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pierre lurcat

CONFÉRENCE EN LIGNE - JEUDI 3 JUIN 19H00 - L’Etat juif selon Jabotinsky

June 3 2021, 07:59am

Posted by Pierre Lurçat

Après le succès de la première conférence de Pierre Lurçat sur Zeev Jabotinsky, l’OSM  l'invite à nouveau pour mieux vous faire connaître cet important dirigeant sioniste.

The Israeli Right: From Jabotinsky to Netanyahu - The Tikvah Fund

73 ans après la proclamation de l’État d’Israël, la question des liens entre État et religion et entre Juifs laïcs et religieux continue d'interpeller le public israélien. 

 

Jabotinsky, outre ses idées sur la politique et l'économie, a aussi élaboré une réflexion approfondie sur sa vision du futur État juif, et sur la place que la tradition juive devait y occuper. Sur ce sujet crucial, comme sur d’autres, sa réflexion est plus actuelle que jamais.

 

Rendez-vous jeudi 3 juin à 19h (FR) -  

 

INSCRIPTIONS http://bit.ly/Jabontinsky_et_la_religion

 



 

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La rédemption sociale de Jabotinsky : une troisième voie économique pour Israël?

February 22 2021, 14:16pm

Posted by Pierre Lurçat

Le livre La rédemption sociale, recueil de textes inédits en français de Vladimir Z. Jabotinsky qui vient de paraître, offre un aperçu des conceptions sociales originales du grand dirigeant sioniste, inspirées de la Bible, et méconnues du lecteur francophone. Outre leur intérêt historique, ces textes - qui présentent un visage très différent du fondateur de l’aile droite du mouvement sioniste - ont aussi un intérêt très actuel, les conceptions de Jabotinsky montrant la voie pour que la "Start-Up Nation" devienne aussi un pays où règneront la prospérité et la justice sociale pour tous.

 

La rédemption sociale: Éléments de philosophie sociale de la Bible hébraïque par [Vladimir Zeev Jabotinsky, Pierre Lurcat]

 

Les textes ici publiés en français pour la première fois exposent les conceptions originales de Jabotinsky en matière sociale et économique, inspirées par la Bible hébraïque. La pensée économique et sociale de Jabotinsky n’est exposée de manière exhaustive et systématique dans aucun livre, ni même dans un recueil. On la trouve éparse dans quelques discours et articles, et notamment dans les Éléments de philosophie sociale de la Bible et dans L’idée du Yovel, qu’on lira ci-après. C’est dans la Bible hébraïque que Jabotinsky trouve le fondement de toute sa philosophie économique et sociale, qu’il résume dans la notion de Tikkoun Olam (réparation du monde).

 

Comme il l’explique, “Dieu a certes créé le monde tel qu’il est, mais que l’homme se garde bien de se satisfaire que le monde reste toujours “tel qu’il est” - car il est tenu de s’efforcer à tout moment de le perfectionner… car si Dieu y a laissé de si nombreuses lacunes - c’est précisément pour que l’homme lutte et aspire à la “réparation du monde”. L’idée de Tikkoun Olam trouve son application dans l’impératif de combattre la pauvreté, qui est à ses yeux non pas tant un mal inévitable qu’un mal inutile, qu’il incombe de faire disparaître en “réparant” le monde.

Pierre Lurçat

Le livre est disponible sur Amazon. Pour recevoir un service de presse, merci de m’écrire à pierre.lurcat@gmail.com

Voir sur le même sujet ma récente conférence donnée sous l'égide de l'Organisation sioniste mondiale, ici 

https://www.youtube.com/watch?v=lUIYVOAvMws

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La pensée économique de Jabotinsky, conférence organisée par l'OSM

January 21 2021, 11:02am

Posted by Pierre Lurcat

80 ans après la disparition de Jabotinsky, ses conceptions en matière politique et militaire ont été largement adoptées par les gouvernements israéliens successifs.
Mais dans un domaine crucial, ses idées n'ont pas été mises en application et font cruellement défaut : celui de l'économie.
Nous vous donnons rendez-vous le jeudi 21 janvier à 19h (FR) en compagnie de Pierre Lurçat pour trouver dans la pensée de Jabotinsky une source d'inspiration.

