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livres

Deux livres en hommage à une femme d’exception - Liliane Lurçat

January 11 2021, 16:04pm

Posted by Pierre Lurçat

J’ai le grand plaisir d’annoncer la parution de deux livres en hommage à ma mère, Liliane Lurçat (1928-2019), qui paraissent simultanément ces jours-ci. Le premier, intitulé “Un parapluie pour monter jusqu’au ciel”, est un livre de souvenirs inédit dans lequel elle relate sa jeunesse, depuis sa naissance à Jérusalem, au Paris d’avant la guerre et à l’internement à Drancy et à Vittel. Comme elle l’a expliqué ailleurs :Ma formation de psychologue a deux sources, l’école de la vie pendant l’Occupation allemande, et plus tard, l’attention affectueuse d’un maître…” C’est le récit de cette “école de la vie” qui est ici présenté au lecteur, école souvent rude et parfois cruelle, mais riche d’enseignements.

 

 

 

L’histoire de cette jeune femme qui a eu seize ans à Drancy en 1943, et dont la guerre a occupé une large partie de sa jeunesse, est édifiante. Elle est un modèle de courage, d’obstination et de foi en l’avenir. Dans son récit, on voit poindre les qualités d'observation des autres et de pénétration psychologique qu'elle a plus tard déployées dans sa vie professionnelle, en tant que chercheur au CNRS.

 

Le second livre, intitulé “Vis et Ris!”, est un livre d‘hommage dans lequel je décris la personne que j’ai connue et ce que je lui dois. A la fois témoignage personnel et réflexion sur la transmission et l’identité juive, il tente de répondre à la question du contenu de la Yiddishkeit que j’ai reçue en héritage. Ce livre est, plus encore qu’un livre de souvenirs et un chant d’amour, un chant d’espérance.

 

 

 

Dans les moments d’allégresse ou de peine, aux heures où la joie m’envahit ou, au contraire, quand le découragement me gagne, je revois ton visage plein de grâce et de sagesse, ma mère, et j’entends ta voix qui continue de me parler, comme tu l’as fait depuis les premiers instants de ma naissance et jusqu’aux derniers souffles de ta vie. Je t’entends aussi chanter, par-delà l’éternité, les refrains qui ont bercé mon enfance et qui continuent de m’accompagner. Et j’entends ces deux mots qui résument à mes yeux tout ce que tu m’as légué, cette philosophie de la vie forgée dans l’épreuve et dans le rire, sagesse ancestrale exprimée dans la langue de nos ancêtres Juifs d’Europe centrale, qui figurent en titre de ce livre : “Leib un lach!”.

 

Pierre Lurçat

 

Les deux livres sont disponible sur Amazon, en format Kindle ou broché. En Israël, ils peuvent être commandés auprès de l’auteur. pierre.lurcat@gmail.com
Les demandes de service de presse sont les bienvenues .pierre.lurcat@gmail.com


 

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Dans la bibliothèque de mon père : La poésie et l’éclat du monde - à propos de Philippe Jaccottet

October 16 2020, 07:47am

Posted by Pierre Lurçat

 

Découvrir la bibliothèque de quelqu’un, c’est un peu pénétrer le secret de son âme. La bibliothèque de mon père n’était pas seulement l’endroit où il rangeait ses livres. C’était, plus encore, le jardin secret de ses passions multiples, qui se sont succédées au fil des ans. Il n’était pourtant pas un bibliophile, ni un lecteur obsessionnel (ou une “taupe monomaniaque”, selon l’expression d’Einstein qu’il citait parfois). Ses lectures étaient au contraire éclectiques, à l’image de ses multiples centres d’intérêt : science et histoire des sciences, littérature, histoire, philosophie, poésie…. Je pourrais citer, en repensant à ses nombreux livres, la devise de Térence : “Rien de ce qui est humain ne lui était étranger.”



