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Paul Fenton: Une grande partie des Arabes "palestiniens" sont en réalité descendants de Berbères algériens

September 9 2024, 14:46pm

Posted by Pierre Lurçat

Paul Fenton, photo P.Lurçat/Israël Magazine ©

Paul Fenton, photo P.Lurçat/Israël Magazine ©

J’ai récemment interviewé l’islamologue franco-israélien Paul Fenton. L’entretien, passionnant, est dans le dernier numéro d’Israël Magazine qui vient de paraître. Extraits:

Paul Fenton me relate la présence historique de pèlerins musulmans venus d’Ouzbékistan ou d’Afghanistan, revenant de La Mecque, à Jérusalem.

I.M. Cela expliquerait les origines ethniques très mélangées des “Palestiniens” d’aujourd’hui?

P.F. Absolument. Ce sont en fait des Afghans, des Tchétchènes, des Circassiens, et même des Algériens ! La Galilée est ainsi devenue un véritable fief algérien… Il y avait un grand marabout musulman, surnommé Abou Madyan, qui a été enterré à Tlemcen et qui aurait participé à la bataille de Saladin pour reconquérir Jérusalem. Depuis cette époque, des Algériens viennent péleriner sur ses traces en Palestine, et ils ont construit leur quartier, face au Kottel.

I.M. Vous avez lu à ce sujet le livre de Vincent Lemire, qui prétend qu’Israël aurait détruit le quartier des Maghrébins à Jérusalem après la guerre des Six Jours, pour effacer les traces musulmanes…

P.F. C’est un historien révisionniste, avec un agenda politique. Son agenda correspond à celui qu’avait la France avant 1948, en prétendant protéger les intérêts des musulmans français à Jérusalem. En réalité, ce sont les Jordaniens qui avaient été les premiers à démolir des maisons dans ce quartier considéré comme insalubre et malfamé. Lemire reprend sans commentaire la bourde (intentionnelle ?) de l’orientaliste Louis Massignon, qui considère que le nom Kottel ma'arabi signifie "Mur maghrébin", alors qu’il désigne le Mur occidental du Temple.

I.M. Comment expliquer que cet historien antisioniste soit invité sur Akadem ?

P.F. La bêtise et l’ignorance…

Des “arabisants” qui ne parlent pas l’arabe…

I.M. Que pensez-vous des islamologues israéliens et de leur compréhension du Hamas ?

P.F. Les fondateurs de l’école orientaliste de l’université hébraïque étaient de grand niveau, mais le niveau a beaucoup baissé depuis lors.

Paul Fenton déplore aussi le fait que l’arabe n’est presque plus enseigné dans le système éducatif israélien, que des soi-disant “arabisants” ne parlent pas l’arabe, surtout le dialectal et que l’idéologie de gauche règne presque sans partage parmi les spécialistes de l’islam, au sein de l’armée et des Renseignements militaires.

I.M. Il y a quand même des islamologues lucides, comme par exemple le professeur Moshé Sharon.

P.F. Je l’avais rencontré par l’intermédiaire de David Littman. C’est lui qui avait fait traduire en hébreu le livre de Bat Yeor, Le dhimmi.

I.M. Pour conclure, peut-on parler d’une responsabilité des intellectuels israéliens dans le 7 octobre ?

P. Fenton se refuse à donner une réponse générale, mais évoque le cas d’un orientaliste de l’armée, contaminé par l’idéologie gauchiste. Notre entretien qui touche à sa fin est interrompu par l’arrivée de plusieurs ouvriers arabes qui viennent faire des travaux dans sa cuisine. Il se lance dans une grande discussion avec eux en arabe, dont le thème – m’explique-t-il – est la place de Jérusalem dans l’islam. En écoutant ce dialogue impromptu, je me dis que la connaissance de l’arabe est la clé de la compréhension de nos voisins, pour le meilleur et pour le pire.

P. Lurçat / Israël Magazine ©

 

Paul Fenton: Une grande partie des Arabes "palestiniens" sont en réalité descendants de Berbères algériens

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Israël-Gaza : Comment transformer la victoire militaire en victoire politique ? Pierre Lurçat

March 4 2024, 08:04am

Israël-Gaza : Comment transformer la victoire militaire en victoire politique ? Pierre Lurçat

 

Dans une récente interview sur une chaîne française, l’historien Georges Bensoussan déclarait que “la solution militaire n’existe pas” et que la guerre menée par Israël contre le Hamas n’était “pas gagnable sur le long terme”, car “seule la solution politique est gagnable”. Ces propos convenus répètent un slogan déjà éculé de la gauche israélienne : la “solution ne peut être que politique”, et elle passe par la création d’un État palestinien. Ces slogans continuent ainsi d’être répétés comme un mantra par de nombreux intellectuels – à l’intérieur comme à l’extérieur d’Israël – qui s’obstinent à prétendre apporter des “solutions” dont le 7 octobre a pourtant démontré de manière flagrante la tragique inanité.

