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Quand le cinéma israélien découvre la réalité des habitants du Sud du pays

January 3 2020, 09:51am

Posted by Pierre Lurçat et Judith Assouly

Quand le cinéma israélien découvre la réalité des habitants du Sud du pays

Ha Soussita shel Herzl est un film israélien original et émouvant, qui permet de découvrir des réalités rarement abordées dans le Septième Art israélien. Trop souvent, le cinéma israélien se complaît dans une vision “universaliste”, ou encore cède à la tentation de l’autocritique - au lieu de revendiquer le narratif propre à Israël.

 

C’est le grand mérite du film de David Kriner de faire (sans doute pour la première fois) un film qui parle de Sderot, de la vie sous les roquettes du Hamas et de ces réalités quotidiennes que la plupart des Israéliens (sans parler du reste du monde) ignorent. 

 

Son film permet de découvrir une réalité méconnue et aborde pour ainsi dire un “continent” inexploré de la vie en Israël, à une heure de route de Tel-Aviv : le Sud, Sderot, “Otef Azza”...

 

Comme l’a déclaré l’acteur principal du film, Miki Léon, “Tel Aviv ressemble à une bulle, à un pays dans le pays”.

 

Mais ce n’est pas le seul mérite du film (que de montrer cette réalité) : c’est aussi une belle histoire de paternité et d’apprentissage de la vie, basée sur l’histoire personnelle du réalisateur et scénariste, David Kriner, qui a lui-même enseigné le cinéma à Sderot, comme le héros du film. 

 

Le thème du cinéma permet aussi d’aborder les rapports entre le cinéma et la vie, entre le cinéma et la réalité. Les jeunes adolescents rebelles, avec lesquels le professeur de cinéma parvient à établir une relation de confiance, veulent décrire leur vie dans ce qu’elle a de plus dur. Yigal leur apprend le cinéma, et il reçoit en échange une belle leçon de vie et d’espoir.

 

VOIR la suite dans l’émission Cultura’Sion ici https://www.youtube.com/watch?v=rvjX60bA1m

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Découvrez mon blog consacré au cinéma israélien

http://cinema-israelien.over-blog.com/

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Quelle solution pour rétablir le calme entre Israël et Gaza?  Pierre Lurçat

November 12 2019, 16:11pm

Posted by Pierre Lurçat

Quelle solution pour rétablir le calme entre Israël et Gaza?  Pierre Lurçat

 

 

"Le Juif n'apprend pas par des raisonnements rationnels : il apprend par les catastrophes. Il n'achètera pas un parapluie simplement parce que des nuages s'amoncellent à l'horizon : il attendra d'être trempé et d'être atteint de pneumonie..."

Max Nordau (1)

 

Comme l’écrivait Yoav Shorek il y a quelques semaines (2), “lorsqu’un idiot jette une pierre au fonds du puits, plusieurs sages ne suffisent pas à la retirer”. La métaphore est parlante : le puits, c’est Gaza et la pierre c’est le Hamas, arrivé au pouvoir à la suite du retrait israélien - la “Hitnatkout” - dont Israël ne finit pas de payer les conséquences désastreuses. Si l’histoire nous a pourtant appris une chose, depuis 1948, c’est qu’il n’est pas possible de laisser la souveraineté à une quelconque entité autre qu’Israël, entre la Mer et le Jourdain. Toutes les tentatives faites en ce sens - dans un cadre bilatéral (accords d’Oslo), multilatéral (résolution de l’ONU sur l’internationalisation de Jérusalem) ou unilatéral (retrait de la bande de Gaza) - se sont soldées par un cuisant échec.

 

La synagogue de Névé Dekalim, détruite après le retrait de Gaza

 

Je me souviens avoir assisté au spectacle terrible des cercueils des habitants morts au Goush Katif, sortis de leurs tombes et portés en procession dans les rues de Jérusalem – car même les morts avaient été expulsés ! – une des images les plus effroyables qu’il m’a été donné de voir en 25 ans de vie en Israël. Yoav Shorek évoque à ce sujet une autre image terrible, celle de l’incendie des synagogues du Goush Katif le 12 septembre 2005. “Cet événement symbolique”, écrit Shorek, “a conclu le processus de Hitnatkout (retrait) de Gaza et est resté gravé dans la mémoire collective. Treize ans plus tard, les localités voisines de la bande de Gaza vivent toujours dans l’incertitude sécuritaire quotidienne, et dans une guerre d’usure dont on ne voit pas l’issue”.

 

Ceux qui considéraient qu’il s’agit du prix à payer pour ne plus assumer la souveraineté (ou le simple contrôle militaire) à Gaza ont été lourdement démentis par les faits. Car non seulement le retrait de Gaza n’a pas amélioré, comme l’avait promis son génial architecte, la sécurité intérieure d’Israël et son image sur la scène internationale, mais les deux se sont dégradées depuis, au point que le Hamas est devenu - après l’Iran et le Hezbollah au Nord - la deuxième menace stratégique pour Israël. Le tir de missiles ce matin sur Beer-Sheva et le Goush Dan n’est qu’une douloureuse piqûre de rappel à  cet égard.

 

La maison de Beer-Sheva détruite par un missile tiré de Gaza (photo Eliyahu Hershkovitz)

 

“A l’heure des missiles, les territoires n’ont pas d’importance” (Shimon Pérès)

 

Comme je l’écrivais en 2011, l’affirmation saugrenue faite par Shimon Pérès, en pleine euphorie des accords d’Oslo, a montré depuis lors son caractère illusoire et trompeur. Les territoires sont devenus plus essentiels que jamais à l’heure des missiles, comme le savent bien les habitants de Sdérot, de Beer-Sheva et d’Ashdod (liste partielle...), placés sous le feu des missiles du Hamas par le retrait de la bande de Gaza…”(3). Non seulement le retrait de Gaza s’est avéré (comme l’avaient prédit de nombreux observateurs à l’époque) stratégiquement erroné, mais il a surtout constitué une erreur sur le plan psychologique. Les habitants de Gaza - et le Hamas en premier lieu - ont en effet interprété ce retrait (comme tous les autres retraits israéliens, du Sud-Liban et de Judée-Samarie) comme un signe de faiblesse.

 

La faiblesse, disait Charles Krauthammer, fin observateur politique, est toujours un facteur négatif sur la scène internationale. Cela est d’autant plus vrai dans notre région, face à des ennemis habités par un complexe d’infériorité-supériorité, qui interprètent toute marque de faiblesse comme la confirmation de leur volonté destructrice. Cela est vrai à Gaza, où le “généreux” retrait israélien a été récompensé par la destruction humiliante de nos synagogues, et par une pluie de missiles incessante depuis lors. Cela est vrai aussi en Judée-Samarie et à Jérusalem, où la faiblesse israélienne, notamment sur le Mont du Temple, est interprétée par le monde musulman comme une preuve supplémentaire que les juifs sont des intrus à Jérusalem et qu’ils n’y ont aucun droit(4).

 

“Quand les Juifs pourront de nouveau réciter le Hallel au Goush Katif…”

 

Ceux qui pensent pouvoir régler le problème de Gaza par des opérations militaires limitées à des bombardements aériens se bercent d’illusions. “Les solutions provisoires”, écrit encore Shorek, “ne modifieront pas l’équation à Gaza, équation créée par le retrait, qui ne sera modifiée que lorsqu’Israël osera changer les règles du jeu et reviendra à Gaza pour y neutraliser la bombe. Pour nettoyer la bande de Gaza des armes et des infrastructures militaires et pour en refaire un lieu de vie, en offrant à ses habitants des perspectives d’avenir… Le prix inévitable du retrait est celui-ci : Tsahal devra retourner à Gaza et la reconquérir”.

 

Je n’ai rien à ajouter à ces lignes, sinon que le retour au calme à Gaza ne se fera que le jour où la synagogue de Névé Dekalim sera reconstruite, et que les prières juives retentiront de nouveau entre ses murs. Ce jour-là, qui n’est sans doute pas aussi lointain qu’il n’y paraît aujourd’hui, ce ne sont plus les appels au djihad et à la guerre qu’on entendra à Gaza, mais les mots du Hallel et ceux du prophète Jérémie : “Tes enfants reviendront dans leur territoire”.

Pierre Lurçat

NB Article publié initialement en novembre 2018

Notes

(1) Cité dans Histoire de ma vie, Les Provinciales 2011.

(2) “Treize années de conflagration”, Hashiloach numéro 11, septembre 2018.

(3) Article repris dans mon livre La trahison des clercs d’Israël, La Maison d’édition 2016, page 156.

(4) Sur ce sujet essentiel, je renvoie à au dernier chapitre de mon nouveau livre, Israël le rêve inachevé, à paraître en novembre aux éditions de Paris.

 

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Israël - Gaza : accepter la “pax islamica” du Hamas? par Pierre Lurçat

May 7 2019, 09:17am

Posted by Pierre Lurçat

Israël - Gaza :  accepter la “pax islamica” du Hamas? par Pierre Lurçat

 

La question la plus préoccupante que soulèvent les événements des dernières semaines (1) à la frontière de Gaza - au-delà même des capacités offensives grandissantes du Hamas, qui se sont manifestées lors du dernier round d’affrontements, trop vite avorté - est celle de savoir si le gouvernement de Binyamin Nétanyahou n’est pas tombé dans le piège du Hamas, consistant à vouloir monnayer une paix illusoire en “achetant” la tranquillité, selon le modèle de la “pax islamica” et du statut de la dhimma.