 

“Rien de ce qui est humain ne lui était étranger” : François Lurçat z.l. (1927-2012)



 

A présent qu’il est parti dans le monde de Vérité, en me laissant une partie de ses livres, je retrouve en les lisant certains traits de sa personnalité et découvre des aspects de lui que j’ignorais. Par où commencer? Par les livres qui étaient sans doute ses compagnons les plus permanents et les plus intimes: je veux parler de la poésie. Une transaction secrète, le beau livre de Philippe Jaccottet (poète qu’il affectionnait particulièrement), s’ouvre par cet avertissement :”aucun de ces textes n’a été écrit pour les spécialistes de la littérature (toutes gens dont la science me confond)... mais pour d’éventuels amateurs de poésie”. Ces derniers mots ont été soulignés au crayon par mon père, qui faisait partie de ces amateurs éclairés de poésie, conçue pas tant comme un moyen d’échapper au bruit et à la fureur du monde qui nous entoure, que d’en saisir la vérité profonde.


A l’intérieur des limites de la vie

 

Scientifique de profession, devenu physicien par vocation (il a raconté dans un texte inédit, publié dans ces colonnes, comment il a découvert sa vocation précoce à l’âge de dix ans, alors qu’il séjournait à Moscou avec ses parents), il avait, à travers son amour de la poésie - qui remontait sans doute aux années de son enfance parisienne et moscovite - mis en pratique l’injonction exprimée par Jaccottet dans ses Eléments de poétique : “Ce que j’ai essayé de faire, ou ce que ma nature profonde a essayé de faire en moi, ç’a été que la poésie trouvât place, plus naturellement et plus discrètement, à l’intérieur des limites de la vie…” Oui, la poésie était pour mon père un élément indissociable de sa vie intérieure, une “transaction secrète” qui exprimait les mouvements les plus profonds de son âme.

 

Les mots qui suivent, eux aussi soulignés au crayon dans un recueil de textes de Jaccottet, traduisent bien ce que mon père avait sans doute cherché, et trouvé dans la poésie. “Le monde est-il trop atroce, trop beau? Ce qui apparaît alors, en tout cas, comme une évidence, c’est qu’aucune mesure, à cet égard, ne peut le mesurer. La science peut bien multiplier ses efforts, perfectionner à l’infini ses appareils : il y a un ordre d’expériences qui échappera toujours aux mesures dont elle dispose”. Dans un autre texte, Jaccottet explique ce qu’il reproche aux écrivains du “Nouveau roman” - et à Nathalie Sarraute en particulier - et livre au passage sa conception du rôle de la poésie, et de la littérature en général. “Ce que nous cherchons en fin de compte dans les livres, c’est précisément la grandeur, c’est non point à nous évader du monde, mais à mieux en voir, avec les ombres, l’éclat”.

 

“Un choix en faveur du monde” - Philippe Jaccottet



 

L’éclat du monde, Jaccottet et le rav Kook

 

Oui, c’est bien cet “éclat du monde”, selon l’expression parlante de Jaccottet (qui fait penser à la Kabbale) que mon père cherchait dans la poésie, mais aussi dans la peinture ou dans la musique, ou encore, toujours selon les mots de ce poète avec lequel il éprouvait une affinité particulière - que je n’ai comprise que des années après sa mort - “un choix en faveur du monde”. Cette manière d’envisager le rôle du poète et de l’écrivain, si peu conforme aux canons de notre époque, me semble rejoindre celle qu’avait envisagée le grand rabbin de la Palestine mandataire, Avraham Itshak Hacohen Kook (lui aussi auteur de poésie), dans sa vision de ce que pourraient devenir la littérature, et l’art hébraïque dans l’Etat juif renaissant sur sa terre retrouvée. 

 

Le rav Kook

 

Ainsi ce dernier, dans une lettre visant à encourager les membres de l’académie Betsalel nouvellement fondée à Jérusalem, affirmait sa certitude que “le sentiment esthétique, dès lors qu’il ne se prend pas pour une fin en soi, dispose à recevoir de très hautes lumières” (2). Que la réflexion du poète suisse de culture chrétienne coïncide avec celle du rabbin Kook n’aurait guère surpris mon père, qui avait embrassé le destin du peuple Juif en tant que Ben Noa’h - et dont la bibliothèque contenait aussi de nombreux ouvrages de pensée juive - et notamment le très beau livre Chirat Ha-chaïm (La poésie de la vie), de Yossef Ben Chlomo, publié en français sous le titre trop modeste d’Introduction à la pensée du rav Kook (3).

