constat de faiblesse est toujours aussi valable, neuf ans plus tard, après d’innombrables rounds d’hostilités à la frontière de Gaza.

 

Le système de défense antimissiles “Kippat Barzel”, comme nous l’écrivions dans ces colonnes (3), ressemble à un immense parapluie troué, qui constitue une arme défensive très insuffisante et comporte des effets pervers, en dispensant Tsahal d’une contre-attaque authentique, comme l’a montré l’amère expérience des dernières années. Plus la prouesse technologique qu’il constitue est réussie (empêcher les missiles de l’ennemi d’atteindre le sol israélien), plus son effet pervers s’accroît : priver Israël d’une indispensable offensive préventive, pour interdire à l’ennemi d’essayer même de l’attaquer. A cet égard, Kippat Barzel est en réalité la négation du Kir Habarzel - la muraille d’acier - concept développé par Jabotinsky dans son fameux article de 1923, qui est au fondement de la doctrine stratégique de Tsahal (4). 

 

La muraille d’acier signifie en effet qu’il faut dissuader l’ennemi de nous attaquer, et pas seulement se défendre contre ses attaques incessantes. Selon cette conception,  la paix et la sécurité ne viendront pas en élaborant des systèmes de défense de plus en plus perfectionnés, pour intercepter les missiles du Hamas, du Hezbollah et de l’Iran. Elles ne viendront qu’en ripostant avec toute la force nécessaire et en attaquant les ennemis qui nous menacent, portant la guerre sur leur territoire - comme l’a fait Tsahal lors des guerres victorieuses de 1948, 1956, 1967 et 1973, jusqu’à ce qu’ils demandent grâce et renoncent à leurs intentions belliqueuses.

 

Une défaite morale et psychologique


Mais il faut aller plus loin encore. La réussite technologique (toute relative) de Kippat Barzel n’est pas seulement une défaite sur le plan militaire et psychologique, en empêchant Tsahal de riposter et en portant ainsi un coup fatal à notre capacité de dissuasion. Elle incarne aussi l’inversion et l’oubli des valeurs sur lesquelles reposait jadis la force de Tsahal. Un des exemples les plus frappants de cet oubli des valeurs fondatrices de l’armée de Défense d’Israël nous est donné par le cas tragique du soldat Hadar Goldin, capturé et tué par le Hamas le dernier jour de l’opération Tsouk Eytan à Gaza, et dont la dépouille est toujours détenue par le Hamas, sept ans plus tard.

 

Hadar Goldin z.l.

 

Comme l’a déclaré le père de Hadar, le Dr Simha Goldin, en août 2019 : “Hadar a été abandonné à trois reprises par la lâcheté de nos dirigeants. La première fois, sur le champ de bataille, lorsqu’ils ont empêché son officier de pénétrer dans l’hôpital du Hamas où il était apparemment détenu et blessé. La deuxième fois, à la fin de l’opération Tsouk Eytan, lorsque les dirigeants israéliens ont négocié (un cessez-le-feu) au Caire avec le Hamas, sans exiger la restitution des deux soldats Oron Shaul et Hadar Goldin. Et la troisième fois, pendant les cinq dernières années…” Simha Goldin a aussi déclaré, lors du congrès annuel du mouvement Im Tirtsu, que pour la première fois dans l’histoire de Tsahal, un soldat avait été déclaré “tombé au combat” en pleine guerre, alors qu’il était disparu et que son sort n’était pas encore connu avec certitude. 

 

Ce précédent dangereux a été fixé en contradiction avec la tradition remontant aux débuts de Tsahal, de ne jamais abandonner un soldat sur le champ de bataille et de ne pas le considérer comme mort, tant que sa dépouille n’avait pas été récupérée. L’exemple tragique de Hadar Goldin devrait susciter un vaste mouvement de réflexion et une prise de conscience au sein de la population israélienne, et surtout de sa jeunesse, dont la motivation pour servir dans les rangs de Tsahal n’a pas faibli. Car ce sont les valeurs fondatrices de Tsahal qui ont permis, jusqu’à ce jour, que des jeunes Israéliens s’engagent dans les rangs des unités combattantes. Si l’esprit de fraternité combattante (Reout) - immortalisé par les paroles du Chir HaReout, rédigé par Haïm Gouri durant la guerre d’Indépendance - devait s’estomper, comment pourra-t-on demain appeler des jeunes soldats à risquer leur vie pour leur pays? 

 

Simha Goldin devant le Lion de Tel Haï

 

Hadar Goldin portait un nom plein de signification. “Hadar” signifie “splendeur” et il fait référence au Chir Betar, l’hymne du mouvement de jeunesse sioniste créé par Zeev Jabotinsky, qui fut aussi le fondateur de la Légion juive, ancêtre de Tsahal. Puissent les mots du Chir Betar inspirer les dirigeants qui se considèrent comme les héritiers de Jabotinsky. “Hébreu, dans la misère même tu es Prince, Dans la lumière ou l’obscurité. Souviens toi de cette couronne”. Qu’ils se souviennent, eux aussi, du Keter. Qu’ils se souviennent du Hadar et du Tagar. Et qu’ils n’oublient pas non plus les paroles du Chir HaReout, rédigé par Haïm Gouri, de “l’amour consacré dans le sang” des soldats tombés dans les guerres d’Israël.

Pierre Lurçat

 

NB Je commente la fin de l'opération "Gardiens des murailles" au micro de Daniel Haïk sur Radio Qualita

https://www.youtube.com/watch?v=qlBysShmoYE&t=7s

 

Dans la suite de cet article, nous verrons comment la guerre asymétrique contre Gaza a fait perdre de vue la notion de guerre juste et quelles en sont les conséquences.