       En vérité, la principale leçon que l’on peut déjà tirer de la guerre menée par Israël à Gaza est exactement inverse : premièrement, Israël est en train de remporter une victoire militaire éclatante, qui dément tous les pronostics défaitistes. Deuxièmement, l’État hébreu est tout à fait capable de transformer cette victoire militaire en victoire politique, en dépit des obstacles nombreux qu’il devra pour cela surmonter. Cette transformation de l’essai a en fait déjà commencé.

Une victoire militaire sans précédent

       Le premier constat est celui de la nature sans précédent – au niveau mondial – de la victoire militaire contre le Hamas. Certes, aucun des deux objectifs principaux fixés par le gouvernement israélien (éradication de l’appareil militaire du Hamas et retour des otages) n’est encore atteint. Mais on peut d’ores et déjà dresser un bilan très positif de la guerre la plus longue depuis 1948. Comme l’explique ainsi Edward Luttwak, analyste militaire réputé, la victoire tactique remportée par le Hamas le 7 octobre est en train de se transformer en défaite stratégique face à Israël…

A cet égard, la victoire en cours met à mal un des axiomes de la pensée politique contemporaine, qui s’énonce ainsi : une démocratie ne peut pas gagner la guerre contre un mouvement de guérilla ou contre un mouvement terroriste. Ce “théorème” a souvent été entendu, depuis la guerre du Vietnam et jusqu’aux opérations américaines en Irak et ailleurs. S’il a pu être vrai dans le passé, il s’avère inexact aujourd’hui dans le cas d’Israël, pour une raison très simple : la guerre imposée à Israël par le Hamas ne ressemble aucunement à celles des États-Unis ou de la France, menées dans des pays lointains et sans frontière commune avec eux. 

Une guerre existentielle

Au Vietnam, en Indochine ou en Irak, les armées occidentales affrontaient des ennemis lointains, qui ne menaçaient pas leur existence souveraine. Israël se bat pour sa survie, pour rétablir des frontières sûres et pour restaurer sa souveraineté violée par l’attaque du 7 octobre. Cette différence cruciale explique pourquoi l’État juif déploie des efforts surhumains et fait preuve d’une incroyable capacité de résilience, tant militaire que civile. La guerre existentielle d’Israël contre le Hamas et le Hezbollah n’est pas une guerre coloniale, ni une “guerre inutile” et vouée à l’échec, face à un ennemi qui se battrait pour son indépendance. Elle est une guerre de survie, dans laquelle la seule option est celle de vaincre…

(LIRE LA SUITE dans le dernier numéro d’Israël Magazine, le pionnier de la presse francophone israélienne).

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De la “conceptsia” 1973 à la “conceptsia” 2023 Pierre Lurçat

February 9 2024, 10:38am

Posted by Pierre Lurçat

De la “conceptsia” 1973 à la “conceptsia” 2023 Pierre Lurçat

NB J’évoque la “Conceptsia” derrière les événements du 7 octobre au micro d’Antoine Mercier sur Mosaïque.

La « conceptsia » ou la cause profonde de l’échec sécuritaire du 7 octobre (youtube.com)

 

Les événements terribles survenus le samedi matin du 6 octobre 2023, jour de Simhat Torah, font écho à d’autres événements terribles survenus cinquante ans jour pour jour auparavant, le 6 octobre 1973. D’une guerre à l’autre, d’une “surprise” à une autre, pourquoi et comment Tsahal est-elle retombée dans le piège de l’ennemi, et quelles leçons peut-on en tirer pour l’avenir?

 

Une sinistre coïncidence

 

Dans le film Le fortin (“Stronghold”), qui décrit l’attaque égyptienne sur le canal de Suez en octobre 1973, on assiste - à travers les yeux des soldats israéliens - à la traversée du canal par l’armée égyptienne et à l’encerclement du fortin de la ligne Bar Lev. A ces images dramatiques se superposeront désormais celles, encore bien plus terribles, de l’invasion des localités du pourtour de la bande de Gaza par les terroristes du Hamas en octobre 2023. En choisissant pour lancer son offensive la journée de Simhat Torah, le Hamas (et l’Iran qui l’arme et l’inspire) a fait preuve d’une double perfidie. Le choix de cette date était à la fois un coup porté à l’euphorie de la fête juive et une atteinte au moral d’un pays marquant l’anniversaire d’une autre “surprise” militaire. 