 

1 - Cessez-le-feu ou guerre unilatérale ?

 

Selon ce modèle, Israël aurait “payé” un cessez-le-feu temporaire, en renonçant une fois de plus à mener l’opération militaire qu’il ne cesse de repousser depuis des mois, et en laissant de nouveau entrer à Gaza des matières premières et l’argent du Qatar, dans ce qui ressemble de plus en plus à une forme de chantage, conforme à la conception musulmane des relations avec les dhimmis, c’est-à-dire avec les protégés de l’islam.

Incendies à la frontière de Gaza

Une guerre unilatérale

 

Ce que les médias, en Israël et ailleurs, qualifient hâtivement de cessez-le-feu est en réalité une situation de guerre intolérable, dans laquelle le Hamas attaque les villes et les civils israéliens et incendie les champs avoisinants de la frontière de manière incessante depuis des mois. C’est une guerre unilatérale, dans laquelle l’ennemi nous attaque sans cesse, tandis que nous faisons semblant que tout va bien et que la vie continue normalement (“business as usual”).

 

Les habitants du sud d’Israël ont eu raison de protester, depuis plusieurs semaines, contre cette situation inacceptable, et aussi contre le comble de l’absurde : à savoir l’approvisionnement quasiment ininterrompu (à de rares exceptions) de Gaza en électricité, en carburant et en autres denrées de première nécessité, alors même que les attaques incendiaires et autres se poursuivent contre Israël.

Quelle solution pour rétablir le calme entre Israël et Gaza?  Pierre Lurçat

2 - Approvisionner Gaza ou acheter un semblant de tranquillité?

 

Cette situation absurde est une insulte au bon sens que rien ne saurait justifier. Aucun impératif, moral ou juridique, ne nous oblige en effet à approvisionner nos ennemis, pendant qu’ils nous attaquent. Il y a là une perversion de la morale, en vertu de laquelle Israël laisse le Hamas bombarder et incendier les localités avoisinantes de Gaza, tout en veillant au bien-être des habitants de Gaza.

 

J’ai décrit, dans mon livre La trahison des clercs d’Israël, les racines intellectuelles de cette morale dévoyée, qui veut que nous appliquions des normes supérieures à celles de toutes les nations civilisées, à l’endroit d’ennemis qui, eux, ne respectent aucune des normes les plus élémentaires, y compris envers leurs propres citoyens. Il est grand temps de repenser entièrement les normes éthiques de Tsahal, pour lui insuffler une morale juive authentique.

 

3 - Kippat Barzel ou Kir Habarzel ?

 

Le système de défense antimissiles “Kippat Barzel” développé par Tsahal depuis quelques années représente certes une prouesse technologique.  Mais il représente aussi une défaite, sur le plan militaire et psychologique. Comme l’a reconnu cette semaine une journaliste de Galei Tsahal, la radio de l’armée, ce système a en effet, en fin de compte - au-delà de sa réussite partielle pour intercepter les roquettes tirées depuis Gaza - la conséquence néfaste de nous empêcher de riposter, et de porter ainsi atteinte à notre capacité de dissuasion. Intercepter des roquettes avant leur point de chute est certes appréciable, mais une dissuasion véritable exigerait de mettre l’ennemi hors d’état de les lancer.

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A cet égard, Kippat Barzel ressemble à un immense parapluie troué, qui constitue une arme défensive très insuffisante et comporte des effets pervers, en nous dispensant d’une contre-attaque indispensable, comme l’a montré l’amère expérience des dernières années. Kippat Barzel est en réalité la négation du Kir Habarzel - la muraille d’acier - concept développé par Jabotinsky dans son fameux article de 1923, qui est au fondement de la doctrine stratégique de Tsahal. Ce dernier signifie en effet qu’il faut dissuader l’ennemi de nous attaquer, et pas seulement se défendre contre ses attaques incessantes.

 

Selon cette conception,  la paix et la sécurité ne viendront pas en élaborant des systèmes de défense de plus en plus perfectionnés pour intercepter les missiles du Hamas, du Hezbollah et de l’Iran, en faisant comme si Israël était un territoire neutre, placé sous la protection d’un immense parapluie de verre. Elles ne viendront qu’en ripostant avec toute la force nécessaire et en attaquant les ennemis qui nous menacent, portant la guerre sur leur territoire - comme l’a fait Tsahal lors des guerres victorieuses de 1956, 1967 et 1973, jusqu’à ce qu’ils demandent grâce et renoncent à leurs intentions belliqueuses.

Pierre Lurçat.

(1) article publié initialement en novembre 2018.

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Medinat Israël ou Mal’hout Israël? La guerre de Gaza et les choix identitaires d’Israël, par Pierre Lurçat

May 5 2019, 16:34pm

Posted by Pierre Lurçat

La situation dramatique dans laquelle les occupants actuels de la bande de Gaza entraînent régulièrement l’Etat d’Israël, depuis le jour funeste où l’armée et la police israéliennes, transformées en bras destructeurs d’un pouvoir corrompu et aveugle, ont expulsé les pionniers du Goush Katif, nous oblige à réfléchir sur le sens des événements que nous vivons aujourd’hui. Il n’est pas anodin que ce nouveau round d’affrontements (ou plutôt, cette nouvelle attaque suivie d’une riposte) survienne précisément entre Yom haShoah et Yom Ha’atsmaout, dans cette semaine chargée de symboles et lourde de significations de “beyn ha-Tsefirot” : entre la sonnerie de Yom haShoah et celle de Yom ha-Zikaron.

 

Comme le dit un récent adage, “Nous avons deux journées du souvenir des morts en Israël : une qui nous rappelle le prix à payer pour avoir un Etat, et l’autre pour nous rappeler le prix à payer pour ne pas en avoir”. Ces deux journées sont, évidemment, la Journée du Souvenir des soldats (Yom Hazikaron) et le Jour de la Shoah (Yom HaShoah). Mais le lien qui unit ces deux journées n’est pas seulement chronologique : il s’agit en réalité d’une relation de causalité, ou plutôt d’un choix ontologique entre deux modalités d’être pour le peuple Juif. Ce choix peut être formulé ainsi : soit assumer le prix de l’existence étatique, soit redevenir le peuple victime des pogromes et de la Shoah.

 

Maison de Beer-Sheva détruite par un missile tiré de Gaza (photo Eliyahu Hershkovitz)

 

Les théoriciens du sionisme et les pères fondateurs de l’Etat juif avaient bien compris qu’il n’existait pas d’autre alternative. C’est la raison pour laquelle plusieurs d’entre eux - Theodor Herzl, Max Nordau et Zeev Jabotinsky - avaient eu la prescience de la Shoah. Ils avaient en effet pressenti que celle-ci n’était pas un accident de l’histoire ou un événement monstrueux et absurde, mais l’aboutissement logique de l’existence galoutique. Et ils en avaient tiré la conséquence ultime : à savoir, la nécessité impérieuse de retrouver notre indépendance nationale. Or, cette leçon de l’histoire juive, évidente à l’époque, est en train de d’estomper dans la confusion morale et intellectuelle de notre époque.

 

Comme l’écrivait ce shabbat Ran Baratz, dans les colonnes de Makor Rishon, non seulement cette leçon cruciale de la Shoah est aujourd’hui oubliée, mais elle est remplacée par une leçon inverse et scandaleuse. Aux yeux d’une frange non négligeable des élites culturelles et politiques actuelles, la “leçon” de la Shoah est en effet qu’Israël devrait appliquer des normes morales plus élevées que les autres nations face à des ennemis barbares et inhumains, sous peine de voir Tsahal devenir pareil à la Wehrmacht… C’est bien cette équation que nous voyons actuellement appliquée, dans les commentaires des grands médias israéliens et jusque dans le “code éthique” de Tsahal (1).

 

La synagogue de Névé Dekalim, détruite après le retrait de Gaza

 

Comme l’écrivait Yoav Shorek il y a quelques mois (2), “lorsqu’un idiot jette une pierre au fonds du puits, plusieurs sages ne suffisent pas à la retirer”. La métaphore est parlante : le puits, c’est Gaza et la pierre, c’est le Hamas, arrivé au pouvoir à la suite du retrait israélien - la “Hitnatkout” - dont Israël ne finit pas de payer les conséquences désastreuses. Si l’histoire nous a pourtant appris une chose, depuis 1948, c’est qu’il n’est pas possible de laisser la souveraineté à une quelconque entité autre qu’Israël, entre la Mer et le Jourdain. Toutes les tentatives faites en ce sens - dans un cadre bilatéral (accords d’Oslo), multilatéral (résolution de l’ONU sur l’internationalisation de Jérusalem) ou unilatéral (retrait de la bande de Gaza) - se sont soldées par un cuisant échec.

