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Adieu Causeur, Bonjour Pravda ! Réponse à Gil Mihaely : non, Israël n'est pas menacé de « crise constitutionnelle » ou de « dictature »

September 8 2023, 09:40am

Posted by Pierre Lurçat

Adieu Causeur, Bonjour Pravda ! Réponse à Gil Mihaely : non, Israël n'est pas menacé de « crise constitutionnelle » ou de « dictature »

 

Il n’aura pas échappé au lecteur attentif du magazine en ligne Causeur que depuis six mois, le sujet d’Israël est quasiment absent de ses colonnes… Ce média qui était un des rares à défendre Israël dans le paysage médiatique français a choisi de se taire. Pourquoi ? Parce que le directeur de la rédaction de Causeur, Gil Mihaely, est opposé au gouvernement israélien. Mihaely vient ainsi de publier une tribune virulente, expliquant que le gouvernement de B. Nétanyahou “s’en prend aux deux socles de la société libérale, la Cour constitutionnelle et la société civile” et que “la base [électorale] de Nétanyahou préfère la synagogue aux llibertés”. 

 

Il est affligeant à mes yeux de voir un journaliste français donner des leçons de démocratie à Israël depuis la France, tout en soutenant ouvertement des régimes aussi peu démocratiques que ceux du Qatar ou de l’Azerbaïdjan… L’attitude actuelle de Causeur à l’égard d’Israël est d’autant moins logique que ce journal affiche ouvertement des opinions proches de Marine Le Pen en France, et prétend soutenir la “gauche” (caviar il est vrai) en Israël. On peut ainsi être à droite de la droite en France et faire la fine bouche avec la droite israélienne ! Causeur, comme d’autres médias, n’est pas à une contradiction près.

 

M. Mihaely, qui est un Israélien installé en France depuis longtemps, est libre d’avoir ses opinions comme chacun. Mais la moindre des choses aurait été, pour un média qui a pour slogan “Surtout si vous n’êtes pas d’accord”, de permettre à ses lecteurs d’entendre un autre son de cloche… Ayant longtemps contribué à son magazine, je me suis permis de lui adresser la réponse ci-dessous. M. Mihaely a refusé de la publier. Les lecteurs de Causeur ne connaîtront donc que le “point de vue officiel” du directeur de Causeur, devenu pour l’occasion l’émule de la Pravda… Je le regrette évidemment, pour eux comme pour Causeur dont j’ai apprécié jadis la liberté de ton. P.L.

 

En tant que contributeur régulier du magazine en ligne Causeur depuis plusieurs années, je souhaite répondre à l'article de Gil Mihaely, intitulé « Israël, des Jours redoutables ». Tout d'abord, il est très délicat d'affirmer que la crise politique actuelle en Israël serait due à la volonté du Premier ministre Binyamin Netanyahou d'échapper à une condamnation judiciaire. La simple chronologie dément cette explication simpliste. Le projet de réforme entamé par le gouvernement actuel est en effet bien plus ancien que le procès intenté à Nétanyahou… Le ministre de la justice Yariv Levin m'en avait ainsi exposé les grandes lignes dans une interview pour Israël Magazine parue en… 2011.

 

Venons-en au fameux risque de « crise constitutionnelle » que ferait peser la réforme judiciaire. L'expression même de « crise constitutionnelle » est problématique, s'agissant d'un pays qui n'a pas de véritable constitution, mais seulement un ensemble de « Lois fondamentales ». En réalité, c'est précisément l'absence de Constitution – définissant clairement la place de chaque institution et ses prérogatives – qui a permis à la Cour suprême, sous la houlette du juge Aharon Barak, de s'ériger en premier pouvoir depuis trois décennies, comme je l'ai relaté dans un livre récent.

 

S'il y a aujourd'hui une profonde crise politique en Israël, c'est surtout du fait du refus de l'actuelle opposition d'accepter le résultat des élections de novembre dernier et de sa volonté de faire tomber le gouvernement à tout prix, y compris celui d'un appel au refus de servir dans Tsahal et d'une atteinte possible à l'économie et à la cohésion sociale. Imputer la responsabilité de cette crise au seul Netanyahou et à sa coalition relève d'une lecture partisane de l'actualité israélienne. 

 

Ce qui m'amène au dernier point, celui de la coalition au pouvoir et de son caractère soi-disant extrémiste. Le magazine Causeur, auquel j'ai eu plaisir à contribuer pendant plusieurs années, est bien placé pour savoir combien il est facile de délégitimer un homme ou un parti politique, en arguant de ses opinions « extrémistes ». Le gouvernement israélien actuel repose sur une large coalition et réunit en son sein des partis très différents. Le présenter comme étant « ultra-orthodoxe » ou comme « d'extrême droite » ne correspond pas à la réalité socio-politique de la coalition actuelle et de l'électorat qui l'a portée au pouvoir. La majorité de 64 députés sur 120 qui a voté la Loi sur le critère de raisonnabilité était tout à fait fondée à le faire.

