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Comment vaincre face au Hamas : Pourquoi le « Code éthique de Tsahal » est devenu obsolète, Pierre Lurçat

October 24 2023, 13:39pm

Posted by Pierre Lurçat

Comment vaincre face au Hamas : Pourquoi le « Code éthique de Tsahal » est devenu obsolète, Pierre Lurçat

 

Parmi les nombreuses conceptions qui se sont avérées obsolètes, au lendemain du samedi noir du 7 octobre 2023, il en est une qui pourrait jouer un rôle crucial dans la capacité d’Israël à triompher du Hamas et à assurer la sécurité d’Israël dans l’avenir. Je veux parler du fameux « Code éthique de Tsahal ». Comme l’expliquait le rabbin et mathématicien Eliahou Zini, il y a déjà 18 ans, « le code éthique de Tsahal affirme que l’objectif de Tsahal est de ‘faire entrave aux efforts de l’ennemi visant à perturber le cours normal de la vie’, comme si “la défense d’Israël se réduisait à la mise en place d’un abri pour sa population »[1].

 

Ces lignes rédigées en 2006 exposent de manière prémonitoire la situation absurde à laquelle nous sommes parvenus, après plusieurs décennies durant lesquelles le post-sionisme a régné au sein des universités israéliennes (comme celle où enseignait l’auteur du Code éthique de Tsahal, Asa Kasher), des médias et d’une large partie de l’establishment sécuritaire et militaire. Aux yeux du distingué professeur de philosophie, Tsahal aurait pour objectif de « faire entrave aux efforts de l’ennemi » et non pas de vaincre, d’annihiler ou de détruire l’ennemi. Fort heureusement, les chefs de Tsahal et les dirigeants de notre petit pays semblent avoir compris – mieux vaut tard que jamais - après la terrible piqûre de rappel du 7 octobre, que nos ennemis avaient, quant à eux, la volonté de nous exterminer, et qu’il fallait en conséquence détruire le Hamas, et pas seulement « faire entrave à ses efforts ».

 

La différence n’est pas purement sémantique. En réalité, ce sont tous les présupposés et les fondements philosophiques et moraux du code éthique de Tsahal qui sont erronés. Parmi ces présupposés, j’en désignerai trois. Le premier est celui selon lequel l’ennemi aurait pour objectif de « perturber le cours normal de la vie » des citoyens israéliens. L’ennemi – qu’il s’agisse du Hamas, du Hezbollah, de l’Iran, du Djihad islamique ou même du Fatah – a pour unique et constant objectif de détruire Israël et de tuer tous les Juifs. « Perturber le cours normal de la vie » est un euphémisme insupportable, qui relève d’un langage totalement déconnecté de la réalité dans laquelle nous vivons.

 

Le second présupposé est celui de la « dignité humaine », ou même de l’humanité de nos ennemis. Quand le code éthique de Tsahal explique doctement que « Tsahal et ses soldats sont tenus de préserver la dignité humaine » et que « tous les êtres humains ont une valeur inhérente, indépendamment de leur race, de leur religion, de leur nationalité, de leur sexe ou de leur statut », il s’agit d’une erreur de perspective, à la fois militaire et morale. Imagine-t-on l’armée américaine affirmer qu’elle veut « préserver la dignité humaine des Allemands » en pleine Deuxième Guerre mondiale ?

 

Entraver l’ennemi ou l’éradiquer ?

 

Le troisième présupposé, sans doute le plus nocif, est celui selon lequel l’objectif de Tsahal serait limité à contrecarrer les projets de nos ennemis, et non à les vaincre. Comme je l’écrivais en 2018, le problème fondamental auquel Israël est confronté aujourd’hui n’est pas militaire, mais avant tout moral. Il s’agit essentiellement d’un problème de perception de soi et d’aveuglement volontaire. On peut le définir dans les termes suivants : Israël ne sait pas comment triompher du Hamas, parce qu’il est dépourvu de la conviction intime, tant morale que politique, que la victoire est possible et nécessaire.

 

Au lendemain de la terrible attaque de Simhat Torah, il faut croire et espérer que la société israélienne a enfin acquis cette conviction intime et que nos soldats, qui sont pleins d’ardeur guerrière et de détermination, pourront mener à bien leur mission nécessaire jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à la victoire totale, sans être entravés par un « Code éthique » inadapté et déconnecté de la réalité. A cet égard, un signe encourageant est cet encart publié dans plusieurs journaux ce shabbat :

 

« Code moral de l’armée d’Israël - Je suis prêt à me sacrifier pour sauver le peuple d’Israël. Les ennemis doivent être anéantis et non pas neutralisés. La population qui soutient le terrorisme est un ennemi. Un ordre qui met en danger la vie de civils ou de soldats pour préserver l’ennemi est un ordre illégal. C’est un impératif moral de détruire le mal, dans l’intérêt de l’humanité entière ».

 

Ce nouveau « code moral » se termine par un verset de la Bible, tiré des Psaumes du roi David, qui était aussi un grand chef de guerre : « Je poursuis mes ennemis, je les atteins ; point de relâche que je ne les aie détruits ». Tout lecteur sensé comprendra combien ces paroles du Psalmiste sont bien plus cohérentes et adaptées à la guerre contre le Hamas que les considérations idéalistes d’un professeur de philosophie, auteur d’un « code éthique de Tsahal », devenu du jour au lendemain entièrement obsolète depuis le 7/10. (à suivre…)

 

P. Lurçat

 

 

[1] Eliahou Zini, “Code éthique ou matraquage politique”, Forum Israël No. 3, “Le temps de la guerre”, éditions Ivriout 2006. Cité dans mon livre La trahison des clercs d’Israël, La Maison d’édition 2016.

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