Inscrivez-vous
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80 ans après la disparition du Rosh Betar, ses conceptions en matière politique et militaire ont été largement adoptées par les gouvernements israéliens successifs, de Ben Gourion à Nétayahou. Les récents “Accords Avraham”, signés entre Israël et plusieurs pays du Golfe, sont la victoire éclatante de la doctrine du "mur de fer", développée par Jabotinsky il y a près d'un siècle.

Mais dans un domaine crucial, ses idées n'ont pas été mises en application et font cruellement défaut : celui de l'économie. Derrière la réussite économique israélienne se cache en effet une réalité sociale bien différente, marquée par des inégalités croissantes et par une pauvreté endémique.

Israël est passé presque sans transition d'une économie socialiste à une économie ultra-libérale, qui génère des millions de laissés pour compte, familles appauvries et salariés qui ne parviennent pas à finir le mois.

Jabotinsky avait pourtant développé une conception économique originale, fondée sur la Bible, permettant d'élaborer une troisième voie entre le socialisme et le libéralisme économique, qu'il rejetait tous les deux. Le moment est sans doute venu de trouver dans sa pensée une source d'inspiration, pour que la "Start-Up Nation" devienne aussi un pays où règnent la prospérité et la justice sociale pour tous.

P.Lurçat

 

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Deux livres en hommage à une femme d’exception - Liliane Lurçat

January 11 2021, 16:04pm

Posted by Pierre Lurçat

J’ai le grand plaisir d’annoncer la parution de deux livres en hommage à ma mère, Liliane Lurçat (1928-2019), qui paraissent simultanément ces jours-ci. Le premier, intitulé “Un parapluie pour monter jusqu’au ciel”, est un livre de souvenirs inédit dans lequel elle relate sa jeunesse, depuis sa naissance à Jérusalem, au Paris d’avant la guerre et à l’internement à Drancy et à Vittel. Comme elle l’a expliqué ailleurs :Ma formation de psychologue a deux sources, l’école de la vie pendant l’Occupation allemande, et plus tard, l’attention affectueuse d’un maître…” C’est le récit de cette “école de la vie” qui est ici présenté au lecteur, école souvent rude et parfois cruelle, mais riche d’enseignements.

 

 

 

L’histoire de cette jeune femme qui a eu seize ans à Drancy en 1943, et dont la guerre a occupé une large partie de sa jeunesse, est édifiante. Elle est un modèle de courage, d’obstination et de foi en l’avenir. Dans son récit, on voit poindre les qualités d'observation des autres et de pénétration psychologique qu'elle a plus tard déployées dans sa vie professionnelle, en tant que chercheur au CNRS.

 

Le second livre, intitulé “Vis et Ris!”, est un livre d‘hommage dans lequel je décris la personne que j’ai connue et ce que je lui dois. A la fois témoignage personnel et réflexion sur la transmission et l’identité juive, il tente de répondre à la question du contenu de la Yiddishkeit que j’ai reçue en héritage. Ce livre est, plus encore qu’un livre de souvenirs et un chant d’amour, un chant d’espérance.

 

 

 

Dans les moments d’allégresse ou de peine, aux heures où la joie m’envahit ou, au contraire, quand le découragement me gagne, je revois ton visage plein de grâce et de sagesse, ma mère, et j’entends ta voix qui continue de me parler, comme tu l’as fait depuis les premiers instants de ma naissance et jusqu’aux derniers souffles de ta vie. Je t’entends aussi chanter, par-delà l’éternité, les refrains qui ont bercé mon enfance et qui continuent de m’accompagner. Et j’entends ces deux mots qui résument à mes yeux tout ce que tu m’as légué, cette philosophie de la vie forgée dans l’épreuve et dans le rire, sagesse ancestrale exprimée dans la langue de nos ancêtres Juifs d’Europe centrale, qui figurent en titre de ce livre : “Leib un lach!”.