(1) La première guerre d’Israël, Arthaud 1969.

(2) Sur l’évolution de l’ethos de Tsahal et de la société israélienne en général, voir Oz Almog, Farewell to Srulik - Changing Values Among the Israeli Elite (Zmora Bitan and Haifa University Press, 2004).

(3) http://vudejerusalem.over-blog.com/2018/11/israel-gaza-accepter-la-pax-islamica-du-hamas-par-pierre-lurcat.html?fbclid=IwAR3BG1p7wyMDw5sdwIW_YODWeVPCCzVbVP1f0sdXKLpMSXYDkeRAopTARAU

(4) Sur la “muraille d’acier” et l’héritage politique et militaire de Jabotinsky, je renvoie à ma postface à son autobiographie, que j’ai eu le plaisir de traduire en français.


 

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“Hébreu, Auto-défense, Alyah!” Adresse aux Juifs restant encore en France

April 23 2021, 15:52pm

Posted by Pierre Lurçat

 

 

La décision rendue par la Cour de cassation a suscité de très nombreuses analyses pertinentes, de la part d’observateurs avisés, et pas tous Juifs (Cf l’éditorial courageux de F.O Giesbert) Même le grand rabbin de France, que certains soupçonnaient de tiédeur, et le président du CRIF, qui a retrouvé pour l’occasion un peu du “Hadar” de sa jeunesse dans les rangs du Betar, semblent avoir trouvé les mots justes… Mais cette profusion de mots ne fait que ressortir l’absence flagrante d’actes et de décisions opérationnelles. Les lignes qui suivent prétendent aborder la situation des Juifs de France sous un angle différent, l’angle sioniste et celui de l’action.

 

Trop de réflexion et pas assez d’action

 

Changer la loi française? C’est ce que proposent le président Macron et d’autres, parmi lesquels Robert Badinter, infatigable, qui s’abstient pourtant de toute critique contre la Cour de cassation (1) C’est sans doute utile, mais cela ne fera pas changer l’ennemi, ni la situation objective de la France actuelle (“l’antisémitisme des choses”, comme disait Jabotinsky). Alors c’est à nous, c’est à vous de changer. Cessez enfin de regarder la France avec les yeux de Chimène et d’attendre, comme une femme battue, qu’elle retrouve pour nous un amour qu’elle a depuis longtemps perdu, si tant est que cet amour ait jamais existé… Cessez de croire que la “République” va connaître un sursaut de lucidité et se souvenir de ses enfants Juifs. 

 

 

Prenez acte, une fois pour toutes, du divorce consommé entre la France et les Juifs, que des esprits lucides - comme Shmuel Trigano - avaient déjà annoncé en 1981 (au lendemain de l’attentat de Copernic, attribué à tort à une fantomatique “extrême-droite” (2). Prenez acte, enfin (mieux vaut tard que jamais) du caractère inéluctable du constat, fait il y a plus de 120 ans par un journaliste Juif, assistant à la dégradation du Capitaine Dreyfus. Herzl, le “Visionnaire de l’Etat” avait entrevu, dès cette époque, ce que certains de vous refusent encore d’admettre aujourd'hui : qu’il n’y a aucun avenir pour les Juifs en Europe.

 

Prenez acte du fait que la défense des Juifs ne peut être confiée aux autorités françaises, qui ont d’autres chats à fouetter et qui peinent déjà à défendre les “Français innocents” (selon le lapsus révélateur de Raymond Barre). Car on peut supposer que la décision de la Cour de cassation aurait été identique, si la victime s’était appelée Martine Dupont, et que l’assassin ait été de la même religion que Kobili Traoré (religion dont le nom est devenu le grand tabou de la vie politique française, comme l’a démontré Georges Bensoussan, qui en a personnellement fait l’expérience). Plus encore que l’identité de la victime, c’est celle de l’assassin qui explique son impunité consacrée par la plus haute instance judiciaire française.

 

Votre salut ne viendra d’aucune pétition, d’aucun appel à la “solidarité républicaine”, d’aucune LICRA - irrémédiablement compromise avec les ennemis des Juifs (3) -, d’aucune Amitié judéo-chrétienne ou judéo-musulmane. Votre salut ne viendra que de Sion, et de vous ! C’est pourquoi il faut saluer l’initiative originale et lucide de Me William Goldnadel, qui porte plainte non pas devant la Cour européenne des Droits de l’Homme (a-t-on jamais vu celle-ci défendre les Juifs?) mais devant les tribunaux israéliens. En tant que juriste israélien, je ne suis pas certain que cela sera suivi d’effet, mais il y a là une piste à explorer et à utiliser, désormais, chaque fois qu’un Juif sera persécuté en France, parce que Juif. 

 

Le message politique adressé à la France est limpide: “Si vous ne faites rien pour protéger les Juifs, l’Etat juif le fera”. C’est la même logique qui doit s’appliquer en matière de sécurité quotidienne. De même que, depuis des décennies, la communauté juive organisée a mis en place un cadre de protection supervisé par des responsables en Israël, il est temps de proclamer haut et fort ce que chacun sait et d’assumer ouvertement la tâche de défense des Juifs, avec le même mot d’ordre qu’avaient lancé Simon Doubnov, H.N Bialik et d’autres au lendemain du pogrome de Kichinev : Autodéfense!

