Dans la tête d’un lecteur d’Ha'aretz (III) : Quand la gauche israélienne recycle les pires accusations antisémites
Dans les 2 premiers volets de cette série d’articles, nous avons vu comment Ha’aretz accusait Tsahal de commettre un génocide à Gaza et comment sa compassion pour les « civils innocents » de Gaza s’accompagnait d’une détestation pour les Juifs. Dans ce troisième volet, nous allons voir comment cette détestation – en particulier pour les Juifs habitant en Judée-Samarie – a contribué à l’aveuglement qui a mené au 7 octobre.
Dans la tête d’un lecteur d’Ha'aretz (I): Gaza, “génocide” ou “extermination”? Pierre Lurçat - VudeJerusalem.over-blog.com
Dans la tête d’un lecteur d’Ha'aretz (II) : Compassion pour Gaza et détestation des Juifs, Pierre Lurçat - VudeJerusalem.over-blog.com
Rencontrant un célèbre intellectuel juif français, un rabbin sioniste religieux bien connu eut la surprise de l’entendre affirmer que les “colons empoisonnaient les puits des Palestiniens” en Judée-Samarie. L’accusation n’est pas nouvelle : elle a été proférée par Mahmoud Abbas (que certains s’entêtent à qualifier de “modéré”) en juin 2016. Or cette accusation n’est pas seulement un fake-news, utilisé par le vieux leader de l’Autorité palestinienne dans sa guerre idéologique contre Israël. Il s’agit aussi de la remise au goût du jour d’un poncif de l’antisémitisme séculaire.
C’est en effet le thème ancien et très répandu au Moyen-Age des “Juifs empoisonneurs”, qui est réapparu au 16e siècle sous la plume féconde de Martin Luther, puis au 20e siècle lors de l’affaire du “complot des blouses blanches” en URSS. On constate donc que l’antisionisme contemporain n’invente rien : il se contente de recycler les poncifs éculés de l’antisémitisme à travers les siècles, en les remettant au “goût du jour”. La propagande contemporaine contre Israël puise sans cesse dans l’imaginaire collectif occidental et dans l’arsenal de la propagande antisémite[1].
Mais cela n’explique pas comment notre intellectuel juif français pouvait croire à ce mensonge éhonté de la propagande palestinienne. La réponse est que les mensonges palestiniens sont jour après jour repris par le journal Ha’aretz, qui s’est donné pour mission de calomnier de manière quotidienne – à travers la thématique mensongère de la “violence des colons” – les habitants juifs de Judée-Samarie, devenus sous la plume d’Amira Hass, de Gideon Levy et d’autres journalistes de Ha’aretz les nouveaux ennemis du genre humain.
Ce travail de sape quotidien dans l’organe de presse des élites israéliennes explique pourquoi, après le 7 octobre (!), un officier supérieur de Tsahal pouvait organiser un exercice simulant l’enlèvement d’un Palestinien par des “colons” juifs… Il explique aussi pourquoi les dirigeants actuels et passés du Shin-Beth – les fameux “Gatekeepers” qui n’ont pas vu venir le 7 octobre en dépit de tous les signes avant-coureurs – sont obnubilés par la “menace” fantasmatique que constituent à leurs yeux les habitants juifs de Judée-Samarie, devenus leur obsession, au point qu’ils font passer au second plan la menace – bien réelle – du terrorisme arabe en Judée-Samarie, à Gaza et ailleurs.
La lecture du journal Ha’aretz permet donc de répondre à une des questions les plus obsédantes, que des millions d’Israéliens se posent ces derniers mois, et encore plus depuis l’attaque réussie contre l’Iran. Comment Israël a-t-il pu remporter une victoire aussi éclatante contre l’Iran des Mollahs et sa menace nucléaire, et s’être laissé surprendre par le Hamas, milice terroriste renforcée par les supplétifs “civils” de Gaza montés sur de simples scooters ?
Une des réponses à cette question obsédante – qui comporte évidemment d’autres dimensions, qui relèvent aussi du plan spirituel, voir du “nistar” (la dimension cachée de la Torah) – est que le Shin-Beth, responsable de Gaza (alors que l’Iran relève du Mossad et d’Aman) est dirigé par des Israéliens de gauche et d’extrême-gauche, formatés par la lecture quotidienne d’Ha’aretz. La propagande pernicieuse du quotidien post-sioniste a fini par aveugler les responsables de la sécurité intérieure, avec les conséquences dramatiques que l’on sait.
Pierre Lurçat
NB Après avoir accusé injustement Israël « d’affamer les enfants de Gaza », la rabbin Delphine Horvilleur n’est pas revenue sur ses propos mensongers et incendiaires. J’invite donc mes lecteurs à continuer de signer et faire signer la pétition – lettre ouverte que je lui ai adressée, ici : https://chng.it/nKbYJ9zmFm
[1] J’ai développé cette analyse dans mon livre Les mythes fondateurs de l’antisionisme contemporain, éditions l’éléphant 2022, réédition 2024.