Overblog
Follow this blog Administration + Create my blog
VudeJerusalem.over-blog.com

armee de l'air

Comment l’establishment judiciaire a rendu possible le 7 octobre (III): Ces juristes qui ont empêché la mobilisation de Tsahal et de l’armée de l’air

September 3 2024, 14:30pm

Posted by Pierre Lurçat

Comment l’establishment judiciaire a rendu possible le 7 octobre (III):  Ces juristes qui ont empêché la mobilisation de Tsahal et de l’armée de l’air

Comment l’establishment judiciaire a rendu possible le 7 octobre (I) La Cour suprême et la première brèche dans la barrière autour de Gaza - VudeJerusalem.over-blog.com

Comment l’establishment judiciaire a rendu possible le 7 octobre (II): La Cour suprême, cheval de Troie des ennemis d’Israël ? - VudeJerusalem.over-blog.com

Dans un article publié en février 2024 dans ces colonnes, je posais la question de savoir où était l'armée de l'air à l'heure fatidique où des milliers de citoyens sans défense étaient attaqués, pourquoi aucune escouade n'est-elle venue bombarder les hordes du Hamas et leurs supplétifs et pourquoi pas un seul avion n'était dans le ciel au-dessus de Gaza ? Des informations rendues publiques la semaine dernière permettent enfin d’apporter une réponse à cette question, qui a taraudé de nombreux Israéliens depuis le 7 octobre.

 

Selon le scoop diffusé par Avi Weiss, rédacteur en chef adjoint du site The Com, ce sont les juristes du département du procureur militaire qui ont retardé l’entrée en action de l’armée de l’air le 7 octobre. “Ils ont été les premiers mobilisés”, raconte Weiss au micro de Galit ben Horin. “Une centaine de juristes du département du procureur militaire de Tsahal étaient présents à la “Kyria” – la base de l’état-major au centre de Tel-Aviv – dès 8 heures du matin, samedi 7 octobre. Comme l’a confirmé le général (retr.) Uzi Dayan, ce sont de soi-disant “problèmes juridiques” qui ont empêché l’armée de l’air d’intervenir contre les colonnes du Hamas à la frontière de Gaza. Quelques tirs de semonce et bombardements d’avions et d’hélicoptères de combat – présents dans des bases à quelques minutes de Gaza – auraient pourtant suffit à mettre en déroute les soldats du Hamas et leurs supplétifs…

 

Mais ces tirs n’ont pas eu lieu. Les commandants de l’armée de l’air attendaient le “feu vert” du procureur militaire et du conseiller juridique du gouvernement, feu vert qui n’est jamais arrivé. Pourquoi ? Un des éléments les plus stupéfiants révélés par le journaliste Avi Weiss, au micro de Galit Ben Horin, est que l’establishment judiciaire a exigé une décision officielle du gouvernement décrétant l’état de guerre, décision qui était en vérité totalement superflue, dès lors que le Premier ministre avait lui-même déclaré que le pays était en guerre dès 11 heures du matin. Mais l’armée de l’air – comme ses chefs l’avaient répété ad nauseam pendant les mois fatidiques qui ont précédé le 7 octobre – a préféré obéir aux juristes plutôt qu’au gouvernement[1].

 

Comme l’explique encore Avi Weiss, "il est probable, mais cela reste à prouver, que personne n’a mis au courant Netanyahou que les juristes interdisaient à l’aviation d’intervenir. Depuis des années, l’armée israélienne fonctionne de façon indépendante. Donc, tous les échanges avec les juristes militaires sont considérés comme internes à l’armée et confidentiels, par conséquent nul besoin de tenir les politiques au courant".

 

Ce que signifie ce scoop (qui n’a pas été relayé par les grands médias israéliens – alignés sur l’opposition actuelle et pratiquant une information très sélective –) c’est que l’armée de l’air a failli à sa mission essentielle, celle de protéger les frontières et les citoyens d’Israël, pour la raison précise qu’elle n’a pas voulu obéir au gouvernement, préférant attendre les consignes de l’establishment judiciaire… La réalité sinistre annoncée pendant les longs mois de lutte fratricide contre la réforme judiciaire – celle d’une armée refusant d’obtempérer aux ordres d’un gouvernement considéré comme illégitime – s’est finalement matérialisée le 7 octobre. Ce sont les citoyens en arme, les policiers et quelques unités d’infanterie et de blindés qui ont sauvé le pays d’une catastrophe encore plus grande, tandis que l’armée de l’air, elle, ne bougeait pas…