 

OJE : Soutenir ceux qui nous défendent

 

Il est temps de soutenir les quelques organisations juives qui assument la mission sacrée de défendre et de protéger les Juifs de France. Au lieu de donner de l’argent à des institutions qui ne font que promouvoir une soi-disant “culture juive” souvent hostile à Israël, ou qui organisent des “galas au profit des organisateurs de galas”, soutenez plutôt le BNVCA, l’OJE, la LDJ… Que ceux qui se consacrent bénévolement à défendre leurs frères Juifs soient aidés et donnés en exemple, au lieu d’être vilipendés ou de susciter des moues dégoûtées de la part des “Juifs de salons” et autres “Juifs professionnels” (ceux qui font profession d’oeuvrer à des causes juives). 

 

Hébreu, Alyah, auto-défense!

 

Mais cela n’est que l’aspect le plus urgent de la situation d’urgence dans laquelle les Juifs de France se sont (trop vite) habitués à vivre depuis deux décennies. L’autre aspect, pas moins important, consiste à préparer l’avenir. L’auteur de ces lignes, qui a fait son alyah il y a près de trente ans, sait bien que les Juifs qui ont choisi de rester en France ne vont pas tous partir du jour au lendemain. Le sionisme bien pensé ne consiste pas à accueillir des Juifs en Israël et à se désintéresser des autres. Une grand-mère juive apeurée, qui m’écrivait il y a quelques jours que son petit-fils était agressé et menacé à Boulogne (pas dans le 93!), répondait, à ma question concernant son avenir, qu’il n’était pas encore prêt  à monter en Israël... 

“Juifs, apprenez l’hébreu!’” Jabotinsky jeune

 

Pour ce jeune Juif et pour des milliers d’autres, il est urgent de relancer l’appel lancé par le Rosh Betar il y a près de cent ans : “Apprenez l’hébreu!” Que chaque jeune Juif de France apprenne l’hébreu pour préparer sa future alyah, même si celle-ci n’est encore qu’un lointain projet. Que toutes les écoles juives de France fassent de l’hébreu une matière obligatoire et fondamentale, non pas pour glaner quelques points au baccalauréat, mais pour préparer activement l’avenir de la jeunesse juive de France en Israël. “Hébreu, Alyah, Auto-défense” : ces trois mots doivent devenir le slogan des Juifs de France et de ceux qui prétendent parler en leur nom. Le temps de la réflexion et des colloques sur l’antisémitisme est passé. Il est temps d’agir.

Pierre Lurçat

 

1. Voir son intervention sur Akadem. R. Badinter, ami de François Mitterrand, l’ami irrepenti de René Bousquet, cherche peut-être ainsi à faire oublier sa responsabilité personnelle dans l’état actuel de la société et de la justice française, étant entré de son vivant au “Panthéon” pour avoir aboli la peine de mort (pour les assassins, par pour leurs victimes...).

2. Voir son livre largement prémonitoire, La République et les Juifs, paru en 1982. 

3. Je renvoie à mon article coécrit avec Ph. Karsenty, dans Causeur.

https://www.causeur.fr/georges-bensoussan-licra-antiracisme-ccif-142476



 

 

Rassemblement ce dimanche 25 avril à 14h sur le parvis des Droits de l’Homme, place du Trocadéro pour protester contre la décision de la Cour de Cassation concernant l’assassinat de Sarah Halimi.

 

Des rassemblements sont prévus dans d'autres villes :

🇫🇷 MARSEILLE - Place de la Préfecture à 14h

🇫🇷 LYON - Rue du Palais de Justice à 16h

🇫🇷 NICE - Place du Palais de Justice à 17h

🇫🇷 STRASBOURG - Parvis Jean Kahn à 14h

🇫🇷 BORDEAUX - Parvis des Droits de l'Homme à 14h

🇫🇷 LILLE - Place de la République à 14h

🇫🇷 DEAUVILLE - Esplanade du Port (face à la gare) à 14h

🇮🇱 TEL AVIV - Ambassade de France à 15h

🇮🇱 JÉRUSALEM - Gan HaAtzmaut à 15h

🇮🇱 EILAT - Hom Rachrach à 15h

🇺🇸 LOS ANGELES - Consulat français à 10h

🇺🇸 NEW YORK - Consulat général de France à 11h

🇺🇸 MIAMI - Solidarity Walk Macy's Aventura Parking Lot à 11h

🇬🇧 LONDRES - Ambassade de France à 13h

🇮🇹 ROME - Piazza Farnese à 15h

 
 
 

 

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Redonner à Jabotinsky son visage et sa place dans l'histoire du sionisme, Pierre Lurçat

April 19 2021, 12:45pm


 

L'histoire est écrite par les vainqueurs”. Cet adage s'applique à la politique intérieure comme aux relations internationales. Dans l'histoire moderne d'Israël et du mouvement sioniste, la place des mouvements d'opposition au sionisme travailliste (de droite ou religieux) a longtemps été minimisée, voire totalement occultée. Même quand elle est reconnue, l'image de leurs dirigeants et de leurs penseurs est souvent déformée, à dessein ou non. C'est ce constat qui m'a amené à entreprendre la traduction de Jabotinsky en français, entamée il y a une dizaine d'années par celle de son autobiographie (1) et poursuivie maintenant par celle de ses textes exposant sa pensée sociale et économique, parus sous le titre La rédemption sociale (2).



 

Une figure martiale et radicale: (affiche du Keren Hayesod)

 

Jabotinsky est, trop souvent encore, présenté de manière caricaturale et sans donner la mesure de toute la richesse de sa pensée, y compris en Israël. Cela est d'autant plus vrai de l'historiographie en français, forcément beaucoup plus restreinte et fragmentaire. Ainsi le livre de Marius Shattner, Histoire de la droite israélienne, au demeurant bien documenté, présente de Jabotinsky une figure martiale et radicale, très éloignée de sa personnalité authentique. Le fondateur de la Légion juive n'a jamais adoré l'uniforme et les marches militaires, il était au contraire, comme je le montre dans La rédemption sociale, un pacifiste authentique dans l'esprit des prophètes d'Israël. 