 

Je me souviens avoir assisté au spectacle terrible des cercueils des habitants morts au Goush Katif, sortis de leurs tombes et portés en procession dans les rues de Jérusalem – même les morts avaient été expulsés ! – une des images les plus effroyables qu’il m’a été donné de voir en 25 ans de vie en Israël. Yoav Shorek évoque une autre image terrible, l’incendie des synagogues du Goush Katif le 12 septembre 2005. “Cet événement symbolique”, écrit Shorek, “a conclu le processus de Hitnatkout (retrait) de Gaza et est resté gravé dans la mémoire collective. Treize ans plus tard, les localités voisines de la bande de Gaza vivent toujours dans l’incertitude sécuritaire quotidienne, et dans une guerre d’usure dont on ne voit pas l’issue”.

 

Ceux qui pensent encore pouvoir régler le problème de Gaza par des opérations militaires limitées à des bombardements aériens se bercent d’illusions. “Les solutions provisoires”, écrit encore Shorek, “ne modifieront pas l’équation à Gaza, équation créée par le retrait, qui ne sera modifiée que lorsqu’Israël osera changer les règles du jeu et reviendra à Gaza pour y neutraliser la bombe. Pour nettoyer la bande de Gaza des armes et des infrastructures militaires et pour en refaire un lieu de vie, en offrant à ses habitants des perspectives d’avenir… Le prix inévitable du retrait est celui-ci : Tsahal devra retourner à Gaza et la reconquérir”.

 

Assumer notre identité et notre vocation

 

Mais en définitive, le choix que la situation à Gaza impose à Israël n’est pas seulement un choix politique ou tactique à court terme. Il s’agit d’un choix stratégique, moral et identitaire à long-terme. La situation d’Israël face à ses ennemis nous oblige - comme à chaque fois qu’Israël a été confronté à ses ennemis au cours de sa longue histoire - à assumer notre identité véritable et notre vocation. Le critique littéraire Morde’haï Shalev, dans un article écrit en 1952 - pour le dixième anniversaire de la mort de Yair Stern, le légendaire dirigeant du Lehi - évoquait le fondement de l’action politique de Stern, dont le poète Uri Zvi Greenberg avait donné une expression littéraire. Ce fondement c’est Mal’hout Israël, la Royauté d’Israël.


 

 

De ce point de vue, la “situation sécuritaire” à Gaza, pour reprendre le langage réducteur des médias israéliens, n’est que le reflet de la situation politique et identitaire dans laquelle l’Etat d’Israël s’est enfermé au cours de 71 années d’existence nationale. La clé de la sécurité d’Israël ne repose pas seulement dans des prouesses militaires ou technologiques, comme le montre bien l’illusion mortelle de Kipat Barzel, mais dans le choix profond d’assumer notre identité. Comme l’écrivait Shalev, “les concepts politiques” du sionisme traduisent les “besoins rationnels” d’indépendance et d’autonomie politique du peuple juif (leçon de la Shoah). Mais cette leçon, aussi importante qu'elle soit, ne suffit pas à exprimer l’objectif en vue duquel ces besoins doivent être utilisés. La Royauté d’Israël (Malhout Israel) en tant que concept politique n’est pas un "ensemble de besoins, mais la fin ultime en vue de laquelle l’Etat d’Israël a été créé". De ce point de vue, l’Indépendance n’est que la première étape du sionisme, étape indispensable et non encore pleinement réalisée sur la voie de la Royauté.

Pierre Lurçat

 

(1) Sur ce sujet, je renvoie à mon livre La trahison des clercs, La Maison d’Edition 2016

(2) “Treize années de conflagration”, Hashiloach numéro 11, septembre 2018.

(3) Cet article est repris dans un livre important qui vient d’être publié en Israël, Gonvim et ha-Bsora, aux éditions Dvir.

 

_______________________________________________________________________

https://ax.polytechnique.org/group/x-israel/55/calendar/conference-jabotinsky-et-son-heritage-dans-l-histoire-d-israel/2019/05/23/516

 

Le Groupe X-Israël vous invite à participer à une conférence de :

 

Pierre LURÇAT, avocat et essayiste,

sur "Jabotinsky et son héritage dans l'histoire d'Israël".

 

 le jeudi 23 mai 2019 à 18h30

à la Maison des X (12 rue de Poitiers, Paris 7è)

 

La conférence sera suivi d'un apéritif amical.  L'auteur dédicacera ses deux derniers livres (http://bit.ly/lurcat2016 et http://bit.ly/lurcat2018).

 

Tarif pour les membres cotisants à l'AX : 10 €

Tarif pour les non-cotisants à l'AX : 15 €

 

Inscription obligatoire d’ici le lundi 20 mai 2019.

 

Bien amicalement.

 

Olivier Herz (1979), président de X-Israël

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« Laissez Tsahal vaincre ! » : comment sortir de la stratégie défensive, par Pierre Lurçat

November 14 2018, 13:27pm

Posted by Pierre Lurçat

Incendies à la frontière de Gaza

Incendies à la frontière de Gaza

"Kippat Barzel" : prouesse technologique ou faiblesse stratégique?

 

 

 

 

Le 9 mai 2011, Oudi Shani, Directeur Général du ministère de la Défense israélien, annonçait que l'État hébreu allait investir un milliard de dollars au cours des années à venir dans le projet « Kippat Barzel » (« Dôme de fer »), le nouveau système antimissile israélien. « Une fois entièrement déployées, ces batteries antimissiles vont permettre à la population de ne plus ressentir les dégâts causés par les roquettes Qassam » a-t-il confié. Au milieu du concert de louanges entourant la mise en service du système antimissiles « Dôme de fer », quelques voix discordantes peinaient à se faire entendre. A de nombreux égards, les prouesses technologiques déployées par l’armée israélienne pour empêcher les missiles tirés de Gaza de faire des victimes dans les localités périphériques sont révélatrices de l’évolution de la stratégie militaire israélienne au cours des dernières années et depuis les débuts de l’État.

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Batterie Kippat Barzel en action

 

Tsahal : « Armée de Défense d’Israël » – l’institution la plus vitale de l’État juif porte bien son nom. Contrairement à ce qu’affirme la propagande de ses ennemis, en effet, l’armée israélienne a toujours assumé un rôle essentiellement défensif, en repoussant victorieusement les attaques de ses voisins et sans jamais chercher à conquérir de territoires ou à déclencher de conflits, à moins d’y avoir été entraînée par ses ennemis. Mais cette vérité fondamentale ne doit pas cacher une réalité plus complexe et des divergences de vue qui ont toujours existé au sein de l’appareil militaire et politique israélien.

 

Avant même la création de l’État, la Haganah , embryon de Tsahal, a ainsi connu un grave conflit entre les tenants de la logique purement défensive et de la « Havlaga » (retenue) et les partisans d’une conception plus offensive. Ce conflit a été une des raisons de la scission qui a donné lieu à la création de l’Irgoun dirigé par Menahem Begin. Officiellement, c’est l’esprit de la Haganah qui a triomphé et a été repris à son compte par la jeune armée d’Israël en 1948. Mais la doctrine de la « Havlaga » a continué de susciter des oppositions. Ainsi, quand les incursions de feddayin palestiniens se sont multipliées, dans les années 1950, une unité spéciale a été créée pour répondre à ces attaques, en lançant des opérations audacieuses au-delà de la frontière, en Jordanie, la fameuse unité 101 dans laquelle se sont illustrés des grands soldats comme Meir Har-Tsion ou Rafaël Eitan.

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Meir Har-Tsion (à gauche) aux côtés d'Ariel Sharon

 

En 1967, c’est la stratégie de l’attaque préventive qui a permis à Israël de remporter la victoire en reprenant le contrôle du cœur historique du pays, la Judée et la Samarie, et en réunifiant sa capitale, Jérusalem, divisée depuis 1947. Au-delà de ces exemples ponctuels, la stratégie militaire d’Israël reposait depuis 1948 sur un double principe immuable, imposé par l’étroitesse du territoire et par les contraintes géostratégiques : celui de l’attaque préventive et de la guerre portée sur le territoire ennemi. Ce principe s’est illustré non seulement en 1967, quand l’armée de l’air a détruit au sol l’aviation égyptienne, mais aussi lors de l’attaque contre la centrale d’Osirak (1981) ou de l’invasion israélienne du Sud-Liban un an plus tard.

 

C’est à partir de cette dernière opération, qui s’est transformée en véritable guerre traumatique pour Israël – sous la houlette du général Ariel Sharon et contre l’avis du Premier ministre d’alors, Menahem Begin – que la stratégie israélienne a évolué progressivement. Jusqu’aux années 1980, en effet, Israël avait cherché à se doter de frontières défendables, en mettant à profit les atouts géographiques (vallée du Jourdain, péninsule du Sinaï, plateau du Golan) et en partant de l’axiome que des frontières sûres étaient le meilleur moyen de parvenir à la paix. A partir des années 1990, Israël a adopté une logique différente, celle du processus d’Oslo et de la « Paix contre les territoires ». Les retraits successifs du Sinaï, du Sud Liban, de Judée-Samarie et de Gaza ont certes permis à Israël de signer des traités de paix avec l’Égypte, la Jordanie et l’Autorité palestinienne, mais ils ont aussi réduit la profondeur stratégique du territoire israélien et ramené petit à petit Israël à la situation qui prévalait entre 1948 et 1967, dans laquelle la ligne de front est située à l’intérieur des frontières.