 

Israël, qui a vécu pendant cinquante ans dans le souvenir et le traumatisme de la guerre de Kippour, devra désormais vivre avec le double traumatisme d’une double agression, survenue à la même date quasiment, à un demi-siècle d’intervalle. Mais au-delà du traumatisme, cette sinistre coïncidence interroge aussi, et surtout, la capacité de Tsahal et de l’échelon politique de tirer les leçons des échecs de la guerre de Kippour, qu’on désigne depuis 1973 par le terme de “me’hdal” (“l’échec”). L’échec d’octobre 2023 se superpose à celui de 1973, et la question des responsabilités et des échecs passés devient encore plus lancinante.

 

La “surprise” de 1973 et celle de 2023

 

En 2023 comme en 1973, Israël a été pris de court par une offensive menée de main de maître par un ennemi bien préparé, surentraîné et sachant exactement ce qu’il veut. Face à la détermination de l’ennemi, égyptien en 1973 et gazaoui en 2023, l’armée israélienne s’est trouvée en position de faiblesse, désorganisée et a mis un temps précieux à réagir et à riposter. La “surprise” de l’attaque a pris de court l’appareil sécuritaire et l’establishment militaire israéliens, qui se sont trouvés pris au dépourvu, révélant un état d’impréparation totale.

 

A de nombreux égards, la “surprise” du 7 octobre 2023 est encore plus terrible que celle d’octobre 1973. A l’époque, il s’agissait d’une offensive militaire en bonne et due forme, menée par des armées régulières sur des champs de bataille. Si le choc de Kippour a été si traumatisant pour la conscience israélienne, c’est parce qu’il renvoyait dans l’imaginaire collectif aux images d’un passé juif immémorial, auquel le sionisme pensait avoir mis fin. Dans la doctrine sioniste classique, le Juif de l’exil, victime impuissante, était en effet une figure d’un passé révolu. Or, c’est ce passé révolu que les images terribles d’octobre 1973 ont fait ressurgir dans la psyché israélienne.

 

En octobre 2023, ce traumatisme collectif a été encore plus fort, parce que nous avons subi une attaque menée comme une offensive militaire bien coordonnée (par terre, mer et air), de la part d’une milice surentraînée par une puissance militaire (l’Iran), mais dirigée autant, voire plus contre la population civile que contre les soldats. C’est cette dimension pogromiste qui a “surpris” l’armée et la société israéliennes, qui s’étaient habituées à penser, nourris par les illusions mortifères de plusieurs décennies de discours pacifistes, que le Hamas était un ennemi “classique”, partageant grosso modo les mêmes valeurs que nous…

P. Lurçat

Article paru dans Israël Magazine ©. 

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Retourner au Goush Katif : rêve ou réalité ? Pierre Lurçat

January 3 2024, 10:19am

Posted by Pierre Lurçat

Retourner au Goush Katif : rêve ou réalité ? Pierre Lurçat

Retourner au Goush Katif : rêve ou réalité ?

Pierre Lurçat

 

Revenir au Goush Katif, reconstruire les localités florissantes qui ont symbolisé – jusqu’au retrait fatidique de l’été 2005 – la présence israélienne dans la bande de Gaza : cela peut sembler aujourd’hui encore un rêve impossible, voire fantasmatique. Pourtant, de plus en plus d’Israéliens comprennent maintenant que la présence juive sur cette partie d’Eretz Israël est une des composantes de la sécurité israélienne, laquelle a volé en éclats le 7 octobre. Daniella Weiss, la passionaria de l’implantation juive en Samarie, parle déjà de faire revenir des habitants dans la bande de Gaza, avant même que les canons se taisent… D’autres voix, au centre et à gauche de l’échiquier, font plus modestement leur mea culpa pour avoir soutenu l’expulsion des habitants juifs du Goush Katif. Alors, le retour de la présence juive dans la bande de Gaza : rêve ou réalité ?