 

Même Georges Bensoussan, dans sa monumentale Histoire intellectuelle et politique du sionisme - sans doute l’exposé le plus complet et le plus nuancé sur le sujet en français, qui fait figure d'ouvrage de référence - peut écrire que Jabotinsky a été “influencé par les idéologies autoritaires qui se sont emparées du pouvoir, du Portugal à l’Italie” (p.862) et que la dimension sociale est le "point aveugle de sa pensée". Tout en reconnaissant que la pensée de Jabotinsky “a été en partie occultée par une ‘histoire officielle’ qui a fait de lui le prototype du ‘fasciste juif” (p. 476), Bensoussan reprend pourtant à son compte certaines des accusations de cette “histoire officielle”, en écrivant par exemple que “Jabotinsky finit par justifier la violence aveugle” (p. 773) ou qu’il “se montre parfois tenté par le romantisme fasciste de la force virile” (p. 809). Aucune de ces accusations ne résiste à l’examen des faits et à l’étude approfondie de la personnalité et de l’action de Jabotinsky (3).

 

Un ouvrage de référence



 

C'est donc pour combler cette lacune, et pour contrer cette déformation et cette ignorance que nous présentons aujourd'hui au lecteur francophone les “éléments de philosophie sociale de la Bible hébraïque”. Le lecteur y découvrira un visage méconnu du fondateur de l'aile droite du sionisme politique, visage sensible d’un homme qui a donné sa vie au mouvement sioniste, et qui était mû principalement par le souci d’améliorer la condition sociale et politique des Juifs. 73 ans après la proclamation de l’Etat juif dont il n’a pas vu le jour, le moment est venu de lui rendre sa place véritable dans l’histoire d’Israël.

Pierre Lurçat

 

1. Histoire de ma vie, les Provinciales 2011.

2. PIL Editions, Jérusalem 2021. Disponible sur Amazon et dans les librairies françaises en Israël.

3. G. Bensoussan, Une histoire intellectuelle et politique du sionisme, Fayard 2012. Le contresens le plus évident de G. Bensoussan consiste à écrire que Jabotinsky “exalte le groupe et la nation dans lesquels l’individu se fond, en appelant  dépasser l’individu” (p. 677). Pour Jabotinsky, bien au contraire, l’individu demeure indépassable, car “tout homme est un Roi”. Je renvoie sur ce sujet à mon livre à paraître sur l’idée de Nation chez Jabotinsky. Sur l’accusation de sympathies du mouvement sioniste révisionniste pour l’Italie fasciste, Bensoussan concède pourtant qu’il faut distinguer entre la direction du mouvement et Jabotinky d’une part, et les militants locaux en Italie d’autre part. J’aborde ce sujet dans mon livre Israël, le rêve inachevé, chapitre 6 consacré à l’école navale du Betar en Italie. 

 

Lire aussi mon entretien avec Marc Brzustowsky, ici.

https://terre-des-juifs.com/2021/03/31/pierre-lurcat-jabotinsky-etait-profondement-attache-a-la-tradition-disrael/

 

 

Le livre La rédemption sociale est disponible sur Amazon

ainsi qu’à la librairie du Foyer à Tel-Aviv et à la librairie Vice-Versa de Jérusalem

 



 

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Quand “Jabo” lisait la Bible : La pensée économique et sociale du fondateur du sionisme révisionniste

March 7 2021, 11:00am

Posted by Pierre Lurçat

Il y a de nombreuses manières de lire la Bible hébraïque, le Tanakh, mais on peut les regrouper toutes dans deux catégories. La première est celle des lecteurs qui la considèrent comme un livre décrivant des événements du passé. L’Ancien Testament des catholiques, la Bible des tenants de la “Science du judaïsme” où celle des rabbins réformés participent de cette tendance, mais également celle de certains Juifs orthodoxes qui s’abstiennent de toute joie en souvenir des victimes de l’épidémie à l’époque de Rabbi Aqiba (après la destruction du Second Temple), mais qui mettent leur vie et celle des autres en danger, en négligeant les mesures de protection contre la pandémie du Covid-19… La seconde manière de lire la Bible est celle de ceux qui y voient un Livre vivant (Torat Haïm), qui s’adresse au lecteur de chaque génération et dont les prescriptions sont toujours actuelles, plus de 3300 ans après le don de la Torah sur le Mont Sinaï. 

 

Jabotinsky - tout comme Herzl avant lui - appartient à cette seconde catégorie. Il lit la Bible hébraïque non comme un livre d’histoire ou comme un récit mythique, mais “comme le livre de l’Histoire nationale juive par excellence, et il en fait une source d’inspiration essentielle de ses idées politiques”. Je publie ici les premières pages du livre inédit de Jabotinsky, La rédemption sociale, que j’ai le plaisir et l’honneur de publier en français ces jours-ci. Ce livre, premier tome de la Bibliothèque sioniste, est dédié à la mémoire de Jacques Kupfer. Je l’ai connu à la fin des années 1980, au siège du Betar, boulevard de Strasbourg. C’est de lui que j’ai entendu pour la première fois le nom de Jabotinsky. J’étais déjà trop âgé pour appartenir au Betar et porter la Tilboshet, même si j’ai milité pendant plusieurs années au Tagar, branche étudiante du Betar. 