 

« A l’heure des missiles, les territoires n’ont pas d’importance… »

 

Cette affirmation de Shimon Pérès, faite en pleine euphorie de l’époque d’Oslo, a montré depuis son caractère illusoire et trompeur. Non seulement les territoires n’ont pas perdu de leur importance à l’heure des missiles, mais ils sont même devenus plus essentiels que jamais, comme le savent bien les habitants de Sderot, de Béer-Cheva et d’Ashdod, placés sous le feu des missiles du Hamas par le retrait de la bande de Gaza orchestré par Ariel Sharon. Israël vit encore les conséquences de ce retrait désastreux, point d’orgue de la politique de « la paix contre les Territoires » inaugurée avec Camp David (par Menahem Begin) et poursuivie ensuite par presque tous les dirigeants israéliens, d’Itshak Rabin à Benjamin Nétanyahou en passant par Ehoud Barak. C’est dans ce contexte politique que s’inscrit le bouclier antimissile, censé apporter une réponse militaire à la menace des Qassam et compenser ainsi la perte de profondeur stratégique liée au retrait de Gaza et à celui, heureusement inachevé, de Judée-Samarie.


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"La Paix contre les territoires" : un slogan trompeur

 

Le voyage de Nétanyahou à Washington en mai 2011 et le discours du président Obama sur les frontières de 1967 ont placé au cœur de l’actualité la question des territoires et des « frontières défendables » pour Israël, contraignant le Premier ministre israélien à réagir vigoureusement et à s’opposer à un retour aux lignes d’avant 1967. L’État juif a aujourd’hui le choix entre la poursuite de la stratégie de « la paix contre les territoires » – slogan mensonger qui signifie en réalité « la guerre sans les territoires » – et le retour aux axiomes de la profondeur stratégique et de la nécessité de préserver des frontières défendables. Le « bouclier antimissiles » offre dans le meilleur des cas un semblant de protection aux habitants placés en première ligne, mais rien de plus.

 

L’alternative qui s’offre aux dirigeants de Tsahal et à ceux de l’échelon politique – sur lesquels repose en alternative les décisions essentielles, car les chefs militaires n’ont presque jamais pu imposer leurs vues contre l’avis du gouvernement – est celle de continuer à protéger les habitants d’Israël des missiles du Hamas avec des parapluies perfectionnés, ou bien de mettre définitivement hors de nuire ceux qui les envoient de Gaza, de Syrie et d’ailleurs. « Laissez Tsahal vaincre » : ce slogan entendu pendant l’opération Plomb durci à Gaza n’a rien perdu de son actualité.

 

(Extrait de mon livre La trahison des clercs d'Israël, 2016). Mon nouveau livre, Israël, le rêve inachevé, paraît ces jours-ci aux éditions de Paris/Max Chaleil.

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France 2 : la recette d’un faux antisémite de notre temps, par Jean-Pierre Bensimon

October 16 2018, 13:30pm

Posted by Jean-Pierre Bensimon

France 2 : la recette d’un faux antisémite de notre temps, par Jean-Pierre Bensimon
Le président Macron déclarait en juillet 2017 :  « l’antisionisme est la forme réinventée de l’antisémitisme ». En matière de réinvention, France 2, Elise Lucet, et une équipe de journalistes, Yvan Martinet, Olivier Gardette Rami Abu Jamus et Mélanie Laporte, vont remporter le pompon.

Ils viennent de réaliser et de diffuser un document de référence sur l’art d’intoxiquer l’opinion, « Gaza, une jeunesse estropiée. » 

 
Il fallait bâtir pour cela un film en haute définition, habilement scénarisé, à diffuser à une heure de grande écoute, montrant que les soldats israéliens obéissant aux instructions réglementaires, tiraient délibérément et sans nécessité dans les jambes de jeunes palestiniens pleins d’avenir. 
 
Bien entendu, la fibre émotionnelle du téléspectateur devait vibrer. Les victimes devaient être engageantes, faibles, innocentes, et les coupables monstrueux, la recette idéale pour soulever une vague de saine indignation.
 
 
Il fallait aussi, puisque l’on s’appelle France 2 et que l’on est le phare du service public, obéir strictement aux règles de la déontologie du journalisme de reportage, la neutralité, la parole donnée à tous les protagonistes, le ton modéré, l’absence d’adjectifs et d’injures. Mais France 2 est aussi le phare du détournement de ces règles.
 
C’est ainsi que la chaîne nationale vient de montrer que malgré toutes ces contraintes, il était possible de produire un faux presque parfait, un document d’incitation à la haine antisémite de haute intensité, et induire dans le public une vue totalement biaisée et raciste des événements rapportés.
 
Manipuler l’émotion, les techniques de France 2 
 
Pour souligner les  forfaits insoutenables commis par les Israéliens, il fallait camper les victimes les plus susceptibles d’attirer la sympathie. La victime principale du film est Ala, un jeune homme tranquille, passionné de cyclisme, de belle allure, très pauvre, et désespéré de devoir renoncer à ses rêves de compétition. Il était malencontreusement « sur le front » pour tenter de parler à des journalistes dit-il, quand une balle l’a frappé. Ni lui, ni sa famille ne s’intéressent à la politique. On lui consacrera la séquence la plus longue pour lui permettre d'attendrir du téléspectateur. Il aura onze minutes à lui seul, soit plus du tiers de l’émission. 
 
Le second, Mohamed, est un pré-adolescent de 13 ans qui n’a plus que la piscine pour se dépenser. Son visage est triste et il dit ne plus parler depuis la perte de sa jambe. Il aura un peu plus de 4 mn. Le dernier est Ayallah, est un adolescent pauvre et désespéré mais un peu une tête brûlée. On lui accordera 3 mn, sans compter la mise en scène infernale d’un match de football où les joueurs sont unijambistes et  les goals manchots.
 
L’innocence apparente et la détresse de ces jeunes gens qui occupent les deux tiers du film, sont insupportables, et c’est le résultat que le document de France 2 recherchait.
 
En face, derrière la frontière, il y a les Israéliens, ou les « Juifs ». Il ne sont pas identifiables. Ce sont exclusivement des soldats. Aucun civil. Les militaires sont loin, masqués par les fumées des pneus en combustion, allongés à même le sol poussiéreux. Parfois ils sont debout, regroupés, toujours loin,  toujours sans visages et sans noms. Ce sont des robots aveugles, pas des être humains. Visiblement l’intention des auteurs du reportage est de déshumaniser les Juifs et de sur-humaniser les Palestiniens « victimes », volontairement impliqués quand même dans les manifestations violentes.  
 
Le premier juif identifiable est le porte-parole de l’armée, un grand costaud au visage sévère. Il aura 2 mn 16 et on lui demandera si son armée commet des crimes de guerre.
 
Le second « juif » identifiable est Nadav Weiman. On lui accorde 6 mn. Le film dit que c’est un ancien sniper de l’armée israélienne et que c’est pour cela qu’il est interrogé. Il ne dit pas qu’il est aussi le coordinateur des activités d’une des ONG antisionistes les plus virulentes au monde, Breaking The Silence.
 
Cet organisme publie régulièrement des « témoignages » de soldats toujours anonymes, illustrant des atrocités supposées de l’armée israélienne. Ses « animateurs » parcourent les capitales occidentales pour dénoncer ces monstruosités, ce qui leur permet de réunir des financements gigantesques (2) et de mettre en même temps du beurre dans les épinards. Quelques-unes de leurs falsifications monumentales sont relatées dans un article de Ben-Dror Yemini. (3) Nadav Weiman aura tout le temps de démontrer que le meurtre est une pratique ordinaire des forces armées israéliennes, et qu’il était tout à fait possible de faire « autrement. »
 
Pour ceux qui ont mal entendu, ou qui étaient distraits, le reporter fait répéter à Weiman ses propos accusatoires à maintes reprises : 
 
- Weiman : « Dans nos règles d’engagement le meneur de la manifestation, on peut lui tirer dessus, dans la jambe ;
- Reporter : « Vous êtes autorisés à faire ça ?
- Weiman : « Oui
- Reporter : « Durant votre formation on vous apprend ça ?
- Weiman : « Bien sûr. Personne ne remet ça en cause, ce sont les instructions de l’armée.
- Reporter : « Vous pouvez tirer sur le meneur;
- Weiman : « Oui le meneur;
- Reporter : « Donc vous êtres formés pour tirer sur le leader d’une manifestation, même s’il ne porte pas d’armes;
- Weiman : « Oui, ces gens qui manifestent du coté Gaza ne sont pas une menace.
 
Ce dialogue reflète les lubies désinformatrices de Weiman et l'acharnement du reporter qui croit avoir trouvé la pépite idéologique qui frappera Israël au cœur. Il dévoile l’intention accusatrice et raciste du reportage. Weiman est le ventriloque du reporter.
 
