Overblog
Follow this blog Administration + Create my blog
VudeJerusalem.over-blog.com

aharon barak

Israël “Etat d’apartheid”? Contre-vérités et propagande mensongère autour de la Loi “Israël Etat-nation du peuple Juif”, par Pierre Lurçat, avocat

August 6 2018, 16:20pm

Posted by Pierre Lurçat

Israël “Etat d’apartheid”? Contre-vérités et propagande mensongère autour de la Loi “Israël Etat-nation du peuple Juif”, par Pierre Lurçat, avocat

Israël “Etat d’apartheid”? Contre-vérités et propagande mensongère autour de la Loi “Israël Etat-nation du peuple Juif”, par Pierre Lurçat, avocat

 

“Tes destructeurs et les auteurs de ta ruine sortiront de toi”.

Isaïe 49, 17

 

Depuis le vote par la Knesset de la Loi fondamentale “Israël Etat-nation du peuple Juif”, les opposants à la loi en Israël, relayés par certains médias internationaux hostiles à Israël, propagent de nombreuses contre-vérités à son sujet, par ignorance ou par malveillance. Le présent article vise à rétablir certaines vérités fondamentales sur ce sujet important.

 

Une “loi controversée”, partisane et “contraire aux principes fondateurs de l’Etat d’Israël?”

 

Loi controversée” : par cette expression, les médias entendent discréditer le contenu de la loi avant même de l’avoir exposé. En réalité, cette loi fondamentale a été adoptée par une majorité absolue de 62 députés de la Knesset contre 55. (A titre de comparaison, la “Loi fondamentale sur la dignité et la liberté humaine” avait été adoptée en 1992 à une majorité de 32 voix contre 21). A noter : le principal artisan de la Loi, Avi Dichter, était au moment où il a entamé le travail législatif, il y a huit ans, membre du parti centriste Kadima, aux côtés de Tsippi Livni, qui mène aujourd’hui la campagne de l’opposition contre la Loi, ce qui montre bien qu’il ne s’agit pas d’un texte partisan ou “d’extrême-droite”...

 

Une loi qui bouleverse le statu-quo, et transforme Israël en Etat-nation du peuple Juif?

 

Selon certains de ses opposants, cette loi serait contraire aux “fondements d’un Etat juif et démocratique” (selon les termes de la pétition signée par plusieurs centaines d’intellectuels israéliens, qui ne l’ont apparemment pas bien lue). En réalité, la Loi fondamentale s’inscrit dans la suite logique de la Déclaration d’indépendance de 1948, dont elle reprend les éléments essentiels. Elle ne “transforme” pas Israël en Etat-nation du peuple Juif, ce qu’il a toujours été conformément aux principes du sionisme politique et à la volonté de ses pères fondateurs. La loi se contente, plus modestement, de réaffirmer le caractère juif de l’Etat et le droit à l’autodétermination du peuple Juif dans le cadre d’un Etat-nation, deux notions essentielles qui étaient largement considérées comme acquises depuis 1948 et faisaient depuis toujours partie du consensus à l’intérieur d’Israël.

 

Une loi contraire à la Déclaration d’indépendance de 1948?

 

C’est sans doute la contre-vérité la plus flagrante. Non seulement la Loi fondamentale n’est pas contraire à la Déclaration d’Indépendance, mais elle vient en réalité réaffirmer les principes essentiels de cette dernière. Pourquoi? Parce que le consensus exprimé dans la Déclaration d’indépendance de 1948 a été largement érodé au cours des dernières années, et notamment depuis que la Cour suprême a entrepris de porter atteinte au caractère juif de l’Etat d’Israël, depuis le début des années 1990, en prétendant remplacer l’Etat juif par un “Etat de tous ses citoyens”, selon la volonté affichée de son président, le juge Aharon Barak (1).

 

 

David Grossman, emporté par l’excès et l’emphase

 

Une loi excluant les minorités non juives de la pleine citoyenneté = une loi d’apartheid?

 

Cette accusation est la plus dangereuse de toutes, car elle accrédite la notion d’un “Etat d’apartheid” utilisée depuis des décennies par les ennemis d’Israël, notion à laquelle des intellectuels israéliens renommés apportent aujourd’hui leur caution morale. C’est ainsi que l’écrivain David Grossman écrit, dans les colonnes de Ha’aretz (repris et traduit intégralement par Libération), que “le Premier ministre d’Israël s’est déterminé à ne pas mettre fin à l’occupation et à la situation d’apartheid dans les Territoires occupés, mais, au contraire, à les intensifier et à les transférer de ces territoires au cœur de l’Etat d’Israël”. Ce faisant, il commet une double erreur. Erreur historique et politique tout d’abord, car il n’y a pas, et il n’y a jamais eu de situation d’apartheid en Israël, ni à l’intérieur de la “ligne verte”, ni dans les territoires de Judée-Samarie (2).