 

Délabrement des mondes

 

Un autre souci que mon père partageait avec le poète, était celui du “délabrement des mondes” et de la perte du lien entre les mots et les choses, entre le langage et le monde : “Comment te tiendras-tu dans ce délabrement des mondes - Le monde glisse, les saisons se dérobent… - Les joints des mots se rompent, certains sombrent, d’autres s’éloignent… - Qui peut encore parler si l’air lui manque ?” Dans ce souci exprimé par Philippe Jaccottet, je retrouve l’inquiétude profonde qui a conduit mon père à délaisser sa carrière de physicien, après sa retraite de l’université, pour se consacrer à la philosophie des sciences et à la question, cruciale à ses yeux, de l’intelligibilité des théories scientifiques et de leur rapport avec le monde qui nous entoure. Un autre poète avait exprimé - de manière peut-être encore plus aigue - ce souci qui l’animait : Yves Bonnefoy, auquel il avait consacré une étude intitulée “Yves Bonnefoy, le réel et la science” (4). Dans une conférence prononcée en 1958, Bonnefoy affirmait “identifier presque la poésie et l’espoir” et vouloir “réinventer un espoir”. Ailleurs, il écrivait, “Il y a un monde en face de nous, un monde plus vaste que la parole”. 

 

C’est précisément parce que des poètes (mais aussi des philosophes) portaient, bien plus que ses collègues physiciens - pour la plupart incapables de comprendre sa réflexion sur la science, cet espoir de retrouver le contact avec le monde réel - derrière sa description mathématique et scientifique - que mon père fondait lui aussi un espoir sur la poésie. Espoir non certes religieux - car il avait conservé, jusque dans sa critique la plus radicale du scientisme actuel, son esprit scientifique et rationaliste - mais espoir moral et spirituel, comme l’expriment les mots qui concluent le livre La transaction secrète de Philippe Jaccottet : “Une patience illimitée… le travail presque absurde, chaque matin repris, si possible, de changer le mal en bien, ou en moindre mal ; de réparer la demeure… Des graines pour replanter la forêt spirituelle”. יהיה זכרו ברוך

Pierre Lurçat

A suivre...

 

(1) Le livres de Philippe Jaccottet sont publiés aux éditions Gallimard.

(2) Cité par Catherine Chalier, L’appel des images, Actes Sud 2011, p. 28.

(3) Editions du Cerf 1992.

(4) Publiée dans la Nouvelle Revue Française, mai 1993 et reprise dans son livre La science suicidaire, Athènes sans Jérusalem, éditions F.X. de Guibert 1999

 

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La trahison des élites et la déconfiture de la gauche occidentale Trois livres politiques pour comprendre le monde actuel, Pierre Lurçat

October 12 2018, 11:59am

Posted by Pierre Lurçat

La trahison des élites et la déconfiture de la gauche occidentale Trois livres politiques pour comprendre le monde actuel, Pierre Lurçat

Trois livres récents abordent l’état actuel des élites politiques en Occident. Les deux premiers sont des essais, le troisième plutôt un pamphlet. Trois livres utiles pour comprendre le débat politique en France et aux Etats-Unis, la dérive identitaire de la gauche, en proie au multiculturalisme et à la “stratégie de l’identité” analysée par Mark Lilla, et pour comprendre comment la France et l’Europe en sont arrivées au point où elles se trouvent aujourd’hui. Le fil conducteur entre ces trois livres est sans doute celui de la “trahison des élites” décrite par Yves Mamou, ou de la trahison par la gauche des idéaux républicains décrite par Mark Lilla aux Etats-Unis et par Benoît Rayski en France. La mise en parallèle des trois ouvrages permet aussi de comprendre que ce sont des phénomènes similaires qui transforment la vie politique et la société sur les deux rives de l’Atlantique et aussi, avec des différences importantes, en Israël. P.L