 

Pierre Lurçat

 

Les deux livres sont disponible sur Amazon, en format Kindle ou broché. En Israël, ils peuvent être commandés auprès de l’auteur. pierre.lurcat@gmail.com
Les demandes de service de presse sont les bienvenues .pierre.lurcat@gmail.com


 

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“Les Shtisel sur mon balcon” : La culture israélienne et le monde juif ‘harédi, Pierre Lurçat

January 7 2021, 14:24pm

Posted by Pierre Lurcat

 

La troisième saison de “Shtisel” n’a pas déçu les attentes des spectateurs israéliens : elle est aussi riche, émouvante et drôle que les deux précédentes. Mais au-delà des qualités intrinsèques qui expliquent en grande partie son succès, il y a sans doute une autre raison, moins évidente, qui permet de comprendre pourquoi des dizaines de millions de personnes, en Israël et dans le monde, suivent avec intérêt l’histoire de cette famille d’un quartier juif orthodoxe de Jérusalem. Pendant des décennies, en effet, la culture israélienne a regardé le monde ‘harédi avec un regard ambivalent, empreint de curiosité à laquelle se mêlait une dose variable, mais toujours présente, de mépris et d’aliénation. 

 

 

Paradoxalement, l’attitude des “premiers Israéliens” - partageant pour beaucoup d’entre eux les valeurs du sionisme laïc et anti-religieux - envers leurs frères juifs orthodoxes était sans doute plus proche que celle des Israéliens aujourd’hui. Après tout, pour la majorité des Juifs venus d’Europe centrale et orientale, le monde ‘harédi était celui de leur enfance. Les sionistes russes notamment, avaient souvent grandi dans le Shtetl et été éduqués au ‘héder, parfois à la yeshiva, et leur rejet de l’orthodoxie juive s’accompagnait d’une connaissance intime de ses codes culturels et de ses règles. Cela transparaît bien dans le beau livre de souvenirs de l’ancien président d’Israël, Zalman Shazar (Rubashov), Etoiles du matin (2), comme chez d’autres écrivains israéliens (comme S.J. Agnon, pour n’en citer qu’un). 


Quand Shazar évoque la bibliothèque de son père - qui avait grandi dans un foyer hassidique Habad - les “melamdim” (enseignants) de sa ville natale, ou les prédicateurs qui venaient le jour de Kippour à la synagogue, il parle de lui. La sympathie qui transparaît à travers chaque ligne du livre n’exprime pas seulement la nostalgie d’un monde disparu, elle est aussi celle de l’auteur pour une partie de son être intime. A de nombreux égards, Zalman Shazar, qui avait quitté la tradition pour devenir un militant sioniste socialiste dans sa jeunesse, avait gardé, jusqu’à son dernier jour, l’âme d’un Hassid (2). Cela est vrai aussi, à un degré variable, de la plupart des écrivains et des dirigeants sionistes laïcs de la génération de Shazar. Le monde juif traditionnel d’Europe - et même celui des yeshivot pour certains d’entre eux - leur était familier, même s’ils en avaient rejeté le mode de vie, et cela explique en partie l’attitude conciliante de David Ben Gourion envers les Juifs ‘harédim lors du débat sur l’éducation publique ou sur l’exemption de service militaire dans les années 1950. 



 

Le président Shazar et le Rabbi de Loubavitch



 

L’attitude de l’establishment politique et culturel israélien a bien évolué depuis lors. L’écart grandissant qui s’est creusé au fil des décennies entre la population juive ultra-orthodoxe et le reste des Israéliens tient non seulement à la différence des modes de vie (3) mais aussi, et surtout, à la manière négative (et souvent hostile) dont les Juifs ‘harédim sont décrits dans les grands médias, mais aussi dans la production culturelle israélienne. Trop d’artistes, de cinéastes ou de journalistes israéliens prennent encore un malin plaisir à décrire le judaïsme orthodoxe et ses symboles comme s’il s’agissait d’une autre planète, avec une attitude faite d’ignorance et d’hostilité, qui confine parfois à la fameuse “haine de soi juive” analysée par Theodor Lessing il y a près d’un siècle (4).

 

Tournage de la saison 3 sur mon balcon à Jérusalem

 

“Shtisel” rompt avec cette attitude et retrouve la proximité envers le judaïsme de la Torah de la génération de 1948. Les histoires qu’il raconte sont certes universelles, mais elles sont aussi propres au monde ‘harédi. Les personnages sont décrits sans aucune condescendance, non pas comme des êtres exotiques vivant selon des normes bizarres mais comme vous et moi. “Shtisel” réussit à nous faire vivre au milieu d’un monde qui nous paraissait étranger et à le rendre proche et sympathique au spectateur, israélien ou non, Juif ou non. Cette série nous apprend plus sur le judaïsme ‘harédi que bien des livres savants. Rien que pour cela, Shtisel mérite amplement le succès qu’il connaît. 