 

La question cruciale qui se pose aujourd'hui est de savoir si les juges de la Cour suprême, qui représentent sociologiquement les mêmes anciennes élites (laïques ashkénazes de gauche, pour simplifier) qui manifestent dans les rues depuis huit mois, respecteront le vote de la Knesset et sa compétence. Si la Cour suprême choisit l'affrontement, alors la crise se poursuivra, sans que cela remette en cause le caractère démocratique d'Israël et de ses institutions. Ce n'est ni la première ni la dernière fois qu'un gouvernement démocratique devra imposer ses choix, contre l'avis de juges non élus…

 

Quant au scénario catastrophe d'une situation dans laquelle l'armée et le Mossad décideraient de ne plus obéir au gouvernement, mais plutôt à la Cour suprême, érigée en dernier bastion d'un contre gouvernement des juges, il relève de la politique fiction. Depuis 1948, l'armée d'Israël n'a jamais obéi à personne d'autre qu'au gouvernement élu par le peuple et cela ne va pas changer. Israël a traversé d'autres crises tout aussi graves que celle qu'il traverse aujourd'hui. La nécessaire clarification du rôle des institutions et la réaffirmation de la primauté de la Knesset et du gouvernement face au pouvoir non élu des juges et des médias renforceront à terme le caractère démocratique de l'état juif.

 Pierre Lurçat

Mon livre Quelle démocratie pour Israël ? publié aux éditions l’éléphant, est disponible sur B.o.D, Amazon, à la librairie du Temple à Paris, à la librairie française de Tel-Aviv et auprès de l’éditeur à Jérusalem (editionslelephant@gmail.com)

 

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COMMUNIQUÉ - Parution du livre “Quelle Démocratie pour Israël ?”

April 4 2023, 13:24pm

Posted by Pierre Lurçat

COMMUNIQUÉ - Parution du livre “Quelle Démocratie pour Israël ?”

J'ai présenté mon livre dans le cadre d'une conférence donnée par Raison Garder

La violente polémique et les manifestations publiques incessantes suscitées depuis quelques mois en Israël par le projet de réforme judiciaire posent une question essentielle. Comment expliquer que des dizaines de milliers d’Israéliens manifestent en scandant « Démocratie ! », alors même que l’objectif affiché de la réforme judiciaire est précisément de renforcer la démocratie et l’équilibre des pouvoirs ? Il y a là, de toute évidence, deux conceptions opposées de la nature du régime démocratique.

Pour comprendre les enjeux de ce débat fondamental, il est nécessaire de revenir en arrière, aux débuts de la « Révolution constitutionnelle » menée par le juge Aharon Barak dans les années 1980 et 1990. C’est depuis lors que la Cour suprême s’est octroyée la compétence de dire le droit à la place du législateur, d’annuler les décisions du gouvernement et de l’administration, les nominations de fonctionnaires et de ministres et les décisions des commandants de l’armée, etc. Aucun domaine n’échappe plus à son contrôle omniprésent.

Dans son nouveau livre, Pierre Lurçat retrace l’histoire de cette Révolution passée inaperçue du grand public et explique les enjeux du projet de réforme actuel, en la replaçant dans son contexte historique. Il rappelle ainsi pourquoi Israël ne possède pas de Constitution et montre comment l’extension du domaine de la compétence de la Cour suprême a affaibli les pouvoirs exécutif et législatif, en la transformant de facto en premier pouvoir.

Replaçant la problématique israélienne dans un contexte plus vaste – celui de la montée en puissance d’un « gouvernement des juges » dans la plupart des pays occidentaux, il s’interroge également sur les causes profondes de l’engouement pour la notion d’un pouvoir des juges et du rejet concomitant de la démocratie représentative et du pouvoir politique en général.

Quelle démocratie pour Israël : Gouvernement du peuple ou gouvernement des juges? Editions L'éléphant 2023. Disponible sur Amazon et bientôt dans les librairies françaises d'Israël.

L’auteur

Né à Princeton, Pierre Lurçat a grandi à Paris et vit à Jérusalem. Il a publié plusieurs essais, parmi lesquels des Préceptes tirés de la sagesse juive (Presses du Chatelet), Israël, le rêve inachevé (éditions de Paris), et Les mythes fondateurs de l’antisionisme contemporain (éditions L’éléphant). Il a fondé en 2021 la Bibliothèque sioniste, qui vise à mettre à la portée du lectorat francophone les grands textes des fondateurs du mouvement sioniste et dirigeants de l’Etat d’Israël.