 

Pour conclure – provisoirement – sur ce sujet, j’ajouterai une note personnelle à l’attention des lecteurs opposés à la réforme judiciaire. Celle-ci, comme il s’avère aujourd’hui de manière tragique, est une nécessité vitale pour que notre pays puisse se défendre contre ses ennemis. L’establishment judiciaire, comme j’ai essayé de le démontrer dans cette série d’articles, a émasculé notre armée et l’a empêché de protéger notre pays. Même en acceptant l’argument discutable[2], selon lequel la réforme rendrait Israël moins démocratique, il reste à choisir entre un pays “plus démocratique” mais à la merci de ses ennemis, et un pays “moins démocratique”, mais capable de survivre. Et toi, ami lecteur, préfères-tu être “démocratique”, ou être vivant ?

P. Lurçat

 

 

 

[1] Remarquons au passage que la déclaration d’état de guerre faite par le Premier ministre est un des exemples classiques illustrant le “pouvoir performatif” du langage, c’est-à-dire la capacité d’énoncer une réalité qui s’auto-réalise dès lors qu’elle est affirmée… Mais dans la nouvelle réalité créée par l’establishment judiciaire en Israël, le pouvoir exécutif a été peu à peu privé de toutes ses prérogatives, y compris celle, cruciale, de déclarer l’état de guerre.

[2] Argument que j’ai longuement contesté dans mon livre Quelle démocratie pour Israël?

Le dernier volume de la bibliothèque sioniste, consacré à David Ben Gourion et intitulé L’Etat d’Israël et l’avenir du peuple Juif, vient de paraitre aux éditions de l’éléphant.

Le dernier volume de la bibliothèque sioniste, consacré à David Ben Gourion et intitulé L’Etat d’Israël et l’avenir du peuple Juif, vient de paraitre aux éditions de l’éléphant.

See comments

Où était l’armée de l’air le 7 octobre? Ces “Gatekeepers” qui ont laissé entrer l’ennemi (III)

February 26 2024, 15:33pm

Un sentiment de supériorité et d'invincibilité

Un sentiment de supériorité et d'invincibilité

 

Au cours des mois qui ont précédé le 7 octobre, on a entendu à plusieurs reprises des officiers supérieurs de Tsahal, y compris des anciens généraux et chefs d’état-major, affirmer sans sourciller qu’ils n’obtempéreraient pas aux ordres du gouvernement de B. Nétanyahou. Le summum de ces appels à l'insubordination a été atteint lorsque des pilotes et des anciens dirigeants de l'armée de l'air ont affirmé qu’ils n’obéiraient pas aux ordres, y compris pour attaquer l’Iran et sa capacité nucléaire ! Or, le jour fatidique du 7 octobre, l’armée de l’air était aux abonnés absents… Y a-t-il un lien entre cette absence tragique et les appels à l’insubordination qui l’ont précédée ? Et si oui, quel est-il ? Troisième volet de notre série d’articles consacrés aux “Gatekeepers” qui ont failli dans leur mission de défense d’Israël.

 

Pourquoi le 7 octobre ? Ces “Gatekeepers” qui ont ouvert la porte à l’ennemi (I), Pierre Lurçat - VudeJerusalem.over-blog.com

Pourquoi le 7 octobre ? (II) Ces “Gatekeepers” qui ont oublié qui était l’ennemi, Pierre Lurçat - VudeJerusalem.over-blog.com

 

Une des questions les plus obsédantes que se posent des millions d'Israéliens et de Juifs à travers le monde depuis le 7 octobre est celle de savoir où était Tsahal, lorsque les hordes barbares de Gaza ont envahi le territoire israélien. Il ne s'agit pas d'une question théorique ou théologique, comme celle de savoir où était D.ieu pendant la Shoah… Non, il s'agit d'une question très simple et concrète. Où était Tsahal, où étaient ses chefs et ses officiers, et pourquoi ont-ils mis plusieurs heures avant de réagir, alors même que des centaines de soldats et de civils avaient déjà, eux, réagi et affluaient vers la frontière de Gaza ?