P. Lurçat

 

NB Mon nouveau livre, “Vis et Ris”, vient de paraître et est disponible en France sur Amazon, et en Israël en commande auprès de l’auteur : pierre.lurcat@gmail.com

“Une petite lumière chasse beaucoup d’obscurité”. Cet adage des Juifs hassidim de Habad me semblait alors, pendant les longues journées que je passai au chevet de ma mère, résumer parfaitement le secret de sa vie et de ses multiples combats, personnels, professionnels et intellectuels. Elle était née à Jérusalem, avait grandi et vécu à Paris, où elle avait passé toute son existence adulte. Elle s’était battue pour ses idées, pour son statut de chercheur indépendant au CNRS et pour le droit de mener ses recherches en solitaire, loin des foules, des modes, des idéologies et des crédits de recherche. “Hors des sentiers battus”, selon l’expression qu’elle affectionnait particulièrement. Elle avait lutté, farouche et ombrageuse, contre ses patrons de labo - ces “mandarins” de la psychologie contre lesquels elle avait défendu becs et ongles, aux côtés de son mari, une autre idée de la recherche scientifique, plus exigeante et plus austère. Elle avait lutté contre les gardiens de Drancy, contre les dirigeants du Parti, qui n’appréciaient guère son esprit rebelle et la soupçonnaient d’accointances “sionistes“ ; son frère n’était-il pas lieutenant-colonel de l’armée israélienne, comme elle l’avait déclaré sur un questionnaire officiel du Mouvement de la Paix, à Prague , en pleine période des procès antijuifs, avec une témérité qui frôlait l’inconscience? Elle s’était toute sa vie battue contre les partis, les institutions et les idéologies, restant jusqu’à son dernier jour un esprit libre et rebelle. Oui, ma mère avait gardé, toute sa vie durant, quelque chose d’étranger et d’insaisissable qui faisait d’elle une personne inclassable, fière et rétive”.

_________________________________________________________________________

(1) Dont une traduction partielle - et talentueuse, due à Guy Deutsch - est parue en 1966 en français, aux éditions Albin Michel.

(2) Voir sur ce sujet l’évocation par Shazar de son grand-père dans son livre Etoiles du matin, et aussi sur le site https://www.loubavitch.fr/bibliotheque/recit-hassidiques/1584-zalman-shazar-et-les-quatre-mouvements

(3) Laquelle s’est pourtant amoindrie ces dernières années, avec l’entrée massive des femmes orthodoxes dans le monde du travail et la création d’unités ‘harédi au sein de Tsahal.

(4) Théodore Lessing, La haine de soi. Le refus d'être juif, Berg International 2001.

 

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Comment la Cour suprême a pris le pouvoir en Israël : intervention au colloque Dialogia sur la démocratie

December 6 2020, 08:21am

J'ai le plaisir d'intervenir dans le colloque qui se tiendra demain soir (lundi) :

 

Où va la démocratie?


Dialogia a le plaisir de vous inviter
à sa prochaine conférence
le 07 décembre 2020

 

De 18.00 à 22.00 (heure d'Israël) sur internet,
via la plateforme ZOOM

INSCRIPTION ICI

https://us02web.zoom.us/webinar/register/WN_7_gVGFTrQkC_nI8I14Oylw

PROGRAMME DE LA CONFERENCE

18h00-18h15 : Introduction - Shmuel Trigano, Le grand renversement, Qu'est-ce qui a changé dans l'univers démocratique ?

18h15- 19h15 : La politique des identités -

18h15-18h45 : Haïm Navon : Pourquoi la politique des identités estelle un danger pour l’identité * -

18h45-19h15 : Rachel Israël, « Malaise dans la Culture » : de l’essai de Freud à l’actualité sociétale

19h15- 20h15 : L'homme et le citoyen -

19h15-19h45 : Gadi Taub, Politique d’immigration et montée du libéralisme anti-démocrate * -

19h45-20h15 : Shmuel Trigano, La figure de l'"homme": des deux Déclarations universelles à nos jours