 

Je me souviens avec émotion des réunions avec Jacques, de la rédaction du journal Alerte auquel je participais comme lui sous différents nom de plume.. Comme tous ceux qui ont croisé son chemin, j’étais impressionné par ses multiples talents d’orateur, d’écrivain, de dirigeant et d’organisateur. Mais je me souviens en particulier qu’il nous donnait l’impression de vivre en compagnie des héros du sionisme, qui n’étaient pas pour nous des noms sur le papier, mais de véritables compagnons de lutte… Comme l’écrit Jabotinsky au sujet du colonel Patterson, qui “se sentait chez lui dans le monde de la Bible hébraïque”, Jacques se sentait chez lui dans le monde du Tanakh, dans le monde de Jabotinsky, des premiers Betari, des Olei hagardom, de Shlomo ben Yossef et des martyrs du Lehi et de l’Irgoun… 

 

Le secret du Betar que Jacques nous a transmis résidait à mes yeux dans cela: nous vivions avec ces héros. Mon militantisme sioniste a pris fin avec mon alyah en 1993, mais je revoyais Jacques régulièrement, au Yom Hébron ou ailleurs, sur le mont Herzl à l’occasion du Yahrzeit de Jabotinsky. Ce n’est que bien plus tard que je me suis intéressé plus sérieusement aux écrits de Jabotinsky, après avoir entendu son petit-fils à Jérusalem, et que j’ai entamé leur traduction en français. Mais je n’ai jamais oublié à qui je devais mon sionisme jabotinskien. Je dédie ce livre à Jacques Kupfer. Que sa mémoire soit bénie.

 

Jacques Kupfer z.l.

 

La pensée économique et sociale de Jabotinsky occupe une place particulière dans son œuvre, consacrée essentiellement aux questions politiques et à la situation du peuple Juif en Eretz-Israël et en exil. Elle n’est exposée de manière exhaustive et systématique dans aucun livre, ni même dans un recueil. On la trouve éparse dans quelques discours et articles, et notamment dans les Éléments de philosophie sociale de la Bible, dans La rédemption sociale et dans L’idée du Yovel, trois textes regroupés dans le livre que je viens de publier (1). Considéré dans sa prime jeunesse comme un écrivain prometteur (Maxime Gorki avait dit que sa conversion au sionisme fut une perte irréparable pour la littérature russe), Jabotinsky n’a guère eu le loisir de mettre à profit ses talents d’homme de lettres, sinon pour aborder les nécessités impérieuses de l’actualité, même s’il a publié - outre ses nombreux articles - deux romans et une autobiographie inachevée (2). 

 

Le “Saint des Saints” de l’univers de Jabotinsky

 

Le fondateur du Betar et de la Légion juive a littéralement donné sa vie au mouvement sioniste et à l’édification de l’État juif dont il n’a pas vu le jour, étant resté comme Moïse, sur l’autre rive…(3)  Et pourtant, les questions sociales et économiques n’ont cessé de le préoccuper. Son traducteur Moshé Bella pose la question de savoir ce qui motivait le plus Jabotinsky, du “pathos politique” ou du “pathos social”, et il observe que la question de la “réparation de la société” (Tikkoun ha-hévra) n’a jamais laissé de répit à l’âme sensible de Jabotinsky (4). Effectivement, dans le Panthéon intérieur du Roch Betar et dans son univers intime, la question de la justice sociale et de la réforme économique - à laquelle il n’a guère pu consacrer tout le temps qu’il aurait souhaité - occupait une place centrale. Elle était, selon ses propres termes, le “Saint des Saints” de son Temple intérieur. 


 

Avant d’aborder succinctement la pensée économique et sociale de Jabotinsky, il convient de faire une remarque préliminaire concernant la place qu’occupe la Bible dans la pensée sioniste moderne. Beaucoup a été dit sur le caractère utopique de la société juive décrite par Herzl, le “Visionnaire de l’État”, dans son ouvrage programmatique, L’État juif et dans son roman politique Altneuland. Homme du dix-neuvième siècle, Herzl croyait au progrès nécessaire de l’humanité, et son utopie est le fruit des conceptions de son époque (Paul Giniewski le compare judicieusement à Jules Verne, autre grand utopiste). Le rapprochement entre Herzl et Jabotinsky est instructif, à cet égard comme à beaucoup d’autres. Si le premier est un homme du siècle du Progrès et de la Science, le second (né en 1880) est bien un homme du vingtième siècle, celui des guerres meurtrières et des totalitarismes. (Il faut cependant nuancer l’idée d’un Herzl totalement optimiste, car lui aussi a eu la prescience d’une catastrophe à venir (5)). 

 

Partisan d’un retour à Herzl – dont il se considéra toute sa vie comme le continuateur – Jabotinsky a apporté à l’idée sioniste la dimension militaire qui faisait défaut à la pensée du “Visionnaire de l’État”. Mais les deux grands théoriciens du sionisme ont aussi lu la Bible, et tous deux l’ont prise au sérieux. Contrairement aux rabbins réformés (qui furent, avec beaucoup de rabbins orthodoxes, les pires adversaires du sionisme au sein du monde juif) et à beaucoup d’autres lecteurs de la Bible à leur époque, Jabotinsky, comme Herzl, lit la Torah non comme un récit mythique, mais comme le livre de l’Histoire nationale juive par excellence, et il en fait une source d’inspiration essentielle de ses idées politiques. Ces dernières s’expriment ainsi dans son roman Samson, où il fait une lecture audacieuse des événements de la période des Juges. Mais c’est surtout sa pensée économique et sociale qui est très largement fondée sur sa lecture de la Bible hébraïque, le Tanakh.