 

L’histoire juive de Gaza

 

            Avant de parler d’actualité, un détour par l’histoire est nécessaire. La première chose à savoir est que la ville de Gaza – aujourd’hui associée au Hamas – a été une ville juive dans l’antiquité. La présence juive dans la région de Gaza remonte à l’époque des Patriarches et le port de Gaza fut un port de commerce juif important au 4e siècle de l’ère vulgaire. Des communautés juives s’y développèrent et des rabbins fameux y vécurent, comme le rav Israël Najara. La présence juive dans la région est attestée à toutes les périodes de l’histoire, ancienne et récente. Après les émeutes arabes de 1929, les Anglais expulsent les habitants juifs de Gaza. Le premier retour se fait en 1946, avec la création de Kfar Darom. Le kibboutz, situé au centre de la bande de Gaza, jouera un rôle important pendant la guerre d’Indépendance, pour freiner l’avancée des troupes égyptiennes en direction de Tel-Aviv.

 

            En fin de compte, Kfar Darom est évacué. Il sera recréé après 1967, en tant qu’avant-poste du Nahal (implantation pionnière) du mouvement Bné Akiva. La reconquête par Israël de la bande de Gaza pendant la Guerre des Six Jours marque le renouveau de la présence juive à l’époque contemporaine. A partir de 1970, vingt-et-une localités juives sont créées, entre Rafiah au Sud-Ouest et Dir Al-Balah au Nord. Ces localités occupaient 18 pour cent de la superficie totale de la bande de Gaza et le tiers de la bande côtière, et elles avaient pour principale activité l’agriculture, d’où le nom de Goush Katif (qui signifie littéralement le “bloc des récoltes”). A la veille du retrait israélien en 2005, quelque 8600 Juifs et 600 bédouins peuplaient la bande de Gaza.

 

            Le renouveau de la présence juive après 1967 est lié au plan Allon (élaboré par Yigal Allon), qui justifiait ainsi la création de localités juives dans la bande de Gaza : “Ces localités auront une importance cardinale pour l’avenir politique de la région, du fait qu’elles permettront de séparer le sud de la bande de Gaza de la ville de Gaza. Par ailleurs, la présence juive au cœur de la bande de Gaza revêt une grande importance sécuritaire”. Ces mots prennent évidemment un sens prémonitoire lorsqu’on voit ce qu’il est advenu de Gaza après le retrait de 2005.

 

La réalisation du plan Allon se fit de manière graduelle. En février 1977 est créé la localité de Netser Hazani. Lors de son inauguration, le Premier ministre de l’époque, Itshak Rabin, déclare : “C’est un grand jour pour l’Etat d’Israël et pour l’implantation juive, un jour qui symbolise notre présence ancienne dans la région, qui fait partie intégrante de l’Etat et de sa sécurité depuis la guerre des Six Jours”. La même année, trois autres localités sont créées : Ganei Tal, Katif et Gan Or. Après le retrait israélien du Sinaï, consécutif aux accords de Camp David, sont fondées les localités de Névé Dekalim, Atsmona et Bedolah.

 

Agriculture et Torah

 

            L’agriculture dans le Goush Katif représentait un total de 320 mille tonnes de production annuelle, pour une valeur économique d’un demi-milliard de shekels. 65% des exportations de légumes organiques et 90% des salades sans insectes provenaient de la région. Les débuts de l’agriculture locale n’ont pourtant pas été faciles. De nombreux experts doutaient de la capacité de développer des cultures dans les dunes sablonneuses. Mais les fermiers du Goush Katif ont triomphé des obstacles et réussi à développer une agriculture ultra-moderne, reposant notamment sur l’irrigation au goutte-à-goutte. Parmi les productions locales, les tomates cherry, les poivrons, les salades et les fleurs ont fait la renommée du Goush Katif.

 

Mais l’agriculture locale n’était pas seulement caractérisée par la nature de ses productions et par ses réussites technologiques, mais aussi par le fait que beaucoup d’agriculteurs étaient des Juifs observants, qui prenaient soin de respecter les commandements liés à la terre d’Israël. Ceux-ci ne représentaient toutefois qu’une partie de la population du Goush Katif, dont le tissu social était marqué par une grande mixité sociale.

 

Reconstruire le Goush Katif ?

 

Cela fait plus de 18 ans que les localités juives du Goush Katif ont été détruites et évacuées sur l’ordre du gouvernement d’Ariel Sharon, en août 2005. On sait quelles ont été les conséquences désastreuses, à court et moyen terme, de cette décision : l’arrivée au pouvoir du Hamas, la transformation de Gaza en base terroriste, qui a fait vivre Israël sous la menace de ses missiles depuis plus de quinze ans, jusqu’à la date fatidique du 7 octobre dernier, où l’illusion mortelle du “désengagement” nous a explosé à la figure, au sens propre et au sens figuré.

