Overblog
Edit post Follow this blog Administration + Create my blog
VudeJerusalem.over-blog.com

“Nous sommes tous Elor Azaria” : La révolution éthique a commencé au sein de Tsahal, Pierre Lurçat

May 8 2018, 09:05am

Posted by Pierre Lurçat

“Nous sommes tous Elor Azaria” : La révolution éthique a commencé au sein de Tsahal, Pierre Lurçat

Je remets en ligne cet article à l'occasion de la libération du soldat Elor Azaria. ברוך שובך! P.I.L


La journée du 9 août 2017 restera marquée d’une pierre noire dans l’histoire de Tsahal et de l’Etat d’Israël. Le jeune soldat Elor Azaria, membre d’une unité combattante qui se bat jour et nuit pour assurer la sécurité de son pays, est entré en prison pour avoir abattu un terroriste qui venait de commettre une tentative d’attentat contre des soldats de son unité. Le même jour, on apprenait que le soldat qui a blessé le terroriste de Halamish allait être décoré pour son acte de bravoure. Selon les normes éthiques en vigueur au sein de Tsahal - depuis la notion de “pureté des armes” qui remonte aux débuts de l’Etat et jusqu’au Code éthique rédigé par le professeur Assa Kasher en 1994 - un soldat israélien a donc le droit de neutraliser un terroriste qui est en train de perpétrer un attentat, mais dès que l’attentat est commis et que le terroriste a “fini sa tâche”, il faut protéger sa vie, y compris en le soignant, et laisser la justice lui infliger une peine qui sera souvent raccourcie, en conséquence d’un recours devant la Cour suprême ou d’un “échange de prisonniers” comme cela s’est trop souvent produit dans l’histoire récente d’Israël.

Image associée

Le Rav A.I.H Kook

Dans cette affaire, comme dans d’autres, c’est la tendance juive à vouloir incarner à tout prix des normes morales supérieures, en se comportant comme des agneaux dans un monde de loups, qui est à l’oeuvre. Or, comme l’écrivait le grand-rabbin du Yishouv, Avraham Itshak Hacohen Kook, répondant à une question du rav Zaïdel portant sur les guerres cruelles décrites dans la Torah, “Pour ce qui est des guerres, il était impossible à une époque où nos voisins étaient des loups sauvages, que seul Israël ne fasse pas la guerre, car alors les nations se seraient réunies pour nous exterminer” (1). Les propos du rav Kook sont toujours aussi actuels aujourd’hui qu’hier et nos voisins actuels sont tout autant des “loups sauvages” que ceux auxquels était confronté Israël à l’époque des guerres relatées dans la Torah.

 

Au lendemain même de l’entrée en détention d’Elor Azaria, on a appris que la Cour suprême avait réduit la peine infligée au terroriste qui avait poignardé un adolescent israélien de 13 ans à Pisgat Zeev il y a deux ans, le blessant grièvement, en tenant compte du “jeune âge” du terroriste… La victime (tout aussi jeune), aujourd’hui âgée de 15 ans seulement, a réagi avec une colère compréhensible, en affirmant que cette décision était un “blanc-seing au terrorisme”. On mesure à la lecture de cette information l’écart entre les normes juridiques et morales appliquées par les juges de la Cour suprême, enfermés dans leur tour d’ivoire, et la justice et la morale authentiques, telles que les conçoit notre Tradition. Comme je l’écrivais récemment à propos de la condamnation d’Elor Azaria, “ il s’agit d’un jugement qui relève de la “justice de Sodome” et pas du Tsedek véritable”.

 

La position du droit hébraïque sur les questions de la guerre et du sort réservé aux ennemis est beaucoup plus claire que celle du Code éthique de Tsahal (2). Selon le droit hébraïque, en effet, l’attitude d’Elor Azaria n’a rien de répréhensible, s’agissant d’empêcher de nuire un ennemi qui s’apprêtait à tuer des soldats… Selon les règles du droit juif de la guerre, c’est sans doute Elor Azaria qui aurait mérité une décoration, tandis que le soldat qui est courageusement intervenu à Halamish aurait été “réprimandé” pour ne pas avoir fini son travail... Car l’essentiel n’est pas, comme veulent nous le faire croire les partisans d’une morale abstraite, coupée des réalités de la guerre, d’avoir “l’armée la plus morale du monde”. L’essentiel est d’avoir l’armée la plus forte pour vaincre dans les prochaines guerres. L’essentiel est de préserver la capacité de dissuasion de Tsahal et la motivation de ses soldats.