 

 

La pensée sociale biblique de Jabotinsky

 

Jabotinsky avait passé ses années de jeunesse à Rome, où il fut exposé aux conceptions socialistes, notamment par le biais de son professeur Antonio Labriola (6), comme il le relate dans son autobiographie : “Toutes mes conceptions relatives aux problèmes nationaux, de l'État et de la société se sont forgées au cours de ces années, sous l'influence italienne ; c'est là-bas que j'ai appris à aimer l'architecture, la sculpture et la peinture... À l'université, mes maîtres étaient Antonio Labriola et Enrico Feri (7). J'ai conservé la croyance en la justesse du régime socialiste, qu'ils ont semée dans mon cœur, comme quelque chose allant de soi, jusqu'à ce qu'elle soit détruite de fond en comble par l'expérience rouge en Russie”. 

 

L’influence socialiste exercée par ses professeurs de l’université de Rome s’est prolongée durant son activité de journaliste, alors qu’il couvrait l’actualité parlementaire en assistant aux séances de la Chambre des députés, au Palais Montecitorio (8). “A la tête de la gauche se trouvait le groupe parlementaire socialiste, auquel je me joignis en pensée, même si je n’y suis jamais entré de manière officielle, ni en Italie, ni en Russie. Son programme final, la nationalisation des moyens de production - me semblait alors comme une conclusion logique et souhaitable du développement de la société” (9). Comme d’autres dirigeants et intellectuels juifs russes à son époque (10), Jabotinsky avait été durablement marqué par le spectacle de la misère des Juifs en Russie, qu’il décrit dans son roman Les Cinq, en partie autobiographique. 

 

Ses articles concernant la question sociale été écrits dans les années 1930, au lendemain de la grande crise de 1929, qui avait conduit Jabotinsky à réfléchir aux questions économiques et sociales. Il avait lui-même connu de près, non certes la pauvreté, mais une vie de gêne, après le décès de son père - sa mère s’étant privée pour offrir à ses deux enfants des études supérieures - et bien plus tard, dans sa vie adulte, quand il donnait une partie conséquente de ses revenus de journaliste au mouvement sioniste révisionniste. C’est donc tout naturellement qu’il avait pu penser que la “classe ouvrière” serait le porte-drapeau des pauvres et qu’elle pourrait parler en leur nom et améliorer leur sort. 

 

Mais cet espoir fut déçu et Jabotinsky dut vite déchanter, sur ce sujet comme sur d’autres points clés de la doctrine marxiste, après la Révolution d’octobre en Russie, en découvrant ce qu’il a appelé le “contenu égoïste du concept de classe”. L’évolution qu’a connue Jabotinsky sur ce point - et son rejet définitif de toute conception socialiste - tiennent tout autant à sa réflexion sur les questions économiques et politiques qu’à sa conviction, profondément ancrée, que tous les hommes naissent et demeurent égaux. Brièvement séduit par les idées socialistes et pacifistes dans sa jeunesse, il en est très vite revenu pour élaborer sa doctrine sioniste, marquée par le concept de ‘Hadness (« un seul drapeau »), qu’il oppose au Sha’atnez (mélange de laine et de lin proscrit par la Bible) que représente à ses yeux le sionisme socialiste. 

 

 

C’est en effet dans la Bible hébraïque que Jabotinsky trouve le fondement de toute sa philosophie économique et sociale, qu’il résume dans la notion de Tikkoun Olam (réparation du monde) (11). Comme il l’explique, “Dieu a certes créé le monde tel qu’il est, mais que l’homme se garde bien de se satisfaire que le monde reste toujours “tel qu’il est” - car il est tenu de s’efforcer à tout moment de le perfectionner… car si Dieu y a laissé de si nombreuses lacunes – c’est précisément pour que l’homme lutte et aspire à la “réparation du monde” . L’idée de Tikkoun Olam vue par Jabotinsky trouve son application dans l’impératif de combattre la pauvreté, qui est à ses yeux non pas tant un mal inévitable qu’un mal inutile, qu’il incombe de faire disparaître en “réparant” le monde. 

 

L’extrême sensibilité du “Roch Betar” à la misère sociale l’amène à élaborer le programme des “Cinq Mem”, exposé dans son article La rédemption sociale et inspiré en partie d’un Juif viennois, Joseph Popper-Lynkeus (12), auteur d’un livre intitulé L’obligation alimentaire générale. D’après le programme de Popper-Lynkeus, l’État a l’obligation de libérer les citoyens, riches ou pauvres, de trois obligations essentielles : l’alimentation, l’habillement et l’habitation. Jabotinsky reprend ce programme à son compte, en y ajoutant l’éducation et la santé. C’est en cela qu’on a pu dire que Jabotinsky était le précurseur de l’État-providence moderne. (A suivre…)

Pierre Lurçat

 

(1) Extrait de ma préface au livre de Jabotinsky, La rédemption sociale, que je viens de publier en français. Disponible uniquement sur Amazon.

(2) Les Cinq, éditions des Syrtes 2006, Samson le Nazir, éd. des Syrtes 2008, Histoire de ma vie, Les provinciales 2011, traduction et présentation de Pierre Lurçat.

(3) Il est mort en 1940 à New-York.

(4) M. Bella,  Jabotinsky, ha-Ish oumishnato, Misrad Habitahon 1980 p. 253.

(5) Voir sur ce sujet, Y. Nedava “Les fondateurs du sionisme et la vision de la Shoah”, in Between the Visions, Rafael Hacohen éd. (hébreu).