Manipuler les faits, les techniques de France 2
 
Le procédé le plus simple et le plus efficace consiste à montrer beaucoup d’images afin que l’on ne voie rien. C’est de masquer systématiquement ce qui fait sens. Dans la foule qui marche vers la frontière avec Israël il y a de nombreux enfants et des femmes. Or à l’évidence la zone est extrêmement dangereuse. Le reportage à l’habileté de poser la question mais à moitié : on demande pourquoi ces enfants sont là. La réponse est unanime : « on le leur a interdit mais on ne voit comment  les empêcher d’y aller quand même. » Les enfants disent la même chose. Or la vraie question est celle de l’absence d’un service d’ordre du Hamas, qui gouverne l’enclave, pour interdire leur présence de leur accès aux réseaux de bus organisés pour parvenir aux tentes des rendez-vous à 300 m. de la frontière. 
 
La raison, c’est que le Hamas désire leur présence, c’est qu’il paye les participants aux « marches », et qu’il a terriblement besoin qu’il y ait des tués et des blessés pour justifier sa férule contestée à Gaza en tant que bouclier contre les crimes supposés de l’épouvantail juif israélien.
 
D’ailleurs son chef militaire, Yahya Sinwar, l’a clairement expliqué : « après l'échec des efforts de réconciliation [entre Hamas et Fatah) qui ont abouti à une impasse, un certain nombre de factions ont prévu de provoquer une explosion interne dans la bande de Gaza, mais les marches du retour ont contrecarré ce plan. » (4)
 
Et quand il y a eu des morts, la presse occidentale a accusé Israël d’avoir tué des « manifestants pacifiques ». Mais le Hamas a dit non!, non!, ces morts étaient bien membres du Hamas!! Car pour lui, il était déterminant de faire savoir à la population palestinienne de l’enclave qu’il était au premier rang dans la guerre contre Israël. Précisément, son porte parole, Ashraf al-Qidra, déclarait le 16 mai « le nombre que je vous donne est officiel. 50 membres du Hamas sont devenus des martyrs lors de la récente bataille. » (5) Une déclaration qui corroborait les calculs israéliens.
 
La volonté de ne pas voir ce que l’on voit pour intoxiquer l’opinion française est aussi évidente dans la séquence où un Palestinien non armé est fauché par un tir israélien. Cette séquence est un faux. Une mise en scène.

 
On peut  consulter cet épisode dans la vidéo mise en ligne par France 2:
 https://www.youtube.com/watch?v=y-WYM6D4OiU (entre les minutes 7',  43'' et 8', 10'') 

 

 

Premier temps : un groupe de personnes immobiles. On distingue un homme aux aguets, tenant une civière rouge à la verticale, prêt à intervenir. Le futur « blessé » est debout à gauche ;
 
 
Second temps : on ne voit plus l’homme , tombé sous l’effet d’un tir supposé. Instantanément, sans la moindre hésitation, le porteur de civière et le groupe se précipitent  sous le feu, indifférents au danger:
 
 
 
La manipulation se dévoile. Il s’agit d’une mise en scène. On remarque que pour ce rush, il n'y avait ni fumée, ni lanceurs de pierre, ni une foule vociférante. La calme propice à une prise de vue en somme. Que faisait là le porteur de civière prêt à intervenir ? Par quel miracle était-il justement là, à quelques mètres de l'incident? Pourquoi les gens se précipitent immédiatement vers l’endroit le plus dangereux? Le tir aurait dû créer un choc et un moment de stupeur. Rien de cela. Ensuite, le réflexe naturel aurait dû être de fuir pour se mettre hors de portée d’un nouveau tir. Au contraire, tous ces gens, sauveteur en tête, semblent avoir entendu le clap des moteurs caméra pour jouer leur rôle.

Cette mise en scène rappelle celle de la soi-disant mort du « petit » Al Dura, criblé de balles sans saigner, qui levait le coude après avoir expiré. C'était une production de Pallywood, le Hollywood palestinien, et elle était déjà relayée par France 2.
 
N’importe quel débutant comprend tout de suite qu’il s’agit ici d’une mise en scène grossière. Comme la caméra de France 2 est postée à l’endroit voulu  pour embrasser le champ de l’incident, on peut penser que France 2  est complice de la mise en scène. Ou alors France 2 a diffusé intentionnellement, ou sans contrôle, des images remises par ses correspondants palestiniens et qui étaient des faux.
 
Conclusion
 
1 – L’antisionisme est bien la forme réinventée de l’antisémitisme, et France 2 joue une rôle éminent dans cette réinvention depuis près de deux décennies. Pourquoi cette "lèpre" est-elle si puissante au sein de la rédaction de la grande chaîne publique? C'est une énigme à élucider. Autre  énigme, quelle est l'identité exacte des commanditaires de cette mine antisémite posée dans un pays aussi socialement  instable que la France.
 
2 – Les falsifications, surtout si elles sont conçues et diffusées à cette échelle, ne manquent pas de faire d’énormes dégâts. Ici les vraies premières victimes sont les Palestiniens de Gaza. Ces pauvres gens vivent dans une misère noire parce que les islamistes fanatiques au pouvoir ont refusé de faire de l’enclave un Singapour en Méditerranée au bénéfice d’un jihad raciste contre les Juifs. Actuellement, ils impliquent des enfants et de jeunes hommes dans des « marches » mortelles contre un ennemi fictif, Israël,  pour avoir des victimes justifiant leur maintien au pouvoir. C'est l'une de leurs marques de fabrique, il n'y a qu'à songer à leur spécialité, les martyrs-kamikaze.
 
Au lieu de comprendre la détresse des Gazaouis, et les aider à identifier leurs oppresseurs, le Hamas et les factions jihadistes, les reportages de France 2 les enferment dans leur impasse collective, leur asservissement aux islamistes  et leur prison idéologique.

La minorité arabo-musulmane de France est aussi une importante victime d'Elise Lucet et consorts. Elle est en recherche d'identité, globalement son intégration est médiocre et l'influence salafiste est prégnante en son sein. L'antisémitisme la gangrène dangereusement. Le reportage de France 2 va encore obscurcir sa vison du monde et renforcer sensiblement sa haine latente. Cela pourrait conduire à des agressions et attentats supplémentaires contre des Juifs de France. 
 
3 – La réaction israélienne face aux violentes tentatives d'intrusion sur son territoire venant de tueurs revendiqués, a été minimale et légitime. Les feux déclenchés par les « cerf-volant » ont détruit au sud d’Israël des surfaces de forêts et de terres cultivées sur plus de 1100 hectares, équivalant en proportion, au Connecticut pour les États-Unis.
 
 Le général Bertrand Soubelet a bien résumé la situation : 

“Israël est dans son pays et la Bande de Gaza est un autre pays. Ce qui est en train de se passer, c’est que des gens à la frontière essayent de la franchir de manière particulièrement violente … “Les Israéliens ne font que défendre leur pays et leur frontière [avec Gaza]. Ils ont averti les Gazaouis de ne pas passer la frontière. Ils sont dans leur droit le plus absolu de faire feu…. Les Israéliens sont dans une logique de défense des frontières et la défense des frontières cela ne se fait qu’avec la force armée” (6)

Jean-Pierre Bensimon

le 14 octobre 2018

LIRE LA SUITE SUR

 

http://www.lebloc-note.fr/2018/10/france-2-la-recette-dun-faux-antisemite.html

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"Terrorisons les barbares" - Face à la cruauté du Hamas, l’humanité d’Israël est-elle justifiée? par Pierre I. Lurçat

August 28 2018, 20:26pm

Posted by Pierre Lurçat

"Terrorisons les barbares" - Face à la cruauté du Hamas, l’humanité d’Israël est-elle justifiée? par Pierre I. Lurçat

 

La Cour suprême autorise cinq malades de Gaza à se rendre à Jérusalem”. Cette information a fait la “Une” de l’actualité en Israël. Les médias français et occidentaux, eux, l’ont passée à la trappe. Ils préfèrent titrer, comme Libération, “Gaza, génération estropiés”, en faisant passer Israël et le peuple Juif pour des assassins, conformément à l’imagerie antisémite séculaire. Mais mon propos n’est pas ici de déplorer une fois de plus les mensonges des médias occidentaux. La question qui me préoccupe est celle - plus fondamentale, voire cruciale - de notre propre vérité. Qui sommes-nous, ou plutôt qui voulons-nous être? Un modèle de moralité et d’angélisme dans un monde barbare?

Libération : l’imagerie antisémite séculaire

Est-ce que la vocation de “Lumière des nations” que nous assignent nos Prophètes consiste à soigner les proches de nos pires ennemis, ceux qui gardent en otages nos soldats - morts ou vivants - pour obtenir des concessions de notre part, en attendant de lancer un nouvel assaut meurtrier contre nos civils ? Ou peut-être sommes-nous victimes d’une terrible illusion, d’une erreur de perspective à laquelle nous ont habitués des centaines d’années d’existence galoutique, loin des préoccupations de la vie nationale, durant lesquelles nous avons désappris le sens véritable des injonctions bibliques et talmudiques?