 

Depuis le mois d’août 2005, nombreux sont ceux qui ont exprimé le rêve du retour au Goush Katif. Certains en ont fait un leitmotiv de leur combat politique, et l’entrée des troupes israéliennes dans la bande de Gaza a donné un nouvel élan aux projets de reconstruction. Parmi ceux qui caressent le rêve du retour, Meir Dana-Picard est un ancien habitant de Kfar Darom. Dans une interview au journal Besheva, il déclarait le 12 octobre : “Israël doit reprendre le contrôle de l’ensemble du territoire. Il faut aussi changer l’appellation de la bande de Gaza, pour qu’elle devienne une partie du Néguev occidental. Ensuite, il faut y créer plusieurs villes juives de la taille d’Ashkélon et d’Ofakim, qui serviront de monuments vivants en souvenir du massacre… Pas seulement des villages agricoles de 40-50 familles (comme autrefois), mais de véritables villes : une Gaza juive, une Khan Younis juive, etc.

 

Interrogé aujourd’hui pour Israël Magazine, Meir Dana-Picard se dit plus optimiste qu’il y a un mois. Selon lui, l’idée d’un retour dans la bande de Gaza se fraie un chemin dans le public israélien. Le public comprend aujourd’hui que le contrôle sécuritaire implique une présence civile. Dana-Picard n’est pas seul à penser que le retour à Gaza doit se faire à une échelle plus grande que celle de l’ancien Goush Katif. Une réunion virtuelle doit se tenir bientôt sur ce sujet. La reconstruction (ou l’expansion) des anciennes localités juives dans la bande de Gaza ne revêt pas seulement une importance symbolique ou morale. Comme l’ont expliqué plusieurs porte-parole du lobby en faveur de la reconstruction, il s’agit d’un impératif moral, existentiel et stratégique, de première importance pour la sécurité d’Israël.

 

Tout comme le Goush Katif a représenté une “ceinture de sécurité” pour le sud du pays, qui a été enlevée en 2005, plaçant les localités du pourtour de Gaza en première ligne, sa reconstruction redonnera au Sud et à l’ensemble du pays une sécurité qui a été perdue en 2005. Elle servira aussi de leçon aux ennemis d’Israël, car le territoire est plus important pour eux que les vies humaines. La reconstruction d’une Gaza juive sera donc un élément de dissuasion plus important que la seule destruction du Hamas.

 

Le député Likoud Amit Halevy, qui figure parmi les auteurs d’une lettre récemment adressée par seize députés de droite au gouvernement, explique : “Il est temps de changer de paradigme, et d’abandonner l’ancien paradigme selon lequel nous évacuons des territoires pour les confier à des éléments étrangers. Nous devons assumer l’entière responsabilité du territoire, dans la bande de Gaza tout comme au Sud-Liban et en Judée-Samarie”. Comme l’avaient bien compris les pères fondateurs de l’Etat d’Israël, les frontières de l’Etat sont situées là où vivent des Juifs. La présence militaire ne suffit pas à garantir la sécurité, car celle-ci exige aussi une présence civile.

 

Le retour au calme à Gaza ne se fera que le jour où la synagogue de Névé Dekalim sera reconstruite, et où les prières juives retentiront de nouveau entre ses murs. Ce jour-là – qui n’est sans doute pas aussi lointain qu’il n’y paraît aujourd’hui – ce ne sont plus les appels au djihad et à la guerre qu’on entendra à Gaza, mais les mots du Hallel et ceux du prophète Jérémie : “Tes enfants reviendront dans leur territoire”.

P. Lurçat/Israël Magazine 2023 (c)

Retourner au Goush Katif : rêve ou réalité ? Pierre Lurçat

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Pierre Lurçat

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Rencontres israéliennes : Ido Rechnitz, Pour un État démocratique fondé sur la Torah

May 21 2023, 09:12am

Posted by Pierre Lurçat

Le rav Ido Rechnitz

Le rav Ido Rechnitz

(Article paru dans Israël Magazine)

NB J'invité mes lecteurs à écouter la conférence donnée par G.E. Sarfati sur le thème "Israël et le fantasme de la théocratie", disponible ici

Ma rencontre avec le rabbin Ido Rechnitz se déroule quelques semaines après les élections, alors que le nouveau gouvernement n’est toujours pas constitué et que les médias israéliens sont remplis d’éditoriaux dramatiques annonçant la prochaine constitution d’un gouvernement « d’extrême-droite », qui va transformer Israël en État théocratique digne de l’Iran des ayatollahs… Je viens justement de lire le dernier livre publié par Ido Rechnitz, au titre mystérieux de L’État de la Torah démocratique, paru récemment aux éditions du centre « Mishpaté Eretz » à Jérusalem. Pour comprendre de manière plus approfondie le débat qui agite la société israélienne sur le sujet crucial des rapports entre État et religion, j’ai décidé de rencontrer son auteur.