(6) Philosophe et homme politique italien (1843-1904), contribua à diffuser le marxisme en Italie.

(7) Criminologue et homme politique italien (1856-1929).

(8) Il est intéressant de noter que Herzl avait lui aussi été correspondant parlementaire, au Palais Bourbon, comme il le relate dans son livre Le Palais Bourbon, tableaux de la vie parlementaire. Ainsi, les deux grands théoriciens du sionisme politique ont tous deux été marqués par la vie politique de deux grandes démocraties de l’époque.

(9) Histoire de ma vie, op. cit. page 32.

(10) Voir notamment la description faite par Zalman Shazar, Etoiles du matin, Albin Michel.

(11) Jabotinsky emploie ici la notion de Tikkoun Olam, qui a depuis lors été souvent utilisée à des fins politiques, notamment au sein de la gauche juive radicale aux Etats-Unis. Voir mon article “ Ruth Bader Ginsburg, Israël et le “Tikkun Olam” : la falsification d'un concept juif”.

(12) Ingénieur et écrivain autrichien (1838-1921).

 

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La rédemption sociale de Jabotinsky : une troisième voie économique pour Israël?

February 22 2021, 14:16pm

Posted by Pierre Lurçat

Le livre La rédemption sociale, recueil de textes inédits en français de Vladimir Z. Jabotinsky qui vient de paraître, offre un aperçu des conceptions sociales originales du grand dirigeant sioniste, inspirées de la Bible, et méconnues du lecteur francophone. Outre leur intérêt historique, ces textes - qui présentent un visage très différent du fondateur de l’aile droite du mouvement sioniste - ont aussi un intérêt très actuel, les conceptions de Jabotinsky montrant la voie pour que la "Start-Up Nation" devienne aussi un pays où règneront la prospérité et la justice sociale pour tous.

 

La rédemption sociale: Éléments de philosophie sociale de la Bible hébraïque par [Vladimir Zeev Jabotinsky, Pierre Lurcat]

 

Les textes ici publiés en français pour la première fois exposent les conceptions originales de Jabotinsky en matière sociale et économique, inspirées par la Bible hébraïque. La pensée économique et sociale de Jabotinsky n’est exposée de manière exhaustive et systématique dans aucun livre, ni même dans un recueil. On la trouve éparse dans quelques discours et articles, et notamment dans les Éléments de philosophie sociale de la Bible et dans L’idée du Yovel, qu’on lira ci-après. C’est dans la Bible hébraïque que Jabotinsky trouve le fondement de toute sa philosophie économique et sociale, qu’il résume dans la notion de Tikkoun Olam (réparation du monde).

 

Comme il l’explique, “Dieu a certes créé le monde tel qu’il est, mais que l’homme se garde bien de se satisfaire que le monde reste toujours “tel qu’il est” - car il est tenu de s’efforcer à tout moment de le perfectionner… car si Dieu y a laissé de si nombreuses lacunes - c’est précisément pour que l’homme lutte et aspire à la “réparation du monde”. L’idée de Tikkoun Olam trouve son application dans l’impératif de combattre la pauvreté, qui est à ses yeux non pas tant un mal inévitable qu’un mal inutile, qu’il incombe de faire disparaître en “réparant” le monde.

Pierre Lurçat

Le livre est disponible sur Amazon. Pour recevoir un service de presse, merci de m’écrire à pierre.lurcat@gmail.com

Voir sur le même sujet ma récente conférence donnée sous l'égide de l'Organisation sioniste mondiale, ici 

https://www.youtube.com/watch?v=lUIYVOAvMws

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La pensée économique de Jabotinsky, conférence organisée par l'OSM

January 21 2021, 11:02am

Posted by Pierre Lurcat

80 ans après la disparition de Jabotinsky, ses conceptions en matière politique et militaire ont été largement adoptées par les gouvernements israéliens successifs.
Mais dans un domaine crucial, ses idées n'ont pas été mises en application et font cruellement défaut : celui de l'économie.
Nous vous donnons rendez-vous le jeudi 21 janvier à 19h (FR) en compagnie de Pierre Lurçat pour trouver dans la pensée de Jabotinsky une source d'inspiration.

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80 ans après la disparition du Rosh Betar, ses conceptions en matière politique et militaire ont été largement adoptées par les gouvernements israéliens successifs, de Ben Gourion à Nétayahou. Les récents “Accords Avraham”, signés entre Israël et plusieurs pays du Golfe, sont la victoire éclatante de la doctrine du "mur de fer", développée par Jabotinsky il y a près d'un siècle.

Mais dans un domaine crucial, ses idées n'ont pas été mises en application et font cruellement défaut : celui de l'économie. Derrière la réussite économique israélienne se cache en effet une réalité sociale bien différente, marquée par des inégalités croissantes et par une pauvreté endémique.

Israël est passé presque sans transition d'une économie socialiste à une économie ultra-libérale, qui génère des millions de laissés pour compte, familles appauvries et salariés qui ne parviennent pas à finir le mois.

Jabotinsky avait pourtant développé une conception économique originale, fondée sur la Bible, permettant d'élaborer une troisième voie entre le socialisme et le libéralisme économique, qu'il rejetait tous les deux. Le moment est sans doute venu de trouver dans sa pensée une source d'inspiration, pour que la "Start-Up Nation" devienne aussi un pays où règnent la prospérité et la justice sociale pour tous.

P.Lurçat

 

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“Celui qui lutte avec Dieu” : le Tikkoun Olam vu par Zeev Jabotinsky

January 14 2021, 11:31am

Posted by Pierre Lurçat

 

À la mémoire de Jacques Kupfer, 

Betari, militant sioniste infatigable, 

orateur, dirigeant, combattant et 

fidèle disciple de Jabotinsky.