 

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Démocratie de la majorité ou “démocratie des valeurs?” Pierre Lurçat

March 28 2023, 11:57am

Posted by Pierre Lurçat

Aharon Barak

Aharon Barak

La Révolution constitutionnelle de 1992 et ses fondements idéologiques (I)

Pour comprendre comment la réforme judiciaire lancée il y a trois mois a été suspendue sous la pression de la rue et du « Deep State » israélien, il faut revenir quatre décennies en arrière, aux débuts de la Révolution constitutionnelle du juge Aharon Barak. C’est en effet ce dernier qui a imposé sa vision prémonitoire d’une « démocratie des valeurs », préférable selon lui à la démocratie de la majorité. Extrait de mon nouveau livre à paraître après Pessah. P.I.L.

NB J’étais ce matin l’invité de Daniel Haïk sur Radio Qualita pour commenter le discours de Benjamin Nétanyahou.

 

C’est seulement avec l’arrêt Bank Mizrahi de 1995 que la signification véritable des deux lois fondamentales de 1992 est apparue au grand jour. Dans cet arrêt, la Cour suprême a été appelée à examiner la question de savoir si la Knesset possédait ou non le pouvoir d’élaborer une Constitution et de limiter ainsi sa propre autorité législative (en s’interdisant de légiférer des lois anticonstitutionnelles), et si les lois fondamentales promulguées par la Knesset jouissaient d’un statut supra-législatif. Dans son avis majoritaire (celui du juge Barak), la Cour suprême a jugé que le pouvoir de la Knesset d’adopter une Constitution découlait de son pouvoir constituant.

 

Le juge Barak fonde son jugement sur la considération suivante, qui éclaire d’un jour particulier l’ensemble de la Révolution constitutionnelle qu’il a menée : « Une démocratie de la majorité seule, qui ne s’accompagne pas d’une démocratie de valeurs, n’est qu’une démocratie formelle et statistique. La vraie démocratie limite le pouvoir de la majorité afin de protéger les valeurs de la société ». Cette phrase, qui ne concerne pas directement le sujet de l’arrêt Bank Mizrahi, donne une des clés d’interprétation de la vision du monde du juge Barak en général et de sa conception de la démocratie en particulier, qui est aujourd’hui largement partagée par les opposants à la réforme judiciaire. Pour la résumer, nous pourrions dire qu’elle renferme une conception de la démocratie différente de la conception traditionnelle.

 

Ainsi, quand Barak oppose la « démocratie de la majorité » à la « démocratie des valeurs », il sous-entend que la majorité seule ne suffit pas à définir le régime démocratique, tel qu’il le conçoit. A ses yeux, le principe de la majorité n’est qu’une coquille vide, s’il ne s’accompagne pas de la « vraie démocratie », celle des valeurs. Cette opposition rappelle celle, d’inspiration marxiste, entre « démocratie formelle » et « démocratie réelle ». Aharon Barak n’a pourtant rien d’un marxiste, même si la manière dont il a théorisé et mené à bien la Révolution constitutionnelle, seul et sans demander l’avis de quiconque, peut faire penser aux autres grands théoriciens des révolutions des siècles passés.

 

« Démocratie de la majorité » ou « démocratie des valeurs » ?

 

L’idée que la « vraie démocratie limite le pouvoir de la majorité, afin de protéger les valeurs de la société » semble aujourd’hui aller de soi. Plus encore, pour beaucoup de nos contemporains, l’essence même de la démocratie réside précisément dans ces « valeurs de la société », bien plus que dans les règles de fonctionnement et dans les principes constitutifs du régime démocratique, qui sont considérés comme presqu’insignifiants. N’est-ce pas ce que nous disent aujourd’hui les opposants à la réforme judiciaire en Israël, qui manifestent au nom des droits de l’homme, mais aussi des droits des femmes, des droits LGBT, des droits des migrants, etc. ? Ces droits catégoriels, en particulier, semblent exprimer à leurs yeux la quintessence de la démocratie, bien plus que les élections libres et démocratiques et leur résultat… (Surtout, bien entendu, quand ce résultat est contraire à leurs opinions politiques).

 

Cette nouvelle conception de la démocratie, qui tend à s’imposer récemment en Occident et qui correspond à la notion d’un « Etat des droits » plutôt que d’un Etat de droit, est problématique pour au moins deux raisons. La première, qui a été souvent relevée depuis plusieurs décennies, tient au fait qu’elle évacue la notion essentielle du bien commun, pilier de la démocratie dans son acception classique, au profit des intérêts catégoriels. Bien entendu, on peut légitimement considérer que le bien commun consiste précisément à voir défendus la somme de tous les intérêts catégoriels… Mais l’inconvénient d’une telle définition est évident : que faire lorsque certains intérêts catégoriels entrent en conflit les uns avec les autres? C’est précisément ce qui se produit lorsque la Cour suprême doit trancher, par exemple, entre les droits des habitants des quartiers Sud de Tel-Aviv et ceux des migrants. Je laisse le lecteur deviner quels sont les droits auxquels elle donne la préférence…