 

Ido Rechnitz me reçoit dans les bureaux du centre Mishpaté Eretz, à Katamon, où il travaille en tant que chercheur. Après une maîtrise en sciences politiques à l’université Bar Ilan, il a achevé un doctorat en pensée juive à l’université d’Ariel. Son dernier livre, tiré de son doctorat, aborde la question de « l’État toranique démocratique » à travers trois figures essentielles : le grand-rabbin Itshak Herzog, le rabbin Eliezer Waldenberg et le rabbin Shlomo Goren. Le choix de ces trois rabbins s’explique par le fait qu’ils ont tous les trois élaboré une doctrine politique fondée sur la Torah et qu’ils abordent notamment la question de la théocratie juive.

 

Je lui demande d’emblée si l’État de la Torah envisagé par ces trois rabbins constitue une théocratie. « C’est un type de théocratie » me répond-il sans hésiter. Le mot théocratie fait évidemment peur aujourd’hui, mais la notion de « théocratie juive » n’a en fait peu de chose en commun avec les régimes théocratiques qui existent aujourd’hui à travers le monde, surtout dans le monde musulman. Ainsi, précise Ido Rechnitz, l’Iran est une théocratie « démocratique » en apparence, où se déroulent des élections, mais qui est en fait un régime totalitaire, comme cela est aujourd’hui évident. L’Arabie saoudite, de son côté, est une théocratie de type monarchique. Mais que signifie une théocratie juive ?

 

Qu’est-ce qu’une théocratie juive ?

 

Pour le comprendre, il faut tenter d’oublier tout ce qui nous vient à l’esprit en entendant le mot théocratie, tellement connoté négativement depuis des siècles, pour revenir aux sources. Le premier contresens à cet égard consiste à croire – comme le laissent penser les hommes politiques qui agitent aujourd’hui le spectre de l’Iran – qu’une théocratie juive serait nécessairement l’équivalent du régime de Téhéran. Le second contresens, tout aussi erroné, consiste à confondre théocratie juive et État dirigé par la halakha (loi juive).

 

Le premier à avoir utilisé l’expression d’« État halakhique » (Medinat Halakha), aujourd’hui devenue polémique, était en fait David Ben Gourion, lors du fameux débat autour de la question « Qui est juif ? » dans les années 1950. Dans l’esprit du grand public en Israël et ailleurs, l’État halakhique est entièrement régi par la loi religieuse, c’est donc un État où il ne reste guère de place pour la liberté de conscience et pour la liberté en général… C’est précisément cet épouvantail de l’État théocratique dirigé par des rabbins qu’on agite aujourd’hui dans le débat politique israélien.

 

Or, dans une théocratie juive, explique le rabbin Rechnitz, les lois de la Torah sont les lois de l’État, mais les rabbins ne sont pas les dirigeants. Les lois de la Torah autorisent en effet une législation humaine, c’est-à-dire une législation par la Knesset telle qu’elle existe aujourd’hui. L’instauration d’un État de la Torah ne modifierait donc pas fondamentalement le régime politique, mais uniquement le système juridique et législatif. D’autre part, la promulgation de lois inspirées par la Torah ne concernerait qu’une partie des lois en vigueur actuellement, car de nombreux domaines échappent à la halakha. Pour illustrer cette réalité méconnue, Ido Rechnitz explique que la plupart des décisions quotidiennes échappent à la loi juive.

 

Dans le domaine juridique, l’ensemble du droit pénal et de la politique publique sont ainsi en dehors du champ d’application de la loi juive, mais relèvent seulement de l’esprit de la Torah. Dès le treizième siècle, le Rashba (Rabbi Shmuel ben Avraham) avait ainsi expliqué que le système de justice pénal de la Torah (reposant sur deux témoins en matière de preuve) n’était pas effectif, et qu’il fallait donc se fier à la justice civile, c’est-à-dire non juive. Concrètement, cela veut dire que l’État de droit de la Torah conserverait les lois actuelles en matière de procédure et de droit pénal.