 

Erreur morale ensuite, parce qu’en accusant le gouvernement de vouloir instaurer un régime d’apartheid à l’intérieur d’Israël, Grossman n’efface pas seulement la frontière physique entre le “petit Israël” d’avant 1967 et les territoires bibliques de Judée et de Samarie. Il abolit aussi et surtout la mince frontière rhétoriquequi séparait encore, jusqu’à hier, la gauche sioniste de l’extrême-gauche antisioniste. En considérant désormais que la “réalité d’apartheid” - qu’il avait auparavant cru déceler dans les “territoires occupés” - menace l’ensemble de l’Etat d’Israël, David Grossman laisse sa pensée dériver, emporté par l’excès et l’emphase, au point de rejoindre dans son discours les contempteurs les plus radicaux du sionisme. Sa dénonciation de “l’apartheid” est désormais reprise par les médias du monde entier, et pas seulement par ceux qui ont fait de la détestation d’Israël leur marque de fabrique.

 

La dérive de la gauche israélienne

 

Entraînés par le courant de leur détestation envers B. Nétanyahou, les intellectuels de la gauche israélienne sont en train de franchir allègrement toutes les lignes rouges et de détruire les derniers éléments restés encore intacts du consensus national, déjà largement effrité par les accords d’Oslo et par le retrait de Gaza. Cette fuite en avant de la gauche israélienne se traduit notamment par son jeu dangereux à l’égard de la minorité druze, dont elle incite certains éléments radicaux (qui sont loin de représenter l’ensemble du public druze), en risquant de mettre à mal l’alliance scellée dans le sang des soldats de Tsahal, établie depuis 70 ans entre druzes et Juifs en Israël.

 

 

L’alliance scellée dans le sang entre Juifs et druzes


 

Comme l’écrit dans les colonnes d’Israel Hayom l’éditorialiste Amnon Lord, observateur attentif de la vie politique israélienne, et notamment de la gauche dont il est lui-même issu, “un grand écrivain israélien (3) a affirmé autrefois que “l’histoire juive tout entière nous montre que l’élite juive a toujours été en danger de faillite morale, alors que le petit peuple (N.d.T. “Am’ha” en hébreu) a constitué la colonne vertébrale du peuple Juif. Il en a été ainsi à l’époque du Premier et du Deuxième Temple, et aussi à la veille de la Shoah. L’élite a toujours été encline à l’auto-destruction. L’identité juive a été préservée par le petit peuple”. Et Amnon Lord conclut: “La Loi sur l’Etat-nation a été conçue pour le petit peuple. L’Etat juif a été fondé pour que des brutes - intellectuelles et physiques - ne viennent plus menacer les Juifs”. Ou pour dire les choses en d’autres termes, ceux du prophète Isaïe que nous avons lus samedi dernier dans la Haftara, “Tes destructeurs et les auteurs de ta ruine sortiront de toi”.

 

Pierre Lurçat

 

Notes

1. Je renvoie à ce sujet à mon article “Comment la gauche israélienne est devenue une minorité tyrannique”, Vu de Jérusalem, 5 février 2018.

2. Dans un discours prononcé à l’occasion du Jour des soldats tombés en Israël, David Grossman avait déjà dénoncé la “réalité d’apartheid dans les territoires occupés” (thème devenu son cheval de bataille depuis son livre Le vent jaune paru en 1988).

3. J’invite mes lecteurs perspicaces à trouver le nom de cet écrivain, qui n’est pas mentionné par Amnon Lord, et à me soumettre leurs suggestions à pierre.lurcat@gmail.com

__________________________________________________________________________

Prochaine formation à l'examen d'agent immobilier à Jérusalem / Tel-Aviv

Formation à l’examen d’agent immobilier israélien

Session août-septembre 2018 – Tel Aviv 

La prochaine formation à l'examen d'agent immobilier aura lieu du 28 août au 5 septembre à Tel-Aviv, en vue de l’examen d’agent immobilier israélien qui se tiendra le 23 octobre 2018. Au terme de la formation et après avoir réussi l’examen, les élèves pourront obtenir la carte professionnelle permettant d’exercer la profession d’agent immobilier (metave’h) en Israël, dans une agence ou à leur compte. * Une formation est également prévue à Jérusalem, me contacter.

J’ai mis en place cette formation depuis 2006 en Israël, et j’ai préparé plusieurs centaines d’Olim francophones (avec un taux de réussite dépassant 75%) à l’examen organisé par le ministère israélien de la Justice, seul habilité à délivrer la carte professionnelle. Important : il n’est pas nécessaire d’être israélien pour travailler comme agent immobilier en Israël !