 

La deuxième raison est plus essentielle encore. Si l’on admet que la démocratie est aujourd’hui « substantielle » et non plus « formelle », c’est-à-dire définie par la défense des « valeurs de la société », qui est habilité à définir ces valeurs ? Et comment faire lorsqu’elles ne sont pas partagées par tous et qu’apparaissent des conflits de valeurs? Le danger que renferme la conception d’Aharon Barak à cet égard réside précisément dans le fait qu’il considère que le juge est seul habilité à définir, apprécier et interpréter ce que sont ces « valeurs de la société »... C’est en effet la clé du rôle novateur qu’il attribue au juge, dans ses écrits théoriques sur le sujet comme dans ses jugements. A ses yeux, le juge est l’interprète des valeurs sociétales, et c’est à ce titre qu’il s’est arrogé le droit d’annuler des lois de la Knesset.

 

(Extrait de mon livre Gouvernement du peuple ou gouvernement des juges ? à paraître aux éditions L’éléphant, avril 2023).

Démocratie de la majorité ou “démocratie des valeurs?” Pierre Lurçat

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TRIBUNE - La démocratie est florissante en Israël

March 27 2023, 10:19am

Posted by Pierre Lurçat

TRIBUNE - La démocratie est florissante en Israël

Un groupe d'intellectuels s'affirment inquiets pour Israël dans les colonnes du Monde et affirment que la démocratie y est en danger, dénonçant une dérive autocratique et « illibérale » du nouveau gouvernement israélien. Le débat virulent qui se déroule aujourd'hui en Israël suscite la réflexion. Néanmoins, il mérite mieux que des prises de position à l'emporte-pièce. Si les signataires étaient mieux informés de ce qui se passe en Israël, ils ne reprendraient pas sans vérifier les slogans des manifestants et de ceux qui ont fait de la réforme judiciaire leur nouveau cheval de bataille.

 

En effet, contrairement aux mots d’ordre entendus en Israël, l'enjeu de cette réforme, qui est certes perfectible, n'est pas de porter atteinte au caractère démocratique de l'Etat hébreu, mais bien de le renforcer, en rétablissant un équilibre et une séparation des pouvoirs qui ont été bafoués depuis 1992 par la « Révolution constitutionnelle », proclamée à l'époque par le juge Aharon Barak. Lors d'une séance nocturne et en catimini, celui-ci avait alors réussi à faire voter par la Knesset – le Parlement israélien – deux lois fondamentales sur la dignité humaine et sur la liberté professionnelle. Ces deux lois fondamentales avaient été adoptées par une Knesset à moitié vide et leur signification véritable avait été cachée au public – y compris aux députés qui les avaient votées.

 

La Révolution constitutionnelle est effectivement passée quasiment inaperçue du public et des médias. Cette « Révolution constitutionnelle » qui fut quasiment le fait d'un seul homme est, pour le lecteur français, d'autant plus incroyable qu'elle ne repose sur aucune décision d’une assemblée législative ou constituante ; le juge Barak s'étant arrogé ex nihilo la compétence de proclamer qu'Israël était devenu du jour au lendemain une démocratie constitutionnelle. « C’est l’unique Constitution au monde qui est née de la décision d’un tribunal », s’était à l’époque exclamé le juge Moshé Landau.

 

La Cour suprême d'Israël est aujourd’hui la plus interventionniste du monde, agissant quotidiennement pour valider ou invalider les décisions du gouvernement, de l’administration ou de l’armée et empiétant sur les compétences des pouvoirs exécutif et législatif et ce, en l'absence de Constitution véritable. Réunissant les pouvoirs de la Cour de cassation, du Conseil d'État et du Conseil constitutionnel, elle est devenue de facto le premier pouvoir en Israël. C'est cette situation inédite et sans équivalent dans le monde démocratique que l'actuelle réforme entend rectifier, en redonnant au Parlement et au gouvernement israéliens les pouvoirs qui leur ont été enlevés.

 

La virulence du débat public en Israël tient aussi au fait que ce débat politique et juridique en recouvre un autre, plus profond et jamais résolu depuis 1948, celui sur le caractère juif de l'État d'Israël. C'est en réalité ce dernier qui constitue l'enjeu véritable du vif débat actuel et non le caractère démocratique de l'État, qui n’est nullement remis en cause. L'actuelle coalition au pouvoir entend ainsi rétablir le fragile statu quo datant de l'époque de Ben Gourion et l'équilibre entre Juifs non-croyants et religieux, mis à mal par trois décennies d'activisme laïciste judiciaire d'une Cour suprême, autrefois très respectée. En entrant de plain-pied dans le débat politique et en prétendant abolir – au nom d’une idéologie progressiste – le caractère national juif de l’Etat d’Israël pour en faire un « Etat comme les autres », la Cour suprême a non seulement trahi l’esprit des fondateurs de l’Etat et de la Déclaration d’Indépendance, mais elle a aussi scié la branche sur laquelle elle est assise : la confiance du public israélien.