 

Contre la coercition religieuse

 

A ma question de savoir quels domaines du droit seraient les plus affectés par une telle révolution, Ido Rechnitz me répond qu’il s’agit de domaines techniques et très peu polémiques, comme le droit des contrats ou de la responsabilité civile, c’est-à-dire le droit civil. D’autre part, l’instauration d’un État fondé sur la Torah sur le plan du droit n’a rien à voir avec la question du respect des commandements religieux (mitsvot), qui continuerait de relever de la liberté de chacun. L’État de Torah démocratique ne serait en fait, contrairement à l’idée reçue à cet égard, pas concerné par le respect du shabbat dans l’espace public !

 

Pour comprendre ce paradoxe, mon interlocuteur me renvoie à une responsa du Hazon Ish, célèbre rabbin et décisionnaire du siècle passé, qui explique que la coercition religieuse a pour objectif d’amener les Juifs à respecter les mitsvot. Toutefois, dans le monde actuel, elle est interdite, car elle entraînerait des réactions négatives, de rejet de la Torah. C’est pourquoi il s’oppose à toute initiative de coercition religieuse. A cet égard, souligne Ido Rechnitz, c’est le camp « progressiste » qui est le moins démocratique, car il tente d’imposer au public ses conceptions (à travers la Cour suprême ou les médias qui partagent ses conceptions). Le seul domaine où il existerait (et où il existe déjà) une « coercition religieuse » est celui du statut familial, à savoir le droit du divorce et de la filiation qui repose sur la halakha depuis 1948, en vertu du statu quo établi à l’époque par David Ben Gourion.

 

Vers la Deuxième République d’Israël ?

 

Comment peut-on instaurer un État de Torah démocratique ? A cette question essentielle, le rav Rechnitz répond sans hésiter : « Il faut convaincre le peuple d’Israël qu’il souhaite ce changement ». Cela ne peut pas se faire par des moyens détournés ou en abusant de l’opinion publique… Il se dit favorable à un vote de la Knesset à une majorité qualifiée, de 70 ou 80 députés sur 120 et compare cela aux changements de régime intervenus en France entre la Première et la Troisième République. « C’est un changement de régime, qui conduira à la Deuxième République d’Israël ». C’est précisément pour cette raison que le rabbin Rechnitz préfère employer l’expression « État de la Torah » que celle de théocratie, aux connotations très négatives. Le plus important à ses yeux est d’œuvrer en vue de persuader du bien fondé d’un État de Torah, par des moyens démocratiques.

 

En conclusion, je lui demande à quoi ressemblera l’État de Torah, et en quoi il diffèrera de l’État d’Israël actuel. « Commençons par ce qui ne changera pas. Le régime parlementaire, la Knesset qui continuera de légiférer et d’édicter des lois, à condition de ne pas contredire la Torah… Nous passerons en revue la législation israélienne, dont une grande partie restera inchangée. Le changement le plus important sera de remplacer la Cour suprême par un Beth Din Gadol (tribunal toranique suprême), ce qui suppose de former des juges compétents ». Au terme de notre entretien, je quitte mon interlocuteur avec le sentiment que l’État de Torah démocratique est un idéal tout à fait accessible, même s’il reste beaucoup à faire pour convaincre le public israélien qu’il est souhaitable et réalisable. Mais comme le disait Herzl, « Si vous le voulez, ce ne sera pas un rêve… »

(c) Pierre Lurçat et Israël Magazine  -Reproduction soumise à autorisation expresse par écrit

Rencontres israéliennes : Ido Rechnitz, Pour un État démocratique fondé sur la Torah

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Rencontres israéliennes : Robin Twite, un Anglais à Jérusalem

December 18 2022, 13:52pm

Posted by Pierre Lurçat

Robin Twitte (photo P Lurçat)

Robin Twitte (photo P Lurçat)

Robin Twite est un Anglais aussi « british » qu’on peut l’imaginer en regardant la série The Crown, qui parle avec l’accent d’Oxford et a des manières d’authentique gentleman, mais qui a pour particularité d’habiter à Jérusalem. C’est là que j’ai fait sa connaissance il y a quelques années et qu’il me reçoit, dans son appartement de la Colonie allemande. Les étagères de son salon sont remplies d’objets venant des différents pays qu’il a visités pendant sa carrière de diplomate – Sri Lanka, Inde, Ethiopie, etc. Pourtant rien ne le prédestinait à faire une carrière diplomatique, ni à venir s’installer en Israël. Le parcours de Robin Twite, qui porte bien ses 91 ans, droit comme un « I », est plein d’aventures et de « hachga’ha pratit » (Providence).