 

De ce point de vue, l’attitude ferme et digne d’Elor Azaria est un exemple et un signe que la jeune génération est en train de comprendre que les normes du “Code éthique de Tsahal” ne sont pas des lois d’airain auxquelles ils doivent obéir les yeux fermés. L’essentiel, aux yeux de ces jeunes soldats intelligents et courageux, sur lesquels repose en définitive notre sécurité (car la force de l’armée israélienne a presque toujours reposé sur les soldats du rang, et pas sur les officiers supérieurs, comme l’ont montré, entre autres, les travaux de l’historien militaire Uri Milstein), c’est d’assurer la défense de leur pays et de leur peuple, y compris au prix d’entorses à des “valeurs éthiques” dont ils perçoivent bien le caractère illusoire et mensonger.

 

Il y a bientôt 30 ans, au début de la “Première Intifada”, un jeune soldat israélien, Yossi Hadassi, fut attaqué par un terroriste arabe alors qu’il était en chemin vers sa base militaire. Il réagit avec sang-froid et abattit l’assaillant avec son arme. Il reçut pour son acte de bravoure une décoration. Mais l’histoire du soldat Hadassi ne se termine malheureusement pas là. Les médias israéliens, comme dans l’affaire Azaria, prirent position dans leur majorité contre le jeune soldat, affirmant qu’il avait “tué” le terroriste sans justification. Hadassi ne supporta pas d’être traîné dans la boue par la presse de son pays. Le 30 mai 1989, il mit fit à ses jours.

Résultat de recherche d'images pour ""naomi shemer""

Naomi Shemer, la chanteuse nationale israélienne, publia alors dans les colonnes de Yediot Aharonot les lignes suivantes : “Nous sommes tous Yossi Hadassi. Le soldat Yossi Hadassi a tué son assaillant, et un an plus tard, il s’est suicidé. Ce n’est pas seulement Yossi Hadassi qui s’est suicidé, c’est un pays tout entier qui se suicide. Un pays tout entier se bat pour sa survie, alors que les enquêteurs, les policiers et les poètes veulent le rendre fou en le persuadant qu’il est un loup prédateur, un Goliath et un monstre. L’Intifada est un prétexte pour détruire Israël. Nous sommes tous Yossi Hadassi” (3).

 

Trente ans séparent l’affaire Azaria de l’affaire Hadassi. A de nombreux égards, les choses sont restées identiques. Les médias n’ont pas changé (même si de nouveaux journaux sont apparus, comme Makor Rishon et Israël Hayom, qui ont brisé le monopole de la gauche). Les procureurs et les juges militaires sont toujours pareils à eux-mêmes, et les normes perverties qu’ils appliquent sont aujourd’hui écrites et gravées dans le “Code éthique de Tsahal”, qui pérennise les conceptions fallacieuses de la “pureté des armes”, poussée à son extrémité la plus absurde. Mais une chose a changé : Elor Azaria n’a pas été considéré comme un paria et mis au ban de la société. Azaria est entré en prison la tête haute, accompagné de sa famille et soutenu par une large partie du peuple d’Israël. Comme Naomi Shemer, nous devons dire aujourd’hui, “Nous sommes tous Elor Azaria”.

 

Notes

 

(1) Cité par le rav Oury Cherki, “Une éthique juive de la guerre”, Forum-Israël No. 4, “Déraison d’Etat, juin 2007

 

(2) Comme je l’explique dans la dernière partie de mon livre, La Trahison des clercs d’Israël, La Maison d’Edition 2016.

 

(3) L’affaire Hadassi est rapportée par Dror Eidar dans les colonnes d’Israel Hayom, le 9.8.2017.

 

Comment on this post
J
Je suis Française et chretienne (pas catho) et j'aime tant Israël peuple de l'Eternel, peuple précieux et courageux. J'ai pétitionné pour la libération et l'acquittement d'Elor je suis triste et en colère car il est en prison. Dites-Lui qu'en France tellement de gens aiment Israël (même si cela vous paraît incroyable c'est vrai). Qu'Elor et sa famille soient bénis. Ici nous prions encore pour sa libération. <br /> L'Eternel garde Israël à toujours. Joëlle Fabre
Reply
C
Achever un prisonnier est un crime. Assassinat ou crime de guerre, comme vous voudrez, mais il n'y a aucun état démocratique qui tolère ce type d'acte. C'est l'honneur d'Israël de traiter ses prisonniers dans le respect du droit. C'est votre déshonneur d'appeler à la banalisation des exécutions sommaires.