 

Contrairement à ce que laissent entendre ces pétitionnaires, le fait d’être un État juif n’est pas contradictoire avec l’idée de démocratie. Les écrits de Jean-Jacques Rousseau, ou plus récemment l’ouvrage d’Éric Nelson La république des hébreux, démontrent comment la tradition hébraïque a au contraire inspiré la pensée démocratique moderne en Occident. Il faut relire les textes des pères fondateurs du sionisme, de Herzl à Ben Gourion et Jabotinsky, ainsi que la Déclaration de l’Indépendance, pour constater que l’État Juif prévoit des droits égaux pour tous ses citoyens, Juifs ou Arabes, égalité qui est aussi une réalité sur le terrain. Comme le prouvent les très nombreuses manifestations qui se déroulent librement dans le pays, la démocratie en Israël est bien florissante.

 

PREMIERS SIGNATAIRES

 

Georges-Elia Sarfati (Philosophe), Yana Grinshpun (Analyste du discours), Roland Assaraf (Physicien), Pierre Lurçat (Avocat, écrivain), Jean-Pierre Lledo (Réalisateur), Ziva Postec (Cinéaste), Yves Mamou (Journaliste), Liliane Messika (Ecrivain, traductrice), Renée Fregosi (Philosophe), Philippe Karsenty (Homme d’affaires), Richard Rossin (Ecrivain, ancien secrétaire des Médecins sans Frontière), Paulette Touzard Dawidowicz (Présidente de l'association pour la Mémoire des enfants Juifs déportés du Nord Pas de Calais), Jean-Serge Lorach (Avocat Honoraire, ancien Vice-Président de la Licra), Alain Attlan (Membre d'honneur du CRIF Occitanie), Jean-Marie Gélinas (Président des ''Amitiés Québec – Israël''), Josiane Sberro (Educatrice), Paul Fenton (Professeur émérite), Rachel Israël (Psychanalyste), Jean-Loup Mordekhaï Msika (Plasticien), Abigail Yaari (Professeur de droit), Brigitte Ullmo Bliah (Avocate), Guy Sebag (Avocat), Johann Habib (Avocat), Philippe Bliah, (Avocat), Stephane Haddad (Avocat), Frédéric Zerbib (Avocat), Guy Sebag (Avocat), Elyeth Bettan, (Avocate-notaire), Bat Ye’or, (Ecrivain), Thérèse Zrihen-Dvir (Ecrivain), Gilles Falavigna (Editeur), Evelyne Tschirhart (Ecrivain), Albert Soued, (Journaliste, Ecrivain), David Benoliel (Philosophe), Olivier Veron (Editeur), Gérard Weisz (Essayiste), Gérard Rosenzweig, (Ecrivain, enseignant), Evelyne Gougenheim (Militante associative)

Marc Bruzstowki (Journaliste), Shraga Blum (Journaliste), Meir Ben-Hayoun (Journaliste), Ilan Saada (Journaliste), Claire Dana-Picard (Journaliste), Patricia Hassoun (Directrice de publication), Cyril Benichou (Consultant), Marc ROZENBAUM (Traducteur), Jean-Jacques Bretou (Traducteur), Yarcov Ben Denoun (Ecrivain), Ophrah Zelmati (Editeur),

Rudi Roth (Dr physique théorique), Jean-Louis Attyasse (Biologiste),, Gilles Ferréol (professeur des Universités), David Banon (Professeur), Maguy Serfaty-Fenton (Professeur Oxford), Gérard Darmon (Prof de Biophysique, fac de médecine), Roger Guedj (Universitaire), Colette Guedj (Universitaire), Véronique Lankar (Professeur), Maxime Maiman, Professeur d’Université CNAM Paris), Esther Baruch (Professeur),

Prof Bernard Belhassen (Cardiologue), Bernard Chiche (Chirurgien-dentiste), Pierre Boccara (Chirurgien), Guy SAMAMA (Chirurgien), Bruno Rosen (Gynécologue obstétricien), Paul Atlan (Gynécologue Bioéthicien), Dr Michel Assor (Chirurgien orthopédiste), Dr Amos Zot, Henry-Claude Dbjay (Chirurgien), Monique Azra (médecin), Pierre Nahum (médecin), Hervé Megaides (Médecin généraliste),

Alexandre Krivitzky (Psychanalyste), Edmond Richter (Psychothérapeute), Yana Wanda (Psychologue), Oriella Bliah (Pharmacienne), Nicole Zerah-Danan (pharmacienne), Avraham Zerah (dentiste), Corinne Krivitzky (Cadre supérieur de santé),