 

« Je suis né à Rugby, petite ville de 40 000 habitants. J’étais un bon élève, aussi j’ai reçu une bourse pour aller à l’université. J’étais le premier membre de ma famille à aller à l’université. Mon père était technicien et pendant la guerre, il travaillait dans une usine de radars. Nous habitions près de Coventry, la première ville anglaise qui a été bombardée par la Luftwaffe. Mon père avait construit un abri dans le jardin… J’allais à l’école avec un masque à gaz, et lorsque j’ai vécu la Première Guerre du Golfe en Israël, j’étais le seul à savoir immédiatement comment mettre un masque à gaz… »

 

Robin me parle de ses études à Oxford, où la plupart des élèves venaient de milieux bien plus fortunés que le sien. Sa première petite-amie avait un arbre généalogique remontant quatre cents ans en arrière, jusqu’au roi d’Écosse… et elle avait été présentée à la Reine (comme dans « Downton Abbey »). Il a étudié l’histoire moderne, en espérant être admis au Foreign Office, mais ses opinions de gauche l’ont fait écarter. Il a ensuite travaillé dans l’édition, avant d’être admis au British Council, grâce à une rencontre providentielle dans un train… Lors de son entretien d’embauche, on lui a demandé s’il préférait aller en Italie, en Irak ou en Israël. Robin a choisi Israël, sans hésiter, et sans savoir que c’était le début d’une longue histoire d’amour.

 

Rien ne le prédestinait pourtant à venir travailler en Israël. « Je n’avais rencontré aucun Juif avant mon service militaire, durant lequel je fis la connaissance de plusieurs Juifs habitant le quartier populaire d’East End. À Oxford, j’avais aussi rencontré le champion d’échecs israélien Rafi Persitz ». Le choix d’Israël n’avait rien d’évident pour un jeune diplomate anglais. « Les meilleurs étaient envoyés en Inde, au Soudan ou au Kenya. Israël était considéré comme un pays de second choix… »

 

Robin évoque maintenant Israël de la fin des années cinquante, tel qu’il l’a connu lors de son premier séjour, entre 1958 et 1962. « C’était un pays pauvre… Il venait d’intégrer quelque 600 000 nouveaux émigrants, doublant sa population. La période de “Tsena” (pénurie) venait juste de s’achever et on ne trouvait pas grand-chose dans les magasins. Heureusement, il y avait le magasin de l’ambassade, où on trouvait du vin, du dentifrice et… du jambon. La Histadrout était comme un État dans l’État. La plupart des ministres venaient du kibboutz ».

 

Il me raconte ses rencontres avec plusieurs personnalités de premier plan, dont l’ancien Premier ministre David Ben Gourion. « À cette époque, on ne trouvait pas de livres étrangers en Israël. Le British Council avait organisé une exposition avec 8000 livres en anglais à Bet Sokolov, à Tel Aviv. Elle avait été inaugurée par le ministre des Affaires étrangères. Le lendemain, je suis tombé nez-à-nez avec Ben Gourion, qui voulait voir les livres d’archéologie. Il les a regardés attentivement, a feuilleté un livre sur le Sinaï et s’est exclamé ‘’C’est faux !’’. Quelques années plus tard, alors qu’il venait d’être limogé, je l’ai croisé sur la route de Sdé Boker. C’était un jour de pluie, il marchait le long de la route, solitaire. Il venait de perdre sa femme Paula ». Plus tard, Robin s’est lié d’amitié avec Ygal Allon, et avec l’archéologue Ygal Yadin. « Un homme remarquable, plein d’énergie. Je l’ai accompagné à Massada. Il n’aurait jamais dû accepter d’entrer en politique ».

 

Je l’interroge sur les différences entre Israël d’alors et celui d’aujourd’hui. « La Shoah était encore omniprésente… Dans l’autobus, on voyait les numéros sur l’avant-bras des rescapés… Un jour, j’étais allé à Bershéva pour rencontrer le directeur de l’éducation local. Il m’avait reçu dans sa maison à Omer et m’avait fait visiter son “jardin”, qui comportait quelques buissons et deux ou trois plants de rosiers. Je l’ai félicité par politesse, et il m’a raconté que lorsqu’il était à Auschwitz, il s’était promis que s’il s’en sortait, il aurait un jour un jardin avec des fleurs… » En me racontant cette anecdote vieille de plus de 50 ans, Robin a les larmes aux yeux...

Pierre Lurçat

SUITE DANS LE DERNIER NUMERO D'ISRAEL MAGAZINE

Avec la Reine Elisabeth II (photo Collection privée)

Avec la Reine Elisabeth II (photo Collection privée)

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