 

Plus encore qu’elle ne nous apprend sur la désinformation et le mensonge permanent des médias occidentaux concernant Israël, la décision de la Cour suprême doit nous faire réfléchir sur la psychologie de nos ennemis et la nôtre, et sur l’asymétrie fondamentale du conflit qui nous oppose à nos voisins. Elle nous invite surtout à comprendre ce que signifie véritablement la vocation morale d’Israël. Loin de vouloir faire l’éloge d’Israël, en démontrant une fois de plus combien nous sommes humains et nos ennemis inhumains, je prétends affirmer ici que notre humanité débordante est un défaut et une faille dans notre cuirasse, que nos ennemis savent exploiter pour nous affaiblir. Et elle n’est même pas conforme à notre Tradition authentique...

 

Un présupposé d’humanité mensonger

Car la décision de juges siégeant à Jérusalem repose sur un présupposé d’humanité, qui est totalement faux ! Elle fait l’hypothèse que nos ennemis sont des hommes comme nous et qu’en leur montrant un visage d’hommes, nous les inciterons à dévoiler eux aussi leur humanité. Or c’est, hélas, le contraire qui est vrai… Plus nous sommes enclins à faire preuve d’humanité avec eux, plus ils se jouent de nous et se montrent cruels. Cette vérité éternelle avait déjà été énoncée par nos Sages dans le Talmud : « Celui qui a pitié des méchants, finit par se montrer cruel envers les justes… » Le peuple qui vit à Sion a éprouvé dans sa chair la réalité tragique de cet adage, lorsque le gouvernement Sharon, voulant mettre fin à la « cruelle occupation  de Gaza », a fait preuve de l’inhumanité la plus flagrante envers les Justes qui peuplaient les yichouvim du Goush Katif.

La synagogue détruite de Névé Dekalim : une inhumanité flagrante

 

Nous avons lu shabbat dernier la parasha de Ki Tetsé, qui commence par le verset : “Lorsque tu iras en guerre contre tes ennemis, que l'Éternel, ton Dieu, les livrera en ton pouvoir, et que tu leur feras des prisonniers”, au sujet duquel Rachi commente : “Il s’agit d’une guerre facultative, car dans les guerres pour Eretz-Israël il ne saurait être question de faire des prisonniers”. Si nous pensons que les mots de Rachi font encore sens aujourd’hui, alors nous ne pouvons faire l’économie de nous interroger sur la signification de ce commentaire, si terrible puisse-t-il paraître à la conscience juive contemporaine, façonnée par l’idée occidentale d’origine chrétienne, de la dichotomie entre droit et morale, entre pouvoir séculier et religion.

 

Comment agir face à des loups sauvages?

Dans un article très éclairant écrit après la Deuxième Guerre du Liban, dans la défunte revue francophone Forum-Israël, le rav Oury Cherki abordait la question de “l’éthique juive de la guerre”, et citait une réponse du rav A.I . Hacohen Kook au rav Zaïdel, qui lui avait demandé pourquoi la tradition juive impose des guerres si violentes et parfois si cruelles (1). Le rav Kook répondit :

“Pour ce qui est des guerres, il était impossible à une époque où nos voisins étaient des loups sauvages, que seul Israël ne fasse pas la guerre, car alors, les nations se seraient liguées pour nous exterminer. Bien au contraire, c’était une chose indispensable. Il fallait terroriser les barbares, en employant également des moyens cruels, tout en gardant l’espoir d’amener l’humanité à ce qu’elle devrait être. Mais il ne faut pas avancer le temps, et se croire à l’époque messianique quand on n’y est pas”.

Cette réponse énonce plusieurs vérités très actuelles sur l’attitude qu’Israël devrait adopter face au Hamas.  Premièrement, face à un ennemi barbare, on se doit d’être cruel. En d’autres termes, il faut “terroriser les terroristes”. (Et qu’on ne vienne pas nous dire que les civils de Gaza sont “innocents”. Car comme l’explique le Rav Cherki, la distinction entre des soldats “coupables” et des civils “innocents” repose sur un syllogisme erroné). Enfin, l’espoir de faire progresser l’humanité vers des normes morales plus élevées n’est pas aboli, mais il concerne les temps messianiques, qui ne sont pas encore là.

 

Rav Kook : “Il fallait terroriser les barbares”

Comme je l’écrivais au lendemain du carnage d’Itamar : Nos ennemis ne changeront pas. C’est donc à nous de changer ! Cessons de nous comporter en modèles d’humanisme, en agneaux dans un monde de loups. Devenons une fois pour toutes, comme l’exigeait Jabotinsky, une ‘race fière et cruelle’. Alors que le Hamas se prépare activement au prochain round contre Israël, l’heure n’est pas aux marques d’humanité envers le Hamas, ses dirigeants et leurs familles, mais au renforcement de notre capacité de résistance et de contre-offensive. L’heure est à ‘terroriser les barbares’, selon l’injonction du Rav Kook.

Pierre Itshak Lurçat

Note

(1) Epitres du rav Kook, Igrot Re’ia, vol. 1 p. 100, cité par O. Cherki, art. cit. C’est moi qui souligne. Je renvoie également sur ce sujet à mes articles “Israël face au Hamas, Samson enchaîné”, et “Tsahal applique-t-elle trop bien le droit de la guerre face au Hamas?”, ainsi qu’aux chapitres de mon livre La trahison des clercs d’Israël consacrés au droit juif de la guerre.

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Reportage à la frontière de Gaza, avec les nouveaux gardiens d’Israël, par Pierre Lurçat

July 3 2018, 09:00am

Posted by Pierre Lurçat

Reportage à la frontière de Gaza, avec les nouveaux gardiens d’Israël, par Pierre Lurçat

 

“Il ne s’endort ni ne sommeille, le Gardien d’Israël” (Tehillim)

לג'ודית

 

J’ai quitté Jérusalem très tôt ce matin, avant 6 heures, pour être au point de rendez-vous à 9h30. La responsable du recrutement du “Shomer ha-hadash” (le “Nouveau gardien”) m’a donné rendez-vous au lieu dit du Ets ha-Boded ( “L’arbre solitaire”), promontoire d’où l’on a une vue sans pareil sur tout le nord de la bande de Gaza. Qui sont ces “nouveaux gardiens”? Ce ne sont pas des soldats d’une unité spéciale, comme celles qui se battent aujourd’hui contre le terrorisme des cerfs-volants incendiaires ou hier, contre celui des tunnels du Hamas. Non, les “nouveaux gardiens” sont les membres d’une organisation d’un genre bien particulier, qui a été créée il y a une dizaine d’années pour protéger les agriculteurs du nord d’Israël contre les vols de bétail.

 

Emblême du Chomer Ha-hadash


 

Quel rapport avec les événements actuels à Gaza? Avant de répondre à cette question, un petit rappel historique est nécessaire. Le Chomer est une des premières organisations juives d’auto-défense créée en Eretz-Israël en 1907. Ses membres se déplaçaient à cheval et étaient vêtus comme des bédouins.

 

 

Les chomrim appartiennent à l’histoire de renouveau du militarisme juif en Eretz-Israël, et constituent un jalon important dans la préhistoire de Tsahal. J’ajoute, pour la petite histoire, que mon grand-père en a fait partie, quelques années après son alyah, au lendemain de la Première Guerre mondiale.


 

Mon grand-père, Yossef Kurtz, en costume de Chomer

 

C’est dans un esprit similaire à celui des Chomrim de l’époque qu’une poignée de jeunes Israéliens ont créé le Chomer Ha-hadash en 2007. Pour protéger les agriculteurs de Galilée face à la recrudescence des vols de bétail et de matériel agricole, contre lesquels la police était largement impuissante, et retrouver l’esprit “halout’s” (pionnier) qui animait les premiers Chomrim. Je suis entré en contact avec eux après avoir lu un reportage dans Israel Hayom, et j’ai décidé de me rendre sur place, à la frontière de Gaza.

 

Ashkélon. Je monte dans le train en direction du Sud. Le wagon est à moitié vide. Quelques soldats endormis (pour récupérer un peu de sommeil en “posant la tête” selon l’expression d’argot consacrée). Il n’y a rien de l’atmosphère de tension qui caractérise le pays dans les périodes d’avant-guerre. Le terrorisme des incendies est une forme de guerre à basse intensité, et c’est sans doute une des raisons pour lesquelles Israël n’a pas su lui donner, pour le moment, la réponse appropriée. En attendant, ce sont les civils autour de Gaza qui en souffrent le plus, et ce sont d’autres civils, venus de tout le pays, qui ont décidé de se mobiliser pour aider à prévenir et éteindre le feu ennemi qui dévore les champs autour de Gaza.

 

Sdérot. La dernière fois que je me suis rendu à Sdérot, la ville la plus au sud d’Israël sur la côte méditerranéenne, c’était juste avant la “Hitnatkout” (le retrait de Gaza), lors des immenses manifestations qui ont presque réussi à empêcher cette décision catastrophique, dont Israël continue de payer le prix stratégique jusqu’à ce jour. Le terrorisme incendiaire n’est certes pas né hier (car il est aussi ancien que le conflit israélo-arabe). Mais c’est le retrait de Gaza, sur la décision du gouvernement d’Ariel Sharon, qui a installé le Hamas au pouvoir, on ne le rappellera jamais assez. Beaucoup d’esprits sagaces avaient à l’époque mis en garde contre cette décision funeste, mais comme l’avait expliqué un jour Max Nordau à Jabotinsky, “Israël n’apprend pas par l’expérience, il n’apprend que par les catastrophes”.