 

Claude Berger (Auteur), Yehuda Moraly (Professeur de théâtre), Shirel Benoliel (Artiste-peintre), Leila Shahak (cinéaste), Stephane Rougier (Musicien), Nicole Kelin (Fashion Designer), Hector Flak (Show Business), Katia Joffo (Coaching littéraire), Francoise Serrero (Anthropologue), Nejman Yves (Art consultant), Asher Zelmati (Coach professionnel),

Hanna Benoualid (Professeur), Georges Grunberg (Enseignant), Reine Darmon (Prof en collège), Florence Gay-Bellile (Directrice en formation), Sylvia Assouline (Enseignante), Anne Marie Dran (Éducatrice),

Daniel Bruch (Ingénieur), Michel Benoualid (Ingénieur), Adrien Azoulay (Directeur engineering pétrolier), Erick Azerhad (Ingénieur), Fabien Ghez (Ingénieur), William Doukhan (Technicien expert aéronautique), Michèle Mettoudi (Ingénieure), Charles SELLAM (Pilote Aviation Civile),

Michael Breisacher (Informaticien), Serge Amar (Ingénieur informatique), Elie Balouka (Informaticien), Marie Auteserre (Chargée d'informatique), Éléonore Breton (Développeuse web), Meyer Saghroun (Informaticien), Denise Chabah Alloul (Informaticienne),

Jean-Luc Scemama (Expert-comptable), Monique Adato (Expert-comptable), Jean-David Guitard (Conseiller bancaire), Josiane Flak (cadre bancaire), Serge Skrobacki, (cadre dirigeant), Albert Levy (Entrepreneur), Ofer Tassa (Ingénieur directeur d’entreprise), Siksik Serge (DRH), Abraham Bentolila (Consultant en gestion), Victor Perez (Commerce), Benjamin Zenou (Responsable commercial), Thierry Amouyal (Cadre commercial), Alain Turkieltaub (Directeur d’usine), Robert Allouche (Attaché de Direction Distribution Professionnelle), Bernard Hagège (Chef d'entreprises), Pierre Vasen (directeur commercial), BILE Hortense (Assistante agence de publicité ), André Bélilty (Expert-comptable),  Odélia Rafowicz (Gestionnaire de patrimoine), Linda MESSINE (Fonctionnaire),

Daniel Nathan, Karol Berkowicz, P. Haloua, Amram Ifergan, Rolland Aboucaya.

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Le déclin de l'idée de démocratie en Israël et dans le monde actuel, Pierre Lurçat

February 14 2023, 16:36pm

Posted by Pierre Lurçat

Le déclin de l'idée de démocratie en Israël et dans le monde actuel, Pierre Lurçat

 

La vague de protestations à laquelle nous assistons actuellement en Israël s'explique à première vue par des causes politiques immédiates, comme par exemple le refus de l'actuelle opposition d'admettre sa défaite, la mobilisation des grands médias contre le nouveau gouvernement, ou encore le sentiment des représentants de ce que plusieurs commentateurs qualifient de « Deep State » de voir leur pouvoir s'effondrer. Mais au-delà de ces raisons diverses, il existe sans doute aussi d'autres causes plus profondes et moins circonstancielles, qui expriment un désaveu grandissant à l'égard de l'idée même de la démocratie, et qui concernent à la fois Israël et d'autres démocraties occidentales.

 

Ce sont ces dernières que nous voudrions analyser ici. Avant de tenter d'expliquer les causes de ce désaveu, il convient de rappeler ce que signifie le régime démocratique. Il est, comme le rappelle Pierre Manent, un régime « où tous les pouvoirs puisent leur légitimité dans le peuple » et où « tous les pouvoirs sont exercés par le peuple ou ses représentants »[1]. Il est aussi une « organisation des séparations », et en particulier de la séparation entre représentants et les représentés, c'est à dire entre la société civile et les institutions gouvernementales, et entre les pouvoirs.

 

La légitimité du peuple contestée

 

Si l'on considère les trois éléments de cette définition, on constate que le désaveu actuel de la démocratie porte sur chacun d'entre eux. La légitimité populaire, tout d'abord, est largement contestée depuis plusieurs années à travers la critique de l'idée même de la Vox Populi et de la capacité du peuple à choisir ses représentants. Que nous disent en effet les manifestations auxquelles on assiste en Israël, depuis le lendemain même de la formation du nouveau gouvernement, sinon que le pouvoir démocratiquement élu n'est pas légitime ? L'argument n'est pas nouveau et on l'a entendu à plusieurs reprises, ailleurs qu'en Israël, ces dernières années.