Niveau d'hébreu exigé

Cet examen est un examen théorique portant sur le droit israélien, qui a lieu 4 fois par an en Israël. Il s’agit d’un QCM (questionnaire à choix multiple), ce qui signifie qu’il n’est pas indispensable de savoir écrire en hébreu. Il n'est pas non plus nécessaire d'avoir un très bon niveau de lecture pour suivre le cours. Un niveau moyen est suffisant, à condition de fournir un travail personnel en plus des cours de préparation.

Pour plus d’informations, n’hésitez pas à me contacter par email pierre.lurcat@gmail.com ou par téléphone au 050 286 5143 ou 06 80 83 26 44  (France).

 

Pierre Lurçat, avocat au barreau israélien, spécialiste de la formation aux examens de droit

See comments

Comment la gauche israélienne est devenue une minorité tyrannique, par Pierre Lurçat

February 5 2018, 08:07am

Posted by Pierre Lurçat

Comment la gauche israélienne est devenue une minorité tyrannique, par Pierre Lurçat

Comment la gauche israélienne est devenue une minorité tyrannique, par Pierre Lurçat

 

La situation politique actuelle en Israël, aux Etats-Unis, en France et dans d’autres pays occidentaux présente de nombreuses similitudes. La coupure grandissante entre le peuple et les “élites”, l’attitude des grands médias - qui se donnent de plus en plus pour mission de dire ce qu’il faut penser, au lieu de se contenter plus modestement d’informer - et la décrépitude des partis de la gauche historique (PS et PC en France, parti travailliste en Israël) ; ces différents phénomènes ont évidemment des causes diverses et multiples, qui varient selon les pays concernés. Il semble toutefois qu’on peut leur trouver des racines communes, en partant de l’exemple israélien.

 

 

Rendant hommage au poète et écrivain Haïm Gouri, décédé la semaine dernière, le journaliste Nahum Barnéa écrivait dans les colonnes de Yediot Aharonot les lignes suivantes: “Gouri était notre dernier poète national. Non parce qu’il n’existe pas, et n’existera plus de poètes et d’écrivains de qualité après lui, mais parce qu’il n’y a plus de consensus national, de solidarité interne et de dirigeants capables d’apprécier l’oeuvre d’un poète”. Ce diagnostic comporte une part de vrai : le consensus national a certes été mis à mal ces dernières années, et le sentiment que Gouri (et d’autres) incarnaient un “Bel Israël” en voie de disparition est partagé par beaucoup. Mais les mots de Barnéa attestent aussi d’une grande hypocrisie. Car s’il n’existe plus de consensus national aujourd’hui en Israël, c’est largement du fait du travail de sape entrepris depuis des années par le courant politique auquel Nahum Barnéa appartient - la gauche - qui s’efforce par tous les moyens d’ôter toute légitimité au gouvernement, aux idées et aux réalisations de tous ceux dont il ne partage pas le point de vue.

 

Une des dernières illustrations de ce travail de sape nous est donnée par l’article publié  par le juge Aharon Barak, dans le même numéro du journal où écrit Nahum Barnéa. Aharon Barak est un des hommes qui a assumé le rôle le plus déterminant, au cours des dernières décennies, pour modeler le visage de la société et des institutions israéliennes. Il est celui qui est parvenu, au moyen de la “Révolution constitutionnelle” dont il a été l’instigateur et le principal maître d’oeuvre, à transformer la Cour suprême d’Israël en premier pouvoir, aux mains d’une élite post-sioniste, comme je l’ai décrit (1). Barak, en tant que “grand-prêtre” de la minorité ultra-laïque de gauche, a ce faisant réussi à donner aux anciennes élites, aujourd’hui minoritaires dans l’opinion et à la Knesset, l’illusion qu’elles pouvaient continuer à gouverner et à régner sans partage, comme avant le “Ma’apah” de 1977 (l’arrivée au pouvoir de Menahem Begin).

 

Aharon Barak - le “grand-prêtre” des élites laïques post-sionistes


 

Le pouvoir exorbitant de la Cour suprême israélienne

 

En réalité, grâce à Barak et à quelques autres (dont fait aussi partie Nahum Barnéa), les élites de la gauche post-sioniste, de plus en plus coupées du peuple - auquel elles vouent souvent un mépris non dissimulé, comme en témoigne leur attitude actuelle dans le débat sur les immigrants clandestins à Tel-Aviv - s’efforcent d’empêcher les gouvernements de droite qui se sont succédés depuis 1977 (à l’exception de l’intermède d’Oslo entre 1992 et 1996) d’exercer le pouvoir. C’est précisément pour “rendre le pouvoir au peuple” et à ses élus que l’actuelle ministre de la Justice, Ayelet Shaked, et quelques autres, s’emploient aujourd’hui à restreindre le pouvoir exorbitant que s’est octroyé la Cour suprême, depuis la présidence d’Aharon Barak. Comme l’écrit Shaked, il faut “préserver la séparation du pouvoir et le gouvernement de la majorité”, pour éviter qu’Israël ne soit soumis à une “minorité tyrannique”.