 

Max Nordau (1849-1923).

 

Nir-Am. Je suis accueilli par Maayan, responsable du Chomer Ha-hadash, sur le parking de la station d’essence du kibboutz Nir-Am. Elle est volontaire depuis 5 ans, et passe plusieurs nuits par semaine à faire des gardes, tout en travaillant la journée. Elle boîte légèrement, après s’être blessée en plongeant dans une source, sport favori de beaucoup de jeunes de son âge. Elle s’exprime avec simplicité, sans la moindre trace de pathos ou de grandiloquence, et moi je pense en l’écoutant, ‘quelle belle jeunesse nous avons…’ Menahem, l’autre volontaire qui doit partager la garde avec moi, nous rejoint et nous montons ensemble vers le promontoire de “l’arbre solitaire’. C’est un endroit très connu de la région, lieu de visite touristique d’où on jouit d’une vue extraordinaire sur tous les alentours, jusqu’à Ashkélon et aux faubourgs d’Ashdod au nord.

 

Mais quand la situation se réchauffe à la frontière de Gaza, c’est surtout un point d’observation stratégique. Notre mission est très simple : surveiller la moindre trace de fumée ou de feu, et prévenir immédiatement les responsables du Chomer Ha-hadash et les pompiers (ainsi que l’armée). Tout est apparemment calme dans notre secteur. Durant notre garde de 5 heures, nous n'entendrons que quelques détonations lointaines et n’apercevrons qu’une vague colonne de fumée à l’horizon. Ce calme apparent n’est pourtant qu’illusoire. Plus au Sud, où d’autres volontaires du Chomer Ha-hadash sont postés, des débuts d’incendie sont repérés et traités à temps.

 

Résultat de recherche d'images pour "‫ניר עם שריפות‬‎" Incendies de champs autour du kibboutz Nir Am

 

Menahem est un jeune retraité, qui était chercheur au ministère de l’Agriculture, spécialiste de l’eau. Il connaît bien la région, pour voir sillonné les kibboutz des environs dans le cadre de son travail. Volontaire du Chomer Ha-hadash depuis plusieurs années, il m’explique comment l’organisation, très modeste à ses débuts, s’est développée au point de devenir un acteur important de la lutte contre les vols et le vandalisme en zone agricole, qui travaille en collaboration étroite avec plusieurs organismes officiels, dont la police, le ministère de l’Agriculture et le KKL.

 

Notre conversation est interrompue par la visite d’un groupe bruyant de visiteurs : une vingtaine d’hommes, parlant moitié hébreu moitié arabe. Les plus jeunes ont l’air d’être des soldats d’une unité d’élite, tandis que les plus âgés ressemblent à des retraités de l’armée. Le chef du groupe parle de la situation à Gaza et à la frontière, avec beaucoup de détails, sans se soucier trop de notre présence (on nous a seulement demandé de ne pas les photographier). Ce sont apparemment, me dis-je en les écoutant, des membres d’une unité spéciale qui connaît bien la région, y compris de l’autre côté de la frontière. Un instant, j’ai l’impression d’être dans un nouvel épisode de la fameuse série Fauda.

 


 

Menahem me raconte ses voyages professionnels en Europe, aux Etats-Unis et au Japon. Il est légitimement fier du savoir-faire accumulé par Israël en l’espace de quelques décennies. Je lui parle de l’époque où les pionniers de l’agriculture en Eretz-Israël allaient faire leurs études d’agronomie en Europe (et en France notamment, à l’université de Nancy et de Toulouse, où étudia la poétesse Rahel). Aujourd’hui, Israël vend son savoir-faire en matière agricole (et d’irrigation notamment) dans le monde entier. Menahem connaît très bien le sujet. Il me parle aussi des Chinois qui se sont mis à l’étude du Talmud, convaincus que c’est là que réside le secret de la réussite israélienne… Le secret de notre peuple ? Je ne m’aventurerai pas à donner d’explication. D’autres l’ont fait mieux que moi. Parmi eux, le prophète Bilaam, évoqué dans la parasha que nous avons lue samedi dernier. « Oui, je le découvre, ce peuple, il vit solitaire, il ne se confondra point avec les nations. » (Nombres 23:9).

 

Notre garde s’est achevée sans incident particulier et j’ai repris la route de Jérusalem. En arrivant en fin d’après-midi, j’entends à la radio que plusieurs incendies ont éclaté à la frontière de Gaza et qu’ils ont été maîtrisés. Je pense aux jeunes membres du Chomer Ha-hadash et aux volontaires, jeunes et moins jeunes, venus des quatre coins de notre petit et grand pays pour protéger les champs autour de Gaza.

P. Lurçat

NB Vous pouvez aider le Chomer Ha-hadash par vos dons. https://eng.hashomer.org.il/

 

Mon nouveau livre, Israël le rêve inachevé, paraîtra à la rentrée aux éditions de Paris.

 

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Israël face au Hamas : Samson enchaîné, Pierre Itshak Lurçat

June 20 2018, 09:44am

Posted by Pierre Lurçat

Les événements actuels à la frontière avec Gaza ont un goût amer de déjà-vu pour beaucoup d'Israéliens... Au sentiment d'impuissance et de désolation face aux incendies répétés de nos champs et aux agressions contre les habitants des localités avoisinantes, qui demeurent impunies, se mêle celui d'une incompréhension face à l'attitude de l'armée et du gouvernement. Dans ce contexte, je remets en ligne l'article écrit durant l'opération "Colonne de nuée", en novembre 2012, qui exprimait ce sentiment. P.L.

 

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Alors que l’opération 'Colonne de nuée' vient de s’achever en queue de poisson, par un illusoire cessez-le-feu hâtivement conclu par Israël, apparemment sous la pression internationale, on peut d’ores et déjà tirer quelques leçons de ce nouveau round d’affrontement avec le Hamas.

Les prouesses technologiques de l’armée et des sociétés de défense israéliennes, qui ont abouti au système « Kipat Barzel » (« Dôme d’acier ») ont heureusement permis de réduire le nombre de victimes en Israël, malgré la quantité de missiles tirés depuis Gaza, mais ce fait indiscutable ne doit pas nous empêcher de regarder la réalité en face : Israël est aujourd’hui constamment sur la défensive, même quand son aviation attaque à Gaza, et la capacité du Hamas d’atteindre la plaine côtière et le cœur de Tel-Aviv constitue indéniablement, quoiqu’en disent nos dirigeants, une immense victoire symbolique et psychologique pour nos ennemis !

 

Dans le bruit incessant des commentaires des médias israéliens (trop souvent péremptoires et défaitistes) qui ont accompagné les hostilités, on a pu entendre quelques observations pertinentes, et notamment celle d’un chercheur du Centre d’études moyen-orientales d’Ariel, le Dr Eyal Levin, dont les travaux portent sur la « résilience nationale » (‘hossen léoumi) : « Le système Dôme d’acier n’exprime pas notre résilience nationale, mais au contraire notre faiblesse », a-t-il dit en substance. Et le député Likoud Yariv Levin a ajouté fort à propos que pour savoir ce qu’était la résilience nationale, il fallait regarder jadis les habitants du Goush Katif…

 

 

La situation actuelle, dans laquelle une organisation terroriste islamiste qui a assis sa domination sur une bande de terre réduite parvient à terroriser et à faire vivre dans des bunkers plus d’un million de citoyens israéliens, sans que l’armée « la plus puissante du monde » ne puisse faire cesser définitivement les tirs de roquettes, illustre la réalité paradoxale dans laquelle Israël s’est enfermé depuis plus de deux décennies (c’est-à-dire depuis la 1ère Guerre du Golfe), réalité que l’on peut décrire par une métaphore : celle de Samson enchaîné...

 

 

 

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Comme Samson dans la Bible, Israël est un géant théoriquement capable d’anéantir ses ennemis, mais dont la force est neutralisée, pour des raisons essentiellement politiques et psychologiques. Notre peuple est incroyablement fort, et il a fait montre pendant la semaine de guerre écoulée d’une admirable capacité de résistance sous les missiles, dont aucun autre peuple n’a donné d’exemple depuis le Blitz sur Londres… Mais notre État et ses dirigeants, eux, font souvent preuve d’une grande faiblesse et d’une impuissance tragique, et la réussite relative du système Dôme d’acier parvient difficilement à masquer l’incapacité de Tsahal à empêcher que l’arrière devienne le front et que les civils se trouvent aujourd’hui en première ligne, d’Ashqélon à Rishon-le-Tsion.

 

Israel, Hamas, gaza, Colonne de nuéeCet échec incommensurable interroge les fondements mêmes du projet sioniste, tel qu’il a été formulé par l’un des plus grands théoriciens de la Renaissance nationale juive, Zeev Jabotinsky, dans son article fameux « La muraille d’acier » (Kir Habarzel), qui préfigurait la doctrine stratégique de Tsahal avant même la proclamation de l’Etat d’Israël. Or « Kipat Barzel » n’est pas la continuation du « Kir Habarzel », mais il en est la négation ! Car au lieu de dissuader nos ennemis, nous les avons laissés nous terroriser et nous faire vivre dans une permanente insécurité.