20h15- 21h45 : Etat des lieux israéliens -

20h15-20h45 : Pierre Lurçat, Le pouvoir judiciaire contre le peuple : Comment la Cour suprême est devenue le premier pouvoir en Israël -

20h45-21h15 : Mordekhai Nisan, La démocratie israélienne – idéologie, citoyenneté et guerre * -

21h15-21h45 : Ronen Shoval, Perspectives croisées : la tradition moderne et l'héritage politique du judaïsme *

21h45-22h00 : Débat et Conclusion

https://dialogia.co.il/wp-content/uploads/2020/11/Programme-confe%CC%81rence-FR-FINAL.pdf

La démocratie est couramment invoquée dans le débat public, souvent en vertu d'arguments contradictoires. Il n'est pas sûr que ceux qui la convoquent pour légitimer leur parti-pris en aient la même définition mais ce qui est sûr c'est que la démocratie telle qu'elle est vécue n'est plus ce qu'elle était il y a 50 ans. Si l'équilibre des pouvoirs lui-même est ébranlé par les nouvelles technologies, c'est surtout la société qui s'est éloignée du régime démocratique, censé la porter. Le domaine sociétal, le domaine des fondements, sont concernés, comme celui de la redéfinition de la famille, du sexe, de l'identité, du citoyen, du vivant, de la Terre, de la légitimité... Les droits du citoyen ont été relégués dans les marges au nom des droits de l'homme. Mais quel homme ? Est-on toujours en « démocratie » ? En son nom, ne nous dirigeons-nous pas vers sa fin, ou à tout le moins sa mutation inquiétante ? Et cette dérive ne nous dit rien d'une autre crise, cette fois-ci politique, qui frappe le régime démocratique lui-même et dans laquelle le peuple, le demos, se voit ravalé au "populisme" et la majorité parlementaire au "fascisme".

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Qu’est-ce que l’antisionisme? Pierre Lurçat

December 6 2019, 12:18pm

Posted by Pierre Lurçat

Après l’agression dont a été victime Alain Finkielkraut, en février 2019, le débat sur la nature de l’antisionisme a fait irruption dans les médias français, et jusque dans les couloirs du Parlement, où il a été question de pénaliser l’antisionisme, en en faisant une catégorie de l’antisémitisme…[1] Le président français Emmanuel Macron a lui-même déclaré que “l’antisionisme (était) une des formes modernes de l’antisémitisme…”.

 

Pour mémoire, le samedi 15 février 2019, le philosophe  Alain Finkielkraut était pris à partie par un manifestant en marge d’un cortège des Gilets jaunes, violemment insulté, et traité de "sale sioniste de merde". L’incident a soulevé une vive émotion en France et suscité un large débat.

 

 

La nature même de l’insulte incite à la réflexion : de toute évidence, lorsqu’on traite un intellectuel juif de “sale sioniste”, le mot sioniste tient lieu de mot-codé, dont le signifiant véritable est “juif”. Ainsi, dans la France aujourd’hui, comme dans l’URSS jadis, ou dans certains pays arabes, comme nous le verrons, “sioniste” est devenu pour certains l’équivalent de “juif”.

 

C’est en ce sens qu’on a pu soutenir que l’antisionisme était la forme la plus récente de l’antisémitisme. Mais, au-delà des polémiques et des joutes idéologiques, qu’en est-il vraiment? Qu’est-ce que l’antisionisme? S’agit-il de la dernière mutation de l’antisémitisme? Est-il seulement un discours radical, maniant slogans et insultes, ou bien peut-être une véritable idéologie, qui mérite d’être analysée, étudiée et si besoin réfutée?

 

Qu’y a-t-il de commun entre le manifestant parisien qui traite Alain Finkielkraut de “sale sioniste”, l’intellectuel arabe qui se dit “antisioniste” par conviction nationaliste ou islamiste, ou encore l’intellectuel juif assimilé qui prétend, lui, s’opposer au sionisme, “au nom du judaïsme”?

 

De toute évidence, il y a là des manifestations très diverses - voire totalement disparates - d’un phénomène multiforme, qu’on a peine à ranger sous le même vocable d’antisionisme. La différence entre ses manifestations très variées est-elle une simple différence de degré, ou bien s’agit-il de phénomènes véritablement distincts?