 

Le grand abandon d’Yves Mamou : la trahison des élites face à l’islam

Présentation de l’éditeur (Editions du Toucan)

Une fracture politique s’est creusée entre le haut (« les élites ») et le reste de la population en France ; et cette fracture commence à être sérieusement documentée. « Révolte des élites », « sécession des élites », « déconsolidation démocratique », « crépuscule de la France d’en haut »… sont les termes les plus couramment employés. Sociologues, historiens, géographes, aucun de ceux qui tentent de cerner l’évènement ne le considère comme un phénomène conjoncturel qu’un patch électoral permettrait de replâtrer. C’est d’un divorce des continents politiques et sociaux dont il est question.

Qu’une caste au pouvoir fasse passer ses intérêts avant ceux du reste de la population est la marque d’une dictature. Que cette dictature ait lieu et se poursuive sous les auspices de la démocratie change la nature de la démocratie.

Ce livre a pour but de montrer, sources à l’appui, comment la caste au pouvoir a aussi fait alliance avec des groupes ennemis de l’intérêt national, pour consolider son pouvoir.  En France, la bourgeoisie française mondialisée « qui prône l’égalité des territoires mais promotionne la métropolisation, (…), qui demande plus de mixité sociale mais pratique le grégarisme social et un séparatisme discret (…), qui fait la promotion du vivre ensemble mais participe à l’ethnicisation des territoires », cette bourgeoisie-là, favorise, voire pactise objectivement avec des groupes et une idéologie islamistes qui noyautent progressivement la société démocratique.

 

http://www.editionsdutoucan.fr/


 

La gauche identitaire de Mark Lilla

 

Présentation de l’auteur (Stock)

 

« Les États-Unis sont en proie à une hystérie morale – notre sport national – sur les questions de race et de genre qui rend impossible tout débat public rationnel. La gauche américaine a délaissé la persuasion démocratique pour s’engager à cor et à cri dans la dénonciation hautaine. La gauche européenne elle aussi est à la recherche d’un nouvel élan, et certains suivent avec intérêt ce qui se passe outre-Atlantique. Mon livre s’adresse tout particulièrement à eux. Je veux les mettre en garde et les convaincre que la politique identitaire est un piège qui, à la fin, ne servira que la droite qui a bien plus l’habitude d’exploiter les différences. Après la lutte des classes, après un flirt avec l’insurrection armée, après le rêve romantique du tiers-mondisme et face aux défis de la mondialisation, il est grand temps que la gauche redécouvre les vertus de la solidarité républicaine. »

 M. L.

 

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Emmanuelle et Philippe Aronson

 

Les bâtards de Sartre, de Benoît Rayski

Présentation de l’éditeur (Pierre-Guillaume de Roux)

En Pologne, pendant la Seconde Guerre mondiale, les nazis collaient du sparadrap sur la bouche des fusillés pour les empêcher de crier : « Vive la liberté ! »

Ainsi procèdent les plumitifs, les écrivassiers qui prétendent régenter nos âmes.  De Jean-Paul Sartre ils ont appris qu’il était permis de tuer l’homme blanc. Et de Frantz Fanon, que le colonisé aurait sa revanche en violant la femme blanche.

Dès leur réveil, ils  hantent les matinales radiophoniques. À midi, ils investissent les grandes rédactions et, le soir, occupent les plateaux de télévision. Ils sont  munis de sparadrap. Pour nous faire taire. Ce livre, en forme d’insurrection, ne leur donnera pas le dernier mot.

Benoît Rayski est essayiste et journaliste. Il a, entre autres, collaboré au Matin de Paris, à Globe et à L’Événement du jeudi.

Il a écrit de nombreux livres, dont L’Affiche rouge (Denoël), L’Homme que vous aimez haïr (Grasset) et Fils d’Adam (Exils). Ses chroniques sont publiées sur Atlantico.fr et Causeur.fr.

 

 

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