 

Le mépris affiché par Aharon Barak pour ses opposants, y compris au sein de l’establishment judiciaire, illustre la manière dont les élites de la gauche israélienne se sont détachées de l’idéal démocratique. Comme l’écrit Ayelet Shaked dans sa réponse à Aharon Barak, il est “attristant de constater qu’à vos yeux, le monde se divise entre ceux qui partagent votre point de vue et ceux qui ne comprennent rien”. Convaincu d’être le représentant des “élites éclairées” (concept que le juge Barak a forgé et utilisé dans ses décisions à la Cour suprême), il se soucie peu de convaincre ses opposants ou de savoir que la majorité des Israéliens ne pensent pas comme lui. L’essentiel est que ses idées puissent continuer de régner au sein du pouvoir judiciaire et d’exercer leur influence sur la vie publique.

 

Ayelet Shaled : rendre le pouvoir au peuple.


 

Dans la doctrine d’Aharon Barak, qualifiée par Menahem Mautner de “fondamentalisme juridique”, la légitimité et l’activité du pouvoir - exécutif ou législatif - sont entièrement soumises à la loi, que seuls les juges sont à même d’interpréter. A ce titre, les juges sont à ses yeux l’autorité suprême, devant laquelle doivent s’incliner tant les dirigeants élus du peuple que les législateurs. Ce qu’il prétend aujourd’hui être un “danger pour la démocratie israélienne” n’est en réalité que l’exercice légitime du pouvoir par le gouvernement et par la Knesset, qui tentent tant bien que mal de retrouver leurs prérogatives, rognées par deux décennies d’activisme judiciaire et de négation de la séparation des pouvoirs.

 

De la gauche libérale à la gauche totalitaire

 

Pour comprendre comment une conception des institutions et de l’équilibre des pouvoirs aussi éloignée des principes fondateurs de la démocratie a pu s’imposer aussi largement en Israël, il faut la resituer dans l’histoire politique des quarante dernières années, et plus précisément dans l’évolution de la gauche israélienne. Celle-ci, qui a participé de manière déterminante à la construction de l’Etat pendant la période du Yishouv et les premières décennies après 1948, est devenue dans les années 1990 (époque des accords d’Oslo et de la Révolution constitutionnelle) une force destructrice, animée par un esprit nihiliste et dévastateur (2).

 

Comme l’expliquait il y a une dizaine d’années la politologue Raya Epstein, dans un ouvrage consacré au post-sionisme, la gauche israélienne a en effet largement renoncé au modèle de la démocratie libérale, pour adopter celui de la démocratie totalitaire, à savoir un régime idéologique reposant sur l’hypothèse d’une vérité unique. Ce régime idéologique, qu’on pourrait aussi définir comme celui de l’idéologie dominante, est selon Epstein “l’antithèse totale du judaïsme religieux, de l’identité juive en général, de la démocratie libérale et du sionisme”. (3) L’analyse de Raya Epstein porte uniquement sur le cas israélien, mais on peut l’appliquer à celui d’autres pays occidentaux, en proie à une évolution similaire. Dans tous les pays où la gauche, en perte de vitesse, a perdu l’espoir de regagner le pouvoir par les urnes (seule manière d’accéder au pouvoir en démocratie…) elle est tentée de renoncer au modèle de la démocratie libérale pour revenir à celui de la gauche totalitaire, qui n’a jamais totalement disparu de son univers idéologique. Ou comme le disait Bertolt Brecht, de vouloir “dissoudre le peuple” pour en élire un autre.

 

Pierre Lurçat

 

(1) Je renvoie à mon récent article Les dangers du “fondamentalisme juridique” en Israël aujourd’hui” et au chapitre 13 de mon livre La trahison des clercs d’Israël, La Maison d’édition.

(2) Sur ce sujet, voir l’analyse détaillée de Y. Hazony, L’Etat juif, Sionisme, post-sionisme et destins d’Israël, traduction française de Claire Darmon, édition L’éclat 2007.

(3) Raya Epstein, “Postzionism and democracy”, in Israel and the Post-Zionists, Sh. Sharan (éd), Sussex Academic Press 2003.

 

See comments

<< < 1 2 3 4