 

De nouveaux concepts sont même apparus dans le lexique politique pour exprimer la défiance envers la notion même de pouvoir du peuple, comme celui de « peuplocratie »... Ce que nous disent, grosso modo, toutes ces critiques, c’est qu’il n’y a pas de véritable démocratie en dehors de la « démocratie libérale » (le concept de « démocratie illibérale » a ainsi été forgé et récemment appliqué à Israël)[2]. Ce faisant, ces critiques opèrent une confusion dangereuse entre le régime démocratique et la politique de ses gouvernants, en disqualifiant tout gouvernement conservateur ou de droite, qualifié de « non démocratique ».

 

Quant au concept ancien de populisme, qui désignait jadis une forme de démagogie dans l'exercice du pouvoir, il est de plus en plus souvent employé pour dénigrer des partis politiques entiers, dont l'existence même serait un danger pour la démocratie. Il conviendrait donc de restreindre la participation aux élections aux seuls partis qui répondent à certains critères liés au contenu même de leurs programmes électoral et pas seulement au respect des règles formelles du jeu démocratique…

 

La Révolution constitutionnelle contre la séparation des pouvoirs

 

            Le second élément constitutif du régime démocratique, selon Pierre Manent, est celui de la séparation, qui dépasse la seule « séparation des pouvoirs ». La démocratie, explique-t-il en effet, repose sur l’organisation des séparations. Manent cite de manière éclairante plusieurs théoriciens de la démocratie à l’ère moderne, comme le philosophe écossais Adam Ferguson, qui décrivait le dix-huitième siècle comme « this age of separations », cette « époque où tout est séparé »[3]. De son côté, l’abbé Sieyès considère la représentation politique comme l’application du principe de division du travail.

 

            C’est précisément, explique encore P. Manent, par ce principe de séparation que la démocratie moderne se sépare des démocraties antiques, grecque ou romaine. Le principe de séparation n’est pas seulement une donnée acquise du régime démocratique : il est aussi une prescription. Il convient de préserver la séparation des pouvoirs pour garantir le bon fonctionnement de la démocratie.

 

            A cet égard, la situation engendrée en Israël depuis les années 1990 par la Révolution constitutionnelle initiée par le juge Aharon Barak, alors président de la Cour suprême, a marqué une atteinte considérable à la séparation des pouvoirs et, ce faisant, au fonctionnement de la démocratie israélienne. En concentrant entre les mains des juges de la Cour suprême des pouvoirs considérables - qui ne leur avaient jamais été conférés par la loi – le juge Barak a porté atteinte au fragile équilibre des pouvoirs et aux fondements du régime démocratique. C’est cette atteinte grave que la réforme actuelle s’efforce de réparer. (à suivre…)

 

Pierre Lurçat

 

 

[1] Pierre Manent, Cours familier de philosophie politique, Fayard 2001, p. 23 s.

[2] Le rav Oury Cherki a récemment relevé cette confusion entre démocratie et “démocratie libérale” dans un article passionnant de la dernière livraison de la revue Pardès, “Etat-nation ou “Etat des citoyens”.

[3] Adam Ferguson, Essai sur l’histoire de la société civile [1767], trad. M. Bergier, Paris, PUF 1992, cité par P. Manent, op. cit. p. 26.

Aharon Barak

Aharon Barak

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Qui met en péril la démocratie en Israël ?

January 25 2023, 07:41am

Posted by Pierre Lurçat

 Qui met en péril la démocratie en Israël ?

J'évoquais hier matin la situation politique en Israël au micro de Richard Darmon sur Studio Qualita

Qui met en péril la démocratie en Israël ? - IMO#198 (studioqualita.com)

 

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Comment la Cour suprême a pris le pouvoir en Israël : intervention au colloque Dialogia sur la démocratie

December 6 2020, 08:21am

J'ai le plaisir d'intervenir dans le colloque qui se tiendra demain soir (lundi) :

 

Où va la démocratie?


Dialogia a le plaisir de vous inviter
à sa prochaine conférence
le 07 décembre 2020

 

De 18.00 à 22.00 (heure d'Israël) sur internet,
via la plateforme ZOOM

INSCRIPTION ICI

https://us02web.zoom.us/webinar/register/WN_7_gVGFTrQkC_nI8I14Oylw

PROGRAMME DE LA CONFERENCE

18h00-18h15 : Introduction - Shmuel Trigano, Le grand renversement, Qu'est-ce qui a changé dans l'univers démocratique ?