 

 יהיה זכרו ברוך



 

Dans l’article ci-dessous, inédit en français, le leader et penseur sioniste Zeev Jabotinsky livre sa conception originale du Tikkoun Olam et dévoile une facette méconnue de sa personnalité et de son oeuvre: celle du commentateur de la Bible. Jabotinsky, en effet, contrairement à l’image de Juif ultra-laïc (voire assimilé) qu’on lui attribue parfois, était un lecteur passionné de la Bible hébraïque. C’est là qu’il a puisé les idées originales, qui ont nourri sa réflexion et inspiré ses conceptions économiques et sociales, souvent méconnues, et qui restent encore à mettre en application en Israël. J’aurai l’occasion de développer ce sujet lors d’une conférence jeudi 21 janvier, organisée sous l’égide de l’Organisation sioniste mondiale. P. Lurçat

 



 

“Celui qui lutte avec Dieu

 

“On trouvera ici des choses connues, qui ont déjà été dites ; mais certaines ont tendance à être oubliées et méritent d’être rappelées de temps à autre. De manière générale, il convient d’étudier aussi souvent que possible la philosophie sociale de la Bible hébraïque. Son élément essentiel réside dans le nom d’Israël, dans cet épisode du chapitre 32 du livre de la Genèse, qui raconte comment le patriarche Jacob “a lutté avec Dieu”. Une nuit entière, un ange a combattu avec Jacob, et il n’a pas pu le vaincre. C’est pourquoi l’Ange lui a donné le nom d’Israël: “celui qui lutte avec Dieu”, et c’est alors que l’ange l’a béni : ainsi, ce nouveau nom n’était pas une marque de déshonneur, mais au contraire, de distinction. Le fait que la tradition en ait fait le nom de la nation tout entière en atteste également. Qu’est-ce que cela signifie? Quelle philosophie et quelle conception du monde est exprimée par ce nom et par cette tradition?

 

 

Le nom même d’Israël vient nous enseigner que selon la conception du monde biblique, il n’est pas du tout répréhensible de “lutter avec Dieu”. Dieu a certes créé le monde tel qu’il est, mais que l’homme se garde bien de se satisfaire que le monde reste toujours “tel qu’il est” - car il est tenu de s’efforcer à tout moment de le perfectionner, il est obligé de tenter à tout moment de corriger les lacunes affectant l’ordre du monde, car si Dieu y a laissé de si nombreuses lacunes - c’est précisément pour que l’homme lutte et aspire à la “réparation du monde”. (...)

 

Comme on le sait, c’est dans cette idée d’un homme qui a la capacité - et l’obligation - de réparer le monde, que réside la différence principale entre la tradition d’Israël et la conception européenne. Les Romains et les Grecs croyaient à l’Âge d’or, situé dans un passé lointain et révolu. La tradition d’Israël est liée à la notion du Messie - désignant une période de prospérité générale, de paix et de justice qui adviendra dans l’avenir, à la suite de générations innombrables, devant souffrir, apprendre et lutter; et le “Messie” lui-même sera un homme. C’est dans cette notion que se trouve la racine du concept de “progrès”, lequel était étranger à la pensée religieuse des Romains et des Grecs. Selon leurs conceptions, au contraire, l’humanité s’éloigne toujours plus au fil des générations de l’âge d’or, pour entrer dans l’âge d’argent, l’âge de bronze, et finalement, l’âge du fer… 

 

“Adam et Eve”, tableau de Lucas Cranach



 

Nous aussi, nous considérons le paradis comme le point de départ, mais il n’est nullement semblable à l’âge d’or de la tradition européenne. Un poète latin a décrit la tradition européenne de manière précise : les membres de la première génération, celle de l’âge d’or, ont observé l’équité et la justice non pas sous la contrainte de la loi, par crainte d’une sanction,  mais de leur plein gré (Ovide dans Les Métamorphoses). Dans la tradition d’Israël, tant que Adam et Eve se trouvent dans le paradis, ils ignorent le bien et le mal ; et dès lors qu’ils ont appris à faire la différence entre les deux, c’est-à-dire qu’ils se transforment d’animaux en êtres humains, ils sont obligés de quitter le paradis, et la première génération de la société humaine naît dans un monde sauvage, plein de dangers et de malheurs, monde qu’il sera nécessaire de “réparer”... Et voilà l’élément essentiel de la philosophie sociale de la Bible hébraïque : Dieu a créé le monde, mais l’homme est tenu de contribuer à sa réparation” (...)

Z. Jabotinsky

 

N.d.T. L’original a été publié en yiddish, en 1933 à Varsovie. La présente traduction est établie à partir de la version en hébreu publiée par Yossef Nedava, Z. Jabotinsky, l’homme et sa pensée, Misrad Habitahon 1980.

 

© Pierre Lurçat pour la traduction française. Cet article est le premier d’une série de traductions en français à venir, qui seront publiées sous forme de livrets.

 

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"Jabotinsky cet inconnu" - conférence Zoom jeudi 30 avril

April 28 2020, 15:00pm

Posted by Pierre Lurçat

J'aurai le plaisir d'évoquer des aspects mal connus de la vie et de l'action du fondateur du Betar et du sionisme national.

Inscriptions ici 

https://zoom.us/meeting/register/tJMqcOGvqzIjGtc2TfS5HXxu_Juu_0Q_wT41

"Jabotinsky cet inconnu" - conférence Zoom jeudi  30 avril

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