 

Cette question obsédante se pose avec une acuité décuplée s'agissant de l'armée de l'air, considérée depuis plusieurs décennies comme le fleuron de l'armée israélienne et devenue le pilier de sa doctrine stratégique de défense depuis 1967. Où était l'armée de l'air, pourquoi aucune escouade n'est-elle venue bombarder les hordes du Hamas et leurs supplétifs, pourquoi pas un seul avion n'était dans le ciel au-dessus de Gaza, à l'heure fatidique où des milliers de citoyens sans défense étaient attaqués ? La réponse définitive sera sans doute, espérons-le, donnée un jour par une commission d'enquête.  Une série documentaire de la chaîne publique Kan11 permet d’ores et déjà d’apporter des éléments de réponse.

 

Ha-Ahat” (“The One”) relate l'histoire d'une unité de l'armée de l'air, l'escouade 201, en octobre 1973. Le reportage nous plonge dans la vie quotidienne des pilotes pendant les heures critiques de la guerre de Kippour. On y découvre leur courage qui confine parfois à l’héroïsme (ainsi, un des pilotes fait prisonnier raconte avoir dit à un pilote égyptien, rencontré après la guerre : “vous avez utilisé de l’électricité (pour nous torturer) et nous avez brisé des cannes sur le dos, et nous n’avons rien dit… Je vais te révéler un secret : ‘Si vous m’aviez chatouillé, j’aurais tout raconté !”). Mais on découvre aussi leurs faiblesses et leur sentiment de supériorité et d'invincibilité, qui se mêle aux remords éprouvés après l’opération au cours de laquelle ils ont descendu par erreur un avion civil libyen, qui avait pénétré l’espace aérien d’Israël. La journaliste Sima Kadmon – elle-même ancienne soldate de l’unité – se focalise sans cesse sur les remords et sur le sentiment de culpabilité, comme si c’était l’aspect le plus important dans le vécu de ces soldats d’élite.

 

Un des moments clés du reportage est ainsi celui où un des pilotes exprime son sentiment à l’égard du gouvernement actuel (la série a été diffusée en septembre 2023). Lorsque Sima Kadmon lui demande ce qu’il répondrait à son petit-fils, s’il lui demandait s’il doit être incorporé dans l’armée, il répond sans hésiter : “Je lui dirais, mon cher petit-fils, je veux te dire qu’il n’est pas bon de mourir pour notre patrie… Et je souhaite que tu protèges ta vie. Et si tu dois prendre des risques pour ta vie, que cela soit pour la paix et pas pour la guerre…”. La journaliste insiste, en remarquant que c’est un message très troublant pour un jeune homme qui s’apprête à entrer dans l’armée… L'ancien pilote répond alors qu’il sait parfaitement ce que signifie qu’il n’est pas bon de mourir pour sa patrie. Car, explique-t-il, “notre pays a changé de visage. Ce n’est pas le pays duquel nous décollions alors…

 

Cette déclaration sans ambages d’un pilote n’est pas un acte isolé. Elle représente un état d’esprit hélas très présent au sein de ces anciennes élites de l’armée de l’air, qui ont subi en octobre 1973 un traumatisme dont elles ne se sont jamais remises. Ces anciennes élites ont joué un rôle clé – notamment à travers le mouvement “Ahim Laneshek” (Frères d'armes) – dans les manifestations incessantes qui ont prétendu faire tomber le gouvernement démocratiquement élu de l’Etat d’Israël, au cours des mois de luttes fratricides qui ont précédé le 7 octobre. A cet égard, elles portent une part de responsabilité dans ce qui s’est produit le jour fatidique de Simhat Torah.

 

La bonne nouvelle est toutefois que, même si l’armée de l’air était aux abonnés absents le 7 octobre, pour des raisons qui demeurent inexpliquées à ce jour, et même si une partie des élites au sein même de Tsahal a adopté un discours post-sioniste et anti-démocratique, à l’instar de ce pilote de l’unité 201, la jeunesse d’Israël, dans son immense majorité, reste profondément sioniste et continue de penser qu’il est “bon de mourir pour sa patrie”. Elle l’a prouvé le 7 octobre et continue de le démontrer chaque jour de la guerre la plus longue qu’Israël a connue depuis 1948.

P. Lurçat

Confiez-moi votre projet immobilier à Jérusalem ! pierre.c21jer@gmail.com

Confiez-moi votre projet immobilier à Jérusalem ! pierre.c21jer@gmail.com

See comments