18h15- 19h15 : La politique des identités -

18h15-18h45 : Haïm Navon : Pourquoi la politique des identités estelle un danger pour l’identité * -

18h45-19h15 : Rachel Israël, « Malaise dans la Culture » : de l’essai de Freud à l’actualité sociétale

19h15- 20h15 : L'homme et le citoyen -

19h15-19h45 : Gadi Taub, Politique d’immigration et montée du libéralisme anti-démocrate * -

19h45-20h15 : Shmuel Trigano, La figure de l'"homme": des deux Déclarations universelles à nos jours

20h15- 21h45 : Etat des lieux israéliens -

20h15-20h45 : Pierre Lurçat, Le pouvoir judiciaire contre le peuple : Comment la Cour suprême est devenue le premier pouvoir en Israël -

20h45-21h15 : Mordekhai Nisan, La démocratie israélienne – idéologie, citoyenneté et guerre * -

21h15-21h45 : Ronen Shoval, Perspectives croisées : la tradition moderne et l'héritage politique du judaïsme *

21h45-22h00 : Débat et Conclusion

https://dialogia.co.il/wp-content/uploads/2020/11/Programme-confe%CC%81rence-FR-FINAL.pdf

La démocratie est couramment invoquée dans le débat public, souvent en vertu d'arguments contradictoires. Il n'est pas sûr que ceux qui la convoquent pour légitimer leur parti-pris en aient la même définition mais ce qui est sûr c'est que la démocratie telle qu'elle est vécue n'est plus ce qu'elle était il y a 50 ans. Si l'équilibre des pouvoirs lui-même est ébranlé par les nouvelles technologies, c'est surtout la société qui s'est éloignée du régime démocratique, censé la porter. Le domaine sociétal, le domaine des fondements, sont concernés, comme celui de la redéfinition de la famille, du sexe, de l'identité, du citoyen, du vivant, de la Terre, de la légitimité... Les droits du citoyen ont été relégués dans les marges au nom des droits de l'homme. Mais quel homme ? Est-on toujours en « démocratie » ? En son nom, ne nous dirigeons-nous pas vers sa fin, ou à tout le moins sa mutation inquiétante ? Et cette dérive ne nous dit rien d'une autre crise, cette fois-ci politique, qui frappe le régime démocratique lui-même et dans laquelle le peuple, le demos, se voit ravalé au "populisme" et la majorité parlementaire au "fascisme".

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Conférence Dialogia à Tel-Aviv : Où va la démocratie ?

February 26 2020, 13:59pm

Posted by Pierre Lurçat

Je participerai à la conférence organisée par Dialogia le 15 mars prochain à Tel Aviv :

Dialogia a le plaisir de vous inviter
à sa prochaine conférence
à Tel Aviv le 15 mars 2020

 

De 18.00 à 22.00 à Zoa House, Beit Tzionei America, Ibn Gvirol 26, Tel Aviv

La démocratie est couramment invoquée dans le débat public, souvent en vertu d'arguments contradictoires. Il n'est pas sûr que ceux qui la convoquent pour légitimer leur parti-pris en aient la même définition mais ce qui est sûr c'est que la démocratie telle qu'elle est vécue n'est plus ce qu'elle était il y a 50 ans. Si l'équilibre des pouvoirs lui-même est ébranlé par les nouvelles technologies, c'est surtout la société qui s'est éloignée du régime démocratique, censé la porter. Le domaine sociétal, le domaine des fondements, sont concernés, comme celui de la redéfinition de la famille, du sexe, de l'identité, du citoyen, du vivant, de la Terre, de la légitimité... Les droits du citoyen ont été relégués dans les marges au nom des droits de l'homme. Mais quel homme ? Est-on toujours en « démocratie » ? En son nom, ne nous dirigeons-nous pas vers sa fin, ou à tout le moins sa mutation inquiétante ? Et cette dérive ne nous dit rien d'une autre crise, cette fois-ci politique, qui frappe le régime démocratique lui-même et dans laquelle le peuple, le demos, se voit ravalé au "populisme" et la majorité parlementaire au "fascisme".

https://dialogia.co.il/wp-content/uploads/2020/02/Programme-confe%CC%81rence-FR-Ou-va-la-d%C3%A9mocratie-Dialogia.pdf

PROGRAMME DE LA CONFERENCE

17h45-18h00 : Accueil - 18h00-18h15 : Shmuel Trigano, Une crise mondiale, une introduction - 18h15-18h45 : Shmuel Trigano, L’éclipse du citoyen - 18h45-19h15 : Haïm Navon : Pourquoi la politique des identités estelle un danger pour l’identité * - 19h15-19h45 : Rachel Israël, « Malaise dans la Culture » : de l’essai de Freud à l’actualité sociétale 19h45-20h15 : COCKTAIL -

20h15-20h45 : Gadi Taub, Politique d’immigration et montée du libéralisme anti-démocrate * - 20h45-21h15 : Mordekhai Nisan, La démocratie israélienne – idéologie, citoyenneté et guerre * - 21h15-21h45 : Pierre Lurçat, Le pouvoir judiciaire contre le peuple : Comment la Cour suprême est devenue le premier pouvoir en Israël 21h45-22h00 : Débat et Conclusion

 

Conférence Dialogia à Tel-Aviv : Où va la démocratie ?

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