 

Prenons un exemple. Entre les deux énoncés “L’Amérique soutient Israël” et “Les Juifs dirigent l’Amérique”, il y a, de toute évidence, une différence de nature. Le premier énoncé est une affirmation factuelle, apparemment objective, qu’on peut évidemment discuter, mais qui ne contient aucun jugement de valeur apparent. Un premier glissement sémantique s’opère toutefois, lorsqu’on passe de l’énoncé “L’Amérique soutient Israël”, à “L’Amérique soutient toujours Israël”, puis à “Israël est l’instrument de l’impérialisme américain”. Nous sommes là, toutefois, dans une simple amplification du message, qui demeure malgré tout largement similaire.

 

 

Le véritable “saut” conceptuel s’effectue, lorsque l’énoncé précédent, “Israël est l’instrument de l’impérialisme américain” (ou occidental), devient cette-fois “Israël dirige la politique américaine”, ou encore, de manière plus lapidaire et radicale, “Les Juifs dirigent l’Amérique”. Cette fois-ci, le glissement sémantique n’est plus seulement quantitatif, mais qualitatif. On change de registre, et pour ainsi dire de paradigme…

 

L’historien des idées Pierre-André Taguieff définit ce procédé rhétorique, qu’on rencontre souvent dans le discours polémique, comme consistant à élargir “la cible de la stigmatisation”[2].  Il en donne pour exemple le passage de l’énoncé “tous les Juifs sont des criminels”, à l’énoncé “tous les criminels sont des Juifs”. Ce procédé rhétorique est utilisé de manière récurrente dans le discours antisioniste.

 

On en donnera un autre exemple, dans un cadre différent, avec l’affirmation que “tous les Israéliens sont des soldats”. Cette affirmation a servi au cheikh islamiste Youssouf Al-Qardawi, autorité sunnite proche de la mouvance des Frères musulmans, pour justifier les attentats du Hamas contre des civils israéliens. Dans ce cas précis, l’élargissement de la “cible de la stigmatisation”, équivaut à élargir la cible des attentats, c’est-à-dire les victimes permises par le droit islamique. Le discours antisioniste a ainsi des conséquences tout à fait concrètes, puisque la rhétorique de la haine est mise au service de la violence politique et terroriste, qu’elle justifie et qu’elle alimente.

 

Il y a donc bien, pour répondre à notre question préliminaire, une différence de degré entre ces différentes formes d’antisionisme.

 

RETROUVER LA SUITE SUR AKADEM,

 

http://www.akadem.org/sommaire/cours/sciences-politiques-les-mythes-de-l-antisionisme-pierre-lurcat/racines-et-visages-de-l-antisionisme-30-10-2019-115388_4873.php

 

[1] Débat qui a abouti à la résolution du Parlement adoptant la définition de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA).

[2] La Judéophobie des Modernes, p. 261. Odile Jacob 2008.

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Conférence exceptionnelle le 17/2/19 - Elections israéliennes 2019: Connaître le passé, comprendre le présent et réflechir au futur

February 13 2019, 14:40pm

Posted by Pierre Lurçat

Conférence exceptionnelle le 17 février 2019 à Tel-Aviv:


Elections israéliennes 2019: Connaître le passé, comprendre le présent et réfléchir au futur

 

 

9 avril 2019

?

 

Une conférence pour tout savoir des institutions israéliennes, du sionisme politique, des grands hommes à l’origine de ce projet (Herzl, J‎abotinsky, Ben Gourion…) et de l'histoire des partis politiques israéliens de 1920 à aujourd’hui.


Une conférence animé par Pierre Lurçat, essayiste et traducteur, auteur de plusieurs essais sur le sionisme, Israël et l'islam radical.

Son dernier ouvrage "Israël, le rêve inachevé" est paru en novembre 2018 aux Editions de Paris.

Date : 17 février 2019
Horaire : 20h - 22h
Lieu : Ulpan Neve Tzedek, 7 Lilienblum Tel Aviv


Entrée : 20 shekels


Inscriptions auprès de Déborah Pewzer : 052 67 69 746



Cette conférence sera le premier volet d'un cycle de trois conférences :

24/02/19 - 2e conférence : "Le Débat constitutionnel, de la Déclaration d’Indépendance à la loi sur Israël Etat Nation du peuple juif”


03/03/19 - 3e conférence : “La contestation de l'Etat juif par les élites israéliennes”

 

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