La capacité de dissuasion de Tsahal a été gravement atteinte ces dernières années, au Nord avec la fuite déguisée en « retrait » du Liban ordonnée par Ehoud Barak, et au Sud avec le crime inexpiable commis par Ariel Sharon, dans les ruines du Goush Katif. Pour la restaurer un jour, il faudra reconquérir la bande de Gaza et rétablir la souveraineté israélienne de la Mer au Jourdain (et plus tard, peut-être, sur les deux rives du Jourdain !). En attendant ce jour, nous pouvons seulement nous défendre, comme Samson enchaîné, par des coups d’éventail contre les piqûres de guêpe de notre ennemi, au lieu de nous dresser de toute notre stature pour l’écraser et l’anéantir.

Pierre Itshak Lurçat

 PS J’ajoute quelques mots à ces réflexions écrites mercredi sous l’emprise de l’immense déception engendrée par le « cessez-le-feu». Sans revenir sur ce que j’écris plus haut, l’opération Colonne de Nuée aura surtout servi à montrer l’incroyable capacité de résistance de l’arrière israélien, des civils, hommes, femmes et enfants : en un mot, du peuple d’Israël ! Nos dirigeants sont loin d’être parfaits, mais notre peuple, lui, est « koulo téhélet » כולו תכלת, il est tellement beau et fort... עם ישראל חי !

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Tsahal applique-t-elle trop bien le droit de la guerre face au Hamas ? Pierre Lurçat

June 17 2018, 07:47am

Posted by Pierre Lurçat

 Tsahal applique-t-elle trop bien le droit de la guerre face au Hamas ? Pierre Lurçat

Le paradoxe de la guerre imposée à Israël par le Hamas à Gaza est que c'est Tsahal qui cherche constamment à minimiser le nombre de victimes palestiniennes, alors que le Hamas cherche cyniquement à les maximiser. Malgré cela, c'est Israël qui est accusé, à tort, de violations du droit international. En réalité pourtant, Israël se conduit souvent d'une manière excessivement éthique et morale, face à des ennemis inhumains, et perd de vue l'objectif premier de toute armée : protéger ses citoyens et leurs biens.

 

Une enquête de l’hebdomadaire américain Weekly Standard met en lumière les pratiques véritables de l’armée israélienne à Gaza, bien loin des accusations propagées par des ONG israéliennes radicales et relayées par la presse française. En mai 2015, le journal Le Monde avait ainsi consacré sa « Une » et plusieurs pages intérieures à ce qu’il qualifiait de « dérive morale de l’armée israélienne ». Cet article n’était pas isolé, mais faisait partie d’une véritable offensive médiatique contre l’armée israélienne dans les médias français, à l’occasion de la publication d’accusations de « crimes de guerre » émanant de l’association israélienne « Breaking the Silence ». Un expert allemand en droit de la guerre, le professeur Wolff Heintschel von Heinegg, affirme pourtant que Tsahal, en s’efforçant à tout prix de minimiser le nombre de victimes civiles dans le camp adverse, crée un « précédent déraisonnable pour les autres pays démocratiques » en fixant des normes éthiques impossibles à respecter. Qui dit vrai, le quotidien du soir français, ou l’expert allemand ?

De l’affaire Al-Dura à la guerre de Gaza

 

En 2008, l’historien américain Richard Landes avait analysé l’affaire Al-Dura comme une version moderne de l’accusation de crime rituel portée contre les Juifs. En réalité, comme l’avaient déjà montré avant lui d’autres observateurs avertis du conflit israélo-arabe, cela fait des décennies que l’attirail des stéréotypes antijuifs les plus anciens a été remis au goût du jour pour démoniser Israël et en faire une version moderne de Shylock . Les méthodes de la propagande arabe et palestinienne contre Israël ont en effet souvent été empruntées aux deux écoles les plus performantes en la matière : Berlin et Moscou. L’historien de l’antisémitisme Léon Poliakov l’avait montré jadis, dans un petit livre très éclairant écrit fiévreusement, au lendemain de la première guerre du Liban de 1982 . Un des ressorts de cette propagande est le procédé de l’inversion, consistant à accuser l’ennemi de ses propres tares.

 

 

Dans la guerre que le Hamas a imposée à Israël, on assiste ainsi à une inversion constante, l’État juif étant accusé de tuer délibérément des civils, alors qu’il cherche par tous les moyens à minimiser le nombre des victimes à Gaza, notamment en prévenant à l’avance les habitants des immeubles bombardés, tandis que le Hamas cherche ouvertement à multiplier leur nombre, au mépris de la vie de ses concitoyens, transformés en boucliers humains. Comme l’a écrit le colonel britannique Richard Kemp, ancien commandant des forces armées britanniques en Afghanistan, « l’armée israélienne a développé des mesures extrêmement sophistiquées pour minimiser les victimes civiles au cours de ses attaques contre des cibles militaires légitimes ». Le Hamas, de son côté, a fait de l’utilisation des boucliers humains un « élément central de sa stratégie », et « la totalité des victimes civiles palestiniennes dans ce conflit [à Gaza] résultent de l’agression terroriste menée depuis Gaza contre Israël  ».


 

Un avocat derrière chaque soldat ?

 

La récente enquête du Weekly Standard a ainsi montré comment Tsahal avait soumis les décisions opérationnelles de ses officiers sur le terrain à l’approbation – en temps réel – d’avocats spécialistes du droit de la guerre, ces derniers devant valider chaque cible potentielle au regard du risque de faire des victimes civiles chez l’ennemi. Cette procédure, inédite dans les conflits opposant des pays démocratiques à des régimes totalitaires et à des organisations terroristes djihadistes, devait permettre, dans l’esprit des dirigeants israéliens, de réduire les critiques contre Tsahal sur la scène internationale et dans l’arène médiatique. Le résultat n’a pas été très convaincant, à l’aune des répercussions du conflit à Gaza de l’été 2014 et de ses retombées dans la presse française et internationale.

 

Mais le plus étonnant, dans la passionnante enquête de Willy Stern publié dans le Weekly Standard, n’est sans doute pas là. Il ressort en effet de son reportage que l’armée israélienne a essuyé les critiques de plusieurs spécialistes du droit international, en raison de la trop grande attention portée au nombre de victimes civiles à Gaza et des précautions inouïes prises pour le diminuer. En d’autres termes, Tsahal en ferait trop, ce qui risque selon ces experts de créer des nouvelles normes impossibles à respecter pour les pays occidentaux en guerre contre la menace terroriste islamiste…


 

Un précédent déraisonnable

 

Le professeur de droit allemand von Heinegg, expert en droit militaire à l’université européenne de Viadrina à Frankfurt, s’est ainsi plaint devant un parterre d’officiers israéliens que Tsahal créait un « précédent déraisonnable pour les autres pays démocratiques confrontés à des guerres asymétriques contre des acteurs non étatiques brutaux, qui violent le droit international ». Le comble de l’absurde est ainsi atteint : Israël cherche à minimiser à tout prix le nombre des victimes palestiniennes (y compris au prix de la vie de ses propres soldats, exposés inutilement à des risques accrus en affrontant le Hamas sur le terrain, au lieu de mener des attaques aériennes comme le font les autres armées occidentales dans des situations similaires), tandis que le Hamas cherche à le maximiser. Lors des combats meurtriers à Sadjaya, au nord de Gaza, les autorités militaires israéliennes avaient averti à l’avance leurs ennemis de l’entrée de Tsahal dans le village, pour permettre aux civils de l’évacuer.

 

Or, aucune règle du droit international des conflits armés n’oblige un pays à prendre de telles précautions pour minimiser les pertes civiles de l’ennemi, en mettant en danger ses propres soldats. Malgré cela, Israël est critiqué par les pays occidentaux, qui lui reprochent tantôt de commettre des « crimes de guerre » et tantôt d’en faire trop pour respecter les normes du droit de la guerre. Au lieu d’enseigner aux Occidentaux comment combattre le terrorisme (on se souvient du titre d’un livre écrit il y a plusieurs décennies par Benjamin Nétanyahou, alors ambassadeur d’Israël aux Nations Unies : Terrorism, How the West Can Win ), Israël donne au monde entier des leçons d’hyper-moralisme et de judiciarisation de la guerre poussée à l’extrême, les officiers étant désormais soumis aux décisions des avocats en pleine guerre.

 

Une des leçons de l’enquête du Weekly Standard, qui ne fait qu’effleurer ce sujet capital et lourd de conséquences, est que le regard que le monde porte sur Israël ne dépend pas tant des actions de Tsahal sur le terrain, que de la conscience que les soldats et les dirigeants israéliens ont d’agir de manière morale et juste. Plus les dirigeants israéliens doutent de la justesse de leur cause, plus ils portent le flanc aux critiques les plus injustifiées, comme ce fut le cas lors des dernières guerres à Gaza contre le Hamas. A l’inverse, plus Israël affiche sa certitude de combattre pour sa survie en tant que collectivité nationale et pour défendre la vie de ses citoyens, plus le monde le comprendra.

 

(Extrait de mon livre La trahison des clercs d'Israël, La Maison d'édition 2016).

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